Cette
page concerne l'année 1102 du
calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année
considérée il ne peut s'agir que d'un survol !
ÉTIENNE DE BLOIS MEURT EN HÉROS APRÈS UNE PREMIÈRE DÉROBADE.
Étienne
Ier Henri de Blois, le fils
aîné de Thibaud Ier et de Gersende du Mans, Étienne-Henri naît
vers 1047... Il est aussi connu sous le nom de Étienne, comte de
Chartres , Blois,Troyes, Meaux, Champagne, Brie, et Sancerre.
Cité
pour la première fois en 1061, il exerce d'abord son activité en
Anjou pendant que son père assure son pouvoir en Champagne.
En
1077, Étienne-Henri apparaît avec le titre de comte de Champagne
dans un acte de Philippe Ier contre lequel il se rebelle en 1088...
Emprisonné par le Capétien, Étienne sert ensuite fidèlement le
roi, notamment lors de la révolte du comte de Corbeil, Bouchard II.
En
1080 ou 1084 à Chartres, il épouse Adèle d'Angleterre, fille de
Guillaume le Conquérant.Dès 1085, Thibaud Ier a abandonné à Étienne-Henri le gouvernement du comté de Blois.
En 1089 à la mort de leur père, les enfants nés des deux lits se partagent le patrimoine familial :
En sa qualité d'aîné, Étienne conserve les comtés de Chartres, Sancerre et Blois auxquels il ajoute ceux de Meaux, Provins et Saint-Florentin, tandis que Eudes IV (1088-1093) puis Hugues (1093-1125) héritent du comté de Troyes. Le dernier frère, Philippe, est élu évêque de Châlons en 1093 et sacré deux ans plus tard...
Le règne d’Étienne-Henri est essentiellement marqué par la Croisade. Parmi les premiers seigneurs à répondre à l'appel d'Urbain II au Concile de Clermont (1095), il quitte Coulommiers l'année suivante en compagnie de son beau-frère, le duc de Normandie Robert Courteheuse, et de son cousin le comte de Flandre Robert II.
En 1096, il est en charge des fonds de la première croisade et dirige avec Robert Courteheuse le contingent Français. Découragé par les rigueurs et les difficultés du siège d'Antioche. L'armée rejoint alors Rome mais doit patienter jusqu'en mars pour embarquer.
En 1097, au mois de mai Étienne-Henri et Robert Courteheuse atteignent Constantinople, rejoignent Nicée en juin et arrivent devant Antioche en octobre.
En 1098 il déserte la ville assiégée, et, décide de rentrer, 2 jours avant la chute de la ville, afin d'éviter une mort inéluctable. Malheureusement pour sa réputation, son retour en Occident est considéré comme un acte de lâcheté... surtout que des croisés survivent et réussissent à reprendre Jérusalem.
COMTE DE BLOIS |
En 1100, Écoutant les conseils de sa femme, il reprend la route de la Terre Sainte à la tête d'un petit contingent composé des évêques de Laon et de Soissons, des comtes de Bourgogne, de Toulouse et de Mâcon et de quelques seigneurs Champenois
En 1101, il rejoint la seconde vague de participants à la première croisade qui part au printemps, il participe à la prise de Tortose en février 1102, rejoint le roi Baudouin Ier à Beyrouth et arrive à Jérusalem pour Pâques. il rachète sa conduite précédente mais est tué le 19 mai suivant au cours de la bataille de Ramalah. La nouvelle de sa mort ne fut connue en Occident qu'en novembre 1103. Albert d'Aix rapporte qu'il aurait été capturé puis décapité... Adèle de Normandie, qui gouverne le comté de Blois depuis 1096, assure la régence de son fils Thibaut jusqu'en 1109.
Deux lettres d’Étienne-Henri de Blois adressées à Adèle lors de sa présence en Terre Sainte nous sont parvenus, et donnent une description de première main sur les événements.
Une
grande armée de Francs s'est mise en marche pour Jérusalem : elle a
pour chefs Guillaume, comte de Poitiers, Étienne, comte de Blois,
qui laissant l'autre armée nous ont quittés dès Antioche, et
s'efforcent maintenant de renouveler l'entreprise abandonnée
pécédemment, avec eux se trouvent encore :
Hugues
le Grand, qui après la prise d'Antioche retourne dans les Gaules,
Le
comte Raymond qui à son retour de Jérusalem séjourne longtemps à
Constantinople, Étienne, comte de Bourgogne, et beaucoup d'autres
nobles hommes, suivis d'une foule innombrable de chevaliers et de
gens de pied.
Cette armée s'est partagée en deux corps à son entrée sur les frontières de la Roumanie, le Turc Soliman, à qui, comme on l'a dit plus haut, les Chrétiens ont enlevé la ville de Nicée, vient s'opposer à son passage.
Cette armée s'est partagée en deux corps à son entrée sur les frontières de la Roumanie, le Turc Soliman, à qui, comme on l'a dit plus haut, les Chrétiens ont enlevé la ville de Nicée, vient s'opposer à son passage.
Ce
prince, que tourmente le souvenir de son premier revers, tombe sur
les Francs à la tête d'une immense multitude de Turcs, disperse
leur armée, et la fait même périr presque tout entière...
Cependant la sagesse divine a permis que beaucoup de ces Francs
marchent en troupes par des chemins divers, Soliman ne peut les
combattre ni les exterminer tous, mais sachant qu'ils sont écrasés
de fatigue, tourmentés par la soif ainsi que par la faim... archers
inhabiles au combat, il en moissonne par le glaive plus de 100 000,
tant chevaliers que gens de pied... des femmes, il massacre les unes,
et emmène les autres avec lui, beaucoup de ceux même qui
parviennent à fuir à travers les montagnes et par des chemins
détournés, meurent de soif et de nourriture, enfin, chevaux,
mulets, bêtes de somme, bagage de toute espèce, tout devient la
proie des Turcs...
Dans cette défaite, le comte de Poitiers perd tout ce qu'il a avec lui, suite et argent, n'ayant même pu évité la mort qu'à grand-peine... c'est à pied et dans le plus déplorable état de misère qu'il parvient à gagner enfin Antioche.
Dans cette défaite, le comte de Poitiers perd tout ce qu'il a avec lui, suite et argent, n'ayant même pu évité la mort qu'à grand-peine... c'est à pied et dans le plus déplorable état de misère qu'il parvient à gagner enfin Antioche.
Tancrède,
touché de compassion pour son malheur, l'accueille avec
bienveillance dans cette ville, et l'aide de son bien propre, on peut
dire de lui : « Le Seigneur l'a châtié pour le corriger, mais
ne l'a point livré à la mort ».
Il semble, en effet, que tant de maux n'ont pu tomber sur lui et ses compagnons, qu'en punition de leur superbe et de leurs péchés... Ceux qui échappent au massacre ne renoncent cependant point à aller jusqu'à Jérusalem, à l'exception d'Hugues le grand, qui meurt à Tarse, où les autres l'ensevelissent.
Quand tous ils sont réunis à Antioche, ils se rendent à Jérusalem, les uns par terre et les autres par mer, mais ceux d'entre eux qui peuvent se procurer un cheval, préfèrent la route de terre.
Lorsqu'ils arrivent à Tortose, cité qu'occupent les Sarrasins nos ennemis, ils ne souffrent point que cette, place les arrête, et l'attaquent par terre et par mer avec une merveilleuse valeur...
Il semble, en effet, que tant de maux n'ont pu tomber sur lui et ses compagnons, qu'en punition de leur superbe et de leurs péchés... Ceux qui échappent au massacre ne renoncent cependant point à aller jusqu'à Jérusalem, à l'exception d'Hugues le grand, qui meurt à Tarse, où les autres l'ensevelissent.
Quand tous ils sont réunis à Antioche, ils se rendent à Jérusalem, les uns par terre et les autres par mer, mais ceux d'entre eux qui peuvent se procurer un cheval, préfèrent la route de terre.
Lorsqu'ils arrivent à Tortose, cité qu'occupent les Sarrasins nos ennemis, ils ne souffrent point que cette, place les arrête, et l'attaquent par terre et par mer avec une merveilleuse valeur...
Ils
prennent cette ville, massacrent les Sarrasins, s'emparent de tout
leur argent... après avoir achevé de charger les provisions pour la
route sur leurs bêtes de somme, ils continuent leur chemin. C'est
alors à tous un grand chagrin de voir le comte Raymond rester à
Tortose. Tous, en effet, se sont flattés de l'espoir de l'emmener
avec eux à Jérusalem mais il refuse, demeure et garde pour lui la
ville, ce que ses compagnons lui reprochent comme un manque de foi...
Ceux-ci poussant donc plus avant dépassent Archas, place forte fameuse, la ville de Tripoli ainsi que Gibel, et arrivent aux défilés qui se trouvent non loin de la cité de Béryte (Beyrouth).
Ceux-ci poussant donc plus avant dépassent Archas, place forte fameuse, la ville de Tripoli ainsi que Gibel, et arrivent aux défilés qui se trouvent non loin de la cité de Béryte (Beyrouth).
Là,
le roi Baudouin les attend pendant 18 jours, et garde ce passage
difficile de peur que les Sarrasins ne l'occupent et n'en ferment
l'entrée à nos pèlerins. Ce prince, en effet, a reçu de leur
armée une députation qui sollicite son appui, et lorsqu'ils le
trouvent ainsi venu au devant d'eux, ils s'en félicitent vivement,
s'embrassent avec joie, et se rendent avec lui à Joppé (Jaffa), où
ont aussi abordé ceux qui ont choisi la voie de la mer... Comme le
temps de Pâques approche, tous vont à Jérusalem, qu'ils désirent
tant voir, puis, après avoir visité les Lieux Saints, et pris part
au splendide banquet donné par le roi Baudouin dans le temple de
Salomon pour la célébration de Pâques, ils reviennent à Joppé.
ÉTIENNE DE BLOIS |
A
cette époque, le Comte de Poitiers, manquant de tout et réduit au
désespoir, monte sur un vaisseau pour retourner en France, et se
sépare des Francs... Alors Étienne de Blois et plusieurs autres
veulent également repasser les mers... une fois en pleine mer, ils
ont le vent contraire, et ne peuvent prendre d'autre parti que celui
de revenir. Étienne de Blois est donc à Joppé quand le roi
Baudouin monte son coursier pour marcher contre les ennemis, qu'on
lui annonce, comme on l'a dit plus haut, être campés devant Ramla
(Ramalah)
Ceux-ci
ayant obtenu que leurs amis leur prêtent des chevaux, s'élancent
dessus, et suivent le roi... C'est à ce prince une grande et
orgueilleuse imprudence de ne vouloir pas attendre ses troupes.
De
ne pas marcher comme il convient au combat dans un ordre savamment
combiné.
De
n'entendre aucun avertissement.
De
partir sans ses gens de pied.
De
donner à peine à ses chevaliers le temps de le joindre, et de ne
s'arrêter dans sa course que quand il voit devant lui, et plus près
que prévu la multitude des ennemis.
Trop confiant dans sa valeur, il se flatte d'ailleurs que le nombre des Sarrasins n'excédant pas 700 ou 1 000 hommes au plus se hâte de marcher à leur rencontre pour les atteindre avant qu'ils ne se mettent à fuir.
Trop confiant dans sa valeur, il se flatte d'ailleurs que le nombre des Sarrasins n'excédant pas 700 ou 1 000 hommes au plus se hâte de marcher à leur rencontre pour les atteindre avant qu'ils ne se mettent à fuir.
Quand
il aperçoit quelle armée il a contre lui, frappé de terreur, il
sent frémir son âme, toutefois, embrassant avec courage un dernier
rayon d'espoir, il se retourne vers les siens, les regarde, et leur
adresse ces paroles pleines de piété :
« ô soldats du Christ, ô mes amis ! Ne songez pas à refuser la bataille qui s'apprête, mais, armés de la force du Très-Haut, combattez vaillamment pour votre propre salut. Que nous vivions, que nous mourions, nous sommes les enfants du Seigneur, que si quelqu'un de vous pensait à fuir, il ne lui reste plus aucune espérance d'échapper à l'ennemi ; en combattant, vous vaincrez, en fuyant, vous périrez ».
Comme c'est alors plus que jamais le cas de montrer de l
« ô soldats du Christ, ô mes amis ! Ne songez pas à refuser la bataille qui s'apprête, mais, armés de la force du Très-Haut, combattez vaillamment pour votre propre salut. Que nous vivions, que nous mourions, nous sommes les enfants du Seigneur, que si quelqu'un de vous pensait à fuir, il ne lui reste plus aucune espérance d'échapper à l'ennemi ; en combattant, vous vaincrez, en fuyant, vous périrez ».
Comme c'est alors plus que jamais le cas de montrer de l
PRISE DE TORTOSE |
a valeur, tous fondent subitement, et avec une
violente impétuosité sur les Arabes, mais ils sont à peine 200
chevaliers, et les 20 000 Sarrasins les ont bientôt cernés de
toutes parts...
Il ne peut être douteux pour personne que le roi et les siens n'aient bravement combattu, cependant lorsqu'ils se voient si cruellement accablés par la foule pressée des « Gentils », et qu'en moins d'une heure la majeure partie des nôtres sont tombée sous les coups de l'ennemi, supporter plus longtemps le poids d'une telle lutte devient impossible, et force est à ceux qui restent encore debout de prendre la fuite...
Au surplus quoique ce combat ait tourné si malheureusement pour les nôtres, ils ne cèdent pas sans s'être vaillamment vengés des Sarrasins. Ils en ont tués un grand nombre, ils les chassent de leur camp, et se rendent maîtres de leurs tentes, mais le Seigneur n'ayant pas permis qu'il en soit autrement, ils succombent enfin, vaincus par ceux dont eux-mêmes ont triomphé d'abord...
Il ne peut être douteux pour personne que le roi et les siens n'aient bravement combattu, cependant lorsqu'ils se voient si cruellement accablés par la foule pressée des « Gentils », et qu'en moins d'une heure la majeure partie des nôtres sont tombée sous les coups de l'ennemi, supporter plus longtemps le poids d'une telle lutte devient impossible, et force est à ceux qui restent encore debout de prendre la fuite...
Au surplus quoique ce combat ait tourné si malheureusement pour les nôtres, ils ne cèdent pas sans s'être vaillamment vengés des Sarrasins. Ils en ont tués un grand nombre, ils les chassent de leur camp, et se rendent maîtres de leurs tentes, mais le Seigneur n'ayant pas permis qu'il en soit autrement, ils succombent enfin, vaincus par ceux dont eux-mêmes ont triomphé d'abord...
Grâces à Dieu cependant, le roi et quelques-uns de ses plus nobles chevaliers échappent aux mains de l'ennemi, et, ne pouvant fuir plus loin, se jettent à toute bride dans Ramalah.
Baudouin cependant ne veut pas s'enfermer dans cette place, et aime mieux courir le risque de mourir ailleurs que de se laisser prendre ignominieusement en ce lieu.
Après s'être donc promptement consulté, il s'abandonne aussi indifféremment aux chances de la mort qu'à celles de la vie, et sort suivi seulement de cinq de ses compagnons : il ne peut pourtant les conserver longtemps avec lui, tous deviennent bientôt la proie de l'ennemi, et lui-même ne parvient à se sauver qu'en s'enfonçant d'une course rapide dans les montagnes... Dieu l'arrache donc ainsi une seconde fois aux mains des vainqueurs... Il se serait volontiers rendu alors à son château d'Arsuth ou Assur, mais les ennemis fermant tous les passages, il lui faut renoncer à ce projet. Quant à ceux qui sont restés dans Ramalah, ils ne trouvent dans la suite aucun moyen d'en sortir... assiégés de toutes parts, ils sont enfin, ô douleur ! Pris par la race impie des Sarrasins.
Ceux-ci
en laissent vivre quelques-uns, qu'ils emmènent avec eux, et font
périr les autres par le tranchant du glaive. Pour l'évêque,
abandonnant son église de Saint-Georges, il saisit le moment
favorable, et s'enfuit furtivement à Joppé.
Hélas ! Que de vaillants chevaliers, que de braves soldats nous perdîmes vers ce temps-là, d'abord dans le combat sous les murs de Ramalah, ensuite dans la prise de cette ville !
Étienne, comte de Blois, homme noble et sage y est tué ainsi qu’Étienne, comte de Bourgogne, 3 chevaliers, dont l'un est vicomte de Joppé, parviennent toutefois à se soustraire aux mains des ennemis, et quoique couverts de graves blessures, se sauvent, la nuit suivante, de toute la vitesse de leurs chevaux, à Jérusalem... Dès qu'ils sont entrés dans la ville, ils racontent aux citoyens l'échec qu'ont éprouvé les nôtres, et disent que, quant au roi, ils ignorent complètement s'il est vivant ou mort... ce qui cause aussitôt un deuil cruel et général.
Baudouin cependant après avoir passé la nuit suivante caché dans les montagnes, de peur de tomber aux mains de l'ennemi, sort enfin de sa retraite, suivi d'un seul homme d'armes, son écuyer, et, prenant des routes détournées à travers des plaines désertes, arrive le troisième jour à Arsuth ou Assur, mourant de faim et de soif.
Ce qui alors sauve le roi, c'est que 500 cavaliers ennemis, qui peu auparavant ont battu en furetant tous les alentours du château, viennent de s'éloigner.
A son arrivée à Arsuth, les siens le reçoivent avec une grande joie, il mange, boit et dort en sûreté.
Le même jour arrive de Tibériade Hugues, l'un des grands du roi, ayant appris notre défaite, il accoure porter quelque secours à ce qui peut rester de nos gens. Le roi est d'autant plus aise de le voir, que Hugues amène avec lui 80 hommes d'armes, dont ce prince a un pressant besoin... Baudouin n'ose cependant les prendre avec lui pour retourner à Joppé par terre, de peur des embûches que les ennemis dressent à ceux qui suivent cette route, mais montant sur une barque, il gagne cette ville par mer. Aussitôt qu'il entre dans le port, on l'accueille avec force transports de joie, parce que, conformément à ces paroles de l’Évangile, « mon fils était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé ». On revoit vivant et bien portant ce prince qu'on a déjà pleuré comme mort.
Le lendemain, ledit Hugues, sortant d'Arsuth, Arsur ou Apollonia, vient en toute hâte à Joppé avec les siens. Le roi est allé au devant de lui pour protéger son arrivée, dans la crainte qu'il ne soit attaqué par l'ennemi. Quand tous sont entrés dans la place, Baudouin, sans perdre de temps à délibérer, et obéissant à là nécessité, mande près de lui tous les hommes restés à Jérusalem, afin d'aller, combattre de nouveau les Sarrasins.
Tandis qu'il cherche quel homme il peut envoyer porter cet ordre dans la Cité Sainte, il aperçoit un Chrétien Syrien, vieillard de basse condition, couvert; d'un méchant habit, et lui fait les plus instantes prières pour qu'il se charge de ce message par crainte de Dieu et par amour pour son roi...
Personne en effet n'ose se hasarder sur les chemins, à cause des embûches dressées par les Infidèles, mais ce vieillard se sentant rempli par Dieu même d'une sainte audace, part au plus noir de la nuit de peur d'être aperçu des Païens, marche à travers des lieux âpres que ne traverse aucune route, et arrive le troisième jour à Jérusalem, excédé de fatigue.
A peine a-t-il annoncé que le roi est vivant, et confirmé à tous les citoyens cette nouvelle, après laquelle ils soupirent tant, que tous paient au Seigneur un juste tribut de louanges, puis, sans un plus de délai, les chevaliers, au nombre, je crois, de 90, s'apprêtent en toute hâte, et s'élancent sur leurs coursiers.
Ceux des autres habitants qui peuvent se procurer un cheval montent dessus, et partent également.
Tous se mettent en route de grand cœur, il est vrai, mais non pourtant sans beaucoup de frayeur.
Évitant donc autant qu'ils le peuvent la rencontre des Infidèles, ils se dirigent du côté du château d'Arsuth.
Comme ils marchent en hâte le long du rivage de la mer, tout à coup se présente la race cruelle des « Gentils », qui se flattent de leur fermer le passage, et de les exterminer entièrement dans cet endroit, quelques-uns des nôtres, cédant à la nécessité, abandonnent leurs bêtes de somme, se jettent à la nage au milieu des flots de la mer, et trouvent ainsi dans un mal le remède à un autre mal, car en nageant ils perdent leurs bêtes de somme, mais évitent les coups de l'ennemi....Quant aux hommes d'armes qui montent d'agiles coursiers, ils se défendent vaillamment, et arrivent jusqu'à Joppé. Le roi, comblé de joie, et bien réconforté par leur arrivée, ne veut pas différer d'un instant l'exécution de son projet.
Dès le lendemain matin, il range en bon ordre ses hommes d'armes ainsi que les hommes de pied, et part pour aller livrer bataille à ses ennemis. Ceux-ci, qui ne sont pas alors éloignés de plus de 3 milles environ de Joppé, préparent déjà leurs machines pour former le siège de cette ville, et en abattre les murailles à l'aide de pierrières... mais à peine voient-ils les Chrétiens venir les combattre, qu'ils prennent leurs armes et les reçoivent audacieusement.
Comme leur multitude est immense, ils ont bientôt entouré les nôtres de toutes parts. Ceux-ci se trouvent alors cernés complètement et rien que le secours d'en haut ne peut les sauver, mettant toute leur confiance dans la toute-puissance du Seigneur, ils ne cessent de s'élancer, et de frapper tour à tour partout où ils voient la foule des Sarrasins plus épaisse et plus acharnée.
Hélas ! Que de vaillants chevaliers, que de braves soldats nous perdîmes vers ce temps-là, d'abord dans le combat sous les murs de Ramalah, ensuite dans la prise de cette ville !
Étienne, comte de Blois, homme noble et sage y est tué ainsi qu’Étienne, comte de Bourgogne, 3 chevaliers, dont l'un est vicomte de Joppé, parviennent toutefois à se soustraire aux mains des ennemis, et quoique couverts de graves blessures, se sauvent, la nuit suivante, de toute la vitesse de leurs chevaux, à Jérusalem... Dès qu'ils sont entrés dans la ville, ils racontent aux citoyens l'échec qu'ont éprouvé les nôtres, et disent que, quant au roi, ils ignorent complètement s'il est vivant ou mort... ce qui cause aussitôt un deuil cruel et général.
Baudouin cependant après avoir passé la nuit suivante caché dans les montagnes, de peur de tomber aux mains de l'ennemi, sort enfin de sa retraite, suivi d'un seul homme d'armes, son écuyer, et, prenant des routes détournées à travers des plaines désertes, arrive le troisième jour à Arsuth ou Assur, mourant de faim et de soif.
Ce qui alors sauve le roi, c'est que 500 cavaliers ennemis, qui peu auparavant ont battu en furetant tous les alentours du château, viennent de s'éloigner.
A son arrivée à Arsuth, les siens le reçoivent avec une grande joie, il mange, boit et dort en sûreté.
Le même jour arrive de Tibériade Hugues, l'un des grands du roi, ayant appris notre défaite, il accoure porter quelque secours à ce qui peut rester de nos gens. Le roi est d'autant plus aise de le voir, que Hugues amène avec lui 80 hommes d'armes, dont ce prince a un pressant besoin... Baudouin n'ose cependant les prendre avec lui pour retourner à Joppé par terre, de peur des embûches que les ennemis dressent à ceux qui suivent cette route, mais montant sur une barque, il gagne cette ville par mer. Aussitôt qu'il entre dans le port, on l'accueille avec force transports de joie, parce que, conformément à ces paroles de l’Évangile, « mon fils était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé ». On revoit vivant et bien portant ce prince qu'on a déjà pleuré comme mort.
Le lendemain, ledit Hugues, sortant d'Arsuth, Arsur ou Apollonia, vient en toute hâte à Joppé avec les siens. Le roi est allé au devant de lui pour protéger son arrivée, dans la crainte qu'il ne soit attaqué par l'ennemi. Quand tous sont entrés dans la place, Baudouin, sans perdre de temps à délibérer, et obéissant à là nécessité, mande près de lui tous les hommes restés à Jérusalem, afin d'aller, combattre de nouveau les Sarrasins.
Tandis qu'il cherche quel homme il peut envoyer porter cet ordre dans la Cité Sainte, il aperçoit un Chrétien Syrien, vieillard de basse condition, couvert; d'un méchant habit, et lui fait les plus instantes prières pour qu'il se charge de ce message par crainte de Dieu et par amour pour son roi...
Personne en effet n'ose se hasarder sur les chemins, à cause des embûches dressées par les Infidèles, mais ce vieillard se sentant rempli par Dieu même d'une sainte audace, part au plus noir de la nuit de peur d'être aperçu des Païens, marche à travers des lieux âpres que ne traverse aucune route, et arrive le troisième jour à Jérusalem, excédé de fatigue.
A peine a-t-il annoncé que le roi est vivant, et confirmé à tous les citoyens cette nouvelle, après laquelle ils soupirent tant, que tous paient au Seigneur un juste tribut de louanges, puis, sans un plus de délai, les chevaliers, au nombre, je crois, de 90, s'apprêtent en toute hâte, et s'élancent sur leurs coursiers.
Ceux des autres habitants qui peuvent se procurer un cheval montent dessus, et partent également.
Tous se mettent en route de grand cœur, il est vrai, mais non pourtant sans beaucoup de frayeur.
Évitant donc autant qu'ils le peuvent la rencontre des Infidèles, ils se dirigent du côté du château d'Arsuth.
Comme ils marchent en hâte le long du rivage de la mer, tout à coup se présente la race cruelle des « Gentils », qui se flattent de leur fermer le passage, et de les exterminer entièrement dans cet endroit, quelques-uns des nôtres, cédant à la nécessité, abandonnent leurs bêtes de somme, se jettent à la nage au milieu des flots de la mer, et trouvent ainsi dans un mal le remède à un autre mal, car en nageant ils perdent leurs bêtes de somme, mais évitent les coups de l'ennemi....Quant aux hommes d'armes qui montent d'agiles coursiers, ils se défendent vaillamment, et arrivent jusqu'à Joppé. Le roi, comblé de joie, et bien réconforté par leur arrivée, ne veut pas différer d'un instant l'exécution de son projet.
Dès le lendemain matin, il range en bon ordre ses hommes d'armes ainsi que les hommes de pied, et part pour aller livrer bataille à ses ennemis. Ceux-ci, qui ne sont pas alors éloignés de plus de 3 milles environ de Joppé, préparent déjà leurs machines pour former le siège de cette ville, et en abattre les murailles à l'aide de pierrières... mais à peine voient-ils les Chrétiens venir les combattre, qu'ils prennent leurs armes et les reçoivent audacieusement.
Comme leur multitude est immense, ils ont bientôt entouré les nôtres de toutes parts. Ceux-ci se trouvent alors cernés complètement et rien que le secours d'en haut ne peut les sauver, mettant toute leur confiance dans la toute-puissance du Seigneur, ils ne cessent de s'élancer, et de frapper tour à tour partout où ils voient la foule des Sarrasins plus épaisse et plus acharnée.
ASCALON |
Lorsqu'à force de combattre vaillamment ils ont enfoncé l'ennemi sur un point, ils leur faut sur-le-champ se porter sur un autre, dès que les Infidèles voient en effet nos hommes de pied cesser d'être protégés par nos hommes d'armes, ils se hâtent de courir sur eux, et massacrent ceux des derniers rang. De leur côté les gens de pied ne se conduisent pas en lâches et font pleuvoir sur ceux qui les attaquent une telle grêle de traits que vous en auriez vu beaucoup enfoncés dans le visage et les habits des Sarrasins.
Ceux-ci donc repoussés fortement par les archers à pied, couverts de blessures par les lances des hommes d'armes, et déjà même chassés de leurs tentes, grâce à l'appui que nous prête le Seigneur, tournent le dos aux Francs et prennent la fuite.
Malheureusement on ne peut les poursuivre longtemps, car ceux qui les contraignent à fuir sont en trop petit nombre : du moins abandonnent-ils aux mains des Francs leurs tentes et les approvisionnements de tout genre qui se trouvent dans leur camp, quant à leurs chevaux, ils les emmènent avec eux, à l'exception de ceux qui sont blessés ou morts de faim, mais on leur prend bon nombre de leurs chameaux et de leurs ânes.
Enfin, grâces à Dieu, pendant que ces infidèles fuient beaucoup d'entre eux, blessés ou dévorés de la soif, périssent dans les chemins. Le combat fini, et le roi étant, comme on l'a dit, demeuré victorieux, il fait plier les tentes, et revient à Joppé. Le pays ensuite délivré de toute guerre goûte un entier repos pendant l'automne et l'hiver suivant.
ÉTIENNE-II-HENRI COMTE-de-BLOIS - perrotamerica.com
charlemagne.perrotamerica.com/Famille/d0000/g0000055.html
Étienne
II Henri († 19 mai 1102),
fut comte de Blois,
de Châteaudun, de Chartres, de Meaux et seigneur de Sancerre. == Il
était le fils de Thibaut III de Blois
et ...
www.celtic-casimir.com/webtree/2/11590.htmTraduire
cette page
Étienne-Henri
"le Sage", Comte de BLOIS.
Born: 1046, Blois,
Loir-et-Cher, France; Married: Abt 1081, Chartes Cathedral, France;
Died: 19 May 1102,
Ramulah, ...
Comtes de BLOIS
fjaunais.free.fr/h0champagne.htm
Thibault
l'Ancien, comte de Blois
(vers 890 - avant 943) épousa Richilde de France (892 - ?) ...
Etienne
II de Blois,
comte de Champagne (vers 1045 - 1102) ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire