jeudi 4 mai 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 53

7 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 53 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

OCTAVIA LA MALCHANCEUSE

Claudia Octavia (en français Octavie, à ne pas confondre avec la sœur d'Auguste) est née en 40, sœur de Britannicus, fille de l'empereur Claude et de son épouse Messaline. Elle meurt le 9 juin 62.

Fiancée dès 49 au futur empereur Néron, après le mariage de la mère de celui-ci, Agrippine la Jeune avec Claude, elle l'épouse en 53. Il semble que ce mariage ne soit jamais consommé... (elle n'a que 13 ans et c'est un mariage purement politique).
Accusée de stérilité, elle est répudiée en 62 et exilée en Campanie. Néron la rappelle à Rome sous la pression du peuple, puis l'accuse d'adultère avec son ancien pédagogue Anicetus et d'avoir avorté pour cacher son crime. Elle est ensuite reléguée dans l'île de Pandataria (actuellement appelée Ventotene), puis contrainte à s’ouvrir les veines le 9 juin 62, à l'âge de 22 ans.

Claudia Octavia, fille de l'Empereur Claude et demi-sœur et première épouse de Néron. Une autre Octavie qui a donc marqué l'Histoire de Rome encore que le terme « marqué » soit peut-être un peu abusif, tant les historiographes évoquent un être falot, une jeune femme dépourvue de toute personnalité, toujours en arrière-plan des événements qu'elle ne fait que subir.
Cette Octavie-là est une victime : Du moins nous la présente-t-on comme telle... Mais peut-être convient-il d'étudier les textes, l'analyse révélant quelques surprises ou soulevant au minimum quelques interrogations.

Pourtant, l'histoire a tout du conte de fées, à mi-chemin entre « Cendrillon » et « Blanche-Neige «  : La mère de notre héroïne est morte et elle doit s’accommoder d'une méchante belle-mère, qu'elle affronte courageusement. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur elle épouse finalement le prince. C'est tomber de Carybbe en Scylla : A la fin de l'histoire, le prince lui fait couper la tête. (seulement 9 ans plus tard.)
A priori, on serait en droit de penser que naître dans la famille impériale, c'est quand même une sacrée chance... Sauf lorsque la famille en question est celle des Julio-Claudiens, nid de serpents à côté desquels les Atrides passent pour les anges du paradis. (famille, maudite par les dieux car le grand père d'Atrée, Tantale, fils de Zeus, fit manger à ceux-ci le corps de son fils Pélops. Le destin des Atrides est marqué par le meurtre, le parricide, l'infanticide et l'inceste. Seule Athéna interrompra le cycle de la violence en faisant juger Oreste, le matricide, sur la colline de l'Aréopage, par le premier tribunal criminel de la cité d'Athènes).
A la surprise générale (et la sienne en premier lieu) Claude est proclamé Empereur en 41, à la mort de son neveu Caligula. Il a déjà une fille, nommée Claudia Antonia, issue d'un précédent mariage. Mais, comme tous les Romains, il désire désespérément un héritier mâle, et il s'est remarié avec Messaline - oui, cette Messaline dont le nom est devenu synonyme de débauche et d'orgies sexuelles. Le couple a 2 enfants : Claudia Octavia, et Britannicus né en 41.

Malgré les nombreux écrits sur les règnes de Claude et Néron, on ne sait que peu de choses sur Octavie : Elle est certes née à Rome, mais on ignore même la date exacte de sa naissance. Tacite rapporte qu'elle est morte en 62, à l'âge de 20 ans (elle serait donc née en 42), tandis que Dion Cassius avance l'année 41. Les historiens contemporains ne sont convaincus par aucune des deux versions et penchent pour fin 39 ou début 40 c'est-à-dire alors que Claude, considéré comme un débile léger, ne jouit d'aucune considération à la cour impériale, de sorte que l'on n'a pas fait grand cas de la naissance de sa fille. Toujours est-il qu'elle porte le nom de son arrière-grand-mère et que Claude organise très vite ses fiançailles avec le préteur Lucius Junius Silanus Torquatus, descendant d'Auguste : Un bon mariage est donc assuré...

Selon les historiographes, Claude et Messaline vivent en parfaite harmonie, l'Empereur ignorant tout des multiples infidélités de sa nymphomane d'épouse... Du moins jusqu'à ce que Messaline décide de se remarier, sans en informer son impérial époux.
En réalité, on pense aujourd'hui qu'il s'agit  d'une cérémonie bacchique, que les affranchis de Claude prennent pour prétexte afin de lui faire croire à l'existence d'un complot visant à le renverser. Quoi qu'il en soit, l'entourage de l'Empereur le presse d'agir et de faire exécuter la traîtresse. Celle-ci utilise alors ses 2 enfants pour tenter d'endiguer la colère de l'Empereur la jeune Octavie est alors âgée d'environ 8 ans : « Messaline, malgré le trouble où la jette ce revers de fortune, prend la résolution hardie, et qui l'a sauvée plus d'une fois, d'aller au-devant de son époux et de s'en faire voir.
Elle ordonne à Britannicus et à Octavie de courir dans les bras de leur père, et elle prie Vibidia, la plus ancienne des vestales, de faire entendre sa voix au souverain pontife et d'implorer sa clémence. » (Tacite, « Annales », XI - 32.)

Claude est maintenant veuf. Poussé par son entourage et en dépit du résultat déplorable de ses précédentes unions, il décide de se marier une 4e fois... L'enjeu est d'importance : Tous savent que Claude est un homme influençable, et chaque parti tente donc de lui trouver une épouse susceptible d’œuvrer dans le sens de leurs intérêts. Tous défendent leur candidate, mais l'affranchi Pallas se montre le plus convaincant : Il prend le parti d'Agrippine. Mère de Néron (à l'époque connu sous le nom de Lucius Domitius Ahenobarbus), elle est une Julio-Claudienne de pure souche, ce qui contribue à renforcer le pouvoir impérial.
En fait, elle est tellement Julio-Claudienne qu'elle se trouve être la nièce de Claude, mais peu importe : On accorde vite une dérogation, et Claude épouse Agrippine. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

Pour Octavie, elle a d'autres projets, auxquels elle s'est attelée dès son union officialisée :
« Une fois sûre de son mariage, elle porte ses vues plus loin, et songe à en conclure un second entre Domitius (Néron), qu'elle avait eu de Cn. Ahénobarbus, et Octavie, fille de l’empereur.
Ce projet ne peut s'accomplir sans un crime car Octavie est fiancée à Silanus, et Claude, ajoutant à la renommée dont brille déjà ce jeune homme les ornements du triomphe et la magnificence d'un spectacle de gladiateurs, l'a désigné d'avance à la faveur publique. Cependant rien ne paraît difficile avec un prince qui n'a ni affection ni haine qui ne lui soit suggérée ou prescrite. » (Tacite, « Annales », XII - 3.)

Quel meilleur moyen de favoriser Néron que par une alliance avec la famille impériale ?! Du côté paternel, la famille de Néron n'est pas particulièrement illustre, de sorte que le mariage à une descendante des Julio-Claudiens apparaît indispensable... La promesse de mariage entre Octavie et Torquatus ayant été rompue (Torquatus, accusé d'inceste avec sa sœur, est au passage poussé au suicide), Agrippine obtient les fiançailles des 2 jeunes gens, qui se marient en 53. Néron a alors 16 ans, et Octavie 13. Techniquement, ils sont frère et sœur (puisque Néron est désormais le fils adoptif de Claude), mais on n'est plus à ça près ! 
« On résout au reste de ne pas différer, et à force de promesses on engage le consul désigné, Memmius Pollio, à proposer un sénatus-consulte par lequel Claude est prié de fiancer Octavie à Domitius.
Leur âge ne s'y oppose pas, et c'est un chemin ouvert à de plus grands desseins.(...) Octavie est fiancée, et Domitius, joignant à ses premiers titres ceux d'époux et de gendre, avance désormais égal à Britannicus, grâce aux intrigues de sa mère et à la politique des accusateurs de Messaline, qui craignant que son fils ne la venge un jour. » (Tacite, « Annales », XII-9).

L'union de Néron et d' Octavie est avant tout  politique. L'empereur y trouve son intérêt puisqu'elle lui apporte la légitimité des Julio-Claudiens. Comme on peut s'y attendre, le mariage arrangé n'est pas heureux. Néron n’éprouve aucune attirance pour son épouse, voire de la répulsion : Il s'ennuie à ses côtés et essaye même à plusieurs reprises de l'étrangler (selon cette langue de vipère de Suétone) ! Sans aller jusqu'à confirmer ces allégations douteuses, il est certain que Néron délaisse sa femme et entretient des liaisons extra-conjugales, d'abord avec l'affranchie Actée puis avec la fameuse Poppée.
Déclarant ouvertement qu' Octavie doit se contenter des « insignes » du mariage (c'est-à-dire du titre et des honneurs d'Impératrice. Ce qui n'est déjà pas si mal, et Octavie paraît s'en satisfaire, elle qui semble n'avoir jamais éprouvé le goût du pouvoir, et n'a jamais tenté de se libérer de la tutelle de son mari.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle elle est aimée et admirée par le peuple : Tacite nous la décrit comme une femme « de noble naissance et à l'honnêteté exemplaire » et insiste sur sa « vertu » (« Annales », XIII - 12 et 9).

De fait, l'Histoire a retenu d' Octavie l'image d'une éternelle victime, passive et résignée. Une femme certes vertueuse, mais effacée, geignarde et sans attrait (Notons au passage qu'il n'est jamais question de sa beauté ou de son intelligence...) qui, ouvertement bafouée, ne se rebelle même pas. On devine sans peine qu'une telle personnalité effacée ne peut séduire un homme comme Néron. Encore Octavie pourrait-elle consolider sa position en lui donnant un héritier mâle mais cela parait difficile, puisqu'elle a été reléguée dans un appartement séparé du palais, et que son mari refuse de partager son lit...

Évidemment Poppée tombe enceinte. Néron se décide alors à répudier Octavie, affirmant qu'elle est stérile, et il épouse Poppée 12 jours après le divorce.
« Néron n'eut pas plus tôt reçu le décret du sénat, que, voyant tous ses crimes érigés en vertus, il chasse Octavie sous prétexte de stérilité, ensuite il s'unit à Poppée. » (Tacite, « Annales », XIV-60.)

Mais Octavie reste très populaire, et son attitude modeste et discrète lui gagne le cœur de la foule, de sorte que le divorce provoque un tollé général. Commence alors une comédie ahurissante, digne des plus grandes tragédie antiques ! Néron tente de discréditer son ex-épouse, en mettant à mal sa réputation de vertu : On accuse Octavie d'avoir pris pour amant un esclave Égyptien, joueur de flûte, ajoutant à la faute d'adultère la basse extraction de l'amant supposé.
En dépit des dénégations de son entourage, Octavie est exilée de la cour et bientôt reléguée en Campanie sous la garde de quelques soldats. Châtiment bien mince, au vue de la gravité de l'accusation laquelle au demeurant bien maladroite et contre-productive, puisque la foule ne s'y laisse pas prendre et recommence à s'agiter.
LE MARIAGE D'OCTAVIA ET NÉRON
Face au mécontentement général, Néron est obligé de rappeler son ex-épouse. Le peuple est ravi, et manifeste sa joie en renversant les statues de Poppée et en couronnant de fleurs celles d' Octavie. Ce mouvement de foule affole encore plus Néron  :
« Alors, ivre de joie, la multitude monte au Capitole et adore enfin la justice des dieux, elle renverse les statues de Poppée, elle porte sur ses épaules les images d' Octavie, les couvre de fleurs, les place dans le Forum et dans les temples. Elle célèbre même les louanges du prince et demande qu'il s'offre aux hommages publics. Déjà elle remplit jusqu'au palais de son affluence et de ses clameurs, lorsque des pelotons de soldats sortent avec des fouets ou la pointe du fer en avant, et la chassent en désordre... On rétablit ce que la sédition a déplacé, et les honneurs de Poppée sont remis dans tout leur éclat. » (Tacite, « Annales », XIV, 59-60.)

« Cette femme (Poppée), dont la haine, toujours acharnée, est encore aigrie par la peur de voir ou la violence du peuple éclater plus terrible, ou Néron, cédant au vœu populaire, changer de sentiments, se jette à ses genoux, et s'écrie :
« Qu'elle n'en est plus à défendre son hymen, qui pourtant lui est plus cher que la vie, mais que sa vie même est menacée par les clients et les esclaves
d' Octavie, dont la troupe séditieuse, usurpant le nom de peuple, a osé en pleine paix ce qui se fait à peine dans la guerre. Que c'est contre le prince qu'on a pris les armes.
Qu'un chef seul a manqué, et que, la révolution commencée, ce chef se trouvera bientôt.
Qu'elle quitte seulement la Campanie et vienne droit à Rome, celle qui, absente, excite à son gré les soulèvements !...
Mais Poppée elle-même, quel est donc son crime ?
Qui a-t-elle offensé ?
Est-ce parce qu'elle donne aux Césars des héritiers de leur sang, que le peuple Romain veut voir plutôt les rejetons d'un musicien d'Égypte assis sur le trône impérial ?
OCTAVIA
Ah ! que le prince, si la raison d'État le commande, appelle de gré plutôt que de force une dominatrice, ou qu'il assure son repos par une juste vengeance !
Des remèdes doux ont calmé les premiers mouvements, mais, si les factieux désespèrent qu' Octavie soit la femme de Néron, ils sauront bien lui donner un époux. » (Tacite, Ibid.)

Poppée reprend l'hypothèse d'un enfant né de la liaison d' Octavie et de son esclave musicien, ce qui laisse encore plus perplexe :
Octavie n'était donc pas stérile, finalement ?!
Et l'accusation d'adultère est donc fondée ?
Pour une douce et insignifiante petite femme, Octavie devient en tous cas bien gênante !
La menace, réelle ou supposée, est même suffisamment alarmante pour que Néron s'affole.

L'accusation d'adultère n'a pas produit le résultat escompté, principalement à cause de la basse condition de l'amant supposé. Pour autant, l'idée n'est pas mauvaise, et on emploie donc le même procédé cette fois en choisissant un prétendant plus vraisemblable... Un homme de haute naissance, susceptible d'avoir séduit la noble Octavie, et accessoirement d'avoir comploté avec elle... Le choix de Néron se porte sur Anicetus, le commandant de la flotte qui a déjà joué un rôle important dans l'assassinat d’Agrippine.
Deux options s'offrent à lui : « avouer » la liaison coupable en échange d'un exil doré en Sardaigne, ou nier et mourir.
On devine qu' Anicetus n'hésite pas longtemps, et reconnaît tout ce que l'on veut : Oui, il est l'amant d' Octavie, et il confesse même qu'elle a porté son enfant, et qu'elle a avorté. Décidément, l'épouse stérile se révèle étonnamment féconde !

Muni de ses aveux, Néron peut définitivement exiler Octavie dans l'île de Pandeteria (aujourd'hui Ventotene), déjà tristement célèbre pour avoir accueillie Julie, la fille d'Auguste, éloignée de Rome pour les mêmes raisons. Les relégations successives d'autres figures féminines impériales n'ont pas traumatisé les Romains,  mais Tacite donne une description dramatique et poignante du départ en exil d' Octavie.
Le peuple, vraiment, éprouve pour cette malheureuse une affection étonnante :
« Jamais exilée ne tire plus de larmes des yeux témoins de son infortune. (...) Pour Octavie, le jour de ses noces est un jour funèbre : Elle entre dans une maison où elle ne doit trouver que sujets de deuil, un père, puis un frère, empoisonnés coup sur coup, une esclave plus puissante que sa maîtresse, Poppée ne remplaçant une épouse que pour la perdre, enfin une accusation plus affreuse que le trépas. » (Tacite, « Annales », XIV - 63.)

Même reléguée loin de Rome, il faut croire qu'Octavie est encore suffisamment dangereuse pour que sa mort soit jugée nécessaire : Elle reçoit quelques jours plus tard l'ordre de se suicider. Comme sa mère avant elle, elle ne peut s'y résoudre : Il faut lui forcer la main...

« On la lie étroitement, et on lui ouvre les veines des bras et des jambes. Comme le sang, glacé par la frayeur, coule trop lentement, on la met dans un bain très-chaud, dont la vapeur l'étouffe. » (Tacite, « Annales », XIV - 64.)

Ou l'art de se compliquer la vie : Comme avec Messaline, un bon coup d'épée aurait été plus rapide ! Tacite ajoute que, « par une cruauté plus atroce encore, sa tête ayant été coupée et apportée à Rome, Poppée en soutint la vue. »... Encore n'accuse-t-on pas la nouvelle impératrice d'avoir réclamé ce spectacle...
Ainsi meurt Octavie, le 8 Juin 62, âgée d'à peine une vingtaine d'années.
Néron sera sujet à des cauchemars récurrents, dans lesquels il verra apparaître sa mère et Octavie. Après la mort de Poppée quelques années plus tard, il reconsidérera la possibilité d'une alliance avec les Julio-Claudiens, et tentera d'épouser la sœur d' Octavie, Claudia Antonia. Celle-ci refusera et sera exécutée... Voilà qui est typique de cette joyeuse famille : On meurt si on épouse l'Empereur, et on meurt si on en l'épouse pas !
NERO & Wife CLAUDIA OCTAVIA 55AD Rare Ancient Roman ... - eBay
www.ebay.com › ... › Roman: Provincial (100-400 AD)
Traduire cette page
Suetonius wrote ".for even if he was not the instigator of the emperor's death, he was at least privy to it, as he openly admitted; for he used afterwards to laud ...

Claudia Octavia — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudia_Octavia
Claudia Octavia (en français Octavie, à ne pas confondre avec la sœur d'Auguste) est née en 40, sœur de Britannicus, fille de l'empereur Claude et de son ..

La Toge Et Le Glaive: Octavie : sœur de Britannicus, épouse de Néron.
latogeetleglaive.blogspot.com/2014/11/octavie-sur-de-britannicus-epouse-de.html
16 nov. 2014 - En l'occurrence, je vais parler aujourd'hui de Claudia Octavia, fille de l'Empereur Claude et demi-sœur et première épouse de Néron.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire