jeudi 2 juin 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 353

20 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 353 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DE FUGACES EMPEREURS.

Flavius Magnus Magnentius est né vers 303 à Amiens. Son père, un Breton, est peut-être venu dans l’entourage de Constance Chlore après l’expédition de 296 en Bretagne contre l’usurpateur Allectus. Sa mère, une Franque, est devineresse et fait plusieurs prédictions concernant son fils qui se révèlent exactes (!) Peut-être même est-elle esclave ou affranchie de Constance Chlore.

D’après Zosime, il vit dans la tribu gauloise des Létes, mais reçoit une éducation latine. Il rejoint l’armée de Constantin I et se distingue comme soldat puis comme officier. Il devient ensuite officier d’état-major, puis assume le commandement de deux légions prestigieuses (Ioviani et Herculiana) avec le titre de Comes rei militaris.
 Si la conspiration ourdie par Marcellinus apparaît comme un acte impulsif, cependant il faut bien dire que beaucoup d’officiers et de nombreux dignitaires civils sont prêts à se détourner de Constant, tant le mécontentement est grand. On peut dire que la conspiration n'est que l’occasion du soulèvement contre l’empereur légitime.
En fait, Constant a déjà fait l’unanimité contre lui ! Le moment choisi est approprié : Constant est loin de la Cour, occupé à une grande chasse avec ses familiers et ne reviendra pas avant plusieurs semaines...

Le choix de Magnence comme prétendant empereur peut paraître  peu judicieux, car il a contre lui son origine Barbare et le statut d ’esclave affranchie de sa mère, d’autre part il a une éducation latine, c'est un général apprécié de ses soldats et très populaire.
On ne sait combien de temps il a fallu à Constant pour être averti de la conspiration, toujours est-il qu’il ne perd pas un moment pour prendre la fuite vers les Pyrénées et l’Espagne : Son but est de s’embarquer pour rejoindre Rome et la sécurité... Il n’en a pas le temps, rattrapé à Hélénè , au sud de Narbonne par l'un des généraux de Magnence, Gaiso qui le déniche dans l’église de la ville, l’en fait sortir et l’exécute peu après. On ignore où est enterré le corps de l’empereur déchu certaines traditions racontent qu’il est recueilli par quelques compagnons et emmené dans un petit tombeau près de Tarragone en Espagne.

Gaiso, à titre de remerciement est désigné Consul pour l’année 350. Pourquoi Constance n’est-il pas venu au secours de son frère ? Au moment des faits, Constance est engagé sur la frontière Perse où Shapur assiège la ville de Nisibis. Il n’est donc pas envisageable d’abandonner la Perse à ce moment ni même d’envoyer des secours en Gaule.
Le siège de Nisibis occupe d’ailleurs Constance tout l’été et tout l’automne de l’année 350, ce qui permet à Magnence de s’installer dans le pouvoir impérial.
Les provinces se rallient vite au nouvel empereur : L’Afrique et l’Italie reconnaissent Magnence en février 350, pour Rome il nomme comme Préfet de la Ville Fabius Titianus qui a été Préfet de Gaule pendant 20 ans sous Constant !
DECENTIUS
Ensuite, Magnence occupe les cols des Alpes Balkaniques avec l’intention d’envahir l’Illyrie, mais là, il se heurte à un problème inattendu.

Le 2e problème qui attend Magnence éclate à Rome : Le 3 juin, Flavius Popilius Nepotianus Constantinus, fils d’Eutropia une demi-sœur de Constantin I est proclamé empereur par une troupe de gladiateurs armés.
La rébellion ne dure que 27 jours pendant lesquels Népotien et ses  partisans se répandent dans la ville en se livrant aux pires exactions.

Le 30 juin, Marcellinus entre à Rome et met fin à la rébellion :  Népotien est tué et sa tête plantée sur une lance puis promenée dans toute la ville.
La révolte est noyée dans un bain de sang : Tous les partisans de Népotien, ainsi qu’Eutropia, sa mère, sont égorgés.
Cette rébellion marque la fin des tentatives de Magnence de s’entendre avec Constance et il se prépare à un affrontement militaire... Il est possible que la révolte de Népotien est encouragée par Constance, dans l’espoir qu’il puisse rallier le peuple à la famille de Constantin. Mais la révolte est condamnée d’avance, car elle a été mal préparée et ne jouit d’aucun support officiel.
De  plus, la réponse rapide de Magnence montre qu’il est désormais prêt à faire face à toute rébellion.

Les monnaies d’or et d’argent de Népotien sont de la plus haute rareté (les seuls exemplaires connus sont dans les musées), ses monnaies de bronze, sont elles aussi fort rares et des exemplaires usés se vendent à des prix très élevés, les rares fois où ils sont proposés au public, lors des grandes ventes internationales.
Pendant les premiers mois de son règne, Magnence tente un rapprochement avec Constance pour se faire reconnaître comme souverain légitime de l’Ouest. Il souhaite que Constance épouse sa fille et propose lui-même d’épouser Constantia, la sœur de Constance.
A cette époque, il fait émettre des monnaies au nom de Constance dans ses ateliers...
La rébellion de Népotien avec ses implications lui ouvre les yeux : Jamais Constance ne le reconnaîtra.
Magnence commence donc à assembler une armée composée de Francs, de Saxons et de Germains et il va même jusqu’à rappeler des troupes de Bretagne et à vider les forts du Limes Rhénan.
Selon l’avis généralement répandu, Magnence élève son frère Décence à la dignité de César au mois de mars 351, pour l’aider dans son administration des provinces pendant qu’il sera en campagne.
Au même moment, Constance élève son cousin Gallus à la dignité de César, pour s’occuper de l’Orient pendant qu’il mène les opérations contre Magnence.

Décence, généralement n’a pas de monnaies au type Gloria Romanorum, mais il y a une émission Renobtio Urbis Rome avec l’inscription de droit Dacentius N. CS., ce qui suppose une élévation de Décence au cours de l’été 350.
Peut-être Décence est-il allé à Rome après l’éviction de Népotien et a-t-il été nommé César dans cette ville.
Vers la même époque, Magnence épouse Justine, fille de Justus le Préfet du Prétoire sous Licinius, qui a épousé une fille de Crispus César, fils de Constantin I. Ceci donne à Magnence un lien familial avec la famille constantinienne, puisque Justine est une arrière petite fille de Constantin I ! Pour tenter de légaliser son usurpation, Magnence a cherché des contacts avec des personnalités religieuses de l’époque : Paul, évêque de Constantinople, déjà suspect à Constance, car il a une vision orthodoxe du christianisme (Constance est arien), ou encore Athanase, patriarche d’Alexandrie, lui aussi mal vu de Constance, pour les mêmes motifs.
Ceci n’a jamais abouti, Constance prenant ce prétexte pour se débarrasser des 2 évêques. Au point de vue religieux, Constant a appliqué à la lettre les lois promulguées par son père dans l’Est : Il a interdit les sacrifices païens et sans doute a confisqué certains trésors de temples.
Magnence renverse cette politique, Constance, après s’être débarrassé de son adversaire ordonne en effet que soient abolis les sacrifices nocturnes autorisés sous le pouvoir de Magnence. La faveur montrée aux païens semble montrer que Magnence était lui-même païen, seule une source prétend qu’il a été baptisé...

Ce qui est certain, c’est que, aussi bien sous le règne de Constantin, que sous ses successeurs, l’armée, recrutée parmi les jeunes gens vivant dans des contrées rurales où le christianisme n’a pas encore pu s’installer, reste païenne en très large majorité et aucun empereur n’a pris le risque de tenter de les convertir, préférant leur laisser une complète liberté de religion.
A la suite de l’abdication de Vétranion (décembre 350), Constance reste à Sirmium pour évaluer correctement la situation militaire. Partir en campagne contre l’usurpateur peut le tenir à l’écart de la situation critique de la frontière Est pendant plusieurs mois. Il faut la présence d’un membre de la famille impériale pour assurer la stabilité.

Constance n’a pas d’enfant et il doit se résoudre à faire revenir d’exil son cousin Gallus qui a été épargné avec son frère Julien, en raison de leur jeune âge.
Gallus est marié à Constantia, sœur de Constance et nommé César le 1er mars 351, non pour administrer l’Est, mais pour être une présence impériale pour contrer l’avance de Constance, au printemps 351, Magnence s’avance en Pannonie et occupe Siscia en été. Constance envoie un ambassadeur chargé de conclure un traité : Il suggère que Magnence se retire d’Italie et se contente de régner sur les provinces au nord des Alpes. Magnence refuse et envoie une contre proposition à Constance où il lui enjoint de rester sur ses positions.

A cette occasion, Magnence s’empare de la monnaie de Siscia et émet en son nom et en celui de son frère quelques monnaies pendant les mois de juillet et août 351.
Magnence continue sa marche vers Sirmium, mais ne peut s’en emparer il va mettre le siège devant la ville de Mursa, bien défendue par ses citoyens et où la résistance à l’envahisseur est plus rude que prévue. Pendant ce temps, Constance a fait mouvement pour aider la cité et le 28 septembre 351, les deux armées se rencontrent dans une plaine à proximité de Mursa.
Constance a placé son armée le dos au Danube et la rivière Drave à sa droite :
Ses soldats n’ont d’autre choix que de vaincre ou de mourir !
Sa cavalerie est placée aux ailes mêlée à des archers, à la manière Perse et son infanterie lourde occupe le centre avec d’autres archers et frondeurs.

Juste avant la bataille, le tribun Silvanus abandonne Magnence avec toute sa cavalerie pour rejoindre Constance. La bataille est âpre, mais finalement, c'est la cavalerie de Constance qui fait la différence : Les cavaliers entourent l’aile droite de Magnence et mettent en déroute toute la ligne de front, au point que
Magnence est presque capturé et s’enfuit du champ de bataille.
Les troupes Gauloises refusent de se rendre et se battent jusqu’à la nuit... Julien accuse Magnence d’incompétence pour ne pas avoir su disposer sa ligne de bataille et de couardise pour avoir fui la bataille en laissant les autres continuer le combat ! Cette bataille est une des plus meurtrières du IVe siècle plus de 50.000 soldats y laissent la vie : 24.000 sur les 36.000 que compte l’armée de Magnence et près de 30.000 pour Constance qui aligne une armée de 80.000 hommes.

La différence numérique entre les deux armées s’explique par le fait que Magnence, inconsidérément, a laissé une partie importante de ses troupes pour continuer le siège de Sirmium. Fatale erreur ! Ce massacre est lourd de conséquences à une époque où chaque homme est indispensable à la défense des frontières ! Il appartient à Julien, puis à Valentinien I de rétablir l’ordre sur le
Limes.

Pendant l’hiver 351, Magnence ferme les cols des Alpes Juliennes vers l’Italie,
il a fait une entrée triomphale à Aquilée et il veut utiliser la ville comme base de ses opérations. Constance prend ses quartiers d’hiver, et il offre l’amnistie à tous les soldats de Magnence qui veulent rejoindre son armée. D’autre part il envoie des lettres aux tribus Barbares vivant le long du Rhin pour les pousser à
attaquer Magnence à revers, obligeant ainsi le César Décence à se démener en Gaule et sur le Limes au lieu de secourir son frère.
MAGNENCE
Les barbares ne sont que trop heureux d’envahir la Gaule, de mettre les cultures à sac et de piller villes et villages, là encore, il faut attendre l’action réfléchie de Julien pour ramener l’ordre dans la province.

Constance veut sécuriser la frontière de Pannonie avant de marcher sur Magnence il vainc les Sarmates sur le Danube et commence à avancer vers l’Italie.
Pendant qu’il prépare ses troupes à l’assaut final, Constance envoie une flotte en Méditerranée pour récupérer l’Afrique, la Sicile et l’Espagne, qui rentrent bien volontiers dans le giron de l’empire...

En septembre 352, Constance s’impose en Italie du Nord et place un de ses fidèles au poste de Préfet de la Ville, puis il se retire à Milan, où il installe sa cour dès le mois de novembre pour passer l’hiver. Magnence a fait retraite vers la Gaule, où il peut, grâce à la fidélité des Gaulois recréer une armée.

Au printemps 353, l’armée de Constance traverse les Alpes Cottiennes et progresse en Gaule.

Ammien Marcellin note brièvement que, sous la conduite d’un officier nommé Poemenius, la ville de Trèves se déclare en faveur de Constance et refuse l’entrée de Décence en ses murs Trèves est pour l’usurpateur une cité de grande importance et c’est aussi un de ses ateliers monétaires les plus actifs. L’évidence numismatique peut situer cette défection vers le mois de mai ou juin 353.
 A la bataille de Mons Seleucus, Magnence est définitivement et radicalement vaincu.
Il se réfugie à Lugdunum (Lyon) et se suicide en août, le 10 ou le 11 en se jetant sur son glaive.
Décence à qui son frère a envoyé un appel désespéré apprend en chemin le sort de Magnence. Il se suicide à son tour dans la ville de Sens, en se pendant le 18 août.

La vengeance de Constance contre les partisans de l’usurpateur est impitoyable : Il bannit les plus illustres, fait périr ses proches et dès 354, il envoie un de ses hommes de main, surnommé « Paul la Chaîne » en Bretagne pour arrêter certains officiers de Magnence qui sont réfugiés dans l’île.
Paul fait de nombreux prisonniers, confisque les biens de gens innocents et va même jusqu’à tourmenter le gouverneur de l’île, un certain Martinus, qui finit par se suicider.
Le tourmenteur emmène ses victimes enchaînées et torturées à la cour de Constance.
Les soldats de Magnence capturés sont envoyés dans l’Est pour salaire de leur trahison,et postés à Amida, à la frontière Perse.
Cependant, certains des soldats de Magnence échappent à ce sort et deviennent brigands pour survivre.

En 355, quand il arrive en Gaule, Julien les réengage dans ses troupes régulières… Certains soldats, pour servir 10 ans plus tard, lors d’une autre révolte contre Constance, celle de Julien, proclamé empereur par ses troupes en 360 !



L'usurpation de Magnence, 350 - 353 | Michel Moreaux - Academia.edu
www.academia.edu/9633956/Lusurpation_de_Magnence_350_-_353
Les années 350 à 353 L'usurpation de Magnence : histoire et monnaies. Le 18 janvier 350, se tenait un banquet pour célébrer la naissance du fils de ...
Magnence — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Magnence
Usurpateur romain. modifier · Consultez la documentation du modèle. Magnence (Flavius Magnentius) (303 - 11 août 353) usurpe le titre impérial du 18 janvier 350 ...

L' Empereur Magnence: sa vie et son monnayage - WordPress.com
https://clubnumismatique.files.wordpress.com/2015/02/revue-mars-avril-couleurs.pdf
25 févr. 2015 - PANORAMA NUMISMATIQUE POUR L'ANNÉE 2015 .... Les années 350 à 353. L'usurpation de Magnence : histoire et monnaies. 2 ème partie.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire