Cette
page concerne l'année 240 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
L'ENCLOS
DU SOLEIL REDÉCOUVERT ET SACCAGÉ.
ÉTAT ISLAMIQUE EN ACTION |
Elle
s'est développée au cours des 3 premiers siècles de l'ère
chrétienne, en particulier au IIe siècle, alors qu'elle est
capitale d'un royaume puissant, allié de l'Empire Parthe, et qu'elle
résiste à plusieurs sièges des armées de l'Empire Romain.
Hatra
est un important centre religieux, dont la divinité principale est
le Dieu-Soleil (Shamash). Son rayonnement s'étend aux tribus arabes
voisines, et elle est sans doute aussi un important centre
caravanier. Sa culture est un mélange de traditions Mésopotamiennes,
Syriennes, Gréco-Romaines et Iraniennes, visible notamment dans les
domaines religieux, architecturaux et artistiques. Détruite après
la chute des Parthes, par les Perses Sassanides d'Ardachîr Ier et
Shapur Ier en 241 puis abandonnée par la suite...
La
ville est aujourd'hui appelée al-Hadr et se trouve dans la province
de Ninawa, à environ 290 km au Nord-Ouest de Bagdad et 110 km
au Sud-Ouest de Mossoul.
Les
ruines, dominées par plusieurs grands temples et les restes de son
imposante muraille, ont été fouillées au début du XXe siècle
par des archéologues Allemands puis, à partir des années 1950, par
des équipes Irakiennes, avant d'être inscrites au patrimoine
mondial de l'UNESCO en 1985, elles sont l'objet d'un important plan
de reconstruction de la part des autorités Irakiennes.
Le
7 mars 2015, le site a été pillé et a fait l'objet de destructions
perpétrées par l'état islamique.
L'histoire
de Hatra est mal connue. Elle est essentiellement reconstituée grâce
à des récits de quelques historiens Romains (Dion Cassius, Hérodien
et Ammien Marcellin), qui l'évoquent dans le contexte des conflits
entre les Empires Romain et Parthe.
Hatra
a été l'ennemie des Romains, donc vraisemblablement l'alliée des
Parthes.
Les
sources épigraphiques retrouvées à Hatra fournissent quelques
indices sur les évolutions institutionnelles et la montée en
puissance des monarques de Hatra, mais ne rapportent aucun événement
politique ou militaire. L'intense activité de construction de
monuments décidée par ces souverains est un autre indice de leur
importance politique croissante.
La
chute de l'Empire Parthe face aux Perses emmenés par Ardashir,
fondateur de la dynastie des Sassanides en 223, rebat les cartes de
la géopolitique de la Haute Mésopotamie et de tout le Moyen-Orient.
Il faut quelques années aux troupes Perses pour éliminer le dernier
roi Parthe et soumettre ses principaux vassaux du plateau Iranien.
Ardashir se tourne ensuite vers l'ouest, contre les Romains, auxquels
Sanatrûq II a fait appel pour éviter de partager le sort des autres
serviteurs des Parthes.
Une
inscription trouvée à Hatra, datant de 235, indique qu'une cohorte
Romaine y est stationnée. La question de savoir dans quelle mesure
Hatra est une alliée voire une vassale des Romains durant ses
dernières années est discutable.
Quoi
qu'il en soit, la ville subit le siège des Perses, menés par Shapur
Ier, le fils d'Ardashir, dans les années qui suivent, elle est
finalement prise en 240, dans des conditions qui ne sont pas
déterminées. L'archéologie documente surtout les travaux liés au
siège final des Sassanides, qui entreprennent la construction de
murs de circonvallation et contrevallation reliés à leur campement.
La population de la ville est manifestement déportée dans sa
totalité, suivant les habitudes des vainqueurs.
La
cité n'a jamais été repeuplée, car aucune trace d'occupation
postérieure au siège n'a été retrouvée.
Lorsqu'il
passe dans la région en 363, au retour de la campagne désastreuse
de l'empereur Julien contre les Sassanides, l'historien Ammien
Marcellin décrit Hatra comme une « ville antique, mais
entourée d’une vaste solitude et depuis longtemps déserte.
(XXV.8.5) »
La
chute de Hatra est évoquée dans les traditions Iraniennes et Arabes
postérieures, donnant lieu à des poèmes élégiaques sur le thème
de la puissance brutalement anéantie. L'événement en lui-même
reste mal établi, puisqu'il est souvent mal daté, par exemple par
Ferdowsî qui le situe sous le règne de Shapur II au IVe siècle.
Les
récits sur la chute de Hatra rapportés par divers auteurs,
notamment l'historien Arabo-Persan Tabari (Xe siècle), suivent
à peu près la même trame. « Le puissant roi de Hatra, issu
d'une lignée illustre, a provoqué le roi Sassanide Shapur en
attaquant ses terres. Ce dernier a alors lancé une attaque contre
lui et assiégé sa ville, sans succès, pendant plusieurs mois.
TROUPE "VISITANT"LES RUINES DE HATRA |
La
trahison est diversement rapportée : Elle a indiqué à Shapur
un rituel magique permettant de rendre inefficace le talisman
protégeant les murailles de la ville, autrement imprenables, ou bien
elle a enivré son père et livré les clefs de la ville à Shapur,
ou bien encore elle a indiqué à ce dernier comment pénétrer dans
la ville par la rivière.
Une
fois la ville prise, le Perse honore sa promesse de mariage, puis se
rend compte lors de la nuit de noces que la princesse a une peau
extrêmement délicate en la voyant saigner après le contact avec
une feuille de myrte.
Il
demande une explication et la princesse lui dit qu'il en est ainsi
grâce aux traitements prodigués à sa peau par son père, plein
d'attentions envers elle. Scandalisé par le fait que sa nouvelle
épouse ait pu trahir un père aussi aimant et craignant qu'elle n'en
fasse de même avec lui, il la fait mettre à mort. Selon certains,
cette histoire est une lointaine aïeule du conte de La Princesse au
petit pois, popularisé par Hans Christian Andersen.
Dans
son état final, à partir du milieu du IIe siècle, Hatra est
une ville au plan grossièrement rond, selon le modèle urbanistique
qui semble avoir été courant dans la Mésopotamie Parthe puisqu'il
se retrouve à Arbèles (l'ancienne Adiabène et présentement à
Erbil) et Ctésiphon.
En
son centre s'élève le vaste enclos du dieu Soleil, seul monument de
pierre au sein d'une cité faite entièrement de brique crue. Ce
sanctuaire, qui comprend plusieurs temples à l'extrémité d'une
vaste esplanade, est sans doute un lieu de pèlerinage annuel pour
les Arabes de Mésopotamie.
Le
tissu urbain s'est progressivement constitué sans plan directeur
dans toutes les directions autour de ce sanctuaire central. Il est
protégé par une double muraille en briques crues. L'évolution
historique du site reste mal connue en dehors de son dernier siècle
d'existence, et il est difficile de savoir quels monuments sont les
plus anciens, et quel aspect a la cité avant les grands travaux du
IIe siècle qui ont accompagné le véritable développement de
Hatra.
Les
équipes de fouilles Italiennes et Polonaises ont repéré, à
proximité de l'enceinte sacrée, des traces de murailles en pierre
et briques crues, manifestement antérieures aux autres constructions
du site.
Il
semble qu'il s'agît de vestiges d'une muraille qui enserre Hatra
avant la construction de l'enceinte la plus récente et la plus
visible lors des fouilles, celle construite sous le règne de Nasrû
au milieu du IIe siècle.
Cette
première enceinte est donc celle à laquelle sont confrontées les
troupes de Trajan, avant le véritable essor de Hatra qui voit
l'érection d'une muraille plus puissante englobant un espace plus
vaste ainsi que celle de l'enceinte sacrée.
L'espace
délimité par cette première muraille ne peut être établi avec
certitude car son tracé n'a pas encore été clairement identifié.
Le rempart principal de Hatra, courant sur environ 6 kilomètres,
est bien connu grâce aux fouilles dont il a fait l'objet. Il était
précédé par un fossé et délimitait un espace grossièrement
circulaire.
C'est
un ouvrage en terre et briques crues, reposant sur un socle en pierre
d'environ un mètre de hauteur et 3,50 mètres de large,
plus en certains endroits où il a été renforcé après les sièges
des armées Romaines.
On
a estimé sa hauteur originelle à une dizaine de mètres. Le haut du
rempart devait être coloré, si on en juge par les nombreuses
plaques à glaçure bleutée qui ont été mises au jour.
Des
tours espacées d'une trentaine de mètres défendent la muraille et
des bastions en pierre ont été ajoutés au dispositif pour
supporter des catapultes lors des sièges. Vers la fin de l'existence
de la ville le mur principal a été doublé par un petit mur
intérieur servant de seconde ligne de défense.
Le
rempart peut être franchi par 4 portes situées aux 4 points
cardinaux, comprenant une chicane à l'entrée et une cour
intérieure. Ce dispositif imposant est donc en mesure de résister
aux sièges des armées Romaines, et de tenir en respect les Perses
pendant 2 ans. Ces derniers érigent face à lui un mur encerclant
toute la ville, circonvallation qui a été identifié par les
archéologues, et qui illustre l'importance des efforts qu'ils ont dû
consentir pour mener le siège à son terme.
L'enceinte
sacrée, délimitant un espace rectangulaire de 320 par 435 mètres,
comprend les principaux monuments de Hatra, construits en pierre de
taille, qui ont fait l'objet d'importantes reconstructions
(anastyloses) par les archéologues Irakiens. Le mur qui sépare cet
ensemble du reste de la ville a été érigé sous le règne de
Nasrû, en 138.
Cette
enceinte intérieure est divisée en 2 par un mur transversal
isolant, à l'Est, une vaste esplanade de plan grossièrement carré
et quasiment vide de constructions, les principaux édifices étant
localisés dans la partie Ouest de l'enceinte sacrée, le long du mur
transversal ou bien dans l'espace de 320 par 140 mètres) qu'il
délimite. Quelques pièces devant servir de magasins ainsi que des
portiques se trouvent sur certaines sections intérieures de
l'enceinte sacrée.
L'entrée
principale de celle-ci donne sur l'esplanade, depuis son côté Est,
et comprend 3 portails encadrés par 4 tours.
AVANT LES DESTRUCTION DE DAECH |
Plusieurs
sanctuaires sont disposés sur le côté Ouest de l'esplanade, à
proximité ou attenant au mur intérieur. La position centrale est
occupée par le « temple Hellénistique », dénomination
due aux fouilleurs du site (le terme est assez impropre puisque
l'inspiration architecturale est surtout Romaine), appelé aussi
« temple de Marân », la divinité principale de la
ville.
En
réalité, on ne sait pas avec certitude quelles divinités sont
vénérées dans ce temple, on ne sait pas non plus s'il y en a une
ou plusieurs. Son aspect est très marqué par l'influence grecque et
romaine, même si son plan est original :
De
forme rectangulaire, il est bordé par une double rangée de
colonnades, celle située sur l'extérieur étant érigée à même
le sol, tandis que la seconde est surélevée sur la même terrasse
que le temple à proprement parler, suivant le principe des temples à
podium de type romain.
La
façade, dont les colonnes prennent appui sur le podium, dispose d'un
fronton à archivolte, caractéristique de l'architecture Syrienne
d'inspiration Gréco-Romaine
L'esplanade
Orientale comprend également d'autres bâtiments importants, tous
situés sur son côté Ouest. Au nord, bâti sur le mur transversal,
se trouve un temple dont la façade dispose de 3 iwans, de grandes
salles voûtées percées sur un côté d'un porche en forme de grand
arc, caractéristiques de l'architecture de l'époque Parthe et qu'on
retrouve dans plusieurs édifices de Hatra.
Cet
édifice a été érigé sous le règne de Sanatruq Ier et dédié à
la déesse Allat, représentée sur plusieurs bas-reliefs. Dans
l'angle Sud-Ouest de l'esplanade et en son centre, se trouvent 2
autels à ciel ouvert, à l'usage mal connu.
Au
niveau du temple dit de Marân, 2 portails voûtés donnent accès,
dans la partie Ouest de l'enceinte sacrée, à un premier temple, dit
de Shahiru, bâti au même niveau que le temple précédent,
l'enceinte qui les sépare a sans doute été érigée après les
deux temples qui sont probablement les plus anciens du site.
L'entrée
de ce second temple, donnant sur le Sud, comprend un porche à 4
colonnes et une porte voûtée de plein cintre ouvrant sur la cella,
dans le style des iwans.
La
partie occidentale de l'enceinte sacrée était elle-même traversée
par un mur transversal, qui passait par le plus vaste monument de
Hatra, situé au centre de cette partie de l'enceinte sacrée. Il
s'agissait d'un vaste monument, long de 115 mètres, comprenant
un alignement de huit rangées d'arches, dont deux iwans plus élevés
que les autres, à plus de 25 mètres de hauteur et ouvrant sur
deux salles voûtées de 34 par 15 mètres (l'iwan sud et l'iwan
central). Ces deux grandes portes étaient bordées par de hautes
colonnes engagées à chapiteaux corinthiens, les séparant de deux
rangées de plus petits iwans, ceux situés au-dessus étant fermés
par un mur. Le grand iwan du sud ouvrait sur un grand édifice carré
de 28 mètres de côté, peut-être un ajout tardif, constitué
d'une pièce centrale carrée et voûtée, entourée d'un couloir
lui-même voûté. Deux iwans de taille médiane se trouvaient dans
la partie nord de l'édifice, ouvrant sur une même salle
transversale voutée ; ils avaient sans doute été édifiés
plus tardivement que le reste de la construction. Le toit de
l'édifice avait disparu, mais ses tuiles glaçurées bleues ont été
retrouvées lors des fouilles au sol. La pièce voûtée carrée
située derrière le grand iwan du sud semble avoir été l'espace de
culte principal du dieu-Soleil, le corridor qui la bordait sur ses
quatre côtés ayant pu servir pour des rites de circumambulation.
Les salles sur lesquelles ouvrent les plus petites portes voûtées
devaient être des salles annexes du sanctuaire37. Les grands iwans
paraissent, quant à eux, avoir été des lieux de réunion servant à
recevoir de nombreux hôtes, comme l'indiquent les banquettes qui se
trouvent sur les bords des deux grands iwans du complexe principal.
Il ne s'agit donc pas forcément de sanctuaires à proprement parler,
du moins pas au sens classique du terme, en tant que « saint
des saints », quoi qu'ils semblent bien avoir disposé d'autels
sur les podiums qui s'y trouvent. Les occasions de réunions devaient
être des fêtes religieuses marquées par des sacrifices et des
banquets rituels abondamment attestés dans les religions sémitiques
de l'époque. Ce doit être des moments importants dans la vie
politique et religieuse de la cité, durant lesquels les seigneurs de
Hatra, également grands-prêtres du dieu Soleil, reçoivent les
représentants des tribus de leur région et affirmaient ainsi leur
rôle de « roi des Arabes »3.
Deux
autres sanctuaires sont situés dans la moitié sud de la partie
occidentale de l'enceinte sacrée : le « temple de Samya »
et le « temple de la Triade ». Ils comprenaient tous les
deux trois iwans alignés sur une même façade, celui du centre
étant plus large, reproduisant en plus petite taille le modèle du
temple principal3.
L'espace
situé entre la muraille et l'enceinte sacrée constitue la zone
d'habitations de la ville de Hatra. Les photographies aériennes du
site permettent de constater qu'elle était bâtie sur la majeure
partie de sa surface, et le tracé des voies principales, larges,
était encore bien lisible au sol au moment des fouilles, de même
que celui d'autres voies secondaires plus resserrées au tracé plus
irrégulier. Mais comme souvent pour les cités antiques, cette zone
dépourvue de monuments majeurs n'a attiré que tardivement
l'attention des archéologues et est donc moins connue que le
complexe monumental.
Les
équipes d'archéologues Irakiens ont néanmoins repéré plusieurs
édifices dans cette zone, notamment quatorze temples intra-urbains,
fondés par des riches familles de la ville. Il s'agit d'édifices de
plan simple, comprenant une vaste pièce rectangulaire bordée de
banquettes et ouvrant sur une petite pièce ou une simple niche qui
doit comprendre l'image de la divinité vénérée dans le lieu ainsi
qu'un autel. Ils ne possédaient en général pas de pièces annexes.
L'entrée du temple I était un iwan, comme pour les temples de
l'enceinte sacrée.
Les
équipes Italiennes ont, quant à elles, mis au jour des secteurs
résidentiels. La quinzaine de résidences explorées sont de
tradition mésopotamienne, caractérisée par une organisation autour
d'une cour intérieure disposant d'un iwan servant d'espace de
réception. La maison de Ma'nu, proche du temple I, est la plus
étendue du site (2 700 m²). Elle dispose de plusieurs
unités, la principale étant organisée autour d'une cour à deux
iwans se faisant face et un portique. Les autres unités comprennent
des sortes de suites avec leur propres espaces de réception, ainsi
que des magasins ou des ateliers. Les mêmes équipes ont par
ailleurs dégagé toute une section d'un quartier traversé par la
rue allant du nord de l'enceinte sacrée jusqu'à la porte nord de la
muraille de la cité. Il comprennent divers bâtiments, des
résidences, des chapelles, des magasins qui donnent sur la rue par
des arcades. La plus vaste résidence dégagée dans ce quartier,
l'« édifice A », s'étend sur plus de 1 850 m².
Elle est organisée autour d'une cour centrale à iwan, et certains
de ses murs sont décorés par des peintures ou des graffitis, des
inscriptions indiquent qu'il s'agit de la résidence du grand prêtre
de Shahiru. Près de la porte nord de la muraille a également été
noté un édifice palatial comprenant une grande cour d'environ 47
par 50 mètres, à deux iwans, qui n'ont jamais fait l'objet de
fouilles systématiques.
Des
tombes ont par ailleurs été explorées sur le site (environ 142),
surtout à l'intérieur de la ville, isolées ou bien regroupées
dans des nécropoles. Il s'agit de petits édifices quadrangulaires,
de 6 à 11 mètres au sol, construits en pierre et disposant
parfois d'un décor extérieur, des semi-colonnes engagées. Elles
peuvent être constituées d'une chambre simple, ou bien divisées en
deux ou trois unités constituées elles-mêmes d'une ou plusieurs
pièces, sans que l'on sache ce que reflètent ces différences
(diversité culturelle ou changements dans le temps ?).
LES RUINES EN 2007 |
Les
monuments et objets d'arts de Hatra comportent des inscriptions
gravées, incisées ou peintes sur des blocs de pierre, reliefs,
socles de statues. Environ 500 ont été identifiées sur le site, et
sont approximativement datées du IIe siècle, seules 26 ont pu
être datées avec exactitude car elles indiquaient les années dans
la computation séleucide.
Ces
textes sont rédigés en alphabet araméen, langue dominante en
Mésopotamie du Nord depuis la fin de l'EmpireAssyrien, au
VIIe siècle av. J.-C. Il s'agit plus précisément d'une
version orientale de l'araméen dont d'autres se retrouvent, pour
cette même époque, sur les sites voisins d'Assur, Qabr Abu-Naïf et
dans la région de Tikrit un peu plus au sud. Leur graphie est
également très proche d'inscriptions de sites d'Arménie (Garni).
Les inscriptions de Syrie, notamment celles de Palmyre et celles en
syriaque, relèvent d'une tradition occidentale différente.
L'alphabet de Hatra comprend 22 lettres, est de type consonantique et
se lit de gauche à droite, comme la plupart des autres alphabets
sémitiques. Les inscriptions sont plus ou moins soignées :
Celles de type « monumental », moins nombreuses et
émanant des plus hautes autorités de la ville sont les mieux
exécutées, tandis que celles de type cursif ou
« pseudo-monumental », plus courantes, le sont moins. Une
poignée d'inscriptions en latin datent de la période finale de
Hatra, lorsqu'elle abrite une garnison Romaine.
Du
point de vue typologique, « les inscriptions hatréennes
peuvent être rassemblées en trois groupes selon le formulaire :
simple, moyen, complexe. Parmi les premières on compte surtout les
textes commémoratifs (« qu'on se souvienne de... en bien et en
beauté »), qui parfois comportent la mention des divinités
(« qu'on se souvienne en bien de... devant Notre-Seigneur
l'Aigle »). Parmi les inscriptions dont le formulaire est
moyennement articulé, il y a des textes gravés sur la base des
statues (« Statue de Sanatrûq fils de Sanatrûq le maître de
guerre qu'a érigé pour lui... ») parfois avec une datation
(« ...au mois de Nisan de l'an 473... »). Il reste enfin
un certain nombre de textes dont le formulaire est très articulé
(par exemple les inscriptions concernant les lois de la ville) et les
malédictions. » Les textes commémoratifs sont les plus
nombreux. Ce corpus, composé de brèves inscriptions, est
essentiellement de type religieux, et renseigne donc prioritairement
le panthéon de Hatra et quelques lois religieuses. Indirectement,
l'étude des noms de personnes peut être effectuée d'après ces
textes, confirmant le caractère pluriel de la civilisation locale
(araméenne, arabe, iranienne), on y trouve également des titres
officiels, les noms de quelques tribus, ainsi que des généalogies
permettant d'identifier certaines familles. En revanche ces
inscriptions ne sont pas d'un grand secours pour reconstituer
l'histoire politique de la ville
La
religion de Hatra, connue par l'étude des inscriptions du site et
grâce à son art et son architecture, a des origines diverses
(mésopotamienne, syrienne, arabe, gréco-romaine, iranienne).
Les
inscriptions de Hatra insistent surtout sur le culte dédié à une
triade constituée de Maren (mrn) « Notre Seigneur »,
Marten (mrtn) « Notre Dame » et Bar-Maren (br-mrjn)
« Fils de Notre Seigneur ». Cette triade constituée d'un
couple et de son fils est inconnue ailleurs et constitue donc une
originalité de Hatra. La question de savoir s'il faut identifier
« Notre Seigneur » comme une épithète de Shamash reste
en suspens : Certaines inscriptions semblent indiquer que oui,
d'autres semblent au contraire les distinguer. Le dieu Aigle (nšrʾ,
Nishra), dont parlent certaines inscriptions, semble être associé à
Maren et à la fonction royale...
Les
autres divinités attestées par les inscriptions sont bien connues
par ailleurs, notamment à Palmyre, et sont d'origines diverses. Un
des temples importants de la ville, érigé sous Sanatrûq et
Abdsamya, est ainsi dédié à Allat (littéralement « la
Déesse »), déesse d'origine arabe, représentée sur des
bas-reliefs de l'édifice consacré à une fête qui lui est dédiée,
au cours de laquelle le souverain lui rendait hommage. Shahiru, dieu
de l'Aurore ou de la Lune, est également présent dans plusieurs
inscriptions. En ce qui concerne les divinités syriennes, la ville
dispose de lieux de culte dédiés à Baal-Shamin, le « Seigneur
des Cieux », et à la déesse Atargatis (la « Déesse
syrienne » des auteurs grecs et romains, à rapprocher des
déesses ouest-sémitiques comme Astarté, Anat ou Asherat). En ce
qui concerne les divinités mésopotamiennes, on trouve en
particulier Nergal, le dieu des Enfers, assimilé à Héraclès par
les Grecs et Romains, qui semble aussi avoir eu à Hatra une fonction
de protecteur des portes, temples et maisons. Se trouvent également
un lieu de culte dédié au dieu-scribe Nabû et à la déesse
Nannai, ainsi qu'une attestation d'une prêtresse de la déesse
Ishtar d'Arbelès, une des principales déesses de l'ancienne
Assyrie, et peut-être aussi un nom de personne mentionnant le dieu
Assur.
L'art
de Hatra est constitué essentiellement de sculptures :
Bas-reliefs sur les murs des monuments, stèles et statues. Il s'agit
d'un ensemble de documents essentiels pour la connaissance de l'art
de la Mésopotamie à l'époque Parthe.
Les
monuments de Hatra sont richement ornés. Des motifs floraux ornent
ainsi leur chapiteaux (souvent corinthiens, comme dans le Grand
Temple) et architraves, témoignant d'une forte inspiration
gréco-romaine. Des sculptures de personnes se trouvent sur les
voûtes des grands iwans. Leurs linteaux portent des scènes plus
complexes avec des animaux fantastiques : Combat de centaures,
monstres marins, griffons. Le temple d'Allat a, quant à lui, livré
un bas-relief représentant la déesse montée sur un chameau,
faisant son entrée dans la ville, ce qui renvoie peut-être à un
rituel religieux
HATRA |
Le
dieu Hatréen le plus représenté est Nergal-Héraclès, qui a la
plupart du temps l'aspect d'un homme barbu, nu, appuyé sur un
gourdin, iconographie traditionnelle du dieu grec. Nabû pourrait
être représenté par la statue d'une divinité vêtue d'une
cuirasse et portant une barbe rectangulaire de style assyrien, mise
au jour dans le temple V. L'aigle, animal-attribut de Maren, est
également souvent représenté. Des bas-reliefs sur des stèles et
des autels représentent souvent un objet religieux important à
Hatra, appelé samya, un étendard constitué d'un mât sur lequel
sont accrochés des symboles religieux : Un croissant de lune au
sommet, des disques contenant un aigle, des bustes de divinité et
des anneaux ornés.
Les
statues représentant des personnages non divins sont généralement
de grandeur nature, voire plus, puisqu'elles font en moyenne
1,90 mètre de hauteur. Il s'agit manifestement de statues
votives, puisqu'elles représentent souvent une personne en train de
lever la main droite, geste de prière traditionnel en Mésopotamie :
Elles ont donc pour fonction de représenter le dédicant et de se
substituer à lui dans le temple où elles sont installées,
apparemment sur des estrades. Ces statues utilisent des codes
iconographiques qui permettent de distinguer clairement le rang de la
personne représentée.
Les
rois sont ainsi revêtus d'une tunique à manches longues dite
« parthe » richement décorée, maintenue par une
ceinture à laquelle est souvent attachée une longue épée, un
pantalon et des chaussures souples. Ils portent une coiffure
caractéristique formant un grand bulbe, avec une tiare ou un diadème
symbolisant leur royauté, cette tiare est souvent orné d'un aigle,
symbole du grand dieu de Hatra. Ils sont barbus, tandis que les
princes, qui portent des vêtements similaires, sont glabres.
Viennent ensuite les membres de l'élite sociale de Hatra : Les
prêtres, vêtus d'une longue tunique, pieds nus, et portant parfois
un chapeau de forme conique. Les militaires, portant une longue épée
et une grande cape, arborent parfois une coiffe ronde. Les
« nobles » ; en fait un groupe dont la fonction ne
peut être déterminée, portent en général une longue tunique et
un pantalon, caractéristiques des élites de l'époque Parthe. Les
femmes sont peu représentées avec seulement 13 statues connues.
Elles sont vêtues d'une longue robe, sans ceinture, sur une tunique
longue (chiton), et portent de hautes coiffes supportant un voile qui
leur tombe dans le dos, ainsi que des bijoux, plus ou moins riches
suivant leur rang social.
HERCULE A HATRA. |
Découverte
d'un relief sassanide dans le Nord de l'Afghanistan - Persée
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2005_num_149_1_22838
de
F Grenet - 2005 - Cité 8 fois - Autres articles
Le
personnage kouchan derrière l'arc du roi et la tête de son
cheval[link]; Fig. 9. ... de nombreuses années sur le site de Surkh
Kotal, à 25 kilomètres plus au nord. ..... de la Bactriane kouchane
eut lieu sous Ardashir Ier (224-240) et fut marquée ..... d'époque
kouchane (site 1232), détruit en 1968 avant d'avoir pu être
fouillé, ...
Termes
manquants : hatra
Hatra
- Wikiwand
www.wikiwand.com/fr/Hatra
Hatra
est une ancienne cité arabe de Haute Mésopotamie, dans le Nord de
l'Irak ... Elle fut détruite après la chute des Parthes, par les
Perses sassanides d'Ardachîr Ier et ... Il fallut quelques années
aux troupes perses pour éliminer le dernier roi ... d'Ardashir, dans
les années qui suivirent ; elle fut finalement prise en 240, ...
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