mercredi 28 octobre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 580


12 octobre 2015

Cette page concerne l'année 580 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

AUDOVERE MALHEUREUSE VICTIME DE L'ODIEUSE FREDEGONDE

Audovère en latin Audovera, (Vers 530 - Le Mans en 580)2, reine Franque, première épouse de Chilpéric Ier, roi de Neustrie.
Grégoire de Tours cite Audovère en tant que première épouse officielle de Chilpéric Ier, à qui elle donne plusieurs enfants :
  • Thibert (v.548-551 † 573), vaincu et tué par les ducs Godegisel et Gontran Boson alors qu'il dévaste la Touraine, possession de son oncle Sigebert Ier.
  • Mérovée († 577), marié à sa tante par alliance Brunehilde et tonsuré, puis tué sur ordre de son père.
  • Clovis († 580), assassiné sur l'ordre de sa belle-mère Frédégonde.
  • Basine, violée par les hommes de Frédégonde après la mort de Clovis, puis religieuse au monastère Sainte-Croix de Poitiers. Elle participe à la révolte des nonnes de Poitiers avec sa cousine Chrotielde, fille de Caribert Ier.
  • Childesinde, dont l'existence reste sujette à caution puisqu'elle n'est pas citée par Grégoire de Tours mais seulement par le Liber Historiae Francorum, un siècle et demi plus tard.

Le Liber historiæ Francorum, source relativement tardive (727) et au demeurant largement contestée, raconte comment Audovère est manipulée par sa servante Frédégonde et répudiée à son instigation. En effet, profitant d'une absence du roi parti se battre en Saxe contre son frère Sigebert, Frédégonde abuse de la naïveté de la reine...
Audovère se rend coupable de devenir marraine de sa propre fille et commère de son mari, ce qui aux yeux de l'Église lui interdit le lit conjugal sous peine d'être accusée d'inceste.
À son retour de guerre, Chilpéric, mis au courant par Frédégonde, a répudié Audovère pour ne pas être lui-même excommunié, et l'a envoyée dans un couvent de la cité du Mans.
Cette anecdote haute en couleurs illustre dans ses grandes lignes le texte antérieur de Grégoire de Tours qui précise que Chilpéric est contraint de renvoyer l'ensemble de ses épouses (légitime(s) et secondaires) pour pouvoir convoler avec la princesse Wisigothe Galswinthe (vers 568).

Audovère est par la suite victime de la politique de Frédégonde dont l'objectif est l'élimination du premier noyau familial de son époux. D'après Grégoire de Tours, l'ancienne reine est ainsi assassinée en 580 et deux de ses fils, Clovis et Mérovée, poursuivis et mis à mort sur ordre de Frédégonde.
Quant à la princesse Basine, elle est violée par les hommes de sa belle-mère afin d'être écartée de la succession royale, puis enfermée au couvent de Poitiers (dirigé par la reine Radegonde).

La triste et touchante Audovère force l’intérêt par ses malheurs et sa résignation. Elle a épousé Chilpéric Ier, roi de Soissons, et en semble aimée, car, bien qu’elle soit d’un esprit simple et crédule, elle est aussi belle que jeune... Mais depuis quelque temps le roi a remarqué parmi les femmes de la reine une servante d’une rare beauté, dont l’esprit vif et les saillies enjouées ont séduit la reine qui se laissait en tout dominer par elle.
Frédégonde, c’est le nom de cette servante, combine pour faire répudier Audovère, un plan qu’elle exécute d’une façon hardie.
La reine est déjà mère de trois fils, Théodebert, Clovis, Mérovée, et se trouve enceinte lorsque Chilpéric part avec son frère Sigebert pour faire la guerre aux Saxons.
Avant le retour du roi, elle met au monde une fille, Childeswinthe. Frédégonde a entouré la reine de soins attentifs, Audovère ne sait si elle doit attendre ou non le retour du roi pour faire baptiser sa fille elle consulte sa suivante... « Madame, lui dit Frédégonde, lorsque le roi mon seigneur reviendra victorieux, pensez-vous qu’il puisse voir sa fille avec plaisir, si elle n’est baptisée ? »...

Cette réponse détermine la reine, le jour pris, elle se rend, accompagnée de Frédégonde, à l’église de Soissons, mais l’évêque prévenu, le baptistaire orné, les cierges allumés, la marraine n’arrive pas :
« Qu’est-il besoin d’attendre ? dit Frédégonde à la reine. Tenez vous-même votre fille sur les fonts de baptême. Quelle personne que vous vaut mieux pour être marraine ? »

La naïve Audovère ne se méfie pas et le baptême s’accomplit... Quand le roi revient, et que, selon l’usage, les filles du domaine vont au devant de lui en portant des fleurs, Frédégonde se joint à elles.
« Dieu soit loué, dit-elle, de ce que Dieu t’a donné la victoire, et de ce qu’une fille t’est née heureusement ! »,
et on lit dans la Chronique de Saint-Denis :
« Comme est ores le roi Hilpéric glorieux qui retourne à victoire à ses ennemis, à qui une fille nouvelle est née, Childhinde, qui tant sera noble de fourme et de beauté ! ».
Puis affectant un air de tristesse, Frédégonde ajoute :
« Mais mon seigneur sait-il le malheur qui est advenu ? La reine ma maîtresse est aujourd’hui sa commère et ne saurait plus être sa femme, puisqu’elle est la marraine de sa fille Childeswinthe. ».

Chilpéric répond :
« S’il en est ainsi, et qu’elle ne soit plus ma femme, je te prendrai pour compagne ».

La reine vient à lui, son enfant dans les bras.
« Femme, tu t’es perdue par ta simplicité, lui dit-il, ne sais-tu pas qu’étant devenue ma commère, tu ne peux être mon épouse ? »...

Pour bien apprécier cette histoire, il faut d’abord se remémorer les prescriptions du droit canonique de cette époque en matière d’empêchements de mariage. A partir d’une certaine date, on voit prévaloir dans l’Église cette idée que la parenté spirituelle contractée dans le baptême est un empêchement au même degré que la parenté selon la chair, et qu’elle a même un caractère plus sacré. Or, il y a du chef du baptême diverses catégories de parenté.
D’abord vient la parenté spirituelle qui rattache le parrain et la marraine d’une part à leur filleule de l’autre : Cet empêchement est le plus ancien et le plus grand de tous, et, dès 530, Justinien l’inscrit dans le code civil. En second lieu, il y a l’empêchement qui existe entre les parents selon la chair d’une part et les parents selon le baptême de l’autre : Ainsi le parrain ne peut épouser la mère de son filleul, ni la marraine le père de celui-ci, en vertu du canon 53 du concile in Trullo, tenu en 692. En 3e lieu, le parrain et la marraine, en leur qualité de père et mère spirituels du filleul, sont ainsi comme des époux selon le baptême, et ne peuvent, par conséquent, devenir époux selon la chair. Ce dernier empêchement est promulgué pour la première fois dans un concile Romain de 721.
Le cas d’Audovère appartient à la seconde catégorie d’empêchements de mariage : Celui qui s’oppose à l’union de la marraine et du père de l’enfant. Mais, si l’interdiction a été formulée pour la première fois en 692, l’histoire, qui est censée se passer vers 565, perd toute vraisemblance, et trahit par là même sa provenance récente. D’ailleurs, à supposer qu’un empêchement eût existé dès cette date, il est d’autres motifs pour faire rejeter l’anecdote.
Audovère n’étant qu’une des nombreuses compagnes de Chilpéric, il est difficile de décider si elle est considérée comme sa femme légitime ou comme sa concubine.
Dans le premier cas, une simple bévue commise par ignorance n’a pas le pouvoir de dissoudre un mariage, qui est par sa nature indissoluble. Dans le second cas, au contraire, les rapports entre Chilpéric et Audovère ne sont d’aucune manière détruits aux yeux du roi, puisqu’ils n’ont pas le caractère d’une union conjugale.
Par ailleurs, comment accréditer le moyen de nous faire croire que Chilpéric, qui est habitué à violer tous les commandements de l’Église, puisse être homme à renoncer à l’objet de sa passion pour une raison d’ordre théologique ?

Chilpéric n’est pas assez scrupuleux pour chercher des prétextes lorsqu’il veut satisfaire ses passions. Il le prouve par la suite en faisant périr sa seconde femme Galswinthe, sœur de la célèbre Brunehaut.
Enfin, comment l’évêque, auquel les lois canoniques sont connues, ne se serait-il pas opposé au dessein de la reine ?...

L’épisode est, de plus, en contradiction formelle avec l’histoire. Il est faux que jamais Chilpéric ait fait une expédition en Saxe avec Sigebert.
Sigebert a combattu seul contre ce peuple qui, de même que les Thuringiens, semble avoir troublé par ses révoltes la première année de son règne, et qu’il force de se soumettre. Il paraît bien que cette révolte soit déterminée par une invasion des Avares, rapportée par Grégoire de Tours, et que les tribus Germaniques soulevées font cause commune avec les envahisseurs, dont elles partagent la défaite.

Dans tous les cas, loin d’assister son frère dans ces difficultés, Chilpéric en profite pour lui enlever Reims et quelques autres villes, si bien qu’après son retour, Sigebert doit tourner ses armes contre lui et le mettre à la raison.
Ceci se passe en 562.

Une seconde fois les Avares reviennent, sans que l’on puisse savoir s’ils ont eu les Saxons et les Thuringiens pour alliés. Sigebert, cette fois, est vaincu, et se voit obligé de traiter avec eux. Est-il besoin de dire que Chilpéric se garde bien de lui porter secours ? Par la suite, Sigebert a encore à s’occuper des Saxons revenus d’Italie, qu’il rétablit dans leur ancienne patrie : Mais ce n'est pas une expédition qu’il fait contre eux et d’aucune manière Chilpéric ne l’assiste : Il ne cesse de se comporter comme son ennemi, et la guerre entre les deux frères est presque permanente.

Quoi qu’il en soit, Chilpéric répudie la malheureuse Audovère (565) qui est envoyée au monastère d’Étampes où elle languit 15 ans, avant que Frédégonde ne la fasse étrangler en 580... Mais le triomphe de Frédégonde est loin d’être complet avec la répudiation d’Audovère, car le roi ne lui donne aucun titre à la cour, pour le moment du moins, cependant elle arrive à ses fins quelque temps plus tard.

Venance Fortunat offre alors à la cour deux poèmes considérés comme épitaphes, en mémoire des deux princes.
Afin d’être définitivement pardonné, Grégoire de Tours accrédite la thèse du meurtre, même si cela n’apparaît pas dans ses histoires rédigées des années plus tard : Une lettre de consolation rédigée par Venance Fortunat est envoyée au couple royal insinuant que Clovis est l'instigateur des meurtres :
« Abel, le premier, succomba frappé d’une blessure lamentable et la houe déchire les membres d’un frère. ».

Il décrit les deux enfants arrivés au paradis habillés d’une « chlamyde palmée tissée d’or éclatant et leur front porte un diadème aux pierres précieuses diverses», tenue représentant les souverains, mais aussi les martyrs glorifiés. Grégoire de Tours rend ensuite visite au roi et à la reine à Nogent-sur-Marne en 581, où il leur remet un autre poème consolatoire de Venance Fortunat...

À Paris, les jeunes princes Chlodobert et Dagobert, fils de Frédégonde, sont atteints par la maladie. Frédégonde tente d'obtenir leur guérison par différents moyens, notamment en brûlant des registres d'impôts, considérés en quelque sorte comme responsables de la colère de Dieu. Dagobert est emporté le premier par la maladie et enseveli dans la basilique de Saint-Denis. Chlodobert est emmené à la basilique Saint-Médard de Soissons, où des prières sont adressées au saint, mais il meurt aussi et est enseveli dans la basilique des Saints Crépin et Crépinien de Soissons.
Clovis, le dernier fils d’Audovère, en se vantant d’être devenu l’unique héritier du trône, insulte Frédégonde et lui fait comprendre qu’elle aura à subir sa vengeance, une fois qu'il serait monté sur le trône. Frédégonde se persuade alors que la mort de ses fils est due à un maléfice que Clovis a demandé à la mère d’une de ses servantes dont il est tombé amoureux. La servante est battue et ses cheveux coupés, suspendus à un pieu devant le logis du prince. La mère est torturée et contrainte de confirmer les soupçons qui pèsent sur elle. La reine accuse alors Clovis de haute trahison auprès du roi. Clovis est arrêté et désarmé lors d’une partie de chasse. Il est conduit garrotté auprès de la reine et l'on tente de lui faire reconnaître le complot et avouer les noms de ses supposés complices, ce qu’il refuse. Trois jours après, la reine le fait conduire dans une maison appelée Nogent de l’autre côté de la Marne où il est poignardé. Des messagers annoncent au roi que le prince s’est suicidé.

Ce n'est qu'après la mort de Chilpéric, que Clovis, ainsi que son frère Mérovée, recevra une véritable sépulture grâce à leur oncle Gontran. On retrouvera dans la Marne une dépouille aux cheveux longs, présentée comme étant celle de Clovis. Les corps de Mérovée et de Clovis seront alors transportés dans l'église Saint-Vincent de Paris (par la suite Saint-Germain-des-Prés).

Après la mort de Clovis, Frédégonde fait aussi assassiner Audovère. Basine, dernière fille d’Audovère, est quant à elle violée par les serviteurs de la reine, ce qui la rend inapte au mariage, puis cloîtrée au monastère Sainte-Croix de Poitiers, auprès de Radegonde et des filles de Caribert Ier.

Ces crimes l'empêchant désormais de nouer des relations diplomatiques faute de filles à marier, le roi regrette de les avoir tolérés.

« La mort des rois, quand le triste sépulcre recouvre les dépouilles de ces maîtres du monde, est cruelle et fait couler les larmes du peuple. Ici repose Chlodebert mort à l'âge de 15 ans. Il est arrière-petit-fils de Clovis, petit-fils de Clotaire, et fils de Chilpéric et de Frédégonde, son épouse. La naissance de cet enfant avait donné plus d'essor aux vœux de la Francie. La patrie et son père, dès qu'il a grandi, ont conçu de lui les plus hautes espérances ; le sort ennemi se hâta de le leur ravir. Mais celui-là n'est pas à pleurer de ceux qui l'ont aimé, à qui ne peut plus nuire le contact d'un monde plaintif, et qui a les honneurs du ciel. Il a vécu innocent, il ne meurt point par un crime. Il s'applaudit maintenant de posséder un royaume qui n'aura point de fin ».

« Tête chère au peuple, objet de son éternel amour, Dagobert, futur appui de la patrie et son espérance, tu meurs enfant. Issu d'une race royale, tu n'as été montré à la terre que pour lui être aussitôt ravi et transporté au ciel. Rejeton généreux dont la souche est le puissant et belliqueux Clovis, tu es l'égal par le sang de cet illustre bisaïeul, et, fils de Chilpéric et de Frédégonde, tu ressembles, noble enfant, aux anciens rois. Tu as reçu à temps l'eau sainte du baptême, de sorte que si tu perds un royaume sur la terre, tu en acquiers un autre dans le ciel. Tu vis donc dans la gloire, et quand viendra le juge du monde, tu ressusciteras dans tout ton éclat et ta beauté ».



Clovis, fils de Chilpéric Ier - Wikipedia
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Rois et souverains de France - Page 3
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