Cette
page concerne l'année 172 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
COMPORTEMENTS
DES AGENTS DU PRINCE PAR RAPPORT AUX LIEUX ET AUX TEMPS.
ROUTE ROMAINE EN SYRIE |
Lucius
Vespronius Candidus Sallustius Sabinianus nous est connu par un
nombre relativement restreint de sources. À quatre inscriptions,
trois en Numidie et une en Dacie, s’ajoutent un passage de
Tertullien, un de Dion Cassius et un de la
Vita
de Didius Julianus dans l’Histoire Auguste.
Une
des inscriptions de Numidie a été élevée par ses bénéficiaires
et speculatores.
Il
est alors légat de la 3e légion Auguste et gouverneur de fait de la
Numidie.
Les
raisons de cet hommage ne sont pas précisées mais il faut déduire
que les gradés qui servent dans son officium ont voulu exprimer une
certaine reconnaissance envers le personnage. Cette situation,
convenue et banale au demeurant, contraste fortement avec le
témoignage des sources littéraires.
Selon
l’Histoire Auguste, Vespronius est un consulaire âgé qui en 193
va au-devant de Septime Sévère au nom du Sénat.
Le
biographe anonyme précise que notre personnage s’est rendu odieux
aux soldats en raison d’un imperium durum et sordidum, âpre et
vil.
Dion
Cassius, conservé dans les excerpta Valesiana, confirme cette
réputation. Candidus est connu pour son caractère sombre et rustre,
les soldats ont même failli le tuer.
À
Chersonèse, en 174, les éloges de la cité au sujet de la mission
réussie de Calpurnianus Apollonides vont d’abord à l’empereur
pour avoir envoyé un tel responsable. C’est là un argument
semblable à celui de Pline le jeune faisant « gloire à Trajan
de n’employer à son service que des hommes dont lui-même ou Nerva
ont pu apprécier les qualités. Telle doit donc être l’attitude
des empereurs soucieux de constituer un excellent corps de
fonctionnaires pour l’Empire. »
L’Histoire
Auguste loue Marc Aurèle d’avoir éloigné, après la mort de
Vérus, ses affranchis malhonnêtes (à l’exception d’Eclectus.)
Le prince peut choisir les bons agents et les inciter à respecter
les vertus du bon administrateur. On considère que son exemple et sa
personne comptent aussi dans le comportement des agents. Si l’on en
croit l’Histoire Auguste, la mort de Marc Aurèle met fin au
comportement intègre de Pertinax qui cherche alors à s’enrichir.
PERSCINNIUS NIGER |
Les
princes en tout cas sont bien conscients que leur réputation se
construit à travers l’action de leurs subordonnés : Être aux
côtés des princes (ad latus principum) constitue une obligation de
comportement exemplaire comme le rappelle, sous les Sévères, la
seconde lettre de nomination de l’affranchi impérial Ianuarius. On
peut se rappeler par ailleurs comment Lucien dans son Apologie fait
du prince lui même le premier des serviteurs salariés de l’empire,
le sommet d’une pyramide de travail et de responsabilité qui
descend jusqu’au dernier des serviteurs de l’État. Le rôle du
prince est donc vu comme déterminant : C’est lui qui en dernier
ressort peut décider des nominations, c’est lui qui donne ou
valide les consignes, qui légitime toute initiative implicitement ou
explicitement. Il peut en tout cas définir un cadre normatif de
valeurs structurant l’attitude idéale des agents du prince.
La
fameuse lettre de nomination de Domitius Marsianus par Marc Aurèle
nous présente les attentes de l’empereur envers un de ses
procurateurs.
Le
bon agent doit associer innocentia, diligentia et experientia :
Silvio Panciera a montré comment cette association de 3 vertus ne
rencontre le texte des inscriptions honorifiques de gouverneurs que
pour le premier terme, l’innocentia.
Experientia
et diligentia sont des vertus qui semblent liées à une position de
subordonné et expriment plus les attentes de l’empereur que celles
que peuvent formuler publiquement des administrés. Mais diligentia
et
industria
sont aussi « 2 notions qui ont une portée essentiellement
morale et désignent pour le noble dans la cité, ou pour le patron à
l’égard de ses clients, ou encore pour l’empereur, l’aptitude
morale à agir dans la sphère publique, notamment à accomplir son
devoir ou officium ». On peut noter à cet égard que l’industria
fait, avec la vigilantia, partie des qualités que Fronton loue chez
Avidius Cassius, tandis que diligentia apparaît aussi dans
l’inscription élevée pour honorer l’affranchi impérial
Beryllus, restitutor de la mine de Vipasca. Ces qualités ressortent
aussi des lettres de recommandation par lesquelles un grand
personnage peut apporter son suffragium.
Selon
Pline le Jeune, l’affranchi Maximus est honnête (probus), zélé
(industrius), consciencieux (diligens) et, comme Beryllus, il est
amantissimus, attachés aux biens et aux intérêts de l’empereur :
atque sicut rei tuae amantissimum.
Aridelus,
recommandé par Fronton à Marc Aurèle, est quelqu’un qui a servi
avec zèle (procurauit uobis industrie) grâce à ses qualités
personnelles : est enim homo frugi et sobrius et acer et diligens,
honnête, sobre, énergétique et consciencieux.
Il
faut constater avec Gérard Boulvert comment le discours des lettres
de recommandation et celui des lettres de nomination se rejoignent.
L’affranchi
impérial Ianuarius est probus et diligens comme Maximus. Comme lui
et Beryllus, il aime sa fonction. Comme Maximus encore, il applique
scrupuleusement les instructions (disciplina). Ainsi ressort un
« portrait du bon administrateur tel que le conçoit
l’administration impériale ». On peut faire ressortir les limites
de ces qualités en comparant le vocabulaire de ces recommandations à
la lettre que Fronton donne pour le jeune chevalier Faustinianus qui
effectue une de ses milices équestres en Germanie.
L’industria
est présente mais le cœur des qualités de Faustinianus vient de sa
doctrina.
Il est doctus et peritus : C’est sans risque qu’on le met à
l’épreuve dans les domaines des choses militaires, judiciaires ou
des lettres, sa prudentia et sa facilitas en ressortiront toujours.
On
pointe là la nécessité d’une éducation qualifiante et qui
distingue. Les bonnes dispositions et les qualités morales ne
suffisent pas dès lors que l’on se trouve à un certain niveau
aristocratique.
Si
les inscriptions honorifiques nous donnent le point de vue des
administrés et la lettre de Marsianus celui de l’empereur,
quelques documents nous permettent de saisir le point de vue des
agents eux-mêmes, ou plus exactement le point de vue qu’ils ont
souhaité présenter publiquement à un moment donné.
Le
papyrus Thmouis montre comment, dans une zone exposée aux
brigandages, le village de Pététei a vu en 167-168 la plupart de
ses hommes tués, ou enlevés, par un détachement de soldats, parce
que l’on considère qu’il a des liens avec des rebelles :
Cette
intervention militaire très violente, prend place dans le contexte
particulier d’une région du delta du Nil marquée par
l’insurrection des Nikochites, les Boukoloi de nos sources
littéraires. Ses circonstances exactes nous échappent.
Nous
nous trouvons plusieurs années avant le point culminant de la
révolte, vers 172, lorsqu’il faut faire intervenir Avidius Cassius
et des troupes de Syrie pour épauler une administration et une armée
provinciale débordées.
Le
massacre de Pététei intervient donc dans le contexte de répression
d’une insurrection qui peut être vue par le pouvoir Romain comme
du brigandage encore ordinaire mais endémique. Il nous rappelle
comment, dans certaines circonstances, le déchaînement de violence
peut être une des attitudes des armées de Rome, des soldats agents
du prince. Il ne peut toutefois imaginer l’attitude des soldats en
Égypte à la lumière du seul épisode de Pététei, leur relation à
la population civile n’est pas marquée systématiquement par la
haine et la méfiance.
Comment
concevoir alors ce qui s’est passé à Pététei ? Les
considérations sur les crimes de masse impliquant des armées au XXe
siècle peuvent nous aider à formuler certaines questions.
Elles
ont montré les circonstances favorables à ces situations, « un
arrière-plan de données normatives, des sollicitations dues à la
situation et un manque individuel de repères suffisent manifestement
pour que cela arrive » . Les données normatives qui peuvent
justifier une tuerie ne manquent pas. On peut se demander dans quelle
mesure les soldats qui ont agit à Pététei partagent les
représentations des Boukoloi qui marquent nos sources littéraires,
qu’il s’agisse des romans ou du récit de leur révolte par Dion
Cassius, mais si tel est le cas cela peut contribuer à faciliter le
massacre : Les Boukoloi sont un monde à l’envers, des impies et
des cannibales éloignés de l’humanité, ils forment un groupe
radicalement autre.
Le
village de Pététei étant considéré comme lié aux rebelles, ses
habitants deviennent une menace, et ils le deviennent de manière
indifférenciée.
En
effet si l’on en croit encore une fois les représentations
littéraires des Boukoloi, ils pratiquent la trahison, le
travestissement, la ruse : On ne peut se fier aux apparences et cette
menace peut être perçue comme difficile à identifier, floue, aux
limites impossibles à fixer. Dans une telle situation c’est la
violence exercée qui peut définir clairement l’ennemi, et se
justifie d’elle-même en trouvant un rôle structurant.
De
tels massacres peuvent aussi trouver d’autres justifications : Il
s’agit de couper les brigands d’un soutien populaire, de faire un
exemple pour dissuader par la terreur les autres villages de les
soutenir. En ce sens on ne peut exclure que le massacre ou la vente
des hommes de Pététei ait été prémédité et décidé par la
hiérarchie Romaine. Une telle mesure est tout à fait envisageable
pour des agents du prince : Le gouvernement Romain repose aussi sur
la peur, la sévérité.
Des
précédents existent pour justifier ou inspirer une telle stratégie,
ils ont même valeur d’exemple. Ainsi quelques années avant le
massacre de Pététei l’Alexandrin Appien, chevalier Romain qui est
au service du prince, consacre une des dernières parties de son
livre Ibérique à détailler l’extermination préméditée,
soigneusement organisée et complète (avec femmes et enfants) d’une
cité Celtibère dans les années 90 avant notre ère.
L’extermination
a été décidée par le gouverneur Titus Didius, avec l’accord,
selon Appien, d’une commission sénatoriale présente sur place,
parce que cette cité, installée quelques années auparavant par
Marcus Marius, se livre au brigandage. On fait croire aux Celtibères
qu’ils vont recevoir les terres d’une cité voisine de la leur,
et doivent être recensés pour cela. Sous ce prétexte, la
population est emmenée dans un retranchement, les hommes sont
séparés des femmes et des enfants, et encerclés, puis
exterminés... Les campagnes de Titus Didius semblent avoir été
renommées pour les ruses qui s’y sont déployées. Le stratagème
de Didius et son récit par Appien font par ailleurs directement écho
au stratagème presque identique de Galba, plusieurs décennies
auparavant, illustration, pour Appien qui juge son action indigne de
Rome, de la perfidie de certains chefs Romains dans les guerres
Ibériques. Par-delà ces jugements moraux qui portent avant tout sur
le mode opératoire et ne sont pas répétés aussi clairement à
propos de Didius, nous constatons que, dans la continuité de
traditions militaires romaines remontant à l’époque républicaine,
la possibilité d’avoir à exterminer une collectivité locale peut
faire partie des attitudes attendues des agents du prince, ils
contribuent ainsi à protéger l’ordre romain et la paix des
affronts que brigands et barbares lui font subir.
Dans
les années qui suivirent le massacre de Pététei, les guerres du
Danube apportent ainsi leur lot de massacres qui sont exposés et
commémorés aux yeux des Romains au fil des spires de la colonne
aurélienne. Là, le spectacle de la « punition » et de sa
« dureté requise » magnifie la domination exercée par les
soldats Romains sur le corps des Barbares tout en proclamant la
protection que le prince et ses agents garantissent aux Romains mais
aussi aux peuples de l’empire.
Accomplie
aux confins de la Mésie, de la Thrace et de la Macédoine, à peu
près au moment où l’on peut commencer à envisager les travaux de
la colonne, la mission de Valerius Maximianus contre les brigands
briséens ne doit donc pas être regardée à l’image de l’action
abstraite et efficace du procurateur agissant contre les brigands
dans le roman quasi contemporain d’Apulée, mais comme le rappel
violent de la domination Romaine dans des zones au contrôle
difficile, et l’on peut penser qu’elle donne vraisemblablement
lieu à des accès de violence semblables à celui de Pététei à
défaut d’égaler la ruse glaçante d’un Titus Didius.
Protection
et domination sont donc 2 faces indissociables du pouvoir Romain.
Reconnaître la domination Romaine c’est aussi bénéficier de sa
protection, la deditio était aussi un appel à la fides du vainqueur
mais se rebeller après avoir fait sa soumission c’est, en bafouant
cette offre de protection, s’exposer à des représailles qui
peuvent avoir un caractère définitif.
Le
brigandage manifeste et la sédition placent leurs acteurs hors des
protections légales et les exposent à une juste punition immédiate.
L’attitude des agents du prince dépend donc de la situation et de
la manière dont elle qualifie leurs interlocuteurs : Tel village
qu’il s’agit de protéger des brigands peut donc rapidement se
retrouver comme devant subir la puissance d’une domination brutale
et punitive.
Pététei
et les Briséens sont des cas extrêmes, mais au quotidien, en
période de paix, il importe de souligner l’ambiguïté et
l’ambivalence des structures administratives impériales et de
leurs agents. Considérons le cas des fameux moutons de Saepinum et
de leurs bergers transhumants. Les stationarii sont complices des
exactions commises par les cités à l’encontre des transhumants.
Le procurateur Cosmus et les préfets du prétoire protègent ces
derniers mais surtout parce que le fisc a à y perdre.
On
ne protège que dans la mesure où cette protection assure le bon
fonctionnement de la domination. Il faut donc songer, par exemple,
que l’affranchi impérial Beryllus, restitutor de la mine de
Vipasca, quelle qu’ait pu être la mission recouverte par le terme
de restitutor, restitue d’abord un certain niveau de revenus
fiscaux, même si son action est célébrée par les colons du site
minier et leur est aussi profitable. On peut songer aussi, au
demeurant, à la place de la sécurité dans les règlements miniers
qui sont trouvés à Vipasca et sont antérieurs de quelques
décennies à l’action de Beryllus.
La
protection n’y a pas de but philanthropique, elle assure la bonne
marche du chantier pour garantir de bonnes rentrées fiscales. C’est
donc très logiquement, et habilement, que les colons du saltus
Burunitanus font observer que les agents du prince, les alliés du
conductor Allius Maximus, le procurateur et ses soldats, agissent non
seulement contre le bon droit mais aussi au détriment des revenus de
l’empereur (in perniciem rationum tuarum). Finalement on constate
la nécessité pour l’administration impériale de protéger les
administrés contre les abus de domination qui se font au nom des
exigences de l’Empire comme lorsqu’en juin 193, mais encore sous
le règne de Commode croit-on, Syros fils de Syrion d’Arsinoé fait
écrire une requête au centurion Ammonius Paternus car les
collecteurs d’impôts ont brutalisé sa mère à cause d’une
artabe de blé de retard.
Dans
ce cas individuel, comme dans celui collectif du saltus Burunitanus,
il s’agit d’être reconnu et entendu par l’autorité qui peut
contrôler et arrêter les abus, en dernier ressort l’empereur. La
proximité avec des agents du prince, des liens existant avec eux
constituent alors la meilleure protection contre les abus de leur
domination, d’où l’ambiguïté de certains dossiers
documentaires où abus et bons rapports semblent coexister. À défaut
d’un lien particulier, il faut construire une image de soi
susceptible de renverser la situation, démontrer son honorabilité,
exalter celle de l’agent du prince lorsqu’il est haut placé.
On
peut alors manifester l’appartenance à un univers commun, en
déployant les trésors de la rhétorique, de la paideia, et pourquoi
pas songer à engager une relation qui le place dans la position de
protecteur en s’en faisant un patron ? Finalement la question
n’est-elle pas alors celle des modalités d’exercice de la
domination Romaine par les agents du prince, la protection n’étant
qu’une des composantes de cette domination, et le rôle protecteur
une des modalités possibles de l’exercice du pouvoir conféré par
la position d’agent du prince ? Au plus haut niveau, nous l’avons
vu avec le cas de Vespronius Candidus, les modalités d’exercice de
la domination sont scrutées par les sujets, les différents agents
comparés l’un à l’autre, ramenés à une échelle de
distinction fondée sur des valeurs sociales, morales et culturelles.
Certains
des hauts personnages au service du prince peuvent choisir d’en
jouer consciemment, on peut songer ainsi au cas d’Aufidius
Victorinus. Dans le portrait qu’il dresse de lui, à l’occasion
de sa confrontation à Pérennis lors de ses dernières années, Dion
Cassius le présente comme incorruptible, expliquant comment il a
renvoyé, tant dans son gouvernement de Germanie supérieure que dans
son proconsulat d’Afrique, les seconds indélicats. Il est possible
que la grande inscription qui porte son cursus et qui a été
retrouvée à Rome ait aussi gardé la trace de ces attitudes.
Une
lettre, fameuse, du jeune Marc Aurèle à Fronton témoigne du choix
apparemment précoce que fait Victorinus proclamant préférer la
fonction du juge à celle de l’orateur. L’importance accordée
plus généralement à l’activité judiciaire est certaine, nous
l’avons vu avec Lucien. Le gouverneur de province trouve dans cette
fonction un fort prestige. Le pouvoir judiciaire du gouverneur peut
aussi justifier la domination Romaine par la protection des faibles
qu’il semble offrir. Il semble légitime de penser que le
comportement de Victorinus rappelé par Dion Cassius correspond à un
investissement personnel important, une image publique de sa personne
que Victorinus a construite sans doute explicitement et assez
consciemment.
Ce
sont ses mœurs autant que son éloquence que Fronton signale aux
décurions de Cirta lorsqu’ils cherchent un patron, par delà une
formule peut-être convenue, le vieux rhéteur Cirtéen pointe une
caractéristique réelle de son gendre. Nous nous trouvons toutefois
là dans un cas très spécifique, au sommet de l’aristocratie
impériale, quand être agent du prince c’est aussi être son
condisciple, mais cela nous donne une documentation explicite là où
d’ordinaire nous n’avons que l’implicite de la documentation
épigraphique. On peut à cet égard proposer à la réflexion le
dossier concernant Varius Clemens. Ce chevalier fait une belle
carrière le menant, des années 150 aux années 170, des milices
équestres au sénat et vraisemblablement au consulat. Une dizaine
d’inscriptions montrent qu’il a été honoré, par des
administrés ou des subordonnés, dans sa cité natale de Celeia,
sans que l’on puisse préciser clairement si les statues qui
expriment l’honneur figurent dans un cadre public ou privé.
Ces
honneurs ont été reçus, lorsque cela est identifiable, en lien
avec ses fonctions exercées en tant que procurateur de Maurétanie
Césarienne, de Rhétie et de Belgique et des deux Germanies. Les
hommages ont été décidés et reçus au moment du départ de chaque
poste. Clemens est aussi honoré en tant que patronus causarum
prouinciae Mauretaniae Caesariensis : Les liens tissés en tant
qu’agent du prince se sont poursuivis dans des relations de
clientèle.
Le
frère de Clemens, Priscus, bénéficie en tout cas, à Celeia, d’un
hommage similaire.
Peut-on
s’autoriser à lier ces manifestations à sa belle carrière, à
songer que ces soutiens et leur publicité l’ont aidé à gravir
les échelons administratifs, à se faire bien voir du prince ?
DIDIUS JULIANUS |
Les
choix politiques du prince, comme encourager tel ou tel type
d’action, ou encore manifester plus ou moins fermement la volonté
d’un contrôle plus ou moins scrupuleux.
Choix
politiques contraints cependant, et qui se heurtent à la difficulté
de contrôler les agents, en particulier dans les provinces.
Choix
des agents eux-mêmes aussi, mais alors on ne sait parler d’un
choix politique (ils ne l’ont pas) il s’agit plutôt d’adopter
un style de commandement : Etre plus ou moins arrogant, corruptible,
engagé, etc.
Ces
attitudes sont cependant contraintes par les circonstances, elles
peuvent correspondre à des stratégies sociales, en particulier des
stratégies de distinction.
Mais
ces stratégies, ces styles ne sont pas indéterminés : L’attitude
des agents semble aussi commandée par le poids des structures
sociales, le poids des habitus pour reprendre un terme de sociologie.
L’habitus
aristocratique, celui des notables lettrés, celui qui structure le
modèle de parité semble particulièrement prégnant. Les
changements dans le recrutement des agents du prince occasionnés par
les conséquences multiples des guerres du règne de Marc Aurèle
ont-elles alors eu des conséquences en modifiant la composition
sociale de certains groupes d’agents du prince ?
Une
attitude sociale n’est pas non plus la résultante de l’action
d’un seul sujet. Ce sont les interactions entre agents sociaux, les
contextes qui orientent aussi les attitudes, les rôles sociaux.
Dès
lors il faut considérer l’attitude de l’agent du prince en
fonction des personnages concernés, et surtout tenir compte de la
dissymétrie possible. On ne se comporte pas de la même manière
face aux notables d’une vieille cité Grecque aux marges de
l’empire et face aux coloni d’un saltus africain ou face aux
paysans-bergers d’un village du delta du Nil.
On
ne se comporte pas de la même manière selon que l’on est
procurateur ducénaire ou affranchi dans un petit tabularium de
province. Ce sont des évidences, mais il nous faut les garder à
l’esprit, plus que des attitudes c’est la logique des situations
sociales et politiques qu’il faut retrouver, logique qui découle
de normes sociales et culturelles et de rapports de forces. Les
nombreux exemples d’attitudes différentes que nous avons vus ne
sont pas tant alors des reflets de situations que des effets des
situations, on peut les comprendre, mais on ne peut généraliser à
partir de tel ou tel cas. Si l’attitude doit être mise en regard
des normes de comportement explicites, telles que formulées dans les
lettres impériales, mais aussi implicites, dans chaque cas
l’attitude de l’agent doit donc être aussi considérée en
fonction de sa place hiérarchique et de la dignité reconnue à ses
interlocuteurs.
La
vulnérabilité de ces derniers doit être prise en compte et
estimée. La cité de Chersonèse manifeste le prestige de l’identité
Grecque aux yeux des administrateurs impériaux, les victimes du
massacre de Pététei manifestent le mépris pour les ruraux
Égyptiens et les conséquences d’une situation fortement
déséquilibrée. Le cas de Saepinum et celui du Saltus Burunitanus
invitent aussi à prendre en compte l’existence d’un réseau
d’appui local pour l’agent, de sa surface sociale, des
complicités possibles. Se pose alors la question de la force du
contrôle exercé par les supérieurs mais aussi par les possibilités
d’appel offertes aux administrés et les stratégies sociales,
juridiques ou rhétoriques accessibles à ces derniers.
DOURA EUROPOS |
Années
170 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Années_170
I
siècle | II siècle | III siècle · Années 150 | Années 160 |
Années 170 | Années 180 | Années 190 ... 172-173 : révolte en
Égypte dite des Boukoloi. 172-174 ...
Les
attitudes de quelques agents du prince à l'époque des guerres ...
www.persee.fr/doc/ccgg_1016-9008_2010_num_21_1_1718
de
B Rossignol - 2010 - Autres articles
Nous
nous trouvons plusieurs années avant le point culminant de la
révolte, vers 172, lorsqu'il fallut ..... Alston 1995 : R. Alston,
Soldier and Society in Roman Egypt. ..... 172. 9. La nobilitas d'un
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LXXI (LXXII), 4, 1 : les Boukoloi se déguisent en femmes ;
Achille ...
Chronologies
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cette
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comme ...... Histoire, Générale: En 172 et 173, révolte en Égypte
dite des Boukoloi, bande ...
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