Ier JUIN 2016...
Cette
page concerne l'année 341 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LORSQU'UN
ROI A PEUR DE PERDRE LA FACE PAR LA MULTITUDE DES CHRÉTIENS .
17
avril : Simon ou Syméon bar Sabbae, l'évêque de
Séleucie-Ctésiphon, est exécuté pour avoir refusé de lever les
impôts pour les Sassanides. Des milliers de chrétiens sont exécutés
dans la région de Beth Huzaye (Khuzestan) puis dans toute la
province de Séleucie-Ctésiphon...
Liste
des primats de l'Église de l'Orient, aujourd'hui dénommée Église
apostolique Assyrienne de l'Orient... La particule Mar qui précède
le nom est une particule honorifique correspondant à peu près au
Mgr des catholiques latins.
Ces
évêques siègent à Séleucie-Ctésiphon:
- Saint Thomas (c.35-37)
- Mar Addai (Thadée) (37-65)
- Mar Agai (66-87)
- Mar Mari, disciple d'Addai (88-120)
- Mar Abris (121-137)
- Mar Abraham Ier de Kachkar (159-171)
- Mar Yacob Ier (172-190)
- Mar Ahha d'Aboui (190-220)
- Mar Shahioupa (220-240)
Simon
bar Sabbae, mort en 341, est évêque et deuxième catholicos de
Séleucie et Ctésiphon, élu vers 326/327 à la suite de la mort de
son prédécesseur Papa bar Aggai, dont il était coadjuteur depuis
316.
À
cette époque, la Perse est en guerre contre l'Empire Romain, et
lorsque l'empereur Perse Shapur II augmente les impôts exigés des
chrétiens pour faire face aux dépenses de guerre, Simon refuse,
accusé de fraterniser avec l'Empire Romain Shapour II ordonne la
mort de tous les prêtres chrétiens, ce qui est une occasion de se
débarrasser d'une communauté hostile au conflit avec la Byzance
chrétienne.
Le
nombre des chrétiens est grand en Perse au IVe siècle, mais
l'empereur Shapur II pendant son long règne de 310 à 380, confond
l'empire Romain et la foi chrétienne. Il y a ainsi 3 grandes
persécutions, dont l'une condamne les chrétiens à devenir
esclaves.
Saint
Siméon écrit à l'empereur, il est arrêté, chargé de chaînes et
traîné de Séleucie jusqu'à Suse. Le vieil évêque est mené
devant l'empereur lui-même qui le condamne à être décapité. Tiré
de la prison en même temps qu'une centaine d'autres chrétiens,
prêtres et évêques qui sont tués, les uns après les autres,
Saint Siméon le dernier, pour avoir refusé d'adorer le soleil...
Le
roi des rois a besoin d'argent pour mener ses guerres contre les
Romains. Il double les impôts sur les chrétiens qui sont réduits à
l'indigence devant la cruauté des percepteurs. Beaucoup renièrent
leur foi pour survivre. D'autres, comme l'évêque de Séleucie,
Saint Syméon Bar Sabbée, refusent de se soumettre. Les mages, de
leur côté, engagent le roi à faire disparaître ces chrétiens
qui, par centaines, sont entassés dans les prisons... Le Vendredi
Saint 341, le catholicos est décapité et ce martyre marque le début
d'une persécution générale durant près de 40 ans.
Les
chrétiens sont alors persécutés, les églises détruites et, Simon
ayant refusé d'idolâtrer le soleil comme le zoroastrisme l'exige,
est décapité le Vendredi Saint 17 avril 341 avec de nombreux
religieux et laïcs : Abdella (ou Abdhaihla), Ananias (Hannanja),
Chusdazat (Guhashtazad, Usthazan, ou Gothazat), le prêtre Pusai
(Pusei, Phusikos, Fusicus, Pusicius) avec sa fille Askitrea (« Vierge
et martyre »), l'eunuque Gochth (Azad / Asatus) etc., estimés
à 100 ou 1 150 selon les sources. Al Masû'dî estime ce nombre
à 200 000 victimes et Sozomène à 16 000...
Martyr
et Saint, il est vénéré le 17 avril dans l'Église orthodoxe, le
21 avril dans l'Église catholique latine, le 14 avril dans l'Église
catholique syriaque et le 30 avril dans l'Église grecque-catholique
melkite.
On
commémore également un grand nombre de martyrs, qui, après la mort
de Saint Siméon, sont frappés par l’épée à travers toute la
Perse, pour le nom du Christ, sous le même roi Sapor II, de 341 à
345.
« L'orage
qui fond sur nous ne peut être comparé qu'à l'horrible persécution
du temps des Machabées : Ces temps-là, en effet, sont vraiment les
jours de la vengeance divine que le prophète a annoncés par cet
oracle : « Malheur à qui vit dans ces jours de la colère de Dieu !
Des légions viendront des régions de l'Occident, et désoleront la
terre. » Ces paroles désignaient les Grecs, dont les Machabées ont
essuyé la fureur ».
(apparemment l'orage fond de nouveau sur nous, notre foi à pâli,
entraînant avec elle la charité vrai, la compassion, l'honnêteté,
le goût du travail bien fait, et de la protection des faibles et des
malades)
C'est
à la 117 année de l'empire des Perses, et la 31 année du règne de
Sapor II, roi des rois, que cette calamité tombe sur notre Église.
Siméon Bar-Sabbâé, (fils du Foulon), nom qu'il justifie
parfaitement, est alors évêque de Séleucie-Ctésiphon, si son père
teint la pourpre qui orne les rois impies, il rougit de son sang
celle qu'il porte dans le ciel. Siméon donne volontairement sa vie
pour Dieu et pour son peuple, et, révolté des attentats de
l'impiété contre l’Église, il imite Judas Machabée, qui, lui
aussi, dans des temps non moins malheureux, cherche la mort.
« O
couple illustre de pontifes, Judas, Siméon ! Tous deux ont
reconquis la liberté de leur peuple, l'un par ses armes, l'autre par
son martyre. L'un est vainqueur et s'illustre par sa victoire,
l'autre triomphe en succombant.
Judas,
en versant le sang de l'étranger, élève son pays au faîte de la
puissance et de la gloire, Siméon, en versant son propre sang, brise
le joug de la servitude qui pèse sur son Église.
L'un
remplit le précepte du Seigneur comme un juge, rendant la mort pour
la mort, mourant lui-même pour le salut des siens, et, l'autre,
comme un obéissant serviteur, selon la parole évangélique, tend sa
tête au bourreau :
« Si
l'on vous frappe sur la joue droite, présentez encore la joue
gauche, » ;
Par
les expiations de son sacerdoce, l'un soulage les âmes captives dans
les limbes, l'autre rappelle à la vie ceux qui dorment de la mort du
péché.
Ainsi
donc, Siméon, le pontife illustre, plaçant toute sa confiance en
Dieu, fait répondre au roi :
«
Le Christ a racheté son Église par sa mort, et acquiert la liberté
à son peuple par son sang, il a fait tomber de nos têtes le joug de
la servitude, et nous a délivrés des lourds fardeaux. De plus, en
nous promettant de magnifiques récompenses pour la vie future, il a
enflammé nos espérances : Car son empire est éternel et ne périt
jamais.
Donc,
tant que Jésus sera le Roi des rois, nous sommes résolus à ne pas
courber la tête sous ton joug :
Dieu
nous garde de renoncer à la liberté qu'il nous a donnée pour
devenir tes esclaves !
Le
Seigneur à qui nous avons juré obéissance et fidélité est
l'auteur et le modérateur de ta puissance : Nous ne souffrirons pas
l'injuste domination de ceux qui ne sont, comme nous, que ses
serviteurs.
Sache-le
encore, notre Dieu est le créateur des choses que tu adores à sa
place, et selon nous ce serait une impiété et un crime d'égaler au
Dieu suprême les choses qu'il a créées, et qui, te sont
semblables.
Et
puis, tu nous demandes de l'or, sache que le Seigneur nous a défendu
d'avoir ni or ni argent, enfin l'Apôtre nous a dit :
«
Vous avez été achetés un grand prix, ne vous faites pas les
esclaves des hommes. » Ainsi parle Siméon.
On
le rapporte sur-le-champ au roi, qui s'indigne et fait répondre à
l'évêque :
«
Tu es fou, d'exposer par ton audace téméraire ta vie et celle de
ton peuple, et d'attirer sur toi et sur lui une mort certaine. Ton
incroyable orgueil te pousse à l'entraîner dans la désobéissance.
Eh bien ! je vais sur-le-champ rompre ce pernicieux complot, et
vous bannir à jamais de la société et de la mémoire des hommes. »
Ainsi parla le roi.
Siméon,
nullement troublé, répond :
«
Jésus s'est offert à la mort la plus cruelle pour racheter le
monde, et moi, néant, je craindrais de donner ma vie pour ce peuple,
quand je me suis dévoué volontairement à son salut ! Sache
bien, sire, que Siméon mourra plutôt que de livrer son troupeau à
tes exacteurs. Je ne tiens pas à la vie si je ne puis que vivre
criminel, et pour la prolonger de quelques jours, je ne laisserai pas
accabler des misères de la servitude ceux que mon Dieu a affranchis.
Oserais-je rechercher l'oisiveté et les délices ? Dieu me garde
d'assurer ma sécurité en perdant ceux qu'il a rachetés de son
sang, d'acheter les commodités de la vie au prix des âmes que le
Christ a aimées, de m'assurer des jouissances par l'affliction de
ceux que la mort du Sauveur a délivrés de l'esclavage. Non, je ne
suis pas tellement lâche, je n'ai pas aux pieds de telles entraves,
que je n'ose marcher sur les traces de Jésus, que je tremble de
suivre la voie de sa passion, que je frémisse de m'associer au
sacrifice par lequel ce véritable pontife s'est immolé. Je veux
tendre ma tête au glaive, et mourir pour mon peuple. Et que mon
sacrifice est peu de chose comparé à celui de mon maître !
Quant
à la ruine dont tu menaces mes fidèles, c'est ton impiété qui en
sera cause, et non mon dévouement pour Dieu et son peuple, par
conséquent ton sang et non le mien devra laver ce crime, mon peuple
et moi en serons innocents. Mon peuple est prêt comme moi à donner
sa vie au salut de son âme : Tu le sauras bientôt. »
Alors
le roi, pareil au lion qui, ayant flairé le sang humain, ne respire
plus que le carnage, se livre à une colère folle, et l'agitation de
son âme se manifeste par le trouble de tout son corps. Il grince des
dents, frémit, menace de tout renverser, de tout détruire... Il
cède aux mouvements les plus désordonnés de la fureur, impatient
de boire le sang innocent et de dévorer les chairs des saints. Enfin
il fait entendre un rugissement effroyable, et publie un édit
terrible, qui ordonne de poursuivre aussitôt les prêtres et les
lévites, de renverser les églises de fond en comble, de souiller et
de faire profaner les instruments du culte divin.
«
Siméon, dit le roi, Siméon, ce chef de magiciens, méprise la
majesté royale, il n'obéit qu'à César, n'adore que le Dieu de
César, il insulte et outrage le mien : Qu'on me l'amène et qu'on
instruise son procès en ma présence. »
L'occasion
est belle pour les Juifs, ces constants ennemis des chrétiens, ils
mettent tout en œuvre pour animer encore la colère du prince, et
assurer la perte de Siméon et de son Église, on les retrouve
toujours, dans les temps de persécution, fidèles à leur haine
implacable, et ne reculant devant aucune accusation calomnieuse.
C'est ainsi qu'autrefois leurs clameurs forcenées ont contraint
Pilate à condamner Jésus-Christ.
«
Sire, si tu écrivais à César les lettres les plus magnifiques,
accompagnées des plus beaux présents, César n'en ferait aucun cas.
Que Siméon, au contraire, lui écrive un billet, quelques mots
seulement, aussitôt César se lèvera, il adorera cette misérable
page, il la prendra respectueusement dans ses deux mains, et
commandera que sur-le-champ on y satisfasse. »
Combien
ces délateurs de Siméon ressemblent à ces témoins menteurs qui se
sont levé contre le Seigneur !
Siméon
est enchaîné et conduit au pays des Huzites, avec deux des 12
prêtres de son église, qui se nomment Ardhaïclas et Hananias.
En
traversant Suse, sa patrie, une église chrétienne se trouve sur son
passage ; il prie ses gardes de faire un détour, parce que peu de
jours auparavant les mages ont livré cette église aux Juifs, qui en
ont fait une synagogue.
«
Je crains, dit l'évêque, que la vue d'une église ruinée n'ébranle
mon courage, réservé à des épreuves plus rudes encore.»
En
peu de jours, Siméon arrive à Lédan. Dès que le grand préfet
l'apprend, il annonce au roi l'arrivée du chef des chrétiens,
aussitôt Siméon est introduit ; mais il ne se prosterne pas devant
le roi, qui s'en indigne.
«
Je vois, dit-il, la vérité de tout ce que l'on m'a rapporté contre
toi. Autrefois, vil esclave, tu te prosternais sans difficulté en ma
présence. Pourquoi aujourd'hui me refuses-tu cet honneur ?
— C'est,
répondit Siméon, qu'autrefois je ne paraissais pas devant toi
enchaîné, ni pour être forcé, comme aujourd'hui, à renier le
vrai Dieu. »
Les
mages, présents en grand nombre, disent au roi :
«
Sire, il conspire contre l'empire et contre toi, il refuse de payer
les impôts, qui doutera qu'il mérite la mort ?
— Misérables,
s'écrit Siméon, n'est-ce point assez pour vous d'avoir abandonné
Dieu et perdu ce royaume ? faut-il encore que vous cherchiez à nous
faire partager le même crime et le même malheur ? »
Le
roi, adoucissant alors son visage, lui dit :
«
Assez, Siméon. Crois-moi, je te veux du bien. Adore le soleil, et tu
te sauves, toi et les tiens. »
«
Je ne peux pas t'adorer, sire, quoique tu sois bien supérieur au
soleil, puisque tu as esprit et sagesse, et je serais assez fou pour
adorer un dieu sans âme, sans intelligence, incapable de nous
discerner toi et moi, ni de te récompenser toi qui le sers, et de me
punir moi qui l'insulte !
Tu
dis qu'en t'écoutant je sauverais mon peuple, mais apprends que
nous, chrétiens, nous n'avons qu'un seul Sauveur, le Christ, attaché
à la croix, et moi, le dernier de ses serviteurs, je mourrai pour
lui, pour mon peuple, pour moi-même. Arrière la frayeur, je me sens
invincible, j'éviterai la bassesse et le déshonneur, je mériterai
la gloire.
Je
ne suis pas un enfant qu'on gagne par des bagatelles, je suis vieux
et je garderai la dignité de mon caractère, j'achèverai
fidèlement, saintement, mon œuvre. Au reste, ce m'est pas à moi,
qu'une lumière supérieure et divine éclaire, à en discuter avec
toi. »
«
Si au moins tu adorais un Dieu vivant, ta folie serait excusable,
mais tu dis que ton Dieu est mort supplicié. Laisse ces chimères,
Siméon, et adore le soleil, par qui tout ce qui est subsiste, si tu
y consens, je te promets richesses, honneurs, dignités, tout ce que
tu voudras. »
«
Jésus est le créateur du soleil et du genre humain, quand il a
expiré entre les mains de ses ennemis, le soleil, comme un serviteur
a pris le deuil à la mort de sons maître, s'est éclipsé pour lui,
il a ressuscité des morts après trois jours, puis est monté aux
cieux au milieu des concerts des anges. En vain tu espères me
séduire par tes présents, tes dignités, tes honneurs, j'en attends
de bien plus magnifiques, et si grands, que tu n'en as pas l'idée,
mais moi, ma religion et ma foi me l'apprennent.
«
Siméon, que tu es sot ! Pour un fol attachement à tes idées, à
tes rêves, tu vas faire périr tout un peuple. Siméon, épargne la
vie, épargne le sang d'une multitude que je punirai à cause de toi,
avec rigueur. »
«
Si tu verses le sang des chrétiens, tu sentiras l'énormité de ton
crime au jour où tes œuvres seront examinées à la face de tout
l'univers, en ce jour, sire, où tu rendras compte de ta vie. Des
chrétiens ne font qu'échanger la jouissance d'une vie qui passe
contre un royaume éternel. Quant à moi, rien ne me fera renoncer à
la vie qui m'est réservée dans le Christ, pour cette vie fragile et
mortelle, je te l'abandonne ; elle est dans tes mains, elle est à
toi, prends-la donc, si tu la veux, hâte-toi de la prendre. »
«
Quelle audace ! Il méprise sa vie. Mais j'aurai pitié de tes
sectateurs, et j'espère, par la sévérité de ton châtiment, les
guérir d'une pareille folie. »
«
Essaie, et tu verras si les chrétiens sacrifieront la vie qui les
attend dans le sein de Dieu, pour celle qu'ils partageraient avec toi
ici-bas. Allume la flamme de tes bûchers, jettes-y cet or, et tu
reconnaîtras que la fermeté des chrétiens est invincible, et que
tes cruautés n'en triompheront jamais. Nous avons tous de la vérité
de notre foi une persuasion intime et profonde, et à cause de cela
nous souffrirons tous les tourments plutôt que de la trahir. Je ne
veux te dire que ce mot, sire : Notre nom de chrétien, ce nom
auguste et immortel qui nous vient du Christ notre Sauveur, nous ne
consentirons jamais à l'échanger contre ton grand nom lui-même. »
«Eh
bien, si tu ne me rends en présence de ma cour les honneurs
accoutumés, ou si tu refuses de m'adorer avec le soleil, divinité
de tout l'Orient, dés demain, je défigure ta face si belle, je mets
en sang tout ton corps, d'un aspect si vénérable et si auguste. »
«
Tu dis que le soleil est Dieu, et tu l'égales à toi, qui es un
homme, car tu réclamais tout à l'heure le même culte que lui. En
réalité cependant, tu es plus grand que lui. Ensuite tu me fais des
menaces, tu veux défigurer je ne sais quelle beauté de mon corps.
Qu'importe ? Ce corps a un réparateur qui le ressuscitera un jour,
et lui rendra avec usure cet éclat de beauté d'ailleurs bien
méprisable : C'est lui qui l'a créé de rien, c'est lui aussi qui
l'a orné. »
A
la fin, le roi fit mettre aux fers Siméon, et on le garda dans, un
cachot jusqu'au lendemain, il pensait que la réflexion changerait
Siméon.
Il
y a à la porte du palais par où doit passer Siméon un vieil
eunuque qui a élevé le roi, et qui exerce la charge d'arzabade, ou
grand chambellan, c'est un homme très considéré dans le royaume,
nommé Gouschtazad. Par crainte de la persécution, il a abjuré la
foi, et adoré publiquement le soleil. Quand Siméon passe devant
lui, il s'agenouille et le salue. Mais le saint évêque, pour ne pas
voir l'apostat, détourne les yeux avec horreur.
Ce
reproche touche l'eunuque, il se rappelle son apostasie, gémit,
pleure et se dit à lui-même :
«
Si Siméon, qui a été mon ami, a conçu une telle indignation
contre moi, que fera Dieu, que j'ai trahi ? »
Là-dessus,
il court à sa maison, quitte ses habits somptueux, prend ses
vêtements noirs, et avec ces marques de deuil revient s'asseoir dans
le palais, à la même place.
Cette
action étonne tout le monde, le roi lui-même en a connaissance, et
il envoie demander à l'eunuque le motif d'une conduite si étrange.
«
Pourquoi, quand le roi est en bonne santé, et porte sa couronne,
t'imagines-tu de prendre des habits de deuil, et de paraître ainsi
en public? As-tu perdu ton fils? ton épouse repose-t-elle dans ta
maison, attendant-la sépulture ? S'il n'en peut être ainsi,
pourquoi avoir pris le deuil, comme si tu avais essuyé ces malheurs
? » Voilà ce que le roi fait dire à l'eunuque.
L'eunuque
lui fait répondre : « Je suis coupable, je l'avoue, punis-moi du
dernier supplice, je le mérite. »
Le
roi, ne comprenant rien à cette réponse, se le fait amener, afin de
lui demander à lui-même la raison de ces étrangetés.
«
Il faut que quelque malin esprit te possède, pour menacer mon règne
de ce funeste présage. »
— Non,
répond Gouschtazad, aucun malin esprit ne me possède, je suis tout
à fait maître de moi, et mes pensées conviennent parfaitement à
un vieillard.
— Pourquoi
donc alors, dit le roi, as-tu paru tout à coup avec ces habits de
deuil, comme un furieux ? Pourquoi as-tu répondu à mon envoyé que
tu es indigne de vivre.
— J'ai
pris le deuil, répond Gouschtazad, à cause de ma double perfidie
envers mon Dieu et envers toi : Envers mon Dieu, car j'ai violé la
foi que je lui ai jurée, j'ai préféré à sa vérité ta faveur,
et envers toi, car, contraint d'adorer le soleil, je l'ai fait avec
feinte et hypocrisie, mon cœur intérieurement proteste contre ma
conduite.
— Est-ce
là, vieil imbécile, la cause de ta douleur ? Je t'aurai bientôt
guéri si tu persistes.
— J'atteste
le Dieu du ciel et de la terre que désormais je n'obéirai plus à
tes ordres, et qu'on ne me verra plus faire ce que je gémis d'avoir
fait. Je suis chrétien, et je ne sacrifierai plus le vrai Dieu à un
perfide.
— J'ai
pitié de ta vieillesse, il m'en coûte de te voir perdre le prix de
tes longs services envers mon père et envers moi. Je t'en prie,
abandonne les rêveries de ces imposteurs, si tu ne veux périr
misérablement avec eux.
— Sire,
ni toi, ni tous les grands de ton empire, ne me persuaderez jamais de
préférer la créature au Créateur, et d'outrager le Dieu suprême
en adorant les œuvres de ses mains.
— Coquin,
est-ce donc que j'adore des créatures ?
— Si
au moins tu adorais des créatures vivantes et animées ! Mais,
c'est honteux, tu adores des êtres privés de vie et de raison, une
matière destinée au service de l'homme. »
La
fureur du roi ne connaît plus de bornes, et sur-le-champ il condamne
à mort Gouschtazad. Les officiers insistent pour l'exécution
immédiate.
«
Donnez-moi une heure, leur dit Gouschtazad, j'ai encore quelques mots
à faire dire au roi. »
Il
appelle un eunuque, et le prie de porter au roi ces paroles :
« Tu
as toi-même tout à l'heure rendu témoignage de mon zèle et de mon
dévouement, tu sais combien fidèlement j'ai servi toi et ton père.
Pour récompense, je ne te demande qu'une grâce, c'est de faire
annoncer par la voix du crieur public que Gouschtazad est conduit au
supplice, non pour avoir trahi les secrets du roi, non pour avoir
comploté, mais parce qu'il est chrétien et qu'il a refusé de
renier son Dieu. »
Mon
apostasie, a été connue de tous, et peut-être ma lâcheté en
a-t-elle ébranlé plusieurs. Si l'on apprend maintenant mon
supplice, et qu'on en ignore la cause, il ne sera d'aucun exemple aux
fidèles. Je les fortifierai, au contraire, si je leur fais savoir ma
pénitence, et s'ils me voient mourir pour Jésus-Christ.
Mon
martyre sera pour les chrétiens un éternel exemple de courage, qui
raffermira leurs âmes et rallumera leur ardeur.
Le
roi accède au désir de Gouschtazad, et fait proclamer par un crieur
tout ce qu'il a souhaité. croyant que cet exemple effraiera la
multitude et lui fera abandonner la foi chrétienne, et il ne
comprend pas, l'insensé tyran, que ce courageux repentir sera
l'aiguillon qui poussera les fidèles à la mort.
Le
jour même du Vendredi Saint, à la troisième heure, le roi fait
prendre par ses gardes et amener devant le tribunal Siméon, qui,
cette fois encore, ne se prosterne pas devant le roi.
«
Eh bien, entêté, lui dit le prince, as-tu réfléchi cette nuit ?
Vas-tu profiter de ma bienveillance, qui t'offre la vie? Ou veux-tu
demeurer rebelle et mourir?
— Oui,
oui, je persévère, et toute cette nuit la pensée de mon salut a
éloigné de moi le sommeil, et j'ai compris combien ton inimitié
est plus précieuse pour moi que ta bienveillance.
— Adore
le soleil une fois, une fois seulement, et je me déclare ton
protecteur contre tous tes ennemis.
— A
Dieu ne plaise que je donne à ceux qui me poursuivent d'une haine
injuste ce sujet de triomphe, et que mes ennemis puissent dire jamais
: Siméon est un lâche, qui, par peur de la mort, a sacrifié son
Dieu à une vaine idole.
— Le
souvenir de notre ancienne amitié m'a porté à la douceur, à
t'aider de mes conseils, à chercher à te sauver, mais, puisque tous
mes efforts ont été inutiles, les suites te regardent.
— Peines
perdues. Que tardes-tu à me faire mourir ! L'heure a sonné :
Hâte-toi donc, un repas céleste m'attend, la table est servie, et
on me demande pourquoi je tarde encore. »
Cependant
le roi, en présence même de Siméon, dit aux satrapes et aux
officiers qui l'entourent :
«
Voyez-vous, quel beau visage, quel port majestueux ! J'ai voyagé au
loin et dans tout mon royaume, et nulle part je n'ai vu tant de grâce
unie à tant de dignité. Imaginez maintenant la folie de cet homme
qui se sacrifie à des chimères !
— Il
n'est pas sage, sire, répondent unanimement les satrapes, de
t'arrêter à la beauté d'un seul homme, et de fermer les yeux au
grand nombre des victimes qu'il a séduites et entraînées dans
l'erreur. »
Il
y avait aussi dans les prisons 100 autres chrétiens, parmi lesquels
des évêques, des prêtres, des diacres ou des clercs. Ils furent
tous tirés de prison en même temps, et conduits à la mort.
Quand
le grand juge leur lit l'édit du roi, conçu en ces termes :
«
Que celui qui veut sauver sa vie adore le soleil »,
ils
répondent tous ensemble :
«
Nous croyons au seul Dieu véritable, et notre foi se moque de vos
supplices, nous aimons le Christ, et notre amour se fait un jeu de la
mort, vos glaives ne sont encore pas assez tranchants pour enlever de
nos cœurs l'espérance de notre future résurrection. Nous l'avons
tous juré, nous n'adorerons pas le soleil, nous ne suivrons pas vos
conseils impies. Bourreau, fais ton métier. »
Le
roi a commandé de frapper cette troupe de saints sous les yeux de
Siméon, espérant que l'horreur de leur supplice l'ébranle. Mais
pendant que ces glorieux martyrs tombent sous le glaive, Siméon,
debout devant eux, leur crie : « Courage, mes frères, et confiance
en Dieu. Votre résurrection descendra avec vous dans la tombe, et
quand la trompette de l'ange réveillera les morts, vous l'entendrez,
et vous vous lèverez. Le Christ aussi a été immolé, et il est
vivant : Par votre mort vous trouverez la vie en lui : Ne
craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l'âme.
Quiconque perd sa vie pour moi la retrouvera dans la vie éternelle.
La marque du vrai amour, c'est de mourir pour celui qu'on aime. ».
Écoutez
l'Apôtre qui vous crie : « Rappelez-vous que Jésus-Christ est
ressuscité des morts. Par conséquent, si nous mourons avec lui,
nous vivrons aussi avec lui. Et si nous partageons sa passion, nous
partagerons aussi sa gloire. Et si nous donnons notre vie pour Jésus,
la vie de Jésus se manifestera aussi un jour dans notre corps
mortel. Il semble maintenant que la mort est en nous, et la vie en
vous, mais sachez, très chers frères, qu'à notre mort succédera
une vie éternelle, et à votre vie une éternelle mort, car celui
qui nie Dieu n'aura pas la vie. Et si maintenant nous souffrons un
peu, une gloire immense, un éternel bonheur seront le prix de ces
souffrances. Au dehors, notre corps tombe en poussière, mais au
dedans, notre âme se renouvelle, car celui qui a rappelé
Notre-Seigneur Jésus-Christ des morts, nous ressuscitera aussi pour
régner avec lui. Si, pendant notre séjour ici-bas, nous sommes
morts pour le Seigneur, en quittant cette terre nous irons avec le
Seigneur dans la gloire. »
Les
martyrs décapités, et couronnés de leurs 100 couronnes, une triple
palme est encore offerte à la très Sainte Trinité par Siméon et
les deux vieillards ses compagnons, immolés les derniers... Au
moment du supplice, un des compagnons de Siméon pendant qu'il ôte
ses habits et que les bourreaux l'attachent, est tout à coup saisi
d'une crainte involontaire, et se met à trembler de tout son corps,
son cœur toutefois demeure inébranlable.
A
cette vue, Possi, personnage considérable, nommé tout récemment
intendant des travaux publics, encourage le tremblant vieillard.
«
Courage, Hananias , lui crie-t-il, ferme un instant les yeux, et tu
les ouvriras à la lumière du Christ. » Conduit sur-le-champ au roi
pour rendre compte de cette parole...
Le
roi lui dit : « Ingrat, voilà le cas que tu fais de mes bienfaits
élevé par moi à une haute dignité, tu en négliges les devoirs,
pour aller voir mourir des coquins !
Cette
négligence, répond Possi, c'est mon devoir, et je veut échanger ma
vie pour leur mort. La dignité dont vous m'avez décoré est pleine
de troubles et de peines, et j'en fais volontiers le sacrifice, mais
leur mort est à mes yeux le comble du bonheur, je la désire et la
demande.
— Tu
es assez fou de préférer leur supplice à ton emploi, et de vouloir
partager leur sort ?
— Oui,
oui. Je suis chrétien, et mon espérance au Dieu des chrétiens est
si ferme et si sûre, que j'attache infiniment plus de prix au
supplice des martyrs qu'à tous les honneurs.
Le
roi, furieux, dit aux bourreaux :
«
Pour celui-ci, il ne faut pas un supplice ordinaire. Puisqu'il a eu
l'audace de fouler aux pieds les dignités dont je l'ai honoré,
puisqu'il a insulté ma majesté royale, percez-lui le cou et
arrachez-lui sa langue insolente, que l'atrocité de son supplice
épouvante tous ceux qui en seront témoins. »
Les
bourreaux exécutent cet ordre avec une cruauté barbare, et Possi
meurt dans cette horrible torture...
Possi
a une fille, qui a consacré à Dieu sa virginité. Accusée aussi
d'être chrétienne, elle meurt pour Jésus-Christ, son espérance et
son Sauveur.
Depuis
la publication de l'édit, c'est-à-dire depuis la 6e heure du
Vendredi Saint jusqu'au dimanche de la seconde semaine de la
Pentecôte, le carnage n'arrête pas. Heureux jours que ces jours du
martyre ! Alors les époux du Christ, régénérés dans un second
baptême, n'ont plus à craindre pour l'avenir les souillures du
péché : Ceux qui se sont humiliés pendant 40 jours dans le jeûne
et les larmes s'assoient sur des trônes de gloire, et se reposent
dans une félicité sans fin !
Dès
qu'on apprend la persécution, les chrétiens accourent de toutes
parts, réclamant l'honneur du martyre. On les égorge par troupes :
Les satrapes des provinces les plus éloignées en ont rempli les
prisons, en attendant l'édit qui permettra de les mettre à mort.
Le
glaive, enivré du sang des saints, en est plus altéré encore,
l'épée, rassasiée de leurs chairs, en est plus avide.
Les
bourreaux et les martyrs sont également altérés et affamés : Le
sang coule à flots pour étancher cette soif, une table abondante
est dressée pour apaiser cette faim. Et les bourreaux et les martyrs
se jettent avec une égale avidité sur ce breuvage et sur ces mets,
ceux-ci tendent la tête au glaive, ceux-là aiguisent le fer, les
corps des saints tombent de tous côtés, la mort rugit, le sang
couvre la terre, l'enfer tressaille de joie dans ses abîmes.
On
se hâte tellement dans ces affreuses exécutions, qu'on égorge,
sans aucun examen préalable, sur le seul nom de chrétien.
C'est
ainsi qu'un eunuque chéri du roi, nommé Azad, périt dans la foule
des martyrs, après avoir confessé Jésus-Christ. Quand le roi
l'apprend, il s'en désole et publie sur-le-champ un édit pour
arrêter ces exécutions en masse, et prescrire d'informer seulement
contre les chefs de la religion de Jésus-Christ...
Cette
persécution moissonne une multitude d'hommes, de femmes et d'enfants
dont les noms ne nous sont pas parvenus, excepté ceux qui ont
souffert le martyre dans la ville royale... Beaucoup sont étrangers
à la Perse. Beaucoup
de soldats des armées du roi, qui confessent glorieusement
Jésus-Christ, grossissent aussi le nombre des martyrs.
Saint SYMÉON (SIMÉON) BAR-SABBAE de CTÉSIPHON, évêque, et ...
har22201.blogspot.com/2015/04/saint-symeon-simeon-bar-sabbae-de.html
17
avr. 2015 - En Perse, l'an 341, la passion de saint Siméon bar
Sabas, évêque de Séleucie et Ctésiphon. ... En la cent
quarante-troisième année de l'empire des Grecs, et la ..... O
Siméon, tu me rappelles Simon Pierre le pêcheur !
341
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/341
Cette
page concerne l'année 341 du calendrier julien. Sommaire. [masquer].
1 Événements; 2 ... 17 avril : Simon bar Sabbae, l'évêque de
Séleucie-Ctésiphon, est exécuté pour avoir refusé de lever les
impôts pour les Sassanides (ou le 14 ...
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12/06/16
Formation
de l'Église de Perse - Persée
www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1910_num_13_84_3869
de
S Vailhé - 1910
Échos
d'Orient Année 1910 Volume 13 Numéro 84 pp. .... se seraient
produits sous le pontificat de Simon Bar- sabbae, le successeur de
Papa. .... césarée, de Gangres en 343, d'Antioche en 341 et de
Laodicée de Phrygie vers l'année 365.
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