11 Octobre 2015
Cette
page concerne l'année 581 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
QUAND
DES QUERELLES STÉRILES PERMETTENT AUX OPPORTUNISTES D'AVANCER LEUR
PIONS
Le
Perse Sassanide Kavadh (Cavadés, Cobad), (488-531), qui ne manque
pas de qualités, est cependant très faible de caractère, sous
l’influence de quelques fanatiques, il persécute tous les
hérétiques...
Le
principal instigateur de ces violences est Mazdak, prêtre du culte
du feu, qui veut réformer la religion des mages. Partant de ce
principe que la cupidité et la concupiscence sont pour les hommes la
source de tous les maux, il croit assurer la victoire de la lumière
sur les ténèbres, d’Ahura-Mazda sur Angro-Mainyus, en
faisant disparaître ces deux passions : En conséquence, il
établit la communauté de temps après la clôture du Talmud, alors
que plusieurs des docteurs qui ont pris part à ce travail de
coordination enseignent encore à Sora et à Pumbadita et que le
souvenir des persécutions de Peroz vit encore dans toutes les
mémoires, les Juifs sont de nouveau assaillis en Perse, sous le
règne de Kavadh (Cavadés, Cobad), le deuxième successeur de Peroz,
par de nouveaux malheurs. A ses yeux, le communisme (communautarisme)
est la voie la plus sûre pour amener le triomphe de la doctrine de
Zoroastre.
Le
roi Kavadh protége Mazdak et préconise ses réformes, il décrète
que tous les habitants de la Perse sont tenus d’adopter les
nouvelles doctrines et d’y conformer leur conduite... Les basses
classes de la population, sans fortune, sans éducation et sans
moralité, suivent avec empressement la nouvelle religion de Mazdak,
(c'est ainsi que cela se passe on endoctrine
les plus faibles on s'en sert comme bouclier puis ensuite on met le
reste de la population devant le fait accompli), elles
s’approprient les biens des riches et s’emparent des femmes qui
leur plaisent (rien à changé).
Il
en résulte qu’à cette époque on ne sait plus distinguer entre le
vice et la vertu, la propriété et le vol.
Les
grands du royaume (excédés) détrônèrent
Kavadh et le jettent en prison, mais il est délivré et replacé sur
le trône avec l’aide des Huns, (c'est
également une habitude que d'aller chercher des mercenaires pour
combattre son peuple lorsqu'il n'est pas d'accord) et, de
nouveau, il fait mettre en pratique les doctrines de Mazdak... Juifs
et chrétiens ont à souffrir de ces folies, on les dépouille de
leurs biens et on leur prend leurs femmes. Les Juifs, qui ont
toujours attaché la plus haute importance à la pureté des mœurs
et à la sainteté du mariage, paraissent avoir défendu par les
armes l’honneur de leurs jeunes filles et de leurs épouses.
Une
révolte éclate, en effet, en ce temps, parmi les Juifs
Babyloniens, et il est bien probable que cette révolte est
spécialement dirigée contre les tentatives communistes des Zendik.
A la tête de ce mouvement se place le jeune exilarque Mar-Zutra II.
Mar-Zutra
(né vers 496) est le fils de ce savant Huna qui, à la mort de
Peroz, est élevé à la dignité d’exilarque (chef de l'exil)
(488-508). Quand son père meurt, il est encore tout jeune.
Dès
qu’il a atteint l’âge d’homme, il prend les armes pour
défendre les droits de la famille et de la propriété. Aidé de 400
vaillants compagnons, il attaque les partisans de Mazdak, et réussit,
selon toute apparence, à les chasser de la partie de la Babylonie
habitée par les Juifs.
D’après
la chronique, il a accompli des exploits remarquables, il est même
parvenu à repousser les attaques des troupes que le roi a envoyées
pour réprimer l’insurrection, à conquérir l’indépendance des
Juifs et à imposer un tribut aux habitants non juifs de la
Babylonie...
Mahuza,
qui n’est pas loin de Ctésiphon, devient la capitale d’un petit
État Juif placé sous l’autorité de l’exilarque.
L’indépendance de cet État subsiste pendant 7 ans. Au bout de ce
temps, la petite troupe Juive est battue par un corps d’armée
Perse et l’exilarque fait prisonnier.
Ce
dignitaire et son vieux grand-père, Mar-Hanina, sont exécutés et
leurs corps mis en croix prés du pont de Mahuza (vers 520). Les
habitants de cette ville furent dépouillés de leurs biens et
emmenés en captivité, la famille de l’exilarque s’enfuit en
Judée, emmenant le jeune fils de ce dernier, qui est né après la
mort de son père et porte également le nom de Mar-Zutra. Cet enfant
est l’unique représentent de l’exilarcat, il grandit en Judée,
où il se distingue plus tard par son enseignement. Ainsi, par suite
des persécutions de Kavadh, la dignité d’exilarque demeure
pendant un certain temps sans titulaire, Les écoles sont fermées et
les docteurs contraints de s’enfuir.
Parmi
les fugitifs se trouvent Akunaï et Guiza, ce dernier s’établit
près du fleuve Zab. D’autres se rendent sans doute en Palestine et
en Arabie. Les persécutions ne semblent pas avoir sévi dans toute
la Perse, car, parmi les troupes de Kavadh qui se battent contre le
général Byzantin Bélisaire, il se trouve des soldats Juifs pour
lesquels le général Perse a les plus grands égards, il demande
même un armistice pour leur permettre de se reposer pendant la fête
de Pâque.
A
la mort de Kavadh, les persécutions contre les Juifs Babyloniens
cessent. Son successeur, Kosroès Nuschirvan (531-579), impose aux
Juifs comme aux chrétiens une taxe dont les enfants et les
vieillards seuls sont exempts, mais il n'agit pas ainsi par haine ou
par intolérance, il cherche seulement à remplir les caisses de
l’État.
Pendant
son long règne, les Juifs vivent tranquilles, les communautés
se réorganisent, les écoles rouvrent et les docteurs qui ont pris
la fuite reviennent en Babylonie. Guiza, qui a cherché un refuge
prés du fleuve Zab, est placé à la tête de l’école de Sora, et
Simuna à la tête de l’école de Pumbadita.
Ces
docteurs s’appliquent à attirer dans les écoles de nombreux
disciples, à relever l’enseignement religieux et à reprendre
l’étude du Talmud, ils continuent aussi, selon l’ancien usage, à
réunir autour d’eux des auditeurs, pendant les mois d’Adar
(mars) et d’Ellul (septembre), pour leur transmettre la tradition,
les initier à l’enseignement et leur indiquer quelques questions à
élucider par leurs propres recherches. Mais la force créatrice est
épuisée chez les disciples des derniers Amoraim, ils n’ajoutèrent
presque plus rien à la partie déjà existante du Talmud, ils fixent
seulement d’une façon définitive de nombreux points du rituel, du
droit civil et du droit matrimonial qui n’ont pas encore été
résolus ou sur lesquels les diverses écoles ne sont pas d’accord.
Les juges ont besoin de lois certaines pour les appliquer dans les
cas donnés, et particuliers de prescriptions claires pour pouvoir
les mettre en pratique.
Les
docteurs de cette époque s’efforcent de satisfaire à cette
nécessité en établissant des règles fixes là où règnent
l’indécision et l’incertitude.
De
là, leur nom de Saboraïm, c’est-à-dire ceux qui examinent le
pour et le contre pour fixer les lois religieuses et les lois
civiles.
Les
Saboraïm, qui poursuivent un but tout pratique, commencent leur
tâche immédiatement après la clôture du Talmud, leur œuvre est
continuée par Guiza, Simuna et leurs collègues. Guiza et Simuna
mettent tout d’abord le Talmud par écrit, ils utilisent, pour ce
travail, et ce qu’ils ont appris par la tradition et les notes
écrites qu’ils ont rédigées pour aider leur mémoire, quand un
passage leur semble obscur, ils y ajoutent des explications. Ce sont
eux qui ont donné au Talmud la forme sous laquelle l’ont reçu les
communautés contemporaines et les générations postérieures.
A
cette époque naît une science sans laquelle la Bible serait restée
un livre fermé et qui ébranle la domination jusqu’alors absolue
du Talmud. L’Écriture Sainte est presque complètement inconnue de
la foule, ceux qui n’ont pas appris par la tradition, dès leur
jeune âge, à en lire le texte, n’y comprennent rien, parce que
les consonnes ne sont pas pourvues de voyelles.
Dans
les temps antérieurs, la nécessité a déjà obligé les savants a
créer des signes pour les voyelles principales (a, i, u), mais
on en fait un usage très restreint, elles ne sont ajoutées qu’à
de rares consonnes, et, pour lire le reste, il faut le savoir par la
tradition, ou le deviner.
Il
est très difficile de distinguer l’un de l’autre deux mots
écrits avec les mêmes consonnes et ayant une signification
différente, aussi le sens de la Bible reste-t-il obscur pour le
peuple. Seuls les docteurs et leurs disciples savent lire la Bible,
et encore ne la lisent-ils qu’à travers le Talmud... C’est à ce
moment que part de la Grèce en décadence un mouvement scientifique
qui se propage en Perse.
Après
la fermeture des écoles d’Athènes par l’empereur Justinien, les
7 sages de la Grèce émigrent en Perse, où ils espèrent trouver
protection auprès du roi Nuschirvan. Leur attente n'est pas trompée.
Sous l’impulsion des savants Grecs, une école de médecine et de
sciences naturelles est fondée dans une contrée où les Juifs
demeurent en grand nombre.
La
linguistique est également cultivée, principalement par des
chrétiens de Syrie habitant près de l’Euphrate et en deçà du
Tigre, la secte des Nestoriens, qui, à la suite d’une discussion
sur une question dogmatique, se sont séparés de leurs
coreligionnaires établis à l’ouest de l’Euphrate, les
Jacobites.
Les
Nestoriens sont plus portés vers les Juifs que les autres chrétiens,
leurs prêtres et leurs savants entretiennent avec eux d’excellentes
relations.
S’inspirant
de leur exemple, les Juifs se décident à étudier la Bible plus
attentivement. Mais, avant tout, il est nécessaire d’en rendre la
lecture plus facile en pourvoyant le texte de voyelles. Ce travail a
été accompli par un ou plusieurs savants restés inconnus. D'abord
on s'est contenté d’introduire quelques voyelles, qui semblent
avoir été facile a créer. On transcrit sous une forme plus petite
que leur forme habituelle certaines lettres hébraïques dont le son
se rapproche de celui des voyelles qu’on veut exprimer, et on les
a ajouté en guise de voyelles aux consonnes.
Ce
procéde a eu d’excellents résultats, et a rendu non seulement
le texte de la Bible plus facile à comprendre en permettant, par
conséquent, à un plus grand nombre de personnes de connaître les
principes généreux et la morale élevée du judaïsme, mais elle
sert également la civilisation.
Quand
le christianisme s'est réveillé de sa longue torpeur, ses guides
spirituels ont puisé dans l’étude du texte original de la Bible
la force de dissiper entièrement les nuages de cette sombre époque.
Il leur a été probablement impossible d’étudier l’Écriture
Sainte sans les signes voyelles. Les inventeurs Babyloniens ou Perses
des signes voyelles ont aussi introduit dans le texte biblique un
système très simple de signes pour indiquer la fin des versets et
des paragraphes... Ce système, resté ignoré pendant plus de 10
siècles, n’est connu que depuis une cinquantaine d’années :
Il
est appelé le système Babylonien ou Assyrien.
Il
a été supplanté par un autre système, plus récent, qui a pris
naissance à Tibériade. On sait que pendant les persécutions de
Kavadh, le représentant de l’exilarcat, Mar-Zutra, s’est réfugié
en Judée, plus tard, il est nommé chef d’école à Tibériade.
Ses descendants ont continué à diriger cette école pendant
plusieurs générations... Ils se considèrent comme les seuls
exilarques légitimes, les vrais descendants de la maison de David,
tandis qu’ils regardent ceux qui occupent de leur temps la dignité
d’exilarque en Babylonie comme des usurpateurs.
De
là, une sourde hostilité entre les chefs religieux de la Judée et
ceux de la Babylonie. Toute innovation introduite par ces derniers
est repoussée ou au moins accueillie avec froideur à Tibériade. Il
en arrive de même pour le système Babylonien des accents et des
signes voyelles.
Ce
système ne peut, du reste, pas convenir à la Palestine, par cette
raison que les voyelles sont prononcées autrement dans cette contrée
qu’en Babylonie.
Il
a été remanié, développé et subit des modifications telles qu’il
devient absolument méconnaissable et que les orgueilleux docteurs de
Tibériade peuvent s’en déclarer les créateurs, sans craindre
aucune contradiction. Ce qui les aide à établir cette croyance,
c’est qu’un peu plus tard l’étude de la langue hébraïque
devient une des principales occupations de l’école de Tibériade,
d’où elle se propage dans les écoles extra-palestiniennes.
On
a seulement découvert dans les temps modernes qu’il existait des
signes voyelles et des accents Babyloniens, et que le système de
Tibériade n’en est que le plagiat. Quoique ceux qui ont introduit
les signes voyelles dans le texte biblique aient trouvé l’idée
première de leur système chez les chrétiens Syriens, ils ne les
ont cependant pas servilement imités. Il est vrai que, dans les
textes des chrétiens, les consonnes ont des signes voyelles, mais
les Nestoriens en sont restés au système défectueux des points qui
rendent la lecture si difficile, et les Jacobites, qui se servent de
vrais signes voyelles, n’emploient ce système qu’un siècle
après les Juifs.
Ni
la chronique ni la tradition n’ont conservé les noms des
successeurs immédiats des Saboraïm Guiza et Simuna ils ont été
oubliés au milieu des persécutions qui ont alors repris contre les
Juifs, sous le successeur de Nuschirvan, Hormisdas IV (579-589).
A
cette époque les mages et les ecclésiastiques rivalisent
d’intolérance envers le judaïsme, les prêtres de deux religions
dont l’une poursuit la victoire définitive de la lumière sur les
ténèbres et l’autre prêche l’amour des hommes abusant de la
faiblesse de certains rois pour maltraiter les sectateurs d’un
autre culte...
Hormisdas
IV ne ressemble en rien à son père Nuschirvan, il a les instincts
cruels d’un Néron. Tant qu’il reste sous l’influence de son
précepteur et conseiller Buzurg-Mihir, un Sénèque Perse, qui
invente, dit-on, le jeu d’échecs pour prouver à son maître que
tout roi est dépendant de l’armée et de la nation, Hormisdas
domine ses mauvaises passions... Une fois son précepteur retiré de
la cour, il ne garde plus aucun ménagement.
A
l’instigation des mages, qui croient retarder la chute imminente de
leur religion en persécutant les autres croyants, il tourne toute sa
colère contre les Juifs et les chrétiens.
Les
écoles de Sors et de Pumbadita sont fermées et les docteurs
obligés, comme sous Peroz et Kavadh, d’émigrer dans d’autres
contrées (vers 581).
Une
partie d’entre eux s’établit à Peroz-Schabur, près de
Nehardéa, cette ville leur offre un refuge plus sûr, parce qu’elle
est gouvernée par un chef arabe.(pas encore
musulman)
Plusieurs
écoles s’organisent à Peroz-Schabur, une d’elles a laissé un
certain renom, c’est celle de Mari.
Détesté
de ses sujets, qu’il maltraite, vaincu par les ennemis de la Perse,
qui réussirent à s’emparer de plusieurs provinces, Hormisdas voit
son pouvoir battu en brèche de tous côtés.
Il
est d’abord vaillamment soutenu par le général Bahram Tschubin,
il récompense son défenseur de ses services en le destituant...
Bahram,
irrité, se révolte contre son roi, le précipite du trône et le
fait enfermer dans un cachot, où il est tué (589).
Bahram
gouverne d’abord la Perse au nom du roi Kosru, bientôt il jette le
masque et s'assoit lui-même sur le trône de Perse... Sous son
règne, les Juifs de la Perse et de la Babylonie ont été très
heureux, il les a traité avec bienveillance et les a autorisé à
rouvrir les écoles de Sora et de Pumbadita (589).
HAMMAT |
A
la prise de Mahuza, la général Perse Mebodès fait passer par les
armes la plupart des habitants Juifs de la ville. Kosru II (590-628)
ressemble plus à son grand-père Nuschirvan qu’à son père
Hormisdas.
D’un
caractère très doux, il pardonne aux Juifs leur fidélité envers
Bahram et laisse subsister les deux écoles de Sora et de Pumbadita.
A la tète de la première se trouve Hanan, et ensuite Mari bar
Mar, à la tête de la seconde, Mar bar Huna (de 609 jusque vers
620). Ils ont pour successeurs : Haninaï, à Pumbadita, et Hanania à
Sora. Ces deux docteurs assistent encore à la chute de la puissance
Perse et au triomphe des Arabes.
Dans
les dernières années de la domination des Perses, la tranquillité
des Juifs n'est plus troublée, les derniers rois Sassanides, dont 5
se succèdent au trône dans un espace de 5 ans, sont trop préoccupés
de leur propre sécurité pour songer aux Juifs... Ils laissent ces
derniers diriger leurs affaires comme ils l’entendent. Aussi le
judaïsme Babylonien continue-t-il à avoir à sa tête un exilarque.
Pendant
le demi-siècle qui s’écoule depuis la réouverture des écoles
religieuses, sous Bahram, jusqu’à la domination des Arabes
(589-640), il y a eu 3 exilarques dont le nom a été conservé et
dont le dernier, Bostanaï, fait briller la dignité dont il est
revêtu d’un vif éclat...
Les
Juifs de la Palestine sont bien plus malheureux que leurs
coreligionnaires de la Perse. Soumis à une législation inique, ils
sont exclus de toutes les fonctions honorifiques et n’ont même pas
le droit de construire de nouvelles synagogues. Un mot de l’empereur
Zénon peint leur situation dans toute sa tristesse. La ville
d’Antioche, comme la plupart des grandes villes de l’empire
Byzantin, se divisait, aux courses de chevaux, en deux partis, les
bleus et les verts. Ces derniers suscitèrent un jour des troubles,
attaquèrent leurs adversaires, tuèrent, entre autres, beaucoup de
Juifs, jetèrent leurs cadavres dans le feu et incendièrent
plusieurs synagogues.
Quand
l’empereur Zénon est informé de cet événement, il déclare que
le parti des verts ne méritent d’être punis que parce qu’ils se
sont contentés de brûler les Juifs morts et ont épargné les
vivants.
Cette
haine sauvage vouée par les hauts dignitaires aux Juifs encourage
naturellement la foule à se ruer à toute occasion sur ces parias,
les habitants d’Antioche se distinguent particulièrement par leur
hostilité envers les Juifs...
Un
conducteur de chars célèbre, Calliopas, étant venu un jour de
Constantinople à Antioche, où il se range sous la bannière des
verts, des désordres se produisent à Daphné, près d’Antioche,
où s’était rendu son parti, et, sans provocation, sans motif
aucun, toute cette foule attaque la synagogue, tue les Juifs qui y
sont réunis et détruit tous les objets sacrés qu’elle y trouve
(9 juillet 507). Pendant qu’on cherche noise aux anciens maîtres
de la Terre Sainte, quand ils s’avisent de restaurer une vieille
synagogue délabrée. Le christianisme prend possession peu à peu de
la Palestine tout entière, il y élève librement des églises et
des couvents.
Evêques,
abbés et moines se remuent en Judée et y discutent tumultueusement
sur la nature simple ou la nature double du Christ.
Même
Jérusalem, qui, malgré la destruction du temple, est restée la
capitale religieuse des Juifs, a cessé d’être le centre du
judaïsme, les chrétiens s’en sont emparés, y ont fondé un
évêché et en défendent l’accès aux premiers possesseurs depuis
que l’impératrice Hélène, la mère de Constantin, dont la
réputation de jeune fille n’est pas sans tache, a eu la pensée
d’y faire construire, en expiation de ses fautes, l’église du
Saint-Sépulcre... (Maintenant Jérusalem n'est
plus ni aux Juifs ni aux chrétiens mais elle est prise en otage par
les musulmans opportunistes qui n'y ont rien à faire), Seule
la jolie ville de Tibériade a conservé son rang, elle est restée
le siège de l’activité religieuse des Juifs, et, grâce aux
descendants de Mar-Zutra qui s’y sont établis, son école continue
à jouir en Palestine et au dehors d’une très grande autorité.
Le
roi Juif de l’Arabie lui-même se soumet aux ordres venus de
Tibériade. Mais là aussi le christianisme a élu domicile en y
établissant un évêché.
Il
est probable qu’à Nazareth, le berceau du christianisme, où l’on
rencontre les plus belles femmes de la Palestine, la population est
en grande partie Juive, car cette ville n’a pas eu pas d’évêque.
De même, Scythopolis (Bethsan), qui devient à cette époque la
capitale de la deuxième Palestine (Palœstina secunda), et Néapolis
(Sichem), devenue la capitale des Samaritains depuis que Samarie est
une ville chrétienne, renferment de nombreux habitants Juifs. Mais
dans toutes ces villes, excepté à Nazareth, les Juifs sont en
minorité et sont presque complètement perdus au milieu de la
population chrétienne... Même si les Juifs de la Palestine et de
l’empire Byzantin sont régis en tant que citoyens par une
législation restrictive, du moins peuvent-ils, jusqu’au règne de
Justinien, pratiquer librement leur religion.
Cet
empereur est le premier qui, non content d’étendre leurs
incapacités civiles, s’immisce dans leurs affaires religieuses.
C’est lui qui promulgue la loi humiliante en vertu de laquelle ils
ne peuvent pas témoigner en justice contre les chrétiens (532). Il
est vrai qu’il leur laisse le droit de témoigner entre eux, tandis
qu’il refuse tout témoignage des Samaritains, même contre leurs
coreligionnaires, et leur interdit de disposer de leurs biens par
testament...
Justinien
se montre si sévère envers les Samaritains, parce qu’ils se sont
révoltés à plusieurs reprises contre le pouvoir impérial et se
sont donné autrefois un roi, Julien bar Sabar.
Une
autre loi d’exception est dirigée à la fois contre les Juifs et
les Samaritains. Tout en étant exclus de toutes les dignités, ils
peuvent être obligés d’accepter la charge si onéreuse du
décurionat (dignité municipale), sans jouir cependant des
privilèges attachés à cette charge : L’immunité contre la peine
de la flagellation et de l’exil.
Qu’ils
portent le joug, même s’ils en gémissent, mais qu’ils soient
déclarés indignes de tout honneur. Justinien défend aussi aux
Juifs, sous peine d’amende, de célébrer leur Pâque avant les
Pâques chrétiennes, les gouverneurs des provinces sont chargés de
veiller à l’exécution rigoureuse de cet édit. Dans d’autres
circonstances encore, Justinien s’immisce dans les affaires
religieuses des Juifs. Il se produit une fois une scission dans une
communauté Juive, peut-être à Constantinople ou à Césarée. Les
uns demandent que les chapitres du Pentateuque et des prophètes
qu’on lit en hébreu dans les synagogues soient lus en même temps
en langue grecque pour les illettrés et les femmes.
Les
rigoristes, et spécialement les docteurs, éprouvent une certaine
aversion à faire usage, à l’office divin, de la langue de leurs
persécuteurs, qui est en même temps la langue de l’Église, ils
objectent aussi que cette innovation ne laisse plus de temps pour les
discours d’édification. La discussion est très vive, et les
partisans du grec vont jusqu’à porter le différend devant
l’empereur.
Justinien
se déclare naturellement pour l’introduction de la traduction
grecque, il ordonne aux Juifs de se servir de la version des
Septante ou de celle d’Aquila. Dans les synagogues des provinces
Italiennes, il faut traduire les chapitres de l’Écriture en langue
latine.
En
outre, Justinien menace de châtiments corporels les partisans de la
vieille liturgie qui excommunieront leurs adversaires... Ces diverses
dispositions peuvent à la rigueur se justifier. Mais l’empereur
outrepasse certainement son droit en contraignant toutes les
communautés juives de l’empire Byzantin, même celles qui ne
veulent pas de cette innovation, à lire la traduction grecque ou
latine des chapitres de la Bible récités à l’office divin, et en
défendant de rattacher dorénavant à ces chapitres, dans les
synagogues, comme cela s’est toujours pratiqué, des discours
d’édification.
Il
croit qu’en obligeant les docteurs à remplacer l’explication
traditionnelle de la Bible, qui affermit les Juifs dans leur
religion, par la lecture de la traduction grecque des Septante
modifiée d’après les idées chrétiennes, il facilitera la
conversion des Juifs au christianisme. Il attache une importance
capitale à cette loi, car il ordonne à son ministre Areobindus de
la faire connaître à tous les fonctionnaires impériaux et de les
inviter à en surveiller l’application avec un soin tout
particulier (13 février 553).
Cette
loi perfide n’a pas eu les conséquences qu’en attend l’empereur.
La nécessité d’entendre à la synagogue la traduction de la Bible
ne se fait pas sentir, en général, chez les Juifs , ceux qui ont
réclamé cette réforme restent isolés, et, dans les communautés
unies, il n’est pas très difficile d’organiser le service divin
de telle sorte que les autorités ne s’aperçoivent pas de la
violation de l’édit impérial.
Les
prédicateurs continuent à faire servir l’Écriture Sainte à
édifier les fidèles, sans craindre de diriger parfois des traits
acérés contre leurs oppresseurs. Ils disent, par exemple, que ce
passage des Psaumes :
« Là,
fourmillent des vers sans nombre, s’applique aux édits
innombrables dirigés par l’empire Romain (Byzance) contre les
Juifs, que les grands et les petits animaux représentent les ducs,
les gouverneurs et les généraux, et que quiconque (des Juifs)
s’associera à eux deviendra un objet de risée. — Il en est des
édits d’Esaü (Byzance), disent-ils encore, comme d’une flèche
qu’on lance au loin, de même qu’on ne remarque la flèche que
lorsqu’elle atteint le cœur, de même les édits d’Ésaü sont
des traits qui frappent à l’improviste, on ne s’en aperçoit que
lorsqu’on annonce que le coupable a encouru la peine de mort ou
l’emprisonnement ».
DERAFSH KAVIANI |
Pendant
les jours de fête et le sabbat, après le départ des surveillants,
qui n’assistent qu’à la prière du matin, l’officiant récite
le Schema au deuxième office.
Justin
le Jeune, qui succède à Justinien, maintient toutes les lois
restrictives édictées par son prédécesseur contre les Juif et les
Samaritains, mais il n’en ajoute pas de nouvelles.
Sous
les empereurs Tibère et Maurice, il n’est pas question de la
population Juive. Mais pendant le règne de l’usurpateur Phocas,
qui essaie de renouveler les exploits de Caligula et de Commode,
survient un événement qui jette une vive lumière sur la triste
situation des Juifs...
A
Antioche, où de tout temps le peuple hait profondément les
Juifs, ceux-ci se jettent un jour sur leurs ennemis, en tuent un
grand nombre et brûlent les cadavres.
Ils
s’acharnent surtout contre le patriarche Anastase, nommé le
Sinaïte, lui infligeant les plus cruels traitements et le traînent
à travers les rues avant de lui donner la mort.
Quelles
effroyables souffrances les Juifs doivent-ils avoir endurées de la
part des fonctionnaires impériaux et du clergé pour se porter à de
tels excès ! Dès que Phocas est informé de ces troubles, il nomme
Bonosus gouverneur de l’Orient et charge le général Kotys de
châtier les émeutiers.
Les
Juifs se défendent avec vigueur et repoussent les troupes
impériales. Des forces plus considérables sont envoyées, les Juifs
doivent déposer les armes. Le châtiment est terrible, une grande
partie d’entre eux sont tués, d’autres sont mutilés, les autres
enfin sont envoyés en exil (septembre et octobre 608).
Les
Juifs, exaspérés contre leurs oppresseurs, trouvent bientôt une
occasion inattendue de se venger. Phocas a usurpé le trône de
l’empereur Maurice le gendre de ce dernier, Kosru II, roi des
Perses, résout de châtier Phocas et de s’emparer de l’empire
Byzantin.
Il
envahit l’Asie Mineure et la Syrie avec une armée considérable.
Dans l’intervalle, Héraclius détrône Phocas, il en informe Kosru
et lui propose de conclure la paix avec lui, Kosru refuse.
Un
corps d’armée Perse, sous le commandement du général
Scharbarzar, descend des hauteurs du Liban pour envahir la Palestine.
Quand les Juifs de ce pays apprennent la défaite des chrétiens et
les progrès continus de l’armée Perse, ils éprouvent un ardent
désir de prendre part à la lutte. Ils pensent que l’heure a enfin
sonné où ils pourront se venger des maux dont les Romains et les
chrétiens les accablent depuis des siècles ! Sur l’instigation
d’un certain Benjamin, de Tibériade, qui consacre son immense
fortune à fomenter des troubles et à armer des soldats Juifs contre
les Romains, un appel est adressé à tous les Juifs de la Palestine
pour les engager à se joindre à l’armée Perse.
À
cet appel, les robustes Juifs de Tibériade, de Nazareth et des
montagnes de la Galilée viennent se ranger en foule sous le drapeau
des Perses. Il est probable qu’ils massacrent auparavant les
chrétiens et saccagent les églises de Tibériade, ils s’unissent
aux soldats de Scharbarzar pour marcher sur Jérusalem et reprendre
la Ville Sainte aux chrétiens.
En
route, ces troupes sont rejointes par les Juifs du sud de la
Palestine et par des bandes de Sarrasins. Jérusalem est emportée
d’assaut (juillet 614). On dit que 90.000 chrétiens sont tués
dans la ville.
La
chronique ajoute que les Juifs ont racheté aux Perses leurs
prisonniers chrétiens pour les faire mourir... Cette accusation ne
repose sur aucun fait précis. Couvents et églises sont brûlés à
Jérusalem par l’ennemi. Il est probable que les Juifs prennent une
plus grande part à ces scènes de destruction que les Perses, parce
qu’ils estiment que la Ville Sainte n’est pas moins souillée par
la présente de la croix et des reliques des martyrs qu’elle l’a
été autrefois par les idoles d’Antiochus Epiphane et d’Adrien.
Appelés
par leurs coreligionnaires de Tyr, des Juifs de Jérusalem, de
Tibériade, de Galilée, de Damas et même de Chypre marchent sur
cette ville, au nombre de près de 20.000, dans l’espoir de
surprendre les chrétiens et de les massacrer dans la nuit de
Pâques... Les chrétiens, informés de ce projet, prennent les
devants, ils s’emparent des Juifs de Tyr, les jettent en prison,
ferment les portes de la ville et attendent l’arrivée de leurs
ennemis. Ceux-ci, trouvant les chrétiens prêts à se défendre, se
mettent à dévaster les églises construites aux environs de Tyr.
Chaque
fois que les chrétiens de cette ville apprennent qu’une église a
été détruite, ils tuent cent de leurs prisonniers Juifs et jettent
leurs têtes par-dessus les murs... 2.000 Juifs, dit-on, sont ainsi
massacrés. Les assiégeants, effrayés des terribles représailles
des chrétiens, se retirent.
Pendant
14 ans, les Juifs sont de nouveau maîtres de la Palestine. Un grand
nombre de chrétiens, doutant de l’avenir de leur religion ou
craignant d’être maltraités par les Juifs, se convertissent au
judaïsme. Une conversion fait surtout grand bruit, c'est celle d’un
moine.
Enfermé
depuis des années dans un couvent, sur le mont Sinaï, il a tout à
coup des songes qui lui font croire que sa religion est fausse. D’un
côté, il voit le Christ, les apôtres et les martyrs, enveloppés
d’un sombre nuage, et de l’autre, Moïse, les prophètes et les
saints d’Israël brillant d’un éclat lumineux. Longtemps il
hésite sur la détermination à prendre. Enfin, fatigué de cette
lutte intérieure, il descend du Sinaï, traverse le désert, arrive
en Palestine et se rend à Tibériade, où il annonce aux Juifs sa
résolution de se convertir.
Il
se fait circoncire, prend le nom d’Abraham, se marie avec une juive
et devient un vaillant défenseur de sa nouvelle religion et un
adversaire résolu du christianisme.
Cependant,
les espérances que les Juifs ont fondées sur le triomphe des Perses
ne se réalisent pas. Les vainqueurs ne rendent pas à leurs alliés
la ville de Jérusalem, comme ceux-ci y ont compté, ne leur
permettent pas d’organiser leurs communautés en associations
indépendantes, et les chargent probablement d’impôts... Par suite
de ces déceptions, un certain mécontentement se fait jour parmi les
Juifs de la Palestine les plus remuants sont exilés en Perse.
Il
se produit alors un revirement dans les esprits, les Juifs se
rapprochent de l’empereur Héraclius. Attentif à profiter de tout
ce qui peut affaiblir les Perses, Héraclius encourage les Juifs à
se détacher des Perses, et, probablement après une entente
préalable avec Benjamin, de Tibériade, il conclut une alliance avec
eux, leur promettant l’impunité pour le mal qu’ils ont fait aux
chrétiens et leur assurant encore d’autres avantages (vers 627).
Grâce à ses victoires, grâce aussi à la révolte de Siroès
contre son père Kosru, Héraclius reconquiert toutes les provinces
dont l’armée Perse s’est emparée.
A
la suite du traité que l’empereur Romain a conclu avec Siroès,
qui détrône et fait assassiner son vieux père, les Perses se
retirent de la Judée, et cette contrée retombe sous la domination
Byzantine (628).
En
l’automne de cette année, Héraclius se rend en triomphe à
Jérusalem. Comme Tibériade se trouve sur son chemin, il s’arrête
quelque temps dans cette ville, où Benjamin lui offre l’hospitalité
et entretient à lui seul son armée. Dans un de ses entretiens,
l’empereur demande à Benjamin pourquoi il s'est montré si acharné
contre les chrétiens...
Parce
qu’ils sont les ennemis de ma foi, répondit courageusement
Benjamin.
PALAIS D'ARDESHIR |
Histoire
Des Juifs (2) - Scribd
https://fr.scribd.com/doc/206773219/Histoire-Des-Juifs-2
12
févr. 2014 - Au bout de ce temps, la petite troupe juive fut battue
par un corps d'armée .... n'est connu que depuis une cinquantaine
d'années ; il est appelé le ... sous Peroz et Kavadh, d'émigrer
dans d'autres contrées (vers 581). ...... Les Arabes trouvaient
plaisir aux histoires à la fois naïves et sérieuses de la Bible.
Le
Grand dictionnaire historique, ou le Mélange curieux de ...
https://books.google.fr/books?id=5KE0ueA4rw0C
Louis
Moréri, Desmarest - 1732
L'année
suivante s'étant trouvé mal à Thessa— lonique, il s'y sit
baptiser, &.publia divers ... Quelque tems après les Perses
vinrent ... T eodose tit tenir le II. concile general , qui fut
celebre à Constantinople en 581. ... Theodose commença son regne
par publier des édits très-severes contre les Juifs 8c les
Heretiques; 8c en ...
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