mercredi 11 janvier 2017

EN REMONTANT LE TEMPS.... 171

15 NOVEMBRE 2016...

Cette page concerne l'année 171 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

VEILLEITE GUERRIÈRE DES MAURES.

Les Maures : Selon l'étymologie communément admise, cette appellation est dérivée du terme « Moros » en grec et « Mauri » en latin qui désigne à l'époque Romaine les Berbères d'Afrique du Nord, et plus précisément les Berbères de la Maurétanie de cette époque qui inclut le Nord et l'Est du Maroc actuel et le Nord-Ouest de l'Algérie. Cependant certains pensent que le terme peut avoir une origine locale, « Mahurim » signifiant Occidentaux en punique pour les populations vivant à l'Ouest de Carthage. Mahurim a pu donner naissance au latin Mauri.

Selon Salluste, les Maures font partie de l'armée d'Hercule venue d'Espagne, composée de Perses, d'Arméniens, et de Mèdes. Ils se mêlent aux populations autochtones Gétules (Zénètes) Berbères du Maghreb actuel, s'installant dans les montagnes au Maroc, dans les Aurès en Algérie et en Libye. La majorité de la population des Aurès est composée de Gétules (Zénètes).

Le terme Maures est introduit par l'historien Romain Procope et par Saint Augustin pour désigner la population des Aurès non romanisée, et, les populations indigènes qui se soulèvent contre Rome.
Coripus désigne les populations qui se soulèvent contre Rome pendant le règne de Justinien vers le Ve siècle sous le vocable d'Ifuraces. A contrario, les autochtones qui sont favorables au régime Romain sont désignés par le terme « Afris ». Les Banou Ifren ou Ait Ifren sont les Afris, et ils appartiennent aux Zénètes, anciennement appelés Gétules.

Au Moyen Âge, le terme latin « Mauri » passe en français sous la forme « maure », mais aussi en espagnol sous la forme « Moros » et en breton sous la forme « Morianed » pour désigner les Berbères, mais aussi les Arabes à l'origine de la conquête de la péninsule Ibérique au VIIIe siècle.
Selon Joseph Pérez, « parmi les envahisseurs de 711, les Arabes proprement dits sont une infime minorité [...] la majorité étant formée de Berbères. [...] C'est pourquoi les Espagnols, pour évoquer la domination musulmane, préfèrent parler de Maures, c'est-à-dire de Maghrébins. »
Peuple de cavaliers, les Maures offrent indifféremment leurs services tant aux Carthaginois qu'aux Romains lors des guerres Puniques.
Jugurtha, ayant pris pour femme la fille de leur roi, bénéficie quelque temps de leur appui, mais est livré à ses ennemis aussitôt qu'il leur demande asile.

La Maurétanie, petit à petit conquise par Rome, constitue 2 provinces de l'empire, l'une en 37, l'autre en 40 ou 41 sous Caligula.
Engagés aux côtés des forces Romaines, des Maures contribuent à établir la Pax Romana en Gaule et établissent des colonies.
Dans la péninsule Armoricaine, des soldats Maures sont cantonnés, au territoire des Vénètes et des Osismes, d'où le nom de « Mauri Veneti » et de « Mauri osismiaci » que leur donne la Notitia Dignitatum... Plusieurs noms de localités, comme « Mortaigne » ou « Mortagne », tant en France qu'en Belgique, semblent dérivés de « Mauretania », mais une autre interprétation y voit l'invocation d'une eau morte (par opposition à eau vive).

La Maurétanie fournit aussi à l'Empire Romain, plusieurs généraux tels Gildon, qui se rebelle ensuite contre Rome, et surtout Lusius Quietus que Trajan a songé (selon certains auteurs) à choisir pour successeur... Quietus et sa cavalerie Maure sont immortalisés sur la colonne Trajane à Rome. La Maurétanie donne même à Rome un empereur éphémère, Macrin.
Partiellement romanisés puis christianisés dès le IIIe siècle, les Maures sont partiellement séduits par le schisme donatiste. Aux persécutions païennes succédant les persécutions chrétiennes quand l'empire érige le christianisme en religion d'État.


La province Romaine de Bétique (Hispania Baetica) couvre le sud de l'Espagne, et correspond à peu près à l’actuelle Andalousie. Elle est issue de l'ancienne Hispanie ultérieure, et tire son nom du Baetis, nom latin du fleuve Guadalquivir.
D'après l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, le géographe Strabon affirme que cette province est peuplée par les Turdetani et les Turdules, sans préciser quelles sont leurs différences.
C’est une province sénatoriale administrée par un ancien préteur, dont la capitale est Corduba (Cordoue).
Cette province est prospère, grâce à son agriculture, à la facilité de navigation sur le Baetis ou Betis, ancien nom du fleuve Guadalquivir et surtout ses ports facilement aménageables, ainsi qu'à ses mines de plomb et d’argent de la Sierra Morena et du Rio Tinto.
Elle exporte du blé, du vin, des salaisons, du garum (On nomme garum [it. ds le texte], dit Pline, une espèce de liqueur fort recherchée. On le prépare avec des intestins de poisson et d'autres parties qu'autrement on jetterait. On les fait macérer dans le sel, de sorte que c'est le résultat de la putréfaction de ces ingrédients. Le meilleur se fait avec le maquereau... On préparait aussi du garum avec des anchois, des bars, des silures, des thons et des murènes. Les Romains pensaient que le garum excitait l'appétit et facilitait la digestion.), de l’huile d’olive réputée, emballée dans les célèbres amphores espagnoles.
La présence Romaine y est ancienne, et la romanisation profonde se manifeste par ses nombreuses villes (175, dont 9 colonies, du temps de Pline) dont la plupart existent encore aujourd'hui :

Les 4 sièges de juridiction :
Corduba (Cordoue), berceau des Annaei, famille des Sénèques et de Lucain, capitale de la province Bétique.
Gadès (Cadix), ancien port Carthaginois et cité de droit romain depuis Jules César, patrie de Columelle
Hispalis (Séville)
Astigi (Écija)
Italica (Santiponce), fondée par des immigrants Italiens, et d’où sont originaires les empereurs Trajan et Hadrien
Les colonies de Urso, Tucci
Bilbilis, patrie de Martial

Au Ier siècle, Vespasien accorde le droit latin à tous les municipes d’Espagne et crée une assemblée provinciale pour la Bétique qui se réunit une fois par an pour célébrer le culte impérial et discuter l’administration de la province.
La Bétique reste en marge de troubles politiques et des menaces Barbares qui touchent l’Empire Romain à partir de 161, sauf vers 180, lorsque des Maures révoltés traversent le détroit de Gibraltar, et ravagent la province dépourvue de troupes en tant que province sénatoriale. Le légat Aufidius Victorinus rétablit la situation.

Dès l'Antiquité, les historiens qui ont raconté le règne de Marc- Aurèle se sont plus attachés aux événements qui se déroulent sur les frontières du Danube ou d'Orient qu'à ceux d'Extrême- Occident. Aucun témoignage officiel, monument ou monnaie, n'en garde non plus le souvenir, les guerres Parthique et Germanique ayant rejeté dans l'ombre pour le gouvernement impérial lui aussi les escarmouches qui se déroulent contre les peuplades Maures. Pourtant, ces hostilités sont loin d'être sans importance, soit par l'ampleur qu'elles prennent un moment, soit par la lueur qu'elles projettent sur l'histoire de la domination Romaine en Tingitane.

Les sources sont fort maigres : Elles consistent en trois passages de l' Histoire Auguste et quelques inscriptions. Celles-ci, rappelant la carrière de fonctionnaires qui prennent part à la guerre, nous donnent quelques points de repère chronologiques et permettent de rattacher les événements de Maurétanie à l'histoire générale de l'Empire à cette époque.
« Quum Mauri Hispanias prope omnes vastarent, res per legatos bene gestae sunt », lit-on au chapitre XXI de la Vita Marci.
Cette phrase nous apporte 2 renseignements. D'abord, que presque toutes les Espagnes sont dévastées par les Maures, c'est-à-dire que, sur les trois provinces de la péninsule, 2 au moins sont touchées, le style de Capitolin, malheureusement, n'est pas d'une grande précision. Ensuite, que les envahisseurs sont repoussés par les légats impériaux, or, seules la Lusitanie et la Tarraconaise sont commandées par des légats, la Bétique ayant à sa tête un proconsul.
Il semble donc logique de conclure que les provinces menacées sont les 2 premières. Il n'en est pas ainsi, car, l'empereur, jugeant la situation sérieuse, retire la province de Bétique au Sénat et la fait administrer par un légat.

A quelle date convient-il de placer cette guerre ? L'historien latin ne s'astreint malheureusement pas à suivre un ordre chronologique rigoureux, ce qui, dans ces années troublées, serait parfois impossible. Il nous donne quand même un certain nombre de repères : c'est ainsi qu'il énumère ces événements après la mort de Lucius Verus, à peu près dans le même temps que la répression de la révolte des Bucolici, peuplade Egyptienne proche du Delta, peu avant la mort du second fils de Marc-Aurèle et le départ de l'empereur pour la guerre contre les Quades et les Marcomans.
Or, la mort de Lucius Verus survient au début de 169. La révolte des Bucolici est réduite par Avidius Cassius vers 172-173, en tout cas avant son retour en Syrie et sa propre révolte du début de 175.
Enfin, le départ de Marc-Aurèle pour la frontière danubienne a été décidé dès 173.
Ces présomptions sont confirmées par une brève notice qui est donnée dans la biographie de Septime-Sévère. Dans un passage, il est vrai fort obscur, elle nous apprend que, nommé questeur, il obtient par le sort la Bétique, puis se rend en Afrique après la mort de son père pour mettre en ordre ses affaires domestiques. « Sed dum in Africa est, pro Baetica ei Sardinia attributa est, quod Baeticam Mauri populabantur. » Or, la carrière de Septime- Sévère avant son accession à l'Empire s'établit à peu près ainsi.
Né en 146
Il est nommé préteur par Marc-Aurèle à 32 ans, donc en 178
Il a été tribun de la plèbe 2 ans avant, en 176, légat du proconsul d'Afrique en 175 ou 174.
Questeur, enfin, en 174 ou 173.
C'est donc en 172 qu'il a appris sa mutation de Bétique en Sardaigne, parce que la province soumise désormais à un légat propréteur ne comporte plus de questeur, mais un procurateur.

Sur les hostilités, nous ne savons rien, sinon qu'elles se localisent en Maurétanie et en Espagne. En effet, un diplôme militaire trouvé en Sardaigne, et délivré à un soldat originaire de Cagliari, prouve qu'en mai 173 on procède au licenciement des soldats qui ont terminé leur temps de service.
Que ce soldat ait appartenu à la flotte, comme le veut Premerstein, ou qu'il ait fait partie seulement de la Cohorte Sardorum et Corsorum, qui tient garnison dans l'île, il n'en est pas moins certain que le gouvernement impérial considère à ce moment les hostilités comme terminées dans la Méditerranée Occidentale. En Afrique, toutefois, les troubles durent un peu plus longtemps : En 174, une colonne opère encore sur les hauts plateaux du côté de Geryville, mais il n'est pas certain que ses mouvements aient été en rapport avec l'incursion des Maures en Espagne.

Ainsi, en 172 ou peut-être au début de 173, les Maures ont inquiété la province de Bétique, dont l'empereur a assumé alors le commandement, le retirant au Sénat. Les incursions sont facilement repoussées, puisqu'aucun autre témoignage ne garde le souvenir de cette alerte... La tranquillité rétablie ne règne pas longtemps. Le même Capitolin, dans le chapitre suivant, s'exprime, en effet, ainsi : « Res in Sequanis turbatas... censura et auctoritate repressit. Compositae in Hispania quae per Lusitaniam turbatae erant. Filio Commodo arcessito ad limitem togam virilem dédit : quare congiarium populo divisit et eum ante tempus consulem designavit. »

La phrase qui nous intéresse est la seconde : Marc-Aurèle pacifie l'Espagne, où les choses s'étaient gâtées en Lusitanie. S'agit-il d'une révolte des Lusitaniens ou d'une invasion étrangère ? La phrase précédente désigne sans aucun doute des troubles civils chez les Séquanes, il n'est pas probable, en effet, que l'invasion Germanique y ait déferlé, quoique Capitolin prétende que tous les peuples s'agitent du limes d'Illyrie jusqu'à la Gaule.
Mais, à y regarder de près, on s'aperçoit que, si l'expression returbatae est identique, en revanche il y a une nuance très sensible dans l'emploi des noms propres : In Sequanis, et in Hispaniam per Lusitaniam, dans le premier cas, les habitants de la cité Gauloise sont mis en cause, dans le second, il s'agit seulement du pays la Lusitanie, en Espagne, qui est le cadre géographique dans lequel les événements se sont déroulés. Et, justement, il se trouve qu'à cette époque même, certainement la Bétique et probablement la Lusitanie ont été le théâtre d'une nouvelle incursion des Maures.

Le texte de Capitolin nous donne quelques vagues indications chronologiques. Aucun autre document ne rappelle les troubles chez les Séquanes qui doivent être minimes. Mais le biographe, passant ensuite à un autre ordre de faits qui concernent non plus les guerres, mais l'administration intérieure de l'Empire, nous apprend que, vers la même époque, Commode reçoit la toge virile, qu'à cette occasion Marc-Aurèle donne un congiaire et désigne ensuite Commode comme consul.
Or, les monnaies de Marc- Aurèle portent pour l'année 175 l'indication de liberalitas VII, et nous savons que Commode exerce son premier consulat en 177. C'est un peu auparavant, vers 175, que se produit la 2e guerre en Espagne.
Cette guerre est encore provoquée par les Maures.
Nous connaissons, en effet, le cursus d'un grand personnage, Lucius Julius Vehilius Gratus Julianus, qui devient plus tard préfet du prétoire de Commode et qui y participe.
Une inscription de Palmyre nous apprend qu'il commande dans cette ville l'aile de cavalerie Herculana en 167-168, sur une inscription de Rome, qui retrace sa carrière entière, il prend ensuite, donc en 169, le commandement de Vola Tampiana et qu'il commande les détachements envoyés en renforts dans la guerre contre les Germains et les Sarmates, c'est-à- dire la première guerre Germanique éclatant en 170 on le trouve ensuite procurator Augusti et praepositus vexillationis per Achaiam et Macedoniam et in Hispanias adversus Castabocas et Mauros rebelles, puis commandant de la flotte du Pont-Euxin, puis commandant de détachements dans une guerre qui ne peut être que la guerre de 178-180, contre les Quades et les Marcomans, puisqu'il reçoit des récompenses de Marc-Aurèle et Commode au cours d'une guerre Germanique.

Devient ensuite procurateur de Lusitanie et Vettonie sous Commode sans doute, commandant de détachements dans une 3e guerre, probablement celle de Bretagne en 182-185, successivement préfet des 2 flottes prétoriennes, a Rationibus, préfet de l'Annone et enfin préfet du prétoire de Commode qui le fait assassiner en 189. En admettant qu'il ait pris part seulement à la 1ère année de la guerre Sarmatique et la 2e année de la guerre Germanique, c'est de 172 à 178 qu'il faut placer ses commandements en Macédoine et Achaïe contre les Costoboques et en Espagne contre les Maures.
Mais laquelle de ces deux expéditions a précédé l'autre ? Le cursus étant rédigé dans l'ordre inverse, la guerre d'Espagne devrait être antérieure à la guerre d'Orient, mais, même dans un cursus inverse, il peut arriver que deux événements groupés sous la même rubrique soient mis dans l'ordre chronologique. Or, tel nous paraît ici le cas.

Tout est terminé au milieu de 173, puisqu'on congédie alors les vétérans en Sardaigne. Mais c'est à ce moment que les choses se gâtent en Espagne. L'escadre stationnée à Caesarea (Cherchell) a sans doute dû partir pour couvrir la province d'Afrique et coopérer avec les troupes de Julianus et n'est pas encore de retour, la mer est libre, les Maures en profitent pour se jeter encore sur les Espagnes, in Hispanias, dit l'inscription de Gratus Julianus, en Lusitanie, spécifie l'Histoire Auguste, et en Bétique, comme le prouvent 2 inscriptions.
Les habitants d'Italica près de Seville, en effet, dressent une statue au procurateur Vallius Maximianus pour avoir rétabli, grâce au massacre des ennemis, la paix dans la province de Bétique. Ceux de Singilia Barba — près d' Antequera — font de même, « parce qu'il a délivré leur municipe d'un long siège au cours de la guerre contre les Maures ». Or, cette dernière inscription nous apprend qu'il est à ce moment procurateur de 2 Augustes et la précédente qu'il est successivement procurateur des provinces de Macédoine, Lusitanie et Tingitane.
Ce dernier renseignement est confirmé par une inscription d'Ain Chkour, près de Volubilis en Tingitane, dédiée par le même Vallius Maximianus, procurateur de 2 Augustes. Or, celui-ci a été associé à l'Empire en décembre 176 ou janvier 177.
C'est donc de 177 à 180 que Vallius Maximianus est procurateur de Tingitane. Ayant sans doute fait ses preuves, il est nommé en Lusitanie où il y a à combattre les Maures, et avec lui coopèrent des renforts amenés d'Orient par Gratus Julianus, qui a peut-être déjà collaboré avec lui.

Enfin, nul ne parait mieux désigné que lui pour mettre la dernière main à l'œuvre de pacification : Il est envoyé en Tingitane, où il poursuit les Maures dans leurs derniers repaires. C'est probablement comme procurateur de Lusitanie qu'il dégage les 2 villes bétiques. Mais, comme les statues ne sont érigées en son honneur qu'après le rétablissement de la paix, il est déjà à ce moment procurateur de Tingitane. La guerre ne dure pas longtemps en Espagne. Gratus Julianus a le temps d'aller prendre le commandement de la flotte du Pont, peut-être dès 175, au moment où la révolte d'Avidius Cassius provoque l'envoi de forces importantes en Orient. Quand éclate en 178 la seconde guerre Germanique, il y commande des détachements de renfort, et, comme il est peu probable que Marc-Aurèle attende l'année 179 pour opérer ses concentrations, il doit s'y rendre dès le début.
On peut donc admettre que sur le théâtre espagnol les hostilités commencent à la fin de 173 ou en 174, mais qu'en 176 elles sont terminées, peut-être même dès 175.

Il nous reste un dernier point à examiner : Qui sont ces Maures ? L'agitation doit se produire presque exclusivement sur la côte Nord, puisque c'est surtout l'Espagne qui souffre. Or, d'après Ptolémée et l'Itinéraire d'Antonin, cette côte est habitée par 2 peuplades : les Macaenites et les Baquates, qualifiés, ces derniers au moins, par l'Itinéraire, de Barbares, c'est-à-dire qu'ils ne font pas partie de l'Orbis Romanus, qu'ils sont insoumis.
Les 2 peuplades ont-elles agi ensembles, c'est possible. Si une seule a opéré, ce sont les Baquates qui doivent occuper à peu près le Rif actuel et qui ont à leur actif une autre opération de même espèce, contre Cartennae, l'actuelle Ténès. Le siège qu'ils en font et qui échoue grâce à l'énergie d'un duumvir de la ville a été placé au milieu du IIIe siècle.
C'est la plus redoutable des 2 peuplades, celle avec qui le procurateur de Tingitane sous Probus se félicite d'avoir réussi à maintenir une. longue paix. Il est facile à ces pirates de franchir rapidement le bras de mer qui les sépare de la côte Espagnole et d'aborder, par exemple, près de Carteia au fond de la baie d'Algésiras, de là, ils remontent la route romaine en direction d'Osuna et Cordoue, et dans la région de l'actuelle Bobadilla ils peuvent à leur gré, suivant toujours les voies romaines, se porter ou à l'Est vers Singilia Barba, ou à l'Ouest vers Hispalis, Italica et la Lusitanie.

Nous ne croyons pas que le mouvement s'étendit à d'autres tribus, le procurateur Romain ayant négocié avec elles sans doute pour les maintenir dans le devoir. C'est à ce travail diplomatique que fait sans doute allusion une inscription depuis longtemps connue, où P. Aelius Crispinus, procurateur de Tingitane sous Marc- Aurèle, probablement antérieur à Vallius Maximianus, rappelle qu'il a une entrevue avec des chefs de tribus : Les noms de ce ou ces principes gentium et leur ethnique sont malheureusement tombés. Le reste des provinces Africaines est rester en paix : En 176, on procède à la libération de vétérans de la IIIe légion, on peut envoyer des détachements en renforts sur le Danube, pour la 2e guerre Germanique, et des cavaliers Maures paraissent alors en Bretagne. C'est peut-être à la victoire et à la paix qui suit que fait allusion un fragment d'inscription en lettres trouvé à Volubilis.
La cause de ces mouvements nous échappe. La plus probable est qu'une succession de mauvaises récoltes a provoqué la disette ou qu'une sécheresse prolongée a privé les troupeaux de pâturages : Il ne reste plus aux tribus d'autre moyen de subsistance que le pillage.
Quant à leurs résultats, il ne faut ni les exagérer ni les minimiser. Ils ne semblent pas avoir causé grand dommage en Bétique, peut-être est-ce à ce raid qu'il faut attribuer la présence d'un détachement de la VIIe Gemina à Italica ? Ils n'ont pas non plus ébranlé sérieusement la domination Romaine en Maurétanie Tingitane, puisque le loyalisme de la province n'a pas été atteint. A elles seules, les tribus insoumises du Rif, pas plus que celles de l'Atlas, ne peuvent aboutir à grand-chose, sinon à énerver temporairement la défense.

Ce qui est grave, c'est que les Maures ont profité, pour se jeter sur une province dépourvue de garnison importante, du moment où la flotte Romaine ne doit plus faire la police de la mer et où l'armée occupée en Orient et sur le Danube ne leur a pas paru en état d'entreprendre contre eux une expédition punitive.
Finalement, l'ordre Romain a été rétabli. Un siècle plus tard, les mêmes conjonctures se présenteront, mais alors la force de résistance de l'Empire aura été amoindrie par les guerres civiles, sa réaction sera moins forte. Ce sera le premier recul de la puissance romaine en Tingitane et le début des siècles obscurs du Maghreb.




Les incursions des Maures en Bétique sous le règne de Marc-Aurèle ...
www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1939_num_41_1_3018
de R Thouvenot - ‎1939 - ‎Cité 14 fois - ‎Autres articles
Les incursions des Maures en Bétique sous le règne de Marc-Aurèle .... (ou neuf mois), c'est-à-dire, s'il est bien né en décembre 117, en l'année 171. .... nous pencherions pour les Baquates qui devaient occuper à peu près le Rif ... Ils ne semblent pas avoir causé grand dommage en Bétique ; peut-être est-ce à ce raid qu'il ...

Le passage des Maures en Bétique au IIe siècle ap. J.-C - Persée
www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_2001_num_37_1_1337
de EH Rahmoune - ‎2001 - ‎Cité 4 fois - ‎Autres articles
[link]; Datation des passages des Maures en Bétique[link]; Motivations[link]; Itinéraires[link] ... Par ailleurs, pendant les années soixante-dix, pour la classe d'observation, ..... Ils affirment que se sont les tribus du Rif, les Baquates et les Mazices, qui ... cité d'Italica a subi de nouveaux raids maures, en se basant sur la dédicace ...


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