21
MAI 2016...
Cette
page concerne l'année 352 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
QUAND
CONSTANCE ABANDONNE STRASBOURG AUX BARBARES.
Le
premier nom de la ville est en celtique Argantorati Argentorate,
romanisé en Argentoratum (Argentoraton
IIe siècle), même nom qu'Argentré (Mayenne, Argentrato
IXe siècle). L’étymologie de ce terme est discutée,
certains y voyant un lien avec la Grande Déesse
Celte, dont Argantia est un des épithètes et qui est identifiée
avec la lune.
L’acceptation
la plus courante veut que la racine Celtique arganto- (argent,
luisant) renvoie à la couleur et la brillance argentée d'un cours
d'eau (cf. l’Argens, l'Arc, etc.), en l'occurrence de l'Ill (Ainos
en gaulois).
« Cette
hypothèse est renforcée par l’ancien nom de Horbourg
(Argentovaria), commune également située sur l’Ill, dont
l'élément ver / var désigne précisément un cours d'eau en
Indo-européen. -rate de rāti désigne une levée de terre ou une
fortification (cf. vieil irlandais ráith / ráth, fortin,
fortification). »
Cette
hypothèse affirme donc qu'Argentoratum est
l'enceinte sur l'Argenta, in extenso la
cité de la rivière. Ce nom est alors en parfaite cohérence avec la
perception de ce lieu frontière, situé à proximité du Rhin,
partie intégrante du réseau de camps défendant le Limes nord de
l’empire Romain.
Puis,
à la suite de son intégration dans l'entité Germanique, cette
ville n'est plus frontalière, mais au cœur du réseau des cités
Goths. Sa perception n’est dès lors plus sur un axe fluvial et
orienté Nord-Sud, mais routière et sur un axe Est-Ouest. Strasbourg
est en effet au niveau d’un des rares ponts permettant de franchir
le Rhin et de ce fait placée sur une route majeure Est-Ouest. Son
nom évolue alors en Straßburg, le château
(die Burg, bâtiment fortifié) sur la
route (die Straße), issu de Stratiburg
nom antérieur à la mutation consonantique haut-allemand mentionné
pour la première fois au VIe siècle par Saint Grégoire.
Sous
Constantin (306-337) le camp d’Argentorate est reconstruit et
fortifié, on ajoute une muraille à la cité, ce qui permet de
recevoir la population civile.
Partout
dans le pays l’activité économique reprend avec la sécurité
revenue. Mais en 351 l’usurpation de Décence provoque la guerre
civile et le départ pour l’Italie de nombreuses troupes du front
Rhénan alors qu’une coalition de Francs et d’Alamans aux ordres
de Chnodomar passe le Rhin à l’appel de Constance, l’empereur
usurpé (337-361) et écrase les troupes de Décence à Bingen en
352.
La
région entre Rhin et Moselle est envahie, les coalisés
s’installent, déportent en masse les populations Gallo-Romaines
pour cultiver les terres à leur place. Les villes sont démantelées
et laissées à l’abandon. Beaucoup d’habitants fuient et se
réfugient dans les montagnes... En 355, Cologne tombe.
En
355, la ville est saccagée par les Alamans. Julien reconquiert la
ville en 357 après une victoire décisive sur les Alamans lors de la
bataille de Strasbourg. Mais en 406 les Germains envahissent à
nouveau la Gaule puis en 451, la ville est complètement détruite
par Attila.
Les
villes sont démantelées, pillées et laissées à l’abandon. De
cette époque datent les trésors de Villing (Lorraine), Mackwiller,
Strasbourg, Saint Étienne, et le fabuleux trésor d'argenterie de
Kaisers Augst... Beaucoup d’habitants fuient et se réfugient dans
les montagnes. Constantin II appelle son cousin Julien (dit « Julien
l’Apostat ») pour redresser une situation qui paraît sans espoir.
En
356, une première expédition permet à Julien de battre les Alamans
au sud de Brumath. Prudent, il se replie sur Saverne qu’il
fortifie. L’année suivante, 2 armées Romaines, l’une venant
d’Augst commandée par Barbation, l’autre venant de Lorraine avec
Julien, tentent de prendre les Alamans en tenaille. Barbation est mis
en déroute près de Bâle.
Tout
repose sur Julien. En août, il marche sur Argentorate. Les 2 armées
se rencontrent entre Mundolsheim et Hausbergen. Longtemps indécise,
la bataille tourne à l’avantage des Romains et de leurs
auxiliaires Gaulois. Chnodomar est pris, envoyé à Rome où il meurt
en prison.
La
victoire de Julien redonne espoir aux Gallo-Romains, d’autant
qu’une série d’incursions en Germanie ramène nombre de
déportés. Des Germains vaincus sont fixés sur le Rhin et
deviennent soldats-paysans (Villages en « Heim » du Kochersberg ?).
Julien et ses successeurs réorganisent la défense du pays. Le
castrum d’Argentorate est reconstruit et fortifié par une double
enceinte. Dans le Haut Rhin, près de Colmar, est érigé l’important
fort d’Argentovaria-Horbourg.
En
377, Gratien repousse une invasion Alamane du côté d’Argentovaria,
passe le Rhin et mène la dernière campagne Romaine en Germanie.
Mais à partir de 383 de nouvelles guerres civiles affaiblissent
l’Empire, dégarnissant les frontières.
En
401, Stilichon, un Vandale au service de l’empereur Honorius
réorganise la défense du territoire : Troupes d'intervention à
l'arrière et troupes frontalières groupées dans les forteresses et
le long des routes stratégiques avec rôle de surveillance et de
renseignement. Le système permet d'engager des batailles massives
dans lesquelles les Romains sont supérieurs, au lieu de disperser
les forces sur toute la frontière. Rien n’y fait :
En
451 Attila traverse le Rhin à Strasbourg et brûle celle-ci comme en
témoignent les fouilles de l'église Saint-Etienne, de la ruelle
Saint Médard et de la chapelle Saint-Laurent. Il repasse à
l'automne après sa défaite des Champs Catalauniques. C'est la fin
de la défense de l'Alsace par les Romains, la fin de la Gaule
Romaine.
Une
nouvelle interprétation des textes, complétée par l'étude des
trésors enfouis sous Magnence et Décence, découverts dans des
couches d'incendie, et par celle des sites ravagés dont les monnaies
les plus récentes appartiennent aux 2 usurpateurs, a permis à M.
Schwartz de dater avec précision la défaite de Décence par les
Alamans et l'incendie d'Argentorate.
L'invasion
paraît avoir été brutale et peu profonde (les régions à l'Ouest
de la Moselle en ont peu souffert).
On
a pu reconstituer 2 fronts : L'un entre la Sarre et la Moselle,
jalonné par la destruction des sites de Betting, Villing, Halstroff
et Mackwiller, dont les monnaies les plus récentes appartiennent à
la période IV du monnayage de Magnence et de Décence selon certains
(qui couvre l'année 351), l'autre site sur le Rhin supérieur dans
la région de Bâle, marqué par les incendies de Koestlach, de Frick
et les découvertes de Bassecourt dans le Jura Bernois (période I à
IV) et de Kaiseraugst (période IV).
Les
deux fronts forment les extrémités d'une grande tenaille allant du
Luxembourg au Jura Suisse. Strasbourg, situé au centre, ne peut que
succomber à l'invasion, même s'il n'y a pas d'attaque sur le Rhin.
Les
monnaies les plus récentes du trésor découvert sous l'église
Saint-Étienne à Strasbourg sont de la période V (352) et
permettent de supposer que l'incendie de cette ville est postérieur
aux enfouissements de Villing, etc.
Les
textes anciens confirment cette datation... L'usurpation de Magnence
dure du 18 janvier 350 au 11 août 353. Après l'assassinat de
Constant, il devient maître de la partie Occidentale de l'Empire.
Il
doit renoncer à une entente avec Constance II, maître de l'Orient.
En janvier 351 il élève son frère Décence à la dignité de
César.
Ce
n'est qu'après ses victoires sur Vetranion (dec. 350) et sur
Magnence à Mursa (sept. 351) que Constance II, de retour en Italie,
a pu lancer les Barbares de la région du Rhin contre la Gaule (352).
D'autre
part, avant de traverser les Alpes (hiver 352-353), Magnence sait que
Constance II s'est gagné la faveur des provinces au-delà des Alpes.
C'est donc entre ces 2 événements que se place la défaite de
Décence par le roi des Alamans Chnodomar, et la destruction d'un
certain nombre de cités dont Argentorate.
L'occupation
par les Barbares d'une portion du territoire de la Gaule remonte à
cette invasion de 352. Ils installent une tête de pont entre la
Moselle et le Rhin d'où ils partent pour des expéditions à
l'intérieur du pays.
Cet
état de choses ne prend fin qu'avec la victoire de Julien près de
Strasbourg en 357.
Entreprises
depuis 1947 afin de faire des recherches sur le passé Romain et la
topographie de Strasbourg, en exploitant les facilités offertes,
hélas, par les démolitions consécutives aux bombardements de 1940,
les fouilles d'Argentorate ont duré jusqu'en 1970.
Elles
se poursuivent actuellement dans le cadre de la rénovation de la
vieille ville, sous la direction de Fr. Pétry de la Direction des
Antiquités Historiques. Elles ont porté sur les emplacements
suivants : Place de la Cathédrale, église Saint Nicolas, église
Saint Étienne, rue du Sanglier, rue des Juifs, rue des Veaux, rue de
la Croix, Marché Gayot, ruelle Saint Médard, rue de l'Ail, rue du
Jeu des Enfants, rue Thomann, chapelle Saint Laurent de la
Cathédrale, place Kléber, quai Lezay Marnésia.
Origines
des villes de Strasbourg et de Metz des lumières nouvelles ont été
apportées sur les origines lointaines des 2 villes de Strasbourg et
de Metz.
En
effet, les travaux ont démontré la très haute antiquité des 2
sites urbains. Strasbourg tout comme Metz est habité à l'âge du
Bronze Final, vers 1 000 avant J.C.
A
Argentorate, cette occupation a été interrompue par une période
d'humidité et d'inondation, qui semble avoir considérablement
grossi fleuves et rivières et transformé la plaine Rhénane en un
vaste marécage.
L'agglomération
a été reprise vers 50 avant notre ère. Mais c'est aux
Médiomatriques,
tribu qui a donné son nom à la ville de Metz, qu'il appartient de
créer sur l'éminence principale, à l'abri des inondations
saisonnières, un marché et un sanctuaire, noyau primitif de la
ville.
Il
est probable et possible que les enceintes de Metz, et de Strasbourg
aient été construites après la catastrophe nouvelle qui avait
anéanti les 2 villes en 352. Ici encore les fouilles exécutées
tant en Alsace qu'en Lorraine sont venues compléter de façon
substantielle les connaissances sur l'histoire de la Gaule Romaine.
En
effet, on a admis qu'il n'y a au milieu du IVe siècle en Gaule
qu'une seule invasion : Celle de 355 qui a détruit Cologne et
introduit les Francs en Belgique, et à peu près simultanément, les
Alamans en Alsace. La chronologie de J. Delorme, dans sa dernière
édition de 1956, n'admet encore que cette seule invasion.
En
réalité elle a été précédée d'une autre, celle de 352, qui a
amené une coalition de Francs et d'Alamans à occuper tout le
territoire compris entre Moselle et Rhin, qui a eu pour conséquence
la destruction d'un grand nombre de villes, parmi lesquelles Metz et
Strasbourg.
Cette
première invasion a pu être datée de façon tout à fait sûre par
3 trésors, tous 3 découverts dans les ruines calcinées
consécutives aux destructions
Un
4e trésor est venu en renfort, celui qui, découvert il y a quelques
années à Kaiseraugst, contient à côté de pièces d'argenterie
provenant du trésor impérial de Constant des lingots d'argent et
des pièces de même métal.
Ces
pièces d'argenterie ont été raflées à Autun par Magnence et
Décence, elles ont été destinées à être fondues pour payer les
officiers de l'armée...
La
bataille décisive qui a permis à la confédération Franco-Alamane
de rompre les défenses Romaines et de percer vers la vallée de la
Moselle a lieu près de Bingen.
Les
coalisés Germains remportent là une victoire qui est comparée par
Ausone à celle de Cannes (Aus.Mosella, 1 à 5)... Il reste encore de
son temps les traces de ces furieux combats.
Le
castrum d'Argentorate (Strasbourg) 4/6 - Le blog de LUTECE
www.e-stoire.net/article-le-castrum-d-argentorate-strasbourg-4-6-116379950.html
27
mars 2013 - passer le Rhin et écrase les troupes de Décence à
Bingen en 352. ... Mackwiller, Strasbourg-Saint Etienne, et le
fabuleux trésor d'argenterie de Kaisers Augst. ... L'année
suivante, deux armées romaines, l'une venant d'Augst ...
Histoire
de Strasbourg : quand Strasbourg était Argentorate
www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=169&pChapitreId=33151
...
en profite pour passer le Rhin et écrase les troupes de Décence à
Bingen en 352. ... De cette époque datent les trésors de Villing
(Lorraine), Mackwiller, ... L'année suivante, deux armées romaines,
l'une venant d'Augst commandée par ...
Jacques
Schwartz, Trouvailles monétaires et invasions germaniques ...
www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1958_num_6_1_902_t1_0215_0000_7
de
G Fabre - 1958
Examen
des trésors de Strasbourg (Église Saint - Étienne), de Villing ...
dater avec précision la défaite de Décence par les Alamans et
l'incendie d'Argentorate. ... Magnence et de Décence selon
Lafîranchi (qui couvre l'année 351), l'autre sur ... de la période
V de Lafîranchi (352) et permettent de supposer que l'incendie
de ...
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