19
MAI 2016...
Cette
page concerne l'année 354 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE
CHRONOGRAPHE ÉGARÉ.
Le
Chronographe de 354 est un manuscrit illustré rédigé par un
anonyme sans doute en vue d'être offert à un de ses correspondants,
probablement un aristocrate Romain.
Ce
document n'est pas qu'un simple calendrier, il est richement illustré
et renferme de nombreuses données chronologiques :
-
Les fastes consulaires des débuts de la République à 354
-
La liste des préfets de la Ville de 254 à 354
-
Deux listes d’anniversaires funèbres : La plus ancienne liste
des papes connue et la liste des dépositions des martyrs (depositio
martyrum) mentionnant notamment la date de la naissance de Jésus
Christ (Hoc cons. dominus Iesus Christus natus est VIII kal. Ian. d.
Ven. luna xv., « 8 jours avant les calendes de janvier de
Vénus », c'est-à-dire le 25 décembre) et du Sol Invictus le
même jour (25 Mensis December)
-
Un résumé de l'histoire de Rome jusqu'en 334 (avec le durée des
règnes des empereurs).
Il
est donc utile et précieux pour toutes les questions de datation et
peut être recoupé avec d'autres sources littéraires et
épigraphiques.
Le
Calendrier de Filocalus (ou Philocalus, ou encore le calendrier
philocalien) constitue la première édition du Chronographe sous la
forme d'un manuscrit enluminé du IVe siècle fabriqué en 354
pour un chrétien du nom de Valentius. C’est le plus ancien codex à
posséder des pleines pages d’enluminures.
Les
illustrations sont connues uniquement par les dessins d’un
manuscrit du XVIIe siècle, conservé à la Bibliothèque
apostolique vaticane, fabriqué à partir d’une copie
carolingienne. Ces dessins, bien qu’ils aient été copiés 2 fois,
montrent la grande variété de sources d’inspiration utilisées
par les premiers enlumineurs, parmi lesquelles le travail des métaux,
les fresques, et les mosaïques.
Ce
Chronographe est un ample calendrier latin. Son texte, d'une
conception très proche de celle des almanachs modernes, est rédigé
par Furius Dionysius Filocalus (lapicide Romain qui, une quinzaine
d'années plus tard, grave les Épigrammes de Damase Ier, pape de 366
à 384). Mêlant fêtes païennes et fêtes chrétiennes, il a pour
destinataire explicite un nommé Valentin(us), certainement un
aristocrate Romain chrétien. Il n'en subsiste que des copies
médiévales et modernes reproduisant le texte et les illustrations
d'origine.
Ce
document renferme de nombreuses données chronologiques :
1
- La dedicatio, de Furius Dionysius
Filocalus à Valentinus.
2
- Les Tychés (Τύχαι) des 4 villes principales de l'Empire
Romain :
Rome,
siège du préfet du prétoire d'Italie,
Alexandrie,
Constantinople,
siège de la préfecture du prétoire d'Orient
Trèves,
siège de la préfecture du prétoire des Gaules
3
- Les Natales Caesarum, une liste de dates
de commémoration du jour de naissance de 20 empereurs romains
4
- Schémas du mouvement de la Lune et du Soleil et des 5 planètes
(Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne)
5
- L'Effectus XII Signorum, liste des 12
signes du zodiaque, classés par mode, à savoir : Les 4 signes
cardinaux — Bélier (Aries), Cancer
(Cancer), Balance (Libra),
Capricorne (Capricornus) —, les 4 signes
fixes — Taureau (Taurus), Lion (Leo),
Scorpion (Scorpio) et Verseau (Aquarius)
— les 4 signes mutables — Gémeaux (Gemini),
Vierge (Virgo), Sagittaire (Sagittarius)
et Poissons (Pisces)
6
- Le calendrier proprement dit, un calendrier julien contenant les
principales fêtes religieuses Romaines, les jours de cirque
(Circenses missus), de jeux (Ludi),
de naissance (Natalis), ceux lors desquels
le Sénat peut siéger (Senatus legitimus)
et les jours Égyptiens (Dies Aegyptiacus),
jours néfastes. les portraits des consuls Constance II (Flavius
Iulius Constantius), auguste, et Constantius Gallus (Flavius
Claudius Iulius Constantius Gallus), césar
7
- Les Fasti consulares, liste chronologique
des consuls de Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquinius Collatinus,
de -508, à 354
8
- Un cycle pascal de 312 à 354, continué jusqu'en 410 par les
copistes
9
- Une liste des préfets de la Ville de 254 à 354, jusqu'à
Vitrasius Orfitus, qui entre en fonction le 8 décembre 353
10
- La depositio episcorum, une liste des
jours de commémoration de la mort (depositio)
des évêques de Rome (episcopi Urbis),
depuis Étienne Ier, mort le 2 août (IIII non.
Augustas) 257, jusqu'à Jules Ier (Iulius),
mort le 12 avril 352
11
- La depositio martyrum, une liste des
jours de commémoration de la mort de martyrs, comportant le jour de
commémoration de la Nativité de Jésus-Christ et celui de la
consécration de l'antique basilique vaticane
12
- Le Catalogus Liberianus, une liste des
évêques de Rome de Saint Pierre jusqu'à Libère (Liberius)
qui entre en fonction en 352
13
- La Notitia Regionum Urbis XIV, une
description de la ville de Rome en 14 régions
14
- Le Liber generationis, une chronique
mondiale de la création à 334
la
Chronica Urbis Romae, une chronique de la
ville de Rome de Picus à la mort de Licinius en 324, contenant la
liste des rois de Laurentum celle des rois d'Albe la Longue, celle
des rois de Rome une liste de dictateurs et d'empereurs Romains
15
- Les Fasti Vindobonenses, (annales de
Vienne).
Le
Chronographe de 354 est une compilation et a été composé au plus
tôt en 336, date de la plus ancienne célébration de la naissance
de Jésus Christ le 25 décembre et du Sol Invictus le même jour
(XXV mensis Decembris)
Theodor
Mommsen, Chronica Minora saec. IV, V, VI, VII, Monumenta Germaniae
Historica, Auctores Antiquissimi, IX, Berlin, Weidmann, 1892, p.
13-148.
Henri
Stern, Le Calendrier de 354. Étude de son texte et de ses
illustrations. Paris, 1953.
Le
volume initial n'a pas survécu, mais on pense qu'il existe encore
des extraits en carolingiens copiés aux VIIe VIIIe siècles. Un
certain nombre de copies ont été faites à cette époque, avec et
sans illustrations, qui à leur tour ont été copiés à la
Renaissance.
Les
copies les plus complètes et fidèles des illustrations sont les
dessins à la plume du XVIIe siècle et un manuscrit de la Barberini
collection ( Bibliothèque du Vatican. Barberini lat. 2154. Cela a
été soigneusement copié, sous la supervision du grandsu antiquaire
Nicolas-Claude Fabri de Peiresc , à partir d'une copie, d'un Codex
Luxembourgeois, qui a été lui-même perdu au XVIIe siècle. Ces
dessins, bien qu'ils soient copiés 2 fois à partir des originaux,
montre la variété des sources que les premiers enlumineurs ont
utilisés comme modèles pour l'illustration du manuscrit, y compris
les fresques et les mosaïques de sol.
Les
originaux Romains sont probablement des miniatures peintes. Plusieurs
copies ou adaptations partielles survivent de la renaissance
carolingienne et à la Renaissance. Botticelli a adapté une figure
de la ville de Treberis ( Trèves ) qui saisit un barbare par les
cheveux pour sa peinture, traditionnellement appelé Pallas et le
Centaure.
Le
manuscrit du Vatican de Barberini, fait en 1620 pour Peiresc, qui est
clairement le plus fidèle.
Après
la mort de Peiresc en 1637 le manuscrit a disparu. Cependant,
certains folios ont déjà été perdus avant Peiresc.
La
suggestion de Carl Nordenfalk est que le Codex Luxemburgensis copié
par Peiresc est en fait l'original Romain... Peiresc lui-même pense
d'ailleurs que le manuscrit est âgé de 7 ou 800 ans bien que
Mabillon n'a pas encore publié sa réédition diplomatica de (1681),
le premier travail systématique de la paléographie. La plupart des
chercheurs, après Schapiro, croient que Peiresc a été en mesure de
porter un jugement correct sur son âge.
Furius
Dionysius Filocalus est le scribe menant ou calligraphe de la
période, il a peut-être aussi exécuté les miniatures originales.
Son
nom figure sur la page de dédicace. C'est un chrétien, vivant dans
un moment charnière de l'empire Romain entre païen et chrétien.
Le
Chronographe, comprend divers textes et listes, y compris d'élégantes
représentations allégoriques des mois.
Il
comprend également l'important Catalogue Libérien, une liste des
papes, l'« Anniversaire des indomptés », « jeux
commandés », « trente races » c'est la plus
ancienne référence littéraire à la fête païenne de Sol
Invictus.
Le
codex d'origine a continué à servir longtemps après le jour de
Valentinus. Polemius Silvius l'a probablement consulté, presque un
siècle plus tard, pour son propre calendrier annoté de l'année
449.
Au
VIe siècle, un planisphère pour l'année 579 a été préparé, qui
semble avoir été illustré avec des copies des illustrations du
codex de 354 .
D'autres
traces de son existence sont que Saint Colomban de Luxeuil peut avoir
copié son cycle pascal (602),
Une
œuvre anglo-saxonne de 689 peut se référer à elle.
L'ancien
codex existe encore au IXe siècle, quand, en raison de ses
associations avec l'époque de Constantin, une copie complète et
fidèle a été faite, maintenant perdue. En même temps, une copie
non illustrée du texte a été effectué, soit directement à partir
de l'original ou d'une copie. Ce dernier est maintenant à Saint-Gall
(878).
Après
cette date, il n'y a plus d'autre signe de l'original, en effet moins
de 20 codex du IVe siècle survivent tout à fait (voir EA Lowe,
Codices Latini Antiquiores, Oxford, 1934, vol . 1: codex I, IV,
XIV-XV).
Pendant
la renaissance, la découverte de la copie du IXe siècle a provoqué
une grande excitation, inspirant plusieurs exemplaires au cours du
XVIe et XVIIe siècles. Malheureusement, les feuilles ont été
perdus au cours de la renaissance, et la meilleure copie (le
Romanus), qui a été exécuté sous la supervision du savant
Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, a été faite après cet événement.
La
connaissance du texte est à partir des copies survivantes de la
Renaissance, dont aucune n'est suffisante par elle-même...
Le
texte est un précieux recueil des données brutes sur la société
Romaine, mais en raison de sa nature sèche il est moins bien connue
qu'il ne le mérite. Pas un seul volume contient une édition
imprimée du Chronographe dans son ensemble...
Theodor
Mommsen a publié la partie, le calendrier, par lui-même dans
Inscriptiones Latinae Antiquissimae.
Le
reste, sans les illustrations, il a publié dans la Monumenta
Historica Germaniae, Chronica Minora. Les illustrations ne figurent
que dans le volume récent de Michele Salzman, et se composent de
photographies de manuscrits en monochrome, tous sans aucun doute en
droit d'auteur.
Il
y a aussi au Xe siècle un manuscrit à la Bibliothèque Municipale
de Boulogne-sur-Mer.
Le
fol. 30r est un planisphère généralement pensé pour être copié
à partir de la même source que celle de Voss. Une copie de la
planisphère de Boulogne peut être trouvée dans la Bibliothèque
Municipale de Berne.
Dans
la deuxième partie, H. Stern étudie le texte, ou plus exactement
les parties « qui permettent de saisir la portée réelle (du
Calendrier) au milieu du IVe « siècle », c'est-à-dire les parties
astrologiques et les fêles. Il insiste avec raison sur l'idée que
le Calendrier est un témoin exceptionnel pour la civilisation et les
croyances en 384, et qu'il fait apparaître le caractère encore très
conservateur et païen de la civilisation Romaine au IV siècle.
Les
parties astrologiques comprennent :
a)
La série des jours planétaires, commençant par Saturne, et qui
correspond donc bien à la semaine païenne, et non à la semaine
chrétienne, commençant par Sol.
b)
Les heures planétaires, dont les tableaux, de part et d'autre des
images des planètes, donnent les 12 heures de nuit et les 12 heures
de jour, avec pour chacune sa planète et sa qualification (bona,
noria, commuais)',
c)
Les lettres lunaires, le texte des Fastes étant précédé de trois
colonnes de lettres qui indiquent les nundinae, les jours de la
semaine planétaire (en- partant de A == Saturne), et les phases de
la lune de trois en trois jours ;
d)
Les signes du zodiaque, indiquant pour chaque mois, par une notice et
un dessin, la date de l'entrée du soleil dans un nouveau signe.
On
voit que le Calendrier possède bien, comme le dit H. Stern, un
caractère astrologique très marqué. Mais les fêtes, que l'auteur
étudie ensuite, nous font entrer dans un monde tout différent, de
caractère « officiel ».
Elles
se divisent, en ce qui concerne les fêtes impériales, en deux
groupes : Quelques grandes fêtes des dynasties ρré
constantiniennes (23 jours), et les fêtes de la dynastie
constantinienne (71 jours). C'est à ces dernières que s'attache H.
Stern, qui d'une part y trouve le plus ancien exemple de natalis
employé pour l'anniversaire de l'accession au trône (et non de la
naissance), et de l'autre la confirmation que le Calendrier ne peut
être que postérieur à la défaite de Magnence (28 sept. 351) et à
son départ de Rome (automne 382). Il croit que ces fêtes, célébrées
en l'honneur de princes chrétiens, ont encore un caractère
religieux païen, et malgré l'interprétation souvent donnée du
décret adressé par Constantin aux habitants il estime « hors de
doute l'existence à l'époque du Calendrier) d'un culte païen en
l'honneur de l'empereur » :
Il
a certainement raison.
Quant
aux mentions dans le Calendrier de fêtes religieuses, on tend à
croire depuis Mommsen qu'elles concernent des fêtes neutres,
également admises par les païens et les chrétiens, ne comportant
ni sacrifices, ni cérémonies dans un temple : Bref le résultat
dune révision de l'ancien calendrier Romain, expurgé de ce qui est
incompatible avec le christianisme.
C'est
une erreur. H. Stern montre, par l'illustration du Calendrier, par
des textes et par des inscriptions, que plusieurs de ces fêtes ont
encore en 354 un caractère religieux effectif et actif :
«
les fastes du Calendrier ne sont ni un pieux souvenir, ni un document
révisé sur l'ordre des empereurs chrétiens. »
Ceux-ci,
en dépit des lois qu'ils promulguent, ont respecté à Rome le culte
païen, et les privilèges des prêtres et des Vestales, comme le
fera encore Constance II dans sa visite à Rome en 357, l'année
peut-être où le préfet de la Ville Meminius Vitrasius Orfitus
dédie un temple à Apollon.
Le
préfet Tertullus en 359, ira sacrifier au temple des Dioscures à
Ostie, et Saint Augustin déclare que iota fere romana nobilitas est
païenne. C'est Gratien qui le premier refusera d'être pontifex
maximus.
La
démonstration en est fort bien conduite par H. Stern. Il n'en est
d'ailleurs pas moins vrai que le destinataire du Calendrier, ce
Valentin auquel s'adresse le vœu initial floreas in deo, est
chrétien.
Parmi
les fêtes consulaires, il y a les fêtes de la naissance et de la
passion du Christ, de l'arrivée à Rome et du martyre de Pierre et
de Paul,
Parmi
les pièces annexes, il y a le cycle Pascal, la déposition martyrum
et la deposition episcoporum. qui viennent des documents officiels de
l'Église, il y a un catalogue des préfets de la Ville, dont Mommsen
a montré qu'il vient aussi des archives épiscopales Romaines, non
de celles de la Préfecture urbaine, enfin il y a le liber
generalionis.
Bref,
nous avons la juxtaposition d'un calendrier païen et d'un calendrier
chrétien : Produit très caractéristique de la civilisation romaine
du temps.
Valentin
est chrétien, mais il admet le culte païen, et il a besoin d'en
connaître les fêtes, toujours intimement mêlées à la vie
publique.
La
3e et la 4e partie de l'ouvrage, consacrées à l'illustration, les
thèmes et l'iconographie d'une part, l'étude artistique de l'autre.
Le programme de cette illustration est par excellence celui de l'art
profane de l'époque, images des villes, des empereurs, des consuls,
images astrologiques, représentations des mois
L'auteur
montre que cette illustration a été conçue pour un codex, et non
pour un rouleau de papyrus. Il insiste sur l'importance
exceptionnelle des décors architecturaux, qu'on ne retrouve ensuite
que beaucoup plus tard, et qui classent le Calendrier à part des
autres manuscrits très anciens (Virgile du Vatican, Homère de
l'Ambrosienne), qui sont des manuscrits à peintures, Ces cadres
architecturaux qui font l'originalité du Calendrier, faut-il en
chercher l'explication dans la théologie impériale du IVe siècle,
dans un désir de placer un homme dans une aire à part qui le dégage
de celle du commun des mortels ?
Aussi
bien avons-nous affaire ici à un ouvrage de luxe, de caractère
exceptionnel H. Stern y discerne, à côté de motifs ornementaux
nettement Romains, d'autres qui viennent de l'Est.
D'où
deux hypothèses ; un artiste Gréco-Oriental, acclimaté, à Rome, a
créé ce décor, ou une école d'enlumineurs, formée à Rome bien
avant 354, a subi à un moment donné l'influence de l'Est.
L'auteur
ne choisit pas, et sagement s'abstient de poser nettement la fameuse
question « Orient ou Rome... Il conclut que le Calendrier est le
produit de l'art cosmopolite de l'empire Romain, dans lequel les
éléments Grecs, Orientaux et Latins sont fondus dans un style
décoratif dont les attaches locales sont difficiles à discerner.
La
présentation matérielle du livre est excellente, les fautes
typographiques très rares. Et l'on a plaisir à signaler qu'à un
très petit nombre de lapsus près la langue de l'auteur a la
correction et la clarté qui sont les deux qualités essentielles du
style scientifique...
Chronographe
de 354 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronographe_de_354
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Filocalus ou ... constitue la première édition du Chronographe sous
la forme d'un ...
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