mardi 5 avril 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 405


30 MARS 2016...

Cette page concerne l'année 405 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

NIALL UN HÉROS DES ANCIENS TEXTES IRLANDAIS.

Niall Noigiallach, littéralement Niall possédant Neuf Otages, est un ard ri Érenn (roi suprême d'Irlande). Personnage semi-historique de la mythologie Celtique Irlandaise, considéré comme l'ancêtre des Uí Néill, régnant
au Ve siècle à Tara et un des derniers rois adeptes de la religion Celtique avant l’évangélisation hagiographique de l’île par Saint Patrick.

Bien qu'il soit généralement considéré comme un personnage ayant existé, bien peu de choses sûres peuvent être dites de la vie de Niall Noigiallach, car il est antérieur à l'avènement de l'histoire écrite en Irlande.
Les sources donnant des renseignements sur sa vie sont les généalogies des rois historiques, la partie « Roll of Kings » du Lebor Gabála Érenn, les annales Irlandaises comme les Annales des Quatre maîtres, des chroniques comme « Foras Feasa ar Éirinn » de Geoffrey Keating, et des récits légendaires comme Les Aventures des fils d'Eochaid Mugmedon et La Mort de Niall aux Neuf Otages... Ces sources sont très postérieures à la mort de Niall, et leurs valeurs historiques sont, faibles.

Niall Noigiallach apparaît sous le nom de « Niell » sur la liste des rois établie dans le Baile Chuinn Chétchathaig, son règne étant daté de la fin du IVe siècle et du début du Ve siècle.
Les Annales des Quatre Maîtres (anglais A.F.M.) placent son accession en 378 et sa mort en 405, en précisant :
« Après avoir été pendant 27 ans en possession de la royauté d'Irlande, Niall est tué par Eochaid mac Enna Ceinnsealach (fils d'un roi de Leinster) à Mui nicht (île de la Manche entre la France et l'Angleterre) »
La chronologie de Geoffrey Keating, Foras Feasa ar Éirinn, concorde assez bien, puisqu'elle situe le règne de Niall entre 368 et 395, associant ses incursions en Grande-Bretagne avec l'enlèvement de Saint Patrick.
Pourtant aujourd'hui, on considère que la liste traditionnelle des Hauts-Rois et sa chronologie ont été transformées.
La royauté suprême n'est devenue une réalité qu'au IXe siècle, et la condition légendaire de Niall a été exagérée, en rapport avec l'importance politique de la dynastie qu'il a fondée. La critique moderne tend à reporter à environ 450 la date de la mort de Niall Noigiallach en s'appuyant sur les dates relevées dans les Annales Irlandaises notamment les Annales d'Ulster pour les disparitions de ses descendants, les Ui Neill :
Ses fils : Lóegaire mac Néill († 463), Éogan († 465) Conall Gulban († 464), Conall Cremthainne († 475) Coirpre († 500) et Fiachu (vers 510/516)...
Ses petits-fils : Lugaid mac Lóegairi († 507) et Ardgal mac Conall Criamtham († 520/523)
Ses arrière-petits-fils : Muirchertach Mac Ercae († 534) Túathal Máelgarb († 544) et Diarmait mac Cerbaill († 565)
Les membres de la génération suivante, disparus entre 566 pour Fergus mac Muirchertach et Domnall mac Muirchertach et 604 pour Áed Sláine.

Il y a plusieurs versions de l'origine du surnom Noígíallach (détenteur de neuf otages) de Niall. La saga La mort de Niall aux Neuf Otages dit qu'il en reçoit 5 des 5 Provinces d'Irlande : l'Ulster, le Connacht, le Leinster, le Munster et le Meath, et de chacun des provinces Gaëls, des Saxons, des Bretons insulaires et des Francs.
Keating dit qu'il reçoit 5 otages des 5 provinces et 4 d'Écosse.
O'Rahilly a suggéré que ce surnom est lié à la prise d’otages parmi les fils de 9 rois des Cruithni de l’Ulaid. Cette population semble correspondre pour la période historique au royaume d'Airgíalla (Airgíalla = donneurs d’otages), qui sont les sujets des Uí Neill, après avoir été ceux des Ulaid.

La saga du XIe siècle Echtra mac nEchach Mugmedóin (« Les aventures des fils d'Eochaid Mugmedón ») contient le récit légendaire de la naissance et de la jeunesse de Niall. Son père, Eochaid Mugmedón, que les sources médiévales considèrent comme un roi de Tara, est absent du Baile Chuind Chétchathaig.
Il a eu 5 fils, Brión, Ailill, Fiachrae et Fergus, de sa première femme Mongfind, sœur du roi de Munster, Crimthann mac Fidaig, et un 5e, Niall, de sa seconde femme, Cairenn Chasdub, fille de Sachell Balb, roi des Saxons. Cairenn est décrite alternativement comme une princesse, une esclave, voire une princesse réduite en esclavage après un raid de pirates Scots.
Brion, Fiachrae, Aillil sont les ancêtres éponymes respectifs des Uí Briúin, des Uí Fhiachrach et des Uí Ailello. Parmi ceux-ci, les Uí Briúin sont les plus puissants et donnent de nombreux rois de Connacht pendant la période médiévale. Les Cenél parents des 2 autres frères n’ont qu’une importance régionale et ne jouent un rôle que dans l’histoire primitive du royaume de Connacht. La descendance du 4e frère, nommé Fergus Cáechán, reste dans l’obscurité.
Lorsque Cairenn est enceinte de Niall, la jalouse Mongfind la force à faire des travaux pénibles, espérant qu'elle fasse une fausse couche. Elle donne naissance à Niall, alors qu'elle tire de l'eau, mais, craignant la haine et les pouvoirs magiques de Mongfind, elle abandonne l'enfant aux oiseaux dans la plaine de Tara.
Le petit Niall est recueilli par un barde nommé Torna, qui a la révélation de sa grandeur future. Lorsqu'il est devenu grand, Torna le présente à la cour à Tara, et Niall délivre sa mère de son travail pénible, et « la vêt de pourpre ».

Même s'il est anachronique que sa mère soit Saxonne, O'Rahilly précise que le nom Cairenn vient du nom latin Carina, et qu'il est plausible qu'elle soit Romano-Britonne. En fait, Keating ne dit pas qu'elle est Saxonne, mais qu'elle est la « fille du roi de Grande-Bretagne ». Mongfind semble avoir été un personnage surnaturel : La saga « La Mort de Crimthann mac Fidaig » dit que la fête de Samhain, marquant le 1er novembre la fin de l'année et le début de l'année nouvelle, est communément appelée la « fête de Mongfind ».
À cette occasion, on offre des prières à Mongfind la veille de ce jour, appelé Oíce Samain.
Voyant la popularité de Niall parmi les nobles, Mongfind exige qu'Eochaid nomme son successeur, espérant que ce soit un de ses fils. Eochaid refuse et se retranche derrière l’avis du forgeron Sithchenn qui est également un prophète. Celui-ci imagine un concours entre les frères.. Il les enferme dans une forge en flammes, leur demandant de sauver ce qu'ils veulent, et les jugeant sur leur choix.
Brión sauve un chariot
Fiachrae une barrique de vin,
Ailill des armes, et Fergus un fagot contenant une branche d'if, symbolisant sa stérilité.
Niall ressort en portant sur son dos l'enclume, le soufflet, les marteaux, et tous les outils utiles au forgeron. C'est lui qui est le mieux jugé, mais Mongfind n'accepte pas cette décision. Elle tente alors de faire tuer Niall en demandant à ses fils de se quereller, afin que Niall soit tué en les séparant. Cette nouvelle ruse reste sans effet...

Au cours d’une partie de chasse, les 5 frères se perdent dans la forêt. Ils cuisent du gibier, mais manquant d'eau, ils partent à tour de rôle en chercher. Ils trouvent un puits gardé par une horrible sorcière, qui réclame un baiser en échange de l'eau... Fergus et Ailill refusent et reviennent les mains vides. Fiachrae lui donne un rapide baiser, mais pas suffisant pour la satisfaire. Niall annonce hardiment que non seulement il l'embrassera, mais qu'il couchera aussi avec elle. L'horrible sorcière se révèle alors être une belle jeune fille, qui déclare s’appeler «  Flaithius », c'est-à-dire « Royauté ou Souveraineté ». Elle donne à Niall non seulement de l'eau, mais, en lui conseillant de ne pas la partager avec ses frères tant qu'ils n'auront pas renoncé à leur droit d'aînesse, elle lui accorde ainsi la royauté pour de nombreuses générations... 36 de ses descendants deviendront Hauts Rois d'Irlande, tandis que Fiachrae, qui l'a embrassée furtivement, est l'ancêtre d'une lignée royale secondaire deux de ses descendants, Dathí et Ailill Molt, seront Hauts Rois.

Le thème de la « dame répugnante » apparaît dans les mythes et les folklores du monde entier.
On trouve des variantes de cette histoire dans la légende Arthurienne, dans la biographie d'un ancien Haut-Roi, Lugaid Laigde, dans Le Conte de la Bourgeoise de Bath de Geoffrey Chaucer, dans les aventures de Gauvain, et dans le poème en moyen Anglais Confessio Amantis de John Gower.
Dans un autre récit, la succession n'est pas réglée à la mort d'Eochaid, et Crimthann, le frère de Mongfind, prend la royauté suprême.
Mais, profitant qu'il soit parti inspecter ses terres d'Écosse, les fils de Mongfind s'emparent du pouvoir en Irlande. Crimthann revient pour leur livrer bataille.
Mongfind, prétendant faire la paix entre son frère et ses fils, organise une fête, au cours de laquelle elle sert une boisson empoisonnée à son frère. Crimthann refuse de boire, à moins qu'elle le fasse, elle aussi, ils boivent tous les deux, et tous les deux meurent la veille de Samhain. Niall succède au Haut-Roi, et Brión devient son second.

Une autre version dit que Mongfind essaie d'empoisonner Niall, mais, par erreur, c'est elle qui boit le poison.
Pendant que Niall est Haut-Roi, ses frères s'instaurent rois régionaux.
Brión dirige la province de Connacht, mais Fiachrae lui déclare la guerre. Brión bat Fiachrae, et le livre comme prisonnier à Niall.
Le fils de Fiachrae, Nath Íand, poursuit la guerre et finit par tuer Brión. Niall relâche Fiachrae, qui devient roi de Connacht et le bras droit de Niall. Fiachrae et Ailill font alors la guerre au roi de Munster, Eochaid, fils de Crimthann.
Ils le battent et partagent un grand butin, Fiachrae est blessé dans la bataille et meurt de ses blessures peu après.

Les hommes du Munster prolongent la guerre, capturent Ailill et le coupent en morceaux. La guerre entre le Connacht et le Munster se poursuit pendant de nombreuses années.
Le Lebor Gabála Érenn dit qu'il y eut une guerre entre Niall et Énnae Cennsalach, roi de Leinster, au sujet du bórama, un tribut en bétail, imposé à l'origine au Leinster par Túathal Techtmar.
Eochaid, le fils d'Énna est désigné par toutes les sources comme le meurtrier de Niall, bien que les circonstances varient... Toutes les sources s'accordent à dire qu'il est mort hors d'Irlande. La plus ancienne version du Lebor Gabála dit qu'Eochaid l'a tué sur la Manche... Des versions ultérieures ajoutent que Niall était en train d'envahir la Bretagne, quand cela est arrivé.
Keating, citant une vie de Saint Patrick en latin, dit que Niall mène des incursions Irlandaises en Grande-Bretagne Romaine, et au cours de l'une d'elles Patrick et ses sœurs sont enlevés.
Keating associe ces raids avec ceux qui sont mentionnés par Gildas le Sage et Bède le Vénérable, et, comme certaines sources Irlandaises disent que Patrick est enlevé en Bretagne, il en déduit que les raids de Niall se sont étendus jusqu'en Europe Continentale.

Dans la saga « La mort de Niall aux Neuf Otages », l'inimitié d'Eochaid envers Niall commence lorsque Laidchenn, le barde de Niall, lui refuse l'hospitalité. Il lui fait la guerre, détruit le fort du poète, tuant son fils Leat. Keating affirme que Laidchenn est un druide, et qu'Eochaid a tué son fils, parce qu'il a usé d'un langage diffamatoire envers lui. Laidchenn réagit en jetant un sort sur le Leinster, si bien que pendant toute une année ni blé, ni herbe, ni feuille n'y poussent...
Puis Niall fait la guerre au Leinster, et la paix est conclue à condition qu'Eochaid lui soit livré. Niall enchaîne Eochaid à une pierre dressée, et demande à 9 guerriers de l'exécuter.
Mais Eochaid brise ses chaînes et les utilise pour tuer les 9 guerriers. Puis il tue Laidchenn en lui jetant une pierre qui se loge dans son front... Niall l'exile en Écosse.
Le récit devient ensuite confus. Niall fait la guerre en Europe, jusqu'aux Alpes, et les Romains lui envoient un ambassadeur pour discuter avec lui.

Le récit passe brusquement à Niall devant une assemblée de bardes Pictes en Écosse, où il est tué par une flèche tirée par Eochaid depuis l'autre côté de la vallée. Keating affirme qu'Eochaid atteint Niall depuis la rive opposée de la Loire durant sa campagne Européenne. Ses hommes ramènent son corps au pays, livrant en chemin 7 batailles. Son père adoptif, Torna, meurt de chagrin. On dit qu'il a été enterré à Ochann, qui s'appelle maintenant Faughan Hill, entre Kells et Navan dans le comté de Meath. Son neveu Dathí lui a succédé.
Byrne suggère que la mort de Niall a eu lieu durant un raid en Grande-Bretagne Romaine. La tradition Irlandaise a oublié que les Romains ont conquis la Grande-Bretagne, et elle a relocalisé en Europe Continentale le souvenir de ces confrontations avec l'Empire Romain, faisant la confusion entre « Alba », l'ancien nom de la Grande-Bretagne, soit avec « Elpa », les Alpes, soit en comprenant « Alba » dans son sens tardif d'Écosse.
Un poème du poète du XIe siècle Cináed uah Artacáin dans le Livre de Leinster crédite Niall de 7 raids en Grande-Bretagne. C'est au cours du dernier qu'il est tué par Eochaid « sur les vagues de la mer Ictienne », un poème attribué au même poète dans le Lebor nah Uidre le crédite de 7 voyages dans les Alpes.

Un important trésor d'objets variés datant des derniers temps de l'occupation Romaine dans l'île de Bretagne est découvert en 1919, à Traprainlaw, à 20 milles d'Edimbourg.
M. Curie, directeur du Boy al scottish Muséum, l'a décrit, en y ajoutant diverses considérations sur sa provenance, dans son étude : The treasure of Traprainlaw (Glasgow, 1923). Il l'a comparé au trésor de Ballinrees, près Coleraine, Londonderry, qui, outre divers objets en argent rappelant ceux de Traprainlaw, renferme 1.500 pièces de monnaies Romaines en argent.

Notre confrère, M. Théodore Reinach, a signalé la découverte de Traprainlaw dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, de 1922, p. 409, et a donné la liste et la description des objets qu'il contient. Dans un numéro récent du Journal of roman studies, t. XIV (1924), p. 123, sir William Ridgeway a publié une curieuse étude intitulée : Niall of the nine hostages in connexion with the treasure of Traprainlaw and Ballinrees, and the destruction of Wroxe ter, of Chester, Caerleon and Caerwent...

M. Ridgeway développe l'idée que le trésor de Traprainlaw a été dérobé en Gaule par des pirates Irlandais et il appuie son hypothèse sur une tradition d'après laquelle Niall, éponyme de la tribu des Hûi Neill, roi d'Irlande de 379 à 405 a fait une expédition en Gaule. Sa source est l'histoire d'Irlande de M. Keating i [History of Ireland, pp. 401-407).
M. Keating, lui, se fonde sur ce qu'il appelle une vie ancienne de Saint Patrice. Niall a fait une expédition en Armorique, et c'est là qu'il aurait enlevé Patrice et ses 2 sœurs. La mère de Patrice, d'ailleurs, est la sœur de Saint Martin de Tours... Ridgeway prend au sérieux cette singulière histoire. La légende de Goncessa, mère de Saint Patrice et sœur de Saint Martin de Tours, a sa source dans une erreur d'interprétation du mot d'Armorica.

Dans aucun des documents anciens concernant Saint Patrice, il n'est question de l'expédition de Niall en Gaule : Ni Muirchu Maccu Machteni, à qui nous devons des Mémoires sur Patrice, ni Tirechan dans ses Notes, n'en font mention, or, ils écrivent vers la fin du VIIe siècle.
Whitley Stokes dans The tripartite life of Saint Patrick a fait la critique de tous les textes d'une certaine autorité concernant l'apôtre : Ils sont muets sur les expéditions de Niall. Ils nous apprennent simplement que le père du roi d'Irlande Lœgaire, auquel Patrice a eu particulièrement affaire, porte ce nom.

0' Curry, très au courant des sources manuscrites de l'histoire d'Irlande, ne connaît qu'une source à l'expédition de Niall : Le Livre de Ballymote qui est du XVe siècle. (0' Curry, On the.mss. material of the ancient history of Ireland, p. 290 n.)
Le texte le plus ancien concernant l'expédition de Niall a été signalé à Ridgeway par un celtiste de valeur, le professeur E. J. Gwynn de Trinity Collège (Dublin). C'est un récit en Irlandais intitulé : Orcguinn Néill Nôigiallach, meurtre de Niall aux 9 otages.
Voici la traduction de la note de Gwynn. « La légende de l'expédition en pays étranger de Niall est certainement ancienne. Le principal récit sur ce sujet est celui qui a été publié par Kuno Meyer (Otia Merseiana, p. 84), on le trouve au moins dans 3 manuscrits, dont l'autorité et le langage indiquent une origine Irlandaise ancienne, antérieure au Xe siècle. Il semble qu'il y ait 2 versions du récit, suivant l'un desquels Niall a été tué en France, suivant l'autre en Écosse, chez les Pictes, mais c'est un point qui reste à éclaircir. En tout cas, il semble que Niall a bien été tué par Eochaid, qui a une vieille rancune contre lui. »

La version de Kuno Meyer est tirée du ms. de la Bodleienne, Raw- linson B-502, fol. 47a »-47a2 (XIVe-XVe s.). Il y a 2 autres versions,l'une dans le Yellow Book of Lecan, l'autre dans le Book of Ballymote, mss. du XVe soiècle pour lesquelles Kuno Meyer en donne les variantes quand il y a lieu...
La version du Rawlinson n'est guère antérieure d'après lui au XIe siècle, mais le poème sur la mort de Niall qui la termine peut être daté avec certitude du commencement du IXe siècle, pour des raisons qu'il a exposées dans Festschrift fur Whitley Stokes, p.. 2.
Kuno Meyer relève dans les 3 versions de grossiers anachronismes.

LES PIERRES DE TARA
D'après la version dont il donne le texte et la traduction, Niall acquiert la souveraineté de l'Armorique et de l'Italie, et il est appelé Niall aux 9 otages, parce qu'il s'est fait livrer 5 otages d'Irlande, un d’Écosse, un des Saxons, un des Brittons, un des Francs.
Lorsque Niall et ses hommes arrivent aux montagnes des Alpes, il y a devant eux une grande rivière, la Loire des Alpes (???).
C'est sur les bords de ce fleuve qu'on serait venu lui livrer les otages. L'auteur ajoute que d'après, d'autres, c'est chez Ere, fils d'Echu Munremar, roi d’Écosse, et que c'est là, parmi les bardes des Pictes qu'il a été tué, pendant qu'il leur démontre sa force, ou il se peut aussi, dit-il, que ce soient les filles des Francs qui aient désiré qu'il fasse preuve de celle-ci.
Niall ayant été tué, les Francs attaquent les Gaëls, mais les hommes d'Alba (Écosse) se rangent du côté de ces derniers pour conserver leur souveraineté.

Que reste-t-il d'historique dans cette légende ?
1 . C'est là un trait de mœurs assez fréquent dans les épopées Irlandaises.
Les vers qui suivent la prose et qui représentent sûrement la tradition ancienne, expliquent le surnom de Niall (Niall aux 9 otages) de façon plausible, Niall saisit les royautés d'Irlande et d’Écosse. Il exige un otage de chacune des 5 provinces d'Irlande et 4 d’Écosse. Il n'y est question ni de Saxons, ni de Brittons, ni de Francs.
Cinaed ûa Artacain, qui meurt vers 975, le citant dans un poème sur la tombe de Niall, le fait tuer sur la crête des vagues de la mer d'icht qu'on identifie avec la Manche.
Il en est de même dans les Annales des 4 maîtres (0' Donovan, p. 127). C'est aussi la version du Livre de Leinster (XIIe s.), p. 190, col. 1, 1. 57-54.
En somme, ce qu'on peut considérer comme historique, c'est l'expédition d'un roi d'Irlande du nom de Niall dans l'île de Bretagne, dans le dernier tiers du IVe siècle début Ve siècle. Nous savons de source certaine (Ammien Marcellin XXVII, 8 • XXVIII, 3) que l'île, vers 367, a été envahie par les Scots, les Pictes avec la complicité des tribus Brittones, et ravagée de fond en comble. Ils ont dû atteindre la Manche, car le commandant des troupes Romaines de secours, Théodose, est obligé de livrer bataille pour arriver à Londres. Ammien Marcellin dit formellement que les areani, gardes-frontières indigènes (c'est un dérivé du celtique arios, irl. aire — aria, attention, soin, surveillance) ont pris part à l'insurrection. Ce qui est décisif, c'est que Théodose promet l'impunité à tous ceux qui ont abandonné la cause Romaine. Il va sans dire qu'il ne s'agit là ni des Scots, ni des Pictes qui n'en ont cure.

Une découverte archéologique bien extraordinaire suffit à identifié Icht avec Vectis, île de Wight, ce qui n'est guère vraisemblable au point de vue phonétique, ni autrement.
L'hypothèse de John Rhys changeant Mus (portus) qui est Boulogne-sur-Seine, en lctius me paraît vraisemblable.
On a découvert à Silchester (Calleva) sous des amas de bois carbonisés une aigle Romaine arrachée de sa hampe.
Les monnaies romaines trouvées à Silchester s'arrêtent à Gratien (383). Il se peut que le sac de Silchester ait eu lieu pendant une insurrection postérieure à celle de 368. Les invasions et pillages du temps de Stilicon paraissent avoir été tout aussi graves, quoique les détails à ce sujet nous manquent...

Les additions légendaires au fait historique d'une expédition de Niall en Bretagne atteignant les bords de la Manche, peuvent s'expliquer. Il y a eu confusion entre le vieil-Irlandais Alpe, plus tard Alpa, Alba, qui désigne l'île de Bretagne, Albion et la restriction postérieurement à l’écosse, et les Alpes, en irlandais Sliab-Alpa (Elpa), forme du Livre de Leinster, ce qui a amené les chroniqueurs Irlandais ambitieux à étendre les conquêtes de Niall jusqu'en Gaule.
D'un autre côté, l'irlandais Letha désigne à la fois l'Armorique et le Latium, il en est de même du vieux-gallois Litau, plus tard Llydaw, vieux-celt. Litauâ : Irlandais et Brittons y voient une racine Ut- représentée dans l'adjectif irl. lethan, gallois llydan, vieux-celtique litano-, représenté en Gaulois dans Litano-briga. Aussi une version étend-elle les conquêtes de Niall en Italie, une autre la restreint à l'Armorique. Quant à la légende de la mère de Patrice, sœur de Saint Martin de Tours, elle a son explication dans une évolution de sens du mot Armorica, dont l'irl. Letha et le gallois Llydaw ont suivi les vicissitudes... Armorica a d'abord désigné spécialement les côtes depuis la Loire jusqu'à l'extrémité du territoire des Gaïetes, mais au Ve siècle, sous ce nom on englobe la 2e Lyonnaise, la Sénonaise et les 2 Aquitaines.

Plus tard le mot ne désigne plus que la Bretagne Continentale. L'auteur de la légende de Concessa sait que Tours est compris dans la province Armoricaine.
Deux points restent à discuter :
1° Qui a enfoui le trésor dans le voisinage d'Edimbourg ?
2° Quelle est la provenance du trésor ?
Il me paraît tout au moins fort douteux que les enfouisseurs aient été des Scots d'Irlande. La date de leurs premiers établissements en Écosse n'est pas exactement connue. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que toute la région. d'Edimbourg et de Glasgow est fortement tenue par des tribus Brittones très belliqueuses.
Le royaume Britton de Strat- Glud ou vallée de la Clyde, dont la capitale est Al Clud, aujourd'hui Dumbarton (Dun Brettan) a duré jusqu'au IXe-Xe siècle.

En 750, les Brittons sont assez forts pour détruire une armée Picte. Au Ve, comme en fait foi l'Epistola ad Coroticum, leurs chefs portent même leurs ravages en Irlande.
On aj'ai signalé diverses incursions de Brittons en Irlande et des batailles livrées par eux aux indigènes du VIe au IXe siècle.
Le poème Gallois lyrico-épique connu sous le nom de Gododin qui représente le nom de la tribu des Otadeni, mieux, Votadîni (Northumbrie), poème dont le noyau remonte au VIIe siècle, mais dont la rédaction la plus ancienne ne peut être antérieure à la fin du IXe siècle, nous montre des tribus de la région même d’Édimbourg (en gallois Din Eidin) combattant dans les rangs des Brittons du pays des Gododin (vieux-gallois Gwotodin).
Quant aux Pictes, ils ont dû en regagnant leurs montagnes traverser le territoire des Brittons avec leur connivence. Sir Arthur Evans [Num. Chron., IV, xv, p. 543) est d'avis que le trésor de Ballinrees en Irlande est le fruit de
pillages de Scots dans l'île de Bretagne, on peut, je crois, en dire autant de celui de Traprainlaw, les villas Romaines ou Romano-Brittones ne manquent pas dans la Bretagne Romaine. Le Vallum d'Hadrien, seul, avec ses 5 forts avancés, ses 47 castella, ses 80 postes fortifiées, ses 320 tours, devait au IVe siècle encore, dans des moments de trouble, offrir des perspectives de fructueux pillages.

Curie faisant valoir la présence de 4 monnaies d'argent dont deux d'Honorius dans le trésor de Traprainlaw, objecte que ces monnaies manquent dans le nord de la Bretagne. Un de ceux qui connaissent le mieux la Bretagne Romaine et en particulier ses monnaies, Collingwood, fait savoir à W. Ridgeway (loc. cit., p. 128-129) que s'il y a peu de monnaies d'argent des empereurs en question dans le nord, elles abondent ailleurs : D'après ses tables, il en relève 100, peut être de 2 à 300.

Certains objets d'équipement militaire d'origine Barbare, quelques-uns même Wisigothiques, indiquent d'après Curie, une origine continentale.
On peut lui faire observer qu'il y a dans l’Île de Bretagne, au témoignage même de la Notifia dignitatum imperii, des cohortes composées de soldats venant de tous les points de l'empire Romain. Il n'y a donc pas là de raison impérieuse pour aller chercher la provenance du trésor dans une partie du continent occupée par les Wisigoths. M. Curie s'est décidé pour la région de la Gaule occupée par eux. Lisant Prumiaco dans une inscription sur un des vases d'argent du trésor, il y voit Preignac, canton de Podensac, Gironde : identification, phonétiquement, inadmissible.

Notre confrère, C. Jullian, remarquant dans l'inscription Prumiaco, PICT., a cherché Prumiaco dans l'ancien évêché de Poitiers. Il l'identifie avec Prigny, pays de Retz
(Loire-Inférieure). Le pays de Retz n'a été, en effet, détaché de l'évêché de Poitiers que vers 851, date à laquelle le roi Breton Erispoe l'annexe à la Bretagne à la suite de sa victoire sur l'empereur Charles le Chauve.
Pour rendre cette identification possible, il faudrait corriger Prumiaco en Prunniaco, Prumiacum nous est connu par des chartes du XIe siècle du Cartulaire de Redon. C'est bien aujourd'hui Prigny, ce qui est une orthographe fâcheuse, quoique l'on trouve Pringny en 1344.

Niall Noigiallach — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Niall_Noigiallach
Niall Noigiallach, littéralement Niall possédant Neuf Otages, est un ard ri Érenn (roi suprême d'Irlande). ... J.-C. et sa mort en 405, en précisant: .... marquant le 1er novembre la fin de l'année et le début de l'année nouvelle, était communément ...

L'expédition de Niall aux neufs otages en Gaule et le trésor ...
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1926_num_70_2_75251
de J Loth - ‎1926
COMMUNICATION l'expédition de niall aux neuf otages en gaule et le trésor de ... laquelle Niall, éponyme de la tribu des Hûi Neill, roi d'Irlande de 379 à 405 ...

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