30 MARS 2016...
Cette
page concerne l'année 405 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
NIALL
UN HÉROS DES ANCIENS TEXTES IRLANDAIS.
Niall
Noigiallach, littéralement Niall possédant Neuf Otages, est un ard
ri Érenn (roi suprême d'Irlande). Personnage semi-historique de la
mythologie Celtique Irlandaise, considéré comme l'ancêtre des Uí
Néill, régnant
au
Ve siècle à Tara et un des derniers rois adeptes de la
religion Celtique avant l’évangélisation hagiographique de l’île
par Saint Patrick.
Bien
qu'il soit généralement considéré comme un personnage ayant
existé, bien peu de choses sûres peuvent être dites de la vie de
Niall Noigiallach, car il est antérieur à l'avènement de
l'histoire écrite en Irlande.
Les
sources donnant des renseignements sur sa vie sont les généalogies
des rois historiques, la partie « Roll of Kings » du
Lebor Gabála Érenn, les annales Irlandaises comme les Annales des
Quatre maîtres, des chroniques comme « Foras Feasa ar Éirinn »
de Geoffrey Keating, et des récits légendaires comme Les Aventures
des fils d'Eochaid Mugmedon et La Mort de Niall aux Neuf Otages...
Ces sources sont très postérieures à la mort de Niall, et leurs
valeurs historiques sont, faibles.
Niall
Noigiallach apparaît sous le nom de « Niell » sur la
liste des rois établie dans le Baile Chuinn Chétchathaig, son règne
étant daté de la fin du IVe siècle et du début du Ve siècle.
Les
Annales des Quatre Maîtres (anglais A.F.M.) placent son accession en
378 et sa mort en 405, en précisant :
« Après
avoir été pendant 27 ans en possession de la royauté d'Irlande,
Niall est tué par Eochaid mac Enna Ceinnsealach (fils d'un roi de
Leinster) à Mui nicht (île de la Manche entre la France et
l'Angleterre) »
La
chronologie de Geoffrey Keating, Foras Feasa ar Éirinn, concorde
assez bien, puisqu'elle situe le règne de Niall entre 368 et 395,
associant ses incursions en Grande-Bretagne avec l'enlèvement de
Saint Patrick.
Pourtant
aujourd'hui, on considère que la liste traditionnelle des Hauts-Rois
et sa chronologie ont été transformées.
La
royauté suprême n'est devenue une réalité qu'au IXe siècle,
et la condition légendaire de Niall a été exagérée, en rapport
avec l'importance politique de la dynastie qu'il a fondée. La
critique moderne tend à reporter à environ 450 la date de la mort
de Niall Noigiallach en s'appuyant sur les dates relevées dans les
Annales Irlandaises notamment les Annales d'Ulster pour les
disparitions de ses descendants, les Ui Neill :
Ses
fils : Lóegaire mac Néill († 463), Éogan († 465) Conall
Gulban († 464), Conall Cremthainne († 475) Coirpre († 500) et
Fiachu (vers 510/516)...
Ses
petits-fils : Lugaid mac Lóegairi († 507) et Ardgal mac
Conall Criamtham († 520/523)
Ses
arrière-petits-fils : Muirchertach Mac Ercae († 534) Túathal
Máelgarb († 544) et Diarmait mac Cerbaill († 565)
Les
membres de la génération suivante, disparus entre 566 pour Fergus
mac Muirchertach et Domnall mac Muirchertach et 604 pour Áed Sláine.
Il
y a plusieurs versions de l'origine du surnom Noígíallach
(détenteur de neuf otages) de Niall. La saga La mort de Niall aux
Neuf Otages dit qu'il en reçoit 5 des 5 Provinces d'Irlande :
l'Ulster, le Connacht, le Leinster, le Munster et le Meath, et de
chacun des provinces Gaëls, des Saxons, des Bretons insulaires et
des Francs.
Keating
dit qu'il reçoit 5 otages des 5 provinces et 4 d'Écosse.
O'Rahilly
a suggéré que ce surnom est lié à la prise d’otages parmi les
fils de 9 rois des Cruithni de l’Ulaid. Cette population semble
correspondre pour la période historique au royaume d'Airgíalla
(Airgíalla = donneurs d’otages), qui sont les sujets des Uí
Neill, après avoir été ceux des Ulaid.
La
saga du XIe siècle Echtra mac nEchach Mugmedóin (« Les
aventures des fils d'Eochaid Mugmedón ») contient le récit
légendaire de la naissance et de la jeunesse de Niall. Son père,
Eochaid Mugmedón, que les sources médiévales considèrent comme un
roi de Tara, est absent du Baile Chuind Chétchathaig.
Il
a eu 5 fils, Brión, Ailill, Fiachrae et Fergus, de sa première
femme Mongfind, sœur du roi de Munster, Crimthann mac Fidaig, et un
5e, Niall, de sa seconde femme, Cairenn Chasdub, fille de Sachell
Balb, roi des Saxons. Cairenn est décrite alternativement comme une
princesse, une esclave, voire une princesse réduite en esclavage
après un raid de pirates Scots.
Brion,
Fiachrae, Aillil sont les ancêtres éponymes respectifs des Uí
Briúin, des Uí Fhiachrach et des Uí Ailello. Parmi ceux-ci, les Uí
Briúin sont les plus puissants et donnent de nombreux rois de
Connacht pendant la période médiévale. Les Cenél parents des 2
autres frères n’ont qu’une importance régionale et ne jouent un
rôle que dans l’histoire primitive du royaume de Connacht. La
descendance du 4e frère, nommé Fergus Cáechán, reste dans
l’obscurité.
Lorsque
Cairenn est enceinte de Niall, la jalouse Mongfind la force à faire
des travaux pénibles, espérant qu'elle fasse une fausse couche.
Elle donne naissance à Niall, alors qu'elle tire de l'eau, mais,
craignant la haine et les pouvoirs magiques de Mongfind, elle
abandonne l'enfant aux oiseaux dans la plaine de Tara.
Le
petit Niall est recueilli par un barde nommé Torna, qui a la
révélation de sa grandeur future. Lorsqu'il est devenu grand, Torna
le présente à la cour à Tara, et Niall délivre sa mère de son
travail pénible, et « la vêt de pourpre ».
Même
s'il est anachronique que sa mère soit Saxonne, O'Rahilly précise
que le nom Cairenn vient du nom latin Carina, et qu'il est plausible
qu'elle soit Romano-Britonne. En fait, Keating ne dit pas qu'elle est
Saxonne, mais qu'elle est la « fille du roi de
Grande-Bretagne ». Mongfind semble avoir été un personnage
surnaturel : La saga « La Mort de Crimthann mac Fidaig »
dit que la fête de Samhain, marquant le 1er novembre la fin de
l'année et le début de l'année nouvelle, est communément appelée
la « fête de Mongfind ».
Voyant
la popularité de Niall parmi les nobles, Mongfind exige qu'Eochaid
nomme son successeur, espérant que ce soit un de ses fils. Eochaid
refuse et se retranche derrière l’avis du forgeron Sithchenn qui
est également un prophète. Celui-ci imagine un concours entre les
frères.. Il les enferme dans une forge en flammes, leur demandant de
sauver ce qu'ils veulent, et les jugeant sur leur choix.
Brión
sauve un chariot
Fiachrae
une barrique de vin,
Ailill
des armes, et Fergus un fagot contenant une branche d'if, symbolisant
sa stérilité.
Niall
ressort en portant sur son dos l'enclume, le soufflet, les marteaux,
et tous les outils utiles au forgeron. C'est lui qui est le mieux
jugé, mais Mongfind n'accepte pas cette décision. Elle tente alors
de faire tuer Niall en demandant à ses fils de se quereller, afin
que Niall soit tué en les séparant. Cette nouvelle ruse reste sans
effet...
Au
cours d’une partie de chasse, les 5 frères se perdent dans la
forêt. Ils cuisent du gibier, mais manquant d'eau, ils partent à
tour de rôle en chercher. Ils trouvent un puits gardé par une
horrible sorcière, qui réclame un baiser en échange de l'eau...
Fergus et Ailill refusent et reviennent les mains vides. Fiachrae lui
donne un rapide baiser, mais pas suffisant pour la satisfaire. Niall
annonce hardiment que non seulement il l'embrassera, mais qu'il
couchera aussi avec elle. L'horrible sorcière se révèle alors être
une belle jeune fille, qui déclare s’appeler « Flaithius »,
c'est-à-dire « Royauté ou Souveraineté ». Elle donne à
Niall non seulement de l'eau, mais, en lui conseillant de ne pas la
partager avec ses frères tant qu'ils n'auront pas renoncé à leur
droit d'aînesse, elle lui accorde ainsi la royauté pour de
nombreuses générations... 36 de ses descendants deviendront Hauts
Rois d'Irlande, tandis que Fiachrae, qui l'a embrassée furtivement,
est l'ancêtre d'une lignée royale secondaire deux de ses
descendants, Dathí et Ailill Molt, seront Hauts Rois.
Le
thème de la « dame répugnante » apparaît dans les
mythes et les folklores du monde entier.
On
trouve des variantes de cette histoire dans la légende Arthurienne,
dans la biographie d'un ancien Haut-Roi, Lugaid Laigde, dans Le Conte
de la Bourgeoise de Bath de Geoffrey Chaucer, dans les aventures de
Gauvain, et dans le poème en moyen Anglais Confessio Amantis de John
Gower.
Dans
un autre récit, la succession n'est pas réglée à la mort
d'Eochaid, et Crimthann, le frère de Mongfind, prend la royauté
suprême.
Mais,
profitant qu'il soit parti inspecter ses terres d'Écosse, les fils
de Mongfind s'emparent du pouvoir en Irlande. Crimthann revient pour
leur livrer bataille.
Mongfind,
prétendant faire la paix entre son frère et ses fils, organise une
fête, au cours de laquelle elle sert une boisson empoisonnée à son
frère. Crimthann refuse de boire, à moins qu'elle le fasse, elle
aussi, ils boivent tous les deux, et tous les deux meurent la veille
de Samhain. Niall succède au Haut-Roi, et Brión devient son second.
Une
autre version dit que Mongfind essaie d'empoisonner Niall, mais, par
erreur, c'est elle qui boit le poison.
Pendant
que Niall est Haut-Roi, ses frères s'instaurent rois régionaux.
Brión
dirige la province de Connacht, mais Fiachrae lui déclare la guerre.
Brión bat Fiachrae, et le livre comme prisonnier à Niall.
Le
fils de Fiachrae, Nath Íand, poursuit la guerre et finit par tuer
Brión. Niall relâche Fiachrae, qui devient roi de Connacht et le
bras droit de Niall. Fiachrae et Ailill font alors la guerre au roi
de Munster, Eochaid, fils de Crimthann.
Ils
le battent et partagent un grand butin, Fiachrae est blessé dans la
bataille et meurt de ses blessures peu après.
Les
hommes du Munster prolongent la guerre, capturent Ailill et le
coupent en morceaux. La guerre entre le Connacht et le Munster se
poursuit pendant de nombreuses années.
Le
Lebor Gabála Érenn dit qu'il y eut une guerre entre Niall et Énnae
Cennsalach, roi de Leinster, au sujet du bórama, un tribut en
bétail, imposé à l'origine au Leinster par Túathal Techtmar.
Eochaid,
le fils d'Énna est désigné par toutes les sources comme le
meurtrier de Niall, bien que les circonstances varient... Toutes les
sources s'accordent à dire qu'il est mort hors d'Irlande. La plus
ancienne version du Lebor Gabála dit qu'Eochaid l'a tué sur la
Manche... Des versions ultérieures ajoutent que Niall était en
train d'envahir la Bretagne, quand cela est arrivé.
Keating,
citant une vie de Saint Patrick en latin, dit que Niall mène des
incursions Irlandaises en Grande-Bretagne Romaine, et au cours de
l'une d'elles Patrick et ses sœurs sont enlevés.
Keating
associe ces raids avec ceux qui sont mentionnés par Gildas le Sage
et Bède le Vénérable, et, comme certaines sources Irlandaises
disent que Patrick est enlevé en Bretagne, il en déduit que les
raids de Niall se sont étendus jusqu'en Europe Continentale.
Dans
la saga « La mort de Niall aux Neuf Otages », l'inimitié
d'Eochaid envers Niall commence lorsque Laidchenn, le barde de Niall,
lui refuse l'hospitalité. Il lui fait la guerre, détruit le fort du
poète, tuant son fils Leat. Keating affirme que Laidchenn est un
druide, et qu'Eochaid a tué son fils, parce qu'il a usé d'un
langage diffamatoire envers lui. Laidchenn réagit en jetant un sort
sur le Leinster, si bien que pendant toute une année ni blé, ni
herbe, ni feuille n'y poussent...
Puis
Niall fait la guerre au Leinster, et la paix est conclue à condition
qu'Eochaid lui soit livré. Niall enchaîne Eochaid à une pierre
dressée, et demande à 9 guerriers de l'exécuter.
Mais
Eochaid brise ses chaînes et les utilise pour tuer les 9 guerriers.
Puis il tue Laidchenn en lui jetant une pierre qui se loge dans son
front... Niall l'exile en Écosse.
Le
récit devient ensuite confus. Niall fait la guerre en Europe,
jusqu'aux Alpes, et les Romains lui envoient un ambassadeur pour
discuter avec lui.
Le
récit passe brusquement à Niall devant une assemblée de bardes
Pictes en Écosse, où il est tué par une flèche tirée par Eochaid
depuis l'autre côté de la vallée. Keating affirme qu'Eochaid
atteint Niall depuis la rive opposée de la Loire durant sa campagne
Européenne. Ses hommes ramènent son corps au pays, livrant en
chemin 7 batailles. Son père adoptif, Torna, meurt de chagrin. On
dit qu'il a été enterré à Ochann, qui s'appelle maintenant
Faughan Hill, entre Kells et Navan dans le comté de Meath. Son neveu
Dathí lui a succédé.
Byrne
suggère que la mort de Niall a eu lieu durant un raid en
Grande-Bretagne Romaine. La tradition Irlandaise a oublié que les
Romains ont conquis la Grande-Bretagne, et elle a relocalisé en
Europe Continentale le souvenir de ces confrontations avec l'Empire
Romain, faisant la confusion entre « Alba », l'ancien nom
de la Grande-Bretagne, soit avec « Elpa », les Alpes,
soit en comprenant « Alba » dans son sens tardif
d'Écosse.
Un
poème du poète du XIe siècle Cináed uah Artacáin dans le
Livre de Leinster crédite Niall de 7 raids en Grande-Bretagne. C'est
au cours du dernier qu'il est tué par Eochaid « sur les vagues
de la mer Ictienne », un poème attribué au même poète dans
le Lebor nah Uidre le crédite de 7 voyages dans les Alpes.
Un
important trésor d'objets variés datant des derniers temps de
l'occupation Romaine dans l'île de Bretagne est découvert en 1919,
à Traprainlaw, à 20 milles d'Edimbourg.
M.
Curie, directeur du Boy al scottish Muséum, l'a décrit, en y
ajoutant diverses considérations sur sa provenance, dans son étude
: The treasure of Traprainlaw (Glasgow, 1923). Il l'a comparé au
trésor de Ballinrees, près Coleraine, Londonderry, qui, outre
divers objets en argent rappelant ceux de Traprainlaw, renferme 1.500
pièces de monnaies Romaines en argent.
Notre
confrère, M. Théodore Reinach, a signalé la découverte de
Traprainlaw dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions,
de 1922, p. 409, et a donné la liste et la description des objets
qu'il contient. Dans un numéro récent du Journal of roman studies,
t. XIV (1924), p. 123, sir William Ridgeway a publié une curieuse
étude intitulée : Niall of the nine hostages in connexion with the
treasure of Traprainlaw and Ballinrees, and the destruction of Wroxe
ter, of Chester, Caerleon and Caerwent...
M.
Ridgeway développe l'idée que le trésor de Traprainlaw a été
dérobé en Gaule par des pirates Irlandais et il appuie son
hypothèse sur une tradition d'après laquelle Niall, éponyme de la
tribu des Hûi Neill, roi d'Irlande de 379 à 405 a fait une
expédition en Gaule. Sa source est l'histoire d'Irlande de M.
Keating i [History of Ireland, pp. 401-407).
M.
Keating, lui, se fonde sur ce qu'il appelle une vie ancienne de Saint
Patrice. Niall a fait une expédition en Armorique, et c'est là
qu'il aurait enlevé Patrice et ses 2 sœurs. La mère de Patrice,
d'ailleurs, est la sœur de Saint Martin de Tours... Ridgeway prend
au sérieux cette singulière histoire. La légende de Goncessa, mère
de Saint Patrice et sœur de Saint Martin de Tours, a sa source dans
une erreur d'interprétation du mot d'Armorica.
Dans
aucun des documents anciens concernant Saint Patrice, il n'est
question de l'expédition de Niall en Gaule : Ni Muirchu Maccu
Machteni, à qui nous devons des Mémoires sur Patrice, ni Tirechan
dans ses Notes, n'en font mention, or, ils écrivent vers la fin du
VIIe siècle.
Whitley
Stokes dans The tripartite life of Saint Patrick a fait la critique
de tous les textes d'une certaine autorité concernant l'apôtre :
Ils sont muets sur les expéditions de Niall. Ils nous apprennent
simplement que le père du roi d'Irlande Lœgaire, auquel Patrice a
eu particulièrement affaire, porte ce nom.
0'
Curry, très au courant des sources manuscrites de l'histoire
d'Irlande, ne connaît qu'une source à l'expédition de Niall : Le
Livre de Ballymote qui est du XVe siècle. (0' Curry, On the.mss.
material of the ancient history of Ireland, p. 290 n.)
Le
texte le plus ancien concernant l'expédition de Niall a été
signalé à Ridgeway par un celtiste de valeur, le professeur E. J.
Gwynn de Trinity Collège (Dublin). C'est un récit en Irlandais
intitulé : Orcguinn Néill Nôigiallach, meurtre de Niall aux 9
otages.
Voici
la traduction de la note de Gwynn. « La légende de l'expédition en
pays étranger de Niall est certainement ancienne. Le principal récit
sur ce sujet est celui qui a été publié par Kuno Meyer (Otia
Merseiana, p. 84), on le trouve au moins dans 3 manuscrits, dont
l'autorité et le langage indiquent une origine Irlandaise ancienne,
antérieure au Xe siècle. Il semble qu'il y ait 2 versions du récit,
suivant l'un desquels Niall a été tué en France, suivant l'autre
en Écosse, chez les Pictes, mais c'est un point qui reste à
éclaircir. En tout cas, il semble que Niall a bien été tué par
Eochaid, qui a une vieille rancune contre lui. »
La
version de Kuno Meyer est tirée du ms. de la Bodleienne, Raw- linson
B-502, fol. 47a »-47a2 (XIVe-XVe s.). Il y a 2 autres versions,l'une
dans le Yellow Book of Lecan, l'autre dans le Book of Ballymote, mss.
du XVe soiècle pour lesquelles Kuno Meyer en donne les variantes
quand il y a lieu...
La
version du Rawlinson n'est guère antérieure d'après lui au XIe
siècle, mais le poème sur la mort de Niall qui la termine peut être
daté avec certitude du commencement du IXe siècle, pour des raisons
qu'il a exposées dans Festschrift fur Whitley Stokes, p.. 2.
Kuno
Meyer relève dans les 3 versions de grossiers anachronismes.
LES PIERRES DE TARA |
Lorsque
Niall et ses hommes arrivent aux montagnes des Alpes, il y a devant
eux une grande rivière, la Loire des Alpes (???).
C'est
sur les bords de ce fleuve qu'on serait venu lui livrer les otages.
L'auteur ajoute que d'après, d'autres, c'est chez Ere, fils d'Echu
Munremar, roi d’Écosse, et que c'est là, parmi les bardes des
Pictes qu'il a été tué, pendant qu'il leur démontre sa force, ou
il se peut aussi, dit-il, que ce soient les filles des Francs qui
aient désiré qu'il fasse preuve de celle-ci.
Niall
ayant été tué, les Francs attaquent les Gaëls, mais les hommes
d'Alba (Écosse) se rangent du côté de ces derniers pour conserver
leur souveraineté.
Que
reste-t-il d'historique dans cette légende ?
1
. C'est là un trait de mœurs assez fréquent dans les épopées
Irlandaises.
Les
vers qui suivent la prose et qui représentent sûrement la tradition
ancienne, expliquent le surnom de Niall (Niall aux 9 otages) de façon
plausible, Niall saisit les royautés d'Irlande et d’Écosse. Il
exige un otage de chacune des 5 provinces d'Irlande et 4 d’Écosse.
Il n'y est question ni de Saxons, ni de Brittons, ni de Francs.
Cinaed
ûa Artacain, qui meurt vers 975, le citant dans un poème sur la
tombe de Niall, le fait tuer sur la crête des vagues de la mer
d'icht qu'on identifie avec la Manche.
Il
en est de même dans les Annales des 4 maîtres (0' Donovan, p. 127).
C'est aussi la version du Livre de Leinster (XIIe s.), p. 190, col.
1, 1. 57-54.
En
somme, ce qu'on peut considérer comme historique, c'est l'expédition
d'un roi d'Irlande du nom de Niall dans l'île de Bretagne, dans le
dernier tiers du IVe siècle début Ve siècle. Nous savons de source
certaine (Ammien Marcellin XXVII, 8 • XXVIII, 3) que l'île, vers
367, a été envahie par les Scots, les Pictes avec la complicité
des tribus Brittones, et ravagée de fond en comble. Ils ont dû
atteindre la Manche, car le commandant des troupes Romaines de
secours, Théodose, est obligé de livrer bataille pour arriver à
Londres. Ammien Marcellin dit formellement que les areani,
gardes-frontières indigènes (c'est un dérivé du celtique arios,
irl. aire — aria, attention, soin, surveillance) ont pris part à
l'insurrection. Ce qui est décisif, c'est que Théodose promet
l'impunité à tous ceux qui ont abandonné la cause Romaine. Il va
sans dire qu'il ne s'agit là ni des Scots, ni des Pictes qui n'en
ont cure.
Une
découverte archéologique bien extraordinaire suffit à identifié
Icht avec Vectis, île de Wight, ce qui n'est guère vraisemblable au
point de vue phonétique, ni autrement.
L'hypothèse
de John Rhys changeant Mus (portus) qui est Boulogne-sur-Seine, en
lctius me paraît vraisemblable.
On
a découvert à Silchester (Calleva) sous des amas de bois carbonisés
une aigle Romaine arrachée de sa hampe.
Les
monnaies romaines trouvées à Silchester s'arrêtent à Gratien
(383). Il se peut que le sac de Silchester ait eu lieu pendant une
insurrection postérieure à celle de 368. Les invasions et pillages
du temps de Stilicon paraissent avoir été tout aussi graves,
quoique les détails à ce sujet nous manquent...
Les
additions légendaires au fait historique d'une expédition de Niall
en Bretagne atteignant les bords de la Manche, peuvent s'expliquer.
Il y a eu confusion entre le vieil-Irlandais Alpe, plus tard Alpa,
Alba, qui désigne l'île de Bretagne, Albion et la restriction
postérieurement à l’écosse, et les Alpes, en irlandais
Sliab-Alpa (Elpa), forme du Livre de Leinster, ce qui a amené les
chroniqueurs Irlandais ambitieux à étendre les conquêtes de Niall
jusqu'en Gaule.
D'un
autre côté, l'irlandais Letha désigne à la fois l'Armorique et le
Latium, il en est de même du vieux-gallois Litau, plus tard Llydaw,
vieux-celt. Litauâ : Irlandais et Brittons y voient une racine Ut-
représentée dans l'adjectif irl. lethan, gallois llydan,
vieux-celtique litano-, représenté en Gaulois dans Litano-briga.
Aussi une version étend-elle les conquêtes de Niall en Italie, une
autre la restreint à l'Armorique. Quant à la légende de la mère
de Patrice, sœur de Saint Martin de Tours, elle a son explication
dans une évolution de sens du mot Armorica, dont l'irl. Letha et le
gallois Llydaw ont suivi les vicissitudes... Armorica a d'abord
désigné spécialement les côtes depuis la Loire jusqu'à
l'extrémité du territoire des Gaïetes, mais au Ve siècle, sous ce
nom on englobe la 2e Lyonnaise, la Sénonaise et les 2 Aquitaines.
Plus
tard le mot ne désigne plus que la Bretagne Continentale. L'auteur
de la légende de Concessa sait que Tours est compris dans la
province Armoricaine.
1°
Qui a enfoui le trésor dans le voisinage d'Edimbourg ?
2°
Quelle est la provenance du trésor ?
Il
me paraît tout au moins fort douteux que les enfouisseurs aient été
des Scots d'Irlande. La date de leurs premiers établissements en
Écosse n'est pas exactement connue. Ce qui est sûr, en revanche,
c'est que toute la région. d'Edimbourg et de Glasgow est fortement
tenue par des tribus Brittones très belliqueuses.
Le
royaume Britton de Strat- Glud ou vallée de la Clyde, dont la
capitale est Al Clud, aujourd'hui Dumbarton (Dun Brettan) a duré
jusqu'au IXe-Xe siècle.
En
750, les Brittons sont assez forts pour détruire une armée Picte.
Au Ve, comme en fait foi l'Epistola ad Coroticum, leurs chefs portent
même leurs ravages en Irlande.
On
aj'ai signalé diverses incursions de Brittons en Irlande et des
batailles livrées par eux aux indigènes du VIe au IXe siècle.
Le
poème Gallois lyrico-épique connu sous le nom de Gododin qui
représente le nom de la tribu des Otadeni, mieux, Votadîni
(Northumbrie), poème dont le noyau remonte au VIIe siècle, mais
dont la rédaction la plus ancienne ne peut être antérieure à la
fin du IXe siècle, nous montre des tribus de la région même
d’Édimbourg (en gallois Din Eidin) combattant dans les rangs des
Brittons du pays des Gododin (vieux-gallois Gwotodin).
Quant
aux Pictes, ils ont dû en regagnant leurs montagnes traverser le
territoire des Brittons avec leur connivence. Sir Arthur Evans [Num.
Chron., IV, xv, p. 543) est d'avis que le trésor de Ballinrees en
Irlande est le fruit de
pillages
de Scots dans l'île de Bretagne, on peut, je crois, en dire autant
de celui de Traprainlaw, les villas Romaines ou Romano-Brittones ne
manquent pas dans la Bretagne Romaine. Le Vallum d'Hadrien, seul,
avec ses 5 forts avancés, ses 47 castella, ses 80 postes fortifiées,
ses 320 tours, devait au IVe siècle encore, dans des moments de
trouble, offrir des perspectives de fructueux pillages.
Curie
faisant valoir la présence de 4 monnaies d'argent dont deux
d'Honorius dans le trésor de Traprainlaw, objecte que ces monnaies
manquent dans le nord de la Bretagne. Un de ceux qui connaissent le
mieux la Bretagne Romaine et en particulier ses monnaies,
Collingwood, fait savoir à W. Ridgeway (loc. cit., p. 128-129) que
s'il y a peu de monnaies d'argent des empereurs en question dans le
nord, elles abondent ailleurs : D'après ses tables, il en relève
100, peut être de 2 à 300.
Certains
objets d'équipement militaire d'origine Barbare, quelques-uns même
Wisigothiques, indiquent d'après Curie, une origine continentale.
On
peut lui faire observer qu'il y a dans l’Île de Bretagne, au
témoignage même de la Notifia dignitatum imperii, des cohortes
composées de soldats venant de tous les points de l'empire Romain.
Il n'y a donc pas là de raison impérieuse pour aller chercher la
provenance du trésor dans une partie du continent occupée par les
Wisigoths. M. Curie s'est décidé pour la région de la Gaule
occupée par eux. Lisant Prumiaco dans une inscription sur un des
vases d'argent du trésor, il y voit Preignac, canton de Podensac,
Gironde : identification, phonétiquement, inadmissible.
Notre
confrère, C. Jullian, remarquant dans l'inscription Prumiaco, PICT.,
a cherché Prumiaco dans l'ancien évêché de Poitiers. Il
l'identifie avec Prigny, pays de Retz
(Loire-Inférieure).
Le pays de Retz n'a été, en effet, détaché de l'évêché de
Poitiers que vers 851, date à laquelle le roi Breton Erispoe
l'annexe à la Bretagne à la suite de sa victoire sur l'empereur
Charles le Chauve.
Pour
rendre cette identification possible, il faudrait corriger Prumiaco
en Prunniaco, Prumiacum nous est connu par des chartes du XIe siècle
du Cartulaire de Redon. C'est bien aujourd'hui Prigny, ce qui est une
orthographe fâcheuse, quoique l'on trouve Pringny en 1344.
Niall
Noigiallach — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Niall_Noigiallach
Niall
Noigiallach, littéralement Niall possédant Neuf Otages, est un ard
ri Érenn (roi suprême d'Irlande). ... J.-C. et sa mort en 405, en
précisant: .... marquant le 1er novembre la fin de l'année et le
début de l'année nouvelle, était communément ...
L'expédition
de Niall aux neufs otages en Gaule et le trésor ...
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1926_num_70_2_75251
de
J Loth - 1926
COMMUNICATION
l'expédition de niall aux neuf otages en gaule et le trésor de ...
laquelle Niall, éponyme de la tribu des Hûi Neill, roi d'Irlande de
379 à 405 ...
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