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MARS 2017...
Cette
page concerne l'année 45 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
DÉCOUVRIR PHILON !
PHILON |
Philon
d’Alexandrie est un helléniste (Actes 6 :1), c’est-à-dire
un Judéen de langue grecque qui vit en diaspora et plus précisément,
à Alexandrie, la ville dont est aussi originaire Apollos (Actes 18 :
24).
Au
Ier siècle, Alexandrie est la mégalopole la plus peuplée du monde
Grec. Pour l’Antiquité, il est toujours difficile de donner des
chiffres exacts, mais les historiens estiment qu’à cette époque,
il y a entre 400 000 et 1 million d’habitants.
La
ville est riche et bénéficie d’un trafic portuaire important. Une
voie de navigation la relie à la capitale de l’Empire et on met en
général 18 ou 19 jours pour faire le trajet Rome-Alexandrie...
Outre
les nombreux gymnases et lieux de divertissement, Alexandrie est
surtout connue pour être un haut lieu de culture, qui a notamment
abrité la plus grande bibliothèque de l’Antiquité... La ville
compte aussi une importante communauté Tudéenne.
C’est
au sein de cette communauté que naît Philon. On sait simplement
qu’il est déjà avancé en âge au début des années 40. Au vu
des critères de l’époque, cette indication laisse entendre qu’il
a probablement aux alentours de 60 ans, il serait donc né aux
environs de 20 avant Jésus-Christ. Issu d’une des familles de
notables qui dirigent la communauté Judéenne d’Alexandrie. Son
frère Alexandre est alabarque, c’est-à-dire directeur des douanes
et donc extrêmement riche. Cette richesse lui a notamment permis de
participer financièrement à la reconstruction du Temple que les
disciples de Jésus admirent (Luc 21 : 5).
Cette
famille également proche du pouvoir permet à Marcus, le fils cadet
d’Alexandre, et donc le neveu de Philon, d'épouser Bérénice, la
fille d’Agrippa Ier. C’est cette même Bérénice qui quelques
années plus tard rencontre l’apôtre Paul (Actes 25 et 26)
Comme
tous les riches de son temps, Philon ne travaille pas. Il occupe donc
son temps libre par l’étude. Pour les païens, il s’agit de
l’étude de la philosophie, pour un Judéen, c’est bien sûr
l’étude de la Torah.
Cette
vie tranquille est cependant troublée par la montée des tensions
entre païens et Judéens.
Si
aux siècles précédents, les Judéens ont été bien acceptés et
ont même pu occuper des postes importants, depuis le début de
l’occupation Romaine (30 avant Jésus-Christ), les choses changent
et un anti-judaïsme de plus en plus virulent se développe au sein
de la population Égyptienne. Cet anti-judaïsme a percé dans les
milieux intellectuels qui publient plusieurs pamphlets contre les
Judéens, mais il se diffuse bientôt au sein de la population qui
commence à s’attaquer aux Judéens (agressions physiques, etc.).
Jules
César a accordé un certain nombre de privilèges aux Judéens,
ceux-ci peuvent suivre les coutumes de leurs ancêtres (la loi de
Moïse), et notamment observer le sabbat. Par ailleurs ils ne sont
pas obligés de participer aux cultes païens.
A
la place, ils doivent offrir au Temple de Jérusalem un sacrifice à
leur Dieu (YHWH) en faveur de l’empereur. Auguste et Tibère, sous
lesquels Jésus a vécu, a respecté ces principes. Cependant à la
mort de Tibère, un nouvel empereur, Caligula, arrive au pouvoir.
Celui-ci, d’un orgueil démesuré, ne se satisfait pas des nombreux
honneurs dont il bénéficie déjà et veut en plus être adoré
comme un dieu...
C’est
à ce moment que la foule païenne d’Alexandrie entame un pogrom
géant contre les Judéens, avec la complicité du préfet d’Égypte
Flaccus. Ce dernier décide de dissoudre les institutions de la
communauté et de déchoir les Judéens de tout droit civique à
Alexandrie. La foule propose aussi de mettre des statues de
l’empereur dans les synagogues, à la fois pour flatter l’empereur
et pour humilier les Judéens.
Devant
un tel déchaînement de haine, les Judéens d’Alexandrie décident
alors d’envoyer une ambassade vers l’empereur Philon en est le
chef laquelle doit rencontrer Caligula.
De
leur côté, les païens envoient aussi une délégation conduite par
un certain Apion.
Mais
arrivée en Italie, la délégation Judéenne apprend une nouvelle
bien plus grave : Caligula veut faire élever sa propre statue
dans le Temple de Jérusalem. Abomination suprême, c’est la
consternation générale.
Philon
rencontre alors directement l’empereur et essaye de le faire
changer d’avis en lui rappelant que les Judéens offrent des
sacrifices à Dieu pour sa protection.
Mais
rien n’y fait et Caligula ne répond à cela que par la moquerie.
Qu’on offre des sacrifices à un autre Dieu en sa faveur lui est
bien égal, ce qu’il veut, c’est être lui-même honoré comme un
dieu et donc recevoir des sacrifices.
De
son côté, le gouverneur de Syrie, Pétronius, qui sait qu’une
telle mesure risque de provoquer une révolte générale de tous les
Judéens, fait tout pour freiner les choses et ralentir la
construction de la statue... Lorsque l’empereur l’apprend, il lui
donne l’ordre de se suicider. Pour les Judéens, la situation est
désespérée.
Au
moment le plus sombre, alors que tout espoir semble perdu, c’est
finalement Caligula lui-même qui est assassiné, et le nouvel
empereur, Claude, annule tous les projets de Caligula. Philon ne
manque pas d’y voir une intervention divine.
Cette
ambassade auprès de l’empereur est la dernière trace historique
que L'on a de Philon. On ignore la suite de sa vie, qui n’a pas du
être très longue, ni de sa mort.
Mais
si Philon est resté dans l’histoire, c’est avant tout comme
commentateur de la Bible. Il a en effet écrit de nombreux
commentaires de différents genres : Linéaires, thématiques,
biographiques, etc.
Tous
ses commentaires concernent la Torah au sens strict (les 5 premiers
livres de la Bible), avec une préférence toute particulière pour
la Genèse.
Dans
ses commentaires bibliques, Philon parle du « Logos »
comme « le fils premier-né de Dieu », « l’image
», le « commencement », le Verbe « instrument de
la création » mais aussi « l’intercesseur » et
« l’ambassadeur ».
Or
au début de son évangile, Jean nous révèle que le « Logos »
de Dieu n’est autre que Jésus lui-même, et tous les titres que
Philon applique au Logos, sont justement les titres que Paul et les
auteurs du Nouveau Testament appliquent à Jésus.
Cette
proximité entre Philon et les apôtres n’a pas échappée aux
chrétiens des premiers siècles qui connaissent bien Philon et
apprécient ses commentaires bibliques. Cette attitude a fait naître
progressivement une légende selon laquelle Philon se serait converti
au christianisme.
En
réalité, cela est presque impossible pour une question de
chronologie, et Philon est probablement mort avant d’avoir pu
entendre parler de Jésus. En revanche, plusieurs de ses
« disciples » ont certainement pu rejoindre très tôt
les communautés chrétiennes.
Son
œuvre abondante est principalement apologétique, entendant
démontrer la parfaite adéquation entre la foi juive et la
philosophie hellène. Elle a peu d’influence sur le judaïsme de
son temps mais sera une source d’inspiration féconde pour les
Pères de l’Église.
Eusèbe
de Césarée le cite aussi dans son Histoire ecclésiastique
lorsqu’il décrit la vie des Thérapeutes d'Alexandrie.
Redécouvert
par le monde Juif à l’ère moderne, Philon a donné son nom au
moshav Kfar Yedidia situé dans le nord d’Israël.
Les
rares détails biographiques concernant Philon sont tirés de ses
œuvres, en particulier Legatio ad Caium ( Légation à Caius
Caligula) et chez Flavius Josèphe.
Philon
appartient à une famille bien installée et fortunée. Ses écrits
semblent démontrer qu'il n'exerce pas de métier pour vivre et qu'il
se consacre uniquement aux études.
PHARE D'ALEXANDRIE |
Pour
Mireille Hadas-Lebel, « la rédaction de son œuvre ne s'étend
probablement pas sur une longue période de sa vie ». Il est
possible que ses écrits aient été rédigés alors qu'il approche
de la vieillesse.
Philon
est le frère d'Alexandre Lysimaque, qui occupe le poste d'alabarque
c'est-à-dire de responsable des douanes. Il est très riche et
proche d'Antonia Minor, la fille de Marc-Antoine, mais n'aime pas le
luxe dont s'entoure son frère.
On
sait que Philon est marié à une femme vertueuse mais on ignore
s'ils ont eu des enfants... Combattant, dans le « De
Providentia », les idées du fils aîné de son frère qui
« nie... l'existence d'une providence dans le monde et la
possibilité de la création ».
Plus
généralement, alors que Philon est très marqué par le platonisme
et le stoïcisme, le neveu est plutôt du côté de l'aristotélisme
et de la Nouvelle Académie. L'historien Flavius Josèphe nous
apprend que ce neveu n'est pas « resté fidèle aux coutumes de
ses pères ».
Philon
a fait des études solides mais on ne sait pas s'il a fréquenté les
écoles grecques ou s'il a reçu une éducation dans un petit
établissement privé ou encore dans une école proche de la
synagogue. On suppose qu'il a étudié la philosophie en assistant
« aux conférences publiques du Musée » et en
fréquentant la bibliothèque d'Alexandrie. Ses goûts le poussent
plus vers Platon et les présocratiques. Il n'apprécie guère
Aristote et la Nouvelle Académie.
Des
écrits de Philon, il ressort pour Mireille Hadas-Lebel, qu'il aime
le sport. En effet, ses écrits contiennent des descriptions de
pugilat, d'épreuves de pentathlon, de concours de pancrace ou de
courses de chars.
Il
aime également assister à des représentations théâtrales ou à
des lectures publiques.
Philon
écrit son œuvre en grec, de même qu'il lit la bible en grec. Les
historiens se sont interrogés sur son niveau de maîtrise de la
langue hébraïque.
Ernest
Renan l'estime faible, mais le débat n'est pas clos.
Philon,
pour reprendre les mots de Mireille Hadas-Lebel, vit « dans une
grande cité Grecque apud Aegyptum, en marge de l'Égypte », où
les Grecs et les Judéens vivent en diaspora, c'est-à-dire gardent
des liens forts avec leurs cités ou leurs provinces (Macédoine,
Crète, Judée etc.) d'origine. Si un traité d'origine contestée
semble indiquer que Philon a fait un pèlerinage à Jérusalem, par
contre sa fréquentation de la synagogue est plus solidement
attestée. Cependant, Philon comme la majeure partie des juifs
d'Alexandrie pense qu'ils « sont... convaincus de la
supériorité de la civilisation Grecque » bien qu'ils
« s'explique mal le polythéisme dont elle se contente ».
Dans ses écrits, il oppose parfois les fictions mythologiques des
dieux Grecs à la vérité de la Bible.
Fondée
par Alexandre le Grand, Alexandrie évoque pendant les 3 premiers
siècles de son existence « ce que la civilisation
méditerranéenne a de plus brillant ». Son architecte
Dinocrate de Rhodes l'a conçue selon un plan hippodamien en damier
avec des rues à angle droit, adopté d'abord lors de la
reconstruction de Milet puis lors de la construction de la ville du
Pirée au Ve siècle av. J.-C. par Hippodamos de Milet.
Selon
R Martin : « sa division mathématique répond aux
divisions mathématiques et logiques dans lesquelles ces
philosophes-architectes cherchent à enfermer leur société
idéale ». Après sa fondation, la ville devient « le
foyer d'une nouvelle civilisation alliant la Grèce et l'Orient ».
HOMÈRE |
La
cité est divisée en 5 quartiers dont 2 sont occupés
majoritairement, voire exclusivement, par des Juifs.
La
ville comporte 3 types de population, de 3 religions différentes :
Les
Égyptiens pratiquent le culte d'Isis et de Sérapis.
Les
Grecs vénèrent les dieux d l'Olympe.
Les
Juifs, qui représentent au temps de Philon environ un tiers de la
population, le Dieu d'Abraham.
Ces
trois religions, donnent naissance à un certain syncrétisme
observable notamment dans les nécropoles
La
ville possède 2 ports. L'un, sur le lac Mareotis, draine les
marchandises venant via le Nil et les canaux d'Égypte, d'Afrique ou
même d'Asie. L'autre, le port maritime, est destiné surtout à
l'exportation des marchandises à travers la Méditerranée.
Alexandrie
exporte des papyrus, des étoffes, des vases, des poteries et du blé.
Un quart du ravitaillement de Rome vient d'Égypte
Alexandrie
compte alors des monuments célèbres comme la phare d'Alexandrie,
une des Sept merveilles du monde antique, et la non moins célèbre
bibliothèque d'Alexandrie, créée à l'initiative de Ptolémée, un
des généraux d'Alexandre, devenu roi sous le nom de Ptolémée Ier
Sôter.
Ce
dernier s'attache à faire d'Alexandrie la capitale culturelle du
monde hellénistique en lieu et place d'Athènes.
En
288 avant notre ère, à l'instigation de Démétrios de Phalère,
tyran d'Athènes de 317 à 307 av. J.-C., exilé à Alexandrie et
disciple d'Aristote, est construit le (Museîon, le « Palais
des Muses ») abritant une université, une académie et la
bibliothèque.
Cette
dernière abrite 400 000 volumes à ses débuts, et jusqu'à
700 000 au temps de César). Située dans le quartier du
Bruchium près des palais royaux (basileia) — Épiphane de Salamine
la place au Broucheion. La constitution du fonds s’opère
essentiellement par achat, mais également par saisie ou ruse :
Ptolémée demande à tous les navires qui font escale à Alexandrie
de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et
traduits, la copie est remise au navire, et l'original conservé par
la bibliothèque.
Alexandrie
est alors un centre intellectuel de première importance, plus
d'ailleurs dans le domaine de la science et de la philosophie que de
littérature. A. Pierron note à ce propos que « la littérature
proprement dite végète tristement dans cette atmosphère de science
et d'érudition et ne donne que des fruits sans sève ni saveur ».
Les
savants disposent d'un lieu de réunion appelé le Musée, cette
société a des revenus communs, elle a pour directeur un prêtre,
nommé autrefois par les rois, maintenant par l'empereur ».
Parmi
les savants et chercheurs ayant résidé au Musée ou ayant établi
leur résidence à Alexandrie, non trouve : Euclide, Archimède
de Syracuse, Nicomaque de Gérase, fondateur de l'arithmétique,
Apollonios de Perga (géométrie), Aristarque de Samos, Hipparque de
Nicée Claude Ptolémée.
Parmi
les médecins,on cite Dioclès de Carystos, Chrysippe de Cnide, les 2
fondateurs de l'École hérophiléenne de médecine, Hérophile ,
Érasistrate de Céos.
La
cité a abrité aussi une école philologique de premier rang avec
Zénodote, Aristophane de Byzance ainsi qu' Aristarque de Samothrace.
La philosophie est également très présente, avec notamment
Théophraste et Straton de Lampsaque qui ont séjourné au Musée.
Si, dès le départ, toutes les écoles philosophiques ont été
présentes à Athènes, l'école de philosophie Alexandrine est
postérieure à Philon et ce dernier peut « en être considéré
comme le précurseur ».
Selon
une tradition rapportée dans la Lettre d'Aristée (IIe siècle
av. J.-C.) -un pseudépigraphe relatant de manière légendaire
la traduction en grec de la Bible - celle-ci réalisée par 72
(septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la
demande de Ptolémée II.
Philon,
et après lui Augustin d'Hippone dans son livre la Cité de Dieu,
prêtent foi à cette thèse.
Cette
traduction ne concerne pas toute la Bible, mais seulement « ce
que les Juifs d'Alexandrie appelaient o nomos, loi, ou de préférence
, au pluriel oi nomoi, les lois, c'est-à-dire les 5 premiers livres
de la Torah, connus sous le nom grec de Pentateuque ».
Si
dans la lettre d'Aristée, la providence divine est discrète se
limitant au fait que les 72 traducteurs finissent la traduction en 72
jours, Philon au contraire accentue le caractère divin de cette
traduction.
Les
traducteurs vivent sur l'île de Pharos à l'abri des vices de la
ville, ils demandent l'aide divine avant de se mettre au travail.
Dans
un écrit sur Moïse (II, 37), parlant des traducteurs, il écrit :
« Ils prophétisent, comme si Dieu avait pris possession de
leur esprit, non pas chacun avec des mots différents mais avec tous
les mêmes mots et les mêmes tournures, chacun comme sous la dictée
d'un invisible souffleur ».
De
sorte, que pour lui, la version grecque est aussi incontestable que
la version hébraïque et possède un caractère sacré. Il écrit
« Toutes les fois que des Chaldéens sachant le grec ou des
Grecs sachant le chaldéen se trouvent devant les 2 versions
simultanément, la chaldéenne et sa traduction, ils les regardent
avec admiration et les respectent comme 2 sœurs ou mieux comme une
seule et même œuvre ».
Un
groupe de chercheurs du CNRS a publié dans Biblia Patristica, en
1982, une étude faisant le point sur les textes que cite Philon dans
ses commentaires. Le livre de la Genèse (58 colonnes) est le plus
cité avant celui de l'Exode (28 colonnes), le Deutéronome (13
colonnes et demie), le Lévitique (12 colonnes) et les Nombres (9
colonnes). Les autres écrits bibliques n'occupent que 3 colonnes.
Philon, comme toute une tradition hébraïque, attribue le
Pentateuque à Moïse.
Ce
qui intéresse Philon dans ces livres ce n'est pas l'histoire qu'ils
contiennent (pour Hadas-Lebel, la pensée de Philon est anhistorique)
mais ce qu'ils disent du rapport entre Dieu et les êtres humains.
Mireille
Hadas-Lebel soutient que Philon a d'abord écrit ses commentaires
bibliques en fonction des questions que se posent les Juifs à
l'époque. Il s'agit d'homélies synagogales qui ont été mises par
écrit sous une forme plus élaborée, plus graphique.
La
question qui charpente l'œuvre n'y est plus toujours explicitée,
même si elle demeure toujours sous-jacente.
Selon
Photios Ier de Constantinople, Plotin est à l'origine de
l'interprétation allégorique de la Bible adoptée par les
chrétiens.
Théodore
de Mopsueste considère Plotin comme le maître d'Origène en ce qui
concerne l'interprétation allégorique. Toutefois, il considère que
le Père de l'Église va plus loin dans ce domaine que Philon, qui
respecte malgré tout usuellement le sens historique du texte.
À
l'époque Hellénistique, les Juifs sont influencés et stimulés par
l'exégèse que font les Grecs des textes d'Homère.
Le
problème qui va se poser à Philon est que ce sont des textes non
didactiques, c'est-dire des textes se référant à des mythes qui
font l'objet d'une interprétation allégorique... Or, pour lui, la
Bible n'est pas un texte qui parle de mythe, c'est la parole de Dieu.
Pour
Philon, les personnages bibliques représentent des dispositions
d'âmes, d'esprits. Il suit en cela Platon qui, dans Alcibiade (I,
130c), définit l'homme « comme rien d'autre que l'âme ».
Un autre trait platonicien de l'interprétation allégorique de
Philon est le haut niveau d'abstraction de ses écrits.
Pour
Kamesar, cela tient au fait que pour l'exégète Alexandrin, les
personnages de la Bible sont des sortes d'idéaux-types représentant
des idées ou des formes de vertu. Dans le « De Vita Mosis »
(1.158-9) il évoque la vie de Moïse en termes de paradigme et de
types.
Pour
Philon :
Abraham
symbolise ceux qui acquièrent la vertu par l'apprentissage.
Jacob
celui qui l'apprend par la pratique lors de son combat avec l'ange.
Pour
l'Alexandrin, la partie historique du Pentateuque nous montre des
individus en lutte avec leurs passions et leurs corps, tendus dans un
effort pour les dépasser et atteindre la vertu, dans un mouvement de
l'âme permettant à travers la purification de voir et de contempler
Dieu.
Philon
recourt à la même allégorie que la Bible pour « expliquer
les anthropomorphismes bibliques » c'est-à-dire lorsque Dieu
est présenté avec des sentiments humains.
Philon
écrit son œuvre au moment où les Pharisiens et les Esséniens
étudient aussi la Bible. On manque de preuve pour savoir s'ils se
sont connus ou s'ils ont correspondu.
Néanmoins,
c'est à cette époque qu'à Jérusalem Hillel et Shammai
introduisent une tradition d'interprétation orale, appelée loi
orale, qui donne naissance au Talmud et au Midrash. (Le Midrash (מדרש
;
pluriel midrashim) est un terme hébreu désignant une méthode
d'exégèse herméneutique, comparative et homilétique, parmi les
quatre méthodes réunies sous le nom de Pardès).
Pour
S. Belkin d'une certaine façon, « Philon est l'auteur d'un
Midrash de langue grecque ». De fait, même si l'œuvre de
Philon est nettement plus philosophique, des points communs avec le
Midrash peuvent être notés : l'importance donnée à
l'étymologie ainsi que l'attention portée aux moindres détails du
texte.
Par
contre, les auteurs du Midrash font un usage plus restreint de
l'allégorie et gardent « aux personnages bibliques leur
dimension humaine ».
Dans
ce qui est considéré comme son œuvre philosophique, Philon se
réfère peu à la Bible ou à l'enseignement juif. Selon Royse, ces
écrits témoignent des dons mais aussi d'un certain éclectisme de
Philon dans la mesure où ses écrits se présentent tantôt sous la
forme de thèse, de diatribe ou de dialogue. On note aussi que ce
sont ces textes qui ont le plus souffert de la traversée des âges
car, comme ils intéressent moins les érudits, moines et chercheurs
chrétiens, ceux-ci en on moins pris soin.
En
règle générale, Philon s'oppose à Aristote sur la création du
monde . Pour lui, comme pour Platon et les stoïques, le monde a
été créé alors que pour Aristote, le monde est éternel. Or, dans
le Traité sur l'éternité du monde, il semble dire l'inverse. Cela
a mené les experts à considérer pendant longtemps ce texte comme
n'étant pas de Philon... Pourtant des études philologiques et
stylistiques ont confirmé l'authenticité du texte. De nos jours,
les chercheurs ont tendance à penser que le texte est incomplet et
se résume à l'exposé des thèses aristotéliciens, alors que la
partie où il aborde une position plus platonicienne a disparu.
Mireille
Hadas-Lebel, dans le De Opificio, considère que le fait que la
création dépende à la fois d'un principe passif, la matière, et
d'un principe actif, Dieu considéré comme le véritable créateur,
traduit une influence stoïcienne. Est également stoïcienne la
façon de voir l'univers comme une mégalopolis gouvernée par la
Providence, telle qu'elle est développée notamment dans le « De
Providentia ». De même, le lien entre la Providence, le logos
qui imprègne l'univers et la raison des hommes est-il d'inspiration
stoïcienne.
La
Cité est gouvernée par les êtres dotés de raison (hommes et
femmes) pour la partie morale et politique et par les astres pour la
partie physique. Tout comme chez les stoïciens, chez Philon,
l'univers est créé pour les humains et les animaux sont considérés
comme inférieurs à l'homme car ils n'ont ni mains, ni parler, ni
raison. Ce thème est particulièrement développé dans le De
Animalibus.
LES TABLES DE LA LOI. |
Jérôme
de Stridon a remarqué très tôt l'influence de la pensée de Platon
sur Philon. Le Timée imprègne ses commentaires sur la Genèse du De
Opficio Mundi et du Legum Allegoriaen. Chez Philon comme chez Platon,
un Dieu bienveillant, appelé artisan chez Platon et architecte chez
Philon, crée le monde. En fait, il crée avant le monde
intelligible, le plan de l'architecte, antérieur au monde matériel.
De même, comme chez Platon, l'architecte n'est pas responsable des
failles de l'homme réel et du mal qui est en lui, car ce n'est
15
MARS 2017...
Cette
page concerne l'année 45 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
pas
lui, mais ses aides qui ont créé l'homme sensible.
Philon
d'Alexandrie, un commentateur de la Bible au temps de Jésus ...
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27
août 2014 - Biographie de Philon d'Alexandrie. Responsable de la
communauté judéenne d'Alexandrie et commentateur de la Bible vivant
à l'époque de ...
Biographie
de Philon d'Alexandrie - Citations - Le Monde
dicocitations.lemonde.fr/biographie/3452/_Philon_d_Alexandrie.php
Qui
est Philon d'Alexandrie ? - Philosophe juif de langue grecque (v. 20
av. J.-C.-50 ap. J.-C.). Bien qu'il soit le plus grand philosophe
juif de son temps, il était ...
PHILON
D'ALEXANDRIE - Encyclopædia Universalis
www.universalis.fr/encyclopedie/philon-d-alexandrie/
Représentant
le plus éminent de l'école philosophique juive d'Alexandrie qui
interprétait la Bible selon les catégories hellénistiques, Philon
a laissé une œuvre ...
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