mardi 14 juin 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 342

31 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 342 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES PRÉFETS ROMAINS DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE

Le préfet du prétoire sous le Principat :
Cette charge a été créée par Auguste et réservée aux membres de l'ordre équestre. Elle dure jusqu'à la fin de l'Empire, au Xe siècle.
Les 2 préfets du prétoire ont ainsi en charge la protection de l'empereur... Tibère donne cette charge à un seul homme, toutefois il place la cohorte de service au palais sous son commandement direct.
L'empereur Vespasien marque sa volonté d'associer au trône son fils Titus en lui confiant la charge de préfet du prétoire, bien qu'il n'ait jamais été chevalier.
Antonin le Pieux, brièvement, puis Marc Aurèle presque systématiquement et Commode nomment à nouveau 2 préfets, ce qui est la norme au IIIe siècle.
Plus tard Constantin Ier en porte le nombre à 4, lorsqu'il partage l'empire en 4 préfectures.
Depuis le principat de Septime Sévère, la surveillance de l'entretien des routes romaines semble être assurée par le préfet du prétoire, dont dépendent les curateurs des routes .
Ils sont au début uniquement chefs de la garde prétorienne, alors seule force armée présente à Rome. Ses cohortes ont des effectifs doubles de ceux d'une légion normale. Peu à peu, les préfets du prétoire acquièrent une juridiction, au point d'obtenir un pouvoir proche de celui de l'empereur, et aux IIe et IIIe siècles, ils accaparent presque toute l'autorité.
C'est alors l'époque de leur plus grande puissance : ils donnent parfois l'empire à un prétendant ou se l'attribuent... 2e personnage de l'Empire, cette fonction est le sommet d'une carrière équestre et militaire.

Le découpage de l'Italie en provinces sous Dioclétien a pour effet de réduire le périmètre des 100 milles autour de Rome définissant la compétence territoriale du préfet de la Ville. En revanche, la dissolution par Constantin Ier en 312 des cohortes prétoriennes laisse le préfet de la Ville seul maître d'une force armée avec ses cohortes urbaines et seul responsable de la police de la ville.

À partir de 315, le préfet de la Ville se substitue aux anciennes magistratures tombées en désuétude pour présider le Sénat, sauf dans le cas de plus en plus rare de présence à Rome de l'empereur ou du consul ordinaire.
Le préfet reçoit aussi la direction de la chancellerie sénatoriale, et assure ainsi les communications officielles entre le Sénat et l'empereur.

En 331, Constantin élargit les pouvoirs du préfet de la Ville, en lui subordonnant le préfet des vigiles, le préfet de l'annone, le curator aquarum et Miniciae et les autres curatelles, concentrant ainsi tous les grands services urbains dans les mains du préfet de la Ville.
Le préfet de la Ville dirige au IVe siècle une importante population de personnel, que Chastagnol évalue à un millier de fonctionnaires, et à 4 000 policiers et pompiers, qui remplacent les 3 cohortes urbaines et les 7 cohortes de vigiles, à la suite d'une réforme qui se situe entre 368 et 379. Ses compétences administratives sur la ville sont alors multiples :
  • maintien de l'ordre public,
  • contrôle de l'enseignement et des bibliothèques,
  • organisation de l'état-civil,
  • contrôle des poids et mesures,
  • direction des travaux publics,
  • organisation du ravitaillement, ce qui recouvre le stockage et le transport des grains depuis Ostie et Portus jusqu'aux horrea de Rome, ainsi que les distributions d'huile, de viande de porc et de vin.

Ablabios préfet du prétoire dans l'Antiquité tardive.
En 312, Constantin, après sa victoire sur Maxence supprime les cohortes prétoriennes. Dans les années qui suivent, sous Constantin lui-même et sous le règne de ses fils, la fonction est profondément remaniée, la réduisant à un pouvoir civil. Mais il leur donne toutefois autorité à chacun sur un quart de l'empire, déjà divisé en 4 préfectures, qu'ils gouvernent désormais : Les Gaules, l'Italie, l'Illyrie et l'Orient.
À præfectus prætorio, on ajoute alors per Gallias, per Italiam, per Illyricum, per Orientem.
Les préfets du prétoire deviennent des administrateurs civils, formant un collège de 2 à 6 membres, les plus élevés en grade, juste en dessous des empereurs. Ils ont les pouvoirs de ministres du souverain dans les 4 parties citées, mais leurs actes ne sont valables que sous son approbation.

Aconia Fabia Paulina, née vers 325/330, est la fille du préfet urbain de 342-344, Aco Catollinus, qui est aussi consul ordinaire en 349. Par sa mère, Paulina est apparentée à la gens des Fabii Paulini, et est la tante maternelle de Cethegus, de Blesilla (la mère de Paula, la disciple de Saint Jérôme) et de la mère de Symmaque l’Orateur.
Paulina épouse en 344 Vettius Agorius Praetextatus, un sénateur brillant à la carrière prometteuse... Ce dernier est l’un des derniers représentants de la haute noblesse cherchant à défendre la religion Romaine alors que le christianisme impose sa marque de plus en plus à cette société.
C’est ainsi que Macrobe le met en scène dans les Saturnales, œuvre composée vers 425, comme l’un des protagonistes d’un banquet au cours duquel on discute des traditions religieuses des Romains. Praetextatus y est présenté comme prenant la défense des cultes de ses ancêtres et définit un syncrétisme païen dans lequel les principales divinités sont assimilées au Soleil.
D’abord nommé proconsul d’Achaïe en 362 par l’empereur Julien, l’époux de Paulina est ensuite préfet de la Ville en 367-369 sous Valentinien Ier, un empereur qui a choisit de ne privilégier aucun culte au détriment des autres, puis il passe 15 ans sans exercer de fonction avant d’être nommé préfet du prétoire d’Illyricum, d’Italie et d’Afrique en 384, année de sa mort, et du retour en grâce sous le jeune Valentinien II.

Paulina est, comme Praetextatus, un des flambeaux du paganisme finissant de l’Urbs. L’épitaphe funéraire qu’elle fait graver pour son époux et qui mentionne tous les sacerdoces (pas moins de dix !) qu’il a exercés, rappelle qu’elle-même est initiée aux mystères de Cérès à Eleusis, comme ceux d’Hécate à Egine, et qu’elle est encore hiérophante et a reçu le taurobole (dans le cadre du culte de Cybèle) :
« Associant avec bonté ton épouse aux cérémonies sacrées, ton épouse qui partage avec toi la connaissance des dieux et des hommes, ta fidèle compagne, pourquoi parler des honneurs ou des pouvoirs, des joies que convoitent les désirs humains ? Toi, prêtre des dieux, ceint de l’éclat des bandelettes, tu les as toujours tenues pour éphémères et sans valeur... C’est toi, mon époux, me délivrant, chaste et pure, par l’action bienfaisante de ton enseignement, de ma condition de mortelle, qui me conduit dans les temples et me consacres comme servante aux dieux. Je suis initiée devant toi, mon témoin, à tous les mystères. Tu honores en moi, mon pieux compagnon, la prêtresse de Diadyme et d’Attis, en m’initiant aux mystères du taurobole, tu m’enseignes les 3 secrets à moi prêtresse d’Hécate, tu me prépares à être digne des mystères de Cérès, la déesse Grecque. Grâce à toi, tous célèbrent mon bonheur et ma piété, car partout, tu vantes mes vertus, et, d’ignorée que j’étais, ma réputation s’étend à tout l’univers.
« Mais toi, puisque tu es mon mari à qui pourrai-je déplaire ? Les mères romuléennes cherchent en moi un exemple et trouvent belle leur lignée, si elle est semblable à la tienne. Les hommes et les femmes souhaitent et apprécient les insignes que toi, maître, tu m’as conférés. A présent qu’ils m’ont été enlevés, je me consume, triste épouse, heureuse si les dieux avaient permis à mon mari de me survivre, heureuse surtout, car je suis, j’ai été et bientôt, après la mort, je serai à toi. »

La mort de Praetextatus survient à la fin de l’année 384, et si les auteurs païens ne tarissent pas d’éloges à son égard, « juge impartial, modéré et indulgent pour les autres, sévère envers lui-même » (Symmaque), les chrétiens se sont montrés très dur envers lui et son épouse, le moine Jérôme, alors à Rome, opposant la descente aux enfers de l’époux de Paulina à l’ascension céleste d’une pieuse veuve chrétienne du nom de Léa qui meurt au même moment
Paulina et son époux ont un enfant peut être Praetextata, l’épouse d’Hymetius (et donc la belle-sœur de Paula) un ami de l’empereur Julien, celui-là même qui a appelé Praetextatus au proconsulat d’Achaïe à la fin de l’année 361 alors que l’aristocrate Romain réside à Constantinople.
Praetextatus rédige ainsi l’éloge de son épouse, en des termes particulièrement forts, rarement égalés et fort peu usités à Rome pour témoigner de l’amour partagé avec une épouse :
« Vettius Agorius Praetextatus, à sa femme Pauline, Pauline, elle qui partage avec moi, la vérité et la pureté, qui est consacrée aux temples et amis des divinités, elle qui préfère son mari à elle-même et Rome à son mari, discrète, fidèle, pure d’âme et de corps, bienveillante envers tous. Pauline, épouse de son cœur, source de pudeur, gage de pureté, pur amour et foi aux cieux, c’est à toi que j’ai confié les secrets de mon âme, toi, le don des dieux, qui nous unissent au lit nuptial dans des étreintes aimantes et pures, par ta piété de mère, ta reconnaissance d’épouse, ta réputation, ton respect filial, et par la confiance de nos amis, par ton expérience, notre alliance consacrée, le respect d’un lien solide et unique, tu secondes ton mari, tu l’aimes, rehausses son prestige et l’entoures d’honneurs ».
Une dernière inscription, toujours sur le même monument funéraire, précise les cultes auxquels Paulina a été initiée : A Fabia Aconia Paulina, fille d’Aco Catullinus, ancien préfet et consul, épouse de Vettius Praetextatus, préfet et consul désigné, initiée à Elueusis aux mystères du divin Iacchos, de Cérès et de Coré, initiée à Lerne à ceux du divin Liber, de Cérès et de Coré, initiée à Egine à celui des deux déesses, tauroboliée, prêtresse d’Isis, hiérophante de la déesse Hécate et initiée aux rites de la Cérès Grecque. On ne sait quand meurt l’épouse de Praetextatus mais il semble que durant ses dernières années, elle entretient des liens forts et régulier avec le collège des Vestales qui consacrent une statue honorifique à Praetextatus dans leur Atrium.

Or, à cette époque, le proconsulat d'Afrique est encore une des plus hautes dignités de l'Empire, qui mène rapidement au consulat ou aux fonctions les plus élevées, on n'a qu'à se reporter à la carrière des proconsuls d'Afrique du IVe siècle pour s'en convaincre:
C. Ceionius Rufus Volusianus est proconsul d'Afrique en 309, praefectus Urbi en 310, consul en 311. Il est vrai que ce personnage ayant été, pendant son proconsulat, assez heureux pour faire cesser la tyrannie d'Alexandre en Afrique, on peut se demander si sa carrière rapide n'est pas due quelque peu à la faveur, mais nous avons d'autres faits analogues.
Anicius Julianus, proconsul en 310-313 est consul en 322.
Petronius Probianus, proconsul en 314-315 est consul en 322 praefectus Urbi en 329.
Maecilius Hilarianus, proconsul en 324, est consul en 332, praefectus Urbi en 338, praefectus praetorio en 339.
L. Aradius Valerius Proculus qui et Populonius, proconsul en 335, est nommé praefectus Urbi en 337 et consul en 340.
Aurelius Celsinus, proconsul en 336 ou 338, devient praefectus praetorio en 338-339, et praefectus Urbi en 341, 342.
Comment supposer alors que pour Aco Catullinus une aussi longue période a séparé son proconsulat de son vicariat d'Afrique ? Encore si cette dernière fonction est accordée à des viri illustres, on peut y voir un avancement, mais le vicarius Africae a rang de spectabilis tout comme le proconsul Africae, les 2 charges sont à peu près équivalentes. Il est donc impossible d'identifier le Aco Catullinus proconsul d'Afrique avec le Aco Catullinus vicaire de la même province et, par suite, d'attribuer au premier la fonction de préfet du prétoire qui suit de trois ans seulement le vicariat d'Afrique, et marque un degré de plus dans la carrière du personnage, les préfets du prétoire étant viri illustres comme ceux de la ville.



[Caritaspatrum] 4. Aconia Fabia Paulina
caritaspatrum.free.fr/spip.php?page=imprimer&id_article=603
5 sept. 2011 - ... est la fille du préfet urbain de 342-344, Aco Catollinus, qui fut aussi consul ordinaire en 349. ... préfet du prétoire d'Illyricum, d'Italie et d'Afrique en 384, année de sa ... le moine Jérôme, alors à Rome, opposant la descente aux enfers ... Fabia Aconia Paulina, fille d'Aco Catullinus, ancien préfet et consul, …

Note sur le praefectus urbi qu'on appelle à tort Aconius Catullinus et ...
www.persee.fr/doc/mefr_0223-4874_1887_num_7_1_6512
de MR Cagnat - ‎1887 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
Cette interprétation me paraissait confirmée d'ailleurs par la liste des préfets de la ville ... 342. Kal. April. FI. Lollianus Mavortius. — pridie Non. Jul. Aco Catulinus Philomatius a. .... le gouvernement d'Aco Catullinus en Gallécie l'année 315, Tissot l'année 312; ... Il croyait qu'il en existait un second exemplaire trouvé à Rome.
Vous avez consulté cette page 2 fois. Dernière visite : 12/06/16

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire