mardi 7 juin 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 347


26 MAI 2016…

Cette page concerne l'année 347 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE DONATISME ET SES CONTESTATAIRES

LES CIRCONCELLIONS
Le donatisme trouve sa genèse dans un climat de persécutions des chrétiens d’Afrique Romaine. Dès les années 295-299, ces provinces Africaines comptent des martyrs. Mais la répression prend une forme systématique lors de la grande persécution de Dioclétien au début du IVe siècle.
Dans un premier temps, en Afrique proconsulaire et en Numidie, les gouverneurs se livrent à des perquisitions et détruisent les objets du culte.
Les évêques sont sommés par les autorités de livrer les écrits et les objets sacrés.
Les attitudes sont diverses :
Félix, évêque de Thibiuca, s’y refuse et se voit transféré puis exécuté à Carthage.
Paulus, évêque de Cirta, obéit et livre tout.
L’évêque de Carthage, Mensurius, use d’un stratagème et ne livre que des ouvrages que les chrétiens considèrent comme hérétiques...

Mais l’édit de 304, qui exige un sacrifice général aux Dieux Romains, donne une nouvelle tournure aux persécutions. Les chrétiens qui refusent de s’y conformer sont menacés de mort ou condamnés aux travaux forcés. Bien des clercs cèdent alors aux vexations et aux contraintes du pouvoir. Certains chefs religieux livrent leurs coreligionnaires aux Romains et vont jusqu’à brûler en public des livres sacrés.
Ces Chrétiens sont désignés sous les termes de « lapsi » de lapsus : celui qui est tombé ou encore de « traditores » de tradire : Livrer (les livres sacrés).

Sous le règne de l'empereur Constant, peu avant le milieu du IVe siècle, la Numidie est le théâtre d'événements étranges et violents, dont témoignent les sources relatives au donatisme. Les circoncellions, aile extrémiste du parti donatiste, ont répandu le trouble dans les campagnes en attaquant les fermes des propriétaires fonciers et les détenteurs de créances, ils se sont opposé par la force à l'application des mesures prises par Constant contre l'église schismatique.
FRESQUES SUR LES MURS D'UN TOMBEAU
Les comtes d'Afrique, Taurinus vers 340, Silvestre vers 345-347, ont envoyé la troupe contre eux et noyé dans le sang leur insurrection. Les victimes de cette répression sont considérées comme des martyrs par leurs compagnons... On voit alors ces derniers adopter un comportement déconcertant : La recherche volontaire de la mort.
L'église donatiste exalte le martyre, elle s'affirme l'héritière des héroïques confesseurs de la foi du temps de la persécution, « ecclesia martyrum », et elle ne voit dans l'église catholique qu'une communauté de renégats, « ecclesia traditorum ». Certains circoncellions, probablement sont traumatisés par le sanglant écrasement de leur mouvement.

À cette période de persécutions succède, vers le printemps 305, une ère de tolérance. Il s'agit d'une tolérance de fait car les édits n'ont pas été rapportés et le retour à la paix n'est officiel qu’en 307, date de la paix de Maxence. C’est à cette occasion qu'apparaissent les premières manifestations de ce qui va devenir un schisme...
Les réunions pour la succession de Paulus en 307 font apparaître l’opposition des « purs » à ceux qu’ils qualifient de traditores. Ces opposants sont certainement influencés par les écrits de leurs compatriotes Tertullien et Cyprien de Carthage qui refusent que les chrétiens fautifs et réintégrés dans la communauté puissent exercer un sacerdoce.
De ce point de vue, les sacrements et l’autorité spirituelle de prêtres lapsi puis réintégrés sont sans valeur.

Au-delà, de 308 à 310, l’Afrique est provisoirement détachée de l’Empire après la sécession de l’usurpateur Domitius Alexandre. L’Église dans sa majorité se montre tolérante envers ceux qui ont failli (les lapsi) et réintègre les prêtres et évêques qui embrassent de nouveau le christianisme. Mensurius est donc réintégré comme primat d’Afrique.
Le conflit ouvert éclate en 312 lors de la succession de l’évêque de Carthage, Mensurius. La nomination de Caecilianus est contestée : Puisqu'il a été ordonné prêtre par Mensurius, évêque traditor et Felix d'Abthugni, son ordination n’est pas valable, donc il ne peut pas être évêque. Entraînés par l’évêque Donat, 70 évêques de Numidie élisent contre lui un évêque concurrent, Majorinus...

Le conflit se poursuivit sur le terrain juridique : L’affaire remonte à l’arbitrage impérial, sollicitant Constantin Ier qui vient de récupérer l’Italie et l’Afrique par sa victoire sur Maxence. Considérant qu’il s’agit d’un problème mineur entre chrétiens, Constantin demande à l'évêque de Rome Miltiades (311-314) de s’en occuper.
Un concile est organisé en 313 dans le palais de Latran autour de 18 évêques Italiens et Gaulois. De ce concile de Rome date la première condamnation des Africains, qualifiés ultérieurement de « schismatiques ».

SARCOPHGES
Donat s’obstine dans la contestation de l’ordination de Caecilianus par un évêque qui a failli. Le concile de Latran confirme la validité de cette ordination par l’argumentation suivante :
Si le Christ est présent dans tous les sacrements, un sacrement est effectif quels que soient les antécédents du prêtre qui le délivre. Donc l’ordination de Caecilianus par Mensurius est valable.
Les donatistes, obstinés, font de nouveau appel à Constantin, qui doit s’impliquer plus sérieusement.
Le concile d'Arles qui se termine le 1er août 314 rend la même décision qui prend force de loi en 317 par la volonté de Constantin... Il ordonne la dissolution des communautés donatistes et la confiscation de leurs biens.

Les Circoncellions Terme désignant les bandes qui parcourent les campagnes Africaines au IVe siècle et dont le sens probable est « ceux qui rôdent autour des greniers ». Adhérents de la secte schismatique des donatistes, les circoncellions résistent par la force aux autorités favorables à l'Église catholique.
L'inscription du « moissonneur de Mactar » nous apprend que des paysans libres se constituent en équipes et vont se louer pour la moisson, souvent très loin de chez eux, originaires pour la plupart du centre et du sud de la Tunisie et du Constantinois, ils cherchent du travail dans les plaines à blé du Nord.

Au IIIe siècle, cette activité peut être rentable, comme le montre l'histoire du Mactarois, devenu sur ses vieux jours un propriétaire respecté...
Les conditions s'aggravent pour ces travailleurs au IVe siècle. Ils ont alors tendance à se révolter comme le font à la même époque les bagaudes de Gaule. Les textes catholiques les montrent maltraitant les grands propriétaires et appelant à la révolte les esclaves et les colons des domaines... Persécutés par le pouvoir dès le règne de Constantin, les évêques donatistes, qui refusent l'intégration du christianisme dans l'ordre impérial, sont tout naturellement portés à s'appuyer sur ces « contestataires ».

ARC DE TRAJAN
En 347, l'empereur Constant Ier ayant remis en vigueur les mesures édictées par son père contre les schismatiques, l'évêque Donat de Bagaï, qui a pris la tête du mouvement hérétique, fait appel à des circoncellions « agonistiques » ( L'agonisme est relatif à l'affrontement, en particulier en ce qui concerne des textes littéraires) pour résister aux autorités. L'accord entre les circoncellions et le clergé schismatique n'est d'ailleurs pas parfait. Se qualifiant de « chefs des saints », les dirigeants circoncellions mènent leur politique propre. On peut penser qu'ils n'épargnent pas non plus les riches donatistes. Aussi certains évêques de la secte n'hésitent-ils pas à faire appel aux autorités contre ces alliés indociles. Les circoncellions se recrutent parmi les moins romanisés des Africains. Il est sans doute anachronique de les considérer comme de véritables nationalistes, mais ils n'éprouvent pas d'attachement pour l'Empire. Aussi embrassent-ils avec enthousiasme le parti de 2 seigneurs Berbères, Firmus et Gildon, qui, dans le derniers tiers du IVe siècle, essayent de se rendre indépendants en Afrique. La répression de ces révoltes porte un coup très dur au mouvement. Dans les premières années du Ve siècle, l'Église catholique, animée par Saint Augustin, entreprend un très énergique et efficace effort de propagande anti-donatiste. Après la conférence de Carthage de 411, qui scelle le destin du donatisme, on n'entend plus parler des circoncellions.

Les donatistes forment de nombreuses communautés, et l’application de la loi s’accompagne d'autant de violences à Carthage et dans les provinces Africaines. Pour rétablir le calme, Constantin suspend en 321 l’application des mesures répressives. Les donatistes se maintiennent donc, d'autant plus fidèles à leur rigorisme qu’ils viennent de subir les violences : Ils s'estiment comme les seuls à être restés purs, comme « fils des martyrs » sans compromissions, face aux « fils des traditores ». Tout sacrement venant d’un prêtre indigne à leurs yeux est nul, donc ils rebaptisent ceux qui ont reçu le baptême hors de leur communauté.

Vers 340, des bandes d’ouvriers agricoles itinérants, les circoncellions, se dressent contre les propriétaires terriens, les forçant par la violence à annuler les dettes et affranchir les esclaves. La convergence entre les donatistes et les circoncellions ne tarde pas. Les circoncellions apparaissent vers 340 lorsqu'ils se révoltent écrasés par les exigences de l'État Romain. Ils rendent responsables de leur misère les propriétaires terriens et les fonctionnaires. Le comte Taurinus, commandant de l'armée d'Afrique entre 340 et 345, les massacre, les considérant comme des bandits. Très vite, un amalgame est fait entre les circoncellions et les fidèles donatistes. Les circoncellions sont vénérés comme des martyrs. Le fanatisme religieux succède alors aux revendications sociales. Des exaltés s'immolent sur des bûchers, se jettent, parfois en groupe, du haut de rochers. Ils méritent alors la palme du martyr et sont vénérés comme des saints.
L'agitation sociale sème le trouble dans toute l'Afrique, au point que Optat de Milève, évêque catholique Africain, écrit en 366 :
« Aucun créancier ne peut alors exiger le paiement de ce qui lui est dû… Chacun se hâte de renoncer aux dettes même les plus importantes… Les routes non plus ne sont pas sûres : Des maîtres, jetés à bas de leur voiture, courent comme des esclaves devant leurs propres valets assis à la place des maîtres…

À la même époque, l’empereur Constant Ier envoie en Afrique deux commissaires chargés d’apaiser les querelles religieuses en distribuant des secours aux communautés. L’évêque Donat, toujours en place, refuse tout subside, rejetant l’ingérence du pouvoir dans son Église.
La tournée des commissaires, conspués, dégénère en répression armée contre les donatistes et les circoncellions. L’évêque donatiste Marculus est emprisonné et périt en détention, tombant dans le vide depuis un rocher. Les donatistes le proclament martyr, tandis qu'ultérieurement Augustin y voit un suicide rituel.
Répression de la révolte des Circoncellions en Numidie. Constant Ier envoie en Afrique les légats Paulus et Macarius, qui favorisent le catholicisme contre le Donatisme. L'évêque donatiste de Bagaï résiste. Il fait appel aux Circoncellions, qui affrontent les troupes Romaines du comte Sylvestre. Après leur défaite, la population de Bagaï est massacrée. Parmi les Circoncellions, le pseudo-martyr, sous forme de suicide, devient courant.
Après la prise de Bagaï, les évêques de Numidie se réunissent en concile et envoient 10 d'entre eux en délégation auprès de Macarius à Vegesala, près de Tébessa.

29 juin, en Numidie, soulèvement des donatistes de Vegesala après que Macaire ait fait bastonner les envoyés donatistes à la suite de leurs imprécations, aussitôt réprimé. Les évêques donatistes sont relâchés à l'exception du chef de la délégation Marculus.

15 août, Carthage : Constant promulgue un décret d'union qui remet en vigueur celui de 317, par la remise des églises aux catholiques, l'envoi en exil des clercs donatistes et l'interdiction de rebaptiser. Les donatistes Isaac et Maximianus sont exécutés pour s'être opposés au décret.

24 novembre : L'évêque donatiste Marculus est exécuté sur l'ordre de Macarius à Nova Petra, près de Zana. Il est précipité dans un ravin ou se serait suicidé.

Après le concile de Nicée, l’orthodoxie chrétienne engage la lutte contre toute forme de foi autre que nicéenne : Ces formes sont proclamées « déviations » et « hérésies », tandis que la politique des empereurs varie selon leur sympathie religieuse.
Le donatisme, quoique non encore taxé d’hérésie, reste après la mort de son inspirateur Donat vers 355 un foyer d’opposition régionale à l’orthodoxie et connaît tour à tour tolérance et répression.

En 362, Julien autorise toutes les tendances du christianisme. Il met fin aux exils de donatistes et leur fait restituer leurs lieux de culte.

En 373, Valentinien Ier interdit aux donatistes la pratique du « rebaptême ». Dans les années 372-375, les donatistes sont mêlés à la révolte du chef Maure Firmus en Maurétanie.

En 376, Gratien renouvelle l’interdiction de l’église et du culte donatiste.
À partir de 385, le comte d’Afrique Gildon protège et encourage le donatisme, et finit par se révolter contre le pouvoir impérial en 397-398.
Vaincu, il laisse les donatistes au sommet de leur force, mais isolés. Des divergences de vue apparaissent au sein même du donatisme : Vers 370/380 Tychonius tempère la rigueur en rappelant, évangiles à l’appui, que l’église est sur Terre un mélange des justes et des pécheurs.
Quelques années plus tard, le théologien Augustin, évêque d’Hippone en Afrique Proconsulaire à partir de 395, développe ses arguments pour contrer le donatisme : Distinguant 2 dossiers, la « causa Cæcilliani », vieux conflit de personnes qui appartient désormais au passé, et la « causa ecclesiæ », où il critique l’attitude religieuse étroite et puritaine des donatistes et affine l’argumentation de Saint Cyprien sur la validité des sacrements.

TEBESSA
En 411, les évêques donatistes ne peuvent se dérober à un concile organisé à Carthage entre les deux églises officielle et schismatique. En mai ils, s’affrontent physiquement sous la présidence d’un représentant impérial. Au lieu de débattre des aspects religieux sur les exigences de probité du sacerdoce et la validité ou non de ses sacrements, les donatistes s’enlisent sur la querelle de l’élection de Cæcilianus, un siècle plus tôt... L’arbitrage rendu leur est défavorable, et une loi prise à Ravenne en 412 définit la répression contre les récalcitrants : Lourdes amendes pour les adeptes du donatisme, exils pour leurs évêques, confiscation des lieux de culte et des biens ecclésiastiques. À partir de cette date, un grand nombre de communautés donatistes reviennent à l’orthodoxie, au point qu’un nouveau concile doit être tenu à Carthage en 418, pour achever le reclassement de centaines d’évêques. Quelques évêques donatistes restent sur leur position inflexible, comme Gaudentius à Thamugadi (Timgad) ou Emeritus à Césarée (Cherchel), tandis que l’Empire d’occident se désagrège sous les invasions Barbares, réduisant ses capacités de répression.

L’arrivée des Vandales en Afrique en 429 et la chute de Carthage en 439 détache l’Afrique de l’Empire Romain pendant un siècle. Les historiens manquent d’informations à partir de cette époque sur ce qu’il advient du donatisme. Il est possible, mais non prouvé, que quelques communautés donatistes désormais indépendantes se soient maintenues en Maurétanie ou en Numidie.

CIRCONCELLIONS - Encyclopædia Universalis
www.universalis.fr/encyclopedie/circoncellions/
Adhérents de la secte schismatique des donatistes, les circoncellions ... Les textes catholiques les montrent maltraitant les grands propriétaires et appelant à la révolte les ... En 347, l'empereur Constant I er ayant remis en vigueur les mesures ... En outre, dans les premières années du v e siècle, l'Église catholique, animée ...

Iuvenes et circoncellions : les derniers sacrifices humains de l'Afrique ...
www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_1980_num_15_1_1047
de C Lepelley - ‎1980 - ‎Cité 8 fois - ‎Autres articles
Antiquités africaines Année 1980 Volume 15 Numéro 1 pp. ... Les comtes d'Afrique, Taurinus vers 340, Silvester vers 345-347, avaient envoyé la .... dater ce document du temps de la grande révolte des Quinquegentanei de Kabylie, sous le ...

Les circoncellions. Un mouvement ascétique itinérant dans l'Afrique ...
www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_2008_num_44_1_1469
de B Pottier - ‎2008 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
Loin de fomenter de véritables révoltes rurales, ils se sont limités à exercer une ... L'aspiration au martyre volontaire : les origines des circoncellions[link] ..... de protéger l'évêque schismatique Donatus de Bagaï au début de l'année 347.

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