dimanche 23 février 2014

1176... EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1176 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée. Il ne peut donc s'agir que d'un survol !

1176 LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG BRULE MAIS, RECONSTRUITE AUSSITÔT

LA CATHÉDRALE EN 1891
L'évêché de Strasbourg apparaît au IVe siècle. Il connaît une éclipse pendant l'invasion par les Alamans avant d'être reconstitué au VIIe siècle. C'est alors un vaste évêché qui comprend tout le Jura, et ce, jusqu'à la seconde moitié du VIIIe siècle. Une première cathédrale est édifiée au VIIe siècle. Un édifice Carolingien lui succède. Après le pillage de celui-ci en 1002, une nouvelle cathédrale est édifiée à partir de 1015 par l'évêque Wernher de Habsbourg. Sa construction se poursuit jusqu'en 1055, après une tempête qui abat la flèche (1074) et deux incendies sans gravité (1136 et 1140) ensuite surviennent surviennent deux autres incendies (1150 et 1176) qui rendent nécessaires une reconstruction. Après ce dernier sinistre, l'évêque Henri de Haselbourg décide la construction d’une nouvelle cathédrale, plus belle que celle de Bâle qui vient d’être achevée. Le chantier de la nouvelle cathédrale commence sur les fondations de la construction précédente, ce qui explique la largeur de la cathédrale, sur un plan basilical ; elle ne s’achève que plusieurs siècles plus tard. Le grès des Vosges utilisé pour sa construction lui donne une couleur rose caractéristique. Malheureusement très friable, il impose des travaux de restauration constants, surtout à notre époque où la pollution rend l'atmosphère acide et attaque la pierre.


ERWIN VON STEINBACH
Une nouvelle construction est entreprise après 1176 : le chœur flanqué de chapelles à deux étages et le transept sont achevés vers 1240, la nef est alors bâtie sous l'influence du style Gothique Français jusqu'en 1275 et, en 1277, la façade est commencée par Erwin von Steinbach. Dans un encadrement de pierre finement ajouré fleurit une merveilleuse rosace, attribué à Erwin de Steinbach, maître d’œuvre de la cathédrale de 1284 à 1318. Cette rosace, unique en son genre, est composée d'épis de blé, et non de Saints, comme c'est la coutume. Ils sont le symbole de la puissance commerciale de la ville. Au dessus de la rosace, deux tours reliant le beffroi construit à la fin du XIVe siècle composent la plate-forme. De cette hauteur, après avoir escaladé les 329 marches, on jouit d'un superbe panorama sur la ville et ses environs. Sur la plate-forme se dresse la tour, octogonale, surmontée d'une flèche ajourée, due à Jean Hultz de Cologne.


LA NEF ET LE CŒUR EN 2012 EN COMMÉMORATION DU SERMENT DE KOUFRA
La nef inspirée de celle de Saint-Denis, construite en deux campagnes entre 1236 et 1275, émerveille par l'harmonie de ses proportions. Elle a conservée la plupart des ses verrières d'origine dont l'éclat doré est dû à l'emploi de teintes claires que privilégient les maîtres-verriers Strasbourgeois. Les vitraux les plus anciens datent du XIIIe siècle et représentent une succession de rois et empereurs Germaniques. La Vierge du chœur et la rose de la façade sont quant à elles modernes. Les travaux poursuivis après son décès permettent aux deux tours (conférant à la façade la silhouette de Notre-Dame de Paris) d'atteindre, en 1365, le niveau de la plate-forme actuelle. Ce type de façade est ensuite abandonné au profit d'un bloc de façade de type Germanique qui ne donne guère satisfaction. En 1399, Ulrich von Ensingen, l'architecte de la cathédrale d'Ulm (Allemagne) supervise l'érection de l'octogone au-dessus de l'ancienne tour nord. Après la mort de von Ensingen, la tour sera complétée par une flèche, en 1439, par Jean Hültz de Cologne. À cause de la Réforme, la cathédrale devient protestante. L'Humanisme et la Réforme gagnent Strasbourg au XVIe siècle et vont largement marquer la ville. Les thèses de Luther sont affichées dès 1518 aux portes de la cathédrale. La ville adopte la Réforme en 1524 et attribue les églises aux protestants. La cathédrale Notre-Dame ne sera restituée qu’en 1615... Après le rattachement de Strasbourg à la France en 1681,la cathédrale est rendue aux catholiques
Pendant la guerre de 1870, la toiture de la cathédrale est gravement endommagée par les bombardements.
Durant l'annexion de fait de l'Alsace-Lorraine par le Troisième Reich, la cathédrale est fermée au culte par décret de Hitler...
La cathédrale illustre richement l'histoire de la sculpture gothique. La façade du croisillon sud est ornée des célèbres Église et Synagogue du même atelier que le remarquable pilier des anges (1230-1250) à l'intérieur. Les statues décorant le triple portail de la façade gothique représentent les prophètes, les vierges sages et les vierges folles, les vertus et les vices et datent des XIIIe et XIVe siècles. À l'intérieur, on peut admirer, entre autres, le baptistère de style gothique flamboyant dû à Dotzinger (1453), la superbe chaire ornée de nombreuses statuettes ciselée vers 1485 par Hans Hammer et le Mont des Oliviers dans le transept nord, œuvre de Nicolas Roeder (1498). Signalons pour finir le portail flamboyant Saint-Laurent de la fin du Moyen-Âge.
La cathédrale comporte bien d'autres richesses telles les vitraux du XIIe siècle au XIVe siècle, l'autel Saint-Pancrace (1522) provenant de Dangolsheim, les tapisseries formant la tenture de la Vierge du XVIIe , acquises au XVIIIe et enfin une curiosité très visitée, l'horloge astronomique qui, sur son buffet du XVIe siècle au décor peint par Tobias Stimmer, possède un mécanisme du XIXe siècle dû à Schwilgué. À sa gauche, on peut admirer des peintures murales du XVe siècle.
ORGUE EN NID D'HIRONDELLE
Accroché en nid d'hirondelle au côté nord de la nef, l'orgue de la cathédrale de Strasbourg, au décor bleu, vert, rouge et or, attire tous les regards des visiteurs. En réalité, cet ensemble parfait est le fruit d'une longue histoire et, à le bien regarder, on y trouve une étonnante synthèse d'éléments très disparates mais magnifiquement mêlés.
LE TENTATEUR ET LES VIERGES FOLLES
La présence d'un orgue à la cathédrale de Strasbourg est attestée dès 1260. Il y a aussi deux autres instruments construits et remodelés soit en 1292 et 1327. Mais les parties les plus anciennes du buffet actuel ne sont pas antérieures à 1385. La tribune en nid d'hirondelle date de cette époque. Elle est construite en sapin et est suspendue au mur par une énorme poutre de chêne verticale jusqu'à la statue de Samson chevauchant le lion. À droite, le personnage articulé représentant un vendeur de bretzels est le célèbre Rohraffe (singe braillard) qui, du bras et de la tête, ponctue les invectives lancées par un valet de la cathédrale caché dans la tribune lors de la procession de la Pentecôte. Le bras droit du héraut de la ville (à gauche) et la gueule du lion sont également mobiles.
En 1434, l'ensemble est renouvelé, mais c'est en 1491 que le facteur Friedrich Krebs d'Ansbach réalise l'essentiel de la boiserie avec ses deux buffets, ses bois découpés et, à cette époque, de grands volets peints pour protéger la tuyauterie. Ces volets devaient s'apparenter au retable d'Issenheim qui fait la gloire du musée de Colmar... Plusieurs facteurs modernisent la partie instrumentale sans toucher au buffet : Hans Süss de Cologne en 1511, Sigmund Peistle de Fribourg-en-Brisgau en 1564, Anton Neuknecht en 1608 et Matthias Tretzscher en 1658-60. De 1713 à 1716, la partie instrumentale est entièrement reconstruite par Andreas Silbermann qui en fait un orgue de 39 jeux sur 3 claviers et pédaliers. Silbermann aurait voulu construire un buffet neuf, mais des dépenses imprévues pour la réparation des toitures, suite à une tempête, l'obligent à conserver le buffet gothique, en remplaçant toutefois les volets peints par des ailes et en changeant les claires-voies des plates-faces du grand-orgue. Son décor d'acanthes s'harmonise d'ailleurs fort bien avec les feuillages gothiques. Quant à la polychromie, elle est recrée en 1840.
L'instrument a ensuite subi le sort de la plupart des orgues de cathédrale, victime d'un acharnement thérapeutique qui le laissa exsangue... On note les interventions de Georges Wegmann en 1833 et 1842, de Charles Wetzel en 1873, de Heinrich Koulen en 1897. L'orgue est démonté en 1908 et réquisitionné pour ses parties métalliques en 1917. En 1927, Roethinger procède à une restauration qui est en fait la reconstruction totale de l'orgue. Après toutes ces interventions, il ne reste que très peu de chose de la tuyauterie de Silbermann : les tuyaux de façade et quelques rares tuyaux intérieurs, oubliés par les démolisseurs...
Sur la base de ce reliquat ancien, Alfred Kern de Strasbourg construit en 1981 un orgue neuf de 47 jeux sur 3 claviers et pédaliers, un instrument plein de qualités mais qui ne peut plus être qualifié d'historique. Cet instrument incorpore le matériel ancien dans les vieux buffets polychromes restaurés avec un soin parfait. Il constitue un ensemble à l'esthétique de Silbermann, au XVIIIe siècle, synthèse totale des styles baroques Français et Allemand.
La cathédrale de Strasbourg est la deuxième plus grande cathédrale de France après celle de Rouen. La flèche de la tour nord culmine à 142 mètres au-dessus du sol. C'est la plus haute flèche construite au Moyen-Âge qui existe encore aujourd'hui, classée monument historique depuis 1862.
SABRINA VON STEINBACH SCUPTANT LA "SYNAGOGUE"
Construite au XVIe siècle, l'horloge astronomique est considérée comme un chef-d’œuvre de la Renaissance. Cette horloge est un héritage de la Réforme. Elle est construite vers 1547 par une équipe d'horlogers Suisses. Hors d'usage depuis la Révolution, Jean-Baptiste Schwilgué l'anime d'une vie nouvelle vers 1840. Enrichie par ses soins d'un planétaire Copernicien et d'un comput ecclésiastique, l'Horloge attire surtout par le jeu de ses automates. A cet instant, on peut voir les apôtres défiler devant le Christ. Leur passage est ponctué par les battements d'ailes et les chants d'un grand coq. Des automates s'activent tous les jours à partir de 12h30. Tous les quarts d'heure, les quatre âges de la vie s'animent : l'enfant, le jeune homme, l'homme d'âge mûr et enfin le vieillard.
Pour la petite histoire, quatre autres édifices ont dépassé momentanément la hauteur de la cathédrale de Strasbourg :
  • La flèche de la cathédrale de Beauvais culmine
    à 153 mètres pendant 4 ans avant de s’effondrer en 1573.

  • En Angleterre, l’ancienne cathédrale Saint-Paul de Londres avait une tour de 150 mètres avant d’être détruite par un incendie.
  • En Angleterre, la cathédrale de Lincoln posséda une tour-lanterne s’élevant à une hauteur de 160 mètres qui s’effondra en 1549.
  • En Allemagne, Sainte Marie de Straslund atteignit la hauteur de 150 mètres.

La cathédrale reste donc l’édifice le plus haut du monde (depuis que la Pyramide de Khéops, débarrassée de son revêtement de pierres polies, soit passée de 146 à 137 mètres) jusqu’en 1874, date de l’achèvement de la flèche de l’église Saint-Nicolas de Hambourg (147 mètres). A la même époque, les flèches des cathédrales d’Ulm (qui avait le même maître d’œuvre ce qui leur donne une forte parenté) et de Cologne la dépassent avec les hauteurs respectives de 161 mètres et 157 mètres. La cathédrale Notre-Dame de Rouen atteint les 151 mètres en 1876, date de la fin de la construction de sa flèche.

Légendes :
UN PILIER EN CHÊNE RETROUVE EN 1905
Le lac souterrain : La cathédrale a été construite sur un terrain mouvant, la nappe phréatique étant à très faible profondeur, un édifice de cette taille nécessite des fondations résistantes, on choisi d'immerger dans le sol une forêt de troncs de chêne : imputrescible lorsqu'il est immergé, c'est un soubassement à toute épreuve... Sauf une : au XIXe siècle, la nappe a baissé et le chêne a commencé à pourrir, ce qui a nécessité des injections de béton pour stabiliser la tour qui avait déjà une fâcheuse tendance à prendre du gîte...

C'est l'existence de cette nappe phréatique qui a donné naissance à la légende du lac souterrain : la cathédrale serait construite dans les eaux d’un lac souterrain. Sur ce lac rôderait une barque sans passeur mais dont on entend le bruit des rames quand le silence tombe dans l'église. Cette barque vient, dit-on, apporter les nouveau-nés au puits où les cigognes viennent en prendre livraison... Il existe aussi une entrée menant à un souterrain qui donne accès au lac. Elle se trouve selon la légende dans la cave d’une maison juste en face de la cathédrale. Elle aurait été murée il y a quelques siècles et nul ne sait plus où elle est. Le puits aussi a disparu, et les cigognes ont cessé de venir en Alsace. Chance, il y a quand même encore des bébés...

Le Vent du parvis : Chacun sait qu'un vent souvent froid tourbillonne sur le parvis et autour de la cathédrale : voici d'où il vient, autrefois, le Diable survolait la terre, en chevauchant le vent. Il aperçoit ainsi son portrait sculpté sur un des portails latéraux de la cathédrale : le Tentateur, en train de courtiser les vierges folles (Mathieu 25, 1-13), qui est représenté sous les traits d’un jeune homme séduisant mais dont le dos s’ouvre et laisse sortir des crapauds et des serpents, ce qu'aucune des jeunes filles naïves auxquelles il s’adresse ne remarque. Très flatté et curieux, il entre dans la cathédrale pour voir si d’autres sculptures le représentent aussi justement à l’intérieur. Retenu prisonnier dans le lieu Saint, il ne peut en ressortir... Le vent l’attend toujours sur le parvis et hurle aujourd’hui encore d’impatience autour de la cathédrale. Le Diable, furieux, fait un courant d’air, dans l’église, à la hauteur du pilier des anges.

architecture.relig.free.fr/strasbourg.htm
Après le pillage de celui-ci en 1002, une nouvelle cathédrale est édifiée à partir ... autres incendies (1150 et 1176) qui rendent nécessaires une reconstruction.

Historique de la Cathédrale de Strasbourg

www.amis-cathedrale-strasbourg.fr/cathedrale_history.html
Après de nombreuses vicissitudes, et l'incendie de 1176, un nouveau chantier est entrepris vers 1180 avec différentes campagnes de reconstruction du chœur ...

Strasbourg, la belle Alsacienne - Coach-In Magazine

coach-in.ca/Blog/2013/07/01/strasbourg-la-belle-alsacienne/
1 juil. 2013 - La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, un symbole historique ... Érigée entre 1176 et 1439, elle illustre au mieux le style architectural ...

Cathédrale de Strasbourg - Wikitravel

wikitravel.org/fr/Cathédrale_de_Strasbourg
La Cathédrale de Strasbourg se dresse sur une large place pavée comme au ... Presque trois siècle s'écoulèrent, des fondations commencées en 1176 à la ...


4 commentaires:

  1. Chère Monique l'histoire de la cathédrale est captivante, les photos splendides..Mais finalement le plus amusant ce sont les légendes, le lac souterrain, le vent du diable..

    Bonne soirée avec mon amitié

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  2. Bonjour Lisa c'est souvent comme cela, et chaque monument ou épisode de l'histoire ont drainer une foule de légendes plausible ou non.
    Mais ce qui me plait le plus à moi c'est de retrouver vos commentaires, et ceux de nos ami(e)s sans qu'il ne passent par les fourches caudines de modérateurs ignares.

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  3. Que ces paroles sont agréables à lire, Monique, merci! Et tant pis pour les modérateurs qui en prennent pour leur grade et ne l'ont pas volé!

    Bien à vous

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  4. Comme Lisa, les légendes m'amusent toujours, mais le texte apprend beaucoup sur l'évolution de ce monument.
    Très bonne journée.

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