vendredi 21 février 2014

1178... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1178 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée. Il ne peut donc s'agir que d'un survol !


1178... PIERRE DE TROYES L'AUTEUR DE L'HISTOIRE SCOLASTIQUE.

LETTRINE
Pierre Comestor, (le Mangeur) naît à Troyes au XIIe siècle, doyen de l’Église de cette ville, devenu professeur, puis chancelier des écoles de 1168 à 1178, à Paris il dirige l'école de théologie, puis se retire à l'abbaye de Saint-Victor, où il meurt vers 1178. On a de lui « Historia scholastica super Novum Testamentum », abrégé des Écritures, avec des gloses tirées des auteurs ecclésiastiques et profanes. Cet ouvrage, longtemps classique, a été traduit en Français par Guyart des Moulins, Paris, 1494.

Il est l’auteur de « l'Histoire scolastique », un commentaire de la Bible en latin où il s'attache avant tout à mettre en valeur le sens littéral du texte. Il fait référence, non seulement aux commentaires des Pères de l’Église, mais surtout à des ouvrages historiques comme les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe...
Vers 1295, un chanoine d'Aire-sur-la-Lys, en Picardie, Guiard des Moulins, traduit en Français l'Histoire scolastique, en y ajoutant des extraits d’une traduction Française de la Bible qui a été élaborée au cours du XIIIe siècle. Ainsi naît la « Bible Historiale », qui sera progressivement complétée par des emprunts de plus en plus larges à la Bible en Français. Cette Histoire Sainte a très vite connu un vif succès. Entre 1315 et 1350, la Bible Historiale devient l'une des œuvres les plus fréquemment copiées et enluminées à Paris. Or, c'est précisément à cette production parisienne qu'il convient de rattacher le (ms. 59) de la Médiathèque de Troyes. Cet imposant volume in-folio de 622 feuillets contient la version complétée de la Bible Historiale, accompagnée d'une abondante illustration. 141 peintures animées et hautes en couleur, qui se détachent souvent sur un fond d'or, ouvrent chaque livre et chaque section de l’Ancien Testament. Les enluminures se concentrent sur certains thèmes pour constituer des cycles comme la Création, l’Histoire de Noé ou la vie de Joseph...
Le présent volume examine les différents aspects de l’œuvre de Pierre le Mangeur et situe cet auteur dans l’histoire culturelle de son temps.
BIBLE HISTORIALE
Pierre le Mangeur, connu également sous le nom de Pierre Comestor, est souvent appelé par ses contemporains Pierre de Troyes. Il est né probablement dans cette ville et y a été doyen du chapitre cathédral. Mais, s’il reste fidèle à cette cité, c’est en tant que maître à Paris qu’il jouit d’une réputation considérable: successeur de son maître Pierre Lombard, il a parmi ses élèves des auteurs aussi prestigieux que Pierre de Poitiers ou Étienne Langton. À la fin de sa vie (il meurt en 1178), etse retire à Saint-Victor de Paris. Son œuvre la plus célèbre « l’Historia scholastica », sorte de manuel d’études bibliques, fondé sur une réécriture des parties narratives de la Bible (jusqu’aux évangiles) et intégrant de nombreux éléments d’exégèse. Commentée pendant une ou deux générations (fin du XIIe siècle, début du XIIIe), elle fait l’objet d’une adaptation extrêmement bien diffusée en Latin, l’Aurora de Pierre Riga, puis des traductions-adaptations en diverses langues vernaculaires, notamment la Bible Historiale de Guyart des Moulins (à la fin du XIIIe siècle), qui constitue la traduction française la plus répandue de la Bible à l'époque et qui a aussi traduit la Bible de Saint Jérôme, la Vulgate, et il a choisi de publier les deux ouvrages simultanément, l'un glosant l'autre, sous le titre de Bible Historiale.
Pierre le Mangeur est aussi l’auteur d’un corpus de 189 sermons, qui laissent percevoir une évolution vers le sermon « moderne » plus tardif, et de commentaires des évangiles très passionnants, en ce qu’ils nous font véritablement entrer dans la classe du maître. Son œuvre théologique, encore mal connue, comprend un nombre important de « quaestiones », un traité sur les sacrements et, peut-être, un commentaire des Sentences de Pierre Lombard, dont seuls des fragments nous sont parvenus...
L'œuvre de Pierre le Mangeur se situe dans l’histoire culturelle de son temps: très marqué par les conceptions herméneutiques de Hugues de Saint-Victor (et lié à cette école majeure du XIIe siècle), c'est aussi l’un des représentants principaux de ce que l’on a pu appeler l'« école biblique-morale » parisienne (dernier tiers du XIIe siècle). Le retentissement de son œuvre fait l’objet de plusieurs études et rappelle que l’Historia Scholastica a été imprimée dès le dernier quart du Xve siècle...

I L’œuvre théologique

- Sur les traces du commentaire des Sentences de Pierre le Mangeur : Claire ANGOTTI (Université de Reims)
- Les questions attribuées à Pierre le Mangeur : Francesco SIRI (Université La Sapienza, Roma).
- L’ars praedicandi de Pierre Comestor : Franco MORENZONI (Université de Genève).

II. L’œuvre biblique

  • L’exégèse de Pierre le Mangeur : Gilbert DAHAN (CNRS – EPHE Paris).
    - Les commentaires des évangiles : le travail du Maître Pierre le Mangeur : Emmanuel BAIN (Université de Nice).
    - Et comedit omnem fructum (Ps 104,34). Les commentaires de la Magna glosatura in Psalmos attribués à Pierre le Mangeur et leurs sources : Martin MORARD (CNRS).
    - Historia Judaicia. Petrus Comestor and his Jewish sources : Ari GEIGER ( Bar-IIIan University).
    - Le Mangeur au festin. L’Historia scholastica aux mains de ses lecteurs : Glose, Bibles en images, Bibles historiales (fin XIIIe-XIVe siècle) : Guy LOBRICHON (Université d’Avignon).




Pierre Comestor fréquente l'école claustrale de Saint-Loup, puis en devient chanoine. Il obtient du Pape Eugène III la charge de doyen (decanus trecensis), qu'il conserve de 1147 à 1164.
Vers 1150, il suit les cours de Pierre Lombard à l’École cathédrale de Paris.
Il enseigne comme professeur réputé en 1158, puis il paraît jouir de la dignité de chancelier de l’église métropolitaine, ancien nom de la charge de Chancelier de l'Université de Paris. (celui qui délivre les diplômes).
On le trouve souvent cité dans la littérature médiévale sous la forme Magister in Historiis. Réputé de très haute culture et fort savant, le cardinal Pierre de Saint Chrysogone le désigne au Pape Alexandre III pour être candidat à la fonction de cardinal, mais il n'est pas retenu. Il participe probablement au Concile de Latran III, en mars 1179.
Au début des années 1170 il devient chanoine régulier de Saint Victor .Avant 1173 il y achève son œuvre majeure, l’Historia Scholastica. Le texte s'en tient à un récit historique doté d'une grande diversité de sources.
PIERRE DE TROYES
Pierre le Mangeur est un disciple de l'hebraica veritas prônée par Hugues de Saint Victor et surtout par André de Saint Victor. regroupé sous le terme d'école biblique-morale qui comprend, outre Pierre le Mangeur, Pierre le Chantre et Étienne Langton ainsi que de nombreux maîtres dont l'objectif est de fonder la réforme morale du clergé et du peuple sur l'étude de la Bible et la prédication. Le texte de Pierre le Mangeur montre qu'il recueille nombre de traditions juives et qu'il a des contacts avec les exégètes juifs (cf. les travaux de G. Dahan).
Il est aussi l’auteur de commentaires sur les Épîtres de Paul et sur les Évangiles, mais il restera pour les siècles à venir « Magister historiarum » comme Pierre Lombard est demeuré « Magister Sententiarum ».
Il a composé lui-même son épitaphe, retrouvée dans l'Abbaye de Saint Victor et qui rappelle les qualités de l’homme :
L'épitaphe de Pierre le Mangeur

Latin
Traduction
Petrus eram quem petra tegit,
J'étais Pierre que la pierre couvre
dictusque Comestor nunc comedor.
dit le mangeur, maintenant « mangé »
Vivus docui nec cesso docere mortuus,
Vivant j'ai enseigné et mort je ne cesse d'enseigner
ut dicant qui me vident incineratum
afin que ceux qui me voient réduit en cendre disent:
Quod sumus iste fuit,
Ce que nous sommes, il le fut;
erimus quandoque quod hic est
un jour nous serons ce qu'il est ici.



MOINE COPISTE
L'Historia Scholastica super Novum Testamentum est rédigée en latin entre 1169-1173.
L'œuvre ne porte probablement pas de titre à l'origine, elle est dédiée à Guillaume aux Blanches Mains (Guillaume de Champagne), frère d'Henri le Libéral, Comte de Troyes (+ 1181), alors archevêque de Sens puis de Reims où il est intronisé le 8 août 1176.
Il s'agit d'un abrégé des Écritures, une sorte d'adaptation très narrative de l'Histoire Sainte, insérée dans l'histoire générale de l'humanité, avec des gloses tirées des auteurs ecclésiastiques et profanes, mêlant les Écritures canoniques à toutes sortes d'emprunts aux apocryphes et aux commentaires des exégètes juifs. Longtemps classique dans les écoles, elle est « une des œuvres les plus originales de la fin du XIIe siècle » .
La diffusion, considérable, se fait en latin, désignée très souvent pendant des siècles, par le mot de Biblia . On a retrouvé plus de 800 manuscrits de l'Historia scolastica datant du XIIe au XVIe siècle. Le plus ancien manuscrit se trouve à Paris, BN, Ms. lat. 16943. Elle a été imprimée à la requête de Charles VIII à Utrecht par Nicolas Ketelaer 1473
Un seul autre exemplaire de ce titre a à ce jour été localisé.
Il se trouve dans la Biblioteca de San Tommaso d'Aquino del Seminario Vescovile di Bisceglie, à Turin, en Italie.
L'édition de la Patrologie latine par Migne (Migne, PL, cxcviii, 1072) fait référence [mais ce n'est pas une édition critique suffisante pour un travail scientifique]. Pour la Genèse, on utilise désormais l'édition scientifique parue dans la collection du Corpus Christianorum.
Paris, entre 1175 et 1190, pour Gui de Bazoches, est la source de la doctrine salutaire, la forteresse éternelle de la lumière et de l'immortalité où les 7 arts libéraux établissent leur demeure.
Pour Philippe de Harvengt (f 1183), prélat des chanoines Prémontrés de Bonne-Espérance, auteur de De V institution des clercs, Paris est la Jérusalem où le nombre d'éminents professeurs est tel qu'on pourrait l'appeler la Cité des lettres. Paris n'est plus la Babylone dépravée, elle est Cité des auteurs sacrés, de David, de Salomon.
En 1164 Jean de Salisbury remarque l'abondance des vivres, la gaîté de la population parisienne, le respect qui entoure le clergé et la majesté de l'Église, et compare Paris à l'échelle de Jacob dont le sommet touche le Ciel
A l'origine, les écoles de Notre-Dame sont situées dans le cloître, une enceinte qui s'étend au nord et à l'est de l'église, le long de la Seine. Son emplacement est délimité aujourd'hui par la rue d'Arcole, la rue du Cloître-Notre-Dame et la Seine avec le quai aux Fleurs. Le cloître ne ressemble pas aux cloîtres des monastères, mais est une agglomération de maisons dont un grand nombre sont habité par les chanoines. Le soin des écoles est confié à l'écolâtre et aux chanoines de Notre-Dame.
Mais malgré la nouvelle politique du Chapitre, les chanoines ouvrent leur maison à d'illustre pensionnaires. Louis VII, en accordant en 1157 aux chanoines l'exemption de ses droits de gîte, se rappelle qu'il a été élevé dans le cloître...
Il semble bien qu'il y eut certaines maisons dans le cloître, réservées aux érudits du Chapitre ou préférées par eux, comme « la maison de la Sainte Vierge » (domus Sancte Marie), qui depuis 1178 est habitée par des chanoines ayant le titre de Maître.
Les écoles ont définitivement abandonné le cloître quand Maurice de Sully monte en 1160 sur le trône épiscopal de Notre- Dame, puisqu'il renforce une ordonnance de son prédécesseur Thibaud (Theobaldus) interdisant aux chanoines de louer leur maison à un écolier, ou même de leur offrir l'hospitalité.
L'application de cette règle est tellement stricte que le pape Alexandre IV doit demander, en 1256 au Chapitre de Notre-Dame d'accorder comme une faveur spéciale, que ses trois neveux, Roger, Jean, et Blaise, soient admis au cloître pour y habiter et vaquer aux études (disciplinis scolasticis ibidem vacaturos).




Médiathèque de Troyes - feuilletoirs

www.mediatheque-agglo-troyes.fr/webmat2/expos/.../feuilletoir-6.html
Le chanoine Pierre Comestor, originaire de Troyes, est devenu professeur puis chancelier des écoles de 1168 à 1178, à Paris, où il est mort vers 1179 à ...

Pierre Comestor, proto-pédagogue - L'Est Eclair

www.lest-eclair.fr/article/oeuvres.../pierre-comestor-proto-pedagogue
6 nov. 2011 - Pierre de Troyes », comme il se nomme lui-même, est « chanoine ... Il se retire en 1178 à l'abbaye Saint-Victor, où il meurt et où il est inhumé.

Pierre le Mangeur — Wikipédia

fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_le_Mangeur
Pierre le Mangeur (Petrus Comestor; on trouve aussi Manducator) est un théologien né à Troyes vers 1110 et mort à Saint-Victor le vendredi 12 octobre 1179.

Petrus Comestore - Artiques Roadshow

artiquesroadshow.com/Comestore.htmTraduire cette page
Peter Comestor - Petrus Comestor ("Pierre le Mangeur") - (Pietro Mangiadore). Theological writer, native of Troyes, date unknown; died Paris about 1178.






4 commentaires:

  1. Que d'interprétations existent sur la Bible. Chacun y va de sa manière de la lire.
    Très bonne journée.

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  2. C'est un peu normal, déjà lorsqu'on lit un simple livre chacun l'interprète à sa façon, alors celui-là qui est le récit d'évènement si anciens, si déterminants, merveilleux, tragiques, comment voudriez-vous qu'il ne fasse pas rêver, cogiter, ou délirer.

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  3. Bonjour chers Ada et Chantal!

    Lors d'une conférence "La Bible en image: pré-histoire des tapisseries de la Chaise-Dieu, le professeur Guy Lobrichon a noté: "Cette Historia scolastica influence très profondément la lecture de toutes les images sculptées, de toutes les images peintes qui sont produites en Occident. Elle constitue, évidemment, une source pour toute la tradition ultérieure. Autrement dit, lorsqu’on a un problème d’interprétation d’une image qui, par chance, peut être considérée comme ayant trait à l’histoire biblique, il faut aller voir dans L’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur.."

    Le latin est une langue que j'aime beaucoup, je l'ai d'ailleurs pris en option lors de mes études de Psycho..

    Et mon père avait une vraie passion pour les langues anciennes, il possédait un Nouveau testament avec les textes grec et latin en regard..Alors là, plus de problème d'interprétation! ;-)

    Amitiés

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    1. Ce sont des choses qui me fascinent lire les langues anciennes mettre mes pas dans ceux qui ont foulés le terrain où je suis si longtemps avant moi, leurs habitudes, leur vie, si ma pauvre maman avait pu et si j'avais été plus persévérante j'aurais aimé être archéologue.

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