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NOVEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 160 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
MARCION
ET SA DOCTRINE
MARCION |
Se
fondant uniquement sur l’Écriture, il développe sa doctrine qui
rompt avec la tradition juive : Du contraste absolu qu'il décèle
entre la Loi juive et l'Évangile, il conclut à l'existence de deux
principes divins « Dieu de colère de la Bible hébraïque et
Dieu d'amour de l'Évangile » dont celui des textes chrétiens
est le Dieu Suprême.
Celui-ci
est le père de Jésus-Christ qui est venu pour abroger la Bible
hébraïque et le culte de son démiurge. Pour Marcion, Jésus n'est
pas le messie attendu par les Juifs, ni né de la Vierge Marie :
Il est apparu à la 15e année du règne de Tibère sans avoir connu
ni naissance ni croissance et sauve l'homme en le rachetant par sa
mort.
Marcion
est en outre le premier à donner au mot εὐαγγέλιον
(euangélion, « bonne nouvelle ») un sens littéraire et
à élaborer un « canon » de l’Écriture dont il écarte
la Torah et tout ce qui, dans la littérature néotestamentaire,
porte la marque du judaïsme, proposant un texte résumé à
l'Évangile selon Luc et 10 épîtres Pauliniennes.
En
rupture avec la communauté chrétienne de Rome pour ces doctrines,
il fonde sa propre Église à l'organisation solide et concurrente,
ce qui lui vaut d'être considéré par la suite comme l'un des
premiers hérésiarques par les auteurs de la « Grande
Église ». Le marcionisme se développe essentiellement en
Orient, en Mésopotamie et en Perse mais aussi en Occident et non
sans connaître des dissidences.
Persécutées
au cours du IVe siècle, les communautés marcionites
disparaissent définitivement au cours du Ve siècle...
Les
textes de Marcion sont perdus et les éléments le concernant sont
connus exclusivement par les écrits de ses adversaires : Justin
de Naplouse dans sa Grande apologieet de manière indirecte dans son
Syntagma contre les Hérésies (aujourd'hui perdu), à travers les
citations qu'en font Irénée de Lyon puis Eusèbe de Césarée.
Irénée consacre encore à Marcion une notice particulière et s'y
réfère dans de multiples allusions polémiques. De nombreuses
réfutations antiques sont par ailleurs perdues.
La
source essentielle sur Marcion reste Tertullien. On a conservé une
édition de son « Contre Marcion », datée d'environ 210,
où il combat la théologie de Marcion et discute du canon
d'Écritures Marcionite ou encore de nombreux textes des Anthitèses :
Ces polémiques ont permis leur reconstitution, parcellaire et
fragile, grâce notamment aux travaux de Adolf von Harnack.
Il
existe également d'autres mentions de Marcion et de sa théologie
dans :
Les
Stromates de Clément d'Alexandrie.
L'Elenchos
du pseudo Hippolyte de Rome.
Le
Panarion d'Épiphane de Salamine qui cite des passages du texte
biblique marcionite.
Adamantius
dans son Dialogue sur la foi correcte.
Éphrem
le Syrien dans la Réfutation en prose de Bardesane.
Mani
et Marcion.
Eznik
de Kolb dans Sur Dieu.
Les
données biographiques concernant Marcion sont ainsi lacunaires et
peu sûres. Il s'agit souvent d'inventions après coup de ses
détracteurs dans un processus où « les chrétiens [doivent]
affronter la question de l'authentique tradition sur Jésus et son
œuvre ainsi que les critères nécessaires à la définir » et
y apportent diverses réponses.
Marcion
serait né vers 85 à Sinope, port de la mer Noire, et serait
d’origine païenne. Suivant la tradition, lorsque Marcion atteint
l’âge adulte, son père (un riche armateur) devient « évêque »
de la communauté chrétienne de Sinope, ce qui pour certains
chercheurs est douteux, vu que l'épiscopat n'est pas encore établi
dans les communautés chrétiennes à cette époque, mais ce qui pour
d'autres est plausible.
D'après
Hippolyte, ce denier l'a chassé pour avoir tenté de séduire une
vierge, dans une métaphore de l'hérétique qui tente de corrompre
l'Église vierge. Il part alors pour Smyrne.
Tertullien
fait du jeune Marcion un disciple d'Épicure ou encore un stoïcien.
D'autres
indications légendaires mettent Marcion en relation avec Papias,
l'apôtre Jean ou encore Polycarpe qui l'a déjà affronté comme le
« premier-né de Satan ». Ce n'est qu'à partir de son
arrivée à Rome que Marcion sort quelque peu de la légende
Armateur
fortuné, Marcion se rend à Rome vers l’an 140, où il intègre la
communauté chrétienne, alors dirigée selon la tradition par
l'épiscope Pie. Marcion y a pour maître un certain Cerdon, un
personnage dont on ne sait presque rien et sur lequel il semble que
les hérésiologues aient projeté la doctrine de Marcion.
Celui-ci
semble rapidement populaire dans la communauté de Rome. Il y propose
un livre qui est en quelque sorte le précurseur du Nouveau
Testament, une appellation qui à l'époque n'existe pas... Et dont
Marcion est peut-être l'auteur, pas plus que la collection connue
sous ce nom. En plus d'une introduction de sa main, ce livre est
composé de deux parties : Un apostolicon, qui comprend un
certain nombre de lettres de Paul de Tarse, et un evangelion,
(L'Évangile du Nouveau Siècle) correspondant
à ce que l'on connaît désormais comme l’Évangile selon Luc,
amputé des premiers chapitres jusque 4, 32.
APÔTRE JEAN ET MARCION DE SINOPLE |
La
communauté de Rome est en proie à de nombreuses dissensions
théologiques et, en 142, suivant la Tradition, Cerdon et Valentin
sont exclus de la communauté romaine par l'épiscope Hygin.
Marcion
défend au sein de la communauté Romaine l'inconciliabilité
radicale qu'il voit entre la révélation de Jésus et celle du
judaïsme ainsi qu'il semble l'avoir développée dans ses Antithèses
qui doivent également contenir des exégèses des textes qu'il
retienent pour son canon. Il défend ce point de vue devant un
collège de presbytres dirigé alors par l'épiscope Pie, à une
époque que les marcionites datent précisément « 115 ans et
6mois et demi » après l'« apparition de Jésus »,
la 15e année du règne de Tibère, soit en 144 de notre ère.
Marcion
entre alors en rupture avec une partie de la communauté Romaine,
exclu ou parti de lui-même.
Il
ne quitte peut-être pas Rome pour autant puisque, selon certaines
traditions, il y a été encore établi comme maître, enseignant ses
propres doctrines pendant l’épiscopat d’Anicet (vers 155-166).
Après
son excommunication de la communauté Romaine, qui semble lui avoir
rendu ses 200 000 sesterces, Marcion fonde rapidement, peut-être
grâce à ces énormes moyens, sa propre Église qu'il présente
comme une création du « Dieu Bon », suivant sa
théologie. Celle-ci est dotée d'une solide organisation tant sur le
plan hiérarchique que liturgique, ce qui lui amène un grand
succès : Selon Justin de Naplouse, 10 ans après son exclusion,
celle-ci s'étend sur la totalité de l'empire.
Cette
rupture et le succès de cette véritable « contre-Église »
lui valent d'être considéré par la suite comme l'un des premiers
hérésiarques (avec Simon le Magicien et son disciple Ménandre) par
les auteurs de la « Grande Église » qui se répandent à
son encontre en de nombreux écrits polémiques.
À
la fin du IVe siècle, Jérôme de Stridon le qualifie encore
d'« esprit passionné et très instruit » (ardens ingenii
et doctissimus) : Vécu comme une menace pour la
proto-orthodoxie naissante, Marcion n'en est pas moins l'un des
penseurs et écrivains chrétiens les plus importants du
christianisme des premiers siècles.
Il
n’existe aucune preuve qu’il ait quitté la ville de Rome où il
meurt peut-être, entre 161 et 168, en tout état de cause, on
n’entend plus parler de lui sous le règne de Marc Aurèle.
Adolf
von Harnack estime pour sa part que Marcion, après avoir quitté le
Pont, avait enseigné en Asie Mineure.
Quoi
qu'il en soit, l'Église marcionite se développe tant en Orient, en
Mésopotamie et en Perse qu'en Occident où elle ne recule qu'à
partir de la moitié du IIIe siècle à la suite de répressions.
Elle connaît par ailleurs des dissidences. Au Ve siècle, des
communautés marcionites sont encore attestées en Syrie
Marcion
entend se fonder uniquement sur l’Écriture mais s'appuie
essentiellement sur l’Évangile selon Luc dont il élimine ce qui
se rapporte à la généalogie, la nativité, le baptême et la
tentation au désert du Christ, sur 10 épîtres de Paul et rejette
en bloc la Bible hébraïque comme écriture inspirée.
La
doctrine de Marcion rompt avec la tradition juive : du contraste
absolu qu'il décèle dans les épîtres de Paul, entre la Loi juive
et l'Évangile, il conclut à l'existence de deux principes divins.
Marcion dénie ainsi la continuité entre la Bible hébraïque et le
nouveau message ainsi qu'il distingue le Dieu créateur qui est un
Dieu de colère et, supérieur à ce dernier, le Dieu de bonté
apparu dans l'Évangile qui est un Dieu d'amour. Ce dernier est le
Père de Jésus-Christ qui est venu pour abroger la Bible hébraïque
et le culte de son démiurge.
Marcion
est le premier auteur chrétien attesté à accorder une autorité
théologique exclusive aux seuls textes chrétiens.
Il
semble également avoir été le premier à avoir rassemblé une
collection d’écrits d’origine apostolique, qui comportait trois
parties : l’Evangelion, les Épîtres, et les Antithèses, ces
dernières étant perdues.
Tertullien,
farouche contempteur du marcionisme, explique qu'elles comportent
deux parties : Une partie historique et dogmatique, montrant
comment, selon Marcion, le pur Évangile s’est altéré, et une
partie exégétique. Selon Marcion, les textes originaux ont été
contaminés par des ajouts, des réécritures ou des gloses qui les
entachent.
Marcion
opère ainsi un travail d'exégèse pour parvenir à la
reconstitution critique d'un texte originel, principe de critique
littéraire qui n'est pas rare dans les démarches éditoriales à
cette époque durant laquelle les textes chrétiens demeurent
relativement instables et sujets à révisions : Si elle est
sans mesure avec la critique moderne, son approche des textes
s'inscrit néanmoins largement dans la tradition de la critique
philologique propre à l’Antiquité Gréco-Romaine, une époque où
les conditions de production et de transmission des textes ne sont
jamais garanties.
Pour
sa part, Marcion rejette donc radicalement la Bible judaïque et ne
retient que l’Évangile selon Luc, et dix épîtres de Paul
(Galates, 1 et 2 Corinthiens, Romains de 1 à 14, 1 et 2
Thessaloniciens, Éphésiens, Colossiens, Philippiens et Philémon)
qu'il épure de tout ce qu'il considère comme éléments ou
interpolations judaïsants, non sans se référer abondamment aux
écrits judaïques anciens pour les dénoncer.
Par
exemple, son Évangile selon Luc ne débute qu'en 4, 32 (après
l'épisode d'une naissance miraculeuse du Christ mêlant des éléments
de 3, 1 et 4, 31-3223) et les épîtres aux Romains et aux Galates
sont expurgées des promesses faites à Abraham. On ignore d'ailleurs
pour quelle raison précise c'est le texte lucanien que Marcion a
retenu : Peut-être suit-il ainsi la tradition qui fait de Luc
un disciple direct de Paul ou plus simplement n'en connaît-il pas
d'autre. Mais en tout état de cause, il entend éliminer tout ce qui
peut laisser ouverte la possibilité d'assimilation ou d'identité du
« Dieu amour » à celui de la Bible hébraïque.
S'il
retouche des textes, en particulier ceux où Jésus de Nazareth est
identifié au Dieu des textes juifs, ces changements apparaissent
moins nombreux et moins importants qu'on l'a longtemps pensé, et
certaines des adaptations que l'on croit de sa main lui préexistaient
vraisemblablement. Cette accusation de retoucher les textes formulée
par les contempteurs de Marcion se retrouve d'ailleurs chez celui-ci
à l'encontre de ses contradicteurs orthodoxes et, quoi que Marcion
ait retiré des textes en sa possession, il n'y a rien ajouté, une
démarche qui semble accréditer la sincérité de ses intentions
exégétiques : Retrouver un texte original exempt de corruption
et non pas créer un nouvel Évangile
C'est
dans ses Antithèses, aujourd'hui disparues, que Marcion développe
ses théories théologiques qui entendent montrer l'inconciliabilité
entre les révélations de la Bible juive et celles de l'Évangile
dans lequel apparaît le Dieu suprême qui ne s'est révélé nulle
part ailleurs que dans ce dernier.
La
théologie marcionite est ainsi une manière de dualisme qui,
développant l'opposition Paulinienne de la Loi juive à l'Évangile
qui a été mal comprise, conclut à l'existence de deux principes
divins.
Pour
Marcion, le Démiurge des textes judaïques, créateur du monde
sensible et de l'humanité, est un Dieu sévère, coléreux et
vindicatif, qui rend durement la justice au nom de sa Loi mais n'est
pas pour autant malfaisant. Ce Dieu se choisit un peuple, Israël,
lui donne la Loi et lui promet un Messie. Cependant, il a créé un
monde imparfait où existent les plantes empoisonnées, les insectes
ou les scorpions qui, avec la sexualité (qui répugne à Marcion)
témoignent de son incompétence.
Les
préceptes despotiques qu'il a imposés à l'homme, une créature
faible et mortelle, ont avili ce dernier, le promettant aux
châtiments cruels.
Le
Tanakh reste valable comme révélation de ce Dieu juste et créateur,
mais limité et étranger à l'amour. Radicalement inférieur au Dieu
de l'Évangile, il est d'ailleurs amené à disparaître.
Le
Dieu bon de l'Évangile est le Dieu suprême, extérieur au monde,
sans les limitations du Dieu de la matière. Étranger à la Loi, à
ses transgressions et donc au péché, il n'a pas créé le mal :
C'est un Dieu d'amour et de miséricorde plus que de justice. Pris de
compassion pour les humains écrasés par leur Créateur, le Dieu
suprême décide de les sauver et envoie son propre fils Jésus-Christ
qui n'est pas le Messie attendu par les Juifs, « pour libérer
les hommes du monde et de son Dieu, pour faire d'eux les enfants d'un
Dieu nouveau et étranger ».
Le
Fils (qui ne connaît ni naissance ni croissance) se manifeste à
travers une figure humaine non charnelle car, pour Marcion et à
l'instar de croyances docètes, la chair est fondamentalement
mauvaise. Celui-ci est soumis par son Créateur au supplice de la
croix et, par sa mort, sauve les hommes en les rachetant à ce
dernier, leur propriétaire légitime. Cet achat salvifique fait des
humains des enfants adoptifs du Dieu amour, qui doivent accepter
cette adoption par la foi en Jésus et l'Évangile afin d'accéder à
la félicité dans le royaume du Dieu suprême.
Avant
de retourner lui-même auprès de son Père, le Christ de Marcion
envoyé dans l'Hadès (les enfers) par son créateur y sauve les
hommes (Caïn, Coré, les Sodomites, les Égyptiens, les païens…)
qui se sont opposés au Dieu hébraïque mais croient dans le Dieu
bon, tandis qu'il y laisse les ancêtres comme Noé ou Abraham qui,
trop liés à leur Créateur, refusent l'invitation rédemptrice du
Christ. C'est une fois parvenu au Ciel que Jésus communique à Paul
l'« Évangile authentique » au moment de sa vocation, un
texte original ensuite corrompu par des interpolations de judaïsants,
qui livrent l'Église toute entière à l'erreur...
Le
rapport de Marcion au gnosticisme est fort débattu. La Tradition en
fait un disciple d'un gnostique nommé Cerdon mais un auteur comme
Celse distingue dans son Discours véritable les marcionites des
gnostiques. Les études de Von Harnack ont proposé un Marcion
éloigné du gnosticisme mais depuis, cette position est contestée
et le débat reste ouvert.
En
tout état de cause, s'il existe bien des traits communs entre
Marcion et certaines doctrines gnostiques, il existe de nombreuses
différences sur le plan de la doctrine. Pour Marcion, c'est la foi
(pistis) et non la gnose (gnosis) qui joue le rôle principal, à
telle enseigne qu'on a parlé d'un « paulinisme exacerbé ».
Et sur le plan exégétique, réfutant, à la différence des
gnostiques, toute mythologie concernant le monde divin, Marcion
entend se fonder exclusivement sur l’Écriture. Néanmoins, une
partie de la recherche actuelle décèle des influences encratites,
antilégalistes et docètes dans le marcionisme, autant de traits qui
tendent à le rapprocher du gnosticisme chrétien.
Si
l'indéniable succès obtenu par les capacités d'organisation de
Marcion et l'attraction exercée par sa doctrine sont relativement
brefs en Occident, ils sont nettement plus durables en Orient, où
les marcionites sont encore fort présents au cours du Ve siècle :
Ce n'est qu'à la suite de persécutions impériales recherchant
l'unité religieuse de l'empire autour d'une orthodoxie chrétienne
qu'ils disparaissent ou s'intègrent à la « Grande Église ».
Au
XXe siècle, il est récupéré par les idéologues nazis qui
apprécient son antijudaïsme. Ainsi pour Alfred Rosenberg :
« En
150 , le Grec Marcion défend l'idée Nordique d'un ordre du monde
reposant sur une tension organique et des hiérarchies, en opposition
avec la représentation sémitique d'une puissance divine arbitraire
et de son despotisme sans limite. Pour cette raison il rejette aussi
le « livre de la Loi » d'une telle « divinité »,
c'est-à-dire l'ancien testament hébreux. » (Le Mythe du
vingtième siècle). »
Il
radicalise les thèses antijudaïques de Paul: L'histoire d'un évêque
réputé hérétique du 2e siècle par le théologien Adolf von
Harnack.
Le
théologien Allemand Adolf von Harnack (1851-1930), une des figures
historiques du «protestantisme libéral», a, très tôt dans ses
travaux, rencontré Marcion, haut personnage du premier
christianisme, décrété «hérésiarque» au milieu du IIe siècle,
et a fini 50 ans plus tard par lui consacrer une monographie,
Marcion. L’Évangile du Dieu étranger. Celle-ci a contribué à
faire de la question du gnosticisme un dossier fréquenté aussi par
des non-théologiens.
Ainsi,
Hans Jonas a consacré sa thèse (sous la direction de Rudolf
Bultmann) et ses premières recherches au dualisme antique. Dans Ni
le soleil, ni la mort (2003), Peter Sloterdijk évoque « la ligne
fine et emmêlée qui va d'Alexandrie à l'Institut für
Sozialforschung » (l’École de Francfort) et qu'on peut aussi
prolonger jusqu'à Hans Blumenberg et Sloterdijk lui-même en tant
qu'auteur d'une anthologie gnostique, la Révolution mondiale de
l'âme. La traduction du livre de Harnack mérite donc être saluée,
quoique tardive.
Harnack
est né en 1851 à Tartu (alors Dorpat, en Estonie), où son père
enseigne la théologie à l'université, ce qu'il fera à son tour,
étant nommé à Berlin avec le soutien de Bismark. Il développe une
théologie non trinitaire de facture rationaliste et fortement
christo-centrée.
Philologue
respecté, il est l'auteur d'une volumineuse Histoire des dogmes. Il
fonde en 1911 l'Institut de l'empereur Guillaume II (devenule Max
Planck). Il est le conseiller de ce monarque et il a même été son
« nègre » lors de la déclaration de la guerre de 14-18.
Toutefois, dégoûté par celle-ci, il s'engage fermement pour la
République de Weimar, ce qui lui vaut de nombreuses inimitiés dans
les années mêmes où son Marcion suscite des polémiques.
Pour
Harnack, ce livre n'est pas simplement une étude savante comme il en
a produit beaucoup. Il l'avoue d'ailleurs sans ambages : « Marcion
a été mon premier amour dans l'histoire de l’Église, et cette
inclination et cette vénération n'ont pas été atténuées, même
par Augustin, dans le demi-siècle que j'ai vécu avec lui. »
En effet, pour Harnack, « Marcion nous tend la clé permettant
de résoudre la plupart des difficiles problèmes que présente le
passage de l’Église de l'âge post-apostolique à celui du
catholicisme ancien (...) non seulement le catholicisme s'est édifié
contre Marcion mais, plus encore, il a repris de cet hérétique
quelque chose de fondamental ». L'édition qui en est donnée
aujourd'hui est complétée par des essais de 3 spécialistes
contemporains qui font le point du dossier.
Pour
Harnack, le testament chrétien serait donc « né sous
l'impression faite par la création de Marcioné ».
Par
ailleurs, celui-ci a écrit un autre livre, les Antithèses, dont
« l'autorité doit être reconnue de tout marcionite »
admis dans l'église. L'ouvrage commence par « la seule phrase
un peu longue que nous possédions mot à mot de la plume de Marcion
: « oh, merveille de merveilles, ravissement, puissance et
étonnement, que l'on ne peut rien dire ni penser de l’Évangile et
qu'on ne peut le comparer à rien »».
Harnack
remarque qu'aucun mot n'y est plus fréquent que celui de « nouveau »
: « Tout doit être lu sous le seul point de vue de la
nouveauté du message du Dieu d'amour rédempteur et du caractère
effrayant et lamentable du Dieu cruellement juste du monde et de la
Loi (...).
Seul
Luther, avec sa foi en la justification, peut rivaliser ici avec
Marcion. »
Harnack,
un luthérien gagné au néo-marcionisme ? Sans doute. Bien qu'il ait
protesté contre son assimilation à l'antisémitisme, un tel rejet
de la culture vétérotestamentaire et donc juive dans l'Allemagne
des années 20 ne peut laisser d'interroger son lecteur
d'aujourd'hui. Mais la question déborde sur toute l'histoire
religieuse Européenne, avec ou sans la figure de Marcion, celui dont
on a pu faire tour à tour le plus grand des hérétiques ou
l'inventeur du christianisme.
Marcion
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcion
Marcion
dit du Pont ou de Sinope (né à Sinope vers 85, mort vers 160) est
une personnalité du ..... Il apparaît à la quinzième année du
règne de Tibère sans avoir connu ni naissance ni croissance mais il
sauve l'homme en le rachetant par sa ...
L'évangile
selon Marcion - Culture / Next
next.liberation.fr/livres/2003/12/26/l-evangile-selon-marcion_456574
26
déc. 2003 - En effet, pour Harnack, «Marcion nous tend la clé
permettant de ... On ne connaît pas les dates exactes de la vie de
Marcion (approximativement 85-160). ... vétérotestamentaire et donc
juive dans l'Allemagne des années 20 ...
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