17 OCTOBRE 2015...
Cette
page concerne l'année 575 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
UN TRÈS GRAND HOMME RELIGIEUX DIPLOMATE ET INVENTEUR DU RENOUVEAU DES ÉCRITS
Cassiodore
(en latin Magnus Aurelius Cassiodorus Senator)
est un homme politique et écrivain latin, fondateur du monastère de
Vivarium. Il est né vers 485 à Scolacium, dans l'actuelle province
de Catanzaro en Calabre et mort 575/580.
La
vie de Cassiodore s'articule essentiellement autour de deux périodes
séparées par sa « conversion », qui marque son retrait
de la vie publique... Son arrière-grand-père a servi dans les
armées de Valentinien III, et repoussé les Vandales lors de leur
tentative de débarquement en Calabre et en Sicile (vers 451), son
grand-père a fait partie de l'ambassade envoyée à Attila en 452,
son père, qui a été « comes sacrarum largitionum
d'Odoacre », est nommé en 495 « corrector Lucaniae et
Bruttiorum » par Théodoric le Grand, et accède en 503 à la
« praefectura praetoriana ». Cassiodore est donc issu
d'un milieu qui le prédestine à une carrière politique de premier
plan, d'ailleurs son nom même « Magnus Aurelius Cassiodorus
Senator », (nom qu'il se donne lui-même dans la suscription
des Variæ en 538) témoigne de cette appartenance aux milieux
aristocratiques de l'époque : Aurelius traduit l'alliance de
Cassiodore avec un membre éminent de la gens Aurelia, Symmaque
(beau-père de Boèce), et le surnom Senator rappelle sa qualité de
sénateur (à la fin de sa vie, Cassiodore ne signera plus que
Cassiodorus Senator).
Issu
d'une illustre famille, Cassiodore est né en Calabre, en Italie,
entre 470 et 480. Il apprend le grec, les arts libéraux et développe
des sentiments religieux très profonds.
Cassiodore
commence sa carrière politique à la cour de Ravenne (en 503) comme
conseiller (consiliarius) de son père et s'engage ainsi dans le
cursus honorum :
Consiliarius
praefecti (503-506) : Cassiodore est conseiller de son père,
alors préfet du prétoire. Son rôle (sorte de pré-questure) se
traduit par la récitation d'un éloge de Théodoric le Grand (Ordo
generis).
Quaestor
sacri palatii (506-511) : les actes de cette fonction de
chancelier sont conservés dans les volumes I à IV des Variae.
Consul
ordinarius (514) : il s'agit d'un titre purement honorifique. On
a parfois supposé qu'il a été nommé ensuite, comme l'ont été
son arrière-grand-père et son père, corrector Lucaniae et
Bruttiorum, mais rien dans les textes ne permet de confirmer cette
hypothèse.
Magister
officiorum (523-527) : Cassiodore, semble-t-il, remplace dans
cette fonction Boèce (arrêté en 523, et exécuté en 524), ce qui
jette une zone d'ombre sur sa carrière politique (Cassiodore donne
l'image d'un fonctionnaire zélé, opportuniste, qui succède à un
Boèce qui se présente dans la Consolation de Philosophie comme un
défenseur des faibles). Cassiodore devient même l'ami intime et le
conseiller de Théodoric, et il conserve son pouvoir même après la
mort de ce dernier, sous la régence de sa fille Amalasonthe.
En
527, il disparaît provisoirement de la scène politique (il se
retire peut-être sur ses terres de Squillace, reprenant le
gouvernement de la Lucanie et du Bruttium).
Præfectus
praetorio (533-538) : Cassiodore conserve sa fonction alors que
de nombreux événements rendent cette période très trouble :
mort du jeune Athalaric, fils d'Amalasonthe (534), partage du trône
entre la régente Amalasonthe et son adversaire Théodat (534-535),
assassinat d'Amalasonthe (30 avril 535), avènement de Witigès,
mariage forcé de la petite-fille de Théodoric, Matasonthe, avec
l'usurpateur (fin 536).
En
537, Bélisaire prend Rome, puis il assiège et finit par prendre
Ravenne en 540 (ce qui provoque l'exil de Witigès, Matasonthe et de
leur entourage à Constantinople), mais Cassiodore est opportunément
sorti de charge en 538.
Patricius
(538 ?) : Cassiodore obtient vraisemblablement ce titre au
moment de sa sortie de la préfecture du prétoire (il a gardé
d'excellentes relations avec la cour de Ravenne).
Comme
la plupart des hommes politiques de l'époque, Cassiodore était
chrétien. Dans l'ensemble, la politique des rois ariens qu'il
servait était tolérante à l'égard des chrétiens nicéens. Mais
dans la première partie de sa carrière, Cassiodore semble n'avoir
un intérêt qu'extérieur pour les choses de la religion.
À
70 ans, son activité est toujours aussi intense. Le monastère
devient une véritable « ville d'études ». Cassiodore y
introduit habilement les sciences profanes et les sept arts libéraux
y sont très largement enseignés. Faute de pouvoir fournir des
maîtres à ses moines, il leur fournit des livres. Commence alors
une très grande période où la Bibliothèque va se substituer à
l'Université.
COMMENTAIRES SUR LES SPAUMES |
Parallèlement,
il rédige un grand nombre d'ouvrages qui seront une source pour les
Pères de l'Église. Travailleur infatigable, il invente un système
de lampes pour que la nuit ne soit pas un obstacle à l'étude.
À
93 ans, il se lance dans la rédaction d'un traité d'orthographe.
Avec
Isidore de Séville, il a contribué à transmettre à l'Occident la
culture antique. Après une vie exemplaire de moine historien,
ministre, copiste, ce « restaurateur des sciences » et
« grand héros des bibliothèques », meurt à près de
cent ans.
Le
changement profond commence pendant la préfecture du prétoire de
Cassiodore (533) : Par ses lettres de nomination à cette
charge, Cassiodore nous apprend qu'il pratique la lectio divina pour
en tirer ses principes de gouvernement, il semble avoir un certain
crédit auprès du pape Jean II (il intervient auprès de lui en
faveur des moines scythes en 534). Il a des rapports encore plus
étroits avec le successeur de Jean II, le pape Agapet Ier, avec qui
il projette, en 535, de fonder une école de théologie à Rome (la
prise de Rome par Bélisaire en 536 met un terme à ce projet).
Le
moment crucial de la conversion est marqué par la rédaction de son
traité De Anima (538), et surtout de son commentaire aux psaumes,
Exposition psalmorum, qu'il compose vraisemblablement à
Constantinople (où il a dû se retirer après la prise de Ravenne
par Bélisaire, en 540).
L'événement
le plus important de cette période de retraite de Cassiodore est
sans doute la fondation du monastère de Vivarium, la date en est
discutée : On a parfois pensé que la fondation remontait à
540, mais il est peu probable que Cassiodore ait eu le temps de
fonder le monastère juste avant de partir en exil à Constantinople,
on pense que Cassiodore n'est rentré en Calabre qu'en 555 (le 13
août 554, la Pragmatique sanction de Justinien autorise les émigrés
Italiens à rentrer au pays), et qu'il a donc fondé le monastère,
sur les terres familiales à Squillace, à cette époque. Mais on
peut aussi envisager qu'il ait fondé Vivarium pendant qu'il était
préfet du prétoire (autour de 535), et qu'il n'y soit revenu que
beaucoup plus tard (555)...
LES INSTITUTIONS |
Cassiodore,
retiré à Vivarium, consacre sa longue retraite à son œuvre
littéraire (Institutions, Exposition epistulae ad Romanos, liber
memorialis ou liber titulorum, Complexiones apostolorum, De
orthographia, qu'il rédige à 93 ans).
On
ne connaît pas la date exacte de la mort de Cassiodore : Après
la rédaction de son traité De Orthographia (à 93 ans), il continue
à corriger ses œuvres antérieures (notamment les Institutiones),
mais considère que son œuvre littéraire est terminée (Iam tempus
est ut totius operis nostri conclusionem facere debeamus, préface au
De Orthographia).
On
situe donc la date de sa mort au plus tôt vers 580.
Toutes
les œuvres sont écrites en latin :
Laudes
(panégyriques royaux) : Cassiodore en compose dès 506.
Chronica :
liste consulaire, destinée à Eutharic, gendre de Théodoric et
héritier présomptif, mort en 519.
Historia
Gothorum : ouvrage en 12 livres, composé à la demande de
Théodoric. Cet ouvrage est aujourd'hui perdu, mais nous conservons
le résumé de Jordanès (De origine actibusque Getarum).
Variae :
recueil de 468 lettres et formules officielles, en 12 livres (on y
trouve les actes rédigés par Cassiodore comme questeur : l.
I-IV, comme maître des offices - l. V et VIII-IX, et comme préfet
du prétoire - l. X-XII ; les livres VI et VII réunissent des
formules de promotion ou de décret rédigées par Cassiodore),
celui-ci prétend ne livrer dans ce recueil que les actes qu'il a pu
retrouver (ce qui lui permet de dissimuler ce qui n'est pas à son
honneur, et entre autres tout ce qui concerne l'arrestation de Boèce
en 523).
Ordo
generis Cassiodororum : Liste des scriptores et eruditi de la
famille (conservée sous une forme corrompue, et sans doute résumée).
Liber
de anima : Traité sur l'âme composé à partir des Écritures
et des textes philosophiques cités par Claudien Mamert dans son De
statu animae, le liber de anima, composé vraisemblablement en 538,
marque le début de la conversion de Cassiodore.
Exposition
psalmorum : Projet conçu et commencé à Ravenne dès 538,
c'est le plus considérable des écrits de Cassiodore, qui consiste
en un commentaire à la fois grammatical, littéraire, ascétique et
théologique sur les Psaumes. Cet ouvrage s'inspire des Enarrationes
de Saint Augustin. Cassiodore a lui-même révisé cette œuvre
pendant sa retraite à Vivarium.
Institutiones :
c'est l'ouvrage le plus célèbre de Cassiodore, composé à
l'intention des moines de Vivarium (introduction aux Écritures et
aux arts libéraux), postérieur au séjour de Cassiodore à
Constantinople. Le premier livre des Institutions s'intitule
Institutiones divinarum litterarum (centré sur les Écritures), et
le deuxième Institutiones saecularium litterarum (centré sur les
arts libéraux : Arithmétique, astronomie, géométrie,
musique). Cassiodore a lui-même revu le texte dans ses dernières
années, et il était très âgé au moment de constituer un codex
archetypus, ce qui rend très complexe la tradition manuscrite.
Expositio
Epistulae ad Romanos : Remaniement du commentaire de Pélage sur
les 13 épîtres pauliniennes.
Codex
de grammatica
Liber
memorialis ou liber titulorum
Complexiones
apostolorum
De
Orthographia : Compilation d'extraits de Cornutus - Velius
Longus - Curtius Valerianus – Papirianus - Adamantius Martyrius -
Eutyches, Caesellius et Priscien.
Historia
ecclesiastica ou Historia tripartita, abrégée de Socrate - Sozomène
- Théodoret - traduction faite par Épiphane le Scolastique.
Antiquitatum
Iudaicarum libri XXII : traduction de Flavius Josèphe, qui a eu
une grande influence au Moyen Âge.
Adumbrationes
in Epistulas canonicas : extraits traduits et purgés des
Hypotyposes de Clément d'Alexandrie.
Commenta
Librorum Regum.
Commentaire
de Saint Jérôme « in propria IV evangeliorum ».
Recueils
canoniques.
Recueils
hagiographiques.
Florilèges
dogmatiques.
Psalterium
archetypum : manuscrit comprenant tous les Psaumes, ponctués
par Cassiodore lui-même.
Codex
Grandior de la Bible prévulgate : constitution d'un corpus
comprenant l'ensemble des Écritures, et destiné à la lecture
publique.
Vulgate
cassiodorienne, réalisée à partir de manuscrits qui passent pour
être des autographes de Saint Jérôme, ce corpus est sans doute à
l'origine du texte de la Vulgate dans le Codex Amiatinus, qui est le
manuscrit de base de notre Vulgate actuelle.
L'édition
la plus estimée de ses œuvres est celle de dom Garet, 2 vol.
in-fol., Rouen, 1679, et de Venise, 1729. Le Traité de l'âme a été
traduit en français par Amaury Bouchard.
Denis de Sainte-Marthe a écrit sa Vie.
M. Olleris a publié en 1841 une thèse sur Cassiodore, conservateur des livres latins.
Denis de Sainte-Marthe a écrit sa Vie.
M. Olleris a publié en 1841 une thèse sur Cassiodore, conservateur des livres latins.
Le
nom de Cassiodore appartient à l'histoire. Ce personnage illustre
n'est pas seulement un grand écrivain, il est aussi ministre et
homme d'État. Mais, quel terrible siècle que celui où il vécut
et combien la politique de cette époque devait être difficile,
impraticable, pour ne pas dire impossible. Magnus Aurelius Cassiodore
assiste à la chute de l'Empire d'Occident et subit les
envahissements des hordes sauvages qui se disputent les dépouilles
de Rome, après 1 200 ans de victoires et de prospérités. Il voit
de bonne heure que l'écroulement du vieux monde va amener le chaos,
l'ignorance, la barbarie, et il consacre toute son existence, soit
dans l'administration, soit dans les lettres, à empêcher la
disparition complète de la civilisation antique. Appelé dès sa
jeunesse par Théodoric, roi des Ostrogoths, au gouvernement des
affaires publiques, il est successivement secrétaire d’État,
questeur, grand chancelier, sénateur, préfet du prétoire, patrice
et enfin consul. C'est une position délicate et périlleuse pour un
Romain que d'être le premier ministre d'un prince barbare,
Cassiodore sait néanmoins se maintenir par son incontestable
supériorité et il réussit, jusqu'à la mort du roi, à défendre
les intérêts de sa patrie. On ne peut nier d'ailleurs qu'il
contribue largement à la grandeur du règne de Théodoric. Il
continue d'occuper les mêmes fonctions sous sa fille Amalasonthe,
qui est régente du jeune Athalaric. Plus tard, Théodat, ayant fait
étrangler la reine dans un bain et s'étant emparé définitivement
du trône, conserve auprès de lui Cassiodore... Celui-ci n'ose
refuser ce dangereux honneur, dans la crainte de livrer entièrement
ses concitoyens à la domination Gothique. Il sert même quelque
temps son successeur Vitigès, qu'il aide de ses conseils et de ses
lumières, mais, lorsqu'il voit Bélisaire à Rome et l'Italie un
instant affranchie du joug des envahisseurs, il en profite pour se
retirer du monde, après avoir publié le Traité de l’Âme et 12
livres de Lettres curieuses sur la politique et la diplomatie du VIe
siècle. Il va s'enfermer à Viviers, dans un monastère qu'il a
fondé. Il était alors âgé de 70 ans. Depuis cette époque jusqu'à
la fin de sa vie, qui dépasse peut-être cent années, Cassiodore
travaille sans relâche à réunir, à corriger et à transcrire les
précieux manuscrits que nous a laissés l'antiquité sur les
sciences, les lettres et les arts.
C'est
à lui que nous devons de posséder véritablement les classiques
grecs ou latins, qui, dans ces temps d'obscurité, fourmillent
d'erreurs ou d'incorrections, car, ayant formé une riche
bibliothèque d’ouvrages les plus variés, il habitue ses moiger
Cassiodore, il faut songer au siècle dans lequel il a écrit...
nes
à les copier. Les autres couvents font de même et l'exemple est
suivi jusqu'à l'invention de l'imprimerie... C'est ainsi que les
chefs-d'œuvre de l'esprit humain sont conservés à la postérité.
Cassiodore mérite à ce titre de la reconnaissance. C'est au milieu
de cette retraite qu'il compose la plupart de ses livres, qui, au
moyen âge, ont servi longtemps à l'enseignement. Sous le titre
d’Institutions des Lettres divines et humaines, il fait de savants
traités sur les sept arts libéraux et les parties du discours. Il
écrit une Histoire des Goths dont Jornandès nous a heureusement
conservé quelques extraits : Une Chronique depuis le déluge
jusqu'en 519 - des Commentaires sur les Psaumes - les Épîtres - les
Actes des Apôtres et l'Apocalypse, sans compter son fameux Traité
de l'Orthographe qu'il rédige lui-même, à l'âge de 93 ans. On a
aussi sous son nom une Histoire tripartite, mais c'est un abrégé de
Socrate, de Sozomène et de Théodoret, qui a pour auteur Epiphane le
Scolastique.
De
tous les ouvrages de Cassiodore, le Traité de l’Âme paraît
caractériser le mieux l'écrivain et former un ensemble plus complet
de ses doctrines. C'est d'ailleurs une œuvre essentiellement morale,
philosophique et chrétienne, qui possède une valeur réelle. On a
généralement reproché à l'auteur latin un peu trop de recherche
et de subtilité, cela ne l'empêche point d'avoir une grande
profondeur dans les pensées et beaucoup d'élévation dans le style.
Cassiodore
classes.bnf.fr/dossitsm/b-cassio.htm
Cassiodore,
480-575
: ... Il y passera les trente dernières années
de sa vie à mettre en oeuvre la transmission de l'héritage
gréco-romain à un Occident tombé …
remacle.org/bloodwolf/philosophes/cassiodore/ame.htm
Depuis cette
époque jusqu'à la fin de sa vie, qui dépassa cent années,
Cassiodore
travailla sans relâche à réunir, à corriger et à transcrire les
précieux ...