dimanche 21 mai 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 45

15 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 45 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

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PHILON
Philon d’Alexandrie est un helléniste (Actes 6 :1), c’est-à-dire un Judéen de langue grecque qui vit en diaspora et plus précisément, à Alexandrie, la ville dont est aussi originaire Apollos (Actes 18 : 24).

Au Ier siècle, Alexandrie est la mégalopole la plus peuplée du monde Grec. Pour l’Antiquité, il est toujours difficile de donner des chiffres exacts, mais les historiens estiment qu’à cette époque, il y a entre 400 000 et 1 million d’habitants.
La ville est riche et bénéficie d’un trafic portuaire important. Une voie de navigation la relie à la capitale de l’Empire et on met en général 18 ou 19 jours pour faire le trajet Rome-Alexandrie...
Outre les nombreux gymnases et lieux de divertissement, Alexandrie est surtout connue pour être un haut lieu de culture, qui a notamment abrité la plus grande bibliothèque de l’Antiquité... La ville compte aussi une importante communauté Tudéenne.

C’est au sein de cette communauté que naît Philon. On sait simplement qu’il est déjà avancé en âge au début des années 40. Au vu des critères de l’époque, cette indication laisse entendre qu’il a probablement aux alentours de 60 ans, il serait donc né aux environs de 20 avant Jésus-Christ. Issu d’une des familles de notables qui dirigent la communauté Judéenne d’Alexandrie. Son frère Alexandre est alabarque, c’est-à-dire directeur des douanes et donc extrêmement riche. Cette richesse lui a notamment permis de participer financièrement à la reconstruction du Temple que les disciples de Jésus admirent (Luc 21 : 5).
Cette famille également proche du pouvoir permet à Marcus, le fils cadet d’Alexandre, et donc le neveu de Philon, d'épouser Bérénice, la fille d’Agrippa Ier. C’est cette même Bérénice qui quelques années plus tard rencontre l’apôtre Paul (Actes 25 et 26)

Comme tous les riches de son temps, Philon ne travaille pas. Il occupe donc son temps libre par l’étude. Pour les païens, il s’agit de l’étude de la philosophie, pour un Judéen, c’est bien sûr l’étude de la Torah.

Cette vie tranquille est cependant troublée par la montée des tensions entre païens et Judéens.
Si aux siècles précédents, les Judéens ont été bien acceptés et ont même pu occuper des postes importants, depuis le début de l’occupation Romaine (30 avant Jésus-Christ), les choses changent et un anti-judaïsme de plus en plus virulent se développe au sein de la population Égyptienne. Cet anti-judaïsme a percé dans les milieux intellectuels qui publient plusieurs pamphlets contre les Judéens, mais il se diffuse bientôt au sein de la population qui commence à s’attaquer aux Judéens (agressions physiques, etc.).
Jules César a accordé un certain nombre de privilèges aux Judéens, ceux-ci peuvent suivre les coutumes de leurs ancêtres (la loi de Moïse), et notamment observer le sabbat. Par ailleurs ils ne sont pas obligés de participer aux cultes païens.
A la place, ils doivent offrir au Temple de Jérusalem un sacrifice à leur Dieu (YHWH) en faveur de l’empereur. Auguste et Tibère, sous lesquels Jésus a vécu, a respecté ces principes. Cependant à la mort de Tibère, un nouvel empereur, Caligula, arrive au pouvoir. Celui-ci, d’un orgueil démesuré, ne se satisfait pas des nombreux honneurs dont il bénéficie déjà et veut en plus être adoré comme un dieu...

C’est à ce moment que la foule païenne d’Alexandrie entame un pogrom géant contre les Judéens, avec la complicité du préfet d’Égypte Flaccus. Ce dernier décide de dissoudre les institutions de la communauté et de déchoir les Judéens de tout droit civique à Alexandrie. La foule propose aussi de mettre des statues de l’empereur dans les synagogues, à la fois pour flatter l’empereur et pour humilier les Judéens.

Devant un tel déchaînement de haine, les Judéens d’Alexandrie décident alors d’envoyer une ambassade vers l’empereur Philon en est le chef laquelle doit rencontrer Caligula.
De leur côté, les païens envoient aussi une délégation conduite par un certain Apion.
Mais arrivée en Italie, la délégation Judéenne apprend une nouvelle bien plus grave : Caligula veut faire élever sa propre statue dans le Temple de Jérusalem. Abomination suprême, c’est la consternation générale.
Philon rencontre alors directement l’empereur et essaye de le faire changer d’avis en lui rappelant que les Judéens offrent des sacrifices à Dieu pour sa protection.
Mais rien n’y fait et Caligula ne répond à cela que par la moquerie. Qu’on offre des sacrifices à un autre Dieu en sa faveur lui est bien égal, ce qu’il veut, c’est être lui-même honoré comme un dieu et donc recevoir des sacrifices.
De son côté, le gouverneur de Syrie, Pétronius, qui sait qu’une telle mesure risque de provoquer une révolte générale de tous les Judéens, fait tout pour freiner les choses et ralentir la construction de la statue... Lorsque l’empereur l’apprend, il lui donne l’ordre de se suicider. Pour les Judéens, la situation est désespérée.
Au moment le plus sombre, alors que tout espoir semble perdu, c’est finalement Caligula lui-même qui est assassiné, et le nouvel empereur, Claude, annule tous les projets de Caligula. Philon ne manque pas d’y voir une intervention divine.

Cette ambassade auprès de l’empereur est la dernière trace historique que L'on a de Philon. On ignore la suite de sa vie, qui n’a pas du être très longue, ni de sa mort.
Mais si Philon est resté dans l’histoire, c’est avant tout comme commentateur de la Bible. Il a en effet écrit de nombreux commentaires de différents genres : Linéaires, thématiques, biographiques, etc.
Tous ses commentaires concernent la Torah au sens strict (les 5 premiers livres de la Bible), avec une préférence toute particulière pour la Genèse.
Dans ses commentaires bibliques, Philon parle du « Logos » comme « le fils premier-né de Dieu », « l’image », le « commencement », le Verbe « instrument de la création » mais aussi « l’intercesseur » et « l’ambassadeur ».

Or au début de son évangile, Jean nous révèle que le  « Logos » de Dieu n’est autre que Jésus lui-même, et tous les titres que Philon applique au Logos, sont justement les titres que Paul et les auteurs du Nouveau Testament appliquent à Jésus.
Cette proximité entre Philon et les apôtres n’a pas échappée aux chrétiens des premiers siècles qui connaissent bien Philon et apprécient ses commentaires bibliques. Cette attitude a fait naître progressivement une légende selon laquelle Philon se serait converti au christianisme.
En réalité, cela est presque impossible pour une question de chronologie, et Philon est probablement mort avant d’avoir pu entendre parler de Jésus. En revanche, plusieurs de ses « disciples » ont certainement pu rejoindre très tôt les communautés chrétiennes.

Son œuvre abondante est principalement apologétique, entendant démontrer la parfaite adéquation entre la foi juive et la philosophie hellène. Elle a peu d’influence sur le judaïsme de son temps mais sera une source d’inspiration féconde pour les Pères de l’Église.
Eusèbe de Césarée le cite aussi dans son Histoire ecclésiastique lorsqu’il décrit la vie des Thérapeutes d'Alexandrie.

Redécouvert par le monde Juif à l’ère moderne, Philon a donné son nom au moshav Kfar Yedidia situé dans le nord d’Israël.
Les rares détails biographiques concernant Philon sont tirés de ses œuvres, en particulier Legatio ad Caium ( Légation à Caius Caligula) et chez Flavius Josèphe.
Philon appartient à une famille bien installée et fortunée. Ses écrits semblent démontrer qu'il n'exerce pas de métier pour vivre et qu'il se consacre uniquement aux études.

PHARE D'ALEXANDRIE
Pour Mireille Hadas-Lebel, « la rédaction de son œuvre ne s'étend probablement pas sur une longue période de sa vie ». Il est possible que ses écrits aient été rédigés alors qu'il approche de la vieillesse.
Philon est le frère d'Alexandre Lysimaque, qui occupe le poste d'alabarque c'est-à-dire de responsable des douanes. Il est très riche et proche d'Antonia Minor, la fille de Marc-Antoine, mais n'aime pas le luxe dont s'entoure son frère.
On sait que Philon est marié à une femme vertueuse mais on ignore s'ils ont eu des enfants... Combattant, dans le « De Providentia », les idées du fils aîné de son frère qui « nie... l'existence d'une providence dans le monde et la possibilité de la création ».
Plus généralement, alors que Philon est très marqué par le platonisme et le stoïcisme, le neveu est plutôt du côté de l'aristotélisme et de la Nouvelle Académie. L'historien Flavius Josèphe nous apprend que ce neveu n'est pas « resté fidèle aux coutumes de ses pères ».
Philon a fait des études solides mais on ne sait pas s'il a fréquenté les écoles grecques ou s'il a reçu une éducation dans un petit établissement privé ou encore dans une école proche de la synagogue. On suppose qu'il a étudié la philosophie en assistant « aux conférences publiques du Musée » et en fréquentant la bibliothèque d'Alexandrie. Ses goûts le poussent plus vers Platon et les présocratiques. Il n'apprécie guère Aristote et la Nouvelle Académie.
Des écrits de Philon, il ressort pour Mireille Hadas-Lebel, qu'il aime le sport. En effet, ses écrits contiennent des descriptions de pugilat, d'épreuves de pentathlon, de concours de pancrace ou de courses de chars.
Il aime également assister à des représentations théâtrales ou à des lectures publiques.

Philon écrit son œuvre en grec, de même qu'il lit la bible en grec. Les historiens se sont interrogés sur son niveau de maîtrise de la langue hébraïque.
Ernest Renan l'estime faible, mais le débat n'est pas clos.
Philon, pour reprendre les mots de Mireille Hadas-Lebel, vit « dans une grande cité Grecque apud Aegyptum, en marge de l'Égypte », où les Grecs et les Judéens vivent en diaspora, c'est-à-dire gardent des liens forts avec leurs cités ou leurs provinces (Macédoine, Crète, Judée etc.) d'origine. Si un traité d'origine contestée semble indiquer que Philon a fait un pèlerinage à Jérusalem, par contre sa fréquentation de la synagogue est plus solidement attestée. Cependant, Philon comme la majeure partie des juifs d'Alexandrie pense qu'ils « sont... convaincus de la supériorité de la civilisation Grecque » bien qu'ils « s'explique mal le polythéisme dont elle se contente ». Dans ses écrits, il oppose parfois les fictions mythologiques des dieux Grecs à la vérité de la Bible.


Fondée par Alexandre le Grand, Alexandrie évoque pendant les 3 premiers siècles de son existence « ce que la civilisation méditerranéenne a de plus brillant ». Son architecte Dinocrate de Rhodes l'a conçue selon un plan hippodamien en damier avec des rues à angle droit, adopté d'abord lors de la reconstruction de Milet puis lors de la construction de la ville du Pirée au Ve siècle av. J.-C. par Hippodamos de Milet.
Selon R Martin : « sa division mathématique répond aux divisions mathématiques et logiques dans lesquelles ces philosophes-architectes cherchent à enfermer leur société idéale ». Après sa fondation, la ville devient « le foyer d'une nouvelle civilisation alliant la Grèce et l'Orient ».
HOMÈRE
La cité est divisée en 5 quartiers dont 2 sont occupés majoritairement, voire exclusivement, par des Juifs.
La ville comporte 3 types de population, de 3 religions différentes :
Les Égyptiens pratiquent le culte d'Isis et de Sérapis.
Les Grecs vénèrent les dieux d l'Olympe.
Les Juifs, qui représentent au temps de Philon environ un tiers de la population, le Dieu d'Abraham.
Ces trois religions, donnent naissance à un certain syncrétisme observable notamment dans les nécropoles
.
La ville possède 2 ports. L'un, sur le lac Mareotis, draine les marchandises venant via le Nil et les canaux d'Égypte, d'Afrique ou même d'Asie. L'autre, le port maritime, est destiné surtout à l'exportation des marchandises à travers la Méditerranée.
Alexandrie exporte des papyrus, des étoffes, des vases, des poteries et du blé. Un quart du ravitaillement de Rome vient d'Égypte
Alexandrie compte alors des monuments célèbres comme la phare d'Alexandrie, une des Sept merveilles du monde antique, et la non moins célèbre bibliothèque d'Alexandrie, créée à l'initiative de Ptolémée, un des généraux d'Alexandre, devenu roi sous le nom de Ptolémée Ier Sôter.
Ce dernier s'attache à faire d'Alexandrie la capitale culturelle du monde hellénistique en lieu et place d'Athènes.

En 288 avant notre ère, à l'instigation de Démétrios de Phalère, tyran d'Athènes de 317 à 307 av. J.-C., exilé à Alexandrie et disciple d'Aristote, est construit le (Museîon, le « Palais des Muses ») abritant une université, une académie et la bibliothèque.
Cette dernière abrite 400 000 volumes à ses débuts, et jusqu'à 700 000 au temps de César). Située dans le quartier du Bruchium près des palais royaux (basileia) — Épiphane de Salamine la place au Broucheion. La constitution du fonds s’opère essentiellement par achat, mais également par saisie ou ruse : Ptolémée demande à tous les navires qui font escale à Alexandrie de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et traduits, la copie est remise au navire, et l'original conservé par la bibliothèque.
Alexandrie est alors un centre intellectuel de première importance, plus d'ailleurs dans le domaine de la science et de la philosophie que de littérature. A. Pierron note à ce propos que « la littérature proprement dite végète tristement dans cette atmosphère de science et d'érudition et ne donne que des fruits sans sève ni saveur ».

Les savants disposent d'un lieu de réunion appelé le Musée, cette société a des revenus communs, elle a pour directeur un prêtre, nommé autrefois par les rois, maintenant par l'empereur ».
Parmi les savants et chercheurs ayant résidé au Musée ou ayant établi leur résidence à Alexandrie, non trouve : Euclide, Archimède de Syracuse, Nicomaque de Gérase, fondateur de l'arithmétique, Apollonios de Perga (géométrie), Aristarque de Samos, Hipparque de Nicée Claude Ptolémée.
Parmi les médecins,on cite Dioclès de Carystos, Chrysippe de Cnide, les 2 fondateurs de l'École hérophiléenne de médecine, Hérophile , Érasistrate de Céos.
La cité a abrité aussi une école philologique de premier rang avec Zénodote, Aristophane de Byzance ainsi qu' Aristarque de Samothrace. La philosophie est également très présente, avec notamment Théophraste et Straton de Lampsaque qui ont séjourné au Musée. Si, dès le départ, toutes les écoles philosophiques ont été présentes à Athènes, l'école de philosophie Alexandrine est postérieure à Philon et ce dernier peut « en être considéré comme le précurseur ».

Selon une tradition rapportée dans la Lettre d'Aristée (IIe siècle av. J.-C.) -un pseudépigraphe relatant de manière légendaire la traduction en grec de la Bible - celle-ci réalisée par 72 (septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la demande de Ptolémée II.
Philon, et après lui Augustin d'Hippone dans son livre la Cité de Dieu, prêtent foi à cette thèse.
Cette traduction ne concerne pas toute la Bible, mais seulement « ce que les Juifs d'Alexandrie appelaient o nomos, loi, ou de préférence , au pluriel oi nomoi, les lois, c'est-à-dire les 5 premiers livres de la Torah, connus sous le nom grec de Pentateuque ».
Si dans la lettre d'Aristée, la providence divine est discrète se limitant au fait que les 72 traducteurs finissent la traduction en 72 jours, Philon au contraire accentue le caractère divin de cette traduction.
Les traducteurs vivent sur l'île de Pharos à l'abri des vices de la ville, ils demandent l'aide divine avant de se mettre au travail.
Dans un écrit sur Moïse (II, 37), parlant des traducteurs, il écrit : « Ils prophétisent, comme si Dieu avait pris possession de leur esprit, non pas chacun avec des mots différents mais avec tous les mêmes mots et les mêmes tournures, chacun comme sous la dictée d'un invisible souffleur ».
De sorte, que pour lui, la version grecque est aussi incontestable que la version hébraïque et possède un caractère sacré. Il écrit « Toutes les fois que des Chaldéens sachant le grec ou des Grecs sachant le chaldéen se trouvent devant les 2 versions simultanément, la chaldéenne et sa traduction, ils les regardent avec admiration et les respectent comme 2 sœurs ou mieux comme une seule et même œuvre ».

Un groupe de chercheurs du CNRS a publié dans Biblia Patristica, en 1982, une étude faisant le point sur les textes que cite Philon dans ses commentaires. Le livre de la Genèse (58 colonnes) est le plus cité avant celui de l'Exode (28 colonnes), le Deutéronome (13 colonnes et demie), le Lévitique (12 colonnes) et les Nombres (9 colonnes). Les autres écrits bibliques n'occupent que 3 colonnes. Philon, comme toute une tradition hébraïque, attribue le Pentateuque à Moïse.
Ce qui intéresse Philon dans ces livres ce n'est pas l'histoire qu'ils contiennent (pour Hadas-Lebel, la pensée de Philon est anhistorique) mais ce qu'ils disent du rapport entre Dieu et les êtres humains.
Mireille Hadas-Lebel soutient que Philon a d'abord écrit ses commentaires bibliques en fonction des questions que se posent les Juifs à l'époque. Il s'agit d'homélies synagogales qui ont été mises par écrit sous une forme plus élaborée, plus graphique.
La question qui charpente l'œuvre n'y est plus toujours explicitée, même si elle demeure toujours sous-jacente.

Selon Photios Ier de Constantinople, Plotin est à l'origine de l'interprétation allégorique de la Bible adoptée par les chrétiens.
Théodore de Mopsueste considère Plotin comme le maître d'Origène en ce qui concerne l'interprétation allégorique. Toutefois, il considère que le Père de l'Église va plus loin dans ce domaine que Philon, qui respecte malgré tout usuellement le sens historique du texte.
À l'époque Hellénistique, les Juifs sont influencés et stimulés par l'exégèse que font les Grecs des textes d'Homère.
Le problème qui va se poser à Philon est que ce sont des textes non didactiques, c'est-dire des textes se référant à des mythes qui font l'objet d'une interprétation allégorique... Or, pour lui, la Bible n'est pas un texte qui parle de mythe, c'est la parole de Dieu.

Pour Philon, les personnages bibliques représentent des dispositions d'âmes, d'esprits. Il suit en cela Platon qui, dans Alcibiade (I, 130c), définit l'homme « comme rien d'autre que l'âme ». Un autre trait platonicien de l'interprétation allégorique de Philon est le haut niveau d'abstraction de ses écrits.
Pour Kamesar, cela tient au fait que pour l'exégète Alexandrin, les personnages de la Bible sont des sortes d'idéaux-types représentant des idées ou des formes de vertu. Dans le « De Vita Mosis » (1.158-9) il évoque la vie de Moïse en termes de paradigme et de types.
Pour Philon :
Abraham symbolise ceux qui acquièrent la vertu par l'apprentissage.
Isaac celui qui l'apprend par nature.
Jacob celui qui l'apprend par la pratique lors de son combat avec l'ange.
Caïn de son côté représente l'amour de soi.
Pour l'Alexandrin, la partie historique du Pentateuque nous montre des individus en lutte avec leurs passions et leurs corps, tendus dans un effort pour les dépasser et atteindre la vertu, dans un mouvement de l'âme permettant à travers la purification de voir et de contempler Dieu.
Philon recourt à la même allégorie que la Bible pour « expliquer les anthropomorphismes bibliques » c'est-à-dire lorsque Dieu est présenté avec des sentiments humains.
Philon écrit son œuvre au moment où les Pharisiens et les Esséniens étudient aussi la Bible. On manque de preuve pour savoir s'ils se sont connus ou s'ils ont correspondu.
Néanmoins, c'est à cette époque qu'à Jérusalem Hillel et Shammai introduisent une tradition d'interprétation orale, appelée loi orale, qui donne naissance au Talmud et au Midrash. (Le Midrash (מדרש ; pluriel midrashim) est un terme hébreu désignant une méthode d'exégèse herméneutique, comparative et homilétique, parmi les quatre méthodes réunies sous le nom de Pardès).

Pour S. Belkin d'une certaine façon, « Philon est l'auteur d'un Midrash de langue grecque ». De fait, même si l'œuvre de Philon est nettement plus philosophique, des points communs avec le Midrash peuvent être notés : l'importance donnée à l'étymologie ainsi que l'attention portée aux moindres détails du texte.
Par contre, les auteurs du Midrash font un usage plus restreint de l'allégorie et gardent « aux personnages bibliques leur dimension humaine ».

Dans ce qui est considéré comme son œuvre philosophique, Philon se réfère peu à la Bible ou à l'enseignement juif. Selon Royse, ces écrits témoignent des dons mais aussi d'un certain éclectisme de Philon dans la mesure où ses écrits se présentent tantôt sous la forme de thèse, de diatribe ou de dialogue. On note aussi que ce sont ces textes qui ont le plus souffert de la traversée des âges car, comme ils intéressent moins les érudits, moines et chercheurs chrétiens, ceux-ci en on moins pris soin.
En règle générale, Philon s'oppose à Aristote sur la création du monde . Pour lui, comme pour Platon et les stoïques, le monde a été créé alors que pour Aristote, le monde est éternel. Or, dans le Traité sur l'éternité du monde, il semble dire l'inverse. Cela a mené les experts à considérer pendant longtemps ce texte comme n'étant pas de Philon... Pourtant des études philologiques et stylistiques ont confirmé l'authenticité du texte. De nos jours, les chercheurs ont tendance à penser que le texte est incomplet et se résume à l'exposé des thèses aristotéliciens, alors que la partie où il aborde une position plus platonicienne a disparu.
Mireille Hadas-Lebel, dans le De Opificio, considère que le fait que la création dépende à la fois d'un principe passif, la matière, et d'un principe actif, Dieu considéré comme le véritable créateur, traduit une influence stoïcienne. Est également stoïcienne la façon de voir l'univers comme une mégalopolis gouvernée par la Providence, telle qu'elle est développée notamment dans le « De Providentia ». De même, le lien entre la Providence, le logos qui imprègne l'univers et la raison des hommes est-il d'inspiration stoïcienne.
La Cité est gouvernée par les êtres dotés de raison (hommes et femmes) pour la partie morale et politique et par les astres pour la partie physique. Tout comme chez les stoïciens, chez Philon, l'univers est créé pour les humains et les animaux sont considérés comme inférieurs à l'homme car ils n'ont ni mains, ni parler, ni raison. Ce thème est particulièrement développé dans le De Animalibus.

LES TABLES DE LA LOI.
Jérôme de Stridon a remarqué très tôt l'influence de la pensée de Platon sur Philon. Le Timée imprègne ses commentaires sur la Genèse du De Opficio Mundi et du Legum Allegoriaen. Chez Philon comme chez Platon, un Dieu bienveillant, appelé artisan chez Platon et architecte chez Philon, crée le monde. En fait, il crée avant le monde intelligible, le plan de l'architecte, antérieur au monde matériel. De même, comme chez Platon, l'architecte n'est pas responsable des failles de l'homme réel et du mal qui est en lui, car ce n'est
15 MARS 2017...

Cette page concerne l'année 45 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

pas lui, mais ses aides qui ont créé l'homme sensible.







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Biographie de Philon d'Alexandrie - Citations - Le Monde
dicocitations.lemonde.fr/biographie/3452/_Philon_d_Alexandrie.php
Qui est Philon d'Alexandrie ? - Philosophe juif de langue grecque (v. 20 av. J.-C.-50 ap. J.-C.). Bien qu'il soit le plus grand philosophe juif de son temps, il était ...

PHILON D'ALEXANDRIE - Encyclopædia Universalis
www.universalis.fr/encyclopedie/philon-d-alexandrie/
Représentant le plus éminent de l'école philosophique juive d'Alexandrie qui interprétait la Bible selon les catégories hellénistiques, Philon a laissé une œuvre ...

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