mardi 20 décembre 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 176

10 NOVEMBRE 2016...


Cette page concerne l'année 176 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE PHILOSOPHE HÉRODE ATTICUS.




HERODE ATTICUS
Hérode Atticus (grec ancien : Ἡρώδης ὁ Ἀττικός), de son nom romain Lucius Vibullius Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes, né à Marathon en 101, mort en 177, est un rhéteur Grec célèbre pour sa fortune et pour ses actions de mécénat public.
Il nous est principalement connu par :
Philostrate dans ses Vies des Sophistes (livre II),
Aulu-Gelle dans ses Nuits attiques et
Fronton dans sa correspondance.

Hérode Atticus naît en 101, sous le règne de Trajan. Sa famille, Céryce Athénienne, est immensément riche et prétend descendre de Miltiade et Cimon, et même du héros Éaque. Depuis l'époque Julio-Claudienne, elle jouit également de la citoyenneté Romaine.
Son grand-père, Tiberius Claudius Hipparchus, banquier renommé pour sa richesse, estimée à 100 millions de sesterces, a été condamné au suicide et à la confiscation de ses biens par l'empereur Vespasien... Il a néanmoins réussi à en dissimuler la plus grande partie, qui est retrouvée par son fils, Tiberius Claudius Atticus Herodes, après l'accession de Nerva. L'empereur lui permet de conserver ce trésor. Il accroît encore la fortune familiale en épousant la riche Vibullia Alcia Agrippina. Il est coopté au Sénat Romain avec le rang d'ex-préteur par Trajan et nommé archiereus, c'est-à-dire grand-prêtre du culte impérial.

Sa jeunesse est mal connue. À une date indéterminée, il accompagne à Rome son père, nommé Consul suffect, ce qui lui permet d'apprendre le latin. De retour à Athènes, il apprend la philosophie auprès d'un platonicien, Taurus de Tyr. Aulu-Gelle, contemporain d'Hérode, rapporte les plaintes de Taurus, dont les élèves ne lisent Platon que pour apprendre l'éloquence, et non la sagesse. Il est destiné très jeune à une carrière de rhéteur.
La seconde sophistique atteint alors son apogée. Atticus fait appel à Secundos d'Athènes pour enseigner l'art oratoire à son fils. Il invite également le célèbre sophiste Scopélianos à démontrer son art dans sa résidence de campagne, le jeune Hérode parvient si bien à imiter son invité que son père lui offre la somme considérable de 50 talents...Contre 15 à l'orateur.
Il étudie aussi avec Favorinus d'Arles et le critique Munatius de Tralles, qui resteront des amis proches.

En 117, Trajan meurt et Hadrien, philhellène notoire, accède au trône impérial. Hérode Atticus, âgé d'à peine 17 ans, est envoyé en délégation auprès du nouvel Empereur alors que celui-ci hiverne avec ses troupes en Pannonie... Intimidé, le jeune homme ne parvient pas à terminer son discours, rouge de honte, il menace alors de se jeter dans le Danube. Il poursuivra cependant ses études jusqu'à la trentaine.
Hérode obtient sa première charge publique en 122 : Il devient agoranome, c'est-à-dire chargé de la surveillance des prix des denrées agricoles.

En 126-127, nommé archonte éponyme, les éphèbes du gymnase et la cité lui consacrent une statue en remerciement pour ses actions de mécénat. L'année suivante, Hadrien effectue une seconde visite à Athènes. Son lieu de résidence n'est pas connu avec certitude, mais probablement l'Empereur ayant séjourné chez les Hérodiens, à cette date, ce dernier reçoit le rang sénatorial et figure officiellement parmi les amis de l'empereur (inter amicos, titre donné aux conseillers impériaux).

Vers 131, il commence le cursus honorum Romain par la charge de questeur de l'empereur. 3 ans plus tard, il devient préteur.
Parallèlement, Hérode commence à se faire connaître comme orateur et comme professeur de rhétorique. Il compte notamment parmi ses élèves Marc Aurèle, le futur Empereur.

En 135, institué corrector (inspecteur des finances impériales) des cités libres d'Asie mineure, il en profite pour visiter à Smyrne l'orateur Polémon de Laodicée, qui déclame devant lui, et reçoit en récompense la généreuse somme de 250 000 drachmes. Il se consacre particulièrement à Alexandrie de Troade, dépensant plus du double du budget approuvé par Hadrien pour la construction d'un aqueduc.
Alors que l'Empereur se plaint à Atticus de ces dépenses, ce dernier répond qu'il n'y a pas lieu de s'en faire et prend en charge la différence. Au sortir de sa charge, Hérode se consacre de nouveau à la rhétorique.

En 137-138, le père d'Hérode meurt. Il laisse derrière lui un testament qui octroie à chaque citoyen Athénien mâle une rente annuelle d'une mine, ce qui représente, pour 12 000 bénéficiaires, un capital de 24 millions de drachmes investies à 5 %. Hérode conteste aussitôt le testament, se fondant sur le fait qu'une donation faite par un citoyen Romain à un non-citoyen doit revêtir la forme d'un fidéicommis, que l'exécuteur testamentaire a du reste le droit d'ignorer.
Fort de ce point de droit, il propose un compromis : Un versement unique de 5 mines en lieu et place de la rente annuelle. Les Athéniens acceptent, mais pour voir défalquer du montant promis les dettes qu'eux-mêmes et leurs ancêtres ont contractées vis-à-vis de la banque hérodienne.

En définitive, très peu de citoyens bénéficient du testament de feu Atticus. Il semble même que, dans la foulée, Hérode annule des legs prévus par son père pour diverses liturgies (formes de mécénat public). Philostrate souligne que les Athéniens « ont eu le sentiment d'avoir été spoliés de leur héritage et n'ont jamais cessé de haïr Hérode ». Un procès sera même intenté à Rome contre lui. Hérode est finalement acquitté, peut-être grâce à ses liens avec Marc Aurèle, fils adoptif du nouvel empereur Antonin le Pieux.

En 139, toutefois, Hérode est choisi pour présider la commission des Grandes Panathénées, sans doute parce que les Athéniens ne peuvent se permettre d'évincer un homme aussi riche des liturgies.
À cette occasion, il fait rénover le stade Panhellénique en marbre blanc, ce qui fait dire à certains citoyens que le nom est bien mérité, puisque le bâtiment a été financé avec l'argent de tous les Athéniens.
POLYDEUKION
Dans le même temps, il épouse Appia Annia Regilla, apparentée aux Antonins, qui lui donne 5 enfants, dont 2 fils, Bradua et Regillus.

En 143, Hérode est nommé consul ordinaire, peut-être en remerciement pour l'éducation de Marc Aurèle. À sa sortie de charge, il assiste aux Grandes Panathénées dans son nouveau stade Panhellénique.

En 147, Hérode reconstruit de même le stade des jeux Pythiques, en remerciement, la cité de Delphes consacre des statues à toute sa famille, à l'exception de son second fils Bradua, peu doué pour les lettres et pour lequel il n'a que peu de sympathie. Sa déception vis-à-vis de Bradua explique peut-être l'adoption par Hérode de 3 jeunes gens, Achille, Memnon et Polydeukion. Tous 3 trouveront la mort avant 150. Hérode en est violemment affecté, en particulier pour Polydeukion, son préféré, mort en 147. Ses discours reçoivent un accueil enthousiaste lors des Jeux olympiques de 153 : La foule l'acclame comme un second Démosthène.
Sa femme reçoit la prêtrise de Déméter Chamyne, qui lui permet d'être la seule femme mariée à pouvoir regarder les Jeux. Ravi, il finance la construction d'un aqueduc reliant l'Alphée à Olympie, ainsi que d'un nymphée.

Le reste de la décennie est plus sombre : Son fils aîné Regillus et sa fille Antenais meurent, suivis par sa femme Regilla, tuée par l'un de ses affranchis. Il fait bâtir en l'honneur de cette dernière l'odéon qui porte aujourd'hui son nom à Athènes, le Triopion (sanctuaire à Déméter) de la via Appia, non loin du tombeau de Cæcilia Metella, ainsi que la fontaine Pirène à Corinthe.
Malgré tout, la rumeur l'accuse d'avoir fait tuer sa femme. Bradua, frère de Regilla, porte plainte, mais il est acquitté. Enfin, sa dernière fille, Elpinice, meurt en 161.

Hérode meurt de la tuberculose à la fin de 177. Il a lui-même rédigé son épitaphe :
« Ci-gît Hérode de Marathon, fils d'Atticus. Sa dépouille repose dans ce tombeau, sa renommée parcourt le monde. »
L'un de ses disciples, Adrien de Tyr, est chargé de prononcer son oraison funèbre.
Hérode était connu pour ses nombreuses liaisons pédérastiques. Son amour pour son fils adoptif Polydeukion est un objet de scandale, non pas en raison de l’âge ou du sexe du garçon, mais plutôt à cause de son intensité, considérée comme excessive et indécente.
Quand l’adolescent meurt prématurément, Hérode, comme Hadrien a fait pour Antinoüs, fait faire des statues et des monuments en son honneur. Hérode Atticus est connu pour sa façon d'apprendre l'alphabet à son fils... Il demande au précepteur de son fils de faire défiler devant lui d'immenses panneaux de bois où sont peintes les 24 lettres de l'alphabet portées par des esclaves... Il embellit plusieurs cités Grecques dont Alexandrie de Troade et Athènes où il fait construire le stade et un Odéon adossé à l'Acropole, dont il reste de belles ruines. Construit en 161 au pied de l’Acropole, sur sa pente sud, par Hérode Atticus lui-même. Dès le début, la fonction principale de ce théâtre est d’être le lieu de représentations de pièces de théâtre et d’œuvres musicales.
Le théâtre peut accueillir jusqu’à 5 000 personnes, ce qui est peu finalement à l’époque comparé à la population d’Athènes qui se chiffre à 290 000 habitants environ.
Cependant ses excellentes capacités acoustiques font de lui un lieu de représentations exceptionnel. Par ailleurs, la scène, en marbre blanc, est très large (35 mètres de diamètre) donc visible par chacun... Malheureusement, le théâtre est tombé en ruines après la mort d’Hérode, car plus personne ne s’en est occupé. Seul le grand mur de pierres qui supportait la partie arrière des gradins est resté intact.
Par la suite, la scène et l’amphithéâtre ont été rénovés (en marbre afin de reconstruire à l’identique)... De nos jours, le théâtre d’Hérode Atticus est utilisé pour différents spectacles : Opéras, danses, pièces de théâtre, tragédies…
Il est surtout le lieu principal du festival d’Athènes qui se déroule chaque année entre mai et septembre. C’est en grande partie grâce à ce festival que le théâtre a acquis une renommée mondiale.

C’est le plus important des théâtres de la Grèce antique ! Situé au sud de l’Acropole, on le considéré comme le berceau de la tragédie (et du théâtre en général).
Il a été baptisé « théâtre de Dionysos » car chaque année on fête le Dieu, par des chants, des danses, des pièces de théâtre et des sacrifices. C’est également ici que sont jouées par la suite les grandes tragédies d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide.
Construit au Ve siècle avant JC, le théâtre ne comporte au début qu’une
« orchestra » en terre battue (là où l’on trouve le chœur, les danseurs et les musiciens) et une scène en bois.
Les spectateurs s’assoient donc à même le sol, sur la pente naturelle du lieu. Les gradins en bois seront construit bien plus tard, remplacés ensuite par de la pierre. La scène et l’orchestre sont également reconstruits, en marbre cette fois.

Malgré toutes les largesses de son père, malgré les bienfaits dont il a lui-même comblé les Athéniens, Hérode n'est pas populaire dans tous les milieux à Athènes. Un parti hostile où se rangent tous ceux qu'indisposaient ses allures de despote, tous les envieux aussi, peut-on ajouter, que son talent et son immense fortune reléguaient au second plan, se liguent contre lui.
D'après Philostrate, l'opposition commence lorsque les deux Quintilii gouvernent l'Achaïe et elle et encouragée par eux.
Ces Quintilii deux frères, Sextus Quintilius Condianus et Sextus Quintilius Valerius Maximus, originaires d'Alexandria Troas, unis dans l'amitié comme dans les honneurs, parviennent tous deux au consulat en 151, ils gouvernent ensemble l'Achaïe, peu de temps avant, sans doute vers 148-150, Condianus au titre de proconsul, Maximus comme légat de son frère ou comme corrector, on ne sait au juste.
Ce qui est sûr, c'est que les deux frères qui s'entendent si bien, s'arrangent fort mal avec Hérode, qui sait d'ordinaire flatter les gouverneurs de la province pour en obtenir ce qu'il veut.
Du temps de Philostrate, on ne connaît déjà plus très bien les causes de ce dissentiment... La plupart prétendent qu'il est issu d'une discussion qui a surgi lors des jeux Pythiques, entre Hérode et les Quintilii, qui n'ont pas les mêmes goûts en musique.
Il faut entendre, sans doute, qu'ils fassent tous trois partie du jury chargé de décerner les prix du concours musical et qu'ils ne s'accordent point à ce sujet. Nous ne savons si ces jeux Pythiques ont lieu pendant le proconsulat de Condianus. Philostrate n'en dit rien mais c'est vraisemblable :

D'autres prétendent que les Quintilii en veulent à Hérode d'avoir, par une allusion homérique très transparente, reproché à Marc-Aurèle de les combler d'honneurs : « Je blâme, le Zeus d'Homère d'aimer les Troyens. Mais cette raison n'est sûrement pas la vraie. Ce mot d'Hérode accentue peut-être la brouille, elle ne la provoque pas.
La chronologie interdit pareille supposition il est sûr que les 2 frères doivent être mal disposés pour Hérode avant 161, avant l'accession au trône de Marc-Aurèle, et l'on ne peut, sans solliciter le texte de Philostrate, supposer que Marc-Aurèle, n'est encore qu'héritier présomptif au moment où Hérode le blâme.

Pour Philostrate, la vraie raison serait la suivante. Lorsque les Quintilii gouvernent l'Achaïe, les Athéniens, réunis en assemblée se plaignent d'être tyrannisés par Hérode, qui a, semble-t-il, hérité du caractère de son grand-père, et demandent que leurs doléances soient transmises aux oreilles impériales.
Les deux frères s'empressent de leur donner satisfaction, par commisération pour le peuple Athénien, nous assure le biographe mais sans doute plutôt parce qu'ils haïssent déjà Hérode et qu'ils ne veulent pas laisser échapper cette occasion de se venger.
En tout cas, ajoute Philostrate, c'est après cette assemblée que surgissent les Démostratos, les Praxagoras et les Mamertinus et beaucoup d'autres qui constituent un parti politique opposé à Hérode.

Nous n'avons pas conservé de ces statues d'Achille, de Memnon et de Polydeukion mais il nous est parvenu une série d'Hermès décapités portant leurs noms et des imprécations semblables à celles que mentionne Philostrate. Même, on a réussi, à identifier avec Memnon, qui est Éthiopien, comme le disent les textes et son nom, une magnifique tête de nègre du Musée de Berlin, trouvée dans une des propriétés d'Hérode, en Cynurie.

Ces Hermès n'ont pas été placés au hasard : Ils rappellent à Hérode les endroits où il s'est arrêté avec ses disciples pour converser, pour se baigner, pour chasser, pour manger et pour boire. La plupart sont dédiés à Polydeukion, cousin plus jeune d'Hérode, sinon, comment s'expliquer pourquoi Hérode dit qu'il l'aime comme un fils, dans la dédicace de la statue, votée par le dème de Rhamnonte et consacrée à Némésis, qu'il érige à son disciple en souvenir d'un sacrifice qu'ils ont offert en commun à cette déesse.

POLYDEUKION
Hérode, écrit Lucien, ne peut oublier Polydeukion, mort prématurément. Pour se donner l'illusion qu'il est encore en vie, il continue à faire atteler son char, et à lui faire servir ses repas.
Le philosophe Démonax, le même qui vient consoler Hérode lorsqu'il perd son fils, vient alors trouver le sophiste et lui déclare porter d'une lettre de Polydeukion. Hérode, croyant que le philosophe lui apporte, après beaucoup d'autres, ses condoléances, lui demande : Dis-moi Démonax, ce que Polydeukès désires... Il te reproche de n'être pas encore allé le rejoindre, lui fut-il répondu, spirituelle répartie pour calmer la douleur d'Hérode ou tout au moins en refréner l'excès.

Hérode trouve le moyen de se concilier les gouverneurs de la province. De plus, il est l'ami personnel de Lucius Verus qui a été son disciple et qu'il l'a reçu chez lui lorsqu'il se rend, sans empressement, en Orient, pour y combattre les Parthes, accompagné de chanteurs et de musiciens, s'arrêtant partout en route et notamment à Corinthe et à Athènes.
Les ennemis d'Hérode ne songent sans doute pas à l'attaquer trop ouvertement du vivant de Lucius Verus : On le sait très lié avec cet empereur, si bien que Marc-Aurèle va même jusqu'à soupçonner Hérode d'être de connivence avec Verus pour intriguer contre lui.
Ce n'est que plusieurs années, après la mort de Lucius Verus, survenue au début de 169, qu'Hérode se voit obligé de porter l'affaire devant la justice, les attaques de ses ennemis ayant sans doute redoublé de violence, après la disparition de l'impérial ami du sophiste.
Donc Hérode intente un procès à Démostratos et à ses amis, les accusant d'exciter le peuple contre lui. La plainte est adressée au gouverneur de la province, qui doit la transmettre à l'empereur comme les Quintilii l'ont fait autrefois pour les doléances des Athéniens. En tout cas, nous dit Philostrate, les accusés prennent les devants et quittent secrètement Athènes, pour devancer Hérode auprès de l'empereur

La cause de Démostratos et de ses amis est gagnée. Non seulement il est acquitté, mais l'empereur, ne voulant pas atteindre Hérode, tourne du moins sa colère contre ses affranchis. Une fois encore, ces affranchis sont impliqués dans l'affaire comme ils l'ont été lors des deux premiers procès plaidés à Rome.
C'est eux qui ont les instruments de la tyrannie qu'on reproche à Hérode : Sans doute abusant de leur qualité de citoyens Romains, se montrent-ils plus insolents encore que leur patron, en trop fidèles serviteurs d'un maître autoritaire et qu'ils s'imaginent tout puissant. Toutefois, Marc-Aurèle rend un jugement digne d'un philosophe.
Ainsi se termine cette retentissante affaire. Il nous reste à essayer d'en préciser la date. Les opinions varient considérablement à ce sujet. Ce qui est sûr, c'est qu'elle se place après la mort de Lucius Verus, au début de 169, et avant 176, année où Faustine meurt.
En outre, la guerre contre les Marcomans et les Quades est terminée : L'empereur a déjà transporté son quartier général de Carnuntum, où il est resté 3 ans, c'est-à-dire jusqu'en 173, à Sirmium, pour combattre les Sarmates. On ne saurait, en tout cas, descendre plus bas que juillet ou août 175, moment où Marc-Aurèle quitte Sirmium pour l'Orient.
Enfin, il résulte de la correspondance de Marc-Aurèle et d'Hérode que le procès est de peu antérieur à 176.

Après ce procès, Hérode tombe malade, il doit s'arrêter à Orikon, en Épire. Y séjournant pendant quelque temps : Non seulement il agrandit Orikon mais son absence se prolonge au point qu'on répand le bruit qu'il a été exilé par l'empereur.
Rentré à Athènes, il écrit à Marc-Aurèle non pour s'excuser de ses intempérances de langage au cours du procès mais pour reprocher à Marc-Aurèle son silence : Il lui écrit jusqu'à 3 fois par jour.
Dans sa réponse, de peu postérieure à la mort de Faustine, en 176, il lui écrit non comme un juge mais comme un ami... Il regrette d'avoir été obligé de condamner les excès commis par les affranchis du sophiste et il ajoute, donc, ne sois pas fâché contre moi.
Si je t'ai causé et te cause encore de la peine, demande m'en raison dans le temple d'Athéna à Athènes, lors des mystères. Car j'ai fait le vœu, au plus fort de la guerre, de m'initier. Et je souhaite de t'avoir pour mystagogue. On ne peut croire que la lettre qui lui vaut cette réponse ait été écrite par Hérode bien longtemps après le procès. Celui-ci n'est sûrement pas postérieur, nous l'avons dit, à 175 nous croirions volontiers qu'il a lieu l'été de cette année ou, plutôt de la précédente, les circonstances de la mort des filles d'Alkimédon, foudroyées lorsqu'elles sont couchées au sommet d'une tour ne permettent pas de croire qu'elles ont péri en hiver.
MAQUETTE DE L’ODÉON
D'autre part, il faut laisser entre le procès et 176, année de la reprise des relations épistolaires entre Hérode et l'empereur, un intervalle assez long pour y placer le séjour prolongé  du sophiste à Orikon...

Les Athéniens ne tardent pas à regretter Hérode, sa gloire et ses largesses manquent L4à ses concitoyens, il faut croire que la plupart d'entre eux ne lui tiennent pas rigueur d'avoir été tyrannisés et que l'opposition ne groupe guère que quelques grandes familles jalouses du sophiste car ils lui font une réception vraiment triomphale lorsqu'il se décide à rentrer à Athènes.
Philostrate, chose étrange, n'en dit rien. Tout Athènes se porte à sa rencontre sur la Voie Sacrée : Il n'est pas douteux que c'est officiellement, à la suite de décrets votés par le Peuple, le Sénat et l'Aréopage.
En tête du cortège viennent les statues des dieux, Athéna, Aphrodite, et les prêtres aux longs cheveux et en costume d'apparat.
Puis c'est un chœur de jeunes garçons et les éphèbes vêtus de chlamydes blanches que le sophiste leur a données, ils sont suivis par les membres de l'Aréopage et de la Boulé tous en vêtements blancs.
La foule des citoyens et des étrangers résidant à Athènes ferme le cortège. Tous, y compris les femmes et les enfants, ont tenu à se porter au-devant du sophiste qui arrive d'Éleusis précédé des statues de Dionysos, dieu des triomphes, et des deux déesses Eleusiniennes. La déroute des ennemis d'Hérode est complète : Hérode l'emporte, à Athènes comme à Éleusis, quoique Démostratos appartienne à une famille sacerdotale où les fonctions de dadouque sont héréditaires et que le fils de Théodotos devient même archonte des Kèrykès... La rencontre des deux cortèges a lieu, nous dit encore l'épigramme, en avant d'Éleusis, dans la plaine de Thria, à l'endroit où les Rheitoi se jettent dans la mer.

Après cette réception grandiose, digne d'un souverain, qui a tout l'air d'une protestation officielle contre le jugement de Sirmium, Hérode se retire dans ses propriétés à Marathon et à Képhissia. Malgré son âge avancé, (75 ans ), le sophiste reprend son enseignement : De tous les points du monde antique, la jeunesse accourt pour l'entendre.
C'est à peu près le moment où Avidius Cassius se pose en compétiteur de Marc-Aurèle. Hérode lui écrit alors ce laconique billet : Hérode à Cassius. Tu es fou.

Mais si Cassius écrit à Hérode, il se trompe en escomptant son appui. Hérode montre qu'il n'a pas cessé d'être fidèle à celui qui a été son disciple, avant de devenir son souverain.
Et il ne se risque pas dans l'aventure où Cassius veut l'entraîner.

Peu de temps après, Marc-Aurèle tenant la promesse qu'il a faite à Hérode, passe par Athènes avant de rentrer à Rome. Mais, s'il se fait initier, ce n'est pas Hérode qui est son mystagogue, comme il le désirait dans la lettre citée. Cependant la réconciliation entre le maître et son illustre disciple est complète.
C'est Hérode, passé en quelque sorte grand maître de l'Université, qui désigne, à la demande de Marc-Aurèle, les titulaires des 4 chaires officielles de philosophie créées à Athènes par l'empereur et royalement appointées par lui.

Hérode ne survit pas longtemps a l'impériale visite. Il meurt de consomption, à Marathon, à l'âge d'environ 76 ans, c'est-à-dire, vers 177. Il a donné ordre à ses affranchis de l'inhumer à Marathon, dans le tombeau qu'il s'y est fait construire, avec son propre buste, ceux de ses deux disciples impériaux, Marc-Aurèle et Lucius Verus.

L'identification de ce tombeau, est certaine grâce au portrait du sophiste récemment identifié avec certitude, grâce à l'heureuse découverte d'un Hermès d'Hérode à Corinthe.
Voici comment l'éditeur décrit ce dernier portrait, malheureusement très mutilé : C'est un homme d'âge mûr, portant un collier de barbe à courtes mèches ondulées, la moustache forte et saillante descend en crochets de chaque côté de la bouche, assez enfoncée, dont la lèvre inférieure est en retrait prononcé.
Les cheveux sont courts. Librement arrangées, des boucles qui rappellent celles de la barbe, couvrent tout le crâne. Le front est plutôt étroit que large, avec une faible courbure, les cheveux y descendent assez bas, par petites mèches, surtout au milieu du front, et sont ramenés aussi sur les tempes. Par sa forme, par ses rides légères, ce front donne à la figure un air sérieux et intelligent.
L’ODÉON D’HÉRODE ATTICUS
Les grands yeux, allongés en amande sous les arcades sourcilières, rehaussent cette expression et donnent aussi un caractère un peu rêveur à la physionomie. Les pupilles forment à peu près des demi-cercles, de même que l'iris, de sorte que le regard semble dirigé légèrement en haut. Malheureusement, le nez est totalement brisé, il semble du moins qu'il était fin à sa naissance, assez large à sa base. Quant aux lèvres, elles sont minces et serrées, ce qui paraît convenir à un homme éloquent, à un rhéteur dont la causerie séduit.

Hérode Atticus — Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hérode_Atticus
Hérode Atticus (grec ancien : Ἡρώδης ὁ Ἀττικός), de son nom romain Lucius Vibullius ..... Catégories : Personnalité du IIe siècle · Rhéteur · Rhétorique grecque · Consul de l'Empire romain · Pédérastie · Naissance en 101 · Décès en 176. | [+].

Le théâtre d'Hérode Atticus : - Athènes - Azurever

www.azurever.com › Grèce › Athènes
Le théâtre d'Hérode Atticus, aussi appelé odéon d'Hérode Atticus, a été construit en 161 après JC au pied de l'Acropole, sur sa pente sud, par Hérode Atticus ...

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