mercredi 15 juin 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 341

Ier JUIN 2016...

Cette page concerne l'année 341 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LORSQU'UN ROI A PEUR DE PERDRE LA FACE PAR LA MULTITUDE DES CHRÉTIENS .

17 avril : Simon ou Syméon bar Sabbae, l'évêque de Séleucie-Ctésiphon, est exécuté pour avoir refusé de lever les impôts pour les Sassanides. Des milliers de chrétiens sont exécutés dans la région de Beth Huzaye (Khuzestan) puis dans toute la province de Séleucie-Ctésiphon...
Liste des primats de l'Église de l'Orient, aujourd'hui dénommée Église apostolique Assyrienne de l'Orient... La particule Mar qui précède le nom est une particule honorifique correspondant à peu près au Mgr des catholiques latins.
Ces évêques siègent à Séleucie-Ctésiphon:
  • Saint Thomas (c.35-37)
  • Mar Addai (Thadée) (37-65)
  • Mar Agai (66-87)
  • Mar Mari, disciple d'Addai (88-120)
  • Mar Abris (121-137)
  • Mar Abraham Ier de Kachkar (159-171)
  • Mar Yacob Ier (172-190)
  • Mar Ahha d'Aboui (190-220)
  • Mar Shahioupa (220-240)
Simon bar Sabbae, mort en 341, est évêque et deuxième catholicos de Séleucie et Ctésiphon, élu vers 326/327 à la suite de la mort de son prédécesseur Papa bar Aggai, dont il était coadjuteur depuis 316.
À cette époque, la Perse est en guerre contre l'Empire Romain, et lorsque l'empereur Perse Shapur II augmente les impôts exigés des chrétiens pour faire face aux dépenses de guerre, Simon refuse, accusé de fraterniser avec l'Empire Romain Shapour II ordonne la mort de tous les prêtres chrétiens, ce qui est une occasion de se débarrasser d'une communauté hostile au conflit avec la Byzance chrétienne.

Le nombre des chrétiens est grand en Perse au IVe siècle, mais l'empereur Shapur II pendant son long règne de 310 à 380, confond l'empire Romain et la foi chrétienne. Il y a ainsi 3 grandes persécutions, dont l'une condamne les chrétiens à devenir esclaves.
Saint Siméon écrit à l'empereur, il est arrêté, chargé de chaînes et traîné de Séleucie jusqu'à Suse. Le vieil évêque est mené devant l'empereur lui-même qui le condamne à être décapité. Tiré de la prison en même temps qu'une centaine d'autres chrétiens, prêtres et évêques qui sont tués, les uns après les autres, Saint Siméon le dernier, pour avoir refusé d'adorer le soleil...

Le roi des rois a besoin d'argent pour mener ses guerres contre les Romains. Il double les impôts sur les chrétiens qui sont réduits à l'indigence devant la cruauté des percepteurs. Beaucoup renièrent leur foi pour survivre. D'autres, comme l'évêque de Séleucie, Saint Syméon Bar Sabbée, refusent de se soumettre. Les mages, de leur côté, engagent le roi à faire disparaître ces chrétiens qui, par centaines, sont entassés dans les prisons... Le Vendredi Saint 341, le catholicos est décapité et ce martyre marque le début d'une persécution générale durant près de 40 ans.
Les chrétiens sont alors persécutés, les églises détruites et, Simon ayant refusé d'idolâtrer le soleil comme le zoroastrisme l'exige, est décapité le Vendredi Saint 17 avril 341 avec de nombreux religieux et laïcs : Abdella (ou Abdhaihla), Ananias (Hannanja), Chusdazat (Guhashtazad, Usthazan, ou Gothazat), le prêtre Pusai (Pusei, Phusikos, Fusicus, Pusicius) avec sa fille Askitrea (« Vierge et martyre »), l'eunuque Gochth (Azad / Asatus) etc., estimés à 100 ou 1 150 selon les sources. Al Masû'dî estime ce nombre à 200 000 victimes et Sozomène à 16 000...
Martyr et Saint, il est vénéré le 17 avril dans l'Église orthodoxe, le 21 avril dans l'Église catholique latine, le 14 avril dans l'Église catholique syriaque et le 30 avril dans l'Église grecque-catholique melkite.

On commémore également un grand nombre de martyrs, qui, après la mort de Saint Siméon, sont frappés par l’épée à travers toute la Perse, pour le nom du Christ, sous le même roi Sapor II, de 341 à 345.

« L'orage qui fond sur nous ne peut être comparé qu'à l'horrible persécution du temps des Machabées : Ces temps-là, en effet, sont vraiment les jours de la vengeance divine que le prophète a annoncés par cet oracle : « Malheur à qui vit dans ces jours de la colère de Dieu ! Des légions viendront des régions de l'Occident, et désoleront la terre. » Ces paroles désignaient les Grecs, dont les Machabées ont essuyé la fureur ». (apparemment l'orage fond de nouveau sur nous, notre foi à pâli, entraînant avec elle la charité vrai, la compassion, l'honnêteté, le goût du travail bien fait, et de la protection des faibles et des malades)

C'est à la 117 année de l'empire des Perses, et la 31 année du règne de Sapor II, roi des rois, que cette calamité tombe sur notre Église. Siméon Bar-Sabbâé, (fils du Foulon), nom qu'il justifie parfaitement, est alors évêque de Séleucie-Ctésiphon, si son père teint la pourpre qui orne les rois impies, il rougit de son sang celle qu'il porte dans le ciel. Siméon donne volontairement sa vie pour Dieu et pour son peuple, et, révolté des attentats de l'impiété contre l’Église, il imite Judas Machabée, qui, lui aussi, dans des temps non moins malheureux, cherche la mort.
« O couple illustre de pontifes, Judas, Siméon ! Tous deux ont reconquis la liberté de leur peuple, l'un par ses armes, l'autre par son martyre. L'un est vainqueur et s'illustre par sa victoire, l'autre triomphe en succombant.
Judas, en versant le sang de l'étranger, élève son pays au faîte de la puissance et de la gloire, Siméon, en versant son propre sang, brise le joug de la servitude qui pèse sur son Église.
L'un remplit le précepte du Seigneur comme un juge, rendant la mort pour la mort, mourant lui-même pour le salut des siens, et, l'autre, comme un obéissant serviteur, selon la parole évangélique, tend sa tête au bourreau :
« Si l'on vous frappe sur la joue droite, présentez encore la joue gauche, » ;
Par les expiations de son sacerdoce, l'un soulage les âmes captives dans les limbes, l'autre rappelle à la vie ceux qui dorment de la mort du péché.

Ainsi donc, Siméon, le pontife illustre, plaçant toute sa confiance en Dieu, fait répondre au roi :
« Le Christ a racheté son Église par sa mort, et acquiert la liberté à son peuple par son sang, il a fait tomber de nos têtes le joug de la servitude, et nous a délivrés des lourds fardeaux. De plus, en nous promettant de magnifiques récompenses pour la vie future, il a enflammé nos espérances : Car son empire est éternel et ne périt jamais.
Donc, tant que Jésus sera le Roi des rois, nous sommes résolus à ne pas courber la tête sous ton joug :
Dieu nous garde de renoncer à la liberté qu'il nous a donnée pour devenir tes esclaves !
Le Seigneur à qui nous avons juré obéissance et fidélité est l'auteur et le modérateur de ta puissance : Nous ne souffrirons pas l'injuste domination de ceux qui ne sont, comme nous, que ses serviteurs.
Sache-le encore, notre Dieu est le créateur des choses que tu adores à sa place, et selon nous ce serait une impiété et un crime d'égaler au Dieu suprême les choses qu'il a créées, et qui, te sont semblables.
Et puis, tu nous demandes de l'or, sache que le Seigneur nous a défendu d'avoir ni or ni argent, enfin l'Apôtre nous a dit :
« Vous avez été achetés un grand prix, ne vous faites pas les esclaves des hommes. » Ainsi parle Siméon.

On le rapporte sur-le-champ au roi, qui s'indigne et fait répondre à l'évêque :
« Tu es fou, d'exposer par ton audace téméraire ta vie et celle de ton peuple, et d'attirer sur toi et sur lui une mort certaine. Ton incroyable orgueil te pousse à l'entraîner dans la désobéissance. Eh bien ! je vais sur-le-champ rompre ce pernicieux complot, et vous bannir à jamais de la société et de la mémoire des hommes. » Ainsi parla le roi.

Siméon, nullement troublé, répond :
« Jésus s'est offert à la mort la plus cruelle pour racheter le monde, et moi, néant, je craindrais de donner ma vie pour ce peuple, quand je me suis dévoué volontairement à son salut ! Sache bien, sire, que Siméon mourra plutôt que de livrer son troupeau à tes exacteurs. Je ne tiens pas à la vie si je ne puis que vivre criminel, et pour la prolonger de quelques jours, je ne laisserai pas accabler des misères de la servitude ceux que mon Dieu a affranchis. Oserais-je rechercher l'oisiveté et les délices ? Dieu me garde d'assurer ma sécurité en perdant ceux qu'il a rachetés de son sang, d'acheter les commodités de la vie au prix des âmes que le Christ a aimées, de m'assurer des jouissances par l'affliction de ceux que la mort du Sauveur a délivrés de l'esclavage. Non, je ne suis pas tellement lâche, je n'ai pas aux pieds de telles entraves, que je n'ose marcher sur les traces de Jésus, que je tremble de suivre la voie de sa passion, que je frémisse de m'associer au sacrifice par lequel ce véritable pontife s'est immolé. Je veux tendre ma tête au glaive, et mourir pour mon peuple. Et que mon sacrifice est peu de chose comparé à celui de mon maître !
Quant à la ruine dont tu menaces mes fidèles, c'est ton impiété qui en sera cause, et non mon dévouement pour Dieu et son peuple, par conséquent ton sang et non le mien devra laver ce crime, mon peuple et moi en serons innocents. Mon peuple est prêt comme moi à donner sa vie au salut de son âme : Tu le sauras bientôt. »

Alors le roi, pareil au lion qui, ayant flairé le sang humain, ne respire plus que le carnage, se livre à une colère folle, et l'agitation de son âme se manifeste par le trouble de tout son corps. Il grince des dents, frémit, menace de tout renverser, de tout détruire... Il cède aux mouvements les plus désordonnés de la fureur, impatient de boire le sang innocent et de dévorer les chairs des saints. Enfin il fait entendre un rugissement effroyable, et publie un édit terrible, qui ordonne de poursuivre aussitôt les prêtres et les lévites, de renverser les églises de fond en comble, de souiller et de faire profaner les instruments du culte divin.
« Siméon, dit le roi, Siméon, ce chef de magiciens, méprise la majesté royale, il n'obéit qu'à César, n'adore que le Dieu de César, il insulte et outrage le mien : Qu'on me l'amène et qu'on instruise son procès en ma présence. »

L'occasion est belle pour les Juifs, ces constants ennemis des chrétiens, ils mettent tout en œuvre pour animer encore la colère du prince, et assurer la perte de Siméon et de son Église, on les retrouve toujours, dans les temps de persécution, fidèles à leur haine implacable, et ne reculant devant aucune accusation calomnieuse. C'est ainsi qu'autrefois leurs clameurs forcenées ont contraint Pilate à condamner Jésus-Christ.
« Sire, si tu écrivais à César les lettres les plus magnifiques, accompagnées des plus beaux présents, César n'en ferait aucun cas. Que Siméon, au contraire, lui écrive un billet, quelques mots seulement, aussitôt César se lèvera, il adorera cette misérable page, il la prendra respectueusement dans ses deux mains, et commandera que sur-le-champ on y satisfasse. »
Combien ces délateurs de Siméon ressemblent à ces témoins menteurs qui se sont levé contre le Seigneur !

Siméon est enchaîné et conduit au pays des Huzites, avec deux des 12 prêtres de son église, qui se nomment Ardhaïclas et Hananias.
En traversant Suse, sa patrie, une église chrétienne se trouve sur son passage ; il prie ses gardes de faire un détour, parce que peu de jours auparavant les mages ont livré cette église aux Juifs, qui en ont fait une synagogue.
« Je crains, dit l'évêque, que la vue d'une église ruinée n'ébranle mon courage, réservé à des épreuves plus rudes encore.»
En peu de jours, Siméon arrive à Lédan. Dès que le grand préfet l'apprend, il annonce au roi l'arrivée du chef des chrétiens, aussitôt Siméon est introduit ; mais il ne se prosterne pas devant le roi, qui s'en indigne.
« Je vois, dit-il, la vérité de tout ce que l'on m'a rapporté contre toi. Autrefois, vil esclave, tu te prosternais sans difficulté en ma présence. Pourquoi aujourd'hui me refuses-tu cet honneur ?
C'est, répondit Siméon, qu'autrefois je ne paraissais pas devant toi enchaîné, ni pour être forcé, comme aujourd'hui, à renier le vrai Dieu. »
Les mages, présents en grand nombre, disent au roi :
« Sire, il conspire contre l'empire et contre toi, il refuse de payer les impôts, qui doutera qu'il mérite la mort ?
Misérables, s'écrit Siméon, n'est-ce point assez pour vous d'avoir abandonné Dieu et perdu ce royaume ? faut-il encore que vous cherchiez à nous faire partager le même crime et le même malheur ? »
Le roi, adoucissant alors son visage, lui dit :
« Assez, Siméon. Crois-moi, je te veux du bien. Adore le soleil, et tu te sauves, toi et les tiens. »

« Je ne peux pas t'adorer, sire, quoique tu sois bien supérieur au soleil, puisque tu as esprit et sagesse, et je serais assez fou pour adorer un dieu sans âme, sans intelligence, incapable de nous discerner toi et moi, ni de te récompenser toi qui le sers, et de me punir moi qui l'insulte !
Tu dis qu'en t'écoutant je sauverais mon peuple, mais apprends que nous, chrétiens, nous n'avons qu'un seul Sauveur, le Christ, attaché à la croix, et moi, le dernier de ses serviteurs, je mourrai pour lui, pour mon peuple, pour moi-même. Arrière la frayeur, je me sens invincible, j'éviterai la bassesse et le déshonneur, je mériterai la gloire.
Je ne suis pas un enfant qu'on gagne par des bagatelles, je suis vieux et je garderai la dignité de mon caractère, j'achèverai fidèlement, saintement, mon œuvre. Au reste, ce m'est pas à moi, qu'une lumière supérieure et divine éclaire, à en discuter avec toi. »

« Si au moins tu adorais un Dieu vivant, ta folie serait excusable, mais tu dis que ton Dieu est mort supplicié. Laisse ces chimères, Siméon, et adore le soleil, par qui tout ce qui est subsiste, si tu y consens, je te promets richesses, honneurs, dignités, tout ce que tu voudras. »

« Jésus est le créateur du soleil et du genre humain, quand il a expiré entre les mains de ses ennemis, le soleil, comme un serviteur a pris le deuil à la mort de sons maître, s'est éclipsé pour lui, il a ressuscité des morts après trois jours, puis est monté aux cieux au milieu des concerts des anges. En vain tu espères me séduire par tes présents, tes dignités, tes honneurs, j'en attends de bien plus magnifiques, et si grands, que tu n'en as pas l'idée, mais moi, ma religion et ma foi me l'apprennent.

« Siméon, que tu es sot ! Pour un fol attachement à tes idées, à tes rêves, tu vas faire périr tout un peuple. Siméon, épargne la vie, épargne le sang d'une multitude que je punirai à cause de toi, avec rigueur. »

« Si tu verses le sang des chrétiens, tu sentiras l'énormité de ton crime au jour où tes œuvres seront examinées à la face de tout l'univers, en ce jour, sire, où tu rendras compte de ta vie. Des chrétiens ne font qu'échanger la jouissance d'une vie qui passe contre un royaume éternel. Quant à moi, rien ne me fera renoncer à la vie qui m'est réservée dans le Christ, pour cette vie fragile et mortelle, je te l'abandonne ; elle est dans tes mains, elle est à toi, prends-la donc, si tu la veux, hâte-toi de la prendre. »

« Quelle audace ! Il méprise sa vie. Mais j'aurai pitié de tes sectateurs, et j'espère, par la sévérité de ton châtiment, les guérir d'une pareille folie. »

« Essaie, et tu verras si les chrétiens sacrifieront la vie qui les attend dans le sein de Dieu, pour celle qu'ils partageraient avec toi ici-bas. Allume la flamme de tes bûchers, jettes-y cet or, et tu reconnaîtras que la fermeté des chrétiens est invincible, et que tes cruautés n'en triompheront jamais. Nous avons tous de la vérité de notre foi une persuasion intime et profonde, et à cause de cela nous souffrirons tous les tourments plutôt que de la trahir. Je ne veux te dire que ce mot, sire : Notre nom de chrétien, ce nom auguste et immortel qui nous vient du Christ notre Sauveur, nous ne consentirons jamais à l'échanger contre ton grand nom lui-même. »

«Eh bien, si tu ne me rends en présence de ma cour les honneurs accoutumés, ou si tu refuses de m'adorer avec le soleil, divinité de tout l'Orient, dés demain, je défigure ta face si belle, je mets en sang tout ton corps, d'un aspect si vénérable et si auguste. »

« Tu dis que le soleil est Dieu, et tu l'égales à toi, qui es un homme, car tu réclamais tout à l'heure le même culte que lui. En réalité cependant, tu es plus grand que lui. Ensuite tu me fais des menaces, tu veux défigurer je ne sais quelle beauté de mon corps. Qu'importe ? Ce corps a un réparateur qui le ressuscitera un jour, et lui rendra avec usure cet éclat de beauté d'ailleurs bien méprisable : C'est lui qui l'a créé de rien, c'est lui aussi qui l'a orné. »

A la fin, le roi fit mettre aux fers Siméon, et on le garda dans, un cachot jusqu'au lendemain, il pensait que la réflexion changerait Siméon.

Il y a à la porte du palais par où doit passer Siméon un vieil eunuque qui a élevé le roi, et qui exerce la charge d'arzabade, ou grand chambellan, c'est un homme très considéré dans le royaume, nommé Gouschtazad. Par crainte de la persécution, il a abjuré la foi, et adoré publiquement le soleil. Quand Siméon passe devant lui, il s'agenouille et le salue. Mais le saint évêque, pour ne pas voir l'apostat, détourne les yeux avec horreur.
Ce reproche touche l'eunuque, il se rappelle son apostasie, gémit, pleure et se dit à lui-même :
« Si Siméon, qui a été mon ami, a conçu une telle indignation contre moi, que fera Dieu, que j'ai trahi ? »
Là-dessus, il court à sa maison, quitte ses habits somptueux, prend ses vêtements noirs, et avec ces marques de deuil revient s'asseoir dans le palais, à la même place.
Cette action étonne tout le monde, le roi lui-même en a connaissance, et il envoie demander à l'eunuque le motif d'une conduite si étrange.
« Pourquoi, quand le roi est en bonne santé, et porte sa couronne, t'imagines-tu de prendre des habits de deuil, et de paraître ainsi en public? As-tu perdu ton fils? ton épouse repose-t-elle dans ta maison, attendant-la sépulture ? S'il n'en peut être ainsi, pourquoi avoir pris le deuil, comme si tu avais essuyé ces malheurs ? » Voilà ce que le roi fait dire à l'eunuque.

L'eunuque lui fait répondre : « Je suis coupable, je l'avoue, punis-moi du dernier supplice, je le mérite. »

Le roi, ne comprenant rien à cette réponse, se le fait amener, afin de lui demander à lui-même la raison de ces étrangetés.
« Il faut que quelque malin esprit te possède, pour menacer mon règne de ce funeste présage. »

Non, répond Gouschtazad, aucun malin esprit ne me possède, je suis tout à fait maître de moi, et mes pensées conviennent parfaitement à un vieillard.
Pourquoi donc alors, dit le roi, as-tu paru tout à coup avec ces habits de deuil, comme un furieux ? Pourquoi as-tu répondu à mon envoyé que tu es indigne de vivre.
J'ai pris le deuil, répond Gouschtazad, à cause de ma double perfidie envers mon Dieu et envers toi : Envers mon Dieu, car j'ai violé la foi que je lui ai jurée, j'ai préféré à sa vérité ta faveur, et envers toi, car, contraint d'adorer le soleil, je l'ai fait avec feinte et hypocrisie, mon cœur intérieurement proteste contre ma conduite.
Est-ce là, vieil imbécile, la cause de ta douleur ? Je t'aurai bientôt guéri si tu persistes.
J'atteste le Dieu du ciel et de la terre que désormais je n'obéirai plus à tes ordres, et qu'on ne me verra plus faire ce que je gémis d'avoir fait. Je suis chrétien, et je ne sacrifierai plus le vrai Dieu à un perfide.
J'ai pitié de ta vieillesse, il m'en coûte de te voir perdre le prix de tes longs services envers mon père et envers moi. Je t'en prie, abandonne les rêveries de ces imposteurs, si tu ne veux périr misérablement avec eux.
Sire, ni toi, ni tous les grands de ton empire, ne me persuaderez jamais de préférer la créature au Créateur, et d'outrager le Dieu suprême en adorant les œuvres de ses mains.
Coquin, est-ce donc que j'adore des créatures ?
Si au moins tu adorais des créatures vivantes et animées ! Mais, c'est honteux, tu adores des êtres privés de vie et de raison, une matière destinée au service de l'homme. »

La fureur du roi ne connaît plus de bornes, et sur-le-champ il condamne à mort Gouschtazad. Les officiers insistent pour l'exécution immédiate.
« Donnez-moi une heure, leur dit Gouschtazad, j'ai encore quelques mots à faire dire au roi. »
Il appelle un eunuque, et le prie de porter au roi ces paroles :
« Tu as toi-même tout à l'heure rendu témoignage de mon zèle et de mon dévouement, tu sais combien fidèlement j'ai servi toi et ton père. Pour récompense, je ne te demande qu'une grâce, c'est de faire annoncer par la voix du crieur public que Gouschtazad est conduit au supplice, non pour avoir trahi les secrets du roi, non pour avoir comploté, mais parce qu'il est chrétien et qu'il a refusé de renier son Dieu. »
Mon apostasie, a été connue de tous, et peut-être ma lâcheté en a-t-elle ébranlé plusieurs. Si l'on apprend maintenant mon supplice, et qu'on en ignore la cause, il ne sera d'aucun exemple aux fidèles. Je les fortifierai, au contraire, si je leur fais savoir ma pénitence, et s'ils me voient mourir pour Jésus-Christ.
Mon martyre sera pour les chrétiens un éternel exemple de courage, qui raffermira leurs âmes et rallumera leur ardeur.

Le roi accède au désir de Gouschtazad, et fait proclamer par un crieur tout ce qu'il a souhaité. croyant que cet exemple effraiera la multitude et lui fera abandonner la foi chrétienne, et il ne comprend pas, l'insensé tyran, que ce courageux repentir sera l'aiguillon qui poussera les fidèles à la mort.

Le jour même du Vendredi Saint, à la troisième heure, le roi fait prendre par ses gardes et amener devant le tribunal Siméon, qui, cette fois encore, ne se prosterne pas devant le roi.
« Eh bien, entêté, lui dit le prince, as-tu réfléchi cette nuit ? Vas-tu profiter de ma bienveillance, qui t'offre la vie? Ou veux-tu demeurer rebelle et mourir?
Oui, oui, je persévère, et toute cette nuit la pensée de mon salut a éloigné de moi le sommeil, et j'ai compris combien ton inimitié est plus précieuse pour moi que ta bienveillance.
Adore le soleil une fois, une fois seulement, et je me déclare ton protecteur contre tous tes ennemis.
A Dieu ne plaise que je donne à ceux qui me poursuivent d'une haine injuste ce sujet de triomphe, et que mes ennemis puissent dire jamais : Siméon est un lâche, qui, par peur de la mort, a sacrifié son Dieu à une vaine idole.
Le souvenir de notre ancienne amitié m'a porté à la douceur, à t'aider de mes conseils, à chercher à te sauver, mais, puisque tous mes efforts ont été inutiles, les suites te regardent.
Peines perdues. Que tardes-tu à me faire mourir ! L'heure a sonné : Hâte-toi donc, un repas céleste m'attend, la table est servie, et on me demande pourquoi je tarde encore. »

Cependant le roi, en présence même de Siméon, dit aux satrapes et aux officiers qui l'entourent :
« Voyez-vous, quel beau visage, quel port majestueux ! J'ai voyagé au loin et dans tout mon royaume, et nulle part je n'ai vu tant de grâce unie à tant de dignité. Imaginez maintenant la folie de cet homme qui se sacrifie à des chimères !
Il n'est pas sage, sire, répondent unanimement les satrapes, de t'arrêter à la beauté d'un seul homme, et de fermer les yeux au grand nombre des victimes qu'il a séduites et entraînées dans l'erreur. »

Il y avait aussi dans les prisons 100 autres chrétiens, parmi lesquels des évêques, des prêtres, des diacres ou des clercs. Ils furent tous tirés de prison en même temps, et conduits à la mort.
Quand le grand juge leur lit l'édit du roi, conçu en ces termes :
« Que celui qui veut sauver sa vie adore le soleil »,
ils répondent tous ensemble :
« Nous croyons au seul Dieu véritable, et notre foi se moque de vos supplices, nous aimons le Christ, et notre amour se fait un jeu de la mort, vos glaives ne sont encore pas assez tranchants pour enlever de nos cœurs l'espérance de notre future résurrection. Nous l'avons tous juré, nous n'adorerons pas le soleil, nous ne suivrons pas vos conseils impies. Bourreau, fais ton métier. »

Le roi a commandé de frapper cette troupe de saints sous les yeux de Siméon, espérant que l'horreur de leur supplice l'ébranle. Mais pendant que ces glorieux martyrs tombent sous le glaive, Siméon, debout devant eux, leur crie : « Courage, mes frères, et confiance en Dieu. Votre résurrection descendra avec vous dans la tombe, et quand la trompette de l'ange réveillera les morts, vous l'entendrez, et vous vous lèverez. Le Christ aussi a été immolé, et il est vivant : Par votre mort vous trouverez la vie en lui : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l'âme. Quiconque perd sa vie pour moi la retrouvera dans la vie éternelle. La marque du vrai amour, c'est de mourir pour celui qu'on aime. ».
Écoutez l'Apôtre qui vous crie : « Rappelez-vous que Jésus-Christ est ressuscité des morts. Par conséquent, si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui. Et si nous partageons sa passion, nous partagerons aussi sa gloire. Et si nous donnons notre vie pour Jésus, la vie de Jésus se manifestera aussi un jour dans notre corps mortel. Il semble maintenant que la mort est en nous, et la vie en vous, mais sachez, très chers frères, qu'à notre mort succédera une vie éternelle, et à votre vie une éternelle mort, car celui qui nie Dieu n'aura pas la vie. Et si maintenant nous souffrons un peu, une gloire immense, un éternel bonheur seront le prix de ces souffrances. Au dehors, notre corps tombe en poussière, mais au dedans, notre âme se renouvelle, car celui qui a rappelé Notre-Seigneur Jésus-Christ des morts, nous ressuscitera aussi pour régner avec lui. Si, pendant notre séjour ici-bas, nous sommes morts pour le Seigneur, en quittant cette terre nous irons avec le Seigneur dans la gloire. »

Les martyrs décapités, et couronnés de leurs 100 couronnes, une triple palme est encore offerte à la très Sainte Trinité par Siméon et les deux vieillards ses compagnons, immolés les derniers... Au moment du supplice, un des compagnons de Siméon pendant qu'il ôte ses habits et que les bourreaux l'attachent, est tout à coup saisi d'une crainte involontaire, et se met à trembler de tout son corps, son cœur toutefois demeure inébranlable.
A cette vue, Possi, personnage considérable, nommé tout récemment intendant des travaux publics, encourage le tremblant vieillard.
« Courage, Hananias , lui crie-t-il, ferme un instant les yeux, et tu les ouvriras à la lumière du Christ. » Conduit sur-le-champ au roi pour rendre compte de cette parole...
Le roi lui dit : « Ingrat, voilà le cas que tu fais de mes bienfaits élevé par moi à une haute dignité, tu en négliges les devoirs, pour aller voir mourir des coquins !
Cette négligence, répond Possi, c'est mon devoir, et je veut échanger ma vie pour leur mort. La dignité dont vous m'avez décoré est pleine de troubles et de peines, et j'en fais volontiers le sacrifice, mais leur mort est à mes yeux le comble du bonheur, je la désire et la demande.
Tu es assez fou de préférer leur supplice à ton emploi, et de vouloir partager leur sort ?
Oui, oui. Je suis chrétien, et mon espérance au Dieu des chrétiens est si ferme et si sûre, que j'attache infiniment plus de prix au supplice des martyrs qu'à tous les honneurs.
Le roi, furieux, dit aux bourreaux :
« Pour celui-ci, il ne faut pas un supplice ordinaire. Puisqu'il a eu l'audace de fouler aux pieds les dignités dont je l'ai honoré, puisqu'il a insulté ma majesté royale, percez-lui le cou et arrachez-lui sa langue insolente, que l'atrocité de son supplice épouvante tous ceux qui en seront témoins. »
Les bourreaux exécutent cet ordre avec une cruauté barbare, et Possi meurt dans cette horrible torture...
Possi a une fille, qui a consacré à Dieu sa virginité. Accusée aussi d'être chrétienne, elle meurt pour Jésus-Christ, son espérance et son Sauveur.

Depuis la publication de l'édit, c'est-à-dire depuis la 6e heure du Vendredi Saint jusqu'au dimanche de la seconde semaine de la Pentecôte, le carnage n'arrête pas. Heureux jours que ces jours du martyre ! Alors les époux du Christ, régénérés dans un second baptême, n'ont plus à craindre pour l'avenir les souillures du péché : Ceux qui se sont humiliés pendant 40 jours dans le jeûne et les larmes s'assoient sur des trônes de gloire, et se reposent dans une félicité sans fin !

Dès qu'on apprend la persécution, les chrétiens accourent de toutes parts, réclamant l'honneur du martyre. On les égorge par troupes : Les satrapes des provinces les plus éloignées en ont rempli les prisons, en attendant l'édit qui permettra de les mettre à mort.
Le glaive, enivré du sang des saints, en est plus altéré encore, l'épée, rassasiée de leurs chairs, en est plus avide.
Les bourreaux et les martyrs sont également altérés et affamés : Le sang coule à flots pour étancher cette soif, une table abondante est dressée pour apaiser cette faim. Et les bourreaux et les martyrs se jettent avec une égale avidité sur ce breuvage et sur ces mets, ceux-ci tendent la tête au glaive, ceux-là aiguisent le fer, les corps des saints tombent de tous côtés, la mort rugit, le sang couvre la terre, l'enfer tressaille de joie dans ses abîmes.
On se hâte tellement dans ces affreuses exécutions, qu'on égorge, sans aucun examen préalable, sur le seul nom de chrétien.
C'est ainsi qu'un eunuque chéri du roi, nommé Azad, périt dans la foule des martyrs, après avoir confessé Jésus-Christ. Quand le roi l'apprend, il s'en désole et publie sur-le-champ un édit pour arrêter ces exécutions en masse, et prescrire d'informer seulement contre les chefs de la religion de Jésus-Christ...

Cette persécution moissonne une multitude d'hommes, de femmes et d'enfants dont les noms ne nous sont pas parvenus, excepté ceux qui ont souffert le martyre dans la ville royale... Beaucoup sont étrangers à la Perse. Beaucoup de soldats des armées du roi, qui confessent glorieusement Jésus-Christ, grossissent aussi le nombre des martyrs.




Saint SYMÉON (SIMÉON) BAR-SABBAE de CTÉSIPHON, évêque, et ...
har22201.blogspot.com/2015/04/saint-symeon-simeon-bar-sabbae-de.html
17 avr. 2015 - En Perse, l'an 341, la passion de saint Siméon bar Sabas, évêque de Séleucie et Ctésiphon. ... En la cent quarante-troisième année de l'empire des Grecs, et la ..... O Siméon, tu me rappelles Simon Pierre le pêcheur !


341 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/341
Cette page concerne l'année 341 du calendrier julien. Sommaire. [masquer]. 1 Événements; 2 ... 17 avril : Simon bar Sabbae, l'évêque de Séleucie-Ctésiphon, est exécuté pour avoir refusé de lever les impôts pour les Sassanides (ou le 14 ...
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Formation de l'Église de Perse - Persée
www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1910_num_13_84_3869
de S Vailhé - ‎1910
Échos d'Orient Année 1910 Volume 13 Numéro 84 pp. .... se seraient produits sous le pontificat de Simon Bar- sabbae, le successeur de Papa. .... césarée, de Gangres en 343, d'Antioche en 341 et de Laodicée de Phrygie vers l'année 365.

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