lundi 20 juin 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 337

5 JUIN 2016...

Cette page concerne l'année 337 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

CONSTANTIN Ier FILS DE CONSTANCE CHLORE PREMIER EMPEREUR CHRÉTIEN.


Constantin 1er, issu d'une lignée de militaires de fortune, apparaît comme le plus important des empereurs Romains, César et Auguste mis à part.
3 siècles après eux, il a donné une nouvelle jeunesse à l'empire tout en le réorientant vers une religion nouvelle, le christianisme, et en faisant basculer son centre de gravité vers l'Orient de langue et de culture grecques.
(Jean-François Zilberman)

Né à Naissus (aujourd'hui Niš, en Serbie), Constantin est le dernier d'une longue suite d'empereurs originaires d'Illyrie.
Ces hommes énergiques, militaires de modeste extraction, ont redressé le vieil empire à la fin du IIIe siècle, lorsqu'il est menacé par les premières attaques des Barbares.
Ils ont fortifié les villes et renforcé les légions des frontières. Constance Chlore, le père de Constantin, est césar dans la tétrarchie, un gouvernement à 4 institué par Dioclétien en 293. Il a reçu en partage la Gaule, l'Espagne et la Bretagne et s'est établi à Trèves.
Son fils, né d'une concubine chrétienne, Hélène (Sainte Hélène), témoigne de ses aptitudes de chef militaire... Après l'abdication volontaire des 2 augustes (tétrarques principaux) Dioclétien et Maximien, Constantin rejoint son père à York (Angleterre) et recueille son dernier soupir.
Ses soldats le proclament alors auguste. Dans le même temps, à Rome, Maxence, fils de Maximien, est proclamé princeps par la garde prétorienne...

Comme la guerre éclate entre les héritiers des tétrarques, Constantin se dirige avec ses armées vers Rome et traverse les Alpes au Mont-Genèvre. Il bouscule l'armée de Maxence au Pont Milvius, près de Rome, le 28 octobre 312. Maître incontesté de l'Occident, il convient avec Licinius, son dernier concurrent, d'un partage de l'empire. À lui l'Occident, à Licinius l'Orient.

Naissance de l'empire chrétien
Bon politique, Constantin Ier constate les progrès du christianisme. Il ne séduit encore qu'un 10e de la population de l'empire, surtout en Asie mineure et en Afrique du Nord, mais manifeste un dynamisme étonnant dans les villes. Lui-même se rallie à la nouvelle religion, avec la discrétion qui sied à sa fonction.
Renonçant à la politique de persécution de ses prédécesseurs, l'empereur prend le parti de s'appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l'unité de l'empire.
Le 13 juin 313, de concert avec son homologue d'Orient, Licinius, il publie à Milan un édit de tolérance qui lui rallie les chrétiens.
Non seulement il marque la fin d'une ère de persécutions des chrétiens, mais il aide l'Église chrétienne à prendre son essor, en établissant la liberté de culte, et en plaçant le Dieu chrétien au-dessus de son rôle d'empereur à l'instar du Sol Invictus. Il est considéré comme saint par l'Église orthodoxe, de même que sa mère Hélène. Par la promotion du christianisme, il favorise l'extinction du culte de Mithra.
SAINT CONSTANTIN ET SAINTE HÉLÈNE
Ses noms de référence sont Imperator Caesar Flauius Valerius Aurelius Constantinus Pius Felix Inuictus Augustus, Germanicus Maximus, Sarmaticus
Maximus, Gothicus Maximus, Medicus Maximus, Britannicus Maximus, Arabicus Maximus, Adiabenicus Maximus, Persicus Maximus, Armeniacus Maximus, Carpicus Maximus.

De façon prévisible, l'entente entre Licinius et Constantin ne dure pas. Dès l'année suivante, les 2 hommes s'affrontent. La guerre prend un tour décisif en 324 avec la défaite de Licinius devant Andrinople puis à Chrysopolis. L'empire Romain retrouve dès lors son unité sous l'autorité de Constantin Ier.
Devant le succès de la doctrine du prêtre Arius, Constantin s'inquiète d'un schisme qui remet en question l'unité de l'empire. Il convoque lui-même un concile œcuménique à Nicée en 325 pour apaiser les esprits.
À la suite de la condamnation de l'arianisme par le concile, l'empereur ordonne l'exil d'Arius. Il inaugure ainsi le césaropapisme, une pratique de gouvernement qui se caractérise par la confusion des affaires séculières et des affaires religieuses entre les mains du souverain.

En-dehors de la légitimation du christianisme, la principale œuvre de Constantin reste la fondation de Constantinople en 330, en vue de remplacer Rome comme capitale de l'empire. Il s'ensuit à la fin du siècle la division irréversible de l'empire entre sa partie Orientale (et hellénophone) et sa partie Occidentale (et latine).
Décidément fidèle au christianisme, l'empereur se fait baptiser sur son lit de mort selon la coutume de son époque...
Après que Constantin ait affronté Maxence à l'entrée de Rome, une légende tardive veut qu'il ait été guéri de la lèpre et converti à la foi chrétienne par le pape Sylvestre Ier, évêque de Rome.
Constantin, pour manifester sa reconnaissance, va à la rencontre du pape et, humblement, guide son cheval par les rênes. Ensuite, il fait don au pape des territoires environnant Rome.
Cette décrétale dite « donation de Constantin » a été opportunément exhibée par les conseillers de Pépin le Bref, au VIIIe siècle, pour justifier les prétentions du souverain pontife, sur l'exarchat de Ravenne, alors possession Byzantine. On montre plus tard sans trop de difficultés qu'il s'agit d'un faux de l'époque carolingienne...

3 avril : Constantin célèbre Pâques à Constantinople. Il s'apprête à marcher contre les Sassanides, après que leur roi Shapur II ait envahi l'Arménie et ait enlevé et aveuglé son roi Diran, lorsqu'il tombe malade.

22 mai, Nicomédie : Baptême de Constantin Ier par l’évêque arien Eusèbe de Nicomédie le jour de la Pentecôte. Il meurt peu après et la campagne contre les Perses est abandonnée, son corps est ramené à Constantinople et enterré à l'église des Saints-Apôtres.

À la mort de Constantin Ier, une insurrection militaire éclate. Ses deux neveux Dalmatius et Hanniballianus, leur père Flavius Dalmatius et le fils de Constance Chlore Flavius Julius Constantius sont tués par l’armée.
Ses trois fils procèdent alors à un nouveau partage. Constance II ajoute à son lot les États d’Hanniballianus avec la Thrace et Constantinople. Constant, l’Illyricum.
Constantin est né dans le contexte très particulier d'une restructuration d'un empire Romain affaibli. L'empereur Dioclétien met sur pied un système complexe, la Tétrarchie dans lequel l'empire étant gouverné par 2 Augustes, Dioclétien et Maximien, assistés de 2 Césars. Constance Chlore, le père de Constantin, devient le César de Maximien en 293.
La mère de Constantin, Hélène, est une femme de basse extraction, aubergiste de son état selon Ambroise de Milan. Elle n'est probablement pas l'épouse légitime de Constance Chlore. Lors de l'élévation de Constance Chlore au titre de César, il est obligé d'épouser Théodora, la fille de Maximien, Hélène étant reléguée dans l'obscurité.
Tandis que son père guerroie en Gaule et en Bretagne, Constantin reçoit néanmoins une bonne éducation à la cour de Dioclétien puis de son successeur Galère, à Nicomédie.
Une seule source, l’Origo Imperatoris Constantini, le dit « peu instruit dans les lettres ». Parallèlement, il reçoit aussi une bonne préparation à la carrière de soldat. Il s'élève vite dans la hiérarchie militaire et différentes sources célèbrent ses exploits sur le champ de bataille.

Après l'abdication conjointe de 305, l'Empire a pour dirigeants deux Augustes, Constance Chlore et Galère, et deux nouveaux Césars, Sévère et Maximin Daïa, choisis selon le principe du mérite.
Constantin s'enfuit de Nicomédie, où Galère tente de le retenir, et rejoint son père en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne) quand celui-ci devient Auguste en 305.

Quelques mois plus tard, Maxence, fils de Maximien, est proclamé princeps par les prétoriens et le peuple de Rome mécontent de l'impôt de capitation. Son père accourt à ses côtés et reprend le titre d'Auguste qu'il n'a abandonné qu'avec regret.
Sévère, envoyé les combattre, est tué en 307.
Galère fait alors appel à Dioclétien qui accepte le consulat et une conférence a lieu en 308 à Carnuntum qui réunit Dioclétien, Maximien et Galère dans le but de rétablir la tétrarchie, mais elle se solde par un échec :
Dioclétien refuse de revenir au pouvoir, force Maximien à abdiquer de nouveau et reforme la tétrarchie avec en Orient Galère secondé par Maximin Daïa et en Occident Constantin et un nouveau venu, Licinius, officier Illyrien sorti du rang choisi par Galère.
LA MORT DE CONSTANTIN
Maximien et Maxence, déclarés usurpateurs, maintiennent leurs prétentions et, en Afrique, Domitius Alexandre proclame les siennes.
On a alors 7 empereurs, une heptarchie, qui ressemble davantage à l'anarchie militaire du IIIe siècle.

Une première série de décès contribue à clarifier la situation :
Maximien est assiégé dans Marseille par Constantin et se suicide en 310, Domitius Alexandre est battu en Afrique par Maxence et assassiné en 311, Galère meurt de maladie en 311. Il ne reste plus que 4 Augustes :
Maximin Daïa,
Constantin,
Licinius
Maxence.
Constantin élimine Maxence le 28 octobre 312 à la bataille du pont Milvius, prend Turin ce qui lui permet de s'emparer de l'Italie et de régner en maître sur l'Occident.
L'orient échoit à Licinius concrétisé et scellée par le mariage entre Licinius et Constantia, la demi-sœur de Constantin... De son côté, Licinius défait Maximin Daïa à la bataille d'Andrinople (313) et règne sur l'Orient. Depuis la tétrarchie, Rome n'est plus dans Rome même... Les Augustes et les Césars ont vécu dans des résidences impériales proches des secteurs qu'ils ont la charge de défendre.
La fondation d'une nouvelle capitale est décidée pendant la période aiguë du conflit pour la domination de l'Empire.

À partir de 324, Constantin transforme la cité Grecque de Byzance en une « Nouvelle Rome », à laquelle il donne son nom, Constantinople.
Il l'inaugure après 12 ans de travaux, en 330... Constantinople est bâtie sur un site naturel défensif qui la rend pratiquement imprenable alors que Rome est sans cesse sous la menace des Germains.
Elle est également près des frontières du Danube et de l'Euphrate, là où les opérations militaires pour contenir les Goths et les Perses sont les plus importantes.
Elle est enfin située en bordure des terres de vieille civilisation Hellénique, région qui a le mieux résisté à la crise du IIIe siècle de l'empire Romain. Constantin la bâtit sur le modèle de Rome avec 7 collines, 14 régions urbaines, un Capitole, un forum, un Sénat.
Dans les premiers temps, il permet l'implantation de temples païens mais très vite la ville devient presque exclusivement chrétienne, et ne comporte que des édifices religieux chrétiens.
Dès Constantin Ier, la ville compte 100 000 habitants, il y fait construire, le palais impérial, l'hippodrome (nouveau nom donné aux cirques romains), ainsi que l'église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie).
L'Auguste transforme l'organisation du pouvoir central qui est demeurée sensiblement la même depuis le Haut Empire.
Le préfet du prétoire est remplacé par le questeur du Palais sacré qui rédige les édits. Celui-ci dirige le consistoire sacré, qui remplace le conseil de l'empereur.
Le maître des offices dirige le personnel administratif, les fabriques d'armes et les scholæ de la garde, le maître des milices, l'infanterie et la cavalerie.
Le comte des largesses sacrées, le fisc,
Le comte de la fortune privée, la res privata, c'est-à-dire la caisse privée de l'empereur, les revenus personnels de ce dernier étant issus essentiellement du revenu de ses immenses domaines.
La grande nouveauté est cependant la grande augmentation des fonctionnaires travaillant dans les bureaux centraux...
Une foule de notaires, d'agents secrets (les agentes in rebus), près de 1 000 fonctionnaires au Ve siècle, et d'employés divers font de l'Empire Romain une véritable bureaucratie. (Et sa perte!)
Constantin vise à harmoniser au plus haut le rang social des plus grands serviteurs de l'Empire :
LA CONVERSION DE CONSTANTIN

Le Sénat reprend la première place à partir de 312 en Occident et de 324 en Orient quand Constantin règne sur l'ensemble de l'Empire.
L'empereur transfère les chevaliers vers le Sénat dont les effectifs passent de 600 à 2 000 afin de meubler les Sénats de Rome et surtout de Constantinople et dessine pour ses membres un nouveau type de carrière : Les plus hautes fonctions de l'État sont réservées aux clarissimes tandis que les fonctions intermédiaires sont remplies par des perfectissimes (souvent des notables municipaux introduits dans la Haute Assemblée par la pratique de l'adlectio). (L'adlectio désigne, sous l'Empire romain, la concession à un citoyen, en dehors des règles ordinaires, du droit de prendre place dans un collège)
L'empereur ne rend pas au Sénat la moindre parcelle de pouvoir politique mais il rompt avec le mépris et la défiance de nombre de ses prédécesseurs :
Le véritable travail législatif se fait au sein du Conseil Impérial, le Sénat ne disposant de l'initiative des lois que pour des questions d'intérêt local.

Afin de favoriser les chrétiens, il abroge les lois d'Auguste sur le célibat, impose le repos dominical, autorise l'affranchissement des esclaves par déclaration dans les églises (333), interdit (325) que l'on sépare les familles lors des ventes, autorise l'Église à recevoir des legs et accorde le droit aux plaideurs de choisir entre le tribunal civil et la médiation de l'évêque.
De plus, il promulgue des lois contre la prostitution des servantes d'auberges, contre les enlèvements, et sur l'humanisation des prisons (326).
Enfin de nombreuses lois sont créées afin de lutter contre les relations extra-maritales, là encore pour renforcer le poids du mariage et des cérémonies religieuses chrétiennes autour de ce sacrement.
Ainsi, en 329, une loi punit l'adultère d'une femme avec son esclave.
En 331, une autre restreint le droit au divorce.
En 336, une loi pénalise les naissances illégitimes.

La tradition chrétienne (selon Lactance dans « De la mort des persécuteurs » et l'hagiographe de l'empereur Eusèbe de Césarée dans sa Vie de Constantin) fait état d'une apparition de la Croix dans le ciel vue par lui-même et son armée, ainsi que d'un songe prémonitoire qui a annoncé à Constantin sa victoire contre Maxence au pont Milvius.
La nuit même, Jésus lui apparaît en rêve et lui montre un chrisme flamboyant dans le ciel en lui disant : « Par ce signe, tu vaincras » (hoc signo vinces). Constantin Ier fait alors apposer sur le labarum et sur le bouclier de ses légionnaires un chrisme, formé des deux lettres grecques Khi (Χ) et Rho (Ρ), les initiales du mot Christ.
Ce signe est depuis un emblème de la Chrétienté combattante, notamment dans l'Empire d'Orient... La part de légende dans cette histoire reste cependant discutée, d'autant plus que le chrisme est un signe ambigu. Constantin a
déjà eu en 309 dans le sanctuaire gallo-romain de Grand une vision du dieu Apollon lui conférant un signe solaire de victoire.
En 312, l'empereur continue d'ailleurs d'adorer le Sol Invictus.

En 313, Constantin rencontre Licinius à Milan et conclut avec lui un accord de partage de l'Empire. Parmi les mesures prises en commun figure un édit de tolérance religieuse, appelé habituellement édit de Milan qui renouvelle l'édit de Sardique pris par Galère en 311. Il ne s'agit pas formellement d'une officialisation du culte chrétien, mais plutôt de sa mise à égalité avec les autres cultes. Ainsi, les chrétiens ne sont plus victimes de discriminations, leur culte est autorisé et les biens qui leur ont été confisqués leur sont rendus. Le problème qui divise encore les historiens est celui de la conversion de l'empereur. On pense qu'il se convertit en 312, mais son baptême ne se fait que sur son lit de mort en 337 lorsqu'il se fait baptiser par l'évêque arien, Eusèbe de Nicomédie.
Ce baptême tardif est conforme à la coutume en vigueur à l'époque, les fidèles attendant le dernier moment pour recevoir le baptême afin d'être lavés de tous les péchés antérieurs, mais elle peut apparaître aussi comme la révélation d'un cheminement intérieur remontant à près d'un quart de siècle...

Pour mettre en doute sa conversion, plusieurs historiens païens en ont reculé la date. Ils l'ont attribué à l'appât du gain :
Constantin se serait fait chrétien pour piller les temples païens afin de financer Constantinople.
Il s'est converti en 326 pour expier ses remords après avoir fait périr son fils aîné Crispus, puis son épouse Fausta.
Une légende racontée par des païens de la ville d'Harran dit que Constantin alors atteint de lèpre, s'est converti, les chrétiens acceptant dans leur rang les lépreux.
Il doit pour la soigner prendre un bain du sang de nouveau-nés. Mais touché par les pleurs des mères, il ne peut s'y résoudre. C'est alors que lui apparaissent en songe la nuit suivante Saint Pierre et Saint Paul qui lui conseillent de retrouver l’évêque Sylvestre sur le mont Soracte. C'est lors de cette rencontre que l'empereur Constantin est baptisé et soigné de sa terrible maladie.
Son père, Constance Chlore, un païen monothéisant, probablement attaché au culte du Sol Invictus comme de nombreux officiers Illyriens. Dioclétien ne l'aurait pas fait César s'il avait été chrétien mais, si rien ne prouve qu'il le soit devenu par la suite, celui-ci se comporte toutefois prudemment et, lors de la grande persécution il se contente (selon Eusèbe de Césarée) de démolir quelques édifices en Gaule.

Les chrétiens ne constituent alors qu'une faible minorité des sujets de Constantin Ier, répartis très inégalement à travers l'Empire, essentiellement en Orient et en Afrique du Nord.
Constantin est un empereur païen, un polythéiste qui honore Sol Invictus mais qui s'intéresse depuis longtemps au christianisme puisqu'il finira par l'adopter comme religion personnelle en 312.
Après avoir fait disparaître une bonne partie de sa propre famille à des fins personnelles et politiques, la progressive conversion de Constantin au christianisme s'accompagne d'une politique impériale favorable aux chrétiens, mais le paganisme n'est jamais persécuté car, pour lui, l'unité de l'empire passe avant tout.
Plusieurs indices témoignent de cette évolution ambivalente : Constantin abandonne progressivement le monnayage au type de Soleil et fait fréquemment représenter sur ses monnaies des symboles chrétiens. Il reconnaît les tribunaux épiscopaux et fait du dimanche (jour du soleil païen) un jour férié obligatoire en 321, à l'exception des travaux des champs...

L’empereur accorde également des dons en argent et en terrains à l'Église, soutenant la construction d'églises ou de grandes basiliques, comme la Basilique Saint-Jean-de-Latran, celle de Saint-Pierre de Rome, Sainte-Sophie de Constantinople ou du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Le processus de christianisation de l'Empire à partir de Constantin demeure un phénomène discuté quant à ses modalités concrètes comme en témoignent les travaux des historiens Ramsay MacMullen et Paul Veyne, cités en bibliographie, qui esquissent pour l'un une christianisation paisible et insensible (Veyne) et pour l'autre un processus forcé et accompagné d'une paganisation du christianisme (McMullen).
« Presque imperceptiblement, les coutumes païennes s'introduisent dans l'Église. la conversion nominale de l'empereur au début du IVe siècle cause de grandes réjouissances : Le monde, couvert d'un manteau de justice, entre dans le christianisme de Rome. Alors, l'œuvre de la corruption fait de rapides progrès. Le paganisme paraît vaincu, tandis qu'il est réellement vainqueur :
Son esprit dirige à présent l'Église Romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, sont païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances insensées et de pratiques superstitieuses.
Le christianisme à Rome adopte et intègre une grande partie du système de l'ancien culte impérial ainsi que ses fêtes qui prennent toutes des couleurs plus ou moins chrétiennes. »

Constantin montre son désir d'assurer à tout prix, par la conciliation ou la condamnation, l'unité de l'Église qu'il considère dès ce moment comme un rouage de l'État et l'un des principaux soutiens du pouvoir, et, devient, ce faisant le véritable « président de l'Église ». Au début du IVe siècle, ce projet est contrarié par des crises dont les plus importantes sont la sécession donatiste et la crise arienne.
Le donatisme naît à propos d'une crise concernant la légitimité de l'évêque de Carthage, Caecilianus, ordonné en 312 : L'un des consécrateurs a livré des objets sacrés lors d'une persécution.
Certains chrétiens considèrent que la cérémonie n'a aucune valeur et élisent un autre évêque, Donatus. Ses partisans nient toute validité aux sacrements conférés par Caecilianus et provoquent des affrontements pour la possession des églises.
Constantin tente en vain d'apaiser le schisme par des lettres aux adversaires, puis, devant l'intransigeance des donatistes, convoque lui-même les synodes du Latran (313) et d'Arles (314) qui condamnent le donatisme.

Au début de 317, l'empereur promulgue un décret qui ordonne aux donatistes de restituer les lieux de culte qu'ils occupent. Devant leur refus, Caecilianus demande l'intervention de l'État pour le faire exécuter mais il y a plusieurs morts. Constantin finit par céder et promulgue en 321 un édit de tolérance laissant aux donatistes les églises qu'ils possèdent tout en maintenant sa condamnation de principe.
À la différence du schisme donatiste qui reste confiné à l'Afrique, l'arianisme se répand dans tout l'Orient. Voulant mettre fin à la querelle qui divise les chrétiens à propos du rapport entre le Fils et le Père, Constantin convoque et préside, sous l'impulsion de son conseiller Ossius de Cordoue (l'un des rares théologiens chrétiens occidentaux de l'époque) le concile œcuménique le 20 mai 325 dans la ville de Nicée, en Bithynie. La conception inspirée par les thèses du prêtre Arius (subordination du Fils au Père) y est condamnée.

La plupart des 250 ou 300 évêques présents signent un « symbole » (un accord) comportant le credo encore en usage aujourd'hui dans toutes les Églises chrétiennes.

Constantin préside les séances bien qu'il ne soit pas encore baptisé, impose la formule dogmatique finalement adoptée par les pressions constantes qu'il exerce sur les membres de l'Assemblée et se charge d'appliquer les décisions du concile de Nicée en faisant chasser de leurs sièges les évêques « ariens » (on dit aussi « homéens » ; ceux qui ont accepté le credo sont appelés « orthodoxes », « nicéens » ou « homoousiens »).
Mais, à la fin de sa vie, Constantin se rapproche des ariens et c'est leur chef, Eusèbe de Nicomédie, qui organise son baptême, sur son lit de mort. La crise arienne dure encore plusieurs décennies. (plutôt plusieurs siècles)
Ainsi se met en place, dès le règne de Constantin, ce qu'il est convenu d'appeler un césaropapisme, c'est-à-dire un régime comme l'a montré l'historien Gilbert Dagron, dans lequel les pouvoirs politique et religieux, bien que séparés, ne sont pas dissociables car le détenteur du pouvoir politique, considéré comme désigné par Dieu, participe de la nature épiscopale et exerce son autorité sur l'Église.

Les évêques tentent dès le règne de Constantin et encore davantage sous ses successeurs de préserver l'Église contre les empiétements du pouvoir impérial, en particulier dans le domaine du dogme, et, d'autre part, de marquer que, comme chrétien, l'empereur doit être soumis aux mêmes obligations morales et spirituelles que les autres fidèles.
COUPLE IMPERIAL
Tout comme Dioclétien, Constantin ne rompt pas pleinement avec la tradition du Haut-Empire (l'empereur demeure un magistrat qui porte les titres romains traditionnels) ni avec les apports orientaux de la tétrarchie :
Il porte d'abord la couronne de lauriers puis adopte régulièrement à partir de 326-327 le diadème orné de pierres précieuses.
Il est personnellement très porté sur le faste et l'ostentation et désire donner à la fonction impériale, par le cérémonial, le costume et l'apparat, une dimension supra-humaine. Eusèbe de Césarée affirme dans sa Vie de Constantin que l'empereur siège sur son trône dans une attitude hiératique et figée, ses yeux levés vers le ciel...

Il abandonne néanmoins les formes religieuses élaborées sous la tétrarchie, d'abord par un retour au modèle solaire des empereurs pré-tétrarchiques puis par l'abandon de la protection des dieux tutélaires de Rome et de l'Empire pour un dieu nouveau, le dieu des chrétiens. Le monothéisme devient le fondement idéologique de la monarchie constantinienne, ses idées politiques étant inspirées de principes unitaires, alors que le polythéisme convient mieux à l'idéal de la tétrarchie : Il n'existe qu'un seul Dieu, il ne doit y avoir qu'un seul monarque qui gouverne selon la volonté divine. Son principal théoricien, Eusèbe de Césarée, affirme, dans le Discours des Tricennales, que le royaume terrestre de Constantin est à l'image du royaume de Dieu et que l'empereur est entouré de ses Césars comme Dieu l'est de ses anges : Il se peut qu'à la fin de sa vie, Constantin ait jugé que l'arianisme correspondait mieux à l'idée qu'il se faisait d'une monarchie divine, avec le Fils subordonné au Père, sur laquelle se modèle sa propre monarchie, avec des Césars étroitement mis sous tutelle...

En fait, la christianisation du pouvoir impérial est lente car Constantin est obligé de tenir compte du poids des traditions, surtout chez les élites :
Aucune épithète explicitement chrétienne ne figure dans la titulature officielle de l'empereur qui continue de revêtir le grand pontificat.
Le culte impérial survit sous une forme épurée : A la mort du prince survient la divinisation accordée par le Sénat attestée pour la dernière fois en 364 avec la mort de Jovien.
Constantin, tout comme ses prédécesseurs de la tétrarchie, est préoccupé par la défense de l'Empire. La nouvelle stratégie politico-militaire de Constantin admet que l'armée des frontières peut-être battue sur certains fronts et le limes, enfoncé, et que les combats décisifs peuvent se dérouler à l'intérieur des frontières de l'Empire. L'empereur poursuit la politique de Gallien et de Dioclétien sur le front Danubien en introduisant des Barbares sur le territoire Romain : En échange de la protection des frontières et de la fourniture d'un contingent militaire, ces derniers reçoivent des subsides de l'État, des rations alimentaires et des tentes destinées à les sédentariser. L'aboutissement logique de cette évolution est, dès le règne de Constance II (337-361), l'accession de Barbares aux plus hauts postes de l'état-major.

De nouvelles unités appellent un nouvel encadrement. Les carrières militaires et civiles sont définitivement séparées : Les préfets du prétoire et les vicaires sont confinés dans des fonctions purement administratives et les gouverneurs sont déchargés de toute préoccupation militaire au profit de professionnels de la guerre :
Le maître des offices (magister officiorum) reçoit le commandement de la garde impériale (scholæ palatinæ).
Les deux-chefs d'état-major, les maîtres des soldats (magistri), supérieurs aux duces, sont séparés entre maître de l'infanterie et maître de la cavalerie, et ne relèvent que de l'autorité directe de l'empereur.
L'armée territoriale est subordonnée au découpage provincial : A chaque division administrative correspond un commandement militaire distinct de l'autorité civile (un comes au niveau du diocèse et un dux au niveau des provinces.

Le pouvoir impérial est renforcé par le morcellement des compétences mais une telle décision risque à terme d'affaiblir la valeur de l'armée et de ses chefs.

En 326, Constantin fait périr son fils aîné Crispus, puis son épouse Fausta. On ignore les raisons de ces exécutions, qui ne sont peut-être pas liées entre elles, mais on a évoqué un adultère ou une dénonciation calomnieuse de la part de Fausta.

En 337, Constantin vient de déclencher un conflit avec la Perse Sassanide de Shapur II et s'apprête à mener une expédition contre cet empire, quand il meurt subitement près de Nicomédie.
Quand Constantin Ier meurt, il n'a pas réglé sa succession. Ses 3 fils se proclament Augustes, tandis que les autres membres de la famille impériale sont assassinés, sauf les jeunes Julien et Gallus. Ils se partagent l'Empire mais Constantin II et Constant Ier entrent en conflit. Après les décès de ses deux frères, l'Empire est réuni sous l'autorité du seul fils survivant de Constantin, Constance II qui nomme deux césars aux pouvoirs très réduits.
Le nouvel empereur poursuit la politique de son père, autant dans les domaine religieux que militaires en luttant à la fois sur les fronts Rhéno-Danubien et Perse.
LE BAPTÊME DE CPNSTANTIN
D'après Eusèbe de Césarée, Constantin est mort le dimanche de Pentecôte 22 mai 337. On le trouve inscrit dans la plupart des calendriers Byzantins le 21 mai avec sa mère Hélène, parfois le 22 (comme dans le lectionnaire de Jérusalem).



Constantin Ier (empereur romain) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_(empereur_romain)
Flavius Valerius Aurelius Constantinus, né à Naissus en Mésie (aujourd'hui Niš en Serbie) le 27 février 272, est proclamé 34e empereur romain sous le nom Constantin Ier en 306 par les légions de Bretagne et mort le 22 mai 337 ..... Les relations se dégradent à nouveau à partir de 333, année où les Perses tentent de ...

Constantin le Grand (280 - 337) - Le premier empereur chrétien ...
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26 oct. 2015 - Constantin 1er, issu d'une lignée de

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