Cette
page concerne l'année 1075 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
ADAM
DE BRÊME SANS DOUTE INSTIGATEUR DE LA CHANSON DE ROLAND.
UPSALA |
Adam de Brême, chroniqueur et géographe du XIe siècle, natif de la haute Saxe, vient à Brême vers l'année 1067, il est nommé successivement chanoine, puis directeur de l'école de la ville. C'est au cours de ces fonctions qu'il rédige son oeuvre, dans laquelle il traite de l'origine et de la propagation de la religion chrétienne dans les pays septentrionaux de l'Europe, et particulièrement dans les diocèses de Brême et d'Hambourg, depuis le règne de Charlemagne jusqu'à l'empereur Henri IV ce grand ouvrage se termine par un petit traité sur la situation géographique du Danemark et des autres pays l'avoisinant, il y parle successivement de la nature du pays, de la religion et des mœurs des habitants...
PHOTOS DU LA SÉRIE LES VIKINGS |
Le troisième volume évoque le déclin de l'archevêché, provoqué par l'orgueil et l'ambition d'Adalbert.
Le livre quatrième ou Description des îles du Nord est une présentation de la géographie, de l'histoire et des mœurs de la Scandinavie.
Dans son ouvrage, Adam de Brême évoque l'histoire de la Saxe et celle de ses voisins Slaves et surtout Scandinaves, dans la mesure, où, c'est à cet archevêché qu'est confiée la charge de christianiser le Nord... Il est donc question, non seulement des vicissitudes de cette entreprise, mais aussi de l'histoire des royaumes Scandinaves, que ce soit des rapports qu'ils entretenus entre eux ou de leurs relations avec leurs voisins (leur implantation en Angleterre est par exemple fréquemment évoquée), des voyages de navigateurs Scandinaves (il est notamment question de l'Islande du Groenland et du Vinland) ou encore du paganisme Nordique... Adam de Brême est l'auteur d'une célèbre description du temple d'Upsala et de la conversion au christianisme...
Bon connaisseur des auteurs classiques comme des docteurs de l'Église, Adam de Brême s'est appuyé sur les œuvres d'historiens (Orose, Éginhard), sur les vies de saints (Vitae Bonifatii, Willehadi, Anskarii, Rimberti...), les annales, les archives de l'archevêché de Brême (documents officiels pontificaux ou impériaux, correspondances diverses, livres de comptes), ainsi que sur des témoignages oraux, en particulier celui du roi de Danemark Sven Estridsen.
Même si elle n'est connue que par des manuscrits Allemands ou Danois, la « Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum » a exercé une influence sur toute l'historiographie Scandinave médiévale. L'œuvre d'Adam a en particulier servi de source et de modèle à l'auteur de l'Historia Norwegiae.
Cependant les récits d'Adam de Brême sont toutefois à manier avec précaution... Ses sources sont peu nombreuses concernant la période la plus ancienne. Surtout, son œuvre participe de la prétention de l'archevêché de Brême-Hambourg à exercer l'autorité ecclésiastique sur l'ensemble de la Scandinavie, et les faits sont parfois biaisés pour servir cet objectif...
C'est ainsi que les rois refusant l'autorité du siège de Hambourg-Brême sont présentés sous un jour peu favorable (Sveinn TjuqusKegg ou Olav tryggvason, par exemple).
Le premier livre transcrit l'histoire d'avant l'église de Hambourg-Brême (788) et de la mission chrétienne dans le nord. C'est une source importante de connaissances des pays du Nord jusqu'au XIIIe siècle.
Le deuxième livre continue l'histoire, et traite de l'histoire Allemande entre 940 et 1045.
TEMPLE DE UPSALA |
Le quatrième livre, « Insularum Aquilonis de Descriptio », terminé vers 1075, apporte des précisions sur la géographie, les peuples et les coutumes de la Scandinavie. La Scandinavie récemment explorée, les futurs missionnaires ont sans doute été inspirés par ses descriptions précises. C'est également le premier Européen qui mentionne le Vinland, une terre qui sera plus tard connue sous le nom d'Amérique du Nord...
À
cinq reprises, l’auteur de la Chanson de Roland évoque l’existence
d’anciennes narrations relatant les exploits guerriers de
Charlemagne et de ses compagnons. « De nombreuses gestes »,
fait-il dire à Baligant, célèbrent la gloire du roi Charles. Nul
ne saurait dire à quels écrits l’auteur pense ici plus
particulièrement, ni dans quelle mesure il s’en est servi pour son
propre récit. Les 4 autres mentions, un peu plus précises,
revêtent toutes la forme d’une citation de source. Au cours de la
première phase de la bataille contre les Sarrasins, l’archevêque
Turpin se dit fier de la bravoure des guerriers Francs. « Aucun
roi au monde n’en a de meilleurs ! » s’exclame-t-il,
avant d’ajouter : « Il est écrit dans la Gesta
Francorum que les hommes de notre empereur sont des preux ».
Plus loin, après avoir montré l’ardeur du même Turpin au combat,
l’auteur invoque encore l’autorité de « la Geste » à
l’appui d’une estimation du nombre d’ennemis tués par les
Francs, selon cette source, précise-t-il, les chartes et les
documents donnent le chiffre de plus de 4 000 morts. Après un nouvel
hommage à la vaillance de Turpin, autour duquel sont tombés pas
moins de 400 Sarrasins, l’auteur précise que ses hauts faits sont
rapportés dans « la Geste » et par Saint Gilles en
personne, qui en fut le témoin sur le champ de bataille... il en
compose le texte au monastère de Laon. Plus loin, on apprend que les
« Gesta Francorum » atteste la présence de 30 corps de
bataille dans l’armée de l’émir Baligant. La cinquième et
dernière référence se trouve dans le récit des préparatifs du
plaid au cours duquel va se tenir le procès de Ganelon : « Il
est écrit en l’ancienne Geste que Charles convoque des vassaux de
nombreuses terres ».
Parmi
les nombreux écrits de toute nature célébrant la mémoire de
Charlemagne, l’auteur semble donc accorder une importance
particulière à une source latine intitulée les Gesta Francorum. On
y trouve un certain nombre d’informations sur le déroulement de la
bataille de Roncevaux, sur les effectifs engagés et sur le nombre de
morts. Désignée, à 3 reprises, comme « la Geste »,
cette source est supposée bien connue de l’auditeur comme du
lecteur. Elle est qualifiée d’« ancienne », ce qui,
compte tenu de la date du manuscrit d’Oxford, renvoie à une œuvre
largement antérieure à la première moitié du XIIe siècle. A
priori,
on peut penser à l’une ou l’autre rédaction des Annales royales
Carolingiennes, ou encore au « Chronicon de Réginon de Prüm ».
Or, les éléments censés provenir des « Gesta Francorum »
ne se retrouvent nulle part dans ces textes historiques, le
personnage de Turpin, sous les traits du prélat-guerrier de l’épopée
de Roncevaux, leur est de surcroît inconnue... Cela semble à
première vue justifier les réserves des nombreux commentateurs qui
considèrent ces références comme un simple artifice littéraire,
utilisé dans le seul but de donner un certain crédit historique à
la narration. Cependant, il est peu probable que la source latine à
laquelle l’auteur se réfère ainsi à 4 reprises ait été
complètement inventée. À cet égard, l’allusion à un récit
composé au monastère de Laon (v. 2097) fournit un élément
d’identification particulièrement intrigant. Cet indice ne
saurait être négligé, même si, dans les deux vers précédents,
l’amalgame entre les « Gesta Francorum » et la légende
hagiographique de la lettre de Saint Gilles introduit une certaine
confusion dans ce passage...
À
supposer que la source en question ne soit pas fictive, il serait
logique qu’elle ait connu une certaine diffusion et qu’elle n’ait
donc pas été utilisée dans la seule Chanson de Roland. C’est sur
la base de cette hypothèse de travail que l'enquête sera menée.
LA SCANDINAVIE |
Dans son Histoire des archevêques de Hambourg, achevée en 1075 ou 1076, Adam de Brême rapporte ainsi un épisode des incursions Normandes en France :
« Il y avait aussi, en ce temps là, parmi les Danois et les Normands, d’autres rois, qui exerçaient la piraterie en Gaule. Les plus célèbres de ces chefs barbares ont été Horich, Ordwig, Gottfried, Rudolf et Ingvar. Le plus cruel d’entre eux a été Ingvar, fils de Ragnar Lodbrock. Il fit partout mourir les Chrétiens sous la torture. C’est ce qui est écrit dans la Geste des Francs (Scriptum in Gestis Francorum) ». Cette dernière mention, dont il faut noter la similitude avec le vers 1443 de la Chanson de Roland est écrit en la Gesta Francorum),elle se présente, là encore, comme une référence bibliographique, et nul ne songerait cette fois-ci à la considérer comme un simple motif littéraire. En historien scrupuleux, Adam de Brême ne manque d’ailleurs jamais une occasion de mentionner ses sources... On ne sait toutefois pas à quoi correspondent les Gesta Francorum citées à l’appui de ce passage, Ragnar Lodbrock et ses fils n’apparaissant dans aucune source annalistique Franque.
Or, il se peut que l’histoire de ces mêmes chefs Vikings ait été connue de l’auteur de la Chanson de Roland... Au plus fort de la bataille de Roncevaux, on voit Roland affronter le roi Marsile en combat singulier, d’un grand coup d’épée, il lui tranche la main droite. Marsile s’enfuit, suivi par tous ses hommes. Une séquence narrative très comparable se retrouve dans une des versions les plus anciennes de l’histoire des fils de Ragnar Lodbrock. Elle nous est connue à travers un fragment d’annales Irlandaises, écrit vers le milieu du XIe siècle à la cour des rois d’Osraige.
Un autre récit résultant d’une similitude se trouve dans un autre passage de la Chanson de Roland...
TABLEAU REPRÉSENTANT UPSALA |
C’est sans doute un autre épisode de l’histoire d’Hasting qui, moyennant une simple inversion des rôles, fourni le modèle de la première scène de la Chanson de Roland... L’occupation de la quasi-totalité de l’Espagne par les Francs représentant une sérieuse menace pour les Païens, le roi Marsile décide de réunir le ban et l’arrière-ban. Il interpelle ainsi ses ducs et ses comtes (Il en apelet e ses dux e ses cuntes) :
« Sachez, seigneurs, quel malheur nous accable ! L’empereur de la douce France, Charles, en ce pays est venu nous détruire. Je n’ai pas d’armée qui lui livre bataille, je n’ai pas de gens pour briser les siens. Conseillez-moi en sages vassaux, gardez-moi de mort et de honte. »...
Sur le conseil de Blancandrin, un sage, les Païens décident de payer un tribut à Charlemagne et de lui envoyer des messagers pour engager des pourparlers de paix. Cette séquence narrative trouve son parallèle exact dans le chapitre 8 du livre Ier de Dudon, relatant les événements qui suivent le retour d’Hasting en France après l’expédition de Luni. Face à une situation devenue très critique, car il ne dispose d’aucune armée pour lutter contre les envahisseurs (cum…audaciae paganorum hostiliter resisteret non haberet…), le roi des Francs réunit sa cour au grand complet. S’adressant à ses ducs, à ses évêques et à ses comtes, il leur tient le discours suivant (ducibus accersitis, cum episcopis comitibusque… pronuntiando sic retulit) : « O seigneurs et maîtres, qui êtes venus ici à mon pressant appel, conseillez-moi sur la conduite à tenir pour sauver le royaume ! » Personnellement, le roi estime que ce serait une folie de prendre les armes. Se rangeant à ce sage avis, les Francs décident de négocier une paix avec Hasting. Ils lui envoient des messagers et ils lui versent un tribut.
Les trois passages examinés apportent déjà une première série d’informations. Ils montrent tout d’abord que la réécriture joue un rôle sans doute non négligeable dans la genèse de la Chanson de Roland...
En l’occurrence, il semble bien que l’auteur du Roland d’Oxford se soit inspiré à trois reprises d’un seul et même texte, relatif aux expéditions des fils de Ragnar Lodbrock et de leur associé Hasting. Comment a-t-il eu connaissance de cette histoire ? Sachant que Dudon nous livre la relation la plus complète de l’épisode de Luni mais qu’il ne parle ni des fils de Ragnar, ni du rôle de précepteur d’Hasting, sachant d’autre part que les Annales Irlandaises sont l’unique témoin pour l’épisode de la main coupée et qu’il n’est question que d’un seul fils de Ragnar dans les Gesta de Guillaume de Jumièges, la réponse a priori la plus logique est de considérer que le récit de la Chanson de Roland ne dépend directement d’aucun de ces trois textes, mais d’une source commune, aujourd’hui disparue....
FIGURINE SCANDINAVE |
Quoi qu’il en soit, un rapprochement semble s’imposer avec le surnom de Costa-ferrea, littéralement « Côte-de-fer », que Guillaume de Jumièges attribue à Björn, fils de Ragnar Lodbrock. Selon cet auteur, Björn doit ce surnom à une invulnérabilité quasi surnaturelle, acquise à sa naissance grâce aux philtres magiques absorbés par sa mère.
Lorsque dans la Chanson de Roland est évoqué, la traversée de la Méditerranée par la grande flotte de guerre de l’émir Baligant et sa remontée du cours de l’Ebre jusqu’à Saragosse, les mots semblent sortir tout droit du récit d’une expédition Normande du IXe siècle. Quand, contre toute vraisemblance, l’auteur de la Chanson de Roland nous montre la flotte Sarrasine partant d’Alexandrie, effectuant une traversée de nuit et arrivant dès l’aube en vue des côtes Espagnoles, il est donc légitime de se demander s’il ne s’agit pas là d’une simple réécriture, restée un peu trop près de son modèle...
Le stratagème auquel a recours Marsile pour obtenir le départ de Charlemagne n’est pas sans rappeler les accords que, les autorités Franques sont amenées à conclure avec les Vikings. La forte somme d’argent que le roi païen propose à l’empereur en échange de sa promesse de rentrer dans son palais d’Aix s’apparente aux tributs que les rois Carolingiens se voient contraints de verser à plusieurs reprises aux chefs Scandinaves pour qu’ils acceptent de regagner leur patrie. En revanche, lorsque Marsile ajoute à ces présents la promesse de rejoindre Charles un peu plus tard à Aix pour y recevoir le baptême, la formule s’apparente plutôt à celle des traités du type de Saint-Clair-sur-Epte, fixant les conditions d’une installation durable des Normands en territoire Franc.
L’hypothèse d’un texte procédant de la réécriture de quelque récit de bataille permettrait de résoudre toutes ces difficultés, d’autant que l’on trouve une séquence similaire dans la « chronique » déjà citée du Pseudo-Turpin. À l’aube d’une bataille décisive contre les Sarrasins, un grand nombre de guerriers Francs constatent que les lances qu’ils ont plantées devant leurs tentes ont fleuri. Ils comprennent alors que Dieu les a désignés pour mourir en martyrs de la foi sous les coups des Païens. De fait, tous ceux qui ont reçu ce signe vont périr, par vagues successives, le roi Charles a eu une vision prémonitoire et il a passé la nuit entière à prier pour ses hommes. Le jour venu, l’archevêque Turpin s’est adressé aux guerriers et il les a exhortés à se préparer par la confession, afin qu’ils méritent de se présenter devant Dieu avec une lance « fleurie et victorieuse » à la main, puis il a donné à chacun la communion ; chacun est reparti le cœur plein d’allégresse.
Un retour à la Chanson de Roland fait retrouver, dans le récit de la bataille contre les Sarrasins, plusieurs éléments de la même histoire : le sermon de l’archevêque à la veille de la bataille, son discours exhortant les Francs à se préparer à mourir en martyrs, la confession et la bénédiction des guerriers, leur joie de savoir qu’une place leur est promise au paradis. Le motif narratif des lances fleuries est absent...
À la lumière des exemples précédents, il semble qu’une des clés de la Chanson de Roland réside dans une étude comparative des réécritures et notamment des récits d'Adam de Brême.
Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum - Fafnir
www.fafnir.fr/wiki/index.php5?title=Gesta_Hammaburgensis...
30
avr. 2013 - Rédigée par le clerc Adam
de Brême,
qui l'acheva vers 1075,
elle constitue un témoignage de première importance de l'histoire
et des mœurs ...
Qwika - Adam of Bremen
wikipedia.qwika.com
› Français ›
en.wikipedia.org
Adam
de Brême
(aussi : Adam Bremensis) était un du plus important ... La première
édition a été remplie dans 1075/1076,
duquel il a continué à réviser et ...
50. Une source perdue de la Chanson de Roland ...
ceredi.labos.univ-rouen.fr
› ... › La
Fabrique de la Normandie
de
CL SELLÉS - 2013 - Autres
articles
Dans
son Histoire
des archevêques de Hambourg, achevée en 1075
ou 1076, .... Plusieurs passages des Histoires
de Raoul Glaber, du cartulaire-chronique de .... Vexé, ce dernier se
ressaisit et il met sa confiance dans une petite
troupe ..... C'est également à l'histoire
de ce duc que se rattache l'anecdote
qui semble avoir ...
Chère Chantal ce rapprochement entre la chanson de Roland et l'œuvre d'Adam de Brême apporte un jour nouveau et intéressant sur cette fresque épique.
RépondreSupprimerAvec l'Histoire des archevêques de Hambourg, voici la première image que le haut Moyen Âge nous ait léguée de ces rivages, où la Chrétienté noue le dialogue avec l'Inconnu..
Amitiés
Bonjour Lisa, en effet cette éclairage m'a surprise et c'est pourquoi je l'ai relaté.
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