14
Mars 2017...
Cette
page concerne l'année 46 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
PLANIFICATION
A LA ROMAINE DE LA THRACE.
LA THRACE. |
La
province Romaine de Thrace correspond de manière approximative à la
Bulgarie actuelle. Dans l'imaginaire des Anciens, elle représente
souvent un modèle de pays peuplé de Barbares. En réalité, comme
l'explique Yann Le
Bohec,
elle a subi de nombreuses influences culturelles Grecques avant que
l'annexion
par Rome ne viennent modifier la nature des peuples qui y vivaient...
L'empereur
Auguste (27 avant J.-C. – 14) veut protéger l'empire contre les
Germains
qui vivent au-delà du Rhin et du Danube. Il annexe donc tous les
territoires situés sur la rive droite du Danube et crée une
province de Mésie sur son cours inférieur.
Au
sud de la Mésie, se trouve un royaume qu'il juge prudent de ne pas
annexer,
la
Thrace. Celle-ci est alors gouvernée par le roi Kotys auquel succède
Rhoimetalkès. Pour des raisons de sécurité faciles à comprendre,
il lui impose
son
protectorat.
En
outre, il peut déléguer à un allié le soin de contrôler des
peuples turbulents,
les
Besses à l'ouest, les Bastarnes, des Germains, vivant au nord-est,
et les
Scordisques,
des Celtes de la région de la Morava.
Dès
45, l'empereur Claude décide d'annexer la Thrace. Il en fait une
province
procuratorienne :
C'est-à-dire gouvernée par un chevalier appelé procurateur,
désigné
par le prince et responsable seulement devant lui.
Il
ne dispose, pour garde d'honneur et pour force de l'ordre, que de
soldats
auxiliaires...
On ne connaît pas bien cette garnison, on pense qu'elle devait être
composée de quelques cohortes, unités de 4 à 800 fantassins.
Le
meilleur moyen de maintenir l'ordre en Thrace est sans doute
d'envoyer à
l'extérieur
les jeunes gens les plus turbulents... (Nous
nous faisons l'inverse non seulement nous les accueillons à bras et
portefeuilles ouvert en leurs faisant les honneurs de notre pays,
mais en plus nous les laissons faire ce qu'ils veulent avec la
bénédiction des juges,) La province fournit à l'armée
Romaine
des unités de cavaliers et d'archers réputés. Le roi reçoit la
citoyenneté Romaine en échange de sa passivité et prend les noms
de Tiberius
Claudius
Rhoimetalkès.
KOTANI |
Le
statut provincial sera modifié par Trajan (98-117) qui remplacera le
procurateur
par un légat impérial propréteur, un sénateur ancien préteur,
mais
qui
dépendent toujours de l'empereur et pas du Sénat de Rome.
Ce
gouverneur ne reçoit aucune légion et, comme son homologue de Gaule
Lyonnaise,
n'ayant à sa disposition que peu de troupes. En réalité, la
sécurité de la Thrace reste confiée à l'armée de Mésie.
Malgré
la présence de ces forces militaires, la Thrace doit subir les raids
de
quelques
peuples Barbares. Dès l'époque de Trajan, les Roxolans causent des
troubles...
Vers 170, les Costoboques traversent le Danube, ravagent les Balkans
et repartent sans avoir subi beaucoup de dommages.
La
question des limites de la province reste ouverte sur les détails,
les
historiens
étant partagés, comme il arrive souvent. Mais les grandes lignes
sont
assez bien connues, point de difficultés :
Au
sud et à l'est, la Thrace donne sur la mer Égée, la mer de Marmara
et la mer Noire.
À
l'ouest, le Nestos sert de frontière et laisse le mont Pangée des
Grecs à la
province
de Macédoine.
Au
nord, la ligne de séparation avec la Mésie présente plus de
fluctuations. Elle
laisse
à l'extérieur Naissus, Sostra et Odessus, intègre Marcianopolis et
Apollonia
sur le littoral.
La
Thrace bénéficie d'une richesse tout à fait réelle. Sa prospérité
est fondée
d'abord,
comme partout, sur l'agriculture. Le blé pousse en abondance, mais
ce
qui
fait l'originalité de cette région, est l'élevage de chevaux dont
la célébrité
dépasse
les limites de la province. Autres spécificités, l'exploitation de
mines d'or et la production de céramique ajoutent aux produits de la
terre ceux du
sous-sol
et de l'artisanat.
Dans
ces conditions, l'urbanisation n'est pas le caractère dominant au
début de
LES GORGES DE NESTOS. |
l'histoire
d'une province où abondent les bourgs ruraux. La vie urbaine n'en
présente pas moins une forte originalité, et n'a cessé de se
développer. Jusqu'à Trajan ou Hadrien, les cités, désignées par
le nom grec de poleis, sont
regroupées
en districts appelés stratégies. Par la suite, elles suivent le
modèle
général
de l'empire, celui de cités isolées les unes des autres. On ne
connaît pas beaucoup de villes de droit Romain, ni de colonies, à
l'exception d'Apros,
aujourd'hui
Germeyan, de Deultum et de Coela, au nord d'Eçeabat.
Le
gouverneur réside à Périnthe, qui devient donc la capitale.
Les
Thraces, comme les peuples Grecs, créent un koinon, assemblée qui
célèbre
le
culte impérial au nom de la province, les participants se réunissent
à Philippopolis.
Deux
villes sont mieux connues, Philippopolis et Serdica :
Philippopolis
a été fondée en 341 avant J.-C. À l'époque Romaine, elle a
conservé ses institutions grecques. Administrée par une boulè et
un démos et
possède
une caisse municipale. C'est dans cette ville que se réunit le
koinon de
Thrace.
Ce dévouement au culte impérial lui vaut une distinction
honorifique
sous
Caracalla... Le droit de porter le titre de néocore.
Apollon
et Artémis, divinités poliades, protègent tout particulièrement
les habitants de Philippopolis.
Ceux
de Serdica sont également dirigés par une boulé et un démos, et
aussi par
des
magistrats appelés sitarque pour l'approvisionnement en blé et
irénarque pour la police, placés sous l'autorité d'un prôtos
archôn. Cette cité stipendiaire
citoyens
et un bouleuterion, local réservé aux membres du sénat local. Elle
est
placée elle aussi sous la protection d'Apollon, mais d'un Apollon
qui porte
divers
surnoms Thraces.
Du
point de vue culturel, les élites de la province appartiennent au
monde Grec,
mais
des îlots latinisé existent.
En
témoigne la présence de nombreux Flavii, habitants qui ont obtenu
la
citoyenneté
Romaine d'un empereur Flavien, de nombreux vétérans et de plusieurs
cultes très Italiens.
Dans
le domaine religieux, précisément, l'apport Gréco-Romain est
important,
même
s'il est difficile de distinguer ce qui appartient à l'hellénisme
de ce qui vient du latinisme.
Outre
le culte impérial, les principales divinités honorées sont Apollon
dans le
Nord-Est
et Asklepios dans l'Ouest. Les Nymphes reçoivent des hommages à
peu
près partout.
Un
dieu régional et original est appelé le « Cavalier Thrace ».
Toujours
représenté
« à droite », c'est-à-dire se déplaçant vers la droite. Il peut
être
gravé
dans trois attitudes différentes : Marchant, au galop ou en retour
de
chasse...
C'est un dieu votif dans les campagnes et funéraire partout.
La
province Romaine de Thrace est créée en l'an 46, par l'empereur
Claude, après l'annexion des derniers royaumes Thraces.
À
la suite des réformes administratives de Diocletien à la fin du
IIIe siècle, la Thrace géographique est divisée en 4 petites
provinces (Thrace, Haemimontus, Rhodopes et Europa) appartenant au
diocèse de Thrace (Thraciae), lui-même appartenant à la préfecture
d'Orient.
Sous
le Duumvirat (286-293) puis la Tétrarchie (293-324), elle est placée
sous l'autorité de l'Auguste chargé de l'Orient. Lors de la
division définitive de l'Empire Romain, en 395, le diocèse de
Thrace est inclus dans l'Empire Romain d'Orient.
Les
provinces dites « sénatoriales », mais dont le nom réel
est « province du peuple Romain », sont gouvernées,
comme sous la République, par un sénateur ayant titre de proconsul.
Il s'agit cependant d'un ancien préteur à l'exception des provinces
d'Afrique proconsulaire et d'Asie gouvernées chacune par un ancien
consul, en général une quinzaine d'années après son consulat :
C'est alors le sommet de sa carrière. L'attribution des provinces se
fait comme sous la République par un tirage au sort entre les
candidats au proconsulat. La durée de fonction est en général d'un
an, éventuellement prolongeable, le changement de gouverneur se
faisant vers le milieu de l'année calendaire. Ces provinces du
peuple Romain sont les plus anciennes, les plus riches et les plus
civilisées, c'est-à-dire les plus urbanisées. Tranquilles, elles
ne disposent pas de légions, exception faite de l'Afrique Romaine,
possédant une légion destinée à contenir les tribus Berbères.
Cette
légion reste sous les ordres du proconsul jusque sous Caligula.
Affectée par la suite à la Numidie sous les ordres d'un légat de
légion propréteur.
Dans
la province d'Asie et dans celle d'Afrique, le proconsul se fait
seconder par ses légats (à ne pas confondre avec les légats
propréteurs de l'empereur), il s'agit de déléguer une partie de
ses fonctions. Chacun de ces gouverneurs a à sa disposition 3
licteurs, à la fois gardes du corps et symboles de son autorité. Il
se fait accompagner par ses proches qui peuvent l'aider et le
conseiller, c'est la cohorte amicorum.
Durant
le principat, l'empereur gouverne en théorie lui-même certaines
provinces, appelées provinces impériales. C'est l'empereur qui
détient l'imperium sur ces provinces. Dans ces provinces, un légat
propréteur (legatus augusti pro praetore) gouverne au nom de
l'empereur et par délégation de son imperium. Dans les faits et
compte tenu des communications, il peut jouir d'une assez large
initiative dans la limite des mandats que l'empereur lui a fixés.
Dans les provinces disposant d'une légion, le légat est de rang
prétorien : Il est un ancien préteur. Si la province compte
plus d'une légion, le légat est un ancien consul et a sous ses
ordres des légats de légions qui n'ont pas le titre de propréteur.
La durée des gouvernements est en général de 3 ans au plus, et
peut être interrompue à tout moment par l'empereur.
L'empereur
a sous son contrôle un certain nombre de provinces plus petites,
souvent peu urbanisées et potentiellement difficiles à gérer, sans
toutefois nécessiter une légion complète. Ces provinces dites
provinces équestres ou provinces procuratoriennes sont mises au fur
et à mesure de leur annexion sous la responsabilité d'un chevalier
Romain nommé directement par l'empereur et ayant le titre de préfet
ou de procurateur et ne commandant que des troupes auxiliaires. Elles
peuvent changer de statut avec l'évolution de l'empire, et devenir
soit une province sénatoriale comme la Thrace, soit une province
impériale. La durée de service est en général de 5 ans mais peut
quelquefois durer plus longtemps. Le système des
procurateurs-gouverneurs se met en place progressivement au début de
l'empire pour se fixer sous Claude...
L'Égypte
est un cas à part car possession personnelle de l'empereur et n'a
pas le statut de province. Il nomme à sa tête un préfet d'Égypte,
praefectus aegypti, le plus haut rang de l'ordre équestre durant le
Haut Empire après le préfet du prétoire. Ce préfet d'Égypte
dispose d'une légion complète dirigée par un préfet issu aussi de
l'ordre équestre : Les sénateurs ne peuvent se rendre en
Égypte sans autorisation de l'empereur.
À
son entrée en fonction dans sa province, le gouverneur publie un
édit (edictum provinciale) qui proclame les normes d'administration
et d'application du droit qu'il suivra, généralement en reprenant
l'édit de son prédécesseur.
Le
gouverneur proconsul ou propréteur dispose de l'imperium, qui
s'applique pour ses tâches militaires, politiques et judiciaires,
dans les limites des droits et des pouvoirs des cités de sa
province.
AU BORD DE LA MER. |
Les
affaires financières et fiscales lui échappent totalement selon un
vieux principe administratif Romain. Dans les provinces sénatoriales,
c'est un questeur qui s'occupe des finances et dans les provinces
impériales, un procurateur financier.
Le
gouverneur doit défendre sa province, mais ne doit pas se lancer en
théorie dans des aventures militaires destinées à mener une
conquête.
Il
doit réprimer les révoltes et limiter le brigandage. Tout en
respectant l'autonomie des cités, le gouverneur doit s'assurer du
maintien de l'ordre public dans leur cadre et de leur bonne santé
économique et financière.
Un
certain nombre de documents nous permettent de mieux connaître
l'action quotidienne des gouverneurs Romains.
Les
Lettres de Pline le Jeune adressées à Trajan nous montrent Pline
s'occupant des travaux décidés par les cités de sa province et
contrôlant leur coût, du recrutement des soldats et des effectifs
militaires, de la garde des prisons, du recrutement des esclaves
publics, d'affaires judiciaires, dont le jugement des chrétiens,
etc.
Le
Digeste confirme ces différentes missions : Le proconsul doit
inspecter les édifices publics, les faire achever ou réparer,
éventuellement fournir le service de militaires. Le proconsul
effectue aussi une tournée dans sa province, tenant des assises
judiciaires dans les principales cités. C'est dans ce dernier cadre
que les récits de martyrs chrétiens nous montrent le gouverneur
interrogeant et condamnant les chrétiens, à l'instar de Pionios en
Asie Mineure en 250.
CAPTURE DE THRACES. |
L'Empire
romain n'a pas de véritable fonction publique à l'image des
administrations modernes. Le gouverneur a cependant sous ses ordres
un certain nombre de personnes destinées à lui permettre
d'accomplir sa tâche. Il peut tout d'abord se faire accompagner de
proches, amis, clients ou affranchis, membres de sa cohors amicorum.
Certains d'entre eux peuvent être spécialistes dans un domaine
particulier : Ainsi, Frontin veut emmener un chevalier pour
lutter contre le brigandage lors de son proconsulat - poste que
celui-ci décline finalement en raison de sa mauvaise santé. Mais
surtout, il existe dans la capitale provinciale un embryon
d'administration qui assure la continuité des tâches
administratives par delà la rotation assez rapide des gouverneurs.
Esclaves
impériaux et affranchis en sont des rouages importants. Comme tout
magistrat Romain, le gouverneur est assisté d'appariteurs officiels,
qui sont licteurs, messagers-huissiers (viatores), héraults
(praecones), auxiliaires pour les cérémonies religieuses.
Le
rôle des militaires n'est pas à négliger non plus. Le gouverneur
est en permanence accompagné d'une escorte militaire (singulares),
mais il a aussi à ses ordres des soldats destinés à son officium,
c'est-à-dire à ses bureaux, y compris dans les provinces dépourvues
de légion. Ces soldats sont des principales, des sous-officiers plus
ou moins lettrés et dispensés de corvées (immunes). Chaque légion
fournit 10 speculatores, des secrétaires en chef (cornicularii), des
greffiers-archivistes (commentarienses) et 60 beneficiarii
(bénéficiaires).
ORPHEUS. |
Ces
derniers peuvent être nommés dans une statio, un poste de contrôle
en général situé sur une route importante ou près d'une cité. De
telles stationes sont bien connues dans les provinces frontières,
comme à Sirmium en Pannonie. Enfin, des archives provinciales
existent, rassemblées dans les bureaux du palais du gouverneur au
cœur de la capitale provinciale. Elles nous sont mal connues mais
peuvent être assez précises.
Depuis
sa capitale et à l'aide de cette administration provinciale, il
revient au gouverneur de centraliser l'information à destination de
Rome et de diffuser les ordres, décisions et lois prises par
l'empereur.
La
Thrace, barbare, grecque et romaine - Clio
https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/.../pdf_la_thrace_barbare_grecque_et_romaine....
La
Thrace, barbare, grecque et romaine. Yann Le Bohec. Professeur
d'histoire romaine à l'université Paris IV-Sorbonne. La province
romaine de Thrace ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Thrace_(province_romaine)
Cet
article ne cite pas suffisamment ses sources (avril 2012). Si vous
disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous
connaissez des sites web de ...
Histoire
· Voir aussi · Articles connexes · Notes
et références
La
Thrace, barbare, grecque et romaine - Clio
https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/.../pdf_la_thrace_barbare_grecque_et_romaine....
La
Thrace, barbare, grecque et romaine. Yann Le Bohec. Professeur
d'histoire romaine à l'université Paris IV-Sorbonne. La province
romaine de Thrace ...
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