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OCTOBRE 2015...
Cette
page concerne l'année 584 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
CHILPERIQUE
ET FREDEGONDE UN COUPLE DIABOLIQUE
Chilpéric
Ier, né entre 525 et 527, ou en 534, mort entre le 20 ou 28
septembre 584 à Chelles, est un roi Franc de la dynastie des
Mérovingiens, petit-fils de Clovis Ier, roi des Francs, fils de
Clotaire Ier, roi de Soissons de 561 à 584. Surnommé par Grégoire
de Tours « Le Néron et l'Hérode de notre temps »...
À
la mort de Clotaire Ier, le royaume des Francs, réunifié en 558,
est partagé entre ses 4 fils : Sigebert, Gontran, Caribert et
leur demi-frère Chilpéric, qui reçoit le royaume de Soissons.
Une
grande partie du règne de Chilpéric est occupé par des conflits
avec ses frères, mais surtout avec Sigebert à partir de 570
environ.
Chilpéric
a été marié 3 fois, mais son nom est particulièrement associé à
ceux de Galswinthe, sa seconde épouse, morte assassinée, et surtout
de Frédégonde, sa troisième épouse.
Le
conflit entre Chilpéric (assassiné en 584) et Sigebert (assassiné
en 575) se double du conflit entre Frédégonde et Brunehilde
(Brunehaut), épouse de Sigebert et sœur de Galswinthe : Cette
période de guerre entre rois et reines, la « faide royale »,
ne prendra fin qu'en 613 avec la victoire de Clotaire II (584-629),
fils de Chilpéric et Frédégonde, sur Brunehilde et ses
descendants.
Chilpéric
a été l'un des derniers rois Mérovingiens à régner en monarque
absolu sur ses sujets, avant que le pouvoir ne s'effrite, capté par
une noblesse ambitieuse.
Son
règne est connu principalement grâce aux Dix livres d'Histoire (ou
Histoire des Francs), chronique universelle écrite par l'évêque
Grégoire de Tours.
Les
6 derniers livres sont consacrés aux rois Mérovingiens, présentés
du point de vue d'un évêque comme des « bons » ou des
« mauvais » rois, selon leur relation avec l'Église...
Il affirme la supériorité du pouvoir spirituel (auctoritas) exercé
par les évêques sur le pouvoir temporel (potestas) exercé par les
rois.
Pour
cette raison, Grégoire de Tours s'oppose à l'autorité de Chilpéric
lorsque celui-ci juge les évêques, dont la dignité serait
supérieure.
Chilpéric
apparaît aussi dans l'œuvre d'un contemporain de Grégoire de
Tours, Venance Fortunat, évêque de Poitiers.
La
société Franque se compose d'hommes et de femmes libres (ingenui).
Ils ont l'obligation de servir dans l'armée du roi, avec le droit de
prendre part à la justice publique, et sont commandés par
l'intermédiaire des ducs et des comtes.
Les
Francs libres devenus trop pauvres pour servir dans l'armée
deviennent non libres, en perdant leur identité juridique, pour
devenir dépendants du propriétaire d'une terre sur laquelle ils
travaillent.
Les
paysans Romains ont été intégrés comme dépendants non-libres des
Francs. Les esclaves peuvent être affranchis par leurs maîtres.
Il
existe également une catégorie d'hommes semi-libres, nommée
coloni. Un colon exploite une terre par contrainte et doit payer des
redevances au maître. Il peut ensuite exploiter la terre pour son
profit personnel.
De
même, en 517, le concile d'Epao interdit aux abbés d'affranchir les
esclaves sur les propriétés qu'ils ont reçues des laïcs, « parce
qu'il est injuste que les esclaves jouissent de la liberté alors que
les moines travaillent la terre nuit et jour ».
Chilpéric
est le fils de Clotaire Ier et de sa seconde épouse, la reine
Arnegonde, alors que ses trois frères sont les fils d'Ingonde,
d'ailleurs sœur d'Arnegonde.
La
date de naissance de Chilpéric n'est pas clairement établie.
Certains auteurs la placent aux alentours de 540.
Il
n'a sans doute été baptisé qu’à l’âge de 3 ans, âge minimal
requis pour recevoir le baptême. La mortalité infantile est à
l’époque si importante que les nouveau-nés ne reçoivent pas
immédiatement de nom... Le choix du nom de « Chilpéric »
a probablement été influencé par la reine Clotilde (465-545),
épouse de Clovis, étant donné qu'il a précédemment été porté
par 2 rois Burgondes, son grand-oncle et son père.
Il
se peut donc que le baptême ait eu lieu à Tours, ville qui
appartient alors à Clotaire, et où résidait Clotilde, ainsi que
les évêques Burgondes Procule, Théodore et Diffinus, chassés par
les Ariens. « Chilpéric » est la forme française d’un
nom Francique, transcrit en latin Chilpericus ou Hilpericus.
Contrairement à d’autres noms Germaniques, celui-ci n’a pas été
utilisé après l’époque Mérovingienne. Il n’existe donc pas de
doublet plus moderne, comme dans le cas de Theodoricus, qui en
français donne aussi bien « Théodoric » que
« Thierry ».
Il
reçoit probablement une bonne éducation, que Venance Fortunat
évoque ainsi : « Sur vous, douce tête, se penchèrent
tous les soins de votre père ». Elle comprend l'apprentissage
du maniement des armes et l’équitation, mais aussi une instruction
littéraire : Chilpéric, outre le francique, parle le latin, et
a peut-être des notions de grec et d’hébreu, grâce au contact
des juifs de sa cour.
Il
apprend l’art de la guerre au cours de parties de chasse qui lui
permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à
ses futures batailles.
Il
reçoit probablement une bonne éducation, que Venance Fortunat
évoque ainsi : « Sur vous, douce tête, se penchèrent
tous les soins de votre père27 ». Elle comprend
l'apprentissage du maniement des armes et l’équitation, mais aussi
une instruction littéraire : Chilpéric, outre le francique,
parle le latin, et a peut-être des notions de grec et d’hébreu,
grâce au contact des juifs de sa cour.
Il
apprend l’art de la guerre au cours de parties de chasse qui lui
permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à
ses futures batailles
À
partir de sa majorité, (15 ans), il participe à plusieurs
campagnes, ce qu'évoque Fortunat de façon poétique : « Devant
vous tremblent le Gètenote, le Vascon, le Danois, l’Euthionnote,
le Saxon, le Breton... Il est notoire qu’avec votre père vous les
avez domptés en bataille rangée. ».
Au
printemps 542, il accompagne son père et son oncle Childebert Ier,
ainsi que deux de ses demi-frères, dans une campagne en Espagne
contre les Wisigoths. Les Francs s’emparent alors de Pampelune et
assiègent Saragosse, puis doivent battre en retraite et quitter le
pays.
Vers
555, Chipéric et Sigebert, accompagnent leur père dans une campagne
contre les Saxons. Après une bataille meurtrière pour les Francs et
les Saxons, une paix est négociée, puis Clotaire se dirige vers la
Thuringe, afin de châtier ses habitants qui ont soutenu les Saxons.
Lors
de son retour, les Saxons coalisés avec les Thuringiens, et
probablement les Frisons, les Danois et les Jutes entrent en
territoire Franc le long de la rive droite du Rhin jusqu’à Deutz.
Clotaire et Chilpéric rejoignent Sigebert, qui a été posté pour
garder la frontière et repoussent ces envahisseurs.
En
novembre ou décembre 560, il participe également à l’attaque
contre Chramn et le comte Conomor de Domnonée
Clotaire
Ier a réunifié le royaume Franc de Clovis Ier, mais n'a pas partagé
le royaume avant sa mort, qui survient en 561. Ses fils vont
l'enterrer à Soissons, dans la basilique Sainte-Marie qu'il a
commencé à faire construire sur le tombeau de saint Médard... Dans
la tradition Germanique, le mode de succession des rois sur le trône,
la tanistry (nom celtique désignant la succession par le cadet et
non par le fils), se fait entre frères, de l'aîné au benjamin,
puis aux oncles et aux neveux. N'étant pas issu de la même union
que les autres princes, ce système aurait défavorisé Chilpéric au
moment du partage voulu par la loi salique. Contrairement au mode de
succession par primogéniture qui régit la succession au trône du
père au fils aîné, comme sous la dynastie Capétienne, le royaume
est divisé entre autant de fils que le roi possède, afin que chacun
puisse régner....
La
division du Regnum Francorum engendre des sous-royaumes (teilreiche)
distincts de celui-ci, permettant à chaque prince d'exercer une
royauté complète dans le sous-royaume attribué, plutôt que de
diviser l'exercice du pouvoir avec les autres princes sur l'ensemble
du territoire.
À
l'aide d'antrustions (guerriers d'élite formant la garde privilégiée
du roi, liés par un serment particulier), Chilpéric s'empare du
trésor de la villa Brennacum - palais de Berny. Par la force, il
peut accéder aux richesses que son père a accumulées et entasse le
trésor sur des chariots. Il en profite pour acheter la fidélité de
certains grands seigneurs et occupe Paris, en prenant possession du
château de son oncle Childebert Ier avec la portion du royaume
associée.
Néanmoins,
ses demi-frères l'obligent à respecter le partage. Le royaume est
donc à nouveau divisé en 4 suivant « un partage régulier »
et le sort (destin ou partage) attribue à Chilpéric le territoire
ancestral des Mérovingiens, le « royaume de Clotaire »
avec pour capitale Soissons et un territoire situé entre Tournai et
la Picardie.
Le
royaume de Soissons se compose probablement des cités de Thérouanne,
Tournai, Arras, Cambrai, Amiens et Noyon. Ce teilreich, le plus
pauvre en fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne),
n'a ni ressources importantes ni frontières actives offrant des
perspectives de conquête... Le critère déterminant la valeur d'une
part peut ne pas prendre seulement en compte la superficie, mais
aussi la nature du patrimoine. Comme Chilpéric reçoit le royaume de
son père, la capitale des Gaules et la terre patrimoniale des
Mérovingiens, sa part est vue comme égale aux autres, plus grandes
géographiquement mais auxquelles aucun statut politique n'est
attaché du fait de leur annexion par conquête. Une autre hypothèse
veut que le hasard soit à l'origine de l'attribution des royaumes
qui se serait faite par tirage au sort.
Cependant,
Grégoire de Tours précise que la répartition des territoires est
équitable, un tirage au sort avec des lots inégaux est donc à
exclure.
L'affectation
des teilreich peut aussi être définie selon le nom donné aux
princes, pour qu'ils soient destinés à régner sur un territoire
donné : Le royaume de Metz que reçoit Sigebert, ayant
appartenu à Thierry Ier, englobe l'ancien royaume de Cologne des
Francs ripuaires dont un des rois se nommait Sigebert le boiteux.
Gontran,
quant à lui, a un nom typiquement Burgonde et reçoit le royaume des
Burgondes. Or, il est à noter que Chilpéric est aussi un nom
typiquement Burgonde.
Les
rapports de forces déterminent en réalité les attributions, de
plus, la mise à l'écart des plus faibles fait partie des usages de
la succession royale Franque et il se peut que les 3 fils d'Ingonde
éprouvent de la défiance envers leur demi-frère. .
En
562, les Avars font des incursions en Austrasie. Sigebert Ier, qui
transfère alors sa capitale de Reims à Metz, parvient à repousser
les envahisseurs au-delà du Rhin.
Chilpéric
profite de son absence pour enlever Reims et d’autres villes du
royaume de Sigebert. Celui-ci contre-attaque, récupère les villes
qui lui ont été prises et s'empare de Soissons.
Thibert
(ou Théodebert), fils de Chilpéric, est capturé et envoyé dans la
villa de Ponthion.
Sigebert
profite de sa domination sur Soissons pour terminer la construction
de la basilique Saint-Médard. Thibert est libéré au bout d'un an,
avec comme condition qu'il prête serment de ne plus attaquer
l'Austrasie.
À
la mort de Caribert Ier, le 5 mars 567, en l'absence d'héritier
mâle, Gontran Sigebert et Chilpéric se partagent son héritage. Le
partage du royaume a lieu en 568. Les modalités du partage sont
inscrites dans un pacte dont chacun jure de respecter les termes sur
les reliques des Saints Polyeucte, Hilaire et Martin. Le lieu des
pourparlers n'a pas été rapporté : Peut-être est-ce Paris,
capitale du défunt, ou bien une ville appartenant à Sigebert Ier
dont le royaume abrite les églises Saint-Polyeucte de Metz,
Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Martin de Tours.
Le
territoire que Chilpéric reçoit est probablement contigu avec son
royaume en s'étendant au nord-ouest de Paris.
La
ville de Paris est maintenue dans l'indivision : Ses revenus
fiscaux sont partagés en 3 et chaque roi jure de ne pas entrer dans
la ville sans le consentement des 2 autres. Senlis est également
indivise.
La
civitas Parisiorum est divisée par la Seine et la Marne en 3 parties
à peu près équivalentes correspondant aux 3 archidiaconés de
l'ancien diocèse Parisien. Chilpéric a dû recevoir le grand
archidiaconé ou archidiaconé de Parisis, situé au nord sur la rive
droite de la Marne et de la haute Seine, comprenant les domaines de
Chelles et de Nogent-sur-Marne.
Dans
la province de Reims, toujours à Sigebert Ier, Chilpéric récupère
Beauvais, mais Soissons reste sous la domination du roi de Metz.
Chilpéric
obtient une grande partie de la province ecclésiastique de Rouen,
les diocèses de Coutances, Bayeux, Lisieux, Évreux, mais pas ceux
de Sées et d'Avranches. L'attribution de ces deux dernières cités
reste discutée, car si Sigebert Ier les avait eues, elles sont trop
isolées pour ne pas passer sous l'influence de Chilpéric.
Dans
la province de Tours, tandis que Tours est attribuée à Sigebert
Ier, Chilpéric obtient les diocèses de Vannes, Nantes, Le Mans,
Angers et Rennes. Il est possible que les territoires tenus par les
Bretons aient été intégrés à sa part, mais le pouvoir des Francs
y est très limité.
En
Aquitaine, il reçoit les cités de Limoges et de Cahors dans la
province de Bourges, métropole attribuée à Gontran.
La
métropole provinciale de Bordeaux lui revient, ainsi que la province
d'Eauze, comprenant la métropole et les diocèses de Bazas, Dax,
Oloron, Comminges, Auch et Lectoure. Il reçoit aussi les évêchés
de Béarn (anciennement Lescar) et de Bigorre (anciennement Tarbes).
La situation de la ville de Toulouse est incertaine, il est possible
qu'elle ait appartenu à Gontran depuis 561. Dans la province de
Sens, le diocèse de Chartres est divisé en trois, Chilpéric reçoit
Poissy et peut-être Dreux.
Les
nouvelles frontières du royaume de Chilpéric correspondent à ce
que Jonas de Bobbio, au VIIe siècle, appellera la « Neustrie
ou Neuster » (nouveau royaume de l'Ouest), royaume qui se
perpétue au fil des partages du Regnum Francorum avec l'Austrasie et
la Burgondie. Par son extension, son royaume devient frontalier avec
la Bretagne et le royaume Wisigoth. Cependant, l'attribution des
villes de Tours et Poitiers à Sigebert Ier, empêche le rattachement
de ses possessions du nord avec celles du sud.
Vers
565, Sigebert épouse la fille du roi Wisigoth Athanagild, la
princesse Brunehilde. Ce rapprochement constitue une menace pour les
possessions Aquitaines de Chilpéric, contiguës au royaume Wisigoth
et aux possessions de Sigebert en Auvergne. Pour s'assurer de la
neutralité du roi de Tolède, Chilpéric décide de se marier à son
tour avec Galswinthe, sœur aînée de Brunehilde... Grégoire de
Tours donne pour raison de ce mariage la jalousie suscitée par le
prestigieux mariage de Sigebert, alors que ses frères ont « des
femmes indignes d'eux et se (dégradent) même en épousant des
servantes ».
En
568, une ambassade est envoyée auprès d’Athanagild. Celui-ci,
sous l'influence de son épouse, la reine Galswinthe, qui n'apprécie
pas les mœurs du roi de Neustrie, fait patienter les envoyés
Neustriens, leur faisant savoir qu'il se sent gêné. Finalement,
Athanagild accède à la demande de Chilpéric. Grâce à la
possession de terres en Aquitaine, les Wisigoths sécurisent ainsi
leur frontière septentrionale, et estiment que Chilpéric peut
fournir une aide pour vaincre les révoltes Vasconnes dans les
piémonts Pyrénées. De plus, les Wisigoths sont en guerre contre
les Byzantins, l’alliance avec 2 rois francs permet d'envisager
l'ouverture d'un nouveau front contre Byzance si les Francs attaquent
l’Italie.
Néanmoins,
pour que le mariage ait lieu, Chilpéric se voit contraint de
répudier son épouse de second rang Audovère, étant donné que les
Wisigoths appliquent le droit romain en matière de mariage. Audovère
est peut-être reléguée dans la villa royale de Vaudreuil ou dans
un monastère au Mans... Selon un passage du Liber Historiae
Francorum, datant de 727, Audovère a tenu sa fille Childesinde sur
les fonts baptismaux, devenant ainsi la marraine de sa propre fille
et provoquant la rupture de son mariage. La parenté spirituelle ne
devient en effet contraignante vis-à-vis du mariage qu'à partir du
concile Byzantin In Trullo de 692.
L'Église
de Rome ne l'adopte qu'à partir du concile de Rome en 721.
L'anecdote ne serait qu'une invention de l'auteur, destinée à faire
comprendre une interdiction canonique encore toute récente. On peut
aussi remarquer que « Childesinde » est un nom Wisigoth,
alors que les autres enfants d'Audovère ont reçu des noms d'origine
Franque
Athanagild
constitue à Galswinthe une dot (cadeau du père de la mariée
accordé au mari) en métal précieux plus importante que celle
apportée par Brunehilde à Sigebert. Dans les mariages francs, le
fiancé fait un don au père de la fiancée (pretium nuptiale) afin
d'obtenir l'autorité juridique et morale sur celle-ci (mundium).
L'épouse reçoit ensuite plusieurs dots :
Lors
de la demande en mariage par le mari (ante nuptias).
Lors
du mariage par son père (dot Romaine). Le don important accordé à
Galswinthe peut s'expliquer par l'union d'un morgengabe et d'une dot,
Galswinthe ayant reçu des cités Aquitaines « Tant à titre de
dot que de morgengabe »
Apprenant
qu'elle est obligée de se marier, Galswinthe se réfugie auprès de
sa mère. N'ayant jamais quitté le palais de Tolède, elle
appréhende le moment des épousailles avec un roi dont la religion
et les coutumes sont différentes des siennes. Après 3 jours
d'attente, les ambassadeurs Francs sont contraints de la réclamer.
Goswinthe doit obliger Galswinthe à respecter le contrat de mariage.
Chilpéric
profite de la venue de Galswinthe pour prendre possession
symboliquement des territoires reçus lors du partage du royaume de
Caribert. De Narbonne, en territoire Wisigoth, Galswinthe voyage à
travers l'Aquitaine, passant par Poitiers et par Tours, puis gagne
Rouen par bateau. Le cortège nuptial remplace le « circuit
royal », tour du royaume que les Mérovingiens font pour se
montrer à leurs sujets après leur accession au trône.
Chilpéric
obtient de Galswinthe sa conversion au catholicisme. Avant le
mariage, elle doit abjurer publiquement les thèses d'Arius, recevoir
une chrismation et participer à un office catholique... Plusieurs
mois après le mariage, les relations entre les époux sont plutôt
mauvaises. Galswinthe n’est toujours pas enceinte. Si elle meurt
sans avoir eu d'enfants, Athanagild peut réclamer son morgengabe.
Par ailleurs, Chilpéric trahit son engagement en fréquentant ses
anciennes concubines, notamment Frédégonde.
SIÈGE DE TOURNAI |
Galswinthe
veut alors retourner en Hispanie, disant qu'elle ne peut supporter
l'injure faite à son honneur, laissant sa dot à Chilpéric. Il
tente d’apaiser Galswinthe mais les tensions conjugales sont
connues jusqu’en Hispanie.
Athanagild
meurt à la fin de 568, ce qui modifie profondément la situation.
Chilpéric peut penser qu'en l'absence d'héritier ou de frère, il
n'a pas à craindre de vengeance en relation avec ses problèmes
conjugaux, ni de devoir céder, le cas échéant, le morgengabe. Par
ailleurs, la mort d'Athanagild ôte au mariage tout intérêt
politique.
Quelque
temps après, Galswinthe est assassinée, étranglée dans son lit
par un serviteur de Chilpéric.
Chilpéric
tente de masquer sa responsabilité en pleurant le décès de
Galswinthe, puis après quelques jours de veuvage, il épouse
Frédégonde Ce meurtre permet à Léovigild, beau-père de
Brunehilde et nouveau roi des Wisigoths, de réclamer le morgengabe,
sinon il peut exiger le paiement d'un wergeld « prix du sang »
pour racheter le crime... Après la mort de Galswinthe, Venance
Fortunat compose un éloge funèbre, long de 370 vers, destiné à la
reine Goswinthe, veuve d’Athanagild, remariée avec le roi
Léovigild. Cette élégie a souvent été célébrée comme le plus
grand texte littéraire de l’époque Mérovingienne. L’œuvre a
probablement été commandée par Sigebert Ier, qui peut réclamer un
wergeld pour le meurtre de sa belle-sœur et déclencher une faide
(vengeance obligatoire d'après la coutume des Germains) si Chilpéric
refuse de payer.
« Tolède
t’a envoyé deux tours, ô Gaule : Si la première est debout,
la seconde gît à terre, brisée.
Elle
se dressait sur les collines, splendide sur une belle cime, et des
vents hostiles l’ont mise à bas et détruite ».
Le
poème aborde la douleur de l’enfantement, celle de perdre une
fille qui se marie à l’étranger et la mort de l’enfant aimé :
« Le
malheur fond sur elle, atteinte d’un coup foudroyant, elle
défaille, son regard chavire, elle s’éteint. ».
Le
cortège nuptial et les noces deviennent de tristes événements où
Cupidon vole au-dessus des époux, armé de flèches glacées.
Fortunat décrit la princesse comme généreuse avec les pauvres et
aimée de tous, elle a reçu l’amitié de Sainte Radegonde et les
guerriers Francs lui ont juré serment de fidélité sur leurs armes.
Le poème insinue qu’il y a eu meurtre, en expliquant que la mort
de Galswinthe met en pleurs la cour tout entière, sauf son mari, et
que la nourrice de Galswinthe se pose la question de savoir comment
repartir en Espagne pour en informer Goswinthe, laissant penser que
la nourrice est prisonnière.
Fortunat
décrit ensuite l’enterrement, qui se déroule au milieu des
gémissements. Un miracle intervient, témoignage de la présence
divine : Une lampe suspendue au-dessus du tombeau serait tombée
sans se briser... Grégoire de Tours ajoutera dans son 4e livre
d'histoires, quelques années plus tard, que le luminaire s’enfonce
dans le dallage comme dans de la cire.
Vient
ensuite la douleur de Brunehilde :
« Partout
où elle passe, elle frappe les astres de ses plaintes. Souvent, elle
crie ton nom, Galswinthe, toi sa sœur. Les sources, les forêts, les
fleuves, les champs le répètent. Tu te tais, Galswinthe ?
Réponds à ta sœur comme lui répondent les objets muets : Les
pierres, les monts, les bois, les eaux, le ciel ! »
Brunehilde
se sent coupable pour avoir aidé à attirer sa sœur en Gaule alors
même que le mariage était nuisible aux intérêts Austrasiens. En
s’adressant à Goswinthe par ces mots
« Vous
aussi, sa mère, par la grâce du Dieu tonnant, vous avez une
consolation dans votre fille, votre gendre, votre petite-fille, votre
petit-fils et votre mari. », le poème sous-entend que,
Galswinthe s’étant convertie au catholicisme, l’union de
l’Austrasie et du royaume Wisigoth permet de venger le meurtre.
La
mort de Galswinthe met en fait Chilpéric dans une position
difficile, par rapport à Léovigild, successeur d'Athanagild, devenu
l'époux de la mère de la victime, mais surtout par rapport à
Sigebert, mari de la sœur de celle-ci.
Pour
trouver un accord à l'amiable, ils mettent en place un tribunal dans
lequel Gontran, l'aîné, tient le rôle de juge. Des aristocrates
Austrasiens et Burgondes sont nommés assesseurs. Sigebert Ier dépose
plainte au nom de Brunehilde. Gontran condamne Chilpéric et ordonne
qu'il soit détrôné, rendant possible une guerre contre la
Neustrie. Mais il est aussi décidé que, pour éviter cette guerre,
Chilpéric paye une compensation, conformément au droit Germanique
(institution du wergeld) : En l'occurrence, le morgengabe de
Galswinthe doit être transféré à Brunehilde (et, de facto, à
Sigebert), les cités concernées devant ensuite être transmises par
héritage à Childebert, fils nouveau-né de Brunehilde et de
Sigebert. Les demi-frères de Chilpéric ne veulent donc pas vraiment
le détrôner, mais le chasser des territoires Aquitains... Mais
Chilpéric ne tient finalement pas compte de ces décisions.
Au
contraire, en 572, il lance une campagne afin de récupérer les
cités de Tours et de Poitiers et d'assurer la continuité entre ses
possessions Aquitaines et celles du nord de la Loire. Il envoie son
fils Clovis s'emparer de ces deux villes.
À
Tours, Clovis bénéficie du soutien du comte Leudaste, d'une partie
de la population et du clergé. Il prend également Poitiers et
s'installe à Bordeaux.
L'armée
de Sigebert, combinée avec des troupes de Gontran commandées par le
patrice Mummol, attaque alors Chilpéric en Aquitaine et conquiert
Limoges et le Quercy.
Clovis
est chassé de Bordeaux par une révolte fomentée par Sigebert et le
duc Sigulf, il prend la fuite, selon Grégoire de Tours, « au
son des cors et trompettes comme lors d’une chasse au cerf »
et se réfugie chez son père. Le comte Leudaste, qui s'est également
enfui, est remplacé par le comte Justinus. Bordeaux, une partie du
morgengabe, se retrouve donc en possession de la reine d'Austrasie.
En
574, Chilpéric lance une nouvelle offensive : Il envoie Thibert
récupérer les cités d’Aquitaine perdues, notamment Tours et
Poitiers : La mission est menée à bien. L’armée
Austrasienne dirigée par le duc Gondovald tente de reprendre les
cités, mais est battue. L’armée Neustrienne progresse vers le sud
pour occuper la cité de Limoges et le Quercy, qui sont ravagés. Les
clercs et les structures chrétiennes régionales sont aussi
atteintes, de façon à ne rien laisser aux Austrasiens.
Sigebert
fait alors venir de ses territoires d’outre-Rhin, encore non
christianisés, des troupes qu’il lance contre l’armée
Neustrienne qui est défaite. En même temps, le royaume Burgonde
doit affronter les Lombards sur sa frontière orientale. Gontran,
craignant une Austrasie trop forte, passe un accord avec Chilpéric,
garantissant que les Austrasiens n’auront pas de droit de passage
sur ses terres même s’il ne peut guère défendre la Neustrie en
cas d’attaque. Le pacte est annulé sous la pression de Sigebert
qui menace Gontran de l'attaquer. Gontran recule et adopte alors une
attitude de stricte neutralité.
Chilpéric
préfère négocier et un traité, datant de 574, stipule qu’il
rend les cités d’Aquitaine. Ainsi s’installe une paix de
compromis grâce à laquelle Chilpéric sauve sa vie, Gontran ne perd
rien et Sigebert obtient les terres de Galswinthe dévolues à
Brunehilde.
En
575, Chilpéric renoue une alliance avec Gontran, puis lance une
attaque vers l'est, atteignant Reims. Mais Sigebert contre-attaque et
Gontran annule son serment envers Chilpéric. Les ducs Austrasiens
Godegisèle et Gontran Boson se dirigent vers Paris où les troupes
Neustrienne commandées par Thibert sont peu nombreuses. Le prince
tente de résister à l’assaut, mais est tué dans la bataille.
Sigebert accorde des funérailles au jeune prince.
MORT DE CHIPELRIC |
Dans
cette situation, Chilpéric se replie et s’enferme dans Tournai.
Sigebert prend le contrôle de Paris. Dans une lettre adressée par
l'évêque Germain, à Brunehilde, il l'informe avoir entendu dire
qu'elle serait l’instigatrice de la guerre et lui signifie que la
mise à sac de la ville l'empêchera de se redresser. Le butin amassé
lors du pillage rapporte moins que les rentrées fiscales d’une
ville annexée. Il ajoute que la région se réjouit de l’accueillir
si elle peut y trouver son salut plutôt que son anéantissement.
Ainsi, Sigebert veut « abandonner la ville aux troupes, mais
son entourage lui interdit de le faire ».
Les
autres cités de Neustrie, à l'exception de Rouen, se rallient alors
à Sigebert ainsi que les aristocrates du royaume, espérant sauver
leur vie et leur fortune. Sigebert est reconnu comme roi de Neustrie.
Sigebert décide de se débarrasser de Chilpéric en mettant le siège
autour de Tournai. Le déséquilibre des forces donne la victoire à
Sigebert.
Durant
ce siège, Frédégonde accouche d’un garçon durant l'automne 575,
sur l'ordre du roi, le nouveau-né est immédiatement baptisé, au
lieu d’attendre Noël, première date canonique pour cette
cérémonie. Il demande à l’évêque de Tournai d'être le
parrain : Ainsi, en cas de prise de la ville, il a l'obligation
de protéger l’enfant, qui est nommé Samson. Ce nom est choisi en
référence à Samson dans la Bible : Le nom peut faire allusion
à la longue chevelure des rois Francs. Mais aussi, si la mort de
Chilpéric survient, l'enfant peut être tonsuré et envoyé dans un
monastère et en sortir si sa chevelure repousse.
Le
duc Loup de Champagne et le comte Gogon, celui-ci avec le titre de
nourricier du roi, prennent le contrôle du royaume de Metz, avec une
option pro-Burgonde. Cela suscite le mécontentement de certains qui
se rallient à la Neustrie, tels Godin, général de Sigebert, ou
Siggo, référendaire d'Austrasie qui devient référendaire de
Neustrie. Ils reçoivent des terres autour de Soissons, dont
Chilpéric a repris le contrôle et où il réinstalle sa capitale.
Au
printemps 576, Chilpéric envoie le comte Roccolène conquérir
Tours, où réside le duc Gontran Boson, meurtrier de son fils
Thibert. Le duc se réfugie avec sa famille dans la basilique
Saint-Martin de Tours. Chilpéric replace Leudaste à la tête du
comté. Le comte Leudaste et l'évêque Grégoire, qui a été placé
là par Sigebert Ier et Brunehilde, ne s'entendent guère.
Mérovée,
le fils de Chilpéric, est alors envoyé à Poitiers, ville encore
fidèle à Sigebert, mais il s'arrête à Tours où il passe les
fêtes de Pâques. Il vient ensuite à Rouen pour rencontrer sa mère,
la reine Audovère. Il y épouse Brunehilde avec la bénédiction de
l'évêque Prétextat. La reine Frédégonde ayant donné un fils au
roi de Soissons, Mérovée tente ainsi de se donner une légitimité
pour hériter du trône d'Austrasie et se protéger de sa belle-mère
Frédégonde, qui peut favoriser son fils Samson sur le trône
Neustrien. Cependant, Brunehilde étant la tante par alliance de
Mérovée, le droit canon stipule que ce mariage est de type
incestueux. Par sa bénédiction, l'évêque Prétextat bafoue le
droit matrimonial et des soupçons d'usurpation planent sur lui.
Quant à Brunehilde, elle consent à ce mariage plutôt que d'être
envoyée dans un monastère.
Le
roi vient alors à Rouen où le couple s'est réfugié, au nom du
droit d'asile, dans une église en bois dédiée à Saint Martin,
située en haut des murailles. Arrivé sur les lieux, Chilpéric jure
de ne pas séparer Mérovée et Brunehilde et de leur offrir les
gestes de la paix : Un baiser échangé et un repas partagé. Le
roi quitte ensuite Rouen avec Mérovée, trahissant sa promesse,
laissant seule Brunehilde
Retournant
dans ses États, il s'aperçoit que des Champenois, peut-être
dirigés par le duc Loup, ont attaqué Soissons que la famille royale
Neustrienne a dû évacuer en hâte. La ville est reprise. Le duc
Loup, proche de Brunehilde, a pu recevoir des ordres depuis Rouen et
le roi devient soupçonneux. Aussi, Mérovée est dépossédé de ses
armes, ce qui lui fait perdre son rang d'homme libre et tout droit de
succession.
Le
prince Clovis est chargé de reconquérir les anciennes possessions
Neustriennes au sud de la Loire. Chilpéric s'entoure de nouvelles
personnalités, dont Rauching, qui est peut-être un fils non reconnu
de Clotaire Ier, et qu'il fait duc de Soissons. Frédégonde devient
conseillère...
À
l'été ou l'automne 576, Mérovée est tonsuré, ordonné prêtre et
enfermé dans le monastère de Saint-Calais, près du Mans.
Brunehilde et ses filles sont renvoyées en Austrasie. Elles laissent
toutefois une partie du trésor, composé d'or, de bijoux et de
tissus précieux que la reine revient chercher dans les mois
suivants, grâce à des groupes de serviteurs... Avec l'aide de
compagnons, Mérovée s'évade de son monastère et rejoint Gontran
Boson à Saint-Martin de Tours. Peut-être qu'il souhaite surtout
rejoindre Grégoire de Tours, qui a la possibilité de lui porter
secours, bien que l'évêque refuse de se compromettre avec un
rebelle afin de garantir sa fidélité à Chilpéric. Mérovée passe
des jours dans la basilique en prières et en médisance envers son
père en compagnie de l'évêque Grégoire, pendant que ses
compagnons sortent pour détrousser les fidèles du roi dont la
principale victime est le comte Leudaste, dont le domaine est
méthodiquement pillé.
La
chevelure du prince repousse et Leudaste réussit à éradiquer les
pillards. Une rumeur circule disant que Frédégonde est prête à
pardonner à Gontran Boson s'il fait sortir Mérovée de la basilique
Saint-Martin.
Mérovée,
accompagné de Gontran Boson et de 500 hommes, tente alors de
rejoindre Brunehilde par le territoire Burgonde. Il est arrêté par
le duc Herpo, à Auxerre mais il réussit à s'enfuir alors que
Chilpéric demande son extradition. Arrivé en Austrasie, Mérovée
est rejeté, par Brunehilde, qui le considère maintenant comme
gênant, et par les Grands qui ne souhaitent pas d'ennuis avec le
royaume de Soissons et qui ne veulent pas lui laisser la possibilité
de revendiquer le trône.
Le
prince se réfugie dans les environs de Reims grâce au soutien du
duc Loup. D'anciens officiers de Sigebert Ier se rallient à sa
cause, comme le comte du palais Cuicilo... Pour éviter de se faire
renverser un jour par son fils, Chilpéric se débarrasse de ses
partisans.
En
577, un concile judiciaire est réuni à Paris pour juger l'évêque
Prétextat. 45 évêques y assistent, ce qui laisse penser que le
royaume de Soissons englobe les cités de Meaux, Poitiers, Tours,
Senlis, Soissons, Laon, Clermont, Velay, Javols et Rodez. Prétextat
est accusé d'avoir autorisé une union incestueuse, d'avoir soutenu
un usurpateur et d'avoir utilisé une partie du trésor de Brunehilde
pour corrompre les fidèles du roi. Afin d'obtenir son pardon,
Prétextat plaide coupable, il est envoyé en prison, puis exilé
dans l'île de Jersey. Il est remplacé par l'évêque Melaine.
Suspecté de complaisance avec Mérovée, Grégoire de Tours est
accusé de félonie. Grégoire nie l'accusation puis partage un repas
avec le roi en guise de réconciliation.
Une
armée est envoyée en Champagne avec pour mission de capturer
Mérovée mais cette expédition se solde par un échec.
À
la fin de l'année 577, des messagers annoncent au prince que la
ville de Thérouanne s'est ralliée à lui. Il réunit alors une
troupe et part rejoindre la ville. Mais il y est attendu par des
hommes du roi.
Arrivé
sur les lieux, Chilpéric ne peut que constater la mort de son fils.
Il fait alors châtier ses compagnons : Gaïlen a les mains, les
pieds, les oreilles et le dessus des narines coupé avant d'être mis
à mort.
Un
dénommé Grindion est roué, Cuicilo est décapité. Les autres
compagnons sont également exécutés.
Gontran
Boson, qui n'a pas pris part à la marche sur Thérouanne, est
suspecté d'être à l'origine de la trahison de Mérovée, ainsi que
l'évêque de Reims Egidius.
CHILPERIC EN CONCILIABULE |
Venu
chercher ses filles à l’abri dans la basilique Saint-Martin de
Tours, il est pourchassé par l’armée Neustrienne et se réfugie à
Poitiers, ville restée fidèle à l’Austrasie. Chilpéric fait
assiéger et capturer la ville. Le duc laisse ses filles dans la
basilique Saint-Hilaire et rejoint la cour de Childebert II.
Les
années suivantes, Chilpéric lève une armée dans les cités au sud
de la Loire pour attaquer les Bretons.
Il
perçoit également de lourds impôts dans les cités Aquitaines qui
n’en payent plus du fait des changements constants de souveraineté.
Il utilise ces richesses pour faire fabriquer un missorium (grand
disque de métal) en or incrusté de pierres précieuses et pesant 50
livres, ce qui lui permet d’afficher sa puissance auprès
d’ambassades étrangères... D'une façon générale, il a une
politique de renforcement de la fiscalité conforme à la pratique
romaine, mais qui est mal acceptée par la tradition germanique.
Chilpéric
doit en outre mater une aristocratie qui a tendance à se révolter,
face à la précarité d’existence de la dynastie Neustrienne. Il
ordonne que l’on coupe les mains et les pieds à plusieurs
personnes coupables de crime de lèse-majesté à titre d’exemple.
Les
coupables sont ensuite exposés aux carrefours des grandes routes, la
loi salique interdisant qu’on les achève.
Grégoire
de Tours, devenu évêque vers 573 grâce à l'appui de Sigebert Ier
et Brunehilde, est dans une position assez difficile sous la
domination de Chilpéric dans la mesure où il est aussi en butte à
l'inimitié d'une partie de son clergé.
Il
réussit cependant à devenir l’ami d'un grand officier palatin,
Ansoald, proche de Frédégonde. Il obtient même la destitution de
son ennemi personnel, le comte Leudaste, qui est remplacé par
Eunomius. Leudaste se rend alors auprès du roi, affirmant que
l’évêque de Tours veut livrer la ville à l’Austrasie et qu’il
propage une rumeur selon laquelle la reine Frédégonde a commis un
adultère avec l’évêque Bertrand de Bordeaux, lointain parent de
Chilpéric. Par peur que le doute n’atteigne la légitimité de ses
fils, Chilpéric ordonne une enquête sur l’origine de la rumeur.
Des clercs profitent de la situation pour déstabiliser leur évêque
avec le soutien de l'évêque de Nantes, Félix, adversaire de
Grégoire.
Chilpéric
décide alors de faire juger Grégoire et convoque un concile qui a
lieu dans le palais royal de Berny (villa Brennacum), au mois de
septembre 580. L’accusateur est l'évêque Bertrand de Bordeaux.
Grégoire cherche des soutiens auprès de la princesse Rigonde, ainsi
que de grands officiers palatins, tel que le chambrier Eberulf et
peut-être auprès du référendaire Faramod. Le jour du procès,
Grégoire vient en compagnie de Venance Fortunat, évêque de
Poitiers, qui souhaite se mettre au service de Chilpéric en échange
d'un pardon accordé à l'évêque. Un éloge panégyrique célébrant
le roi est récité devant le concile, faisant de Chilpéric le fils
préféré de Clotaire Ier.
Ce
panégyrique présente l’assassinat de Sigebert Ier comme un
châtiment divin frappant celui qui a attaqué un bon roi, et la mort
de son fils Mérovée, « rebelle en arme », est
interprétée comme ayant permis de prévenir une guerre civile.
Fortunat
évoque aussi très favorablement les œuvres de Chilpéric (un
traité de théologie, des hymnes dédiés à saint Médard). La
suite fait l’éloge de la reine : fidèle, généreuse,
prudente, bonne administratrice. La reine Radegonde est citée comme
témoin de sa probité, les « mœurs de la reine étant les
parures du royaume ». Le poète recommande enfin au roi :
« Domptez
les méchants, protégez avec amour ceux qui vous sont fidèles,
soyez aussi pour les catholiques la tête de la religion ».
Grégoire
de Tours est finalement innocenté en échange d’un serment
purgatoire, le comte Leudaste est accusé de calomnie envers
l’évêque. Sa destitution est confirmée et il est contraint de
quitter le royaume. Selon Grégoire de Tours, à la suite du
jugement, la Gaule est frappée par une série de cataclysmes :
Un
tremblement de terre dévaste Bordeaux
Des
pluies diluviennes font déborder la Loire
Un
incendie se propage à Orléans
La
grêle ruine Bourges, qui cependant épargnent miraculeusement
l’Austrasie. La Gaule est aussi ravagée par une épidémie de
dysenterie.
En
581, survient la mort du régent d'Austrasie Gogon (la chronique de
Frédégaire affirme qu'il a été assassiné par Brunehilde, mais
son épitaphe dément tout assassinat) qui amène un changement de
gouvernement. Le nouveau gouvernement est dominé par un parti
pro-Neustrien comprenant les aristocrates Ursio et Berthefred et
l'évêque Egidius de Reims. Le poste de nourricier est attribué à
un dénommé Wandalenus... Le duc Loup et le recteur Dynamius se
réfugient en Burgondie.
L'Austrasie
se rapproche alors du royaume de Soissons. La disparition des fils de
Chilpéric donne en effet à Childebert II, successeur de Sigebert,
la possibilité de se retrouver héritier de deux teilreich. Egidius
négocie un pacte avec Chilpéric : Childebert II devient
légataire de tous les biens lui appartenant.
Ce
changement diplomatique suscite des différends entre Austrasiens et
Burgondes. Chilpéric en profite pour agrandir ses domaines Aquitains
en s'emparant de Saintes, Angoulême, Périgueux et Agen, cités sous
domination Burgonde. L'année suivante, Gontran reconnaît les
conquêtes de Chilpéric afin de négocier une paix avec lui.
En
582, des ambassadeurs sont envoyés en Hispanie, en vue de marier
Rigonde, fille de Chilpéric, à Recarède, second fils de Léovigild,
désigné comme héritier de la couronne Wisigothique.
Frédégonde
met alors au monde un fils.
Chilpéric
vient à Paris le 17 avril 583, malgré l'indivision décidée depuis
561. Le lendemain, jour de Pâques, l'enfant, nommé Thierry, est
baptisé par l'évêque Ragnemod au milieu d'une foule en joie.
Egidius et son entourage se rendent aussitôt à Paris pour vérifier
si leur alliance est toujours valide.
Chilpéric
la confirme et accuse Gontran d'avoir commandité l'assassinat de
Sigebert Ier. Egidius et Chilpéric décident d'attaquer le royaume
Burgonde et de soumettre toutes les cités à l'autorité du roi de
Soissons.
Au
printemps ou à l'été 583, les troupes de Chilpéric attaquent par
le nord. Elles s'emparent de Melun puis se dirigent vers Orléans.
Egidius, accompagné par plusieurs ducs Austrasiens, arrive par le
nord-est depuis Reims, mais avec un retard dont le motif est
peut-être le moindre intérêt de l'alliance avec Soissons, étant
donné que l'existence du prince Thierry empêche l'Austrasie
d'hériter des territoires de Chilpéric.
Au
sud, le duc de Toulouse Didier commande les troupes venues
d'Aquitaine, auxquelles sont jointes les troupes du duc Bladaste
venues de Novempopulanie. Elles pénètrent dans le Berry où elles
affrontent celles de Gontran près de la ville forte de
Châteaumeillant (Mediolanense castrum). La bataille qui en résulte
tourne au massacre. Les envahisseurs en sortent victorieux.
Ils
s'unissent avec les troupes du duc Berulfus venues de Tours.
Ils
s'emparent de la place forte d'Argenton (Argentomagus) et continuent
leur chemin en incendiant et pillant tout sur leur passage. Puis ils
établissent le siège de Bourges.
De
son côté, Gontran marche vers le nord, une bataille a lieu entre
Étampes et Orléans dont Gontran sort vainqueur (il « massacre
la plus grande partie des hommes de son frère germain »). Le
lendemain, une paix est conclue par échange d'ambassadeurs, mais les
envahisseurs doivent payer des réparations. Chilpéric abandonne son
butin et libère les prisonniers. Les ducs Berulfus, Bladaste et
Didier sont contraints de lever le siège de Bourges. En repartant,
Didier et Bladaste saccagent la Touraine avec une virulence égale à
celle exercée à l'aller.
Au
nord, le comte de Rouen ne cesse pas les hostilités malgré les
ordres et Chilpéric en est réduit à le tuer lui-même.
Chilpéric
hésite alors à donner sa fille Rigonde, promise aux Wisigoths...
Demeurant le dernier enfant en vie qu'il a eu de Frédégonde, elle
conserve des droits sur son royaume. Il essaie alors d'échanger
Rigonde avec Basine, cloîtrée au monastère Sainte-Croix de
Poitiers, mais celle-ci refuse, influencée par Radegonde qui
l'oblige à respecter ses vœux monastiques.
Affaibli
politiquement, Chilpéric quitte Paris pour s'établir à Cambrai où
il installe son trésor. Par crainte d'une attaque combinée des
armées Austrasiennes et Burgondes, il ordonne la réparation des
murailles de ses cités.
Au
printemps de l'année 584, Frédégonde met de nouveau un fils au
monde. Par prudence, Chilpéric ordonne d'élever l'enfant en secret
dans la villa royale de Vitry pour le protéger d'assassins
éventuels, dont on pense que ses frères ont été victimes.
En
cas de décès, sa disparition passera inaperçue et évite de
dévoiler une vacance de succession qui permet à des opportunistes
de se saisir de l'occasion pour engendrer un conflit.
Le
nouveau-né ne reçoit pas de nom afin de garantir un anonymat qui
n'inquiète personne. L'enfant ne reçoit pas de baptême
immédiatement, car le roi surveille l'évolution du Regnum Francorum
avant de choisir un parrain.
Puis
il réinstalle sa capitale à Paris, après que Brunehilde a envoyé
des troupes en Italie.
AUDOVERE ET SES FILLES EN EXIL |
Il
informe les ambassadeurs Wisigoths qu'il accepte de marier Rigonde,
dont le départ pour l'Espagne a lieu en septembre. Elle emporte une
dot considérable, nécessitant une cinquantaine de chariots remplis
de bijoux, métaux précieux, vêtements, chevaux et esclaves.
Brunehilde
envoie une ambassade à Chilpéric pour l'empêcher de prélever des
biens dans les cités Aquitaines pour constituer la dot. Elle
considère Tours et Poitiers comme un héritage de Sigebert Ier
revenant à Childebert II.
Un
des ambassadeurs est tué, mais comme Chilpéric tient à maintenir
la paix avec sa belle-sœur, il accepte de ne pas faire participer
ces cités à la constitution de la dot. Les richesses sont si
importantes que des Grands s'inquiètent et cherchent à savoir si le
trésor royal n'est pas vide. Frédégonde leur assure que les biens
donnés à Rigonde proviennent de sa fortune personnelle.
Roman
de Renart le contrefait. XIVe siècle (après 1314), Nord.
Entre
le 20 et le 28 septembre 584, peu après le départ de sa fille,
Chilpéric est à son tour assassiné près de sa villa de Chelles
après une partie de chasse.
À
la tombée de la nuit, alors qu'un de ses serviteurs l'aide à
descendre de cheval, un homme nommé Falco le poignarde d'un coup
sous l'aisselle puis dans le ventre.
L'assassin
réussit à s'enfuir et n'est pas retrouvé.
La
pierre de Chilpéric (ou croix de Sainte-Bautheur ou borne de
Chilpéric) située dans le parc du souvenir Émile-Fouchard à
Chelles rappelle cet événement.
Dans
son récit, Grégoire de Tours n'évoque pas la question de l'origine
de l'assassinat, préférant insister sur les aspects négatifs de la
mémoire du roi. La chronique de Frédégaire en revanche désigne la
reine Brunehilde comme commanditaire du crime. Celle-ci aurait pu
payer un assassin par l'intermédiaire de l'ambassade envoyée
quelques mois avant
Un
texte plus tardif, le « Liber Historiae Francorum »,
accuse Frédégonde. La raison serait qu'elle a trompé Chilpéric
avec le maire du palais Landéric (Landericus) que Grégoire de Tours
ne mentionne pas. Cette version n'est pas crédible, car la mort du
roi fait perdre à Frédégonde son mundium, privant la reine de
soutiens et la mettant à la merci de ses rivaux. De plus, il y a
bien eu un maire du palais nommé Landéric, mentionné au
VIIe siècle, mais il est en fonction sous le règne de Clotaire
II à partir de 603.
Une
autre version veut que Gontran en soit le commanditaire. Or, la mort
de Chilpéric vient mettre à mal la politique que mène Gontran.
Celui-ci s'est toujours arrangé pour mener une politique
d'équilibre, avantageant l'un, puis l'autre, en fonction des enjeux,
dans le but de contrer une Austrasie trop forte.
C'est
l'évêque de Senlis, Mallulf, présent en vue d'une audience avec
Chilpéric, qui lave son corps et le revêt de ses plus beaux
vêtements. Sa dépouille est ensuite placée sur un bateau qui
descend la Marne, puis la Seine pour être conduite à Paris... Prise
de peur, Frédégonde se réfugie dans la cathédrale de Paris et
n'assiste pas à l'enterrement de son époux, elle n'ose même pas
traverser la Seine pour suivre le convoi funèbre.
Chilpéric
est enterré auprès de Childebert Ier dans l'église
Saint-Vincent-Sainte-Croix (plus tard nommée Saint-Germain-des-Prés.
Son corps a dû être allongé sur le dos dans un sarcophage de
pierre ou de plâtre, les avant-bras allongés le long du corps, ou
bien croisés sur la poitrine. Sa tenue doit être la plus belle
qu'il possède et il doit être revêtu de ses bijoux ainsi que de
ses armes d'apparat.
Le
sarcophage est ensuite descendu dans une fosse, la tête tournée
vers l'ouest. Un monument commémoratif est ensuite élevé,
peut-être orné d'une épitaphe (« Sous cette pierre repose
le roi Chilpéric » Vers 1163, pour orner son cénotaphe,
l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fait sculpter un gisant de
Chilpéric surélevé par des colonnettes, le représentant couché
sur le dos tenant un sceptre dans la main droite et portant la main
gauche à sa barbe. L'emplacement exact de son sarcophage n'étant
pas connu, le cénotaphe reste vide.
En
1656, le gisant est déplacé du chœur aux piliers septentrionaux du
carré de transept, pour cause de travaux.
En
1791, un décret de l'Assemblée Constituante daté du 4 février
dissout la communauté religieuse de Saint-Germain-des-Prés pour
faire du monastère une église paroissiale. Les gisants de
Chilpéric, Childéric II et Frédégonde sont détruits dans la nuit
du 27 au 28 mars, pour faire de la place et installer des chaises. Il
existe plusieurs reproductions de ce gisant notamment sur le
manuscrit du Recueil des rois de France daté de 1566, réalisé par
Jean du Tillet
Lorsque
la nouvelle de la mort se propage dans le royaume, Gontran pleure sa
mort, ce qui est apprécié.
Un
certain désordre a lieu dans le royaume. Une des victimes est
Rigonde, dont le convoi est pillé, mettant fin au projet de mariage.
Frédégonde
réussit à obtenir le soutien de Gontran, qui récupère au passage
le royaume de Paris.
Le
fils de Chilpéric est reconnu lors d'une assemblée de Grands de
Neustrie, il est alors baptisé et reçoit le nom de Clotaire,
devenant roi à 4 mois, sous la tutelle de sa mère Frédégonde et
la protection de Gontran.
584
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/584
Cette
page concerne l'année 584 du calendrier julien. ... 1 Événements.
1.1 Asie; 1.2 Europe. 2 Naissances en 584; 3 Décès en 584; 4 Notes
et références ...
Événements
- Naissances en 584 - Décès en 584 - Notes
et références
Chilpéric
Ier de Francie - Histoire de l'Europe
www.histoireeurope.fr/RechercheLocution.php?Locutions=Chilpéric+Ier...
Chilpéric
Ier de Francie (539-584), Roi de Soissons et de Neustrie, qui
épousera : ... Les premières années du règne de Sigebert Ier sont
troublées par une ...
Le
livre noir de l'histoire de France
https://books.google.fr/books?isbn=2735703282
Philippe
VALODE - 2009 - History
Chilpéric
sort alors de Tournai assiégée par les Austrasiens, affirme qu'il
veut ... qui ne pense qu'à chasser, elle fait tuer le roi luimême,
Chilpéric Ier, en 584. ... La mort de la terrible Frédégonde,
l'année suivante, apporte un court répit qui ...
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