10
NOVEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 176 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE
PHILOSOPHE HÉRODE ATTICUS.
HERODE ATTICUS |
Hérode
Atticus (grec ancien : Ἡρώδης ὁ
Ἀττικός), de son nom romain Lucius Vibullius
Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes, né à Marathon en 101,
mort en 177, est un rhéteur Grec célèbre pour sa fortune et pour
ses actions de mécénat public.
Il
nous est principalement connu par :
Philostrate
dans ses Vies des Sophistes (livre II),
Aulu-Gelle
dans ses Nuits attiques et
Fronton
dans sa correspondance.
Hérode
Atticus naît en 101, sous le règne de Trajan. Sa famille, Céryce
Athénienne, est immensément riche et prétend descendre de Miltiade
et Cimon, et même du héros Éaque. Depuis l'époque
Julio-Claudienne, elle jouit également de la citoyenneté Romaine.
Son
grand-père, Tiberius Claudius Hipparchus, banquier renommé pour sa
richesse, estimée à 100 millions de sesterces, a été condamné au
suicide et à la confiscation de ses biens par l'empereur
Vespasien... Il a néanmoins réussi à en dissimuler la plus grande
partie, qui est retrouvée par son fils, Tiberius Claudius Atticus
Herodes, après l'accession de Nerva. L'empereur lui permet de
conserver ce trésor. Il accroît encore la fortune familiale en
épousant la riche Vibullia Alcia Agrippina. Il est coopté au Sénat
Romain avec le rang d'ex-préteur par Trajan et nommé archiereus,
c'est-à-dire grand-prêtre du culte impérial.
Sa
jeunesse est mal connue. À une date indéterminée, il accompagne à
Rome son père, nommé Consul suffect, ce qui lui permet d'apprendre
le latin. De retour à Athènes, il apprend la philosophie auprès
d'un platonicien, Taurus de Tyr. Aulu-Gelle, contemporain d'Hérode,
rapporte les plaintes de Taurus, dont les élèves ne lisent Platon
que pour apprendre l'éloquence, et non la sagesse. Il est destiné
très jeune à une carrière de rhéteur.
La
seconde sophistique atteint alors son apogée. Atticus fait appel à
Secundos d'Athènes pour enseigner l'art oratoire à son fils. Il
invite également le célèbre sophiste Scopélianos à démontrer
son art dans sa résidence de campagne, le jeune Hérode parvient si
bien à imiter son invité que son père lui offre la somme
considérable de 50 talents...Contre 15 à l'orateur.
Il
étudie aussi avec Favorinus d'Arles et le critique Munatius de
Tralles, qui resteront des amis proches.
En
117, Trajan meurt et Hadrien, philhellène notoire, accède au trône
impérial. Hérode Atticus, âgé d'à peine 17 ans, est envoyé en
délégation auprès du nouvel Empereur alors que celui-ci hiverne
avec ses troupes en Pannonie... Intimidé, le jeune homme ne parvient
pas à terminer son discours, rouge de honte, il menace alors de se
jeter dans le Danube. Il poursuivra cependant ses études jusqu'à la
trentaine.
Hérode
obtient sa première charge publique en 122 : Il devient
agoranome, c'est-à-dire chargé de la surveillance des prix des
denrées agricoles.
En
126-127, nommé archonte éponyme, les éphèbes du gymnase et la
cité lui consacrent une statue en remerciement pour ses actions de
mécénat. L'année suivante, Hadrien effectue une seconde visite à
Athènes. Son lieu de résidence n'est pas connu avec certitude, mais
probablement l'Empereur ayant séjourné chez les Hérodiens, à
cette date, ce dernier reçoit le rang sénatorial et figure
officiellement parmi les amis de l'empereur (inter amicos, titre
donné aux conseillers impériaux).
Vers
131, il commence le cursus honorum Romain par la charge de questeur
de l'empereur. 3 ans plus tard, il devient préteur.
Parallèlement,
Hérode commence à se faire connaître comme orateur et comme
professeur de rhétorique. Il compte notamment parmi ses élèves
Marc Aurèle, le futur Empereur.
En
135, institué corrector (inspecteur des finances impériales) des
cités libres d'Asie mineure, il en profite pour visiter à Smyrne
l'orateur Polémon de Laodicée, qui déclame devant lui, et reçoit
en récompense la généreuse somme de 250 000 drachmes. Il se
consacre particulièrement à Alexandrie de Troade, dépensant plus
du double du budget approuvé par Hadrien pour la construction d'un
aqueduc.
Alors
que l'Empereur se plaint à Atticus de ces dépenses, ce dernier
répond qu'il n'y a pas lieu de s'en faire et prend en charge la
différence. Au sortir de sa charge, Hérode se consacre de nouveau à
la rhétorique.
En
137-138, le père d'Hérode meurt. Il laisse derrière lui un
testament qui octroie à chaque citoyen Athénien mâle une rente
annuelle d'une mine, ce qui représente, pour 12 000
bénéficiaires, un capital de 24 millions de drachmes investies à
5 %. Hérode conteste aussitôt le testament, se fondant sur le
fait qu'une donation faite par un citoyen Romain à un non-citoyen
doit revêtir la forme d'un fidéicommis, que l'exécuteur
testamentaire a du reste le droit d'ignorer.
Fort
de ce point de droit, il propose un compromis : Un versement
unique de 5 mines en lieu et place de la rente annuelle. Les
Athéniens acceptent, mais pour voir défalquer du montant promis les
dettes qu'eux-mêmes et leurs ancêtres ont contractées vis-à-vis
de la banque hérodienne.
En
définitive, très peu de citoyens bénéficient du testament de feu
Atticus. Il semble même que, dans la foulée, Hérode annule des
legs prévus par son père pour diverses liturgies (formes de mécénat
public). Philostrate souligne que les Athéniens « ont eu le
sentiment d'avoir été spoliés de leur héritage et n'ont jamais
cessé de haïr Hérode ». Un procès sera même intenté à
Rome contre lui. Hérode est finalement acquitté, peut-être grâce
à ses liens avec Marc Aurèle, fils adoptif du nouvel empereur
Antonin le Pieux.
En
139, toutefois, Hérode est choisi pour présider la commission des
Grandes Panathénées, sans doute parce que les Athéniens ne peuvent
se permettre d'évincer un homme aussi riche des liturgies.
À
cette occasion, il fait rénover le stade Panhellénique en marbre
blanc, ce qui fait dire à certains citoyens que le nom est bien
mérité, puisque le bâtiment a été financé avec l'argent de tous
les Athéniens.
POLYDEUKION |
Dans
le même temps, il épouse Appia Annia Regilla, apparentée aux
Antonins, qui lui donne 5 enfants, dont 2 fils, Bradua et Regillus.
En
143, Hérode est nommé consul ordinaire, peut-être en remerciement
pour l'éducation de Marc Aurèle. À sa sortie de charge, il assiste
aux Grandes Panathénées dans son nouveau stade Panhellénique.
En
147, Hérode reconstruit de même le stade des jeux Pythiques, en
remerciement, la cité de Delphes consacre des statues à toute sa
famille, à l'exception de son second fils Bradua, peu doué pour les
lettres et pour lequel il n'a que peu de sympathie. Sa déception
vis-à-vis de Bradua explique peut-être l'adoption par Hérode de 3
jeunes gens, Achille, Memnon et Polydeukion. Tous 3 trouveront la
mort avant 150. Hérode en est violemment affecté, en particulier
pour Polydeukion, son préféré, mort en 147. Ses discours reçoivent
un accueil enthousiaste lors des Jeux olympiques de 153 : La
foule l'acclame comme un second Démosthène.
Sa
femme reçoit la prêtrise de Déméter Chamyne, qui lui permet
d'être la seule femme mariée à pouvoir regarder les Jeux. Ravi, il
finance la construction d'un aqueduc reliant l'Alphée à Olympie,
ainsi que d'un nymphée.
Le
reste de la décennie est plus sombre : Son fils aîné Regillus
et sa fille Antenais meurent, suivis par sa femme Regilla, tuée par
l'un de ses affranchis. Il fait bâtir en l'honneur de cette dernière
l'odéon qui porte aujourd'hui son nom à Athènes, le Triopion
(sanctuaire à Déméter) de la via Appia, non loin du tombeau de
Cæcilia Metella, ainsi que la fontaine Pirène à Corinthe.
Malgré
tout, la rumeur l'accuse d'avoir fait tuer sa femme. Bradua, frère
de Regilla, porte plainte, mais il est acquitté. Enfin, sa dernière
fille, Elpinice, meurt en 161.
« Ci-gît
Hérode de Marathon, fils d'Atticus. Sa dépouille repose dans ce
tombeau, sa renommée parcourt le monde. »
L'un
de ses disciples, Adrien de Tyr, est chargé de prononcer son oraison
funèbre.
Hérode
était connu pour ses nombreuses liaisons pédérastiques. Son amour
pour son fils adoptif Polydeukion est un objet de scandale, non pas
en raison de l’âge ou du sexe du garçon, mais plutôt à cause de
son intensité, considérée comme excessive et indécente.
Quand
l’adolescent meurt prématurément, Hérode, comme Hadrien a fait
pour Antinoüs, fait faire des statues et des monuments en son
honneur. Hérode Atticus est connu pour sa façon d'apprendre
l'alphabet à son fils... Il demande au précepteur de son fils de
faire défiler devant lui d'immenses panneaux de bois où sont
peintes les 24 lettres de l'alphabet portées par des esclaves... Il
embellit plusieurs cités Grecques dont Alexandrie de Troade et
Athènes où il fait construire le stade et un Odéon adossé à
l'Acropole, dont il reste de belles ruines. Construit en 161 au pied
de l’Acropole, sur sa pente sud, par Hérode Atticus lui-même. Dès
le début, la fonction principale de ce théâtre est d’être le
lieu de représentations de pièces de théâtre et d’œuvres
musicales.
Le
théâtre peut accueillir jusqu’à 5 000 personnes, ce qui est peu
finalement à l’époque comparé à la population d’Athènes qui
se chiffre à 290 000 habitants environ.
Cependant
ses excellentes capacités acoustiques font de lui un lieu de
représentations exceptionnel. Par ailleurs, la scène, en marbre
blanc, est très large (35 mètres de diamètre) donc visible par
chacun... Malheureusement, le théâtre est tombé en ruines après
la mort d’Hérode, car plus personne ne s’en est occupé. Seul le
grand mur de pierres qui supportait la partie arrière des gradins
est resté intact.
Par
la suite, la scène et l’amphithéâtre ont été rénovés (en
marbre afin de reconstruire à l’identique)... De nos jours, le
théâtre d’Hérode Atticus est utilisé pour différents
spectacles : Opéras, danses, pièces de théâtre, tragédies…
Il
est surtout le lieu principal du festival d’Athènes qui se
déroule chaque année entre mai et septembre. C’est en grande
partie grâce à ce festival que le théâtre a acquis une renommée
mondiale.
C’est
le plus important des théâtres de la Grèce antique ! Situé
au sud de l’Acropole, on le considéré comme le berceau de la
tragédie (et du théâtre en général).
Il
a été baptisé « théâtre de Dionysos » car chaque année on
fête le Dieu, par des chants, des danses, des pièces de théâtre
et des sacrifices. C’est également ici que sont jouées par la
suite les grandes tragédies d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide.
Construit
au Ve siècle avant JC, le théâtre ne comporte au début qu’une
«
orchestra » en terre battue (là où l’on trouve le chœur, les
danseurs et les musiciens) et une scène en bois.
Les
spectateurs s’assoient donc à même le sol, sur la pente naturelle
du lieu. Les gradins en bois seront construit bien plus tard,
remplacés ensuite par de la pierre. La scène et l’orchestre sont
également reconstruits, en marbre cette fois.
Malgré
toutes les largesses de son père, malgré les bienfaits dont il a
lui-même comblé les Athéniens, Hérode n'est pas populaire dans
tous les milieux à Athènes. Un parti hostile où se rangent tous
ceux qu'indisposaient ses allures de despote, tous les envieux aussi,
peut-on ajouter, que son talent et son immense fortune reléguaient
au second plan, se liguent contre lui.
D'après
Philostrate, l'opposition commence lorsque les deux Quintilii
gouvernent l'Achaïe et elle et encouragée par eux.
Ces
Quintilii deux frères, Sextus Quintilius Condianus et Sextus
Quintilius Valerius Maximus, originaires d'Alexandria Troas, unis
dans l'amitié comme dans les honneurs, parviennent tous deux au
consulat en 151, ils gouvernent ensemble l'Achaïe, peu de temps
avant, sans doute vers 148-150, Condianus au titre de proconsul,
Maximus comme légat de son frère ou comme corrector, on ne sait au
juste.
Ce
qui est sûr, c'est que les deux frères qui s'entendent si bien,
s'arrangent fort mal avec Hérode, qui sait d'ordinaire flatter les
gouverneurs de la province pour en obtenir ce qu'il veut.
Du
temps de Philostrate, on ne connaît déjà plus très bien les
causes de ce dissentiment... La plupart prétendent qu'il est issu
d'une discussion qui a surgi lors des jeux Pythiques, entre Hérode
et les Quintilii, qui n'ont pas les mêmes goûts en musique.
Il
faut entendre, sans doute, qu'ils fassent tous trois partie du jury
chargé de décerner les prix du concours musical et qu'ils ne
s'accordent point à ce sujet. Nous ne savons si ces jeux Pythiques
ont lieu pendant le proconsulat de Condianus. Philostrate n'en dit
rien mais c'est vraisemblable :
D'autres
prétendent que les Quintilii en veulent à Hérode d'avoir, par une
allusion homérique très transparente, reproché à Marc-Aurèle de
les combler d'honneurs : « Je blâme, le Zeus d'Homère d'aimer
les Troyens. Mais cette raison n'est sûrement pas la vraie. Ce mot
d'Hérode accentue peut-être la brouille, elle ne la provoque pas.
La
chronologie interdit pareille supposition il est sûr que les 2
frères doivent être mal disposés pour Hérode avant 161, avant
l'accession au trône de Marc-Aurèle, et l'on ne peut, sans
solliciter le texte de Philostrate, supposer que Marc-Aurèle, n'est
encore qu'héritier présomptif au moment où Hérode le blâme.
Pour
Philostrate, la vraie raison serait la suivante. Lorsque les
Quintilii gouvernent l'Achaïe, les Athéniens, réunis en assemblée
se plaignent d'être tyrannisés par Hérode, qui a, semble-t-il,
hérité du caractère de son grand-père, et demandent que leurs
doléances soient transmises aux oreilles impériales.
Les
deux frères s'empressent de leur donner satisfaction, par
commisération pour le peuple Athénien, nous assure le biographe
mais sans doute plutôt parce qu'ils haïssent déjà Hérode et
qu'ils ne veulent pas laisser échapper cette occasion de se venger.
En
tout cas, ajoute Philostrate, c'est après cette assemblée que
surgissent les Démostratos, les Praxagoras et les Mamertinus et
beaucoup d'autres qui constituent un parti politique opposé à
Hérode.
Nous
n'avons pas conservé de ces statues d'Achille, de Memnon et de
Polydeukion mais il nous est parvenu une série d'Hermès décapités
portant leurs noms et des imprécations semblables à celles que
mentionne Philostrate. Même, on a réussi, à identifier avec
Memnon, qui est Éthiopien, comme le disent les textes et son nom,
une magnifique tête de nègre du Musée de Berlin, trouvée dans une
des propriétés d'Hérode, en Cynurie.
Ces
Hermès n'ont pas été placés au hasard : Ils rappellent à Hérode
les endroits où il s'est arrêté avec ses disciples pour converser,
pour se baigner, pour chasser, pour manger et pour boire. La plupart
sont dédiés à Polydeukion, cousin plus jeune d'Hérode, sinon,
comment s'expliquer pourquoi Hérode dit qu'il l'aime comme un fils,
dans la dédicace de la statue, votée par le dème de Rhamnonte et
consacrée à Némésis, qu'il érige à son disciple en souvenir
d'un sacrifice qu'ils ont offert en commun à cette déesse.
POLYDEUKION |
Hérode,
écrit Lucien, ne peut oublier Polydeukion, mort prématurément.
Pour se donner l'illusion qu'il est encore en vie, il continue à
faire atteler son char, et à lui faire servir ses repas.
Le
philosophe Démonax, le même qui vient consoler Hérode lorsqu'il
perd son fils, vient alors trouver le sophiste et lui déclare porter
d'une lettre de Polydeukion. Hérode, croyant que le philosophe lui
apporte, après beaucoup d'autres, ses condoléances, lui demande :
Dis-moi Démonax, ce que Polydeukès désires... Il te reproche de
n'être pas encore allé le rejoindre, lui fut-il répondu,
spirituelle répartie pour calmer la douleur d'Hérode ou tout au
moins en refréner l'excès.
Hérode
trouve le moyen de se concilier les gouverneurs de la province. De
plus, il est l'ami personnel de Lucius Verus qui a été son disciple
et qu'il l'a reçu chez lui lorsqu'il se rend, sans empressement, en
Orient, pour y combattre les Parthes, accompagné de chanteurs et de
musiciens, s'arrêtant partout en route et notamment à Corinthe et à
Athènes.
Les
ennemis d'Hérode ne songent sans doute pas à l'attaquer trop
ouvertement du vivant de Lucius Verus : On le sait très lié avec
cet empereur, si bien que Marc-Aurèle va même jusqu'à soupçonner
Hérode d'être de connivence avec Verus pour intriguer contre lui.
Ce
n'est que plusieurs années, après la mort de Lucius Verus, survenue
au début de 169, qu'Hérode se voit obligé de porter l'affaire
devant la justice, les attaques de ses ennemis ayant sans doute
redoublé de violence, après la disparition de l'impérial ami du
sophiste.
Donc
Hérode intente un procès à Démostratos et à ses amis, les
accusant d'exciter le peuple contre lui. La plainte est adressée au
gouverneur de la province, qui doit la transmettre à l'empereur
comme les Quintilii l'ont fait autrefois pour les doléances des
Athéniens. En tout cas, nous dit Philostrate, les accusés prennent
les devants et quittent secrètement Athènes, pour devancer Hérode
auprès de l'empereur
La
cause de Démostratos et de ses amis est gagnée. Non seulement il
est acquitté, mais l'empereur, ne voulant pas atteindre Hérode,
tourne du moins sa colère contre ses affranchis. Une fois encore,
ces affranchis sont impliqués dans l'affaire comme ils l'ont été
lors des deux premiers procès plaidés à Rome.
C'est
eux qui ont les instruments de la tyrannie qu'on reproche à Hérode
: Sans doute abusant de leur qualité de citoyens Romains, se
montrent-ils plus insolents encore que leur patron, en trop fidèles
serviteurs d'un maître autoritaire et qu'ils s'imaginent tout
puissant. Toutefois, Marc-Aurèle rend un jugement digne d'un
philosophe.
Ainsi
se termine cette retentissante affaire. Il nous reste à essayer d'en
préciser la date. Les opinions varient considérablement à ce
sujet. Ce qui est sûr, c'est qu'elle se place après la mort de
Lucius Verus, au début de 169, et avant 176, année où Faustine
meurt.
En
outre, la guerre contre les Marcomans et les Quades est terminée :
L'empereur a déjà transporté son quartier général de Carnuntum,
où il est resté 3 ans, c'est-à-dire jusqu'en 173, à Sirmium, pour
combattre les Sarmates. On ne saurait, en tout cas, descendre plus
bas que juillet ou août 175, moment où Marc-Aurèle quitte Sirmium
pour l'Orient.
Enfin,
il résulte de la correspondance de Marc-Aurèle et d'Hérode que le
procès est de peu antérieur à 176.
Après
ce procès, Hérode tombe malade, il doit s'arrêter à Orikon, en
Épire. Y séjournant pendant quelque temps : Non seulement il
agrandit Orikon mais son absence se prolonge au point qu'on répand
le bruit qu'il a été exilé par l'empereur.
Rentré
à Athènes, il écrit à Marc-Aurèle non pour s'excuser de ses
intempérances de langage au cours du procès mais pour reprocher à
Marc-Aurèle son silence : Il lui écrit jusqu'à 3 fois par jour.
Dans
sa réponse, de peu postérieure à la mort de Faustine, en 176, il
lui écrit non comme un juge mais comme un ami... Il regrette d'avoir
été obligé de condamner les excès commis par les affranchis du
sophiste et il ajoute, donc, ne sois pas fâché contre moi.
Si
je t'ai causé et te cause encore de la peine, demande m'en raison
dans le temple d'Athéna à Athènes, lors des mystères. Car j'ai
fait le vœu, au plus fort de la guerre, de m'initier. Et je souhaite
de t'avoir pour mystagogue. On ne peut croire que la lettre qui lui
vaut cette réponse ait été écrite par Hérode bien longtemps
après le procès. Celui-ci n'est sûrement pas postérieur, nous
l'avons dit, à 175 nous croirions volontiers qu'il a lieu l'été de
cette année ou, plutôt de la précédente, les circonstances de la
mort des filles d'Alkimédon, foudroyées lorsqu'elles sont couchées
au sommet d'une tour ne permettent pas de croire qu'elles ont péri
en hiver.
MAQUETTE DE L’ODÉON |
D'autre
part, il faut laisser entre le procès et 176, année de la reprise
des relations épistolaires entre Hérode et l'empereur, un
intervalle assez long pour y placer le séjour prolongé du
sophiste à Orikon...
Les
Athéniens ne tardent pas à regretter Hérode, sa gloire et ses
largesses manquent L4à ses concitoyens, il faut croire que la plupart
d'entre eux ne lui tiennent pas rigueur d'avoir été tyrannisés et
que l'opposition ne groupe guère que quelques grandes familles
jalouses du sophiste car ils lui font une réception vraiment
triomphale lorsqu'il se décide à rentrer à Athènes.
Philostrate,
chose étrange, n'en dit rien. Tout Athènes se porte à sa rencontre
sur la Voie Sacrée : Il n'est pas douteux que c'est officiellement,
à la suite de décrets votés par le Peuple, le Sénat et
l'Aréopage.
En
tête du cortège viennent les statues des dieux, Athéna, Aphrodite,
et les prêtres aux longs cheveux et en costume d'apparat.
Puis
c'est un chœur de jeunes garçons et les éphèbes vêtus de
chlamydes blanches que le sophiste leur a données, ils sont suivis
par les membres de l'Aréopage et de la Boulé tous en vêtements
blancs.
La
foule des citoyens et des étrangers résidant à Athènes ferme le
cortège. Tous, y compris les femmes et les enfants, ont tenu à se
porter au-devant du sophiste qui arrive d'Éleusis précédé des
statues de Dionysos, dieu des triomphes, et des deux déesses
Eleusiniennes. La déroute des ennemis d'Hérode est complète :
Hérode l'emporte, à Athènes comme à Éleusis, quoique Démostratos
appartienne à une famille sacerdotale où les fonctions de dadouque
sont héréditaires et que le fils de Théodotos devient même
archonte des Kèrykès... La rencontre des deux cortèges a lieu,
nous dit encore l'épigramme, en avant d'Éleusis, dans la plaine de
Thria, à l'endroit où les Rheitoi se jettent dans la mer.
Après
cette réception grandiose, digne d'un souverain, qui a tout l'air
d'une protestation officielle contre le jugement de Sirmium, Hérode
se retire dans ses propriétés à Marathon et à Képhissia. Malgré
son âge avancé, (75 ans ), le sophiste reprend son enseignement :
De tous les points du monde antique, la jeunesse accourt pour
l'entendre.
C'est
à peu près le moment où Avidius Cassius se pose en compétiteur de
Marc-Aurèle. Hérode lui écrit alors ce laconique billet : Hérode
à Cassius. Tu es fou.
Mais
si Cassius écrit à Hérode, il se trompe en escomptant son appui.
Hérode montre qu'il n'a pas cessé d'être fidèle à celui qui a
été son disciple, avant de devenir son souverain.
Et
il ne se risque pas dans l'aventure où Cassius veut l'entraîner.
Peu
de temps après, Marc-Aurèle tenant la promesse qu'il a faite à
Hérode, passe par Athènes avant de rentrer à Rome. Mais, s'il se
fait initier, ce n'est pas Hérode qui est son mystagogue, comme il
le désirait dans la lettre citée. Cependant la réconciliation
entre le maître et son illustre disciple est complète.
C'est
Hérode, passé en quelque sorte grand maître de l'Université, qui
désigne, à la demande de Marc-Aurèle, les titulaires des 4 chaires
officielles de philosophie créées à Athènes par l'empereur et
royalement appointées par lui.
Hérode
ne survit pas longtemps a l'impériale visite. Il meurt de
consomption, à Marathon, à l'âge d'environ 76 ans, c'est-à-dire,
vers 177. Il a donné ordre à ses affranchis de l'inhumer à
Marathon, dans le tombeau qu'il s'y est fait construire, avec son
propre buste, ceux de ses deux disciples impériaux, Marc-Aurèle et
Lucius Verus.
L'identification
de ce tombeau, est certaine grâce au portrait du sophiste récemment
identifié avec certitude, grâce à l'heureuse découverte d'un
Hermès d'Hérode à Corinthe.
Voici
comment l'éditeur décrit ce dernier portrait, malheureusement très
mutilé : C'est un homme d'âge mûr, portant un collier de barbe à
courtes mèches ondulées, la moustache forte et saillante descend en
crochets de chaque côté de la bouche, assez enfoncée, dont la
lèvre inférieure est en retrait prononcé.
Les
cheveux sont courts. Librement arrangées, des boucles qui rappellent
celles de la barbe, couvrent tout le crâne. Le front est plutôt
étroit que large, avec une faible courbure, les cheveux y descendent
assez bas, par petites mèches, surtout au milieu du front, et sont
ramenés aussi sur les tempes. Par sa forme, par ses rides légères,
ce front donne à la figure un air sérieux et intelligent.
L’ODÉON D’HÉRODE ATTICUS |
Les
grands yeux, allongés en amande sous les arcades sourcilières,
rehaussent cette expression et donnent aussi un caractère un peu
rêveur à la physionomie. Les pupilles forment à peu près des
demi-cercles, de même que l'iris, de sorte que le regard semble
dirigé légèrement en haut. Malheureusement, le nez est totalement
brisé, il semble du moins qu'il était fin à sa naissance, assez
large à sa base. Quant aux lèvres, elles sont minces et serrées,
ce qui paraît convenir à un homme éloquent, à un rhéteur dont la
causerie séduit.
Hérode Atticus — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hérode_Atticus
Hérode
Atticus (grec ancien : Ἡρώδης
ὁ Ἀττικός), de son nom romain Lucius Vibullius .....
Catégories : Personnalité du IIe siècle · Rhéteur · Rhétorique
grecque · Consul de l'Empire romain · Pédérastie · Naissance en
101 · Décès en 176.
| [+].
Le théâtre d'Hérode Atticus : - Athènes - Azurever
www.azurever.com
› Grèce › Athènes
Le théâtre
d'Hérode Atticus,
aussi appelé odéon d'Hérode
Atticus, a été construit en 161
après JC au pied de l'Acropole, sur sa pente sud, par Hérode
Atticus ...
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