Cette page concerne l'année 1110 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !
LORSQUE
LES PROVINCES SE DESSINENT
Texte
extrait de la conférence sur l'histoire des sires de Bâgé
par
Michel Balandras,
professeur
d'histoire honoraire, historien, membre de l'association
« Les
Amis du site, Bâgé culture et loisirs », affiliée à
Patrimoine des Pays de l'Ain.
Les
sires de Bâgé, seigneurs de Pont-de-Vaux
Ces
sires de Bâgé, ou plutôt de Baugé, pour respecter l’appellation
ancienne, sont bien connus ? La mémoire collective a généralement
plus ou moins conservé le souvenir de Sibylle de Bâgé et a
retenu que c’est par son mariage que la Bresse a été rattachée à
la Savoie, mais que sait-on vraiment d’autre à leur
sujet?...
L'auteur
propose de s'attarder un instant sur leur blason qui se décrit :
« D’azur au lion d’hermine », c’est-à-dire un lion
figuré avec une fourrure à mouchetures de sable (noir) semées
sur champ d’argent, le tout sur un fond bleu... Il convient
cependant de noter que l’armorial d’Hozier, (XVIIe siècle) place
le lion sur un fond de gueules (c’est-à-dire le même lion sur un
fond rouge) ou que l’armorial de du Mesnil (XIXe siècle) le
couronne d’or. Le lion d’hermine sur un fond de gueules est
normalement le blason du Bugey. Ces détails qui peuvent paraître
secondaires nous font toucher à une première difficulté dans
la connaissance de nos sires: à savoir les confusions possibles et
qu’on rencontre parfois dans les documents anciens, entre Baugé,
Beaujeu et parfois Bugey, 3 mots bien proches phonétiquement
et dont les graphies ont évolué en différentes formes qui
expliquent ces confusions: Baugé, Baugie, Baujiu, Baugia, Biauju...
pour n’en citer que quelques-unes...
Une
autre difficulté pour cerner la Réalité de ce temps tient au peu
de documents écrits dont on peut disposer. Ces documents, ce sont
essentiellement les cartulaires (recueils d’ actes attestant des
titres et des privilèges) des cathédrales ou des grandes abbayes:
Saint-Vincent
de Mâcon, Saint-Bénigne de Dijon, Cluny ou Tournus. Ils sont
souvent parvenus jusqu’à nous par des transcriptions successives
qui ont pu être sources d’erreurs ou d’omissions...
De
plus, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver quand un même
individu peut être nommé - c’est un exemple - Oury, Olry, Ulric,
Ulrich, Oldoric, Ulduric.
De
plus, beaucoup de personnages portent des prénoms identiques
de génération en génération, leurs liens familiaux ne sont pas
toujours faciles à établir. Plusieurs historiens ont essayé
d’extraire de ces cartulaires l’histoire de la maison de Baugé...
Un
jurisconsulte Mâconnais, Jean Fustaillier, nous a laissé un
manuscrit, Écrit entre 1500 et 1520, alors que pour fuir la peste
déclarée à Mâcon, il s’était réfugié à Rome.
L’Évêque
de Mâcon a mis à sa disposition certains titres de l’Église
Saint-Vincent d’où Fustaillier a cru pouvoir tirer la chronologie
des comtes de Bâgé... Mais sans doute parce qu’il est loin de
Mâcon et qu’il ne peut avoir entre les mains toutes les chartes de
Saint-Vincent de Mâcon, il a commis un certain nombre d’erreurs
d’interprétation.
On
peut citer également les Écrits d’un ecclésiastique, Guillaume
Paradin, né à Cuiseaux vers 1510.
CHÂTEAU DES BÂGE |
Pour
l’académicien et médiéviste Georges Duby, cette
chronologie est (imaginaire) (c’est le terme qu’il emploie) du
moins pour tout ce qui est antérieur à l’an mil. Parmi les
historiens actuels, il convient de citer aussi les travaux d’un
universitaire parisien, Guy Bois, qui comme Duby s’est beaucoup
intéressé à Cluny et à la région Mâconnaise.
Quoi
qu’il en soit, avant d’évoquer la lignée des Sires de Baugé et
leur œuvre, il paraît essentiel de s’interroger sur les raisons
de leur émergence, de leur réussite, et de leur toute puissance à
la tête de la Bresse pendant près de 3 siècles...
Les
premières raisons sont politiques et pour bien les saisir, il
convient de se remettre en tête la situation de la Région à
l’époque Carolingienne.
En
843, le traité de Verdun a partagé en 3 le vieil empire de
Charlemagne. Ses 3 petits-fils, incapables de s’entendre, le
détruisant ainsi pour toujours...
La
Saône devient alors une limite entre la Francie de l’ouest dévolue
à Charles et la partie centrale, territoire de Lothaire,
qui a gardé le titre d’Empereur, (Lotharingie).
La
Bresse s’inscrit dans cette Lotharingie. la notion de frontière
suppose une rigidité juridique qu’elle est loin d’avoir à
l’époque Carolingienne. Avant d’être une séparation, la
frontière, c’est d’abord une région de contacts avec
d’innombrables interpénétrations et interférences. C’est
particulièrement vrai pour les châtellenies de Bâgé ou de
Pont-de-Vaux. Il y a une unité de civilisation des pays de la Saône
et la frontière ne détruit en rien les affinités qui existent
entre les deux rives. La circulation est incessante d’une rive à
l’autre et les liens de famille et d’amitié qui se sont noués
depuis longtemps par-dessus cette limite ne sont pas remis en cause
par le traité de Verdun.
Le
comte et l’évêque de Mâcon, qui sont les puissants de l’époque,
sont largement positionnés sur les 2 rives, en particulier à
Replonges, et on verra que les Bâgé ne se préoccupent guère non
plus de cette limite lorsqu’ils organisent leur seigneurie
foncière.
TRAITE DE VERDUN |
Au
nord est créé le royaume de la Bourgogne dite transjurane (la
Bresse qu’on appelle aujourd’hui Bourguignonne en fait partie)
alors que la partie sud donne naissance à un royaume de
Provence, encore appelé royaume, d’Arles dans lequel figure la
partie de la Bresse au sud de la Seille, la future Bresse Savoyarde.
Il
ne fait aucun doute que c’est cet éloignement du pouvoir central
et ce vide politique qui ont ouvert un boulevard aux potentats locaux
lesquels ont su utiliser la situation. C’est la première raison de
l’émergence des Sires de Bâgé.
à
l’époque Carolingienne, l’autorité est détenue par deux
personnages essentiels: le comte pour le temporel et l’évêque
pour le spirituel. Jusqu’à la fin du Xe siècle, le comte et
l’évêque de Mâcon restent des personnages puissants dont le
prestige est bien réel sur les deux rives de la Saône...
Des
seigneurs ont acquis de vastes possessions et sont devenus de très
grands propriétaires fonciers. Ils y sont parvenus par les guerres
féodales qui attribuent au vainqueur tout ou partie des biens du
vaincu, mais encore par des alliances matrimoniales qui peuvent aussi
être un facteur d’accroissement territorial, ou tout simplement
par l’achat de biens, ce qui est aussi une pratique répandue.
Le
comte de Mâcon se tourne donc vers ces grandes familles
seigneuriales parmi lesquelles il se constitue une clientèle de
fidèles. Les mieux pourvues en terres qui sont les plus riches
peuvent édifier un site fortifié (le castrum = place forte) et
entretenir des forces militaires, défensives pour garder, au nom du
comte, ces sites fortifiés... ou pour l’aider à lancer des
attaques. De plus, en contrepartie de l’hommage, les
châtelains, se voient remettre un fief ce qui leur permet d’agrandir
un peu plus leur pré carré.
Dans
la société féodale dans la Région Mâconnaise, Georges Duby a
repéré 4 de ces lignages qui ont su se constituer de très vastes
domaines, et parmi eux, une famille Evrard dans laquelle il voit la
souche de la maison de Bâgé... Appartenant à cette famille, Il est
parvenu à identifier un certain Rathier qui, vers 940, est le
principal fidèle du comte de Mâcon. Son fils, Thibert, et son
petit-fils, Oury (ou Olry), restent, eux aussi, très attachés au
comte de Mâcon. Georges Duby a montré que, peu après l’an mil,
les gardiens des forteresses se sont dégagés progressivement de
leurs obligations envers le comte de Mâcon et ont cessé de
reconnaître la supériorité de son pouvoir, en particulier en
matière judiciaire.
Peu à peu, ils sont devenus complètement indépendants et se sont proclamés souverains sur leurs terres. Ce fut le cas de cette famille Evrard d’où est issue la maison de Bâgé. Le dernier atout, fondamental, qui contribue à expliquer la Réussite des Bâgé, c’est la géographie. La situation de leurs possessions à l’extrémité occidentale de l’ axe marchand est-ouest qui aboutit au pont de Saint-Laurent, sur l’axe nord-sud de la vallée de la Saône, lui confère un intérêt économique de premier ordre.
« Il
est facile de prélever des péages aux points de passage obligés,
autant sur les itinéraires terrestres que ceux qu’on peut tirer de
la circulation fluviale.
On
passe vers l’outre-Saône depuis la châtellenie de Bâgé par
Saint-Laurent, et par Port Celet, Sermoyer et Pont-Seille depuis
celle de Pont-de-Vaux.
Ainsi,
ces châtelains qui sont héréditaires et qui sont déjà de très
grands propriétaires fonciers, profitent des ressources des péages,
ce qui les place également au sommet de la hiérarchie Économique ».
C’est
évidemment un immense avantage par rapport aux petits seigneurs
indépendants isolés sur des territoires exclusivement ruraux et qui
contribue à renforcer la hiérarchie des fiefs. La
puissance de nos sires étant quelque peu éclairées, nous allons
maintenant passer en revue leurs faits et actes, du moins pour ce que
nous en savons.
Il
faut écarter, comme nous l’avons dit, tout ce qui précède l’an
mil, période pour laquelle nous n’avons guère de certitudes.
Guichenon
fait remonter les origines de la maison de Bâgé en 830, jusqu’à
un certain Hugues (ou Hugo) à partir duquel il fait descendre de
père en fils une quinzaine de sires. Pour reprendre le terme de
Duby, il est à peu près établi que le début de cette lignée qui
ne repose sur rien de vérifiable, est « imaginaire ».
Cela ne veut pas dire que certains des personnages nommés n’aient
pas existé, mais leur filiation n’est en aucun cas prouvée. Des
recherches Récentes ont montré, par exemple, que ce Hugo est
vraisemblablement Hugues le Noir, fils puîné d’un duc de
Bourgogne qui a reçu des terres en Bresse, mais qui n’a aucun lien
de parenté avec la maison de Bâgé...
En
réalité, c’est un texte du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon,
daté de 1020, qui permet d’amorcer avec certitude une continuité
chronologique dans la lignée des Bâgé, et ce pour un peu moins de
3 siècles. Dans ce texte, un certain Rodolphe demande à l’Évêque
de Mâcon l’abbaye de Saint-Laurent.
Cette
abbaye, comme il a déjà été dit, a été longtemps disputée
entre les autorités des deux rives et sa possession une source
fréquente de conflits. De même beaucoup de terres et de droits, de
l'autre côté de la Saône dépendent toujours de l’Évêque de
Mâcon.
On
ignore le nom du père de ce Rodolphe. Tout ce que l’on a pu
établir, c’est qu’il a des liens familiaux avec les Evrard,
fidèles du comte de Mâcon identifiés par Georges Duby au Xe
siècle, les Rathier, Thibert et Oury.
Le
duc accueille favorablement la demande de Rodolphe et lui cède tous
les biens qui dépendent de l’abbaye de Saint-Laurent, tout en lui
confirmant la possession de Bâgé et de ses dépendances qu’il
occupe déjà. L’acte le désigne comme « seigneur de Baugé
et de Bresse » (il est le premier à porter ce titre) et l’acte
précise encore « pour lui et ses descendants ». On peut
donc bien y voir l’acte de fondation de la maison de Bâgé.
Pour
situer dans l’histoire ce premier sire, il est à peu près
contemporain de Robert II dit le Pieux, fils de Hugues Capet.
Comme
dans toutes les grandes familles nobles, chez les Bâgé, la
succession se fait par primogéniture pour assurer la
préservation du patrimoine. Les cadets font une carrière
ecclésiastique... Si des fils puînés reçoivent une seigneurie
prélevée sur le domaine, elle n’est pas pour autant démembrée
de la « sirerie », du moins jusqu’au XIIIe siècle,
alors que les filles ne peuvent recueillir la succession qu’en cas
d’extinction du lignage, ce qui adviendra avec Sibylle...
Le
règne de ce Rodolphe est court puisqu’il va de 1015 à 1023.
Rodolphe est le père de Renaud (ou Raynald, on trouve aussi
Raymond) qui lui succède et qui porte dans les chartes, comme
tous les descendants, le titre de « seigneur de Baugé et de
Bresse » , et que par commodité nous appellerons Renaud I
son
règne est le plus long de tous les sires de Bâgé puisqu’il se
termine en 1072, et a donc duré une cinquantaine d’années. Mais
nous ne savons pratiquement rien de lui si ce n’est qu’il aurait
envoyé 2000 hommes au comte de Maurienne et de Savoie pour
l’épauler dans sa lutte contre les Sarrasins qui se sont installés
en Provence. Guichenon qui rapporte ce fait dit l’avoir
emprunté à l’ « Histoire de Provence » de Michel
Nostradamus, qui se piquait aussi d’être un historien. Guichenon
émet cependant une réserve : « si ce qui est écrit est
véritable ».
Il semble que « Renaud 1 » a rapporté de cette expédition victorieuse un riche butin et qu’il a fait le vœu de le consacrer à la construction d’une église. Il meurt avant de pouvoir réaliser sa promesse.
A
l’inverse, le troisième sire, Ulrich I, fils du précédent, n'est
souverain de Bâgé que 3 ans, de 1072 à 1075. Le mot souverain est
employé à dessein. Les Sires de Bâgé ne reconnaissent plus la
souveraineté de personne, ni du Roi de France, ni de l’Empereur
d’Allemagne. Ils sont indépendants et souverains.
Ulrich
concrétise le vœu de son père en faisant construire l’église de
Saint-André de Bâgé. Il est ainsi le seul sire dont il reste sur
place un souvenir tangible. C'est
dans cette église, construite en vis-à-vis de leur château, que
les sires de Baugé, du moins certains d’entre eux, se feront
ensevelir.
Ulrich
décédé, c'est son frère Josserand (ou Gauceran) qui lui
succéde de 1075 à 1110. Sous le règne de celui-ci, le domaine des
Baugé s’agrandit considérablement et s’étend pratiquement sur
toute la Bresse, de la Seille à la Veyle (et donc intègre
Pont-de-Vaux) et vers l’est jusqu’aux confins du Revermont.
DÉPARTEMENT DE L'AIN |
On
retrouve le second fils de Josserand, Hugues, chanoine à Mâcon et
le troisième, Etienne, évêque d’Autun pendant 23 ans. Il fait
construire la cathédrale Saint-Lazare.
Grand
bâtisseur, on lui doit aussi la basilique Notre Dame de Beaune et il
fait commencer en 1120 la reconstruction de la basilique Saint
Andoche de Saulieu. Il finira ses jours vers 1140, moine à Cluny, où
il s’est retiré. Cet Étienne est l’auteur d’un important
traité sur les cérémonies, ce qui est assez étonnant à une
époque où personne n’écrit...
Le
5e sire, Ulrich II, fils du précédent (1110 -1125), avant de
recueillir l’héritage de son père, est allé participer à la
première croisade en 1096. 20 ans plus tard, il est repris par les
mirages de l’Orient et repart en Terre Sainte en 1120. C’est à
cette participation qu’on doit la présence du blason des sires de
Bâgé dans les Salles des croisades du château de Versailles.
Il
en revient une seconde fois sain et sauf et choisit de se retirer
dans un ermitage de la forêt de Seillon (près de Bourg).
Son
fils aîné étant décédé, il laisse l’administration de la
Sirerie à son second fils, Renaud (ou Raynald). Quant à ses autres
fils puînés il les pousse dans les hautes charges de l’Église où
ils réussirent assez bien, puisque l’un d’eux, Étienne, devient
évêque de Mâcon, (ce qui facilite pour un temps les rapports plus
ou moins belliqueux avec les Mâconnais) et un autre, Humbert, est
archevêque de Lyon et primat des Gaules, ce qui est considérable à
l’époque et consacre l’autorité et le prestige de la maison de
Bâgé.
Sur
le fils aîné d’Ulrich II, Renaud II (1125 - 1153), sixième sire
de Bâgé, il n’y a rien de bien particulier à dire, sinon qu’il
eut des démêlés avec le comte de Mâcon et qu’il s’est allié
contre celui-ci avec l’évêque de Mâcon, Étienne, qui est son
frère.
CARTULAIRE DU MOYEN ÂGE |
« J’ai
cru devoir exposer mes peines et ma triste position à votre Majesté
à laquelle m’attachent des liens de sang et une ancienne amitié.
J’implore le secours de votre bienveillance par de pressantes
prières. Gérard, comte de Mâconnais, à qui j’ai rendu de grands
services, que j’ai comblé de bienfaits et dont j’ai choisi la
fille pour être l’épouse de mon fils, oubliant notre alliance,
mes bienfaits et les lois du serment qui le liait avec moi, s’est
réuni à Étienne
son
frère et à Humbert de Beaujeu. Ils sont entrés avec une grande
armée sur ma terre, ils l’ont ravagée avec le fer et le feu. Ils
ont emmené un grand nombre de prisonniers au nombre desquels est mon
fils Ulrich, ce qui met le comble à mes maux. Enfin, ils me menacent
de me dépouiller entièrement et ils s’en vantent entre eux. J’ai
donc recours à vous, comme mon seigneur et mon ami. Je vous prie
humblement de venir me délivrer, de me faire rendre mon fils et de
contraindre ledit Humbert de Beaujeu à me rendre justice.
Je
suis prêt à vous satisfaire entièrement, selon votre bon plaisir,
pour toutes les dépenses que vous avez faites et je vous conjure de
venir me secourir, soit à Autun, soit à Vinzelles, soit en quelque
lieu où il vous plaira de vous rendre et je vous satisferai
pleinement, même par l’entremise de vos envoyés, s’il ne vous
convient pas de venir. Enfin, s’il est nécessaire que j’aille
vous trouver, faites établir une trêve entre nous ».
Il
s’agit de l’appel poignant d’un homme aux abois. Il ne faut pas
toutefois se méprendre sur l’importance de ces guerres locales
d’alors où les armées ne doivent réunir que quelques dizaines de
cavaliers et les combats ne semblent pas être bien sanguinaires.
Pour autant, la situation est grave à Bâgé. Le roi écrit aux
adversaires du sire de Bâgé de le laisser tranquille, mais cela n’a
aucun effet. Il est très loin et les deux compères ne répondent
pas à sa lettre. Alors, la situation empirant, Renaud écrit une
seconde lettre. Cette fois-ci, le roi se déplace lui-même et il
impose un traité de paix entre les partis. On trouve le texte
de ces deux lettres dans l’histoire de Samuel Guichenon.
Ce
qu’il y a de curieux dans cette affaire, c’est que le fils
prisonnier, comme nous l’avons entrevu dans la lettre, épouse par
la suite la fille de son ravisseur, Gérard, comte de Mâcon. De
même, le petit-fils et l’arrière petite-fille de Renaud
épouseront plus tard les petits-enfants de leur ennemi, le sire de
Beaujeu.
Revenons
à Renaud III. Il meurt en 1180 il est enterré dans la chapelle du
château de l’Aumusse. C'est alors une importante commanderie
templière.
elle
ne s’y trouve plus, voilà en quelles circonstances.
En
1791, le domaine et le château de l’Aumusse avec sa chapelle sont
mis en vente comme « Biens Nationaux » et acquis par le
comte de Frémonville qui n’occupe les lieux qu’en 1818. Celui-ci
entreprend de retrouver sous les dalles de la chapelle les restes de
Renaud III. C’est son fils qui raconte:
« L’autel
ayant été démoli, on enlève le dallage qui recouvre le chœur. En
soulevant une dalle située en face de l’autel, mais en bordure de
l’avant-chœur, c’est-à -dire à environ deux mètres de la
place normale de l’autel, on met à jour un squelette fort bien
conservé. Les pieds sont dirigés du côté de l’autel. Rien n'est
trouvé à ses côtés, ni armes ni bijoux. Ce qui démontre qu’on
est en présence du corps de Raynald III, c’est la situation
occupée par le squelette. La qualité du défunt, qui était
suzerain de toute la Région, pouvait seule justifier le fait d’avoir
placé son corps au milieu de la chapelle, face à l’autel. Les
pieds étant dirigés vers l’autel, il ne s’agit pas d’un
prêtre. Le corps de Raynald III est soigneusement enlevé, et inhumé
au cimetière de Crottet, où nous lui avons fait une place dans
notre concession familiale »
Il y a encore autre chose à dire d’anecdotique et de totalement méconnu à propos de ce Renaud III ou plutôt à propos de son troisième fils, également prénommé Renaud. Ce fils est l’auteur d’un des romans courtois les plus fameux du Moyen Age : « Guinglain ou le Bel Inconnu ». Toutes les histoires de la littérature française mentionnent cette œuvre médiévale mais, jusqu’à un passé très récent, l’attribuent en raison d’une graphie fautive à un certain Renaud de Beaujeu.
C’était
sans compter sur la perspicacité d’un directeur de recherches au
C.N.R.S., Alain Guerreau, , dont les travaux ont permis d’identifier
définitivement l’auteur et de rendre à la maison de Bâgé ce qui
lui appartient. Il a pu montrer que le texte fait référence à un
blason qu’une seule famille de France portait antérieurement au
XIIIe siècle, celle des seigneurs de Bâgé et que, d’autre part,
il n’y a jamais eu aucun Renaud dans la famille des Beaujeu.
Cette
œuvre même traduite en Français moderne, n'est plus très
captivante...
En
6300 vers, elle raconte les aventures du chevaler Guinglain, le bel
inconnu, qui pour conquérir sa Dame, doit affronter moultes
épreuves, vaincre dans de nombreux duels et tournois et se jouer de
bien des périls. Finalement Guinglain et sa Dame s’aimèrent et
celle-ci, « perdit le nom de pucelle »...
Une
dernière précision à propos de ce Renaud écrivain: il porte le
titre de seigneur de Saint-Trivier et Cuisery, mais jusqu’à lui,
comme on l’a dit, cette seigneurie qui est apanage des puînés,
n’est pas démembrée de la sirerie. Le seigneur se contente d’en
percevoir les revenus.
Il
est grand temps d’en arriver au successeur de Renaud III. Ulrich
III, le prisonnier et qui est, de 1180 à 1220, le 8ème sire de
Bâgé, qui partant en 1217 pour la 5e croisade, il eut moins de
chance que son aïeul, et il n’en revint pas.
Renaud
IV lui succède (1220 à 1250), le 9ème sire de Bâgé régnant sous
le nom de Renaud IV.
Les
seigneuries de Cuisery et Sagy, échoient par la suite au duc de
Bourgogne et constitueront la Bresse Chalonnaise.
Néanmoins,
le domaine de la maison de Bâgé est alors à son apogée et s’étend
sur une centaine de communes de l’actuel département de l’Ain,
soit à peu près le quart du département car, en 1229, Renaud IV a
épousé Sibylle de Beaujeu, sœur d’Humbert V, et lui a apporté
en dot Châtillon-les-Dombes.
Renaud
IV est connu pour être un bienfaiteur de la Chartreuse de
Montmerle qu’il comble de ses libéralités et dont il fait bâtir
les cellules.
Mais,
suivant l’exemple de son demi-frère, il prend, lui aussi, la
malheureuse idée d’aller participer à la 7ème croisade où les
croisés sont taillés en pièces en Égypte à la bataille de la
Mansourah... Pour la petite histoire, sa veuve, Sibylle de Beaujeu,
se remarie avec Pierre Gros, seigneur de Brançion...
Les sires de Bâgé - Conférences
conference.ptvaux.over-blog.com/article-les-sires-de-bage-49168721.html
Texte
extrait de la conférence sur l'histoire des sires
de Bâgé
..... Ulrich décédé, ce fut son frère Josserand (ou Gauceran) qui
lui succéda de 1075 à 1110.
Les Sires de Bâgé, seigneurs de Pont de Vaux par Michel ...
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locale
15
juil. 2012 - Voici le dernier article de la saison. Nous allons
prendre quelques vacances mais nous reviendrons avec de nouveaux
articles début ...
Ville et seigneurie: Les chartes de franchises des comtes ...
books.google.fr/books?isbn=2600045031
Ruth
Mariotte-Löber - 1973
Bâgé
1251 Pont-de-Vaux
1251 Châlillon 1273 Bourg-en-Bresse 1251 Pont-de-
... St-Germain-d'Ambérieu 1328 et Ceyzériat 1329, à celles des
sires
de La Tour ...
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