samedi 24 octobre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 584

8 OCTOBRE 2015...

Cette page concerne l'année 584 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

CHILPERIQUE ET FREDEGONDE UN COUPLE DIABOLIQUE



Chilpéric Ier, né entre 525 et 527, ou en 534, mort entre le 20 ou 28 septembre 584 à Chelles, est un roi Franc de la dynastie des Mérovingiens, petit-fils de Clovis Ier, roi des Francs, fils de Clotaire Ier, roi de Soissons de 561 à 584. Surnommé par Grégoire de Tours « Le Néron et l'Hérode de notre temps »...

À la mort de Clotaire Ier, le royaume des Francs, réunifié en 558, est partagé entre ses 4 fils : Sigebert, Gontran, Caribert et leur demi-frère Chilpéric, qui reçoit le royaume de Soissons.
Une grande partie du règne de Chilpéric est occupé par des conflits avec ses frères, mais surtout avec Sigebert à partir de 570 environ.

Chilpéric a été marié 3 fois, mais son nom est particulièrement associé à ceux de Galswinthe, sa seconde épouse, morte assassinée, et surtout de Frédégonde, sa troisième épouse.
Le conflit entre Chilpéric (assassiné en 584) et Sigebert (assassiné en 575) se double du conflit entre Frédégonde et Brunehilde (Brunehaut), épouse de Sigebert et sœur de Galswinthe : Cette période de guerre entre rois et reines, la « faide royale », ne prendra fin qu'en 613 avec la victoire de Clotaire II (584-629), fils de Chilpéric et Frédégonde, sur Brunehilde et ses descendants.

Chilpéric a été l'un des derniers rois Mérovingiens à régner en monarque absolu sur ses sujets, avant que le pouvoir ne s'effrite, capté par une noblesse ambitieuse.

Son règne est connu principalement grâce aux Dix livres d'Histoire (ou Histoire des Francs), chronique universelle écrite par l'évêque Grégoire de Tours.
Les 6 derniers livres sont consacrés aux rois Mérovingiens, présentés du point de vue d'un évêque comme des « bons » ou des « mauvais » rois, selon leur relation avec l'Église... Il affirme la supériorité du pouvoir spirituel (auctoritas) exercé par les évêques sur le pouvoir temporel (potestas) exercé par les rois.
Pour cette raison, Grégoire de Tours s'oppose à l'autorité de Chilpéric lorsque celui-ci juge les évêques, dont la dignité serait supérieure.

Chilpéric apparaît aussi dans l'œuvre d'un contemporain de Grégoire de Tours, Venance Fortunat, évêque de Poitiers.
La société Franque se compose d'hommes et de femmes libres (ingenui). Ils ont l'obligation de servir dans l'armée du roi, avec le droit de prendre part à la justice publique, et sont commandés par l'intermédiaire des ducs et des comtes.
Les Francs libres devenus trop pauvres pour servir dans l'armée deviennent non libres, en perdant leur identité juridique, pour devenir dépendants du propriétaire d'une terre sur laquelle ils travaillent.
Les paysans Romains ont été intégrés comme dépendants non-libres des Francs. Les esclaves peuvent être affranchis par leurs maîtres.
Il existe également une catégorie d'hommes semi-libres, nommée coloni. Un colon exploite une terre par contrainte et doit payer des redevances au maître. Il peut ensuite exploiter la terre pour son profit personnel.
De même, en 517, le concile d'Epao interdit aux abbés d'affranchir les esclaves sur les propriétés qu'ils ont reçues des laïcs, « parce qu'il est injuste que les esclaves jouissent de la liberté alors que les moines travaillent la terre nuit et jour ».

Chilpéric est le fils de Clotaire Ier et de sa seconde épouse, la reine Arnegonde, alors que ses trois frères sont les fils d'Ingonde, d'ailleurs sœur d'Arnegonde.

La date de naissance de Chilpéric n'est pas clairement établie. Certains auteurs la placent aux alentours de 540.
Il n'a sans doute été baptisé qu’à l’âge de 3 ans, âge minimal requis pour recevoir le baptême. La mortalité infantile est à l’époque si importante que les nouveau-nés ne reçoivent pas immédiatement de nom... Le choix du nom de « Chilpéric » a probablement été influencé par la reine Clotilde (465-545), épouse de Clovis, étant donné qu'il a précédemment été porté par 2 rois Burgondes, son grand-oncle et son père.

Il se peut donc que le baptême ait eu lieu à Tours, ville qui appartient alors à Clotaire, et où résidait Clotilde, ainsi que les évêques Burgondes Procule, Théodore et Diffinus, chassés par les Ariens. « Chilpéric » est la forme française d’un nom Francique, transcrit en latin Chilpericus ou Hilpericus. Contrairement à d’autres noms Germaniques, celui-ci n’a pas été utilisé après l’époque Mérovingienne. Il n’existe donc pas de doublet plus moderne, comme dans le cas de Theodoricus, qui en français donne aussi bien « Théodoric » que « Thierry ».

Il reçoit probablement une bonne éducation, que Venance Fortunat évoque ainsi : « Sur vous, douce tête, se penchèrent tous les soins de votre père ». Elle comprend l'apprentissage du maniement des armes et l’équitation, mais aussi une instruction littéraire : Chilpéric, outre le francique, parle le latin, et a peut-être des notions de grec et d’hébreu, grâce au contact des juifs de sa cour.
Il apprend l’art de la guerre au cours de parties de chasse qui lui permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à ses futures batailles.
Il reçoit probablement une bonne éducation, que Venance Fortunat évoque ainsi : « Sur vous, douce tête, se penchèrent tous les soins de votre père27 ». Elle comprend l'apprentissage du maniement des armes et l’équitation, mais aussi une instruction littéraire : Chilpéric, outre le francique, parle le latin, et a peut-être des notions de grec et d’hébreu, grâce au contact des juifs de sa cour.
Il apprend l’art de la guerre au cours de parties de chasse qui lui permettent de pratiquer les bases du combat, le préparant ainsi à ses futures batailles
À partir de sa majorité, (15 ans), il participe à plusieurs campagnes, ce qu'évoque Fortunat de façon poétique : « Devant vous tremblent le Gètenote, le Vascon, le Danois, l’Euthionnote, le Saxon, le Breton... Il est notoire qu’avec votre père vous les avez domptés en bataille rangée. ».

Au printemps 542, il accompagne son père et son oncle Childebert Ier, ainsi que deux de ses demi-frères, dans une campagne en Espagne contre les Wisigoths. Les Francs s’emparent alors de Pampelune et assiègent Saragosse, puis doivent battre en retraite et quitter le pays.

Entre 542 et 552, il épouse Audovère « sa première reine », peut-être de condition modeste.
Vers 555, Chipéric et Sigebert, accompagnent leur père dans une campagne contre les Saxons. Après une bataille meurtrière pour les Francs et les Saxons, une paix est négociée, puis Clotaire se dirige vers la Thuringe, afin de châtier ses habitants qui ont soutenu les Saxons.
Lors de son retour, les Saxons coalisés avec les Thuringiens, et probablement les Frisons, les Danois et les Jutes entrent en territoire Franc le long de la rive droite du Rhin jusqu’à Deutz. Clotaire et Chilpéric rejoignent Sigebert, qui a été posté pour garder la frontière et repoussent ces envahisseurs.
En novembre ou décembre 560, il participe également à l’attaque contre Chramn et le comte Conomor de Domnonée

Clotaire Ier a réunifié le royaume Franc de Clovis Ier, mais n'a pas partagé le royaume avant sa mort, qui survient en 561. Ses fils vont l'enterrer à Soissons, dans la basilique Sainte-Marie qu'il a commencé à faire construire sur le tombeau de saint Médard... Dans la tradition Germanique, le mode de succession des rois sur le trône, la tanistry (nom celtique désignant la succession par le cadet et non par le fils), se fait entre frères, de l'aîné au benjamin, puis aux oncles et aux neveux. N'étant pas issu de la même union que les autres princes, ce système aurait défavorisé Chilpéric au moment du partage voulu par la loi salique. Contrairement au mode de succession par primogéniture qui régit la succession au trône du père au fils aîné, comme sous la dynastie Capétienne, le royaume est divisé entre autant de fils que le roi possède, afin que chacun puisse régner....

La division du Regnum Francorum engendre des sous-royaumes (teilreiche) distincts de celui-ci, permettant à chaque prince d'exercer une royauté complète dans le sous-royaume attribué, plutôt que de diviser l'exercice du pouvoir avec les autres princes sur l'ensemble du territoire.
À l'aide d'antrustions (guerriers d'élite formant la garde privilégiée du roi, liés par un serment particulier), Chilpéric s'empare du trésor de la villa Brennacum - palais de Berny. Par la force, il peut accéder aux richesses que son père a accumulées et entasse le trésor sur des chariots. Il en profite pour acheter la fidélité de certains grands seigneurs et occupe Paris, en prenant possession du château de son oncle Childebert Ier avec la portion du royaume associée.
Néanmoins, ses demi-frères l'obligent à respecter le partage. Le royaume est donc à nouveau divisé en 4 suivant « un partage régulier » et le sort (destin ou partage) attribue à Chilpéric le territoire ancestral des Mérovingiens, le « royaume de Clotaire » avec pour capitale Soissons et un territoire situé entre Tournai et la Picardie.

Le royaume de Soissons se compose probablement des cités de Thérouanne, Tournai, Arras, Cambrai, Amiens et Noyon. Ce teilreich, le plus pauvre en fisc (terre, forêt ou mine appartenant à la couronne), n'a ni ressources importantes ni frontières actives offrant des perspectives de conquête... Le critère déterminant la valeur d'une part peut ne pas prendre seulement en compte la superficie, mais aussi la nature du patrimoine. Comme Chilpéric reçoit le royaume de son père, la capitale des Gaules et la terre patrimoniale des Mérovingiens, sa part est vue comme égale aux autres, plus grandes géographiquement mais auxquelles aucun statut politique n'est attaché du fait de leur annexion par conquête. Une autre hypothèse veut que le hasard soit à l'origine de l'attribution des royaumes qui se serait faite par tirage au sort.
Cependant, Grégoire de Tours précise que la répartition des territoires est équitable, un tirage au sort avec des lots inégaux est donc à exclure.
L'affectation des teilreich peut aussi être définie selon le nom donné aux princes, pour qu'ils soient destinés à régner sur un territoire donné : Le royaume de Metz que reçoit Sigebert, ayant appartenu à Thierry Ier, englobe l'ancien royaume de Cologne des Francs ripuaires dont un des rois se nommait Sigebert le boiteux.

Gontran, quant à lui, a un nom typiquement Burgonde et reçoit le royaume des Burgondes. Or, il est à noter que Chilpéric est aussi un nom typiquement Burgonde.
Les rapports de forces déterminent en réalité les attributions, de plus, la mise à l'écart des plus faibles fait partie des usages de la succession royale Franque et il se peut que les 3 fils d'Ingonde éprouvent de la défiance envers leur demi-frère. .

En 562, les Avars font des incursions en Austrasie. Sigebert Ier, qui transfère alors sa capitale de Reims à Metz, parvient à repousser les envahisseurs au-delà du Rhin.
Chilpéric profite de son absence pour enlever Reims et d’autres villes du royaume de Sigebert. Celui-ci contre-attaque, récupère les villes qui lui ont été prises et s'empare de Soissons.
Thibert (ou Théodebert), fils de Chilpéric, est capturé et envoyé dans la villa de Ponthion.
Sigebert profite de sa domination sur Soissons pour terminer la construction de la basilique Saint-Médard. Thibert est libéré au bout d'un an, avec comme condition qu'il prête serment de ne plus attaquer l'Austrasie.
Il retourne alors auprès de son père avec des cadeaux.

À la mort de Caribert Ier, le 5 mars 567, en l'absence d'héritier mâle, Gontran Sigebert et Chilpéric se partagent son héritage. Le partage du royaume a lieu en 568. Les modalités du partage sont inscrites dans un pacte dont chacun jure de respecter les termes sur les reliques des Saints Polyeucte, Hilaire et Martin. Le lieu des pourparlers n'a pas été rapporté : Peut-être est-ce Paris, capitale du défunt, ou bien une ville appartenant à Sigebert Ier dont le royaume abrite les églises Saint-Polyeucte de Metz, Saint-Hilaire de Poitiers et Saint-Martin de Tours.

Le territoire que Chilpéric reçoit est probablement contigu avec son royaume en s'étendant au nord-ouest de Paris.
La ville de Paris est maintenue dans l'indivision : Ses revenus fiscaux sont partagés en 3 et chaque roi jure de ne pas entrer dans la ville sans le consentement des 2 autres. Senlis est également indivise.

La civitas Parisiorum est divisée par la Seine et la Marne en 3 parties à peu près équivalentes correspondant aux 3 archidiaconés de l'ancien diocèse Parisien. Chilpéric a dû recevoir le grand archidiaconé ou archidiaconé de Parisis, situé au nord sur la rive droite de la Marne et de la haute Seine, comprenant les domaines de Chelles et de Nogent-sur-Marne.
Dans la province de Reims, toujours à Sigebert Ier, Chilpéric récupère Beauvais, mais Soissons reste sous la domination du roi de Metz.
Chilpéric obtient une grande partie de la province ecclésiastique de Rouen, les diocèses de Coutances, Bayeux, Lisieux, Évreux, mais pas ceux de Sées et d'Avranches. L'attribution de ces deux dernières cités reste discutée, car si Sigebert Ier les avait eues, elles sont trop isolées pour ne pas passer sous l'influence de Chilpéric.

Dans la province de Tours, tandis que Tours est attribuée à Sigebert Ier, Chilpéric obtient les diocèses de Vannes, Nantes, Le Mans, Angers et Rennes. Il est possible que les territoires tenus par les Bretons aient été intégrés à sa part, mais le pouvoir des Francs y est très limité.
En Aquitaine, il reçoit les cités de Limoges et de Cahors dans la province de Bourges, métropole attribuée à Gontran.
La métropole provinciale de Bordeaux lui revient, ainsi que la province d'Eauze, comprenant la métropole et les diocèses de Bazas, Dax, Oloron, Comminges, Auch et Lectoure. Il reçoit aussi les évêchés de Béarn (anciennement Lescar) et de Bigorre (anciennement Tarbes). La situation de la ville de Toulouse est incertaine, il est possible qu'elle ait appartenu à Gontran depuis 561. Dans la province de Sens, le diocèse de Chartres est divisé en trois, Chilpéric reçoit Poissy et peut-être Dreux.

Les nouvelles frontières du royaume de Chilpéric correspondent à ce que Jonas de Bobbio, au VIIe siècle, appellera la « Neustrie ou Neuster » (nouveau royaume de l'Ouest), royaume qui se perpétue au fil des partages du Regnum Francorum avec l'Austrasie et la Burgondie. Par son extension, son royaume devient frontalier avec la Bretagne et le royaume Wisigoth. Cependant, l'attribution des villes de Tours et Poitiers à Sigebert Ier, empêche le rattachement de ses possessions du nord avec celles du sud.

Vers 565, Sigebert épouse la fille du roi Wisigoth Athanagild, la princesse Brunehilde. Ce rapprochement constitue une menace pour les possessions Aquitaines de Chilpéric, contiguës au royaume Wisigoth et aux possessions de Sigebert en Auvergne. Pour s'assurer de la neutralité du roi de Tolède, Chilpéric décide de se marier à son tour avec Galswinthe, sœur aînée de Brunehilde... Grégoire de Tours donne pour raison de ce mariage la jalousie suscitée par le prestigieux mariage de Sigebert, alors que ses frères ont « des femmes indignes d'eux et se (dégradent) même en épousant des servantes ».
En 568, une ambassade est envoyée auprès d’Athanagild. Celui-ci, sous l'influence de son épouse, la reine Galswinthe, qui n'apprécie pas les mœurs du roi de Neustrie, fait patienter les envoyés Neustriens, leur faisant savoir qu'il se sent gêné. Finalement, Athanagild accède à la demande de Chilpéric. Grâce à la possession de terres en Aquitaine, les Wisigoths sécurisent ainsi leur frontière septentrionale, et estiment que Chilpéric peut fournir une aide pour vaincre les révoltes Vasconnes dans les piémonts Pyrénées. De plus, les Wisigoths sont en guerre contre les Byzantins, l’alliance avec 2 rois francs permet d'envisager l'ouverture d'un nouveau front contre Byzance si les Francs attaquent l’Italie.

Néanmoins, pour que le mariage ait lieu, Chilpéric se voit contraint de répudier son épouse de second rang Audovère, étant donné que les Wisigoths appliquent le droit romain en matière de mariage. Audovère est peut-être reléguée dans la villa royale de Vaudreuil ou dans un monastère au Mans... Selon un passage du Liber Historiae Francorum, datant de 727, Audovère a tenu sa fille Childesinde sur les fonts baptismaux, devenant ainsi la marraine de sa propre fille et provoquant la rupture de son mariage. La parenté spirituelle ne devient en effet contraignante vis-à-vis du mariage qu'à partir du concile Byzantin In Trullo de 692.
L'Église de Rome ne l'adopte qu'à partir du concile de Rome en 721. L'anecdote ne serait qu'une invention de l'auteur, destinée à faire comprendre une interdiction canonique encore toute récente. On peut aussi remarquer que « Childesinde » est un nom Wisigoth, alors que les autres enfants d'Audovère ont reçu des noms d'origine Franque

Athanagild constitue à Galswinthe une dot (cadeau du père de la mariée accordé au mari) en métal précieux plus importante que celle apportée par Brunehilde à Sigebert. Dans les mariages francs, le fiancé fait un don au père de la fiancée (pretium nuptiale) afin d'obtenir l'autorité juridique et morale sur celle-ci (mundium). L'épouse reçoit ensuite plusieurs dots :
Lors de la demande en mariage par le mari (ante nuptias).
Lors du mariage par son père (dot Romaine). Le don important accordé à Galswinthe peut s'expliquer par l'union d'un morgengabe et d'une dot, Galswinthe ayant reçu des cités Aquitaines « Tant à titre de dot que de morgengabe »

Apprenant qu'elle est obligée de se marier, Galswinthe se réfugie auprès de sa mère. N'ayant jamais quitté le palais de Tolède, elle appréhende le moment des épousailles avec un roi dont la religion et les coutumes sont différentes des siennes. Après 3 jours d'attente, les ambassadeurs Francs sont contraints de la réclamer. Goswinthe doit obliger Galswinthe à respecter le contrat de mariage.
Chilpéric profite de la venue de Galswinthe pour prendre possession symboliquement des territoires reçus lors du partage du royaume de Caribert. De Narbonne, en territoire Wisigoth, Galswinthe voyage à travers l'Aquitaine, passant par Poitiers et par Tours, puis gagne Rouen par bateau. Le cortège nuptial remplace le « circuit royal », tour du royaume que les Mérovingiens font pour se montrer à leurs sujets après leur accession au trône.

Chilpéric obtient de Galswinthe sa conversion au catholicisme. Avant le mariage, elle doit abjurer publiquement les thèses d'Arius, recevoir une chrismation et participer à un office catholique... Plusieurs mois après le mariage, les relations entre les époux sont plutôt mauvaises. Galswinthe n’est toujours pas enceinte. Si elle meurt sans avoir eu d'enfants, Athanagild peut réclamer son morgengabe. Par ailleurs, Chilpéric trahit son engagement en fréquentant ses anciennes concubines, notamment Frédégonde.
SIÈGE DE TOURNAI
Galswinthe veut alors retourner en Hispanie, disant qu'elle ne peut supporter l'injure faite à son honneur, laissant sa dot à Chilpéric. Il tente d’apaiser Galswinthe mais les tensions conjugales sont connues jusqu’en Hispanie.
Athanagild meurt à la fin de 568, ce qui modifie profondément la situation. Chilpéric peut penser qu'en l'absence d'héritier ou de frère, il n'a pas à craindre de vengeance en relation avec ses problèmes conjugaux, ni de devoir céder, le cas échéant, le morgengabe. Par ailleurs, la mort d'Athanagild ôte au mariage tout intérêt politique.

Quelque temps après, Galswinthe est assassinée, étranglée dans son lit par un serviteur de Chilpéric.
Chilpéric tente de masquer sa responsabilité en pleurant le décès de Galswinthe, puis après quelques jours de veuvage, il épouse Frédégonde Ce meurtre permet à Léovigild, beau-père de Brunehilde et nouveau roi des Wisigoths, de réclamer le morgengabe, sinon il peut exiger le paiement d'un wergeld « prix du sang » pour racheter le crime... Après la mort de Galswinthe, Venance Fortunat compose un éloge funèbre, long de 370 vers, destiné à la reine Goswinthe, veuve d’Athanagild, remariée avec le roi Léovigild. Cette élégie a souvent été célébrée comme le plus grand texte littéraire de l’époque Mérovingienne. L’œuvre a probablement été commandée par Sigebert Ier, qui peut réclamer un wergeld pour le meurtre de sa belle-sœur et déclencher une faide (vengeance obligatoire d'après la coutume des Germains) si Chilpéric refuse de payer.

« Tolède t’a envoyé deux tours, ô Gaule : Si la première est debout, la seconde gît à terre, brisée.
Elle se dressait sur les collines, splendide sur une belle cime, et des vents hostiles l’ont mise à bas et détruite ».

Le poème aborde la douleur de l’enfantement, celle de perdre une fille qui se marie à l’étranger et la mort de l’enfant aimé :

« Le malheur fond sur elle, atteinte d’un coup foudroyant, elle défaille, son regard chavire, elle s’éteint. ».

Le cortège nuptial et les noces deviennent de tristes événements où Cupidon vole au-dessus des époux, armé de flèches glacées. Fortunat décrit la princesse comme généreuse avec les pauvres et aimée de tous, elle a reçu l’amitié de Sainte Radegonde et les guerriers Francs lui ont juré serment de fidélité sur leurs armes. Le poème insinue qu’il y a eu meurtre, en expliquant que la mort de Galswinthe met en pleurs la cour tout entière, sauf son mari, et que la nourrice de Galswinthe se pose la question de savoir comment repartir en Espagne pour en informer Goswinthe, laissant penser que la nourrice est prisonnière.

Fortunat décrit ensuite l’enterrement, qui se déroule au milieu des gémissements. Un miracle intervient, témoignage de la présence divine : Une lampe suspendue au-dessus du tombeau serait tombée sans se briser... Grégoire de Tours ajoutera dans son 4e livre d'histoires, quelques années plus tard, que le luminaire s’enfonce dans le dallage comme dans de la cire.
Vient ensuite la douleur de Brunehilde :

« Partout où elle passe, elle frappe les astres de ses plaintes. Souvent, elle crie ton nom, Galswinthe, toi sa sœur. Les sources, les forêts, les fleuves, les champs le répètent. Tu te tais, Galswinthe ? Réponds à ta sœur comme lui répondent les objets muets : Les pierres, les monts, les bois, les eaux, le ciel ! »

Brunehilde se sent coupable pour avoir aidé à attirer sa sœur en Gaule alors même que le mariage était nuisible aux intérêts Austrasiens. En s’adressant à Goswinthe par ces mots

« Vous aussi, sa mère, par la grâce du Dieu tonnant, vous avez une consolation dans votre fille, votre gendre, votre petite-fille, votre petit-fils et votre mari. », le poème sous-entend que, Galswinthe s’étant convertie au catholicisme, l’union de l’Austrasie et du royaume Wisigoth permet de venger le meurtre.

La mort de Galswinthe met en fait Chilpéric dans une position difficile, par rapport à Léovigild, successeur d'Athanagild, devenu l'époux de la mère de la victime, mais surtout par rapport à Sigebert, mari de la sœur de celle-ci.

Pour trouver un accord à l'amiable, ils mettent en place un tribunal dans lequel Gontran, l'aîné, tient le rôle de juge. Des aristocrates Austrasiens et Burgondes sont nommés assesseurs. Sigebert Ier dépose plainte au nom de Brunehilde. Gontran condamne Chilpéric et ordonne qu'il soit détrôné, rendant possible une guerre contre la Neustrie. Mais il est aussi décidé que, pour éviter cette guerre, Chilpéric paye une compensation, conformément au droit Germanique (institution du wergeld) : En l'occurrence, le morgengabe de Galswinthe doit être transféré à Brunehilde (et, de facto, à Sigebert), les cités concernées devant ensuite être transmises par héritage à Childebert, fils nouveau-né de Brunehilde et de Sigebert. Les demi-frères de Chilpéric ne veulent donc pas vraiment le détrôner, mais le chasser des territoires Aquitains... Mais Chilpéric ne tient finalement pas compte de ces décisions.

Au contraire, en 572, il lance une campagne afin de récupérer les cités de Tours et de Poitiers et d'assurer la continuité entre ses possessions Aquitaines et celles du nord de la Loire. Il envoie son fils Clovis s'emparer de ces deux villes.
À Tours, Clovis bénéficie du soutien du comte Leudaste, d'une partie de la population et du clergé. Il prend également Poitiers et s'installe à Bordeaux.
L'armée de Sigebert, combinée avec des troupes de Gontran commandées par le patrice Mummol, attaque alors Chilpéric en Aquitaine et conquiert Limoges et le Quercy.
Clovis est chassé de Bordeaux par une révolte fomentée par Sigebert et le duc Sigulf, il prend la fuite, selon Grégoire de Tours, « au son des cors et trompettes comme lors d’une chasse au cerf » et se réfugie chez son père. Le comte Leudaste, qui s'est également enfui, est remplacé par le comte Justinus. Bordeaux, une partie du morgengabe, se retrouve donc en possession de la reine d'Austrasie.

En 574, Chilpéric lance une nouvelle offensive : Il envoie Thibert récupérer les cités d’Aquitaine perdues, notamment Tours et Poitiers : La mission est menée à bien. L’armée Austrasienne dirigée par le duc Gondovald tente de reprendre les cités, mais est battue. L’armée Neustrienne progresse vers le sud pour occuper la cité de Limoges et le Quercy, qui sont ravagés. Les clercs et les structures chrétiennes régionales sont aussi atteintes, de façon à ne rien laisser aux Austrasiens.
Sigebert fait alors venir de ses territoires d’outre-Rhin, encore non christianisés, des troupes qu’il lance contre l’armée Neustrienne qui est défaite. En même temps, le royaume Burgonde doit affronter les Lombards sur sa frontière orientale. Gontran, craignant une Austrasie trop forte, passe un accord avec Chilpéric, garantissant que les Austrasiens n’auront pas de droit de passage sur ses terres même s’il ne peut guère défendre la Neustrie en cas d’attaque. Le pacte est annulé sous la pression de Sigebert qui menace Gontran de l'attaquer. Gontran recule et adopte alors une attitude de stricte neutralité.
Chilpéric préfère négocier et un traité, datant de 574, stipule qu’il rend les cités d’Aquitaine. Ainsi s’installe une paix de compromis grâce à laquelle Chilpéric sauve sa vie, Gontran ne perd rien et Sigebert obtient les terres de Galswinthe dévolues à Brunehilde.

En 575, Chilpéric renoue une alliance avec Gontran, puis lance une attaque vers l'est, atteignant Reims. Mais Sigebert contre-attaque et Gontran annule son serment envers Chilpéric. Les ducs Austrasiens Godegisèle et Gontran Boson se dirigent vers Paris où les troupes Neustrienne commandées par Thibert sont peu nombreuses. Le prince tente de résister à l’assaut, mais est tué dans la bataille. Sigebert accorde des funérailles au jeune prince.

MORT DE CHIPELRIC
Dans cette situation, Chilpéric se replie et s’enferme dans Tournai. Sigebert prend le contrôle de Paris. Dans une lettre adressée par l'évêque Germain, à Brunehilde, il l'informe avoir entendu dire qu'elle serait l’instigatrice de la guerre et lui signifie que la mise à sac de la ville l'empêchera de se redresser. Le butin amassé lors du pillage rapporte moins que les rentrées fiscales d’une ville annexée. Il ajoute que la région se réjouit de l’accueillir si elle peut y trouver son salut plutôt que son anéantissement. Ainsi, Sigebert veut « abandonner la ville aux troupes, mais son entourage lui interdit de le faire ».

Les autres cités de Neustrie, à l'exception de Rouen, se rallient alors à Sigebert ainsi que les aristocrates du royaume, espérant sauver leur vie et leur fortune. Sigebert est reconnu comme roi de Neustrie. Sigebert décide de se débarrasser de Chilpéric en mettant le siège autour de Tournai. Le déséquilibre des forces donne la victoire à Sigebert.

Durant ce siège, Frédégonde accouche d’un garçon durant l'automne 575, sur l'ordre du roi, le nouveau-né est immédiatement baptisé, au lieu d’attendre Noël, première date canonique pour cette cérémonie. Il demande à l’évêque de Tournai d'être le parrain : Ainsi, en cas de prise de la ville, il a l'obligation de protéger l’enfant, qui est nommé Samson. Ce nom est choisi en référence à Samson dans la Bible : Le nom peut faire allusion à la longue chevelure des rois Francs. Mais aussi, si la mort de Chilpéric survient, l'enfant peut être tonsuré et envoyé dans un monastère et en sortir si sa chevelure repousse.

Le duc Loup de Champagne et le comte Gogon, celui-ci avec le titre de nourricier du roi, prennent le contrôle du royaume de Metz, avec une option pro-Burgonde. Cela suscite le mécontentement de certains qui se rallient à la Neustrie, tels Godin, général de Sigebert, ou Siggo, référendaire d'Austrasie qui devient référendaire de Neustrie. Ils reçoivent des terres autour de Soissons, dont Chilpéric a repris le contrôle et où il réinstalle sa capitale.
Au printemps 576, Chilpéric envoie le comte Roccolène conquérir Tours, où réside le duc Gontran Boson, meurtrier de son fils Thibert. Le duc se réfugie avec sa famille dans la basilique Saint-Martin de Tours. Chilpéric replace Leudaste à la tête du comté. Le comte Leudaste et l'évêque Grégoire, qui a été placé là par Sigebert Ier et Brunehilde, ne s'entendent guère.

Mérovée, le fils de Chilpéric, est alors envoyé à Poitiers, ville encore fidèle à Sigebert, mais il s'arrête à Tours où il passe les fêtes de Pâques. Il vient ensuite à Rouen pour rencontrer sa mère, la reine Audovère. Il y épouse Brunehilde avec la bénédiction de l'évêque Prétextat. La reine Frédégonde ayant donné un fils au roi de Soissons, Mérovée tente ainsi de se donner une légitimité pour hériter du trône d'Austrasie et se protéger de sa belle-mère Frédégonde, qui peut favoriser son fils Samson sur le trône Neustrien. Cependant, Brunehilde étant la tante par alliance de Mérovée, le droit canon stipule que ce mariage est de type incestueux. Par sa bénédiction, l'évêque Prétextat bafoue le droit matrimonial et des soupçons d'usurpation planent sur lui. Quant à Brunehilde, elle consent à ce mariage plutôt que d'être envoyée dans un monastère.
Le roi vient alors à Rouen où le couple s'est réfugié, au nom du droit d'asile, dans une église en bois dédiée à Saint Martin, située en haut des murailles. Arrivé sur les lieux, Chilpéric jure de ne pas séparer Mérovée et Brunehilde et de leur offrir les gestes de la paix : Un baiser échangé et un repas partagé. Le roi quitte ensuite Rouen avec Mérovée, trahissant sa promesse, laissant seule Brunehilde
Retournant dans ses États, il s'aperçoit que des Champenois, peut-être dirigés par le duc Loup, ont attaqué Soissons que la famille royale Neustrienne a dû évacuer en hâte. La ville est reprise. Le duc Loup, proche de Brunehilde, a pu recevoir des ordres depuis Rouen et le roi devient soupçonneux. Aussi, Mérovée est dépossédé de ses armes, ce qui lui fait perdre son rang d'homme libre et tout droit de succession.
Le prince Clovis est chargé de reconquérir les anciennes possessions Neustriennes au sud de la Loire. Chilpéric s'entoure de nouvelles personnalités, dont Rauching, qui est peut-être un fils non reconnu de Clotaire Ier, et qu'il fait duc de Soissons. Frédégonde devient conseillère...

À l'été ou l'automne 576, Mérovée est tonsuré, ordonné prêtre et enfermé dans le monastère de Saint-Calais, près du Mans. Brunehilde et ses filles sont renvoyées en Austrasie. Elles laissent toutefois une partie du trésor, composé d'or, de bijoux et de tissus précieux que la reine revient chercher dans les mois suivants, grâce à des groupes de serviteurs... Avec l'aide de compagnons, Mérovée s'évade de son monastère et rejoint Gontran Boson à Saint-Martin de Tours. Peut-être qu'il souhaite surtout rejoindre Grégoire de Tours, qui a la possibilité de lui porter secours, bien que l'évêque refuse de se compromettre avec un rebelle afin de garantir sa fidélité à Chilpéric. Mérovée passe des jours dans la basilique en prières et en médisance envers son père en compagnie de l'évêque Grégoire, pendant que ses compagnons sortent pour détrousser les fidèles du roi dont la principale victime est le comte Leudaste, dont le domaine est méthodiquement pillé.
La chevelure du prince repousse et Leudaste réussit à éradiquer les pillards. Une rumeur circule disant que Frédégonde est prête à pardonner à Gontran Boson s'il fait sortir Mérovée de la basilique Saint-Martin.
Mérovée, accompagné de Gontran Boson et de 500 hommes, tente alors de rejoindre Brunehilde par le territoire Burgonde. Il est arrêté par le duc Herpo, à Auxerre mais il réussit à s'enfuir alors que Chilpéric demande son extradition. Arrivé en Austrasie, Mérovée est rejeté, par Brunehilde, qui le considère maintenant comme gênant, et par les Grands qui ne souhaitent pas d'ennuis avec le royaume de Soissons et qui ne veulent pas lui laisser la possibilité de revendiquer le trône.
Le prince se réfugie dans les environs de Reims grâce au soutien du duc Loup. D'anciens officiers de Sigebert Ier se rallient à sa cause, comme le comte du palais Cuicilo... Pour éviter de se faire renverser un jour par son fils, Chilpéric se débarrasse de ses partisans.

En 577, un concile judiciaire est réuni à Paris pour juger l'évêque Prétextat. 45 évêques y assistent, ce qui laisse penser que le royaume de Soissons englobe les cités de Meaux, Poitiers, Tours, Senlis, Soissons, Laon, Clermont, Velay, Javols et Rodez. Prétextat est accusé d'avoir autorisé une union incestueuse, d'avoir soutenu un usurpateur et d'avoir utilisé une partie du trésor de Brunehilde pour corrompre les fidèles du roi. Afin d'obtenir son pardon, Prétextat plaide coupable, il est envoyé en prison, puis exilé dans l'île de Jersey. Il est remplacé par l'évêque Melaine. Suspecté de complaisance avec Mérovée, Grégoire de Tours est accusé de félonie. Grégoire nie l'accusation puis partage un repas avec le roi en guise de réconciliation.

Une armée est envoyée en Champagne avec pour mission de capturer Mérovée mais cette expédition se solde par un échec.
À la fin de l'année 577, des messagers annoncent au prince que la ville de Thérouanne s'est ralliée à lui. Il réunit alors une troupe et part rejoindre la ville. Mais il y est attendu par des hommes du roi.

Arrivé sur les lieux, Chilpéric ne peut que constater la mort de son fils. Il fait alors châtier ses compagnons : Gaïlen a les mains, les pieds, les oreilles et le dessus des narines coupé avant d'être mis à mort.
Un dénommé Grindion est roué, Cuicilo est décapité. Les autres compagnons sont également exécutés.
Gontran Boson, qui n'a pas pris part à la marche sur Thérouanne, est suspecté d'être à l'origine de la trahison de Mérovée, ainsi que l'évêque de Reims Egidius.
CHILPERIC EN CONCILIABULE
Venu chercher ses filles à l’abri dans la basilique Saint-Martin de Tours, il est pourchassé par l’armée Neustrienne et se réfugie à Poitiers, ville restée fidèle à l’Austrasie. Chilpéric fait assiéger et capturer la ville. Le duc laisse ses filles dans la basilique Saint-Hilaire et rejoint la cour de Childebert II.

Les années suivantes, Chilpéric lève une armée dans les cités au sud de la Loire pour attaquer les Bretons.
Il perçoit également de lourds impôts dans les cités Aquitaines qui n’en payent plus du fait des changements constants de souveraineté. Il utilise ces richesses pour faire fabriquer un missorium (grand disque de métal) en or incrusté de pierres précieuses et pesant 50 livres, ce qui lui permet d’afficher sa puissance auprès d’ambassades étrangères... D'une façon générale, il a une politique de renforcement de la fiscalité conforme à la pratique romaine, mais qui est mal acceptée par la tradition germanique.

Chilpéric doit en outre mater une aristocratie qui a tendance à se révolter, face à la précarité d’existence de la dynastie Neustrienne. Il ordonne que l’on coupe les mains et les pieds à plusieurs personnes coupables de crime de lèse-majesté à titre d’exemple.
Les coupables sont ensuite exposés aux carrefours des grandes routes, la loi salique interdisant qu’on les achève.

Grégoire de Tours, devenu évêque vers 573 grâce à l'appui de Sigebert Ier et Brunehilde, est dans une position assez difficile sous la domination de Chilpéric dans la mesure où il est aussi en butte à l'inimitié d'une partie de son clergé.
Il réussit cependant à devenir l’ami d'un grand officier palatin, Ansoald, proche de Frédégonde. Il obtient même la destitution de son ennemi personnel, le comte Leudaste, qui est remplacé par Eunomius. Leudaste se rend alors auprès du roi, affirmant que l’évêque de Tours veut livrer la ville à l’Austrasie et qu’il propage une rumeur selon laquelle la reine Frédégonde a commis un adultère avec l’évêque Bertrand de Bordeaux, lointain parent de Chilpéric. Par peur que le doute n’atteigne la légitimité de ses fils, Chilpéric ordonne une enquête sur l’origine de la rumeur. Des clercs profitent de la situation pour déstabiliser leur évêque avec le soutien de l'évêque de Nantes, Félix, adversaire de Grégoire.

Chilpéric décide alors de faire juger Grégoire et convoque un concile qui a lieu dans le palais royal de Berny (villa Brennacum), au mois de septembre 580. L’accusateur est l'évêque Bertrand de Bordeaux. Grégoire cherche des soutiens auprès de la princesse Rigonde, ainsi que de grands officiers palatins, tel que le chambrier Eberulf et peut-être auprès du référendaire Faramod. Le jour du procès, Grégoire vient en compagnie de Venance Fortunat, évêque de Poitiers, qui souhaite se mettre au service de Chilpéric en échange d'un pardon accordé à l'évêque. Un éloge panégyrique célébrant le roi est récité devant le concile, faisant de Chilpéric le fils préféré de Clotaire Ier.
Ce panégyrique présente l’assassinat de Sigebert Ier comme un châtiment divin frappant celui qui a attaqué un bon roi, et la mort de son fils Mérovée, « rebelle en arme », est interprétée comme ayant permis de prévenir une guerre civile.
Fortunat évoque aussi très favorablement les œuvres de Chilpéric (un traité de théologie, des hymnes dédiés à saint Médard). La suite fait l’éloge de la reine : fidèle, généreuse, prudente, bonne administratrice. La reine Radegonde est citée comme témoin de sa probité, les « mœurs de la reine étant les parures du royaume ». Le poète recommande enfin au roi :
« Domptez les méchants, protégez avec amour ceux qui vous sont fidèles, soyez aussi pour les catholiques la tête de la religion ».
Grégoire de Tours est finalement innocenté en échange d’un serment purgatoire, le comte Leudaste est accusé de calomnie envers l’évêque. Sa destitution est confirmée et il est contraint de quitter le royaume. Selon Grégoire de Tours, à la suite du jugement, la Gaule est frappée par une série de cataclysmes :
Un tremblement de terre dévaste Bordeaux
Des pluies diluviennes font déborder la Loire
Un incendie se propage à Orléans
La grêle ruine Bourges, qui cependant épargnent miraculeusement l’Austrasie. La Gaule est aussi ravagée par une épidémie de dysenterie.

En 581, survient la mort du régent d'Austrasie Gogon (la chronique de Frédégaire affirme qu'il a été assassiné par Brunehilde, mais son épitaphe dément tout assassinat) qui amène un changement de gouvernement. Le nouveau gouvernement est dominé par un parti pro-Neustrien comprenant les aristocrates Ursio et Berthefred et l'évêque Egidius de Reims. Le poste de nourricier est attribué à un dénommé Wandalenus... Le duc Loup et le recteur Dynamius se réfugient en Burgondie.

L'Austrasie se rapproche alors du royaume de Soissons. La disparition des fils de Chilpéric donne en effet à Childebert II, successeur de Sigebert, la possibilité de se retrouver héritier de deux teilreich. Egidius négocie un pacte avec Chilpéric : Childebert II devient légataire de tous les biens lui appartenant.
Ce changement diplomatique suscite des différends entre Austrasiens et Burgondes. Chilpéric en profite pour agrandir ses domaines Aquitains en s'emparant de Saintes, Angoulême, Périgueux et Agen, cités sous domination Burgonde. L'année suivante, Gontran reconnaît les conquêtes de Chilpéric afin de négocier une paix avec lui.

En 582, des ambassadeurs sont envoyés en Hispanie, en vue de marier Rigonde, fille de Chilpéric, à Recarède, second fils de Léovigild, désigné comme héritier de la couronne Wisigothique.
Frédégonde met alors au monde un fils.

Chilpéric vient à Paris le 17 avril 583, malgré l'indivision décidée depuis 561. Le lendemain, jour de Pâques, l'enfant, nommé Thierry, est baptisé par l'évêque Ragnemod au milieu d'une foule en joie. Egidius et son entourage se rendent aussitôt à Paris pour vérifier si leur alliance est toujours valide.
Chilpéric la confirme et accuse Gontran d'avoir commandité l'assassinat de Sigebert Ier. Egidius et Chilpéric décident d'attaquer le royaume Burgonde et de soumettre toutes les cités à l'autorité du roi de Soissons.

Au printemps ou à l'été 583, les troupes de Chilpéric attaquent par le nord. Elles s'emparent de Melun puis se dirigent vers Orléans. Egidius, accompagné par plusieurs ducs Austrasiens, arrive par le nord-est depuis Reims, mais avec un retard dont le motif est peut-être le moindre intérêt de l'alliance avec Soissons, étant donné que l'existence du prince Thierry empêche l'Austrasie d'hériter des territoires de Chilpéric.

Au sud, le duc de Toulouse Didier commande les troupes venues d'Aquitaine, auxquelles sont jointes les troupes du duc Bladaste venues de Novempopulanie. Elles pénètrent dans le Berry où elles affrontent celles de Gontran près de la ville forte de Châteaumeillant (Mediolanense castrum). La bataille qui en résulte tourne au massacre. Les envahisseurs en sortent victorieux.
Ils s'unissent avec les troupes du duc Berulfus venues de Tours.
Ils s'emparent de la place forte d'Argenton (Argentomagus) et continuent leur chemin en incendiant et pillant tout sur leur passage. Puis ils établissent le siège de Bourges.

De son côté, Gontran marche vers le nord, une bataille a lieu entre Étampes et Orléans dont Gontran sort vainqueur (il « massacre la plus grande partie des hommes de son frère germain »). Le lendemain, une paix est conclue par échange d'ambassadeurs, mais les envahisseurs doivent payer des réparations. Chilpéric abandonne son butin et libère les prisonniers. Les ducs Berulfus, Bladaste et Didier sont contraints de lever le siège de Bourges. En repartant, Didier et Bladaste saccagent la Touraine avec une virulence égale à celle exercée à l'aller.
Au nord, le comte de Rouen ne cesse pas les hostilités malgré les ordres et Chilpéric en est réduit à le tuer lui-même.

Dans les premiers mois de l'année 584, le prince Thierry meurt de dysenterie.
Chilpéric hésite alors à donner sa fille Rigonde, promise aux Wisigoths... Demeurant le dernier enfant en vie qu'il a eu de Frédégonde, elle conserve des droits sur son royaume. Il essaie alors d'échanger Rigonde avec Basine, cloîtrée au monastère Sainte-Croix de Poitiers, mais celle-ci refuse, influencée par Radegonde qui l'oblige à respecter ses vœux monastiques.

Affaibli politiquement, Chilpéric quitte Paris pour s'établir à Cambrai où il installe son trésor. Par crainte d'une attaque combinée des armées Austrasiennes et Burgondes, il ordonne la réparation des murailles de ses cités.

Au printemps de l'année 584, Frédégonde met de nouveau un fils au monde. Par prudence, Chilpéric ordonne d'élever l'enfant en secret dans la villa royale de Vitry pour le protéger d'assassins éventuels, dont on pense que ses frères ont été victimes.
En cas de décès, sa disparition passera inaperçue et évite de dévoiler une vacance de succession qui permet à des opportunistes de se saisir de l'occasion pour engendrer un conflit.
Le nouveau-né ne reçoit pas de nom afin de garantir un anonymat qui n'inquiète personne. L'enfant ne reçoit pas de baptême immédiatement, car le roi surveille l'évolution du Regnum Francorum avant de choisir un parrain.
Puis il réinstalle sa capitale à Paris, après que Brunehilde a envoyé des troupes en Italie.
AUDOVERE ET SES FILLES EN EXIL

Il informe les ambassadeurs Wisigoths qu'il accepte de marier Rigonde, dont le départ pour l'Espagne a lieu en septembre. Elle emporte une dot considérable, nécessitant une cinquantaine de chariots remplis de bijoux, métaux précieux, vêtements, chevaux et esclaves.
Brunehilde envoie une ambassade à Chilpéric pour l'empêcher de prélever des biens dans les cités Aquitaines pour constituer la dot. Elle considère Tours et Poitiers comme un héritage de Sigebert Ier revenant à Childebert II.
Un des ambassadeurs est tué, mais comme Chilpéric tient à maintenir la paix avec sa belle-sœur, il accepte de ne pas faire participer ces cités à la constitution de la dot. Les richesses sont si importantes que des Grands s'inquiètent et cherchent à savoir si le trésor royal n'est pas vide. Frédégonde leur assure que les biens donnés à Rigonde proviennent de sa fortune personnelle.

Roman de Renart le contrefait. XIVe siècle (après 1314), Nord.
Entre le 20 et le 28 septembre 584, peu après le départ de sa fille, Chilpéric est à son tour assassiné près de sa villa de Chelles après une partie de chasse.

À la tombée de la nuit, alors qu'un de ses serviteurs l'aide à descendre de cheval, un homme nommé Falco le poignarde d'un coup sous l'aisselle puis dans le ventre.
L'assassin réussit à s'enfuir et n'est pas retrouvé.
La pierre de Chilpéric (ou croix de Sainte-Bautheur ou borne de Chilpéric) située dans le parc du souvenir Émile-Fouchard à Chelles rappelle cet événement.
Dans son récit, Grégoire de Tours n'évoque pas la question de l'origine de l'assassinat, préférant insister sur les aspects négatifs de la mémoire du roi. La chronique de Frédégaire en revanche désigne la reine Brunehilde comme commanditaire du crime. Celle-ci aurait pu payer un assassin par l'intermédiaire de l'ambassade envoyée quelques mois avant

Un texte plus tardif, le « Liber Historiae Francorum », accuse Frédégonde. La raison serait qu'elle a trompé Chilpéric avec le maire du palais Landéric (Landericus) que Grégoire de Tours ne mentionne pas. Cette version n'est pas crédible, car la mort du roi fait perdre à Frédégonde son mundium, privant la reine de soutiens et la mettant à la merci de ses rivaux. De plus, il y a bien eu un maire du palais nommé Landéric, mentionné au VIIe siècle, mais il est en fonction sous le règne de Clotaire II à partir de 603.

Une autre version veut que Gontran en soit le commanditaire. Or, la mort de Chilpéric vient mettre à mal la politique que mène Gontran. Celui-ci s'est toujours arrangé pour mener une politique d'équilibre, avantageant l'un, puis l'autre, en fonction des enjeux, dans le but de contrer une Austrasie trop forte.

C'est l'évêque de Senlis, Mallulf, présent en vue d'une audience avec Chilpéric, qui lave son corps et le revêt de ses plus beaux vêtements. Sa dépouille est ensuite placée sur un bateau qui descend la Marne, puis la Seine pour être conduite à Paris... Prise de peur, Frédégonde se réfugie dans la cathédrale de Paris et n'assiste pas à l'enterrement de son époux, elle n'ose même pas traverser la Seine pour suivre le convoi funèbre.

Chilpéric est enterré auprès de Childebert Ier dans l'église Saint-Vincent-Sainte-Croix (plus tard nommée Saint-Germain-des-Prés. Son corps a dû être allongé sur le dos dans un sarcophage de pierre ou de plâtre, les avant-bras allongés le long du corps, ou bien croisés sur la poitrine. Sa tenue doit être la plus belle qu'il possède et il doit être revêtu de ses bijoux ainsi que de ses armes d'apparat.
Le sarcophage est ensuite descendu dans une fosse, la tête tournée vers l'ouest. Un monument commémoratif est ensuite élevé, peut-être orné d'une épitaphe (« Sous cette pierre repose le roi Chilpéric » Vers 1163, pour orner son cénotaphe, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fait sculpter un gisant de Chilpéric surélevé par des colonnettes, le représentant couché sur le dos tenant un sceptre dans la main droite et portant la main gauche à sa barbe. L'emplacement exact de son sarcophage n'étant pas connu, le cénotaphe reste vide.

En 1656, le gisant est déplacé du chœur aux piliers septentrionaux du carré de transept, pour cause de travaux.

En 1791, un décret de l'Assemblée Constituante daté du 4 février dissout la communauté religieuse de Saint-Germain-des-Prés pour faire du monastère une église paroissiale. Les gisants de Chilpéric, Childéric II et Frédégonde sont détruits dans la nuit du 27 au 28 mars, pour faire de la place et installer des chaises. Il existe plusieurs reproductions de ce gisant notamment sur le manuscrit du Recueil des rois de France daté de 1566, réalisé par Jean du Tillet

Lorsque la nouvelle de la mort se propage dans le royaume, Gontran pleure sa mort, ce qui est apprécié.
Grégoire de Tours ne dit rien, en revanche, sur la réaction de Brunehilde.
Un certain désordre a lieu dans le royaume. Une des victimes est Rigonde, dont le convoi est pillé, mettant fin au projet de mariage.
Frédégonde réussit à obtenir le soutien de Gontran, qui récupère au passage le royaume de Paris.
Le fils de Chilpéric est reconnu lors d'une assemblée de Grands de Neustrie, il est alors baptisé et reçoit le nom de Clotaire, devenant roi à 4 mois, sous la tutelle de sa mère Frédégonde et la protection de Gontran.

584 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/584
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Chilpéric Ier de Francie - Histoire de l'Europe
www.histoireeurope.fr/RechercheLocution.php?Locutions=Chilpéric+Ier...
Chilpéric Ier de Francie (539-584), Roi de Soissons et de Neustrie, qui épousera : ... Les premières années du règne de Sigebert Ier sont troublées par une ...

Le livre noir de l'histoire de France
https://books.google.fr/books?isbn=2735703282
Philippe VALODE - 2009 - ‎History
Chilpéric sort alors de Tournai assiégée par les Austrasiens, affirme qu'il veut ... qui ne pense qu'à chasser, elle fait tuer le roi luimême, Chilpéric Ier, en 584. ... La mort de la terrible Frédégonde, l'année suivante, apporte un court répit qui ...

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