vendredi 2 mai 2014

1110... EN REMONTANT LE TEMPS



Cette page concerne l'année 1110 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LORSQUE LES PROVINCES SE DESSINENT

Texte extrait de la conférence sur l'histoire des sires de Bâgé
BLASON DES BÂGE OU BAUGE
prononcée le 21 avril 2010 à Pont-de-Vaux
par Michel Balandras,
professeur d'histoire honoraire, historien, membre de l'association
  « Les Amis du site, Bâgé culture et loisirs », affiliée à Patrimoine des Pays de l'Ain.
Les sires de Bâgé, seigneurs de Pont-de-Vaux

Ces sires de Bâgé, ou plutôt de Baugé, pour respecter l’appellation ancienne, sont bien connus ? La mémoire collective a généralement plus ou moins conservé  le souvenir de Sibylle de Bâgé et a retenu que c’est par son mariage que la Bresse a été rattachée à la Savoie, mais que sait-on  vraiment d’autre à leur sujet?...


L'auteur propose de s'attarder un instant sur leur blason qui se décrit : « D’azur au lion d’hermine », c’est-à-dire un lion figuré avec une fourrure à  mouchetures de sable (noir) semées sur champ d’argent, le tout sur un fond bleu... Il convient cependant de noter que l’armorial d’Hozier, (XVIIe siècle) place le lion sur un fond de gueules (c’est-à-dire le même lion sur un fond rouge) ou que l’armorial de du Mesnil (XIXe siècle) le couronne d’or. Le lion d’hermine sur un fond de gueules est normalement le blason du Bugey. Ces détails qui peuvent paraître secondaires nous font toucher à  une première difficulté dans la connaissance de nos sires: à savoir les confusions possibles et qu’on rencontre parfois dans les documents anciens, entre Baugé, Beaujeu et parfois Bugey, 3 mots bien proches  phonétiquement et dont les graphies ont évolué en différentes formes qui expliquent ces confusions: Baugé, Baugie, Baujiu, Baugia, Biauju... pour n’en citer que quelques-unes...

Une autre difficulté pour cerner la Réalité de ce temps tient au peu de documents écrits dont on peut disposer. Ces documents, ce sont essentiellement les cartulaires (recueils d’ actes attestant des titres et des privilèges) des cathédrales ou des grandes abbayes:
Saint-Vincent de Mâcon, Saint-Bénigne de Dijon, Cluny ou Tournus. Ils sont souvent parvenus jusqu’à nous par des transcriptions successives qui ont pu être  sources d’erreurs ou d’omissions...
De plus, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver quand un même individu peut être nommé - c’est un exemple - Oury, Olry, Ulric, Ulrich, Oldoric, Ulduric.
De plus, beaucoup de personnages  portent des prénoms identiques de génération en génération, leurs liens familiaux ne sont pas toujours faciles à établir. Plusieurs historiens ont essayé d’extraire de ces cartulaires l’histoire de la maison de Baugé...
Un jurisconsulte Mâconnais, Jean Fustaillier, nous a laissé un  manuscrit, Écrit entre 1500 et 1520, alors que pour fuir la peste déclarée à Mâcon, il s’était réfugié à Rome.
L’Évêque de Mâcon a mis à sa disposition certains titres de l’Église Saint-Vincent d’où Fustaillier a cru pouvoir tirer la chronologie des comtes de Bâgé... Mais sans doute parce qu’il est loin de Mâcon et qu’il ne peut avoir entre les mains toutes les chartes de Saint-Vincent de Mâcon, il a commis un certain nombre d’erreurs d’interprétation.
On peut citer également les Écrits d’un ecclésiastique, Guillaume Paradin, né à Cuiseaux vers 1510.
CHÂTEAU DES BÂGE
Puis en 1650, Samuel Guichenon, en s’appuyant d’ailleurs en partie sur les écrits déjà citer (il possédait le manuscrit de Fustaillier) publie sa fameuse (Histoire de Bresse), l’œuvre de Guichenon a longtemps fait autorité et a été une référence incontournable, même si elle recèle quelques inexactitudes...
 Après lui, tous ceux qui ont parlé des Sires de Baugé, l’abbé Gacon, de Lateyssonnière, Charles Jarrin, Philibert Le Duc, entre autres, ont perpétué ce qu’il a écrit en se copiant plus ou moins les uns sur les autres et ont rarement apporté quelque chose de neuf...
Pour l’académicien et médiéviste Georges Duby,  cette chronologie est (imaginaire) (c’est le terme qu’il emploie) du moins pour tout ce qui est antérieur à l’an mil. Parmi les historiens actuels, il convient de citer aussi les travaux d’un universitaire parisien, Guy Bois, qui comme Duby s’est beaucoup intéressé à Cluny et à la région Mâconnaise.
Quoi qu’il en soit, avant d’évoquer la lignée des Sires de Baugé et leur œuvre, il paraît essentiel de s’interroger sur les raisons de leur émergence, de leur réussite, et de leur toute puissance à la tête de la Bresse pendant près de 3 siècles...
Les premières raisons sont politiques et pour bien les saisir, il convient de se remettre en tête la situation de la Région à l’époque Carolingienne.

En 843, le traité de Verdun a partagé en 3 le vieil empire de Charlemagne. Ses 3 petits-fils, incapables de s’entendre, le détruisant ainsi pour toujours...
La Saône devient alors une limite entre la Francie de l’ouest dévolue à Charles et la partie centrale, territoire de Lothaire,  qui a gardé le titre d’Empereur, (Lotharingie).
La Bresse s’inscrit dans cette Lotharingie. la notion de frontière suppose une rigidité juridique qu’elle est loin d’avoir à l’époque Carolingienne. Avant d’être une séparation, la frontière, c’est d’abord une région de contacts avec d’innombrables interpénétrations et interférences. C’est particulièrement vrai pour les châtellenies de Bâgé ou de Pont-de-Vaux. Il y a une unité de civilisation des pays de la Saône et la frontière ne détruit en rien les affinités qui existent entre les deux rives. La circulation est incessante d’une rive à l’autre et les liens de famille et d’amitié qui se sont noués depuis longtemps par-dessus cette limite ne sont pas remis en cause par le traité de Verdun.
Le comte et l’évêque de Mâcon, qui sont les puissants de l’époque, sont largement positionnés sur les 2 rives, en particulier à Replonges, et on verra que les Bâgé ne se préoccupent guère non plus de cette limite lorsqu’ils organisent leur seigneurie foncière.

TRAITE DE VERDUN
Mais revenons à Lothaire. Il aura lui aussi 3 fils entre lesquels, avant de se faire moine, il tient à partager son état.  Puis les 3 héritiers de Lothaire disparaissent les uns après les autres sans laisser de descendants et les rivalités sont  terribles pour récupérer leurs territoires. Finalement, en 870, Louis le Germanique et Charles le Chauve se partageront l’ex-Lotharingie. 
Au nord est créé le royaume de la Bourgogne dite transjurane (la Bresse qu’on appelle aujourd’hui Bourguignonne en fait partie) alors que la partie sud  donne naissance à un royaume de Provence, encore appelé royaume, d’Arles dans lequel figure la partie de la Bresse au sud de la Seille, la future Bresse Savoyarde.
Il ne fait aucun doute que c’est cet éloignement du pouvoir central et ce vide politique qui ont ouvert un boulevard aux potentats locaux lesquels ont su utiliser la situation. C’est la première raison de l’émergence des Sires de Bâgé.
à l’époque Carolingienne, l’autorité est détenue par deux personnages essentiels: le comte pour le temporel et l’évêque pour le spirituel. Jusqu’à la fin du Xe siècle, le comte et l’évêque de Mâcon restent des personnages puissants dont le prestige  est bien réel sur les deux rives de la Saône...
Des seigneurs ont acquis de vastes possessions et sont devenus de très grands propriétaires fonciers. Ils y sont parvenus par les guerres féodales qui attribuent au vainqueur tout ou partie des biens du vaincu, mais encore par des alliances matrimoniales qui peuvent aussi être un facteur d’accroissement territorial, ou tout simplement par l’achat de biens, ce qui est aussi une pratique répandue.
Le comte de Mâcon se tourne donc vers ces grandes familles seigneuriales parmi lesquelles il se constitue une clientèle de fidèles. Les mieux pourvues en terres qui sont les plus riches peuvent édifier un site fortifié (le castrum = place forte) et entretenir des forces militaires, défensives pour garder, au nom du comte, ces sites fortifiés... ou pour l’aider à lancer des attaques.  De plus, en contrepartie de l’hommage, les châtelains, se voient remettre un fief ce qui leur permet d’agrandir un peu plus leur pré carré.
Dans la société féodale dans la Région Mâconnaise, Georges Duby a repéré 4 de ces lignages qui ont su se constituer de très vastes domaines, et parmi eux, une famille Evrard dans laquelle il voit la souche de la maison de Bâgé... Appartenant à cette famille, Il est parvenu à identifier un certain Rathier qui, vers 940, est le principal fidèle du comte de Mâcon. Son fils, Thibert, et son petit-fils, Oury (ou Olry), restent, eux aussi, très attachés au comte de Mâcon. Georges Duby a montré que, peu après l’an mil, les gardiens des forteresses se sont dégagés progressivement de leurs obligations envers le comte de Mâcon et ont cessé de reconnaître la supériorité de son pouvoir, en particulier en matière judiciaire.
Peu à peu, ils sont devenus complètement indépendants et se sont proclamés souverains sur leurs terres. Ce fut le cas de cette famille Evrard d’où est issue la maison de Bâgé. Le dernier atout, fondamental, qui contribue à expliquer la Réussite des Bâgé, c’est la géographie. La situation de leurs possessions à l’extrémité occidentale de l’ axe  marchand est-ouest qui aboutit au pont de Saint-Laurent, sur l’axe nord-sud de la vallée de la Saône, lui confère un intérêt économique de premier ordre.
« Il est facile de prélever des péages aux points de passage obligés, autant sur les itinéraires terrestres que ceux qu’on peut tirer de la circulation fluviale.
On passe vers l’outre-Saône depuis la châtellenie de Bâgé par Saint-Laurent, et par Port Celet, Sermoyer et Pont-Seille depuis celle de Pont-de-Vaux.
Ainsi, ces châtelains qui sont héréditaires et qui sont déjà de très grands propriétaires fonciers, profitent des ressources des péages, ce qui les place également au sommet de la hiérarchie Économique ».
C’est évidemment un immense avantage par rapport aux petits seigneurs indépendants isolés sur des territoires exclusivement ruraux et qui contribue à renforcer la hiérarchie des fiefs. La puissance de nos sires étant quelque peu éclairées, nous allons maintenant passer en revue leurs faits et actes, du moins pour ce que nous en savons.
Il faut écarter, comme nous l’avons dit, tout ce qui précède l’an mil, période pour laquelle nous n’avons guère de certitudes.
Guichenon fait remonter les origines de la maison de Bâgé en 830, jusqu’à un certain Hugues (ou Hugo) à partir duquel il fait descendre de père en fils une quinzaine de sires. Pour reprendre le terme de Duby, il est à peu près établi que le début de cette lignée qui ne repose sur rien de vérifiable, est « imaginaire ». Cela ne veut pas dire que certains des personnages nommés n’aient pas existé, mais leur filiation n’est en aucun cas prouvée. Des recherches Récentes ont montré, par exemple, que ce Hugo est vraisemblablement Hugues le Noir, fils puîné d’un duc de Bourgogne qui a reçu des terres en Bresse, mais qui n’a aucun lien de parenté avec la maison de Bâgé...
En réalité, c’est un texte du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, daté de 1020, qui permet d’amorcer avec certitude une continuité chronologique dans la lignée des Bâgé, et ce pour un peu moins de 3 siècles. Dans ce texte, un certain Rodolphe demande à l’Évêque de Mâcon l’abbaye de Saint-Laurent.
Cette abbaye, comme il a déjà été dit,  a été longtemps disputée entre les autorités des deux rives et sa possession une source fréquente de conflits. De même beaucoup de terres et de droits, de l'autre côté de la Saône dépendent toujours de l’Évêque de Mâcon.
On ignore le nom du père de ce Rodolphe. Tout ce que l’on a pu établir, c’est qu’il a des liens familiaux avec les Evrard, fidèles du comte de Mâcon identifiés par Georges Duby au Xe siècle, les Rathier, Thibert et Oury.
Le duc accueille favorablement la demande de Rodolphe et lui cède tous les biens qui dépendent de l’abbaye de Saint-Laurent, tout en lui confirmant la possession de Bâgé et de ses dépendances qu’il occupe déjà. L’acte le désigne comme « seigneur de Baugé et de Bresse » (il est le premier à porter ce titre) et l’acte précise encore « pour lui et ses descendants ». On peut donc bien y voir l’acte de fondation de la maison de Bâgé.
Pour situer dans l’histoire ce premier sire, il est à peu près contemporain de Robert II dit le Pieux, fils de Hugues Capet.
Comme dans toutes les grandes familles nobles, chez les Bâgé, la succession se fait par primogéniture  pour assurer la préservation du patrimoine. Les cadets font une carrière ecclésiastique... Si des fils puînés reçoivent une seigneurie prélevée sur le domaine, elle n’est pas pour autant démembrée de la « sirerie », du moins jusqu’au XIIIe siècle, alors que les filles ne peuvent recueillir la succession qu’en cas d’extinction du lignage, ce qui adviendra avec Sibylle...
Le règne de ce Rodolphe est court puisqu’il va de 1015 à 1023. Rodolphe est le père de Renaud (ou Raynald, on trouve aussi Raymond)  qui lui succède et qui porte dans les chartes, comme tous les descendants, le titre de « seigneur de Baugé et de Bresse » , et que par commodité nous appellerons Renaud I
son règne est le plus long de tous les sires de Bâgé puisqu’il se termine en 1072, et a donc duré une cinquantaine d’années. Mais nous ne savons pratiquement rien de lui si ce n’est qu’il aurait envoyé 2000 hommes au comte de Maurienne et de Savoie  pour l’épauler dans sa lutte contre les Sarrasins qui se sont installés en Provence. Guichenon qui  rapporte ce fait dit l’avoir emprunté à l’ « Histoire de Provence » de Michel Nostradamus, qui se piquait aussi d’être un historien. Guichenon émet cependant une réserve : « si ce qui est écrit est véritable ».
Il semble que « Renaud 1 » a rapporté de cette expédition victorieuse un riche butin et qu’il a fait le vœu de le consacrer à la construction d’une église. Il meurt avant de pouvoir réaliser sa promesse.
A l’inverse, le troisième sire, Ulrich I, fils du précédent, n'est souverain de Bâgé que 3 ans, de 1072 à 1075. Le mot souverain est employé à dessein. Les Sires de Bâgé ne reconnaissent plus la souveraineté de personne, ni du Roi de France, ni de l’Empereur d’Allemagne. Ils sont indépendants et souverains.
Ulrich concrétise le vœu de son père en faisant construire l’église de Saint-André de Bâgé. Il est ainsi le seul sire dont il reste sur place un souvenir tangible. C'est dans cette église, construite en vis-à-vis de leur château, que les sires de Baugé, du moins certains d’entre eux, se feront ensevelir.
Ulrich décédé, c'est son frère Josserand (ou Gauceran)  qui lui succéde de 1075 à 1110. Sous le règne de celui-ci, le domaine des Baugé s’agrandit considérablement et s’étend pratiquement sur toute la Bresse, de la Seille à la Veyle (et donc intègre Pont-de-Vaux) et vers l’est jusqu’aux confins du Revermont.
DÉPARTEMENT DE L'AIN
Avec Josserand, les sires de Bâgé sont devenus de grands seigneurs disposant de la puissance politique, militaire et Économique et ils vont essayer de s’élever sur le plan intellectuel et moral. Ils vont essayer de placer leurs fils puînés, puisque l’aîné doit leur succéder, dans les grandes charges de l’Église qui se présente alors comme l’unique pôle du savoir et de la culture.
On retrouve le second fils de Josserand, Hugues, chanoine à Mâcon et le troisième, Etienne, évêque d’Autun pendant 23 ans. Il fait construire la cathédrale Saint-Lazare.
Grand bâtisseur, on lui doit aussi la basilique Notre Dame de Beaune et il fait  commencer en 1120 la reconstruction de la basilique Saint Andoche de Saulieu. Il finira ses jours vers 1140, moine à Cluny, où il s’est retiré. Cet Étienne est l’auteur d’un important traité sur les cérémonies, ce qui est assez étonnant à une époque où personne n’écrit...

Le 5e sire, Ulrich II, fils du précédent (1110 -1125), avant de recueillir l’héritage de son père, est allé participer à la première croisade en 1096. 20 ans plus tard, il est repris par les mirages de l’Orient et repart en Terre Sainte en 1120. C’est à cette participation qu’on doit la présence du blason des sires de Bâgé dans les Salles des croisades du château de Versailles.
Il en revient une seconde fois sain et sauf et choisit de se retirer dans un ermitage de la forêt de Seillon (près de Bourg).
Son fils aîné étant décédé, il laisse l’administration de la Sirerie à son second fils, Renaud (ou Raynald). Quant à ses autres fils puînés il les pousse dans les hautes charges de l’Église où ils réussirent assez bien, puisque l’un d’eux, Étienne, devient évêque de Mâcon, (ce qui facilite pour un temps les rapports plus ou moins belliqueux avec les Mâconnais) et un autre, Humbert, est archevêque de Lyon et primat des Gaules, ce qui est considérable à l’époque et consacre l’autorité et le prestige de la maison de Bâgé.
Sur le fils aîné d’Ulrich II, Renaud II (1125 - 1153), sixième sire de Bâgé, il n’y a rien de bien particulier à dire, sinon qu’il eut des démêlés avec le comte de Mâcon et qu’il s’est allié contre celui-ci avec l’évêque de Mâcon, Étienne, qui est son frère.

CARTULAIRE DU MOYEN ÂGE
Il y a par contre beaucoup à dire sur son fils, Renaud III (1153 - 1180), le 7ème sire de Bâgé. Il eut à soutenir, sur ses terres, une invasion de troupes coalisées du comte de Mâcon et du sire de Beaujeu, Humbert. Les deux compères y portent ce qu’on appelle à l’Époque la (dévastation) et capturent même le fils de Renaud, Ulrich, qui a tenté de les arrêter... On ne connaît pas les raisons exactes de cette invasion en règle, mais il est probable que les sires de Bâgé, agrandissant toujours leurs possessions, commencent à inquiéter leur voisin du Sud-Ouest (les Beaujeu). Le projet des coalisés sont rien de moins que s’emparer de la sirerie de Baugé et des biens de l’évêque de Mâcon qui (oncle du malheureux Renaud). Toujours est-il que le Sire de Beaujeu et ses alliés passent la Saône, défont un petit corps d’armée que le Sire de Baugé a envoyé pour s’opposer à leur passage. Un autre corps de troupe envoyé pour s’opposer au comte de Mâcon est également défait et Renaud III se voit sur le point d’être assiégé dans son château de Bâgé. Désespéré, il appelle à son secours le roi de France, Louis VII, lequel est son lointain cousin, probablement par sa grand-mère qui était une Maurienne. Sa lettre est restée célèbre car c'est un des rares textes que nous ayons conservé de cette époque des sires de Bâgé. Voici ce qu’elle dit:
« J’ai cru devoir exposer mes peines et ma triste position à votre Majesté à laquelle m’attachent des liens de sang et une ancienne amitié. J’implore le secours de votre bienveillance par de pressantes prières. Gérard, comte de Mâconnais, à qui j’ai rendu de grands services, que j’ai comblé de bienfaits et dont j’ai choisi la fille pour être l’épouse de mon fils, oubliant notre alliance, mes bienfaits et les lois du serment qui le liait avec moi, s’est réuni à Étienne
son frère et à Humbert de Beaujeu. Ils sont entrés avec une grande armée sur ma terre, ils l’ont ravagée avec le fer et le feu. Ils ont emmené un grand nombre de prisonniers au nombre desquels est mon fils Ulrich, ce qui met le comble à mes maux. Enfin, ils me menacent de me dépouiller entièrement et ils s’en vantent entre eux. J’ai donc recours à vous, comme mon seigneur et mon ami. Je vous prie humblement de venir me délivrer, de me faire rendre mon fils et de contraindre ledit Humbert de Beaujeu à me rendre justice.
CHAPELLE DE CHEVROUX
Je suis prêt à vous satisfaire entièrement, selon votre bon plaisir, pour toutes les dépenses que vous avez faites et je vous conjure de venir me secourir, soit à Autun, soit à Vinzelles, soit en quelque lieu où il vous plaira de vous rendre et je vous satisferai pleinement, même par l’entremise de vos envoyés, s’il ne vous convient pas de venir. Enfin, s’il est nécessaire que j’aille vous trouver, faites établir une trêve entre nous ».
Il s’agit de l’appel poignant d’un homme aux abois. Il ne faut pas toutefois se méprendre sur l’importance de ces guerres locales d’alors où les armées ne doivent réunir que quelques dizaines de cavaliers et les combats ne semblent pas être bien sanguinaires. Pour autant, la situation est grave à Bâgé. Le roi écrit aux adversaires du sire de Bâgé de le laisser tranquille, mais cela n’a aucun effet. Il est très loin et les deux compères ne répondent pas à sa lettre. Alors, la situation empirant, Renaud écrit une seconde lettre. Cette fois-ci, le roi se déplace lui-même et il impose un traité de paix entre les partis. On  trouve le texte de ces deux lettres dans l’histoire de Samuel Guichenon.
Ce qu’il y a de curieux dans cette affaire, c’est que le fils prisonnier, comme nous l’avons entrevu dans la lettre, épouse par la suite la fille de son ravisseur, Gérard, comte de Mâcon. De même, le petit-fils et l’arrière petite-fille de Renaud épouseront plus tard les petits-enfants de leur ennemi, le sire de Beaujeu.
Revenons à Renaud III. Il meurt en 1180 il est enterré dans la chapelle du château de l’Aumusse. C'est alors une importante commanderie templière.
elle ne s’y trouve plus, voilà en quelles circonstances.
En 1791, le domaine et le château de l’Aumusse avec sa chapelle sont mis en vente comme « Biens Nationaux » et acquis par le comte de Frémonville qui n’occupe les lieux qu’en 1818. Celui-ci entreprend de retrouver sous les dalles de la chapelle les restes de Renaud III. C’est son fils qui raconte:
« L’autel ayant été démoli, on enlève le dallage qui recouvre le chœur. En soulevant une dalle située en face de l’autel, mais en bordure de l’avant-chœur, c’est-à -dire à environ deux mètres de la place normale de l’autel, on met à jour un squelette fort bien conservé. Les pieds sont dirigés du côté de l’autel. Rien n'est trouvé à ses côtés, ni armes ni bijoux. Ce qui démontre qu’on est en présence du corps de Raynald III, c’est la situation occupée par le squelette. La qualité du défunt, qui était suzerain de toute la Région, pouvait seule justifier le fait d’avoir placé son corps au milieu de la chapelle, face à l’autel. Les pieds étant dirigés vers l’autel, il ne s’agit pas d’un prêtre. Le corps de Raynald III est soigneusement enlevé, et inhumé au cimetière de Crottet, où nous lui avons fait une place dans notre concession familiale »

Il y a encore autre chose à dire d’anecdotique et de totalement méconnu à propos de ce Renaud III ou plutôt à propos de son troisième fils, également prénommé Renaud. Ce fils est l’auteur d’un des romans courtois les plus fameux du Moyen Age : « Guinglain ou le Bel Inconnu ». Toutes les histoires de la littérature française  mentionnent cette œuvre médiévale mais, jusqu’à un passé très récent, l’attribuent en raison d’une graphie fautive  à un certain Renaud de Beaujeu.
C’était sans compter sur la perspicacité d’un directeur de recherches au C.N.R.S., Alain Guerreau, , dont les travaux ont permis d’identifier définitivement l’auteur et de rendre à la maison de Bâgé ce qui lui appartient. Il a pu montrer que le texte fait référence à un blason qu’une seule famille de France portait antérieurement au XIIIe siècle, celle des seigneurs de Bâgé et que, d’autre part, il n’y a jamais eu aucun Renaud dans la famille des Beaujeu.
Cette œuvre même traduite en Français moderne, n'est plus très captivante...
En 6300 vers, elle raconte les aventures du chevaler Guinglain, le bel inconnu, qui pour conquérir sa Dame, doit affronter moultes épreuves, vaincre dans de nombreux duels et tournois et se jouer de bien des périls. Finalement Guinglain et sa Dame s’aimèrent et celle-ci, « perdit le nom de pucelle »...
Une dernière précision à propos de ce Renaud écrivain: il porte le titre de seigneur de Saint-Trivier et Cuisery, mais jusqu’à lui, comme on l’a dit, cette seigneurie qui est apanage des puînés, n’est pas démembrée de la sirerie. Le seigneur se contente d’en percevoir les revenus.
Il est grand temps d’en arriver au successeur de Renaud III. Ulrich III, le prisonnier et qui est, de 1180 à 1220, le 8ème sire de Bâgé, qui partant en 1217 pour la 5e croisade, il eut moins de chance que son aïeul, et il n’en revint pas.
Renaud IV lui succède (1220 à 1250), le 9ème sire de Bâgé régnant sous le nom de Renaud IV.
Les seigneuries de Cuisery et Sagy, échoient par la suite au duc de Bourgogne et constitueront la Bresse Chalonnaise.

Néanmoins, le domaine de la maison de Bâgé est alors à son apogée et s’étend sur une centaine de communes de l’actuel département de l’Ain, soit à peu près le quart du département car, en 1229, Renaud IV a épousé Sibylle de Beaujeu, sœur d’Humbert V, et lui a apporté en dot Châtillon-les-Dombes.
Renaud  IV est connu pour être un bienfaiteur de la Chartreuse de Montmerle qu’il comble de ses libéralités et dont il fait bâtir les cellules.
Mais, suivant l’exemple de son demi-frère, il prend, lui aussi, la malheureuse idée d’aller participer à la 7ème croisade où les croisés sont taillés en pièces en Égypte à la bataille de la Mansourah... Pour la petite histoire, sa veuve, Sibylle de Beaujeu, se remarie avec Pierre Gros, seigneur de Brançion...

Les sires de Bâgé - Conférences

conference.ptvaux.over-blog.com/article-les-sires-de-bage-49168721.html
Texte extrait de la conférence sur l'histoire des sires de Bâgé ..... Ulrich décédé, ce fut son frère Josserand (ou Gauceran) qui lui succéda de 1075 à 1110.

Les Sires de Bâgé, seigneurs de Pont de Vaux par Michel ...

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15 juil. 2012 - Voici le dernier article de la saison. Nous allons prendre quelques vacances mais nous reviendrons avec de nouveaux articles début ...

Ville et seigneurie: Les chartes de franchises des comtes ...

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Bâgé 1251 Pont-de-Vaux 1251 Châlillon 1273 Bourg-en-Bresse 1251 Pont-de- ... St-Germain-d'Ambérieu 1328 et Ceyzériat 1329, à celles des sires de La Tour ...






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