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MAI 2016...
Cette
page concerne l'année 353 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
DE
FUGACES EMPEREURS.
Flavius
Magnus Magnentius est né vers 303 à Amiens. Son père, un Breton,
est peut-être venu dans l’entourage de Constance Chlore après
l’expédition de 296 en Bretagne contre l’usurpateur Allectus. Sa
mère, une Franque, est devineresse et fait plusieurs prédictions
concernant son fils qui se révèlent exactes (!) Peut-être même
est-elle esclave ou affranchie de Constance Chlore.
D’après
Zosime, il vit dans la tribu gauloise des Létes, mais reçoit une
éducation latine. Il rejoint l’armée de Constantin I et se
distingue comme soldat puis comme officier. Il devient ensuite
officier d’état-major, puis assume le commandement de deux légions
prestigieuses (Ioviani et Herculiana) avec le titre de Comes rei
militaris.
Si
la conspiration ourdie par Marcellinus apparaît comme un acte
impulsif, cependant il faut bien dire que beaucoup d’officiers et
de nombreux dignitaires civils sont prêts à se détourner de
Constant, tant le mécontentement est grand. On peut dire que la
conspiration n'est que l’occasion du soulèvement contre l’empereur
légitime.
En
fait, Constant a déjà fait l’unanimité contre lui ! Le
moment choisi est approprié : Constant est loin de la Cour, occupé
à une grande chasse avec ses familiers et ne reviendra pas avant
plusieurs semaines...
Le
choix de Magnence comme prétendant empereur peut paraître peu
judicieux, car il a contre lui son origine Barbare et le statut d
’esclave affranchie de sa mère, d’autre part il a une éducation
latine, c'est un général apprécié de ses soldats et très
populaire.
On
ne sait combien de temps il a fallu à Constant pour être averti de
la conspiration, toujours est-il qu’il ne perd pas un moment pour
prendre la fuite vers les Pyrénées et l’Espagne : Son but
est de s’embarquer pour rejoindre Rome et la sécurité... Il n’en
a pas le temps, rattrapé à Hélénè , au sud de Narbonne par l'un
des généraux de Magnence, Gaiso qui le déniche dans l’église de
la ville, l’en fait sortir et l’exécute peu après. On ignore où
est enterré le corps de l’empereur déchu certaines traditions
racontent qu’il est recueilli par quelques compagnons et emmené
dans un petit tombeau près de Tarragone en Espagne.
Gaiso,
à titre de remerciement est désigné Consul pour l’année 350.
Pourquoi Constance n’est-il pas venu au secours de son frère ? Au
moment des faits, Constance est engagé sur la frontière Perse où
Shapur assiège la ville de Nisibis. Il n’est donc pas envisageable
d’abandonner la Perse à ce moment ni même d’envoyer des secours
en Gaule.
Le
siège de Nisibis occupe d’ailleurs Constance tout l’été et
tout l’automne de l’année 350, ce qui permet à Magnence de
s’installer dans le pouvoir impérial.
Les
provinces se rallient vite au nouvel empereur : L’Afrique et
l’Italie reconnaissent Magnence en février 350, pour Rome il nomme
comme Préfet de la Ville Fabius Titianus qui a été Préfet de
Gaule pendant 20 ans sous Constant !
DECENTIUS |
Ensuite,
Magnence occupe les cols des Alpes Balkaniques avec l’intention
d’envahir l’Illyrie, mais là, il se heurte à un problème
inattendu.
Le
2e problème qui attend Magnence éclate à Rome : Le 3 juin, Flavius
Popilius Nepotianus Constantinus, fils d’Eutropia une demi-sœur de
Constantin I est proclamé empereur par une troupe de gladiateurs
armés.
La
rébellion ne dure que 27 jours pendant lesquels Népotien et ses
partisans se répandent dans la ville en se livrant aux pires
exactions.
Le
30 juin, Marcellinus entre à Rome et met fin à la rébellion :
Népotien est tué et sa tête plantée sur une lance puis
promenée dans toute la ville.
La
révolte est noyée dans un bain de sang : Tous les partisans de
Népotien, ainsi qu’Eutropia, sa mère, sont égorgés.
Cette
rébellion marque la fin des tentatives de Magnence de s’entendre
avec Constance et il se prépare à un affrontement militaire... Il
est possible que la révolte de Népotien est encouragée par
Constance, dans l’espoir qu’il puisse rallier le peuple à la
famille de Constantin. Mais la révolte est condamnée d’avance,
car elle a été mal préparée et ne jouit d’aucun support
officiel.
De
plus, la réponse rapide de Magnence montre qu’il est
désormais prêt à faire face à toute rébellion.
Les
monnaies d’or et d’argent de Népotien sont de la plus haute
rareté (les seuls exemplaires connus sont dans les musées), ses
monnaies de bronze, sont elles aussi fort rares et des exemplaires
usés se vendent à des prix très élevés, les rares fois où ils
sont proposés au public, lors des grandes ventes internationales.
Pendant
les premiers mois de son règne, Magnence tente un rapprochement avec
Constance pour se faire reconnaître comme souverain légitime de
l’Ouest. Il souhaite que Constance épouse sa fille et propose
lui-même d’épouser Constantia, la sœur de Constance.
La
rébellion de Népotien avec ses implications lui ouvre les yeux :
Jamais Constance ne le reconnaîtra.
Magnence
commence donc à assembler une armée composée de Francs, de Saxons
et de Germains et il va même jusqu’à rappeler des troupes de
Bretagne et à vider les forts du Limes Rhénan.
Selon
l’avis généralement répandu, Magnence élève son frère Décence
à la dignité de César au mois de mars 351, pour l’aider dans son
administration des provinces pendant qu’il sera en campagne.
Au
même moment, Constance élève son cousin Gallus à la dignité de
César, pour s’occuper de l’Orient pendant qu’il mène les
opérations contre Magnence.
Décence,
généralement n’a pas de monnaies au type Gloria Romanorum, mais
il y a une émission Renobtio Urbis Rome avec l’inscription de
droit Dacentius N. CS., ce qui suppose une élévation de Décence au
cours de l’été 350.
Peut-être
Décence est-il allé à Rome après l’éviction de Népotien et
a-t-il été nommé César dans cette ville.
Vers
la même époque, Magnence épouse Justine, fille de Justus le Préfet
du Prétoire sous Licinius, qui a épousé une fille de Crispus
César, fils de Constantin I. Ceci donne à Magnence un lien familial
avec la famille constantinienne, puisque Justine est une arrière
petite fille de Constantin I ! Pour tenter de légaliser son
usurpation, Magnence a cherché des contacts avec des personnalités
religieuses de l’époque : Paul, évêque de Constantinople,
déjà suspect à Constance, car il a une vision orthodoxe du
christianisme (Constance est arien), ou encore Athanase, patriarche
d’Alexandrie, lui aussi mal vu de Constance, pour les mêmes
motifs.
Ceci
n’a jamais abouti, Constance prenant ce prétexte pour se
débarrasser des 2 évêques. Au point de vue religieux, Constant a
appliqué à la lettre les lois promulguées par son père dans
l’Est : Il a interdit les sacrifices païens et sans doute a
confisqué certains trésors de temples.
Magnence
renverse cette politique, Constance, après s’être débarrassé de
son adversaire ordonne en effet que soient abolis les sacrifices
nocturnes autorisés sous le pouvoir de Magnence. La faveur montrée
aux païens semble montrer que Magnence était lui-même païen,
seule une source prétend qu’il a été baptisé...
Ce
qui est certain, c’est que, aussi bien sous le règne de
Constantin, que sous ses successeurs, l’armée, recrutée parmi les
jeunes gens vivant dans des contrées rurales où le christianisme
n’a pas encore pu s’installer, reste païenne en très large
majorité et aucun empereur n’a pris le risque de tenter de les
convertir, préférant leur laisser une complète liberté de
religion.
A
la suite de l’abdication de Vétranion (décembre 350), Constance
reste à Sirmium pour évaluer correctement la situation militaire.
Partir en campagne contre l’usurpateur peut le tenir à l’écart
de la situation critique de la frontière Est pendant plusieurs mois.
Il faut la présence d’un membre de la famille impériale pour
assurer la stabilité.
Constance
n’a pas d’enfant et il doit se résoudre à faire revenir d’exil
son cousin Gallus qui a été épargné avec son frère Julien, en
raison de leur jeune âge.
Gallus
est marié à Constantia, sœur de Constance et nommé César le 1er
mars 351, non pour administrer l’Est, mais pour être une présence
impériale pour contrer l’avance de Constance, au printemps 351,
Magnence s’avance en Pannonie et occupe Siscia en été. Constance
envoie un ambassadeur chargé de conclure un traité : Il suggère
que Magnence se retire d’Italie et se contente de régner sur les
provinces au nord des Alpes. Magnence refuse et envoie une contre
proposition à Constance où il lui enjoint de rester sur ses
positions.
A
cette occasion, Magnence s’empare de la monnaie de Siscia et émet
en son nom et en celui de son frère quelques monnaies pendant les
mois de juillet et août 351.
Magnence
continue sa marche vers Sirmium, mais ne peut s’en emparer il va
mettre le siège devant la ville de Mursa, bien défendue par ses
citoyens et où la résistance à l’envahisseur est plus rude que
prévue. Pendant ce temps, Constance a fait mouvement pour aider la
cité et le 28 septembre 351, les deux armées se rencontrent dans
une plaine à proximité de Mursa.
Constance
a placé son armée le dos au Danube et la rivière Drave à sa
droite :
Ses
soldats n’ont d’autre choix que de vaincre ou de mourir !
Sa
cavalerie est placée aux ailes mêlée à des archers, à la manière
Perse et son infanterie lourde occupe le centre avec d’autres
archers et frondeurs.
Juste
avant la bataille, le tribun Silvanus abandonne Magnence avec toute
sa cavalerie pour rejoindre Constance. La bataille est âpre, mais
finalement, c'est la cavalerie de Constance qui fait la différence
: Les cavaliers entourent l’aile droite de Magnence et mettent en
déroute toute la ligne de front, au point que
Magnence
est presque capturé et s’enfuit du champ de bataille.
Les
troupes Gauloises refusent de se rendre et se battent jusqu’à la
nuit... Julien accuse Magnence d’incompétence pour ne pas avoir su
disposer sa ligne de bataille et de couardise pour avoir fui la
bataille en laissant les autres continuer le combat ! Cette bataille
est une des plus meurtrières du IVe siècle plus de 50.000 soldats y
laissent la vie : 24.000 sur les 36.000 que compte l’armée de
Magnence et près de 30.000 pour Constance qui aligne une armée de
80.000 hommes.
La
différence numérique entre les deux armées s’explique par le
fait que Magnence, inconsidérément, a laissé une partie importante
de ses troupes pour continuer le siège de Sirmium. Fatale erreur !
Ce massacre est lourd de conséquences à une époque où chaque
homme est indispensable à la défense des frontières ! Il
appartient à Julien, puis à Valentinien I de rétablir l’ordre
sur le
Limes.
Pendant
l’hiver 351, Magnence ferme les cols des Alpes Juliennes vers
l’Italie,
il
a fait une entrée triomphale à Aquilée et il veut utiliser la
ville comme base de ses opérations. Constance prend ses quartiers
d’hiver, et il offre l’amnistie à tous les soldats de Magnence
qui veulent rejoindre son armée. D’autre part il envoie des
lettres aux tribus Barbares vivant le long du Rhin pour les pousser à
attaquer
Magnence à revers, obligeant ainsi le César Décence à se démener
en Gaule et sur le Limes au lieu de secourir son frère.
MAGNENCE |
Les
barbares ne sont que trop heureux d’envahir la Gaule, de mettre les
cultures à sac et de piller villes et villages, là encore, il faut
attendre l’action réfléchie de Julien pour ramener l’ordre dans
la province.
Constance
veut sécuriser la frontière de Pannonie avant de marcher sur
Magnence il vainc les Sarmates sur le Danube et commence à avancer
vers l’Italie.
Pendant
qu’il prépare ses troupes à l’assaut final, Constance envoie
une flotte en Méditerranée pour récupérer l’Afrique, la Sicile
et l’Espagne, qui rentrent bien volontiers dans le giron de
l’empire...
En
septembre 352, Constance s’impose en Italie du Nord et place un de
ses fidèles au poste de Préfet de la Ville, puis il se retire à
Milan, où il installe sa cour dès le mois de novembre pour passer
l’hiver. Magnence a fait retraite vers la Gaule, où il peut, grâce
à la fidélité des Gaulois recréer une armée.
Au
printemps 353, l’armée de Constance traverse les Alpes Cottiennes
et progresse en Gaule.
Ammien
Marcellin note brièvement que, sous la conduite d’un officier
nommé Poemenius, la ville de Trèves se déclare en faveur de
Constance et refuse l’entrée de Décence en ses murs Trèves est
pour l’usurpateur une cité de grande importance et c’est aussi
un de ses ateliers monétaires les plus actifs. L’évidence
numismatique peut situer cette défection vers le mois de mai ou juin
353.
A
la bataille de Mons Seleucus, Magnence est définitivement et
radicalement vaincu.
Il
se réfugie à Lugdunum (Lyon) et se suicide en août, le 10 ou le 11
en se jetant sur son glaive.
Décence
à qui son frère a envoyé un appel désespéré apprend en chemin
le sort de Magnence. Il se suicide à son tour dans la ville de Sens,
en se pendant le 18 août.
La
vengeance de Constance contre les partisans de l’usurpateur est
impitoyable : Il bannit les plus illustres, fait périr ses
proches et dès 354, il envoie un de ses hommes de main, surnommé «
Paul la Chaîne » en Bretagne pour arrêter certains officiers de
Magnence qui sont réfugiés dans l’île.
Paul
fait de nombreux prisonniers, confisque les biens de gens innocents
et va même jusqu’à tourmenter le gouverneur de l’île, un
certain Martinus, qui finit par se suicider.
Le
tourmenteur emmène ses victimes enchaînées et torturées à la
cour de Constance.
Les
soldats de Magnence capturés sont envoyés dans l’Est pour salaire
de leur trahison,et postés à Amida, à la frontière Perse.
Cependant,
certains des soldats de Magnence échappent à ce sort et deviennent
brigands pour survivre.
En
355, quand il arrive en Gaule, Julien les réengage dans ses troupes
régulières… Certains soldats, pour servir 10 ans plus tard, lors
d’une autre révolte contre Constance, celle de Julien, proclamé
empereur par ses troupes en 360 !
L'usurpation
de Magnence, 350 - 353 | Michel Moreaux - Academia.edu
www.academia.edu/9633956/Lusurpation_de_Magnence_350_-_353
Les
années 350 à 353 L'usurpation de Magnence : histoire et monnaies.
Le 18 janvier 350, se tenait un banquet pour célébrer la naissance
du fils de ...
Magnence
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Magnence
Usurpateur
romain. modifier · Consultez la documentation du modèle. Magnence
(Flavius Magnentius) (303 - 11 août 353) usurpe le titre impérial
du 18 janvier 350 ...
L'
Empereur Magnence: sa vie et son monnayage - WordPress.com
https://clubnumismatique.files.wordpress.com/2015/02/revue-mars-avril-couleurs.pdf
25
févr. 2015 - PANORAMA NUMISMATIQUE POUR L'ANNÉE 2015 .... Les
années 350 à 353. L'usurpation de Magnence : histoire et monnaies.
2 ème partie.
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