Cette
page concerne l'année 347 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE
DONATISME ET SES CONTESTATAIRES
LES CIRCONCELLIONS |
Dans
un premier temps, en Afrique proconsulaire et en Numidie, les
gouverneurs se livrent à des perquisitions et détruisent les objets
du culte.
Les
évêques sont sommés par les autorités de livrer les écrits et
les objets sacrés.
Les
attitudes sont diverses :
Félix,
évêque de Thibiuca, s’y refuse et se voit transféré puis
exécuté à Carthage.
Paulus,
évêque de Cirta, obéit et livre tout.
L’évêque
de Carthage, Mensurius, use d’un stratagème et ne livre que des
ouvrages que les chrétiens considèrent comme hérétiques...
Mais
l’édit de 304, qui exige un sacrifice général aux Dieux Romains,
donne une nouvelle tournure aux persécutions. Les chrétiens qui
refusent de s’y conformer sont menacés de mort ou condamnés aux
travaux forcés. Bien des clercs cèdent alors aux vexations et aux
contraintes du pouvoir. Certains chefs religieux livrent leurs
coreligionnaires aux Romains et vont jusqu’à brûler en public des
livres sacrés.
Ces
Chrétiens sont désignés sous les termes de « lapsi »
de lapsus : celui qui est tombé ou
encore de « traditores » de
tradire : Livrer (les livres sacrés).
Sous
le règne de l'empereur Constant, peu avant le milieu du IVe siècle,
la Numidie est le théâtre d'événements étranges et violents,
dont témoignent les sources relatives au donatisme. Les
circoncellions, aile extrémiste du parti donatiste, ont répandu le
trouble dans les campagnes en attaquant les fermes des propriétaires
fonciers et les détenteurs de créances, ils se sont opposé par la
force à l'application des mesures prises par Constant contre
l'église schismatique.
FRESQUES SUR LES MURS D'UN TOMBEAU |
L'église
donatiste exalte le martyre, elle s'affirme l'héritière des
héroïques confesseurs de la foi du temps de la persécution,
« ecclesia martyrum », et elle ne voit dans l'église
catholique qu'une communauté de renégats, « ecclesia
traditorum ». Certains circoncellions, probablement sont
traumatisés par le sanglant écrasement de leur mouvement.
À
cette période de persécutions succède, vers le printemps 305, une
ère de tolérance. Il s'agit d'une tolérance de fait car les édits
n'ont pas été rapportés et le retour à la paix n'est officiel
qu’en 307, date de la paix de Maxence. C’est à cette occasion
qu'apparaissent les premières manifestations de ce qui va devenir un
schisme...
Les
réunions pour la succession de Paulus en 307 font apparaître
l’opposition des « purs » à ceux qu’ils qualifient
de traditores. Ces opposants sont
certainement influencés par les écrits de leurs compatriotes
Tertullien et Cyprien de Carthage qui refusent que les chrétiens
fautifs et réintégrés dans la communauté puissent exercer un
sacerdoce.
De
ce point de vue, les sacrements et l’autorité spirituelle de
prêtres lapsi puis réintégrés sont sans
valeur.
Au-delà,
de 308 à 310, l’Afrique est provisoirement détachée de l’Empire
après la sécession de l’usurpateur Domitius Alexandre. L’Église
dans sa majorité se montre tolérante envers ceux qui ont failli
(les lapsi) et réintègre les prêtres et
évêques qui embrassent de nouveau le christianisme. Mensurius est
donc réintégré comme primat d’Afrique.
Le
conflit ouvert éclate en 312 lors de la succession de l’évêque
de Carthage, Mensurius. La nomination de Caecilianus est contestée :
Puisqu'il a été ordonné prêtre par Mensurius, évêque traditor
et Felix d'Abthugni, son ordination n’est pas valable, donc il ne
peut pas être évêque. Entraînés par l’évêque Donat, 70
évêques de Numidie élisent contre lui un évêque concurrent,
Majorinus...
Le
conflit se poursuivit sur le terrain juridique : L’affaire
remonte à l’arbitrage impérial, sollicitant Constantin Ier qui
vient de récupérer l’Italie et l’Afrique par sa victoire sur
Maxence. Considérant qu’il s’agit d’un problème mineur entre
chrétiens, Constantin demande à l'évêque de Rome Miltiades
(311-314) de s’en occuper.
Un
concile est organisé en 313 dans le palais de Latran autour de 18
évêques Italiens et Gaulois. De ce concile de Rome date la première
condamnation des Africains, qualifiés ultérieurement de
« schismatiques ».
SARCOPHGES |
Si
le Christ est présent dans tous les sacrements, un sacrement est
effectif quels que soient les antécédents du prêtre qui le
délivre. Donc l’ordination de Caecilianus par Mensurius est
valable.
Les
donatistes, obstinés, font de nouveau appel à Constantin, qui doit
s’impliquer plus sérieusement.
Le
concile d'Arles qui se termine le 1er août 314 rend la même
décision qui prend force de loi en 317 par la volonté de
Constantin... Il ordonne la dissolution des communautés donatistes
et la confiscation de leurs biens.
Les
Circoncellions Terme désignant les bandes qui parcourent les
campagnes Africaines au IVe siècle et dont le sens
probable est « ceux qui rôdent autour des greniers ».
Adhérents de la secte schismatique des donatistes, les
circoncellions résistent par la force aux autorités favorables à
l'Église catholique.
L'inscription
du « moissonneur de Mactar » nous apprend que des paysans
libres se constituent en équipes et vont se louer pour la moisson,
souvent très loin de chez eux, originaires pour la plupart du centre
et du sud de la Tunisie et du Constantinois, ils cherchent
du travail dans les plaines à blé du Nord.
Au IIIe siècle,
cette activité peut être rentable, comme le montre l'histoire du
Mactarois, devenu sur ses vieux jours un propriétaire respecté...
Les
conditions s'aggravent pour ces travailleurs au IVe siècle. Ils
ont alors tendance à se révolter comme le font à la même époque
les bagaudes de Gaule. Les textes catholiques les montrent
maltraitant les grands propriétaires et appelant à la révolte les
esclaves et les colons des domaines... Persécutés par le pouvoir
dès le règne de Constantin, les évêques donatistes, qui refusent
l'intégration du christianisme dans l'ordre impérial, sont tout
naturellement portés à s'appuyer sur ces « contestataires ».
ARC DE TRAJAN |
Les
donatistes forment de nombreuses communautés, et l’application de
la loi s’accompagne d'autant de violences à Carthage et dans les
provinces Africaines. Pour rétablir le calme, Constantin suspend en
321 l’application des mesures répressives. Les donatistes se
maintiennent donc, d'autant plus fidèles à leur rigorisme qu’ils
viennent de subir les violences : Ils s'estiment comme les
seuls à être restés purs, comme « fils des martyrs »
sans compromissions, face aux « fils des traditores ».
Tout sacrement venant d’un prêtre indigne à leurs yeux est nul,
donc ils rebaptisent ceux qui ont reçu le baptême hors de leur
communauté.
Vers
340, des bandes d’ouvriers agricoles itinérants, les
circoncellions, se dressent contre les propriétaires terriens, les
forçant par la violence à annuler les dettes et affranchir les
esclaves. La convergence entre les donatistes et les circoncellions
ne tarde pas. Les circoncellions apparaissent vers 340 lorsqu'ils se
révoltent écrasés par les exigences de l'État Romain. Ils rendent
responsables de leur misère les propriétaires terriens et les
fonctionnaires. Le comte Taurinus, commandant de l'armée d'Afrique
entre 340 et 345, les massacre, les considérant comme des bandits.
Très vite, un amalgame est fait entre les circoncellions et les
fidèles donatistes. Les circoncellions sont vénérés comme des
martyrs. Le fanatisme religieux succède alors aux revendications
sociales. Des exaltés s'immolent sur des bûchers, se jettent,
parfois en groupe, du haut de rochers. Ils méritent alors la palme
du martyr et sont vénérés comme des saints.
L'agitation
sociale sème le trouble dans toute l'Afrique, au point que Optat de
Milève, évêque catholique Africain, écrit en 366 :
« Aucun
créancier ne peut alors exiger le paiement de ce qui lui est dû…
Chacun se hâte de renoncer aux dettes même les plus importantes…
Les routes non plus ne sont pas sûres : Des maîtres, jetés à
bas de leur voiture, courent comme des esclaves devant leurs propres
valets assis à la place des maîtres…
À
la même époque, l’empereur Constant Ier envoie en Afrique deux
commissaires chargés d’apaiser les querelles religieuses en
distribuant des secours aux communautés. L’évêque Donat,
toujours en place, refuse tout subside, rejetant l’ingérence du
pouvoir dans son Église.
La
tournée des commissaires, conspués, dégénère en répression
armée contre les donatistes et les circoncellions. L’évêque
donatiste Marculus est emprisonné et périt en détention, tombant
dans le vide depuis un rocher. Les donatistes le proclament martyr,
tandis qu'ultérieurement Augustin y voit un suicide rituel.
Répression
de la révolte des Circoncellions en Numidie. Constant Ier envoie en
Afrique les légats Paulus et Macarius, qui favorisent le
catholicisme contre le Donatisme. L'évêque donatiste de Bagaï
résiste. Il fait appel aux Circoncellions, qui affrontent les
troupes Romaines du comte Sylvestre. Après leur défaite, la
population de Bagaï est massacrée. Parmi les Circoncellions, le
pseudo-martyr, sous forme de suicide, devient courant.
Après
la prise de Bagaï, les évêques de Numidie se réunissent en
concile et envoient 10 d'entre eux en délégation auprès de
Macarius à Vegesala, près de Tébessa.
29
juin, en Numidie, soulèvement des donatistes de Vegesala après que
Macaire ait fait bastonner les envoyés donatistes à la suite de
leurs imprécations, aussitôt réprimé. Les évêques donatistes
sont relâchés à l'exception du chef de la délégation Marculus.
15
août, Carthage : Constant promulgue un décret d'union qui
remet en vigueur celui de 317, par la remise des églises aux
catholiques, l'envoi en exil des clercs donatistes et l'interdiction
de rebaptiser. Les donatistes Isaac et Maximianus sont exécutés
pour s'être opposés au décret.
24
novembre : L'évêque donatiste Marculus est exécuté sur
l'ordre de Macarius à Nova Petra, près de Zana. Il est précipité
dans un ravin ou se serait suicidé.
Après
le concile de Nicée, l’orthodoxie chrétienne engage la lutte
contre toute forme de foi autre que nicéenne : Ces formes sont
proclamées « déviations » et « hérésies »,
tandis que la politique des empereurs varie selon leur sympathie
religieuse.
Le
donatisme, quoique non encore taxé d’hérésie, reste après la
mort de son inspirateur Donat vers 355 un foyer d’opposition
régionale à l’orthodoxie et connaît tour à tour tolérance et
répression.
En
362, Julien autorise toutes les tendances du christianisme. Il met
fin aux exils de donatistes et leur fait restituer leurs lieux de
culte.
En
373, Valentinien Ier interdit aux donatistes la pratique du
« rebaptême ». Dans les années 372-375, les donatistes
sont mêlés à la révolte du chef Maure Firmus en Maurétanie.
En
376, Gratien renouvelle l’interdiction de l’église et du culte
donatiste.
À
partir de 385, le comte d’Afrique Gildon protège et encourage le
donatisme, et finit par se révolter contre le pouvoir impérial en
397-398.
Vaincu,
il laisse les donatistes au sommet de leur force, mais isolés. Des
divergences de vue apparaissent au sein même du donatisme :
Vers 370/380 Tychonius tempère la rigueur en rappelant, évangiles à
l’appui, que l’église est sur Terre un mélange des justes et
des pécheurs.
Quelques
années plus tard, le théologien Augustin, évêque d’Hippone en
Afrique Proconsulaire à partir de 395, développe ses arguments pour
contrer le donatisme : Distinguant 2 dossiers, la « causa
Cæcilliani », vieux conflit de personnes qui appartient
désormais au passé, et la « causa
ecclesiæ », où il critique l’attitude religieuse
étroite et puritaine des donatistes et affine l’argumentation de
Saint Cyprien sur la validité des sacrements.
TEBESSA |
L’arrivée
des Vandales en Afrique en 429 et la chute de Carthage en 439 détache
l’Afrique de l’Empire Romain pendant un siècle. Les historiens
manquent d’informations à partir de cette époque sur ce qu’il
advient du donatisme. Il est possible, mais non prouvé, que quelques
communautés donatistes désormais indépendantes se soient
maintenues en Maurétanie ou en Numidie.
CIRCONCELLIONS
- Encyclopædia Universalis
www.universalis.fr/encyclopedie/circoncellions/
Adhérents
de la secte schismatique des donatistes, les circoncellions ... Les
textes catholiques les montrent maltraitant les grands propriétaires
et appelant à la révolte les ... En 347, l'empereur Constant I er
ayant remis en vigueur les mesures ... En outre, dans les premières
années du v e siècle, l'Église catholique, animée ...
Iuvenes
et circoncellions : les derniers sacrifices humains de l'Afrique ...
www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_1980_num_15_1_1047
de
C Lepelley - 1980 - Cité 8 fois - Autres articles
Antiquités
africaines Année 1980 Volume 15 Numéro 1 pp. ... Les comtes
d'Afrique, Taurinus vers 340, Silvester vers 345-347, avaient envoyé
la .... dater ce document du temps de la grande révolte des
Quinquegentanei de Kabylie, sous le ...
Les
circoncellions. Un mouvement ascétique itinérant dans l'Afrique ...
www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_2008_num_44_1_1469
de
B Pottier - 2008 - Cité 1 fois - Autres articles
Loin
de fomenter de véritables révoltes rurales, ils se sont limités à
exercer une ... L'aspiration au martyre volontaire : les origines des
circoncellions[link] ..... de protéger l'évêque schismatique
Donatus de Bagaï au début de l'année 347.
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