lundi 4 avril 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 407

28 MARS 2016...

Cette page concerne l'année 407 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

NICAISE ET EUTROPIE : UNE SAINTE NAÏVETÉ.

 Le nom Nicaise, Nicasius en latin, est un dérivé du grec nikê (= victoire).
C'est lui qui fonde dans sa ville épiscopale une église consacrée à la Sainte Vierge, sur les vestiges de laquelle s'élèvera la cathédrale de Reims.
Sa mort est datée de 407 selon les uns, de 450 selon les autres. Il a été massacré par les Vandales dans le premier cas, par les Huns dans le second...
Il fait partie des saints dits céphalophores : « Une fois que les barbares lui ont coupé la tête, il se saisit de celle-ci et la porte jusqu'au lieu de son tombeau. » C'est du moins ce que rapporte sa légende, reproduite au tympan du portail des Saints de la cathédrale de Reims.
La même journée, les barbares massacrent aussi sa sœur, Sainte Eutropie, et ses diacres Saint Jocond et Saint Florent. Saint Nicaise est le patron de la ville de Reims. Fêté le 14 décembre.

Les Églises du nord de la Gaule, quoique parvenues assez tard à une existence officielle, se sont bien vite dédommagées. « Chaque jour qui s'écoule, dit M. Kurth, marque un progrès pour les chrétientés de la Gaule du nord.
Bientôt elle est à même de payer sa dette aux Églises du midi.
C'est un enfant de Toul, Saint Honorat, qui va fonder, en 405, cet illustre monastère de Lérins, foyer de la vie monastique en Gaule et pépinière de l'épiscopat Gaulois.
C'est un fils de Trèves, Salvien, qui brille au premier rang des écrivains ecclésiastiques du Ve siècle, et dont la pathétique éloquence n'a pas vieilli pour l'histoire.
C'est à Trèves encore, dans la société du Saint prêtre Banosus, que se développe la vocation religieuse de Saint Jérôme, et si on se rappelle que cette ville a eu pour professeur Lattante et pour élève Ambroise, on trouve que l'Église de Belgique n'a pas été inutile à l'Église universelle.
On ne comprendrait pas bien le grand rôle réservé à cette Église dans l'histoire de la jeunesse du monde moderne, si à l'étude de sa vie intime on n'ajoutait celle de ses organismes essentiels.
Comme l'Église universelle elle-même, l'Église des Gaules est alors une fédération de diocèses reliés entre eux par la communion, par les assemblées conciliaires et par l'obéissance à l'autorité du Souverain Pontife. En dehors de ce triple et puissant élément d'unité, toute son activité et toute sa vie résident dans les groupes diocésains. Chaque diocèse est comme une monarchie locale dont l'évêque est le chef religieux et tend à devenir le chef temporel.

Chef religieux, il est la source de l'autorité, le gardien de la discipline, le dispensateur des sacrements, l'administrateur de la charité, le protecteur né de tout ce qui est pauvre, faible, souffrant ou abandonné. Chacune de ces attributions concentre dans ses mains une somme proportionnée d'autorité et d'influence.
L'État lui-même a reconnu et affermi cette influence en accordant à l'épiscopat les deux grands privilèges qui lui garantissent l'indépendance (l'exemption des charges publiques et la juridiction autonome).
Les constitutions lui accordent même une part d'intervention dans la juridiction séculière, chaque fois qu'une cause touche particulièrement à la morale ou au domaine religieux. La confiance du peuple va plus loin. N'ayant plus foi dans les institutions civiles, ils s'habituent à confier la défense de tous leurs intérêts aux autorités ecclésiastiques. Ils ne se préoccupent pas de faire le départ du spirituel et du temporel : Ils donnent tous les pouvoirs à qui rend tous les services.
Sans l'avoir cherché, en vertu de sa seule mission religieuse et grâce à l'affaiblissement de l'État, les évêques se trouvent chargés du gouvernement de leur côté, c'est-à-dire de leurs diocèses Gouverneurs sans mandat officiel, il est vrai, mais d'autant plus obéis que tout ce qui a un caractère officiel inspire plus de défiance et d'aversion, ils sont, en Gaule surtout, les bons génies du monde agonisant... Ils ferment les plaies que l'État ouvre, ils font des prodiges de dévouement et de charité.
Les évêques, dit un historien protestant parlant de la Gaule pratiquent alors la bienfaisance dans des proportions que le monde n'a peut-être jamais revues.

Telle est la situation lorsque éclate la catastrophe de 406. C'est un coup terrible pour les chrétientés de la Gaule Septentrionale. Nous ne savons que peu de chose de ces jours pleins de troubles et de terreurs, où l'histoire même se tait, comme écrasée par l'immensité des souffrances qu'il a fallu enregistrer. Même les quelques souvenirs qu'en ont gardés les peuples ont été brouillés et, confondus avec celui de l'invasion Hunnique, arrivée un demi-siècle plus tard.
Un seul des épisodes consignés par l'hagiographie peut être rapporté avec certitude aux désastres de 406... Il s'agit de la mort du vénérable pontife de Reims, Saint Nicaise, égorgé par les Vandales au milieu de son troupeau qu'il n'a pas voulu abandonner.

Que les combats fameux du bienheureux Nicaise, évêque de Reims et martyr du Christ, et de sa Sainte sœur Eutropie, dont on admire l'intrépidité et la pudeur. Tandis qu'ils luttent encore sur cette terre au service du Christ, ils la remplissent des heureux exemples de leur sainteté.
Le souvenir de ce qu'ils font nous instruit encore. La bienheureuse vierge Entropie suit infatigable et sans faiblir son très saint frère qu'elle imite et aide, afin d'en recevoir la protection pour sa chasteté, et afin que, débarrassée des souillures de l'esprit, elle serve Dieu. Tous deux renient les hommages assidus de leur piété jusqu'au moment où éclatent les jours menaçants des persécutions.
Nicaise, le véritable serviteur de Dieu, cultive avec vigueur le champ qui lui a été confié et, se conformant au précepte de l'Apôtre, il prodigue à temps et à contretemps, par l'effusion de la parole de Dieu, les semailles qu'il a le devoir de répandre.
Mais, comme le dit la parole divine, telle partie tombe sur la route, telle autre sur les pierres et les terrains arides, telle dans les épines, telle enfin dans une terre préparée, et celle-ci rend une moisson abondante.
Ainsi parmi les hommes il y a un grand nombre d'appelés, mais peu d'élus, il s'en trouve plusieurs qui suivent le Christ en sa compagnie et, remplis du Saint-Esprit, se préparent au martyre. Qu'est-ce donc qui a provoqué la colère divine à cet écrasement des Gaules qu'une révélation lui a fait connaître avant qu'elle arrive ? C'est alors qu il condamne une richesse d'origine infâme, proclamant dans son angoisse la future destruction de la province amenée par l'excès du plaisir de la paresse et de l'impuissance, lamentable maladie de l'âme, ou par la convoitise de l'avarice, passions qui enchaînent misérablement le cœur humain. L'évêque exhorte donc ses ouailles dont la conscience coupable l'inquiète, prêt à mourir pour tous afin de détourner de tous la colère de Dieu... Il supplie l'esprit le cœur humilié, l'invincible clémence céleste afin que le glaive des hommes ne pénètre pas jusqu'aux âmes, mais pour que, sauvés par la pénitence et la prière continuelle et la conscience renouvelée, ils reçoivent le plein pardon, grâce à l'ineffable grandeur de la miséricorde divine.

Sous le règne des Césars païens qui persécutent les chrétiens depuis le temps des apôtres jusqu'à l'époque de Constantin, l'esprit malin s'efforce par les mille ruses de l'hérésie d'atteindre le dogme de la Sainte Trinité et la foi chrétienne, et il ne cessera pas d'agir de même jusqu'à la fin des temps, trompant les fidèles par d'apparents rapprochements (des faux-semblants, des tracas, des mensonges et des exactions) soucieux de tout perdre, de faire souffrir, de rompre et de réduire à néant l'unité de l'Église qui est dans le Christ.
Après le baptême de Constantin et la fin de la persécution atroce commencée par son prédécesseur Dioclétien, la Sainte Église de Dieu commence à retrouver peu à peu la paix. A la faveur d'un repos bien mérité, elle s'étend, s'enrichit et s'accroît de disciples et d'honneurs. Malheureusement l'Église de Gaule se laisse abuser par ces biens et, à l'instigation du démon, se livre au plaisir et à la bonne chère, bientôt on ne rougit plus de délaisser la religion, de mettre en oubli les préceptes divins, de provoquer des scandales, des scissions, et d'offenser Dieu.
Et voilà que soudain, parmi tant de dissipations, déferle la fureur de nations intraitables. La cohue des Vandales, se lance sur plusieurs provinces. Ces bandes, détruisant les villes de fond en comble, tuant tout le monde sans distinction, ne semblent rechercher autre chose que de répandre le sang humain...

Dans cette bourrasque, la Gaule Chrétienne se trouve avoir de très illustres serviteurs de Dieu, Saint Nicaise de Reims, Saint Aignan d'Orléans, que leurs miracles et les dons qui les ornent ont fait connaître de tous. Ils ont lutté longtemps par leurs prodiges et leurs prières pour écarter la colère de Dieu, s'efforçant à éteindre les hérésies et l'immoralité et de ramener les peuples au Roi-Dieu par la pénitence, tentant de détourner de leurs peuples une pareille persécution.
Ils poussent leurs fidèles par leurs prédications et par tout ce qu'ils professent à revenir à la pénitence, à la patience et au martyre, afin que ceux qu'une funeste prospérité a conduits au péché trouvent dans l'adversité non le jugement de condamnation, mais la grâce du pardon et l'occasion du salut. L'armée des Vandales vient donc camper sous les murs de Reims, presque tout le monde s'est enfui, ils ne songent cependant qu'à tuer ceux qui ne partagent pas leur croyance...

Le dernier jour de ce pillage, comme les Vandales cherchent de tous côtés et menacent gravement la ville, les citoyens terrifiés viennent trouver Nicaise, qui prie à genoux, le suppliant de les consoler et de dire ce qu'ils ont à faire de mieux, ou se livrer en esclavage aux barbares, ou combattre jusqu'à la mort pour sauver la ville. Entendant cela, Nicaise, à qui une révélation a fait connaître le sort réservé à la ville, répond :
« Il faut combattre pour le salut, non par les armes, mais par les mœurs,
Non avec la confiance de la force, mais avec le soutien de ses vertus,
Non pas tant avec le corps qu'avec l'esprit ».

Évidemment cette indignation est amenée par croyance en la miséricorde de Dieu, aussi le seul conseil de salut qu'il puisse donner est de s'humilier sous le châtiment divin, sans violence, comme des enfants qui ont péché, avec patience, afin d'être appelés à bon droit des enfants de Dieu. Acceptons ce péril en esprit d'expiation, offrons-nous pour obtenir le pardon et ne pas tomber pour nos péchés dans la peine éternelle, ainsi les misères présentes seront moins un tourment qu'un remède... En ce qui me concerne, je suis prêt, comme doit l'être le pasteur, à donner ma vie pour mes brebis, à mépriser la vie présente afin que vous receviez la vie éternelle qui a été promise. Prions donc instamment pour nos ennemis, sollicitons leur salut, demandons qu'ils se repentent de leurs crimes, afin que nous les voyions aimer et servir la vérité avec la même passion qu'ils ont apportée dans l'impiété. ». (Vœu pieu d'un saint homme, qui pense que tout les êtres humains sont bons et miséricordieux sensibles à la grâce des prières un peu comme certains qui aujourd'hui)

Nicaise et sa sœur Eutropie exortent ainsi le peuple à affronter le martyre, et ils s'offrent eux-mêmes vaillamment, remettant à Dieu le soin de leur victoire. C'est sur ces entrefaites que l'invasion des Barbares commence. Nicaise, rempli de la force de l'Esprit-Saint, accompagné d'Eutropie, accourt sur le portail de la basilique de la Sainte Vierge et ils entonnent des psaumes et des cantiques.
Dès qu'il voit les gens armés qui approchent, il commande le silence d'un geste de la main et dit :
« O armes victorieuses, et plaise à Dieu que ce soit pour le Christ, ô force exécutive des volontés divines, pourquoi, contrairement à la nature de la condition humaine, changez-vous votre victoire en rage ? Le droit des vainqueurs était jadis ainsi résumé : Épargner les humbles, combattre les puissants. Voici donc une foule de chrétiens humbles et pieux, prosternés devant son Dieu en votre présence, qui attend, obéissante jusqu'à la mort, la rémission de ses péchés...
Là-dessus Nicaise se prosterne avec sa sœur et chante d'une voix forte : « Mon âme a été comme attachée à la terre ». Un violent coup d'épée tranche dans son gosier le verset commencé, mais ses lèvres achèvent de murmurer : « Seigneur, vivifie-moi selon ta parole ».

Sainte Eutropie, voyant autour d'elle la fureur s'adoucir et redoutant que sa beauté ne la destinât aux plaisirs des païens, saute sur l'assassin en criant : « Hélas ! méchant tyran, tu as fait mourir de tes mains indignes un grand serviteur de Dieu et tu me réserves pour abuser de moi. Le jugement de Dieu te damnera pour t'en punir. »
Et pour le provoquer, elle bondit, lui arrache les paupières et les yeux, et à l'instant même elle est percée par des épées, qu'elle préfère aux attouchements des païens. Son sang se répand et elle recueille avec son frère la palme du martyre...
Les païens, furieux de l'audace et de la constance de la vierge et confondus du châtiment soudain de l'assassin de Nicaise, changeant l'indulgence en fureur lui font subir d'odieux outrages.
Le meurtre accompli, les habitants massacrés, une terreur subite envahit les persécuteurs.
Comme si les armées célestes étaient venues venger un crime si atroce, on entend un bruit insolite et énorme dans l'église, l'ennemi affolé perd son arrogance... c'est un sauve-qui-peut général dans les montagnes, sur les routes, il abandonne son butin et on ne les a plus revu.

La ville demeure longtemps déserte, les chrétiens ayant fui dans la montagne par crainte des Barbares, mais les corps des martyrs sont gardés par des anges, la nuit, on voit de très loin leur céleste lueur et beaucoup de gens les entendent chanter. Les habitants, réconfortés par des révélations divines, reviennent dans la ville ensevelir les corps des Saints Martyrs dont l'odeur exquise les guide. Mêlant la joie aux larmes et chantant des hymnes lugubres, ils enterrent les martyrs avec respect dans des lieux consacrés à cet effet autour de la ville.
Les corps de Nicaise et d'Eutropie sont inhumés dans le cimetière de Saint-Agricola, sur la route qui est à Est de la ville, dans le temple fameux construit jadis par le préfet Jovinus, afin que l'on voit le dessein providentiel qui a voulu que ce temple tire son lustre non de sa destination première, mais de la sainteté de ses hôtes.

Saint Nicaise, archevêque de Reims, homme de la paix, de justice et de la charité. « La gloire d'un pasteur, répétait-il souvent, n'est pas de se couvrir des dépouilles de ses ouailles, mais de se dépouiller lui-même pour les revêtir. »

Enfin on dit que Saint Remi a fixé sa demeure dans cette basilique. On montre encore aujourd’hui, près de l’autel, le petit oratoire où il aime à prier en secret, et à offrir, loin du bruit populaire, au Dieu qui voit tout, les saintes hosties. C’est là qu’un jour il vaque à ces pieux exercices, lorsque, apprenant tout-à-coup l’incendie de la ville, il accourt pour l’arrêter en invoquant le Seigneur, et, secondé de l’appui des saints, laisse les traces de ses pas empreintes pour toujours sur les pierres des degrés de l’église...


Saint Nicaise de Reims
nominis.cef.fr/contenus/saint/244/Saint-Nicaise-de-Reims.html
Evêque et martyr et ses compagnons dont sa sœur sainte Eutropie (✝ 407). Sainte Eutropie, église de Steevoorde Dans ces années, il y avait grande invasion ...
Martyre de Saint Nicaise
clergedereims.free.fr/martyre_de_saint_nicaise.htm
LE 14 DÉCEMBRE DE L'ANNÉE 407 ... Que les combats fameux du bienheureux Nicaise, évêque de Reims et martyr du Christ, dont nous célébrons le ...

Ancienne église Saint-Nicaise de Reims — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ancienne_église_Saint-Nicaise_de_Reims
L'ancienne église Saint-Nicaise était une église située dans la partie ... ce que commente Viollet-le-Duc : « Ce dallage date des premières années du XIVe ...

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