dimanche 21 mai 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 41

19 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 41 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN EMPEREUR FOU FURIEUX : CALIGULA,

Caligula (31 août 12 à Antium - 24 janvier 41 à Rome) est le 3e empereur Romain, régnant de 37 à 41, succédant à Tibère. Après un début de règne prometteur, où il est en grande faveur auprès du peuple Romain, il devient peu à peu un empereur autocratique, délaissant et assassinant ceux qui ont soutenu son ascension, tout en vouant une grande haine pour le Sénat. Il meurt assassiné à Rome par plusieurs membres de la garde prétorienne en 41.
Caius Augustus Germanicus, dit Caligula (petite sandale en latin), fils du très populaire Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, naît la veille des calendes de septembre en l'an 12, sous le consulat de son père et de C. Fontenius Capito. Il est le petit neveu (et aussi le fils adoptif) de l'empereur Tibère, lui-même beau-fils et fils adoptif de l'empereur Auguste. Caligula est aussi l'arrière-petit-fils en ligne directe d'Auguste. Il a 5 frères et sœurs : Nero Iulius Caesar, Drusus III, Drusilla, Agrippine la jeune et Julia Livilla.

Selon Suétone, ce n'est que vers l'âge de deux ans qu'il est envoyé en Germanie rejoindre sa famille. Enfant, il accompagne sa mère qui suit souvent son père dans les camps militaires et ses bottines adaptées à ses petits pieds lui valent le surnom de « Caligula » (diminutif de caligae), qu'il finit par détester. Il fait partie du voyage vers la Syrie, qui voit la mort de son père.
À son retour, il est d'abord confié à sa mère, Agrippine l'Aînée, puis, après la relégation de celle-ci à son aïeule Livie.

En 29, à la mort de cette dernière, il prononce son éloge funèbre et va demeurer chez sa grand-mère Antonia, avant de rejoindre finalement Tibère.
Tibère a assigné sa succession conjointement à son propre fils Gemellus et à Caligula, qui se fait seul reconnaître par le Sénat en l'an 37.
Le nouvel empereur adopte d'abord Gemellus, avant de le faire exécuter en 37 ou 38 pour un obscur complot...

« Lui succède Caius, fils de Germanicus et d'Agrippine, que l'on nomme aussi Germanicus et Caligula. Tibère a en fait laissé le pouvoir suprême à son petit-fils Gemellus, mais Caligula fait parvenir au Sénat les dispositions testamentaires par l'intermédiaire de Macron, les rendant caduques grâce à l'intervention des consuls et grâce à d'autres qu'il a placés là à cet effet, invoquant la folie du testateur qui remet les rênes à un enfant qui n'a même pas encore le droit d'entrer dans la salle du Conseil.
C'est ainsi que promptement, à cette époque, Caligula lui enlève le pouvoir, et plus tard, bien que l'ayant adopté, le fait assassiner. » — Dion Cassius, Histoire romaine, 59,1

Pendant 6 mois, les Romains peuvent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur fait oublier la sinistre fin du règne de Tibère.
Pour ses premières actions, le Sénat lui décerne un bouclier honorifique en or, que, tous les ans, les collèges des pontifes doivent porter au Capitole, suivis du sénat et de la jeune noblesse qui chantent des hymnes à sa louange.
Son règne bascule par la suite dans la démesure. Ce changement a longtemps été mis sur le compte d'une grave maladie à l'automne 37 mais une analyse minutieuse montre qu'elle n'entraîne aucun changement politique significatif.

Dès lors il s'achemine comme son grand-oncle vers le despotisme, s'adonnant, selon certaines sources, à la débauche (on lui prête entre autres une longue liaison incestueuse avec sa sœur Drusilla, qui peut trouver sa source dans la volonté d'imiter les mariages consanguins égyptiens et la tentation du despotisme oriental, que l'on retrouve chez Néron).
Certains assurent qu'il est en fait déjà atteint psychologiquement avant son avènement, mais que, le pouvoir aidant, il devient vite un empereur tyrannique et mégalomane, se prenant pour Jupiter. (Le pouvoir au lieu de magnifier les qualités d'un homme en appuie les défauts,) Cependant, de nombreux historiens et écrivains modernes s'interrogent sur la folie réelle du jeune empereur. L'étude des sources anciennes remet en question la théorie de « l'empereur fou ».

Il ridiculise le Sénat et l'institution des consuls (notamment en prostituant les femmes des sénateurs), fait assassiner ou bannir la plupart de ses proches, et on l'accuse encore de s'être amusé à faire pratiquer d'horribles tortures en plus de meurtres arbitraires.
La principale source sur son règne, Suétone, est cependant très partisane, les méthodes de Caligula ne différant guère de celles de la plupart des Princeps. Il se concilie cependant le peuple notamment avec les jeux du cirque. (le peuple est malheureusement toujours très sensible à ce genre de manifestation qui leur font oublier leurs tracas en les noyant dans de fausses réjouissances. (cirques gladiateurs football ou jeux olympiques lesquels coûtent des fortunes qui appauvrissent pour longtemps les finances de l’État)

« Il est en toutes choses d'une inconstance telle que non seulement il se met à copier l'impudence et la soif de sang de Tibère qu'il a pourtant critiquées, en les dépassant même, sans imiter cependant les qualités qu'il a louées. Il est le premier à l'insulter, le premier à l'outrager.
D'un côté il déteste certaines personnes en tant qu'ennemis de Tibère, à cause de leur injures, mais d'un autre il déteste ceux qui le louent, sous prétexte de leur amitié pour lui.
Bien qu'ayant supprimé les accusations de lèse-majesté, il fait périr de nombreuses personnes pour ce motif.
Au début il interdit qu'on lui élève des statues, il supprime aussi un décret instaurant des sacrifices à sa fortune, au point qu'il le fait graver sur une stèle, mais il impose ensuite temples et sacrifices en son honneur, comme à un dieu.
La foule, la solitude lui plaisent tour à tour ?
Qu'on lui demande quelque chose ou qu'on ne lui demande rien, il se fâche.

C'est avec une très grande promptitude qu'il s'occupe de certaines affaires, et il en est d'autres qu'il assume avec une très grande nonchalance.
Dépensant sans compter, mais il thésaurise aussi de façon sordide.
Ceux qui le flattent, ceux qui lui parlent librement, il les traite pareillement avec irritation et joie. Il néglige de châtier beaucoup de grands criminels, et met à mort beaucoup de grands innocents ». — Dion Cassius, Histoire romaine, 59,4

Une dernière conjuration a enfin raison du princeps : En l'an 41, après 3 ans 10 mois et 8 jours de règne selon Suétone, on l'assassine dans sa 28e année avec l'aide des soldats de sa garde, sans que l'on sache qui est le commanditaire.

Juste après Tibère, Caligula, toujours de la même famille impériale (les Julio-Claudiens), est un autre exemple extrême de l'étonnant système politique Romain.
La succession familiale l'a placé sur le trône, les institutions ne peuvent l'en déloger et les conjurations l'abattre :
Séduit par l'Orient, il compte régner à Rome comme un prince oriental qui, à l'exemple d'un Dieu vivant, dispose de ses sujets comme des objets et n'a de compte à rendre à personne...
On ne s'accorde pas sur le lieu de sa naissance. Cneius Lentulus Gaetulicus dit qu'il est né à Tibur
Pline prétend que c'est dans le village appelé Ambitarvius, dans le pays de Trèves, au-dessus de Coblence.

L'inscription des autels dont se prévaut Pline n'appuie en rien sa thèse, puisque Agrippine met au monde 2 filles dans ce pays-là, et qu'on applique le mot « puerperium » à toute espèce d'accouchement sans distinction de sexe, car les anciens appellent les filles « puerae » et les garçons « puelli ».
Peu de mois avant sa mort Auguste, écrit à sa petite-fille Agrippine : Voici comme il y parle de Caius (et alors il n'y a plus d'autre enfant de ce nom) : « Je suis convenu hier avec Talarius et Asillius que, s'il plaît aux dieux, ils partiront le 18 mai avec le petit Caius. J'envoie avec lui un médecin de ma maison, et j'écris à Germanicus de le garder, s'il le veut.
Porte-toi bien, mon Agrippine, et tâche d'arriver en bonne santé auprès de ton Germanicus. »
Cette lettre prouve suffisamment, que Caius n'est point né à l'armée, puisqu'il a près de 2 ans lorsqu'il y est amené de Rome pour la première fois.

Il doit le surnom de Caligula à une plaisanterie militaire, venant des chaussures qu'il porte dans le camp où il est élevé. C'est surtout après la mort d'Auguste que l'on s'aperçoit combien cette éducation, au milieu des soldats, leur inspire d'attachement pour lui.
Sa seule présence arrête la fureur des séditieux prêts à se porter aux plus grands excès. Ils ne s'apaisent que lorsqu'ils voient que, pour le dérober au danger, on va l'envoyer dans une ville voisine. Alors, pénétrés de repentir, ils retiennent son char, et demandent avec instance qu'on leur épargne cet affront.

Accompagnant son père dans l'expédition de Syrie. À son retour, il demeure chez sa mère, puis auprès de sa bisaïeule Livia Augusta. À 21 ans, il est appelé à Caprée par Tibère, et le même jour, prend la toge et se fait raser la barbe, sans recevoir aucun des honneurs qui ont accompagné ses frères à leur entrée dans le monde.
Il ne paraît pas s'apercevoir du malheur des siens, comme s'il ne leur était jamais rien arrivé, et commet ses affronts avec une dissimulation incroyable. Sa complaisance pour Tibère et pour ceux qui l'entourent est telle, que l'on a dit de lui, avec raison, qu'il n'y a point de meilleur valet ni de plus méchant maître...

Toutefois, dès ce temps-là, il ne peut cacher ses inclinations basses et cruelles. Il assiste avec une curiosité extrême aux supplices des condamnés.
La nuit, il court les tavernes et les mauvais lieux, enveloppé d'un long manteau, et la tête cachée sous de faux cheveux. Il est passionné pour la danse et le chant du théâtre. Tibère ne contrarie pas trop ces goûts, espérant qu'ils pourront adoucir son caractère farouche. Le subtil vieillard le connaissait à fond, et quelquefois disait tout haut : « Caius ne vit que pour ma perte et pour celle de tous. J'élève une hydre pour le peuple Romain, et un Phaéton pour l'univers. »

Peu de temps après il épouse Junia Claudilla, fille de M. Silanus, l'un des plus nobles Romains. Nommé augure à la place de son frère Drusus, avant d'en exercer les fonctions, il passe au pontificat. Tibère, alors privé de tout autre appui, et se méfiant de Séjan, dont il se défait bientôt après, éprouve ainsi le caractère et l'attachement de Caius, qu'il approche du trône par degrés. Pour être plus assuré d'y monter, Caius, perdant Junie à la suite de couches, séduit Ennia Naevia, femme de Macron, chef des cohortes prétoriennes, et s'engage par serment et par écrit à l'épouser, s'il parvient à l'empire. Dès qu'il a ainsi gagné Macron, suivant quelques historiens, il empoisonne Tibère... L'empereur respire encore quand il lui fait enlever son anneau, et, comme il paraît vouloir le retenir, il fait jeter sur lui un coussin, et même l'étrangle de sa propre main... Un affranchi, qui s'est récrié sur l'atrocité de l'acte, est aussitôt mis en croix. Ce récit paraît d'autant plus vraisemblable, que Caligula lui-même se vante, selon quelques auteurs, sinon d'avoir commis ce parricide, du moins de l'avoir projeté.

En montant ainsi sur le trône, il comble les vœux du peuple Romain ou plutôt de l'univers. Il est cher aux provinces et aux armées qui l'ont vu enfant, et cher à tous les habitants de Rome qui honorent en lui le fils de Germanicus et plaignent les malheurs d'une famille presque éteinte.
Aussi, dès qu'il sort de Misène, quoiqu'il suit le convoi de Tibère en habit de deuil, il s'avance au milieu des autels, des victimes et des flambeaux, escorté d'une foule immense et remplie d'allégresse, qui se presse à sa rencontre. Tous lui donnent les noms les plus flatteurs, et l'appellent leur astre, leur petit, leur élève, leur nourrisson.

À son entrée dans Rome, du consentement unanime des sénateurs et du peuple qui se précipite dans leur assemblée, il est sur-le-champ investi du pouvoir souverain, malgré le testament de Tibère qui lui donne pour cohéritier son autre petit-fils encore revêtu de la robe prétexte.
La joie publique est si grande, qu'en moins de 3 mois, on égorge, dit-on, plus de 160 000 victimes.
Quelques jours après, comme il s'est transporté dans les îles de la Campanie les plus voisines, on fait des vœux pour son retour, tant on cherche les occasions de lui témoigner sollicitude et l'intérêt qu'on prend à sa conservation.
Il tombe malade. Alors le peuple passe la nuit autour de son palais, et plusieurs font vœu de combattre ou de s'immoler pour son rétablissement. À ce prodigieux amour des citoyens se joint la plus grande considération des étrangers. Le roi des Parthes, Artaban, qui a toujours affiché son mépris et sa haine pour Tibère, recherche l'amitié de Caligula et vient, au-delà de l'Euphrate, rendre hommage aux Aigles Romaines et aux images des Césars.

L'affection que Caius témoigne à tout le monde le fait chérir de plus en plus. Après avoir prononcé devant le peuple assemblé l'éloge funèbre de Tibère en versant beaucoup de larmes, et avoir en son honneur ordonné de magnifiques funérailles, il se hâte d'aller à Pandataria et à Ponties recueillir les cendres de sa mère et de ses frères.
Pour mieux faire éclater sa piété filiale, il part malgré la saison contraire, approche de ces restes avec respect, et les renferme lui-même dans des urnes. Avec beaucoup de cérémonies il les transporte jusqu'à Ostie, et de là à Rome en remontant le Tibre, sur une galère à 2 rangs de rames, à la poupe de laquelle flotte un pavillon. Ces cendres sont reçues par les plus nobles des chevaliers, et transférées en plein jour, sur 2 brancards, dans un mausolée.
En leur honneur il impose des sacrifices annuels, et en mémoire de sa mère des jeux du cirque, où son image est portée sur un char comme celle des dieux.
En commémoration de son père, il donne au mois de septembre le nom de Germanicus.

Il chasse de Rome les inventeurs de débauches monstrueuses, et l'on n'obtient qu'avec peine qu'il ne les fasse pas noyer. Faisant rechercher les ouvrages de Titus Labienus, de Cremutius Cordus et de Cassius Severus, supprimés par des sénatus-consultes. Il en permet la distribution et la lecture, comme étant très intéressé lui-même à ce que l'histoire soit fidèlement écrite.
Il publie la situation de l'empire, suivant la coutume d'Auguste, interrompue par Tibère.

Donnant des combats de gladiateurs, tantôt dans l'amphithéâtre de Taurus, tantôt dans le champ de Mars. Il y mêle des troupes de lutteurs Africains et Campaniens, choisis parmi les plus habiles au pugilat. Quand il ne préside pas lui-même au spectacle, il charge de ce soin des magistrats ou ses amis. Il donne souvent aussi des jeux scéniques de diverses espèces en beaucoup d'endroits, quelquefois même la nuit, et alors il fait illuminer toute la ville, distribuant au peuple toutes sortes de présents, et des corbeilles renfermant des rations de pain et de viande.
Le genre de spectacle qu'il imagine quelque temps après est incroyable et inouï. Il jette un pont de Baïes aux digues de Pouzzoles, sur une longueur de 3 700 pas. À cet effet, il réunit de toutes parts des bâtiments de transport, les met à l'ancre sur une double rangée, les couvre de terre, et leur donne la forme de la voie Appienne.

Jusqu'ici on parle d'un prince, maintenant vient un monstre :
Chargé d'une foule de surnoms, tels que le pieux, l'enfant des armées, le père des soldats, le très bon, le très grand, après un souper qu'il a donné à des rois venus à Rome pour lui rendre leurs devoirs, il les entend se disputer entre eux sur la noblesse de leur origine, et s'écrie : « N'ayons qu'un roi, qu'un chef auquel tout soit soumis ». Et il s'en faut de peu qu'il ne prenne aussitôt le diadème et ne convertisse l'appareil du souverain pouvoir en insignes de la royauté. Mais, comme on l'avertit qu'il a surpassé la grandeur des princes et des rois, il commence à s'attribuer la majesté divine...
Il fait venir de Grèce les statues des dieux les plus célèbres par leur perfection ou par le respect des peuples, entre autres celle de Jupiter Olympien. Leur faisant ôter la tête il met à la place la sienne. Il prolonge jusqu'au Forum une aile de son palais, et transforme en vestibule le temple de Castor et Pollux.
Souvent il vient se placer entre ces 2 frères et s'offre aux adorations de ceux qui entrent.

Il ne veut pas qu'on croît ni qu'on dise qu'il est petit-fils d'Agrippa, à cause de la bassesse de son origine, et il se fâche lorsque, en prose ou en vers, on le range parmi ses aïeux les Césars. Il dit hautement que sa mère est née d'un inceste d'Auguste avec sa fille Julie, et non content de calomnier ainsi la mémoire d'Auguste, il défend que l'on célèbre par des fêtes solennelles les victoires d'Actium et de Sicile, qu'il nomme des journées déplorables et funestes au peuple Romain.

Il entretient un commerce criminel avec toutes ses sœurs. À table, il les fait placer tour à tour au-dessous de lui, tandis que sa femme est au-dessus. On croit qu'il abuse de Drusilla, lorsqu'il porte encore la robe prétexte. On prétend même qu'il est surpris avec elle par son aïeule Antonia chez laquelle on les élève tous deux. Lorsqu'elle meurt, il ordonne une suspension générale de toutes les affaires, décrétant crime capital le rire, le bain, ou de mangé avec ses parents, sa femme ou ses enfants.
Ne pouvant résister à sa douleur, il s'échappe la nuit de Rome, traverse la Campanie, se rend à Syracuse, et en revient brusquement, laissant croître sa barbe et ses cheveux. Il n'a pour ses autres sœurs ni un amour aussi vif ni de pareils égards : Il les prostitue souvent à ses compagnons de débauche.

Ptolémée, fils du roi Juba et cousin de Caligula (car il est petit-fils de Marc-Antoine, étant né de sa fille Séléné), et Macron, et cette même Ennia, qui l'élèvent à l'empire, tous, pour prix de leur parenté ou de leurs services, périssent d'une mort sanglante.

Il n'est pas plus respectueux ni plus humain envers le sénat.

Il destitue les consuls pour avoir oublié d'annoncer par un édit l'anniversaire de sa naissance, et l'empire reste pendant 3 jours sans autorité souveraine.

Il fait battre de verges son questeur

Il traite avec la même hauteur et la même violence les autres ordres de l'État.

Importuné par le bruit de ceux qui, dès le milieu de la nuit, se hâtent de s'emparer au cirque des places gratuites, il les fait chasser à coups de bâton. Plus de vingt chevaliers Romains, autant de matrones et une foule d'autres personnes sont écrasés dans cette répression.

Il se plaît à exciter des querelles entre le peuple et les chevaliers.

Au milieu d'un spectacle de gladiateurs, il ordonne tout à coup qu'on retire les toiles qui garantissent l'assemblée des ardeurs du soleil, et défend à quiconque de sortir.

Au lieu des combats ordinaires, il fait entrer dans le cirque des bêtes épuisées, les gladiateurs les plus vieux et les plus abjects, et même des gladiateurs de rebut, ainsi que des pères de famille connus, mais affligés de quelque infirmité. Quelquefois il fait fermer les greniers publics et annonce au peuple une famine.

Comme on achète fort cher les animaux qui servent de nourriture aux bêtes destinées au spectacle, il leur fait livrer les criminels... À cet effet, il visite lui-même les prisons, et, sans examiner la cause de la détention de chacun des prisonniers, il se tient sous le portique, et condamne aux bêtes tous ceux qui y sont enfermés.

Il condamne aux mines, ou aux travaux des chemins, ou aux bêtes, une foule de citoyens distingués, après les avoir flétris d'un fer brûlant.

Il y en a qu'il enferme dans des cages où ils sont obligés de se tenir à 4 pattes, et en fait scier d'autres par le milieu du corps.

Il force les pères à assister au supplice de leurs enfants.

Il fait battre avec des chaînes pendant plusieurs jours de suite l'intendant de ses spectacles et de ses chasses, et n'ordonne sa mort que lorsqu'il se sent incommodé de l'odeur de sa cervelle en putréfaction.

Il condamne à être brûlé au milieu de l'amphithéâtre, l'auteur d'une Atellane, à cause d'un vers qui renferme une plaisanterie à double sens.

Un chevalier Romain, exposé aux bêtes, s'étant écrié qu'il est innocent sur l'ordre de César, on l'emmène, on lui coupe la langue, et on le ramène au supplice. Etc.

L'atrocité de ses paroles rend encore plus exécrable la cruauté de ses actions. Il ne trouve, dans son caractère, rien de plus beau et de plus louable que ce qu'il appelle son inflexibilité.

Son aïeule Antonia lui fait quelques remontrances. Non content de n'y avoir aucun égard : « Souvenez-vous, lui dit-il, que tout m'est permis, et envers tous. »

Il va donner l'ordre de massacrer son frère qu'il soupçonne de s'être muni de contrepoison : « Quoi, dit-il, un antidote contre César ? »

Lorsqu'il exile ses sœurs, il leur dit avec menace « qu'il a non seulement des îles, mais des glaives. »

Tous les 10 jours il fait la liste des prisonniers qu'on doit exécuter, et il appelle cela « apurer ses comptes. »
Un jour qu'il a condamné en même temps des Grecs et des Gaulois, il se vante « d'avoir subjugué la Gallo-Grèce ». etc.

Il ne fait guère périr ses victimes qu'à petits coups réitérés, et l'on connaît de lui ce mot qu'il répète souvent : « Fais en sorte qu'ils se sentent mourir. »

Une méprise de nom ayant fait punir un autre homme que celui qu'il destine au supplice : « Celui-ci, dit-il, l'a autant mérité que l'autre. »

Il a fréquemment à la bouche ce mot d'une tragédie : « Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent. »

Il s'emporte souvent contre tous les sénateurs, et les appelle créatures de Séjan ou dénonciateurs de sa mère et de ses frères, et, produisant les pièces qu'il a feint de brûler, il justifie la cruauté de Tibère autorisée par tant d'accusations.

Il ne cesse d'attaquer l'ordre des chevaliers comme idolâtre de jeux et de spectacles.
Irrité de voir le peuple d'un avis contraire au sien dans une représentation théâtrale, il s'écrie : « Plût aux dieux que le peuple Romain n'eût qu'une tête ! ». etc.

La même cruauté qui accompagne ses paroles et ses actions, ne le quitte pas dans ses délassements, dans ses jeux, et dans ses festins. Souvent, pendant qu'il dîne ou fait une orgie, on applique la question sous ses yeux.

Un soldat, habile à décapiter, coupe indifféremment toutes les têtes des prisonniers.

À la dédicace du pont qu'il imagine de construire à Pouzzoles, il appelle près de lui une foule de gens qui sont sur le rivage, et tout à coup il les jette tous dans la mer.
Quelques-uns saisissent les gouvernails des navires, mais il les fait submerger à coups de rames et d'avirons.

À Rome, dans un repas public, un esclave a détaché d'un lit une lame d'argent. Il le livre sur-le-champ au bourreau, ordonne qu'on lui coupe les mains, qu'on les suspende à son cou, et qu'on le promène devant tous les convives, précédé d'un écriteau qui indique la cause de son châtiment.

Un gladiateur, qui s'exerce avec lui à la baguette, s'étant laissé tomber volontairement, Caligula le perce d'un poignard, et court, la palme à la main, comme les vainqueurs.

Au moment où l'on va faire un sacrifice, il prend l'habillement de ceux qui égorgent les victimes, et, ayant levé sa massue, il immole le sacrificateur.

Dans un splendide festin, il se met tout à coup à éclater de rire. Les consuls, assis à ses côtés, lui demandent avec douceur pourquoi il rie : « C'est que je songe, dit-il, que, d'un signe de tête, je puis vous faire égorger tous deux. »

Un jour, étant devant une statue de Jupiter, il demande à l'acteur tragique, Appelle, lequel des deux lui paraît le plus grand. Comme l'acteur hésite à répondre, il le fait battre de verges, et ne cesse de louer sa voix suppliante, qu'il trouve extrêmement douce.

Toutes les fois qu'il baise le cou de sa femme ou de sa maîtresse, il ajoute : « Cette belle tête tombera quand je voudrai. » ajoutant qu'il ferait donner la question à sa chère Césonia pour savoir d'elle pourquoi il l'aime tant.

Il pense anéantir les poèmes d'Homère. « Pourquoi, dit-il, n'userais-je point du même droit que Platon qui l'a banni de sa république ? »
Peu s'en faut qu'il n'enlève de toutes les bibliothèques les écrits et les portraits de Virgile et de Tite-Live. Il trouve l'un sans génie et sans science, et l'autre un historien verbeux et inexact, jurant qu'il fera en sorte qu'il n'y ait plus d'autre arbitre que lui.

Il n'épargne ni sa pudeur ni celle d'autrui. On dit que, passionné pour M. Lepidus, pour Mnester le pantomime, il entretient avec, eux un commerce infâme. Valerius Catulus, jeune homme d'une famille consulaire, lui reproche hautement d'avoir abusé de son âge jusqu'à lui briser les reins. Sans parler de ses incestes avec ses sœurs et de son amour connu pour la courtisane Pyrallis, il ne respecte aucune des femmes les plus illustres... Souvent il les invite à souper avec leurs maris, les fait passer devant lui, et les soumet à un examen attentif et lent, comme pour les acheter, il va même jusqu'à leur relever le menton avec la main, si la pudeur leur fait baisser la tête. Puis, prenant à part celle de son choix, et sortant de la salle à manger plusieurs fois, rentre quelque temps après avec les marques toutes récentes de la débauche, il loue ou critique ouvertement ce que sa personne et ses rapports avec elle ont d'agréable ou de défectueux.

Ayant épuisé le trésor de l'état il a recours aux rapines et imagine un nouveau genre de chicanes, d'enchères et d'impôts. Il conteste le droit de cité aux descendants de ceux qui l'ont obtenu pour eux et leur postérité, à moins qu'ils n'en soient les fils, parce que le mot « posteri » ne s'étend pas au-delà de la première génération. (C'est sans doute pour cela qu'aujourd'hui certains trouve que la famille se réduit aux parents et aux enfants oublieux de tout se qui fait une filiation et une généalogie) Il annule, comme vieux et surannés, les titres émanés de Jules César et d'Auguste.

Il lève des impôts nouveaux et inouïs jusqu'alors, d'abord par des fermiers publics, puis, comme les bénéfices deviennent immenses, par des centurions et des tribuns prétoriens. Il n'y a aucune chose et aucune personne qui ne soit taxée. On met un droit fixe sur tous les comestibles qui se vendent à Rome (Aujourd'hui cela s'appelle la TVA). On prélève sur les procès et les jugements, en quelque lieu qu'ils soient rendus, le quarantième de la somme en litige, et il y a une peine pour ceux qui sont convaincus d'avoir voulu transiger ou renoncer à l'affaire. Les portefaix sont obligés de donner le huitième de leur gain journalier, et les courtisanes ce qu'elles gagnent dans chaque visite. La loi ne se borne pas là. Celles qui ont exercé le métier d'entremetteuses ou de prostituées sont soumises à ce droit. Les mariages même n'en sont pas exempts.

Caligula a la taille haute, le teint très pâle, le corps mal fait, le cou et les jambes extrêmement grêles, les yeux enfoncés, les tempes creuses, le front large et menaçant, les cheveux rares, le sommet de la tête dégarni, le reste du corps velu... Aussi est-ce un crime capital de regarder d'en haut quand il passe, ou de prononcer le mot chèvre pour quelque raison que ce soit. Son visage est naturellement affreux et repoussant, il n'est sain ni de corps ni d'esprit. Épileptique dès son enfance, dans l'âge adulte il est quelquefois sujet à des défaillances subites au milieu de ses travaux, ne pouvant ni marcher, ni se tenir debout, ni revenir à lui, ni se soutenir.

Au milieu de tant d'extravagances et d'excès, certains n'ont pas manqué de courage pour l'attaquer. Une ou deux conspirations ayant été découvertes, et, tandis que leurs concitoyens hésitent, faute d'occasion, 2 Romains se concertent, et mettent leur projet à exécution, après s'être ménagé des intelligences avec les plus puissants de ses affranchis, et avec les préfets du prétoire, qui, ayant été désignés, quoique à tort, comme complices dans une conjuration, sentent qu'ils sont devenus odieux et suspects.
Caligula s'est attiré toute leur haine, lorsque, les prenant à part, il leur a protesté, le glaive nu, qu'il est prêt à se donner la mort, s'il leur paraît la mériter. Il ne cesse, depuis ce temps, de les accuser les uns auprès des autres, et de les compromettre entre eux.
On résout de l'attaquer à midi au sortir d'un spectacle qui doit avoir lieu dans son palais.
Cassius Chéréa, tribun de la cohorte prétorienne, demande à porter le premier coup. Il est déjà vieux, et Caius a coutume de lui prodiguer toutes sortes d'outrages, en le traitant de mou et d'efféminé. Quand il vient lui demander le mot d'ordre, il répond « Priape » ou « Venus ». Quand il le remercie pour une raison quelconque, il ne lui présente sa main à baiser qu'en lui imprimant une attitude et un mouvement obscènes.

Sa mort est annoncée par un grand nombre de présages :
À Olympie, la statue de Jupiter qu'il veut enlever pour la transporter à Rome, fait tout à coup un si grand éclat de rire, que les ouvriers laissent tomber leurs machines et s'enfuient.
Aussitôt il survient un certain Cassius qui prétend avoir reçu en songe l'ordre d'immoler un taureau à Jupiter.
Aux ides de mars, le capitole de Capoue est frappé de la foudre, et à Rome, la chapelle d'Apollon palatin. On ne manque pas de conjecturer que l'un de ces prodiges annonce à l'empereur un danger de la part de ses gardes, et que l'autre présage le meurtre d'un personnage distingué, comme celui qui, autrefois, a eu lieu à pareil jour.
L'astrologue Sylla, que Caius consulte sur son horoscope, lui prédit une mort prochaine.
Les sorts d'Antium l'avertissent de se défier de Cassius, et, là-dessus, il ordonne de faire périr Cassius Longinus, proconsul d'Asie, oubliant que Chéréa s'appelle aussi Cassius.
La veille de sa mort, il rêve qu'il est dans le ciel, à côté du trône de Jupiter, et que Jupiter, en le poussant avec le gros orteil du pied droit, l'avait précipité sur la terre.
On met encore au nombre des prodiges plusieurs accidents arrivés le même jour.
En offrant un sacrifice, Caius est couvert du sang d'un flamant. Le pantomime Mnester danse dans une tragédie qu'a représentée autrefois l'acteur Néoptolème aux jeux où Philippe, roi de Macédoine, a été assassiné.
Dans la pièce intitulée « Laureolus », où l'acteur échappe à la ruine d'un édifice et vomit du sang, plusieurs de ceux qui jouent les doublures, s'évertuent à donner une preuve de leur talent, et la scène est ensanglantée.
On prépare aussi pour la nuit un spectacle où des Égyptiens et des Éthiopiens doivent représenter des sujets empruntés aux enfers.

Le 24 janvier, environ vers la 7e heure, se sentant l'estomac chargé des aliments de la veille, Caligula hésite à se lever pour dîner. Il sort pourtant, à la prière de ses amis.
Sous une voûte qu'il faut traverser, se préparent de nobles jeunes gens d'Asie, qu'on a fait venir pour les produire sur la scène. Il s'arrête pour les considérer et les encourager.
Ici, les historiens ne s'accordent point. Les uns disent que, pendant que l'empereur parle à ces jeunes gens, Chéréa l'a grièvement blessé à la nuque du tranchant de son glaive, en criant : « À moi! », qu'aussitôt Cornélius Sabinus, le second des tribuns conjurés, lui a percé le cœur.
D'autres prétendent que Sabinus, ayant fait écarter la foule par des centurions qui sont du complot, lui a, selon l'usage militaire, demandé le mot d'ordre, et que Caligula ayant répondu « Jupiter », Chéréa s'est écrié : « Le voici ! » et, comme le prince se retourne, il lui a brisé la mâchoire.
Renversé par terre et se repliant sur lui-même, il crie qu'il vit encore, mais les autres conjurés lui portent 30 coups, selon le mot de ralliement : « Redouble ». Quelques-uns lui enfoncent l'épée dans les parties honteuses.
Au premier bruit, ses porteurs, armés de leurs bâtons, volent à son secours, et sont bientôt suivis de sa garde Germaine. Ils tuent quelques meurtriers, et même des sénateurs qui sont innocents.

Vivant 29 ans, et en régnant 3, 10 mois et 8 jours. Son corps est porté secrètement dans les jardins de Lamia, brûlé à demi sur un bûcher fait à la hâte, puis enterré et recouvert de gazon. Quand ses sœurs reviennent de leur exil, elles l'exhument, le brûlent et ensevelissent ses cendres. On sait que ceux qui gardent ces jardins sont inquiétés par des fantômes, et que la maison où il a été tué est, chaque nuit, troublée par quelque bruit terrible, jusqu'à ce qu'elle soit consumée par un incendie. L'épouse de Caligula, Césonia, a péri en même temps que lui, sous le glaive d'un centurion, et sa fille écrasée contre un mur.

L'incrédulité générale à la nouvelle de sa mort. Le sénat songe à rétablir la liberté. Ce qui peut donner une idée de ces temps-là, c'est que la nouvelle de ce meurtre s'étant répandue, on refuse d'abord d'y croire. On soupçonne que c'est un bruit inventé et semé par Caius pour sonder l'opinion publique à son égard. Les conjurés ne destinent l'empire à personne, et le sénat est tellement d'accord pour rétablir la liberté, que les consuls ne le convoquent point dans la curie, parce qu'elle s'appelle Julia, mais au Capitole. Quelques-uns sont d'avis d'abolir la mémoire des Césars et de détruire leurs temples. On a remarqué que les Césars, qui ont le prénom de Caius, sont tous tombés sous le fer, à partir de celui qui a été tué au temps de Cinna...


empereurs romains - caligula (caius caesar)
www.empereurs-romains.net/emp04.htm
Caligula, de son vrai nom Caius César (ou Gaius Cæsar) naquit le 31 août de .... Après l'exil et/ou la mort de tous les autres membres de sa famille, Caligula fut ...

Caligula - Je suis mort
www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-caligula-1745.php
CALIGULA était un célèbre empereur et homme d'état romain. L'histoire de CALIGULA et les sites consacrés à CALIGULA. Les anecdotes, les citations de ...

Suétone - Vie de Caligula
bcs.fltr.ucl.ac.be/SUET/CAIUS/trad.html
I. Exploits et mort de Germanicus, père de Caligula. (1) Germanicus, père de Caius César Caligula, et fils de Drusus et d'Antonia, la plus jeune des filles ...









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