dimanche 25 septembre 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 240

7 SEPTEMBRE 2016... 240

Cette page concerne l'année 240 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

L'ENCLOS DU SOLEIL REDÉCOUVERT ET SACCAGÉ.

ÉTAT ISLAMIQUE EN ACTION
Hatra (araméen : ḥtrʾ d-šmš « Enclos du Soleil » « l'enclos », « l'agglomération ») est une ancienne cité arabe de Haute Mésopotamie, dans le Nord de l'Irak actuel.
Elle s'est développée au cours des 3 premiers siècles de l'ère chrétienne, en particulier au IIe siècle, alors qu'elle est capitale d'un royaume puissant, allié de l'Empire Parthe, et qu'elle résiste à plusieurs sièges des armées de l'Empire Romain.
Hatra est un important centre religieux, dont la divinité principale est le Dieu-Soleil (Shamash). Son rayonnement s'étend aux tribus arabes voisines, et elle est sans doute aussi un important centre caravanier. Sa culture est un mélange de traditions Mésopotamiennes, Syriennes, Gréco-Romaines et Iraniennes, visible notamment dans les domaines religieux, architecturaux et artistiques. Détruite après la chute des Parthes, par les Perses Sassanides d'Ardachîr Ier et Shapur Ier en 241 puis abandonnée par la suite...

La ville est aujourd'hui appelée al-Hadr et se trouve dans la province de Ninawa, à environ 290 km au Nord-Ouest de Bagdad et 110 km au Sud-Ouest de Mossoul.
Les ruines, dominées par plusieurs grands temples et les restes de son imposante muraille, ont été fouillées au début du XXe siècle par des archéologues Allemands puis, à partir des années 1950, par des équipes Irakiennes, avant d'être inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985, elles sont l'objet d'un important plan de reconstruction de la part des autorités Irakiennes.
Le 7 mars 2015, le site a été pillé et a fait l'objet de destructions perpétrées par l'état islamique.

L'histoire de Hatra est mal connue. Elle est essentiellement reconstituée grâce à des récits de quelques historiens Romains (Dion Cassius, Hérodien et Ammien Marcellin), qui l'évoquent dans le contexte des conflits entre les Empires Romain et Parthe.
Hatra a été l'ennemie des Romains, donc vraisemblablement l'alliée des Parthes.
Les sources épigraphiques retrouvées à Hatra fournissent quelques indices sur les évolutions institutionnelles et la montée en puissance des monarques de Hatra, mais ne rapportent aucun événement politique ou militaire. L'intense activité de construction de monuments décidée par ces souverains est un autre indice de leur importance politique croissante.
La chute de l'Empire Parthe face aux Perses emmenés par Ardashir, fondateur de la dynastie des Sassanides en 223, rebat les cartes de la géopolitique de la Haute Mésopotamie et de tout le Moyen-Orient. Il faut quelques années aux troupes Perses pour éliminer le dernier roi Parthe et soumettre ses principaux vassaux du plateau Iranien. Ardashir se tourne ensuite vers l'ouest, contre les Romains, auxquels Sanatrûq II a fait appel pour éviter de partager le sort des autres serviteurs des Parthes.
Une inscription trouvée à Hatra, datant de 235, indique qu'une cohorte Romaine y est stationnée. La question de savoir dans quelle mesure Hatra est une alliée voire une vassale des Romains durant ses dernières années est discutable.

Quoi qu'il en soit, la ville subit le siège des Perses, menés par Shapur Ier, le fils d'Ardashir, dans les années qui suivent, elle est finalement prise en 240, dans des conditions qui ne sont pas déterminées. L'archéologie documente surtout les travaux liés au siège final des Sassanides, qui entreprennent la construction de murs de circonvallation et contrevallation reliés à leur campement. La population de la ville est manifestement déportée dans sa totalité, suivant les habitudes des vainqueurs.
La cité n'a jamais été repeuplée, car aucune trace d'occupation postérieure au siège n'a été retrouvée.
Lorsqu'il passe dans la région en 363, au retour de la campagne désastreuse de l'empereur Julien contre les Sassanides, l'historien Ammien Marcellin décrit Hatra comme une « ville antique, mais entourée d’une vaste solitude et depuis longtemps déserte. (XXV.8.5) »

La chute de Hatra est évoquée dans les traditions Iraniennes et Arabes postérieures, donnant lieu à des poèmes élégiaques sur le thème de la puissance brutalement anéantie. L'événement en lui-même reste mal établi, puisqu'il est souvent mal daté, par exemple par Ferdowsî qui le situe sous le règne de Shapur II au IVe siècle.
Les récits sur la chute de Hatra rapportés par divers auteurs, notamment l'historien Arabo-Persan Tabari (Xe siècle), suivent à peu près la même trame. « Le puissant roi de Hatra, issu d'une lignée illustre, a provoqué le roi Sassanide Shapur en attaquant ses terres. Ce dernier a alors lancé une attaque contre lui et assiégé sa ville, sans succès, pendant plusieurs mois.
TROUPE "VISITANT"LES RUINES DE HATRA
La chute de la ville est imputée à la fille du roi de Hatra, la princesse Nadira, tombée amoureuse du roi Perse après l'avoir aperçu du haut des murailles. Elle lui propose alors son aide contre la promesse de l'épouser.
La trahison est diversement rapportée : Elle a indiqué à Shapur un rituel magique permettant de rendre inefficace le talisman protégeant les murailles de la ville, autrement imprenables, ou bien elle a enivré son père et livré les clefs de la ville à Shapur, ou bien encore elle a indiqué à ce dernier comment pénétrer dans la ville par la rivière.

Une fois la ville prise, le Perse honore sa promesse de mariage, puis se rend compte lors de la nuit de noces que la princesse a une peau extrêmement délicate en la voyant saigner après le contact avec une feuille de myrte.
Il demande une explication et la princesse lui dit qu'il en est ainsi grâce aux traitements prodigués à sa peau par son père, plein d'attentions envers elle. Scandalisé par le fait que sa nouvelle épouse ait pu trahir un père aussi aimant et craignant qu'elle n'en fasse de même avec lui, il la fait mettre à mort. Selon certains, cette histoire est une lointaine aïeule du conte de La Princesse au petit pois, popularisé par Hans Christian Andersen.

Dans son état final, à partir du milieu du IIe siècle, Hatra est une ville au plan grossièrement rond, selon le modèle urbanistique qui semble avoir été courant dans la Mésopotamie Parthe puisqu'il se retrouve à Arbèles (l'ancienne Adiabène et présentement à Erbil) et Ctésiphon.
En son centre s'élève le vaste enclos du dieu Soleil, seul monument de pierre au sein d'une cité faite entièrement de brique crue. Ce sanctuaire, qui comprend plusieurs temples à l'extrémité d'une vaste esplanade, est sans doute un lieu de pèlerinage annuel pour les Arabes de Mésopotamie.
Le tissu urbain s'est progressivement constitué sans plan directeur dans toutes les directions autour de ce sanctuaire central. Il est protégé par une double muraille en briques crues. L'évolution historique du site reste mal connue en dehors de son dernier siècle d'existence, et il est difficile de savoir quels monuments sont les plus anciens, et quel aspect a la cité avant les grands travaux du IIe siècle qui ont accompagné le véritable développement de Hatra.
HAUTES MÉSOPOTAMIE

Les équipes de fouilles Italiennes et Polonaises ont repéré, à proximité de l'enceinte sacrée, des traces de murailles en pierre et briques crues, manifestement antérieures aux autres constructions du site.
Il semble qu'il s'agît de vestiges d'une muraille qui enserre Hatra avant la construction de l'enceinte la plus récente et la plus visible lors des fouilles, celle construite sous le règne de Nasrû au milieu du IIe siècle.
Cette première enceinte est donc celle à laquelle sont confrontées les troupes de Trajan, avant le véritable essor de Hatra qui voit l'érection d'une muraille plus puissante englobant un espace plus vaste ainsi que celle de l'enceinte sacrée.
L'espace délimité par cette première muraille ne peut être établi avec certitude car son tracé n'a pas encore été clairement identifié. Le rempart principal de Hatra, courant sur environ 6 kilomètres, est bien connu grâce aux fouilles dont il a fait l'objet. Il était précédé par un fossé et délimitait un espace grossièrement circulaire.
C'est un ouvrage en terre et briques crues, reposant sur un socle en pierre d'environ un mètre de hauteur et 3,50 mètres de large, plus en certains endroits où il a été renforcé après les sièges des armées Romaines.

On a estimé sa hauteur originelle à une dizaine de mètres. Le haut du rempart devait être coloré, si on en juge par les nombreuses plaques à glaçure bleutée qui ont été mises au jour.
Des tours espacées d'une trentaine de mètres défendent la muraille et des bastions en pierre ont été ajoutés au dispositif pour supporter des catapultes lors des sièges. Vers la fin de l'existence de la ville le mur principal a été doublé par un petit mur intérieur servant de seconde ligne de défense.
Le rempart peut être franchi par 4 portes situées aux 4 points cardinaux, comprenant une chicane à l'entrée et une cour intérieure. Ce dispositif imposant est donc en mesure de résister aux sièges des armées Romaines, et de tenir en respect les Perses pendant 2 ans. Ces derniers érigent face à lui un mur encerclant toute la ville, circonvallation qui a été identifié par les archéologues, et qui illustre l'importance des efforts qu'ils ont dû consentir pour mener le siège à son terme.

L'enceinte sacrée, délimitant un espace rectangulaire de 320 par 435 mètres, comprend les principaux monuments de Hatra, construits en pierre de taille, qui ont fait l'objet d'importantes reconstructions (anastyloses) par les archéologues Irakiens. Le mur qui sépare cet ensemble du reste de la ville a été érigé sous le règne de Nasrû, en 138.

Cette enceinte intérieure est divisée en 2 par un mur transversal isolant, à l'Est, une vaste esplanade de plan grossièrement carré et quasiment vide de constructions, les principaux édifices étant localisés dans la partie Ouest de l'enceinte sacrée, le long du mur transversal ou bien dans l'espace de 320 par 140 mètres) qu'il délimite. Quelques pièces devant servir de magasins ainsi que des portiques se trouvent sur certaines sections intérieures de l'enceinte sacrée.
L'entrée principale de celle-ci donne sur l'esplanade, depuis son côté Est, et comprend 3 portails encadrés par 4 tours.
AVANT LES DESTRUCTION DE DAECH
L'entrée n'est pas située au centre de la muraille sur laquelle elle est percée, mais est légèrement excentrée vers le Nord, pour faire face, de l'autre côté de l'esplanade, aux 2 temples qui sont supposés être les plus anciens.
Plusieurs sanctuaires sont disposés sur le côté Ouest de l'esplanade, à proximité ou attenant au mur intérieur. La position centrale est occupée par le « temple Hellénistique », dénomination due aux fouilleurs du site (le terme est assez impropre puisque l'inspiration architecturale est surtout Romaine), appelé aussi « temple de Marân », la divinité principale de la ville.
En réalité, on ne sait pas avec certitude quelles divinités sont vénérées dans ce temple, on ne sait pas non plus s'il y en a une ou plusieurs. Son aspect est très marqué par l'influence grecque et romaine, même si son plan est original :
De forme rectangulaire, il est bordé par une double rangée de colonnades, celle située sur l'extérieur étant érigée à même le sol, tandis que la seconde est surélevée sur la même terrasse que le temple à proprement parler, suivant le principe des temples à podium de type romain.
La façade, dont les colonnes prennent appui sur le podium, dispose d'un fronton à archivolte, caractéristique de l'architecture Syrienne d'inspiration Gréco-Romaine
L'esplanade Orientale comprend également d'autres bâtiments importants, tous situés sur son côté Ouest. Au nord, bâti sur le mur transversal, se trouve un temple dont la façade dispose de 3 iwans, de grandes salles voûtées percées sur un côté d'un porche en forme de grand arc, caractéristiques de l'architecture de l'époque Parthe et qu'on retrouve dans plusieurs édifices de Hatra.
Cet édifice a été érigé sous le règne de Sanatruq Ier et dédié à la déesse Allat, représentée sur plusieurs bas-reliefs. Dans l'angle Sud-Ouest de l'esplanade et en son centre, se trouvent 2 autels à ciel ouvert, à l'usage mal connu.
Au niveau du temple dit de Marân, 2 portails voûtés donnent accès, dans la partie Ouest de l'enceinte sacrée, à un premier temple, dit de Shahiru, bâti au même niveau que le temple précédent, l'enceinte qui les sépare a sans doute été érigée après les deux temples qui sont probablement les plus anciens du site.
L'entrée de ce second temple, donnant sur le Sud, comprend un porche à 4 colonnes et une porte voûtée de plein cintre ouvrant sur la cella, dans le style des iwans.

La partie occidentale de l'enceinte sacrée était elle-même traversée par un mur transversal, qui passait par le plus vaste monument de Hatra, situé au centre de cette partie de l'enceinte sacrée. Il s'agissait d'un vaste monument, long de 115 mètres, comprenant un alignement de huit rangées d'arches, dont deux iwans plus élevés que les autres, à plus de 25 mètres de hauteur et ouvrant sur deux salles voûtées de 34 par 15 mètres (l'iwan sud et l'iwan central). Ces deux grandes portes étaient bordées par de hautes colonnes engagées à chapiteaux corinthiens, les séparant de deux rangées de plus petits iwans, ceux situés au-dessus étant fermés par un mur. Le grand iwan du sud ouvrait sur un grand édifice carré de 28 mètres de côté, peut-être un ajout tardif, constitué d'une pièce centrale carrée et voûtée, entourée d'un couloir lui-même voûté. Deux iwans de taille médiane se trouvaient dans la partie nord de l'édifice, ouvrant sur une même salle transversale voutée ; ils avaient sans doute été édifiés plus tardivement que le reste de la construction. Le toit de l'édifice avait disparu, mais ses tuiles glaçurées bleues ont été retrouvées lors des fouilles au sol. La pièce voûtée carrée située derrière le grand iwan du sud semble avoir été l'espace de culte principal du dieu-Soleil, le corridor qui la bordait sur ses quatre côtés ayant pu servir pour des rites de circumambulation. Les salles sur lesquelles ouvrent les plus petites portes voûtées devaient être des salles annexes du sanctuaire37. Les grands iwans paraissent, quant à eux, avoir été des lieux de réunion servant à recevoir de nombreux hôtes, comme l'indiquent les banquettes qui se trouvent sur les bords des deux grands iwans du complexe principal. Il ne s'agit donc pas forcément de sanctuaires à proprement parler, du moins pas au sens classique du terme, en tant que « saint des saints », quoi qu'ils semblent bien avoir disposé d'autels sur les podiums qui s'y trouvent. Les occasions de réunions devaient être des fêtes religieuses marquées par des sacrifices et des banquets rituels abondamment attestés dans les religions sémitiques de l'époque. Ce doit être des moments importants dans la vie politique et religieuse de la cité, durant lesquels les seigneurs de Hatra, également grands-prêtres du dieu Soleil, reçoivent les représentants des tribus de leur région et affirmaient ainsi leur rôle de « roi des Arabes »3.
Deux autres sanctuaires sont situés dans la moitié sud de la partie occidentale de l'enceinte sacrée : le « temple de Samya » et le « temple de la Triade ». Ils comprenaient tous les deux trois iwans alignés sur une même façade, celui du centre étant plus large, reproduisant en plus petite taille le modèle du temple principal3.
L'espace situé entre la muraille et l'enceinte sacrée constitue la zone d'habitations de la ville de Hatra. Les photographies aériennes du site permettent de constater qu'elle était bâtie sur la majeure partie de sa surface, et le tracé des voies principales, larges, était encore bien lisible au sol au moment des fouilles, de même que celui d'autres voies secondaires plus resserrées au tracé plus irrégulier. Mais comme souvent pour les cités antiques, cette zone dépourvue de monuments majeurs n'a attiré que tardivement l'attention des archéologues et est donc moins connue que le complexe monumental.
Les équipes d'archéologues Irakiens ont néanmoins repéré plusieurs édifices dans cette zone, notamment quatorze temples intra-urbains, fondés par des riches familles de la ville. Il s'agit d'édifices de plan simple, comprenant une vaste pièce rectangulaire bordée de banquettes et ouvrant sur une petite pièce ou une simple niche qui doit comprendre l'image de la divinité vénérée dans le lieu ainsi qu'un autel. Ils ne possédaient en général pas de pièces annexes. L'entrée du temple I était un iwan, comme pour les temples de l'enceinte sacrée.
Les équipes Italiennes ont, quant à elles, mis au jour des secteurs résidentiels. La quinzaine de résidences explorées sont de tradition mésopotamienne, caractérisée par une organisation autour d'une cour intérieure disposant d'un iwan servant d'espace de réception. La maison de Ma'nu, proche du temple I, est la plus étendue du site (2 700 m²). Elle dispose de plusieurs unités, la principale étant organisée autour d'une cour à deux iwans se faisant face et un portique. Les autres unités comprennent des sortes de suites avec leur propres espaces de réception, ainsi que des magasins ou des ateliers. Les mêmes équipes ont par ailleurs dégagé toute une section d'un quartier traversé par la rue allant du nord de l'enceinte sacrée jusqu'à la porte nord de la muraille de la cité. Il comprennent divers bâtiments, des résidences, des chapelles, des magasins qui donnent sur la rue par des arcades. La plus vaste résidence dégagée dans ce quartier, l'« édifice A », s'étend sur plus de 1 850 m². Elle est organisée autour d'une cour centrale à iwan, et certains de ses murs sont décorés par des peintures ou des graffitis, des inscriptions indiquent qu'il s'agit de la résidence du grand prêtre de Shahiru. Près de la porte nord de la muraille a également été noté un édifice palatial comprenant une grande cour d'environ 47 par 50 mètres, à deux iwans, qui n'ont jamais fait l'objet de fouilles systématiques.
Des tombes ont par ailleurs été explorées sur le site (environ 142), surtout à l'intérieur de la ville, isolées ou bien regroupées dans des nécropoles. Il s'agit de petits édifices quadrangulaires, de 6 à 11 mètres au sol, construits en pierre et disposant parfois d'un décor extérieur, des semi-colonnes engagées. Elles peuvent être constituées d'une chambre simple, ou bien divisées en deux ou trois unités constituées elles-mêmes d'une ou plusieurs pièces, sans que l'on sache ce que reflètent ces différences (diversité culturelle ou changements dans le temps ?).
LES RUINES EN 2007
La prospérité de la cité venait essentiellement de l'exploitation de l'oasis qui la faisait vivre, ainsi que de l'élevage extensif pratiqué par les nomades. Sans doute pratiquait-elle aussi le commerce caravanier, mais on n'a pas retrouvé à Hatra d'inscriptions caravanières comme à Palmyre, cité qui lui ressemble beaucoup par ailleurs.

Les monuments et objets d'arts de Hatra comportent des inscriptions gravées, incisées ou peintes sur des blocs de pierre, reliefs, socles de statues. Environ 500 ont été identifiées sur le site, et sont approximativement datées du IIe siècle, seules 26 ont pu être datées avec exactitude car elles indiquaient les années dans la computation séleucide.
Ces textes sont rédigés en alphabet araméen, langue dominante en Mésopotamie du Nord depuis la fin de l'EmpireAssyrien, au VIIe siècle av. J.-C. Il s'agit plus précisément d'une version orientale de l'araméen dont d'autres se retrouvent, pour cette même époque, sur les sites voisins d'Assur, Qabr Abu-Naïf et dans la région de Tikrit un peu plus au sud. Leur graphie est également très proche d'inscriptions de sites d'Arménie (Garni). Les inscriptions de Syrie, notamment celles de Palmyre et celles en syriaque, relèvent d'une tradition occidentale différente. L'alphabet de Hatra comprend 22 lettres, est de type consonantique et se lit de gauche à droite, comme la plupart des autres alphabets sémitiques. Les inscriptions sont plus ou moins soignées : Celles de type « monumental », moins nombreuses et émanant des plus hautes autorités de la ville sont les mieux exécutées, tandis que celles de type cursif ou « pseudo-monumental », plus courantes, le sont moins. Une poignée d'inscriptions en latin datent de la période finale de Hatra, lorsqu'elle abrite une garnison Romaine.
Du point de vue typologique, « les inscriptions hatréennes peuvent être rassemblées en trois groupes selon le formulaire : simple, moyen, complexe. Parmi les premières on compte surtout les textes commémoratifs (« qu'on se souvienne de... en bien et en beauté »), qui parfois comportent la mention des divinités (« qu'on se souvienne en bien de... devant Notre-Seigneur l'Aigle »). Parmi les inscriptions dont le formulaire est moyennement articulé, il y a des textes gravés sur la base des statues (« Statue de Sanatrûq fils de Sanatrûq le maître de guerre qu'a érigé pour lui... ») parfois avec une datation (« ...au mois de Nisan de l'an 473... »). Il reste enfin un certain nombre de textes dont le formulaire est très articulé (par exemple les inscriptions concernant les lois de la ville) et les malédictions. » Les textes commémoratifs sont les plus nombreux. Ce corpus, composé de brèves inscriptions, est essentiellement de type religieux, et renseigne donc prioritairement le panthéon de Hatra et quelques lois religieuses. Indirectement, l'étude des noms de personnes peut être effectuée d'après ces textes, confirmant le caractère pluriel de la civilisation locale (araméenne, arabe, iranienne), on y trouve également des titres officiels, les noms de quelques tribus, ainsi que des généalogies permettant d'identifier certaines familles. En revanche ces inscriptions ne sont pas d'un grand secours pour reconstituer l'histoire politique de la ville
La religion de Hatra, connue par l'étude des inscriptions du site et grâce à son art et son architecture, a des origines diverses (mésopotamienne, syrienne, arabe, gréco-romaine, iranienne).
La divinité principale de Hatra est le Dieu-Soleil, šmš dans les inscriptions (littéralement « Soleil »), Shamash dans la religion mésopotamienne antique. Les pièces de monnaies de la ville la présentent comme « Hatra de Shamash » (ḥtrʾ d-šmš), c'est-à-dire l'« Enclos (sacré) du Soleil ». Ce dieu est probablement la divinité principale du complexe monumental dominant l'enceinte sacrée.
Les inscriptions de Hatra insistent surtout sur le culte dédié à une triade constituée de Maren (mrn) « Notre Seigneur », Marten (mrtn) « Notre Dame » et Bar-Maren (br-mrjn) « Fils de Notre Seigneur ». Cette triade constituée d'un couple et de son fils est inconnue ailleurs et constitue donc une originalité de Hatra. La question de savoir s'il faut identifier « Notre Seigneur » comme une épithète de Shamash reste en suspens : Certaines inscriptions semblent indiquer que oui, d'autres semblent au contraire les distinguer. Le dieu Aigle (nšrʾ, Nishra), dont parlent certaines inscriptions, semble être associé à Maren et à la fonction royale...
Les autres divinités attestées par les inscriptions sont bien connues par ailleurs, notamment à Palmyre, et sont d'origines diverses. Un des temples importants de la ville, érigé sous Sanatrûq et Abdsamya, est ainsi dédié à Allat (littéralement « la Déesse »), déesse d'origine arabe, représentée sur des bas-reliefs de l'édifice consacré à une fête qui lui est dédiée, au cours de laquelle le souverain lui rendait hommage. Shahiru, dieu de l'Aurore ou de la Lune, est également présent dans plusieurs inscriptions. En ce qui concerne les divinités syriennes, la ville dispose de lieux de culte dédiés à Baal-Shamin, le « Seigneur des Cieux », et à la déesse Atargatis (la « Déesse syrienne » des auteurs grecs et romains, à rapprocher des déesses ouest-sémitiques comme Astarté, Anat ou Asherat). En ce qui concerne les divinités mésopotamiennes, on trouve en particulier Nergal, le dieu des Enfers, assimilé à Héraclès par les Grecs et Romains, qui semble aussi avoir eu à Hatra une fonction de protecteur des portes, temples et maisons. Se trouvent également un lieu de culte dédié au dieu-scribe Nabû et à la déesse Nannai, ainsi qu'une attestation d'une prêtresse de la déesse Ishtar d'Arbelès, une des principales déesses de l'ancienne Assyrie, et peut-être aussi un nom de personne mentionnant le dieu Assur.

L'art de Hatra est constitué essentiellement de sculptures : Bas-reliefs sur les murs des monuments, stèles et statues. Il s'agit d'un ensemble de documents essentiels pour la connaissance de l'art de la Mésopotamie à l'époque Parthe.
Les monuments de Hatra sont richement ornés. Des motifs floraux ornent ainsi leur chapiteaux (souvent corinthiens, comme dans le Grand Temple) et architraves, témoignant d'une forte inspiration gréco-romaine. Des sculptures de personnes se trouvent sur les voûtes des grands iwans. Leurs linteaux portent des scènes plus complexes avec des animaux fantastiques : Combat de centaures, monstres marins, griffons. Le temple d'Allat a, quant à lui, livré un bas-relief représentant la déesse montée sur un chameau, faisant son entrée dans la ville, ce qui renvoie peut-être à un rituel religieux
HATRA
De nombreuses autres statues ainsi que des bas-reliefs mis au jour dans les sanctuaires représentent des divinités. Ils sont taillés dans du calcaire ou de l'albâtre, pierres extraites localement. Leur petite taille indique qu'il s'agit en général d'offrandes votives. Elles sont souvent inscrites, ce qui permet d'identifier la divinité représentée et donc l'iconographie divine de Hatra. Le Dieu-Soleil est ainsi représenté en général sous l'aspect d'un jeune homme glabre, portant deux cornes, avec des rayons de soleil émanant de sa tête. Bar-Maren, plus souvent attesté, a une apparence similaire, vêtu en général d'une tunique à manches courtes richement décorée et maintenue autour de sa taille par une ceinture faite d'une pièce d'étoffe enroulée.
Le dieu Hatréen le plus représenté est Nergal-Héraclès, qui a la plupart du temps l'aspect d'un homme barbu, nu, appuyé sur un gourdin, iconographie traditionnelle du dieu grec. Nabû pourrait être représenté par la statue d'une divinité vêtue d'une cuirasse et portant une barbe rectangulaire de style assyrien, mise au jour dans le temple V. L'aigle, animal-attribut de Maren, est également souvent représenté. Des bas-reliefs sur des stèles et des autels représentent souvent un objet religieux important à Hatra, appelé samya, un étendard constitué d'un mât sur lequel sont accrochés des symboles religieux : Un croissant de lune au sommet, des disques contenant un aigle, des bustes de divinité et des anneaux ornés.
Les statues représentant des personnages non divins sont généralement de grandeur nature, voire plus, puisqu'elles font en moyenne 1,90 mètre de hauteur. Il s'agit manifestement de statues votives, puisqu'elles représentent souvent une personne en train de lever la main droite, geste de prière traditionnel en Mésopotamie : Elles ont donc pour fonction de représenter le dédicant et de se substituer à lui dans le temple où elles sont installées, apparemment sur des estrades. Ces statues utilisent des codes iconographiques qui permettent de distinguer clairement le rang de la personne représentée.
Les rois sont ainsi revêtus d'une tunique à manches longues dite « parthe » richement décorée, maintenue par une ceinture à laquelle est souvent attachée une longue épée, un pantalon et des chaussures souples. Ils portent une coiffure caractéristique formant un grand bulbe, avec une tiare ou un diadème symbolisant leur royauté, cette tiare est souvent orné d'un aigle, symbole du grand dieu de Hatra. Ils sont barbus, tandis que les princes, qui portent des vêtements similaires, sont glabres. Viennent ensuite les membres de l'élite sociale de Hatra : Les prêtres, vêtus d'une longue tunique, pieds nus, et portant parfois un chapeau de forme conique. Les militaires, portant une longue épée et une grande cape, arborent parfois une coiffe ronde. Les « nobles » ; en fait un groupe dont la fonction ne peut être déterminée, portent en général une longue tunique et un pantalon, caractéristiques des élites de l'époque Parthe. Les femmes sont peu représentées avec seulement 13 statues connues. Elles sont vêtues d'une longue robe, sans ceinture, sur une tunique longue (chiton), et portent de hautes coiffes supportant un voile qui leur tombe dans le dos, ainsi que des bijoux, plus ou moins riches suivant leur rang social.

HERCULE  A HATRA.
Le site de Hatra, tombé dans l'oubli, est redécouvert tardivement en raison de son isolement. Les premiers archéologues à s'y intéresser sont les équipes Allemandes dirigées par Walter Andrae qui fouillent le site de Qalaat Sherqat, l'antique Assur en 1907 et repèrent ses monuments majeurs. Le site ne fait cependant l'objet de fouilles systématiques qu'à partir de 1951, par des équipes Irakiennes. Elles sont rapidement suivies par un important projet de reconstruction des principaux monuments du site, à savoir les temples de l'enceinte sacrée et l'enceinte elle-même. La première synthèse sur le site est publiée en 1974 par Fuad Safar et Muhammad Ali Mustafa. Les équipes irakiennes poursuivent leur activité sur le site jusqu'à la première guerre du Golfe, avec l'appui d'équipes Italiennes lors de campagnes de 1986 à 1989 puis entre 1993 et 1997 sous la direction de Roberta Venco Ricciardi, et d'équipes polonaises dirigées par Michel Gawlikowski en 1990 qui se sont consacrées à l'étude du système défensif de la ville. Le site est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985. Les travaux sur les résultats des fouilles, notamment les découvertes épigraphiques, se sont poursuivis depuis, et plusieurs synthèses sont venues enrichir la connaissance du site.


Découverte d'un relief sassanide dans le Nord de l'Afghanistan - Persée
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2005_num_149_1_22838
de F Grenet - ‎2005 - ‎Cité 8 fois - ‎Autres articles
Le personnage kouchan derrière l'arc du roi et la tête de son cheval[link]; Fig. 9. ... de nombreuses années sur le site de Surkh Kotal, à 25 kilomètres plus au nord. ..... de la Bactriane kouchane eut lieu sous Ardashir Ier (224-240) et fut marquée ..... d'époque kouchane (site 1232), détruit en 1968 avant d'avoir pu être fouillé, ...
Termes manquants : hatra
Hatra - Wikiwand
www.wikiwand.com/fr/Hatra
Hatra est une ancienne cité arabe de Haute Mésopotamie, dans le Nord de l'Irak ... Elle fut détruite après la chute des Parthes, par les Perses sassanides d'Ardachîr Ier et ... Il fallut quelques années aux troupes perses pour éliminer le dernier roi ... d'Ardashir, dans les années qui suivirent ; elle fut finalement prise en 240, ...



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