jeudi 2 juin 2016

EN REMO NTANT LE TEMPS... 354

19 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 354 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE CHRONOGRAPHE ÉGARÉ.

Le Chronographe de 354 est un manuscrit illustré rédigé par un anonyme sans doute en vue d'être offert à un de ses correspondants, probablement un aristocrate Romain.
Ce document n'est pas qu'un simple calendrier, il est richement illustré et renferme de nombreuses données chronologiques :
- Les fastes consulaires des débuts de la République à 354
- La liste des préfets de la Ville de 254 à 354
- Deux listes d’anniversaires funèbres : La plus ancienne liste des papes connue et la liste des dépositions des martyrs (depositio martyrum) mentionnant notamment la date de la naissance de Jésus Christ (Hoc cons. dominus Iesus Christus natus est VIII kal. Ian. d. Ven. luna xv., « 8 jours avant les calendes de janvier de Vénus », c'est-à-dire le 25 décembre) et du Sol Invictus le même jour (25 Mensis December)
- Un résumé de l'histoire de Rome jusqu'en 334 (avec le durée des règnes des empereurs).
Il est donc utile et précieux pour toutes les questions de datation et peut être recoupé avec d'autres sources littéraires et épigraphiques.

Le Calendrier de Filocalus (ou Philocalus, ou encore le calendrier philocalien) constitue la première édition du Chronographe sous la forme d'un manuscrit enluminé du IVe siècle fabriqué en 354 pour un chrétien du nom de Valentius. C’est le plus ancien codex à posséder des pleines pages d’enluminures.
Les illustrations sont connues uniquement par les dessins d’un manuscrit du XVIIe siècle, conservé à la Bibliothèque apostolique vaticane, fabriqué à partir d’une copie carolingienne. Ces dessins, bien qu’ils aient été copiés 2 fois, montrent la grande variété de sources d’inspiration utilisées par les premiers enlumineurs, parmi lesquelles le travail des métaux, les fresques, et les mosaïques.

Ce Chronographe est un ample calendrier latin. Son texte, d'une conception très proche de celle des almanachs modernes, est rédigé par Furius Dionysius Filocalus (lapicide Romain qui, une quinzaine d'années plus tard, grave les Épigrammes de Damase Ier, pape de 366 à 384). Mêlant fêtes païennes et fêtes chrétiennes, il a pour destinataire explicite un nommé Valentin(us), certainement un aristocrate Romain chrétien. Il n'en subsiste que des copies médiévales et modernes reproduisant le texte et les illustrations d'origine.

Ce document renferme de nombreuses données chronologiques :
1 - La dedicatio, de Furius Dionysius Filocalus à Valentinus.
2 - Les Tychés (Τύχαι) des 4 villes principales de l'Empire Romain :
Rome, siège du préfet du prétoire d'Italie,
Alexandrie,
Constantinople, siège de la préfecture du prétoire d'Orient
Trèves, siège de la préfecture du prétoire des Gaules
3 - Les Natales Caesarum, une liste de dates de commémoration du jour de naissance de 20 empereurs romains
4 - Schémas du mouvement de la Lune et du Soleil et des 5 planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne)
5 - L'Effectus XII Signorum, liste des 12 signes du zodiaque, classés par mode, à savoir : Les 4 signes cardinaux — Bélier (Aries), Cancer (Cancer), Balance (Libra), Capricorne (Capricornus) —, les 4 signes fixes — Taureau (Taurus), Lion (Leo), Scorpion (Scorpio) et Verseau (Aquarius) — les 4 signes mutables — Gémeaux (Gemini), Vierge (Virgo), Sagittaire (Sagittarius) et Poissons (Pisces)
6 - Le calendrier proprement dit, un calendrier julien contenant les principales fêtes religieuses Romaines, les jours de cirque (Circenses missus), de jeux (Ludi), de naissance (Natalis), ceux lors desquels le Sénat peut siéger (Senatus legitimus) et les jours Égyptiens (Dies Aegyptiacus), jours néfastes. les portraits des consuls Constance II (Flavius Iulius Constantius), auguste, et Constantius Gallus (Flavius Claudius Iulius Constantius Gallus), césar
7 - Les Fasti consulares, liste chronologique des consuls de Lucius Junius Brutus et Lucius Tarquinius Collatinus, de -508, à 354
8 - Un cycle pascal de 312 à 354, continué jusqu'en 410 par les copistes
9 - Une liste des préfets de la Ville de 254 à 354, jusqu'à Vitrasius Orfitus, qui entre en fonction le 8 décembre 353
10 - La depositio episcorum, une liste des jours de commémoration de la mort (depositio) des évêques de Rome (episcopi Urbis), depuis Étienne Ier, mort le 2 août (IIII non. Augustas) 257, jusqu'à Jules Ier (Iulius), mort le 12 avril 352
11 - La depositio martyrum, une liste des jours de commémoration de la mort de martyrs, comportant le jour de commémoration de la Nativité de Jésus-Christ et celui de la consécration de l'antique basilique vaticane
12 - Le Catalogus Liberianus, une liste des évêques de Rome de Saint Pierre jusqu'à Libère (Liberius) qui entre en fonction en 352
13 - La Notitia Regionum Urbis XIV, une description de la ville de Rome en 14 régions
14 - Le Liber generationis, une chronique mondiale de la création à 334
la Chronica Urbis Romae, une chronique de la ville de Rome de Picus à la mort de Licinius en 324, contenant la liste des rois de Laurentum celle des rois d'Albe la Longue, celle des rois de Rome une liste de dictateurs et d'empereurs Romains
15 - Les Fasti Vindobonenses, (annales de Vienne).

Le Chronographe de 354 est une compilation et a été composé au plus tôt en 336, date de la plus ancienne célébration de la naissance de Jésus Christ le 25 décembre et du Sol Invictus le même jour (XXV mensis Decembris)

Theodor Mommsen, Chronica Minora saec. IV, V, VI, VII, Monumenta Germaniae Historica, Auctores Antiquissimi, IX, Berlin, Weidmann, 1892, p. 13-148.
Henri Stern, Le Calendrier de 354. Étude de son texte et de ses illustrations. Paris, 1953.

Le volume initial n'a pas survécu, mais on pense qu'il existe encore des extraits en carolingiens copiés aux VIIe VIIIe siècles. Un certain nombre de copies ont été faites à cette époque, avec et sans illustrations, qui à leur tour ont été copiés à la Renaissance.
Les copies les plus complètes et fidèles des illustrations sont les dessins à la plume du XVIIe siècle et un manuscrit de la Barberini collection ( Bibliothèque du Vatican. Barberini lat. 2154. Cela a été soigneusement copié, sous la supervision du grandsu antiquaire Nicolas-Claude Fabri de Peiresc , à partir d'une copie, d'un Codex Luxembourgeois, qui a été lui-même perdu au XVIIe siècle. Ces dessins, bien qu'ils soient copiés 2 fois à partir des originaux, montre la variété des sources que les premiers enlumineurs ont utilisés comme modèles pour l'illustration du manuscrit, y compris les fresques et les mosaïques de sol.
Les originaux Romains sont probablement des miniatures peintes. Plusieurs copies ou adaptations partielles survivent de la renaissance carolingienne et à la Renaissance. Botticelli a adapté une figure de la ville de Treberis ( Trèves ) qui saisit un barbare par les cheveux pour sa peinture, traditionnellement appelé Pallas et le Centaure.
Le manuscrit du Vatican de Barberini, fait en 1620 pour Peiresc, qui est clairement le plus fidèle.
Après la mort de Peiresc en 1637 le manuscrit a disparu. Cependant, certains folios ont déjà été perdus avant Peiresc.
La suggestion de Carl Nordenfalk est que le Codex Luxemburgensis copié par Peiresc est en fait l'original Romain... Peiresc lui-même pense d'ailleurs que le manuscrit est âgé de 7 ou 800 ans bien que Mabillon n'a pas encore publié sa réédition diplomatica de (1681), le premier travail systématique de la paléographie. La plupart des chercheurs, après Schapiro, croient que Peiresc a été en mesure de porter un jugement correct sur ​​son âge.

Furius Dionysius Filocalus est le scribe menant ou calligraphe de la période, il a peut-être aussi exécuté les miniatures originales.
Son nom figure sur la page de dédicace. C'est un chrétien, vivant dans un moment charnière de l'empire Romain entre païen et chrétien.
Le Chronographe, comprend divers textes et listes, y compris d'élégantes représentations allégoriques des mois.
Il comprend également l'important Catalogue Libérien, une liste des papes, l'« Anniversaire des indomptés », « jeux commandés », « trente races » c'est la plus ancienne référence littéraire à la fête païenne de Sol Invictus.

Le codex d'origine a continué à servir longtemps après le jour de Valentinus. Polemius Silvius l'a probablement consulté, presque un siècle plus tard, pour son propre calendrier annoté de l'année 449.
Au VIe siècle, un planisphère pour l'année 579 a été préparé, qui semble avoir été illustré avec des copies des illustrations du codex de 354 .
D'autres traces de son existence sont que Saint Colomban de Luxeuil peut avoir copié son cycle pascal (602),
Une œuvre anglo-saxonne de 689 peut se référer à elle.

L'ancien codex existe encore au IXe siècle, quand, en raison de ses associations avec l'époque de Constantin, une copie complète et fidèle a été faite, maintenant perdue. En même temps, une copie non illustrée du texte a été effectué, soit directement à partir de l'original ou d'une copie. Ce dernier est maintenant à Saint-Gall (878).
Après cette date, il n'y a plus d'autre signe de l'original, en effet moins de 20 codex du IVe siècle survivent tout à fait (voir EA Lowe, Codices Latini Antiquiores, Oxford, 1934, vol . 1: codex I, IV, XIV-XV).


Pendant la renaissance, la découverte de la copie du IXe siècle a provoqué une grande excitation, inspirant plusieurs exemplaires au cours du XVIe et XVIIe siècles. Malheureusement, les feuilles ont été perdus au cours de la renaissance, et la meilleure copie (le Romanus), qui a été exécuté sous la supervision du savant Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, a été faite après cet événement.
La connaissance du texte est à partir des copies survivantes de la Renaissance, dont aucune n'est suffisante par elle-même...

Le texte est un précieux recueil des données brutes sur la société Romaine, mais en raison de sa nature sèche il est moins bien connue qu'il ne le mérite. Pas un seul volume contient une édition imprimée du Chronographe dans son ensemble...
Theodor Mommsen a publié la partie, le calendrier, par lui-même dans Inscriptiones Latinae Antiquissimae.
Le reste, sans les illustrations, il a publié dans la Monumenta Historica Germaniae, Chronica Minora. Les illustrations ne figurent que dans le volume récent de Michele Salzman, et se composent de photographies de manuscrits en monochrome, tous sans aucun doute en droit d'auteur.

Il y a aussi au Xe siècle un manuscrit à la Bibliothèque Municipale de Boulogne-sur-Mer.
Le fol. 30r est un planisphère généralement pensé pour être copié à partir de la même source que celle de Voss. Une copie de la planisphère de Boulogne peut être trouvée dans la Bibliothèque Municipale de Berne.
Dans la deuxième partie, H. Stern étudie le texte, ou plus exactement les parties « qui permettent de saisir la portée réelle (du Calendrier) au milieu du IVe « siècle », c'est-à-dire les parties astrologiques et les fêles. Il insiste avec raison sur l'idée que le Calendrier est un témoin exceptionnel pour la civilisation et les croyances en 384, et qu'il fait apparaître le caractère encore très conservateur et païen de la civilisation Romaine au IV siècle.
Les parties astrologiques comprennent :
a) La série des jours planétaires, commençant par Saturne, et qui correspond donc bien à la semaine païenne, et non à la semaine chrétienne, commençant par Sol.
b) Les heures planétaires, dont les tableaux, de part et d'autre des images des planètes, donnent les 12 heures de nuit et les 12 heures de jour, avec pour chacune sa planète et sa qualification (bona, noria, commuais)',
c) Les lettres lunaires, le texte des Fastes étant précédé de trois colonnes de lettres qui indiquent les nundinae, les jours de la semaine planétaire (en- partant de A == Saturne), et les phases de la lune de trois en trois jours ;
d) Les signes du zodiaque, indiquant pour chaque mois, par une notice et un dessin, la date de l'entrée du soleil dans un nouveau signe.
On voit que le Calendrier possède bien, comme le dit H. Stern, un caractère astrologique très marqué. Mais les fêtes, que l'auteur étudie ensuite, nous font entrer dans un monde tout différent, de caractère « officiel ».
Elles se divisent, en ce qui concerne les fêtes impériales, en deux groupes : Quelques grandes fêtes des dynasties ρré constantiniennes (23 jours), et les fêtes de la dynastie constantinienne (71 jours). C'est à ces dernières que s'attache H. Stern, qui d'une part y trouve le plus ancien exemple de natalis employé pour l'anniversaire de l'accession au trône (et non de la naissance), et de l'autre la confirmation que le Calendrier ne peut être que postérieur à la défaite de Magnence (28 sept. 351) et à son départ de Rome (automne 382). Il croit que ces fêtes, célébrées en l'honneur de princes chrétiens, ont encore un caractère religieux païen, et malgré l'interprétation souvent donnée du décret adressé par Constantin aux habitants il estime « hors de doute l'existence à l'époque du Calendrier) d'un culte païen en l'honneur de l'empereur » :
Il a certainement raison.
Quant aux mentions dans le Calendrier de fêtes religieuses, on tend à croire depuis Mommsen qu'elles concernent des fêtes neutres, également admises par les païens et les chrétiens, ne comportant ni sacrifices, ni cérémonies dans un temple : Bref le résultat dune révision de l'ancien calendrier Romain, expurgé de ce qui est incompatible avec le christianisme.

C'est une erreur. H. Stern montre, par l'illustration du Calendrier, par des textes et par des inscriptions, que plusieurs de ces fêtes ont encore en 354 un caractère religieux effectif et actif :
« les fastes du Calendrier ne sont ni un pieux souvenir, ni un document révisé sur l'ordre des empereurs chrétiens. »
Ceux-ci, en dépit des lois qu'ils promulguent, ont respecté à Rome le culte païen, et les privilèges des prêtres et des Vestales, comme le fera encore Constance II dans sa visite à Rome en 357, l'année peut-être où le préfet de la Ville Meminius Vitrasius Orfitus dédie un temple à Apollon.
Le préfet Tertullus en 359, ira sacrifier au temple des Dioscures à Ostie, et Saint Augustin déclare que iota fere romana nobilitas est païenne. C'est Gratien qui le premier refusera d'être pontifex maximus.

La démonstration en est fort bien conduite par H. Stern. Il n'en est d'ailleurs pas moins vrai que le destinataire du Calendrier, ce Valentin auquel s'adresse le vœu initial floreas in deo, est chrétien.
Parmi les fêtes consulaires, il y a les fêtes de la naissance et de la passion du Christ, de l'arrivée à Rome et du martyre de Pierre et de Paul,
Parmi les pièces annexes, il y a le cycle Pascal, la déposition martyrum et la deposition episcoporum. qui viennent des documents officiels de l'Église, il y a un catalogue des préfets de la Ville, dont Mommsen a montré qu'il vient aussi des archives épiscopales Romaines, non de celles de la Préfecture urbaine, enfin il y a le liber generalionis.
Bref, nous avons la juxtaposition d'un calendrier païen et d'un calendrier chrétien : Produit très caractéristique de la civilisation romaine du temps.
Valentin est chrétien, mais il admet le culte païen, et il a besoin d'en connaître les fêtes, toujours intimement mêlées à la vie publique.

La 3e et la 4e partie de l'ouvrage, consacrées à l'illustration, les thèmes et l'iconographie d'une part, l'étude artistique de l'autre. Le programme de cette illustration est par excellence celui de l'art profane de l'époque, images des villes, des empereurs, des consuls, images astrologiques, représentations des mois
L'auteur montre que cette illustration a été conçue pour un codex, et non pour un rouleau de papyrus. Il insiste sur l'importance exceptionnelle des décors architecturaux, qu'on ne retrouve ensuite que beaucoup plus tard, et qui classent le Calendrier à part des autres manuscrits très anciens (Virgile du Vatican, Homère de l'Ambrosienne), qui sont des manuscrits à peintures, Ces cadres architecturaux qui font l'originalité du Calendrier, faut-il en chercher l'explication dans la théologie impériale du IVe siècle, dans un désir de placer un homme dans une aire à part qui le dégage de celle du commun des mortels ?
Aussi bien avons-nous affaire ici à un ouvrage de luxe, de caractère exceptionnel H. Stern y discerne, à côté de motifs ornementaux nettement Romains, d'autres qui viennent de l'Est.

D'où deux hypothèses ; un artiste Gréco-Oriental, acclimaté, à Rome, a créé ce décor, ou une école d'enlumineurs, formée à Rome bien avant 354, a subi à un moment donné l'influence de l'Est.
L'auteur ne choisit pas, et sagement s'abstient de poser nettement la fameuse question « Orient ou Rome... Il conclut que le Calendrier est le produit de l'art cosmopolite de l'empire Romain, dans lequel les éléments Grecs, Orientaux et Latins sont fondus dans un style décoratif dont les attaches locales sont difficiles à discerner.
La présentation matérielle du livre est excellente, les fautes typographiques très rares. Et l'on a plaisir à signaler qu'à un très petit nombre de lapsus près la langue de l'auteur a la correction et la clarté qui sont les deux qualités essentielles du style scientifique...


Chronographe de 354 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronographe_de_354
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