samedi 27 mai 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 37

23 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 37 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES QUALITÉS DE TIBÈRE DÉDAIGNÉES


TIBÈRE
Pauvre empereur Tibère ! Il n'a décidément pas de chance. Mésestimé par son beau-père Auguste, épouvantablement cocufié par son épouse Julie, manipulé par sa mère Livie, trahi par ses ministres et totalement incompris de ses contemporains, il est, un siècle après sa mort, horriblement calomnié par Suétone et Tacite, « historiens » à l'objectivité douteuse et à la dent dure.
Comble de malheurs ! Cet empereur n'étant pas sensé, à l'instar, par exemple, d'un Néron, avoir massacré des multitudes de pauvres Chrétiens innocents, il ne se trouve que bien peu d'historiens « sceptiques » pour s'attacher à sa réhabilitation. Il est cependant, à certains égards, un des plus grands empereurs Romains, l'un des plus soucieux du bien public, un des moins mégalos, et certainement pas le plus sanguinaire !

Tibère (latin : Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augustus), né à Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. et mort à Misène le 16 mars 37, deuxième empereur Romain de 14 à 37. Son père Tiberius Claudius Nero, qui lui donne son nom, a épousé, l'année précédente, une cousine, Livia Drusilla.
Tibère, fils premier-né de cette union consanguine et pur produit de l'illustre famille Claudienne (gens Claudia), hérite tout naturellement des signes distinctifs des Claudiens : Son père Tiberius lui transmet son tempérament fantasque, têtu et renfermé, tandis que sa mère lui lègue ses traits harmonieux et son caractère volontiers rancunier.
La vie de l'enfant bascule en 39 avant J.-C., alors qu'il a à peine atteint l'âge de 4 ans. Cette année-là, sa mère Livie tombe folle amoureuse du fils adoptif de Jules César, cet Octave, qu'on appellera bientôt Auguste.

C'est un descendant de la gens Claudia et il porte à la naissance le nom de Tiberius Claudius Nero, comme son père. Durant sa jeunesse, Tibère se distingue par son talent militaire en conduisant avec succès de nombreuses campagnes le long de la frontière septentrionale de l'Empire et en Illyrie, souvent aux côtés de son frère Drusus I, qui meurt en Germanie. Il mène alors d'autres expéditions en Illyrie et en Germanie afin de remédier aux conséquences de la bataille de Teutobourg.

VILLA JOVIS A CAPRI
À la mort de son père adoptif, le 19 août 14, il obtient le nom de Tiberius Iulius Caesar Augustus et il peut lui succéder officiellement dans la fonction de princeps senatus car il est depuis 12 ans associé au gouvernement de l'Empire Romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, les 2 pouvoirs majeurs des empereurs du Principat.

Les dernières années du règne de Tibère (31 - 37) sont tristes, très tristes.
Les paysages enchanteurs, mais mélancoliques, de l'île de Capri sont certainement plus souvent témoins du désespoir de ce vieillard triste et épuisé. Tibère avait décidément vécu trop longtemps, tout le monde le disait et lui-même le pensait !...

Tragiquement incompris de tous, désespérément seul sur cet îlot qu'il ne quitte plus guère, Il lui est désormais impossible, tant moralement que physiquement, de pénétrer intra muros. La détresse, le dégoût, la crainte et le manque de confiance ont définitivement triomphé de sa volonté.
On le voit cependant en 35. quand les Parthes envahissent, une fois de plus, l'Arménie, ce royaume vassal. Très soucieux de protéger la frontière de l'Euphrate, Tibère envoie en Orient Lucius Vitellius (père du futur empereur Aulus Vitellius), avec mission de faire rentrer l'Arménie dans la sphère d'influence Romaine, mais sans intervention directe de l'armée Romaine !
Tibère n'assiste pas à ce dernier succès. Quelques semaines avant la signature des accords avec les Parthes, le vieux Princeps a rendu son dernier soupir (jamais formule n'est plus appropriée ! (16 mars 37).
Vitellius, homme intelligent, mais qui tourne assez mal par la suite, se conforme scrupuleusement aux directives impériales. Il suscite un rival au roi des Parthes, favorise une révolte de l'aristocratie locale, encourage les Hiberniens à envahir l'Arménie et y fait couronner un roi pro-Romain.
Enfin, pour achever de convaincre le souverain Parthe de la puissance Romaine, Vitellius fait effectuer à ses légions une « promenade militaire » le long de l'Euphrate.
Ces manœuvres d'intimidation atteignent leur but : Au printemps 37, des négociateurs Parthes se présentent au camp Romain pour renouveler le vieux « traité d'amitié » qui unit depuis si longtemps les empires Mésopotamien et Romain. Le status quo cher à Auguste a été maintenu !
LE GLAIVE DE TIBÈRE
On dit aussi que, quand elle apprend la mort de son empereur mal-aimé, la populace Romaine manifeste sa joie en vociférant : Tiberius ad Tiberim (« Jetons ce Tibère de malheur dans le Tibre ! »).

« Comme tous les Claudiens et en particulier son neveu, le futur empereur Claude, Tibère s'intéresse beaucoup aux affaires judiciaires et à la jurisprudence. (…).

Tibère se trouve une fois de plus, à l'âge de 64 ans, sans héritier, parce que les jumeaux de Drusus, nés en 19, sont trop jeunes, et que l'un d'entre eux est décédé peu après son père. Il choisit de proposer comme successeur les jeunes fils de Germanicus qui ont été adoptés par Drusus et qu'il place sous la protection des sénateurs.
Séjan a, alors, de plus en plus de pouvoir, de sorte qu'il espère devenir empereur après la mort de Tibère. Il commence une série de persécutions envers les enfants et la femme de Germanicus, Agrippinea, puis contre les amis de Germanicus et beaucoup d'entre eux sont contraints à l'exil ou choisissent le suicide pour éviter une condamnation.
Tibère, attristé par la mort de son fils et excédé par l'hostilité de la population de Rome, décide de se retirer d'abord en Campanie en 26, puis à Capri l'année suivante, sur les conseils de Séjan, pour ne plus jamais revenir à Rome.
Il a déjà 67 ans et il est probable que l'envie de s'éloigner de Rome le tente déjà depuis un certain temps... Il semble qu'après avoir vu son fils mourir, il ait parlé de sa démission. Il ne peut plus supporter de voir des gens autour de lui qui lui rappellent Drusus, sans oublier la proximité de Livie qui lui est devenue insupportable.
Une maladie qui le défigure augmente sa susceptibilité mais son retrait est une très grave erreur, bien qu'il continue à gérer les problèmes de l'Empire depuis Capri.
LES EXILES DE TIBÈRE
Le préfet du prétoire, pendant ce temps, profitant de la pleine confiance de l'empereur prend le contrôle de toutes les activités politiques, devenant le représentant incontesté de la puissance impériale. Il réussit également à convaincre le princeps de concentrer l'ensemble des 9 cohortes prétoriennes, auparavant réparties entre Rome et les autres villes italiques, dans Rome (dans la caserne de la Garde prétorienne) à sa disposition, alors que Tibère a quitté Rome.
Tibère, cependant, se tient informé de la vie politique de Rome, et il reçoit régulièrement des notes qui l'informent des discussions menées au Sénat. Il peut, grâce à la création d'un véritable service postal, exprimer son point de vue, et il est également en mesure de donner des ordres à ses émissaires à Rome.
L'éloignement de Tibère de Rome conduit à une progressive diminution du rôle du Sénat au profit de l'empereur et de Séjan
Le préfet du prétoire commence à persécuter ses opposants, les accusant de lèse-majesté afin de les éliminer de la scène politique. Cette situation conduit à la création d'un climat de suspicion généralisée qui, à son tour, provoque de nouvelles rumeurs sur la participation de l'empereur aux nombreux procès politiques intentés par Séjan et ses collaborateurs.

En 29, lorsque Livie qui, avec son caractère autoritaire, a toujours influencé le gouvernement, meurt à l'âge de 86 ans, son fils refuse de retourner à Rome pour les funérailles et interdit sa divinisation... Séjan peut procéder, sans être dérangé, à une série d'actions contre Agrippine et son fils aîné Nero Iulius Caesara qui est accusé notamment de tentatives de subversion, ce qui lui vaut d'être condamné au confinement sur l'île de Ponza où il meurt de faim en 30. Agrippine, accusée d'adultère, est expulsée sur l'île Pandataria où elle meurt en 33.
Le projet de Séjan a précisément pour objectif de s'assurer de la succession de l'empereur.
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Après avoir éliminé les descendants directs de Tibère, le préfet est désormais le seul candidat à la succession, et il tente en vain de devenir parent de l'empereur par son mariage avec la veuve de Drusus, Livilla. Il commence à viser l'attribution de la puissance tribunitienne qui a officiellement permis sa nomination suivante en tant qu'empereur, le rendant ainsi sacré et inviolable, et il obtient, en 31, le consulat avec Tibère.
Dans le même temps, la veuve de Nero Claudius Drusus, Antonia Minor, se fait la porte-parole des sentiments d'une grande partie de la classe sénatoriale et dénonce dans une lettre à Tibère toutes les intrigues et les actes de sang dont Séjan, est responsable, lequel est en train d'ordonner une conspiration contre l'empereur.
Tibère, alerté, décide de destituer le puissant préfet et il organise une habile manœuvre avec l'aide du préfet de Rome Macron.
Afin de ne pas éveiller les soupçons, l'empereur nomme Séjan pontife, promettant de lui donner au plus tôt la puissance tribunitienne. En même temps, Tibère quitte la charge de consul ce qui oblige Séjan à y renoncer aussi.

Le 17 octobre 31 enfin, Tibère, nomme secrètement préfet du prétoire et chef des cohortes urbaines le préfet de Rome, Macron. Il l'envoie à Rome avec l'ordre de se mettre d'accord avec Lacon, préfet des vigiles et avec le nouveau consul désigné Publius Memmius Regulus, afin de convoquer le lendemain le Sénat dans le temple d'Apollon, sur le mont Palatin.
Ainsi, Tibère obtient l'appui des cohortes urbaines et des vigiles contre une éventuelle réaction des prétoriens en faveur de Séjan.

Quand Séjan arrive au Sénat, il est informé par Macron de l'arrivée d'une lettre de Tibère annonçant l'attribution de la puissance tribunitienne. Ainsi, pendant que Séjan, jubilant, prend place parmi les sénateurs, Macron, resté en dehors du temple, éloigne les prétoriens de garde, les remplaçant par les vigiles de Lacon.
Puis, confiant la lettre de Tibère au consul pour qu'il la lise devant le Sénat, il rejoint la caserne de la Garde prétorienne pour annoncer sa nomination comme préfet du prétoire. Dans cette lettre, délibérément très longue et très vague, Tibère évoque différents sujets, tantôt louant Séjan, tantôt le critiquant, et à la fin seulement, l'empereur accuse le préfet de trahison, ordonnant sa destitution et son arrestation...
Séjan, consterné par la tournure inattendue, est immédiatement emmené, enchaîné par les vigiles et peu après sommairement jugé par le Sénat qui s'est réuni au temple de la Concorde : Il est condamné à mort et à la damnatio memoriaea.
VILLA JOVIS
La sentence est exécutée la nuit même dans la prison du Tullianum par strangulation, et le corps du préfet est laissé à la population qui le traîne dans les rues de la ville. À la suite des mesures prises par Séjan à l'encontre d'Agrippine et de la famille de Germanicus, le peuple a développé une forte aversion envers le préfet. Le Sénat déclare le 18 octobre fête publique et ordonne l'érection d'une statue à la Liberté... Quelques jours plus tard, les 3 jeunes fils du préfet sont sauvagement étranglés dans la prison du Tullianum. Son ex-femme, Apicata, se suicide après avoir envoyé une lettre à Tibère révélant les fautes de Séjan et de Livilla à l'occasion de la mort de Drusus. Livilla est jugée, et pour éviter une condamnation certaine, elle se laisse mourir de faim. Après la mort de Séjan et de sa famille, une série de procès à l'encontre des amis et collaborateurs du défunt préfet provoque leur condamnation à mort ou les contraint au suicide...
Tibère passe la dernière partie de son règne sur l'île de Capri, entouré par des hommes de savoir, des avocats, des écrivains et même des astrologues. Il fait construire 12 maisons pour ensuite vivre dans celle qu'il préfère, la Villa Jovis.

Tacite et Suétone racontent qu'à Capri, Tibère laisse libre cours à ses vices, s'abandonnant à ses désirs effrénés mais il semble plus probable que Tibère ait maintenu sa coutumière réserve, évitant les excès comme il l'a toujours fait et sans négliger ses devoirs envers l'État et continuant à travailler dans son intérêt. Après la chute de Séjan, la question de la succession ressurgit, Drusus Iulius Caesar, le plus grand des enfants de Germanicus resté en vie, meurt de faim après avoir été condamné au confinement en 30 à la suite d'une accusation pour avoir conspiré contre Tibère.
Quand Tibère, en 35, dépose son testament, il ne peut choisir que parmi 3 successeurs possibles, et n'inclut que son petit-fils Tiberius Gemellus, fils de Julius Caesar Drusus, et son petit-neveu Caligula, fils de Germanicus.
Reste donc exclu du testament, le frère de Germanicus, Claude, qui est considéré comme inadapté au rôle de princeps en raison de sa faiblesse physique et de doutes sur sa santé mentale.

En 37, Tibère quitte Capri, comme il l'a fait précédemment, peut-être avec l'idée de revenir enfin à Rome pour y passer ses derniers jours. Effrayé par les réactions que la population peut avoir, il s'arrête à seulement 7 mille de Rome et décide de repartir vers la Campanie.
Saisi par la maladie et transporté dans la villa de Lucullus à Misène, après une première amélioration, il tombe le 16 mars dans un état de délire et on le croit mort.
Alors que beaucoup se préparent déjà à célébrer la prise de pouvoir de Caligula, Tibère récupère une fois de plus...
Si les contemporains (Sénèque l'Ancien, cité par Suétone, Philon d'Alexandrie) affirment qu'il est mort de maladie, un certain nombre de versions différentes existent :
Selon Tacite, il est mort étouffé sur ordre de Macron,
Selon Dion Cassius, c'est Caligula qui accompli le geste.
Suétone le décrit couché, appelant ses serviteurs sans recevoir de réponse, se relevant et tombant mort hors de son lit, Suétone évoque des rumeurs d'empoisonnement lent par Caligula, de privation de nourriture, ou d’étouffement avec un coussin.
En tout état de cause, du fait de la réclusion dans laquelle vit Tibère à l'époque, il demeure impossible de se prononcer sur les causes de son décès, même si la mort naturelle, à 77 ans, est une hypothèse plus que plausible. Si Antonio Spinosa adhère à la thèse de l’étouffement, les historiens modernes, G. P. Baker, Gregorio Maranon, E. Kornermann, Paul Petit rejettent la théorie de l’assassinat.
G. P. Baker a émis une hypothèse qui explique la rumeur d’étouffement : Macron ou une autre personne, trouvant Tibère par terre au pied de son lit, tire sur lui une couverture, dans un geste de protection ou de décence...

LA MORT DE TIBÈRE
Le peuple romain réagit avec une grande joie à la nouvelle de la mort de Tibère, fêtant sa disparition. Beaucoup de monuments qui célèbrent les entreprises de l'empereur sont détruits ainsi que de nombreuses statues qui le représentent. Certains essaient de faire pratiquer la crémation du corps à Misène mais sa dépouille est transportée à Rome où il est incinéré sur le Champ de Mars et inhumé, au milieu d'insultes, dans le mausolée d'Auguste le 4 avril, gardé par les prétoriens.
Alors que l'empereur défunt reçoit de modestes funérailles, le 29 mars, Caligula est acclamé princeps par le Sénat.

Tibère ne se distingue pas pour ses tendances à la rénovation. Au cours de son règne, il fait preuve d'un strict respect de la tradition Augustéenne, essayant d'appliquer toutes les instructions d'Auguste. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre et en évitant qu'il ne prenne les caractéristiques d'un dominat.

Parmi ses mesures les plus importantes, on trouve l'adoption de la lex de Maiestate qui prévoit que soient poursuivis et passibles de condamnation tous ceux qui offensent la majesté du peuple Romain.
Sur la base d'une loi aussi vague, sont considérés coupables ceux qui sont responsables :
D'une défaite militaire.
D'une sédition
Qui ont mal géré l'administration.
La loi, qui entre en vigueur après avoir été abrogée, devient un outil entre les mains de l'empereur, du Sénat, et en particulier du préfet Séjan afin de criminaliser les opposants politiques. Tibère, cependant, s'oppose à plusieurs reprises à ces jugements politiques, incitant les juges à agir en toute honnêteté.
Tibère est un excellent gestionnaire financier, il laisse à sa mort un surplus considérable dans les coffres de l'État.
Pour ne citer que quelques exemples, les biens du roi Archélaos de Cappadoce deviennent une propriété impériale ainsi que plusieurs mines Gauloises de son épouse Julia, une mine d'argent des Ruthéniens, une mine d'or d'un certain Sestus Marius confisquée en Hispanie en 33, et d'autres encore.
Il confie l'administration des biens de l'État à des fonctionnaires particulièrement compétents, dont la charge ne prend fin qu'avec l'âge.
Il est toujours prêt et généreux pour intervenir en toutes circonstances lors de difficultés internes comme lorsque la plèbe urbaine souffre au cours de famine ou comme lorsqu'en 36 il instaure une aide, à la suite d'un incendie sur l'Aventin, de 100 millions de sesterces.
En 33, après avoir pris certaines mesures contre l'usure, il réussit à atténuer une grave crise agraire et financière causée par une réduction de la circulation monétaire, instituant, avec sa propre fortune, un fonds pour financer les prêts de plus de 100 millions de sesterces.
Les débiteurs peuvent emprunter pendant 3 ans sans intérêts en apportant en garantie des terrains d'une valeur double du prêt demandé.
Dès que possible, il tente de rationaliser les dépenses publiques en matière de spectacles, en réduisant les salaires des acteurs et en diminuant le nombre de paires de gladiateurs participant aux jeux.
Il réduit de 1 % à 0,5 % l'impopulaire taxe sur les ventes, et il laisse, à sa mort, 2 700 millions de sesterces dans les caisses du trésor.
LIVIA ÉPOUSE DE TIBÈRE
Aux gouverneurs provinciaux qui lui demandent d'imposer de nouvelles taxes, il s'oppose fermement, répondant que « le travail du bon berger est de tondre les moutons, non de les écorcher ».
Il sait choisir, en outre, des administrateurs compétents et il soigne en particulier le gouvernement des provinces. Les gouverneurs qui obtiennent de bons résultats et qui se sont distingués pour leur honnêteté et leur compétence reçoivent, en récompense, la prorogation de leur mandat.
La collecte des impôts dans les provinces est confiée aux chevaliers, qui s'organisent en sociétés d'adjudication. Tibère évite l'imposition de nouvelles taxes aux provinces et écarte ainsi le risque de révoltes. Il fait également construire des routes en Afrique, en Hispanie (surtout dans le nord-ouest), en Dalmatie et en Mésie jusqu'aux portes de Fer, le long du Danube, et d'autres sont réparées comme dans la Gaule Narbonnaise.
Tibère reste fidèle au consilium coercendi intra terminos imperii d'Auguste (« conseil de ne plus reculer les bornes de l'Empire »), c'est-à-dire la décision de maintenir les frontières de l'Empire inchangées.
Il essaie de protéger les territoires internes et d'en assurer la tranquillité et il œuvre uniquement pour des changements nécessaires à la sécurité. Il réussit à éviter des guerres ou des expéditions militaires inutiles avec les répercussions sur les dépenses publiques qu'on imagine et en plaçant une plus grande confiance dans la diplomatie.
Il éloigne les rois et les gouverneurs qui se révèlent inaptes à leur fonction et il cherche à assurer une plus grande efficacité du système administratif.
Les seules modifications territoriales concernent l'Orient lorsqu'à la mort des rois clients, la Cappadoce, la Cilicie et la Commagène sont incorporées dans les frontières de l'Empire. Toutes les révoltes qui s'ensuivent, au cours de son long principat qui dure 23 ans, sont étouffées dans le sang par ses généraux, comme celle de Tacfarinas et des Musulames de 17 à 24, en Gaule par Julius Florus et Julius Sacrovir en 21 ou encore en Thrace avec le roi client des Odryses autour de 21.

La cruauté et les vices de Tibère sont stigmatisés par Suétone dans certains versets satiriques très populaires à Rome.
Sur la cruauté de Tibère, il se murmure :
« Je serai bref : Écoute. Inhumain sanguinaire,
Tu ne peux qu'inspirer de l'horreur à ta mère. »
« De ton règne, César, Saturne n'est pas fier :
Par toi son siècle d'or sera toujours de fer. »
« Quoi ! sans payer le cens (vraiment ! c'est fort commode),
Tu te crois chevalier, pauvre exilé de Rhodes ? »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 59 (Trad. Nisard - 1855)

« Il veut du sang, le vin lui devient insipide.
Comme de vin jadis, de sang il est avide. »
« Vois le cruel Sylla de meurtres s'enivrant,
Vois de ses ennemis Marius triomphant,
Vois Antoine excitant des guerres intestines,
Et de sa main sanglante entassant des ruines,
Quiconque de l'exil passe au suprême rang,
Ne fonde son pouvoir que dans des flots de sang. »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 59 (Trad. Désiré Nisard - 1855)

Suétone fournit également un portrait du physique de Tibère, qui est similaire à celui de Tacite, mais plus ample et plus détaillé.
« Tibère est gros, robuste et d'une taille au-dessus de l'ordinaire. Large des épaules et de la poitrine, il a, de la tête aux pieds, tous les membres bien proportionnés. Sa main gauche est plus agile et plus forte que la droite.
Les articulations en sont si solides, qu'il perce du doigt une pomme récemment cueillie, et que d'une chiquenaude il blesse à la tête un enfant et même un adulte. Il a le teint blanc, les cheveux un peu longs derrière la tête et tombant sur le cou, ce qui est chez lui un usage de famille. Sa figure est belle, mais souvent parsemée de boutons. Ses yeux sont très grands, et, chose étonnante, il voit dans la nuit et dans les ténèbres, mais seulement lorsqu'ils s'ouvrent après le sommeil et pour peu de temps, ensuite sa vue s'obscurcit. Il marche, le cou raide et penché, la mine sévère, habituellement silencieux. [...]
Tibère jouit d'une santé inaltérable pendant presque tout le temps de son règne, quoique, depuis l'âge de 30 ans, il la gouverne à son gré, sans recourir aux remèdes ni aux avis d'aucun médecin. »
LE TRIOMPHE DE TIBÈRE
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 68 (Trad. Désiré Nisard - 1855)

L'historiographie moderne a réhabilité le personnage de Tibère, dénigré par les principaux historiens de son époque, manquant de cette communication propre à son prédécesseur Auguste, bien qu'étant d'un naturel menaçant, sombre et soupçonneux. Sa discrétion associée à sa timidité n'est pas à son avantage.



Tibère — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tibère
Tibère (latin : Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augustus), né à Rome le 16 novembre 42 av. J.-C. et mort à Misène le 16 mars 37 ap. J.-C., est le deuxième ...


empereurs romains - tibère (tiberius claudius nero)
www.empereurs-romains.net/emp03.htm
Tibère lui succéda sans difficultés insurmontables, mais non sans amers déchirements familiaux. Il faut dire que le premier Princeps, sur son lit de mort, n'avait ...

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