mercredi 13 avril 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 399

5 AVRIL 2016...

Cette page concerne l'année 399 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

SAINTE FABIOLA : UNE SAINTE MÉDECIN TRÈS CHARITABLE


Martyrologe Romain : Commémoraison de Sainte Fabiola, veuve Romaine, qui, au témoignage de Saint Jérôme, après divorce et remariage se soumet à la pénitence publique et se rend parfaite pour le bénéfice des pauvres. Après plusieurs années passées en Terre Sainte, elle meurt à Rome en 399, pauvre là où elle a été riche.

Au IVe siècle, Sainte Fabiola, première femme-chirurgien, fonde dans la Rome encore un peu Chrétienne, la première organisation hospitalière. Voici sa vie écrite par Saint Jérôme.

Il y a plusieurs années que j' ai écrit à Paula, cette femme si illustre par sa vertu entre toutes celles de son sexe, pour la consoler de l'extrême déplaisir qu'elle vient de recevoir de la perte de Blesilla il y a 4 ans que j'emploie tous les efforts de mon esprit pour faire l'épitaphe de Népotien, que j'envoie à l'évêque Héliodore, et il y a environ 2 ans que j’écris une petite lettre à mon cher ami Pammaque sur la mort si soudaine de Pauline.
Maintenant, mon fils Océanus, vous m'engagez dans un ouvrage à quoi mon devoir m'engage déjà et auquel je suis assez porté de moi-même, qui est de donner un jour tout nouveau à une matière qui n'est plus nouvelle, en représentant dans leur éclat et dans leur lustre tant de vertus qui peuvent passer pour nouvelles en ce qu'elles sont extraordinaires; car dans ces autres consolations je n'avais qu'à soulager l'affliction d'une mère, la tristesse d'un oncle et la douleur d'un mari, et, selon la diversité des personnes, chercher divers remèdes dans l’Écriture Sainte, mais aujourd'hui vous me donnez pour sujet Fabiola, la gloire des Chrétiens, l'étonnement des idolâtres, le regret des pauvres et la consolation des solitaires.
Quoi que je veuille louer d'abord, ce semblera peu de chose en comparaison de ce que je dirai ensuite, puisque si je parle de ses jeûnes, ses aumônes sont plus considérables, si j'exalte son humilité, l'ardeur de sa Foi la surpasse, et si je dis qu'elle a aimé la bassesse et que, pour condamner la vanité des robes de soie, elle a voulu être vêtue comme les moindres d'entre le peuple et comme les esclaves, c'est beaucoup plus d'avoir renoncé à l'affection des ornements qu'aux ornements mêmes, parce qu'il est plus difficile de nous dépouiller de notre orgueil que de nous passer d'or et de pierreries.
Après les avoir quittées nous sommes quelquefois enflammés de présomption en portant des habits sales et déchirés qui nous sont fort honorables, et nous faisons parade d'une pauvreté que nous vendons pour le prix des applaudissements populaires, au lieu qu'une vertu cachée, et qui n'a pour consolation que le secret de notre propre conscience, ne regarde que Dieu seul comme son juge. (C'est ainsi que on nous apprenait la charité lorsque j'étais jeune, celle-ci n'a pas besoin de publicité ni de médias il vaut mieux donner un simple morceau de pain à un mendiant que de faire de l’esbroufe devant les caméras).
Il faut donc que j'élève la vertu de Fabiola par des louanges extraordinaires, et que, laissant l'ordre dont les orateurs se servent, je prenne le sujet de mon discours des commencements de sa confession et de sa pénitence. D'aucun se souvenant de ce qu'il a vu dans le poète, représenterait ici ce Fabius :
« Qui par les grands succès d'une valeur prudente
Soutint, seul des Romains la gloire chancelante, »

SAINT JEERÔME
Et toute cette illustre race des Fabiens : Il dirait quels ont été leurs combats, il raconterait leurs batailles, et vanterait la grandeur de Fabiola en montrant qu'elle a tiré sa naissance d'une si longue suite d'aïeux et d'une souche si noble et si éclatante, afin de faire voir dans le tronc des preuves de la grandeur qu'il ne pourrait trouver dans ses ancêtres, mais, quant à moi, qui ai tant d'amour pour l'étable de Bethléem et pour la mangeoire de notre Sauveur, où la Vierge-mère donna aux hommes un Enfant-Dieu, je chercherai toute la gloire d'une servante de Jésus-Christ, non dans les ornements et les avantages que les histoires anciennes lui peuvent donner, mais dans l'humilité qu'elle a apprise et pratiquée dans l'Église.

La faute que Sainte Fabiola a fait de se remarier du vivant, de son premier mari, bien qu'elle l'eût répudié pour des causes très légitimes.
Or, parce que dès l'entrée de mon discours il se rencontre comme un écueil et une tempête formée par la médisance de ses ennemis, qui lui reprochent d'avoir quitté son premier mari pour en épouser un autre, je commencerai par faire voir de quelle sorte elle a obtenu le pardon de cette faute, avant de la louer depuis la pénitence qu'elle en a faite.
On dit que son premier mari est sujet à de si grands vices que la plus perdue femme du monde et la plus vile de toutes les esclaves n'aurait pu même les souffrir, mais je n'ose les rapporter, de crainte de diminuer le mérite de la vertu de Fabiola, qui aime mieux être accusée d'avoir été la cause de leur divorce que de perdre de réputation une partie d'elle-même en découvrant les défauts de son mari : Je dirai simplement ce qui suffit pour une femme pleine de pudeur et pour une Chrétienne. Notre Seigneur défend au mari de quitter son foyer, si ce n'est pour adultère, et, en cas qu'il la quitte pour ce sujet, il ne veut pas qu'elle puisse se marier. Or tout ce qui est commandé aux hommes ayant nécessairement lieu pour les femmes, il n'est pas moins permis à une femme de quitter son mari s’il est adultère qu'à un mari de répudier sa femme pour le même crime, et si celui qui commet un péché avec une courtisane n'est qu'un même corps avec elle, selon le langage de l'Apôtre, la femme qui a pour mari un homme impudique et vicieux ne fait qu'un même corps avec lui.
Les lois des empereurs et celles de Jésus-Christ ne sont pas semblables, et Papinien et Saint Paul ne nous enseignent pas les mêmes choses : Ceux-là lâchent la bride à l'impudicité des hommes et, ne condamnant que l'adultère, leur permettent de s'abandonner en toutes sortes de débordements dans les lieux infâmes et avec des créatures de vile condition, comme si c'est la dignité des personnes et non pas la corruption de la volonté qui est la cause du crime, mais parmi nous ce qui n'est pas permis aux femmes n'est non plus permis aux hommes, et dans des conditions égales l'obligation est égale.
Fabiola, à ce que l'on dit, quitte donc son mari à cause de ses vices, elle le quitte parce qu'il est coupable de divers crimes, elle le quitte, je l'ai dit, pour des causes dont son voisinage témoignant est scandalisé, elle seule ne veut pas le publier. Que si on la blâme de ce que, s'étant séparée d'avec lui, elle ne demeure pas sans se marier, j'avoue volontiers sa faute, pourvu que je dise aussi quelle est la nécessité qui l'oblige de la commettre.
Saint Paul nous apprend « vaut mieux se marier que brûler » : elle est fort jeune et ne peut demeurer dans le veuvage, « elle éprouve un combat en elle-même entre ses sens et sa volonté, entre la loi du corps et celle de l'esprit, » et se sent traîner, comme captive et malgré qu'elle en eût, au mariage ainsi, elle croit qu'il vaut mieux confesser publiquement sa faiblesse et se couvrir en quelque façon de l'ombre d'un misérable mariage que, pour conserver la gloire d'avoir été femme d'un seul mari, tomber dans les péchés des courtisanes.
Le même apôtre veut que les jeunes veuves se remarient pour avoir des enfants et afin de ne donner aucun sujet de médisance à leurs ennemis, dont il rend aussitôt la raison en ajoutant : « Car il y en a déjà quelques-unes qui ont lâché le pied et tourné la tête en arrière pour suivre le démon » : Ainsi Fabiola étant persuadée qu'elle a eu raison de quitter son mari, et ne connaissant pas dans toute son étendue la pureté de l'Évangile, qui retranche aux femmes, durant la vie de leurs maris, la liberté de se remarier sous quelque prétexte que ce soit, elle reçoit sans y penser une blessure, en commettant une action par laquelle elle croit pouvoir éviter que le démon ne lui en fasse plusieurs autres. Merveilleuse pénitence que Sainte Fabiola fait de cette faute.

Mais pourquoi m'arrêter à des choses passées et abolies il y a si longtemps, en cherchant à excuser une faute dont elle a témoigné tant de regret ?
Et qui peut croire qu'étant rentrée en elle-même après la mort de son second mari, en ce temps où les veuves qui n'ont pas le soin qu'elles doivent avoir de leur conduite ont coutume, après avoir secoué le joug de la servitude, de vivre avec plus de liberté, d'aller aux bains, de se promener dans les places publiques et de paraître comme des courtisanes, elle a voulu pour confesser publiquement sa faute, se couvrir d'un sac, et à la vue de toute la ville de Rome, avant le jour de Pâques, se mettre au rang des pénitents devant la basilique de Latran ? Qu'elle ait voulu, ayant les cheveux épars, le visage plombé et les mains sales, baisser humblement sa tête couverte de poudre et de cendre sous la discipline de l'Église, l'évêque, les prêtres et tout le peuple fondant en larmes avec elle ?
Quel péché ne serait pas remis par une telle douleur, et quelle tache ne serait pas effacée par tant de pleurs ?
Saint Pierre par une triple confession obtient le pardon d'avoir renoncé 3 fois son Maître, les prières de Moïse font remettre à Aaron le sacrilège qu'il a commis en souffrant qu'on fasse le veau d'or, Dieu, à la suite d'un jeûne de 7 jours, oublie le double crime où David, qui est si juste et l'un des plus doux hommes du monde, est tombé en joignant l'homicide à l'adultère, car il le voit couché par terre, couvert de cendre, oubliant sa dignité royale, fuyant la lumière pour demeurer dans les ténèbres, et tournant seulement les yeux vers Celui qu'il a offensé, et Lui disant d'une voix lamentable, et tout trempé de ses larmes : « contre Toi seul que j'ai péché, c'est en Ta présence que j'ai commis tous ces crimes, mais, mon Dieu, redonne-moi la joie d'être dans les voies du Salut et fortifie-moi par Ton Esprit souverain. »
Il est arrivé que ce saint roi, qui nous apprend par ses vertus comment lorsque nous sommes debout nous devons nous empêcher de tomber, nous a montré par sa pénitence de quelle sorte quand nous sommes tombés nous devons nous relever.

Pour l'utilité de ceux qui liront ceci et à cause qu'il convient particulièrement à mon discours, que Fabiola n'a pas de honte à se confesser pécheresse en la présence de Dieu sur la terre, et qu'Il ne la rend pas confuse dans le Ciel en la présence de tous les hommes et de tous les Anges. Elle découvre sa blessure à tout le monde, et Rome ne peut voir sans répandre des larmes les marques de sa douleur imprimées sur son corps si pâle et si exténué de jeûnes.
Elle paraît avec des habits déchirés, la tête nue et la bouche fermée.
Elle n'entre pas dans l'église du Seigneur, mais demeure hors du camp, séparée des autres comme Marie, sœur de Moïse, en attendant que le prêtre qui l'a mise dehors la fasse revenir. Elle descend du trône de ses délices, elle tourne la meule pour moudre le blé, selon le langage figuré de l'Écriture, elle passe courageusement et les pieds nus le torrent de larmes, elle s'assoit sur les charbons de feu dont le prophète parle, et ils lui servent à consumer son péché. Elle se meurtrit le visage parce qu'il a plu à son second mari, elle haït ses diamants et ses perles, elle ne peut voir ce beau linge dont elle a été tenté, elle a du dégoût pour toutes sortes d'ornements. Elle n'est pas moins affligée que si elle avait commis un adultère, et elle se sert de plusieurs remèdes pour guérir une seule plaie...

Je me suis longtemps arrêté à sa pénitence comme en un lieu fâcheux et difficile, afin de ne rencontrer plus rien qui m'arrête lorsque j'entre dans un champ aussi grand qu'est celui des louanges qu'elle mérite.
Étant reçue dans la communion des fidèles à la vue de toute l'église, son bonheur présent ne lui a pas fait oublier ses afflictions passées, et après avoir fait une fois naufrage elle ne veut plus se mettre au hasard de tomber dans les périls d'une nouvelle navigation, elle vend tout son patrimoine, qui est très grand et proportionné à sa naissance, et en destine tout l'argent à assister les pauvres dans leurs besoins, ayant été la première qui établit un hôpital pour y rassembler les malades abandonnés, et soulager tant de malheureux consumés de langueur et accablés de nécessité.
Représenterai-je ici sur ce sujet les divers maux qu'on voit arriver aux hommes ?
Des nez coupés, des yeux crevés, des pieds à demi brûlés, des mains livides, des ventres enflés, des cuisses desséchées, des jambes bouffies, et des fourmilières de vers sortir d'une chair à demi mangée et toute pourrie...
Combien a-t-elle elle-même porté sur ses épaules de personnes toutes couvertes de crasse et languissantes de jaunisse !
Combien de fois a-t-elle lavé des plaies qui jettent une humeur si puante que nul autre ne peut seulement les regarder !
Elle donne de ses propres mains à manger aux pauvres, et fait prendre de petites cuillerées de nourriture aux malades.
Je sais qu'il y a plusieurs personnes riches et fort dévotes qui, ne pouvant voir de tels objets sans soulèvement de cœur, se contentent d'exercer par le ministère d'autrui semblables actions de miséricorde, et qui font ainsi avec leur argent des charités qu'elles ne peuvent faire avec leurs mains : Certes je ne les blâme pas, et serais bien fâché de considérer comme infidélité cette délicatesse de leur naturel, mais, comme je pardonne à leur infirmité, je puis bien aussi par mes louanges élever jusque dans le Ciel cette ardeur et ce zèle d'une âme parfaite, puisque c'est l'effet d'une grande Foi de surmonter toutes ces peines. Je sais de quelle sorte, par un juste châtiment, l'âme superbe de ce riche vêtu de pourpre est condamnée pour n'avoir pas traité le Lazare comme il devait. Ce pauvre que nous méprisons, que nous ne daignons pas regarder et dont la vue nous fait mal au cœur est semblable à nous, est formé du même limon, est composé des mêmes éléments, et nous pouvons souffrir tout de ce qu'il souffre : Considérons donc ses maux comme si c'étaient les nôtres propres, et alors toute cette dureté que nous avons pour lui sera amollie par ces sentiments si favorables que nous avons toujours pour nous-mêmes.
Quand Dieu m'aurait donné cent bouches et cent voix,
Quand je ferais mouvoir cent langues à la fois,
Je ne pourrais nommer tous les maux déplorables
Qui tourmentent les corps de tant de misérables,
Maux que Fabiola change en de si grands soulagements que plusieurs pauvres qui sont sains envient la condition de ces malades, mais elle n'use pas d'une moindre charité envers le clergé, les solitaires et les vierges.
Quel monastère n'a pas été secouru par ses bienfaits ?
Quels pauvres nus ou retenus continuellement dans le lit par leurs maladies n'ont pas été revêtus et couverts par les largesses de Fabiola ?
Et à quel besoin ne s'est pas porté avec une promptitude incroyable le plaisir qu'elle prend à bien faire, qui est tel que Rome se trouve trop petite pour recevoir tous les effets de sa charité ?

Elle court par toutes les îles et par toute la mer de Toscane, elle visite toute la province des Volsques, et fait ressentir les effets de sa libéralité aux monastères bâtis sur les rivages les plus reculés, qu'elle visite tous elle-même, ou y envoie des personnes saintes et fidèles, elle craint si peu le travail qu'elle passe en fort peu de temps, et contre l'opinion de tout le monde, jusqu'à Jérusalem, où plusieurs personnes ayant été au-devant d'elle, elle veut bien demeurer un peu chez nous, et quand je me souviens des entretiens que nous avons eu, il me semble que je l'y vois encore.
Bon Dieu ! Quelle est sa ferveur et son attention pour l'Écriture Sainte ! Elle parcourt les Prophètes, les Évangiles et les Psaumes comme si elle voulait rassasier une faim violente, elle me propose des difficultés et conserve dans son cœur les réponses que j'y fais, elle n'est jamais lasse d'apprendre, et la douleur de ses péchés s'augmente à proportion de ce qu'elle augmente en connaissance, car, comme si l'on jette de l'huile dans un feu, elle ressent des mouvements d'une ferveur encore plus grande.
Un jour, lisant le livre des Nombres, elle me demande avec modestie et humilité que veut dire cette grande multitude de noms ramassés ensemble, pourquoi chaque tribu est jointe diversement à d'autres en divers lieux, et comment il se peut faire que Balaam, qui n'est qu'un devin, a prophétisé de telle sorte les mystères qui regardent Jésus-Christ et que presque nul des prophètes n'en a parlé si clairement.
Je lui répond comme je peux, et il me semble qu'elle en demeure satisfaite. Reprenant le livre, et étant arrivés en l'endroit où est fait le dénombrement de tous les campements du peuple d'Israël depuis sa sortie d'Égypte jusqu'au fleuve du Jourdain, comme elle me demande les raisons de chaque chose, je répond sur-le-champ à quelques-unes, j'hésite en d'autres, et il y en a où j'avoue tout simplement mon ignorance, mais elle me presse alors encore plus de l'éclaircir sur ses doutes, et, comme s'il ne m'est pas permis d'ignorer ce que j'ignore, elle m'en prie avec instance, disant toutefois qu'elle est indigne de comprendre de si grands mystères.
Enfin elle me contraint d'avoir honte de la refuser, et m'engage à lui promettre un traité particulier sur cette petite discussion, ce que je reconnais n'avoir différé jusque ici, par la volonté de Dieu, que pour rendre ce devoir à sa mémoire, afin que, maintenant qu'elle est revêtue de ces habits sacerdotaux dont il est parlé au Lévitique, elle ressente la joie d'être arrivée à la terre promise après avoir traversé avec tant de peines la solitude de ce monde, qui n'est rempli que de misères.

Une irruption des Huns dans les provinces de l'Orient oblige Sainte Fabiola a retourner à Rome.
Mais il faut revenir à mon discours... Lorsque nous cherchions quelque demeure propre pour une personne de si éminente vertu, et qui désire d'être dans une solitude qui ne l'empêche pas de jouir du bonheur de voir souvent le lieu qui sert de retraite à la Sainte Vierge, divers courriers qui arrivent de tous côtés font trembler tout l'Orient en rapportant qu'un nombre infini de Huns, qui viennent de l'extrémité des Palus Méotides (entre les glaces du Tanaïs et la cruelle nation des Massagètes), se sont répandus dans les provinces de l'empire et que, courant de toutes parts avec des chevaux très rapides, ils remplissent de meurtres et de terreur tous les lieux par où ils passent.

Dieu veuille éloigner pour toujours de l'empire Romain ces bêtes farouches ! On les voyait arriver de toutes parts à l'heure qu'on y pense le moins, et, allant plus vite que le bruit de leur venue, ils ne pardonnent ni à la piété, ni à la qualité, ni à l'âge, ils n'ont pas même pitié des enfants qui ne savent pas encore parler : Ces innocents reçoivent la mort avant d'avoir commencé de vivre, et, ne connaissant pas leur malheur, rient au milieu des épées et entre les mains cruelles de ces meurtriers.
La croyance générale est qu'ils vont droit sur Jérusalem, leur passion violente de s'enrichir les faisant courir vers cette ville, dont on répare les murailles qui sont en mauvais état par la négligence dont on fait preuve en temps de paix. Antioche est assiégée, et Tyr, pour se séparer de la terre, travaille à retourner sur son ancienne île.
Dans ce trouble général nous nous trouvons obligés de préparer des vaisseaux, de nous tenir sur le rivage, de prendre garde à n'être pas surpris par l'arrivée des ennemis, et, quoique les vents soient fort contraires, d'appréhender moins le naufrage que ces barbares, non pas tant par le désir de conserver notre vie que par celui de sauver la vertu des vierges.
Il y a alors quelque contestation entre ce que nous étions de Chrétiens, et cette guerre domestique surpasse encore la guerre étrangère.
Comme j'ai établi ma demeure dans l'Orient, l'amour que j'ai eu de tout temps pour les Lieux Saints m'y arrête. Mais Fabiola, qui n'a pour tout équipage que quelques méchantes hardes et qui est étrangère partout, retourne en son pays pour vivre dans la pauvreté au même lieu où elle a vécu dans les richesses, pour demeurer chez autrui après avoir logé tant de gens chez elle.
Mon affliction est que nous perdions dans les Lieux Saints le plus grand trésor que nous avions. Rome au contraire recouvre sa perte, et l'insolence et l'effronterie de tant de langues médisantes de ses citoyens qui ont médit contre Fabiola est confondue par les yeux d'un si grand nombre de témoins.

Que d'autres admirent sa compassion pour les pauvres, son humilité et sa Foi, mais quant à moi, j'admire encore davantage la ferveur de son esprit. Elle sait par cœur le discours que j'ai, étant encore jeune, écrit à Héliodore pour l'exhorter à la solitude.
En regardant les murailles de Rome, elle se plaint d'y être retenue captive, oubliant son sexe, ne considérant point sa faiblesse, et n'ayant passion que pour la solitude. Il peut se dire qu'elle y est puisqu'elle y est en esprit. Les conseils de ses amis ne sont pas capables de la retenir dans Rome, d'où elle ne désire pas avec moins d'ardeur de sortir que d'une prison.
Elle dit que c'est une espèce d'infidélité que de distribuer son argent avec trop de précaution, et elle souhaite, non pas de mettre une partie de son bien entre les mains des autres pour l'employer en des charités, mais, après l'avoir tout donné et n'ayant plus rien en propre, de recevoir elle-même l'aumône en l'honneur de Jésus-Christ.
Elle a donc tant de hâte de partir, et tant de peine à souffrir ce qui retarde l'exécution de son dessein, qu'il y a sujet de croire qu'elle l'exécute bientôt. Ainsi la mort ne peut la surprendre, puisqu'elle s'y prépare toujours.
Mais je ne saurais louer une femme si illustre sans que mon intime ami Pammaque me vienne aussitôt en l'esprit.
Sa chère Pauline dort dans le tombeau afin qu'il veille, elle a devancé par sa mort celle de son mari, afin de laisser un fidèle serviteur à Jésus-Christ, et lui, ayant hérité de tout le bien de sa femme, en met les pauvres en possession.
ils mettent leurs biens ensemble et s'unissent de volonté, afin d'augmenter par cette bonne intelligence ce que la division aurait dissipé.
A peine leur résolution est prise qu'elle est exécutée : ils achetent un lieu pour recevoir les étrangers, et soudain l'on y vient en foule, car « la charité doit veiller à ce qu'il n'y a pas d'affliction en Jacob ni de douleur en Israël, » comme dit l'Écriture.
On éprouve dans la mort d'une femme si admirable la vérité de ce que dit Saint Paul « toutes choses coopèrent en bien à ceux qui aiment et qui craignent Dieu. » Elle a, comme par un présage de ce qui doit lui arriver, écrit à plusieurs solitaires de venir la voir pour la décharger d'un fardeau qui lui est fort pénible, et afin d'employer ce qui lui reste d'argent à s’acquérir des amis... Ils viennent, et elle, après s'être mise en l'état qu'elle a désiré, s'endort du sommeil des justes, et, déchargée de ces richesses terrestres qui ne lui servent que d’empêchement, s'envole avec plus de légèreté au Ciel.

Rome fait voir à la mort de Fabiola jusqu'à quel point elle l'a admirée durant sa vie, car, comme elle respire encore et n'a pas encore rendu son âme à Jésus-Christ.
Déjà la Renommée en déployant ses ailes a tout mis en deuil par ces tristes nouvelles, et rassemblé tout le peuple pour se trouver à ses funérailles.
On entend partout chanter des psaumes; le mot d’alléluia résonne sous toutes les voûtes des temples.
C'est alors que Rome voit tous ses citoyens ramassés ensemble, et chacun croyant avoir part à la gloire de cette sainte pénitente, il ne faut pas s'étonner si les hommes se réjouissent en la terre du Salut de celle qui a par sa conversion réjoui les Anges dans le Ciel.
Reçois, bienheureuse Fabiola, ce présent de mon esprit que je t'offre en ma vieillesse, et ce devoir que je rends à ta mémoire. J'ai souvent loué des vierges, des veuves et des femmes mariées qui, ayant conservé la pureté de cette robe blanche qu'elles ont reçue au Baptême, ont toujours suivi l'Agneau en quelque lieu qu'Il allât, et certes c'est un grand sujet de louange que de ne s'être souillé d'une seule tâche durant tout le cours de sa vie, mais que l'envie et la médisance ne prétendent pas néanmoins en tirer de l'avantage : « Si le père de famille est bon, pourquoi notre œil sera-t-il mauvais ? » Jésus-Christ a rapporté sur Ses épaules la brebis qui est tombée entre les mains des voleurs, il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père Céleste, la grâce surabonde où abondait le péché, et celui-là aime davantage à qui il a été beaucoup remis...

Sainte Fabiola († 399) Patronne des infirmières et des femmes battues
Fabiola, convertie au christianisme, fonde à Ostie un hôpital destiné aux pauvres et aux infirmes. Elle soigne plaies purulentes et lésions de toutes sortes avec habileté, elle excelle même dans la confection des pansements.
Sainte Fabiola est infirmière (médecin).


Sainte Fabiola († 399)
documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/.../HEGEL_2014_1_112.pdf
de F Vicari - ‎2014
Sainte Fabiola († 399). Patronne des infirmières et des femmes battues1. Fernand Vicari fernand.vicari@gmail.com. Sa vie. Fabiola est issue d'une grande ...
Termes manquants : année
Vous avez consulté cette page le 10/04/16.
Saint Fabiola - Wikipedia, the free encyclopedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Saint_Fabiola
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Saint Fabiola was a nurse (physician) and Roman matron of rank of the company of ... in aid of the poor and sick until her death on 27 December of 399 or 400.
Termes manquants : année

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