9
NOVEMBRE 2016...
Cette
page concerne l'année 177 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES
MARTYRS DE LYON
BASILIQUE NOTRE DAME DE FOURVIERE |
Le
2 août 177, sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle, à Lyon
(Lugdunum), un groupe de 48 chrétiens, dont l'évêque Pothin,
originaire de Syrie, et une femme nommée Blandine, sont livrés aux
bêtes.
Blandine
est une jeune esclave, au service d'une famille chrétienne. Elle
refuse d'accuser ses maîtres. Non seulement elle endure toutes
sortes de supplices, mais en plus elle encourage les autres.
On
pensait qu'étant une faible femme et une esclave, on pourrait
l'amener plus facilement à renier le Christ. Rien ne lui est
épargné :
Certains,
saisis de crainte, renient le christianisme. Mais finalement, cela ne
sert à rien, ils sont retenus en prison sur d'autres accusations.
Aussi , fortifiés par la prière de Blandine et des autres, ils
confessent à nouveau leur appartenance au Christ. Finalement une
cinquantaine de chrétiens subissent le martyre, et parmi eux, leur
vieil évêque Pothin, âgé de 90 ans.
...Mais
la bienheureuse (Blandine), comme un généreux athlète, renouvelle
dans sa confession, c'est pour elle un réconfort, un repos, un arrêt
dans la souffrance, que de dire : « Je suis chrétienne,
chez nous il ne se fait rien de mal. »... Après les
fouets, après les fauves, après le gril, elle est finalement jetée
dans un filet et livrée à un taureau. Longtemps elle est projetée
par l'animal, mais elle ne sent rien de ce qui lui arrive à cause de
l'espérance et de l'attente de ce en quoi elle a cru et de sa
conversation avec le Christ : elle est sacrifiée elle aussi...
Les païens eux-mêmes avouent que jamais chez eux une femme n'a
souffert d'aussi grandes et d'aussi nombreuses tortures...
(lettre
des Églises de Vienne et de Lyon, citée par Eusèbe de Césarée)
Non contents de ce résultat, les persécuteurs brûlent leurs corps, et jettent les cendres dans le Rhône, pensant ainsi les priver de la résurrection attendue...
Vers
177, le christianisme est une religion non reconnue des autorités
(religio illicita), bien que plus ou moins tolérée dans les faits.
Elle est essentiellement implantée dans les villes de la partie
Orientale de l’Empire Romain.
Le
christianisme est persécuté par l'État Romain de façon sporadique
et non systématique, en des répressions localisées à une cité et
pendant un bref laps de temps.
La
précédente persécution notable (mise en avant par l'histoire
canonique) est localisée en Bithynie et date de Trajan (règne de 98
à 117).
Vers
les années 170, un mouvement chrétien radical apparu en Phrygie, le
montanisme, annonce la fin du monde, prône l’ascétisme, le
martyre, et conteste hiérarchie, État et service militaire. Les
intellectuels chrétiens rejettent le montanisme comme hérétique,
mais le monde Romain ne fait pas la différence.
Simultanément,
les menaces Barbares sur les frontières tendent la situation
politique : En 167-169, puis en 175-180, les chrétiens refusent
de participer aux cérémonies religieuses de soutien à l'Empire
demandées par Marc Aurèle.
À
cette époque, Lyon ou plus exactement Lugdunum est une colonie
Romaine, capitale de la province de Gaule Lyonnaise et siège du
Sanctuaire fédéral des Trois Gaules dédié au culte officiel à
Rome et Auguste, célébré par les représentants des villes
gauloises.
Des
cultes d’origine Orientale sont bien implantés à Lugdunum, comme
le culte de Cybèle, attesté par des autels tauroboliques (à tête
de taureau), et le culte de Dionysos, attesté par des sarcophages
décorés de thèmes dionysiaques.
À
l'époque, le Christianisme, plutôt méconnu, est souvent assimilé
à la religion juive, ou est vu comme une secte juive.
Les
martyrs de Lyon sont révélés par l’historien Eusèbe de Césarée
(vers 260, vers 339) qui cite dans le Ve livre de son Histoire
ecclésiastique une lettre « des Églises de Lyon et de Vienne
aux Églises d’Asie et de Phrygie ».
Eusèbe
reprend de larges passages de cette lettre, mais n'en mentionne pas
l’auteur, que la tradition identifie comme Irénée de Lyon, membre
du groupe des chrétiens de Lyon et ayant échappé à la
persécution.
Cet
auteur est connu pour d’autres écrits, et est cité par Eusèbe un
peu plus loin dans l’Histoire ecclésiastique. Remarquons néanmoins
qu'Eusèbe cite nommément ses sources chaque fois qu'il peut le
faire, l'attribution à Irénée est donc une extrapolation de son
texte.
Par
simplification, l'article mentionne donc cette source sous le terme
de « la lettre ».
Eusèbe
place les événements dans la 17e année de règne de Antoninus
Verus, et lors de l'élection d’Éleuthère comme évêque de Rome.
Si la première indication est l'année 177 sous Marc Aurèle, la
seconde pose problème, car elle contredit la date de 177 :
L'élection d’Éleuthère est datée de 175. Toutefois cette date a
été déduite par un calcul à rebours des durées des épiscopats à
Rome depuis le IIIe siècle. Ces durées sont indiquées en années,
donc arrondies, ce qui a pu induire par addition des durées
successives un biais entre les chronologies.
L'archéologue
Lyonnais Amable Audin donne un argument en faveur de 177 : Un
rescrit de Marc Aurèle et de Commode trouvé en Espagne répond à
la demande des prêtres responsables du culte impérial des Trois
Gaules et autorise ces prêtres à acheter aux autorités des
condamnés de droit commun, pour les mettre à mort en remplacement
des coûteux combats de gladiateurs.
Ce
rescrit est postérieur à l'association de Commode au trône
impérial, fin 176.
Les
exécutions de chrétiens lors de la célébration du culte de Rome
et d’Auguste, ne peuvent donc selon Amable Audin se situer en 175.
Enfin Eusèbe désigne fréquemment les martyrs sous les mots de
« athlètes » ou « lutteurs », combattant
dans l’amphithéâtre contre les ennemis de leur foi.
Selon
la lettre transcrite par Eusèbe, Polycarpe, évêque de Smyrne en
Phrygie envoie en Gaule un groupe dirigé par Pothin et quelques
compagnons, avec mission d’y développer l’implantation du
christianisme.
Le
chapitre I du Ve livre de l’Histoire ecclésiastique débute par
l’évocation d'incidents dans les lieux publics mettant en cause
les chrétiens :
«…
on ne nous a pas seulement chassés des maisons, des bains, de la
place publique, mais encore on nous a interdit de paraître en
quelque lieu que ce soit »
« Les
sévices innombrables que leur inflige la foule entière, ils (les
martyrs) les supportent généreusement : Ils sont insultés,
frappés, traînés par terre, pillés, lapidés, emprisonnés
ensemble, on leur fait subir tout ce qu'une multitude déchaînée a
coutume de faire contre des adversaires et des ennemis »
« Ensuite,
ils sont amenés au forum par le tribun et les magistrats préposés
à la ville, interrogés devant tout le peuple, ils font profession
de leur foi, puis ils sont enfermés dans la prison jusqu'à
l'arrivée du légat. »
Lors
de la comparution devant le légat de la province, un chrétien non
arrêté, Vettius Epagathus se pose en défenseur des inculpés « il
réclame d'être lui aussi entendu en faveur des frères, pour
montrer qu'il n'y a chez nous ni athéisme ni impiété ».
Convaincu d’être chrétien, il est emprisonné à son tour. La
vague d’arrestations se poursuit :
« Chaque jour on arrête ceux qui en sont dignes, pour compléter le nombre des martyrs. Ainsi sont emprisonnés tous les croyants zélés des deux Églises, ceux sur qui principalement reposent les affaires de nos pays.
« Chaque jour on arrête ceux qui en sont dignes, pour compléter le nombre des martyrs. Ainsi sont emprisonnés tous les croyants zélés des deux Églises, ceux sur qui principalement reposent les affaires de nos pays.
On
arrête même quelques païens, serviteurs des nôtres, car le
gouverneur a officiellement ordonné de nous rechercher tous. »
Selon
la réglementation de Trajan, les chrétiens ne doivent pas être
recherchés, le légat ordonne néanmoins des recherches, car il
instruit une affaire de troubles de l’ordre public. La procédure
d’enquête ne reçoit les témoignages d’esclaves que sous la
torture, les esclaves non convertis chargent donc leurs maîtres des
accusations formulées ordinairement contre les chrétiens :
Cannibalisme, inceste, « et de faire ce qu'il ne nous est pas
permis de dire ni même d'imaginer », provoquant l’indignation
générale...
« Toute
la colère de la foule, aussi bien que celle du gouverneur et des
soldats, se concentre sans mesure sur Sanctus, le diacre de Vienne,
et sur Maturus, tout nouvellement baptisé mais généreux athlète,
sur Attale, originaire de Pergame, qui a toujours été la colonne et
le soutien de ceux d'ici, et enfin sur Blandine » mais les
trois précités résistent aux tortures, y compris la fragile
esclave Blandine.
Seuls
une dizaine d’arrêtés renient, malgré cela, ils demeurent
emprisonnés et sont questionnés sous la torture pour témoigner
contre les chrétiens. Une nommée Bilbis revient sur son reniement
et rejoint les martyrs. D’autres revirements de renégats sont
mentionnés à plusieurs reprises dans le texte, qui admet néanmoins
que tous ne reviennent pas sur leur reniement.
La
procédure se prolonge, un certain nombre de prisonniers entassés
dans la prison meurent des suites des mauvais traitements et des
conditions de détention, et parmi eux Pothin, âgé de plus de
quatre-vingt-dix ans...
La
lettre n’indique pas qu’il ait été torturé, mais durement
malmené lors de sa comparution : « Il est alors emmené
et traîné sans pitié, il souffre toutes sortes de coups :
Ceux qui sont près de lui l'outragent de toute manière, des mains
et des pieds, sans aucun respect pour son âge, ceux qui sont loin
lancent sur lui tout ce que chacun a sous la main. Respirant à peine
il est jeté dans la prison et, rend l'âme 2 jours plus tard. »
Maturus,
Sanctus, Blandine et Attale sont torturés et exposés aux fauves
dans l’amphithéâtre.
Sanctus
et Maturus finissent égorgés, tandis que Blandine est dédaignée
des bêtes. L’exécution d’Attale est suspendue par le
gouverneur, qui a appris sa citoyenneté Romaine.
« il écrivit à leur sujet à César, puis il attend sa réponse […]. César répond qu'il faut mettre les uns à la torture, mais libérer ceux qui renient. ».
« il écrivit à leur sujet à César, puis il attend sa réponse […]. César répond qu'il faut mettre les uns à la torture, mais libérer ceux qui renient. ».
L'empereur
Marc Aurèle ou ses services impériaux reprennent donc la
réglementation de Trajan. Le jugement final coïncide avec ce que
l’on peut identifier comme la célébration du culte fédéral de
Rome et d’Auguste, rassemblant les représentants des villes
Gauloises dans le Sanctuaire fédéral des Trois Gaules :
« La
fête solennelle du pays, est très fréquentée et l'on y vient de
toutes les nations, le gouverneur fait avancer les bienheureux au
tribunal d'une manière théâtrale, pour les donner en spectacle aux
foules... Il les interroge donc à nouveau. À ceux qui lui semblent
posséder le droit de cité Romaine, il fait couper la tête, les
autres, il les envoie aux bêtes. »
« Pendant
qu'on les interroge, un certain Alexandre, Phrygien de race, médecin
de profession, établi depuis plusieurs années dans les Gaules,
connu de presque tous, se tient debout auprès du tribunal et par
signes les exhorte à la confession. »
Repéré,
Alexandre comparaît devant le gouverneur et est exécuté dans
l’arène avec Attale. Blandine, accompagnée du jeune Ponticus, est
suppliciée la dernière.
« Les
corps des martyrs sont donc exposés et laissés en plein air durant
6 jours, ensuite, ils sont brûlés et réduits en cendres par les
pervers qui les jettent dans le Rhône ».
Eusèbe
de Césarée ne cite que les principaux noms parmi les victimes, et
évoque l’existence à part de son Histoire ecclésiastique d'une
liste des martyrs et des survivants.
Cette
liste est probablement traduite en latin par Rufin d'Aquilée au
début du Ve siècle en même temps que l'Histoire, recopiée
dans les martyrologes, et parvient à la connaissance de Grégoire de
Tours.
Elle
a été patiemment reconstituée en 1921 par Dom H. Quentin, par
recoupements à partir de différents manuscrits... Elle comporte 48
noms, correspondant à 47 personnes, Vettius étant également nommée
Zacharie. Comme l'indique Eusèbe, elle liste ces personnes selon le
sort qu'elles ont connu :
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Décapités :
22 martyrs, mode d'exécution correspondant à leur qualité de
citoyen Romain dont 11 femmes : Vettius Epaghatus également
nommé Zacharie, Macaire, Alcibiade, Silvius, Primus, Ulpius, Vital,
Comminus, Octobre, Philomène, Geminus, Julie, Albine, Grata,
Rogata, Émilie, Potamia, Pompée, Rodana, Biblis, Quartia, Materne,
Elpis
Mis
à mort dans l'arène : 6 personnes, 5 hommes, Sanctus, Maturus,
Attale, Alexandre et Ponticus, et une femme, Blandine
Mort
en prison : 18 personnes, dont 10 femmes : Pothin, Aristée,
Corneille, Zosime, Tite, Jules, Zotique, Apollon, Geminien, Julie,
Ausone, Émilie, Jamnique, Pompée, Domna, Juste, Trophime et
Antonie.
2
cas sont des exceptions : Vettius Epagathus est compté comme
martyr, mais il n'a pas été exécuté, car la lettre parle de lui
au présent ce qui indique qu'il vit lors de sa rédaction, Peut-être
épargné en raison de son rang social. Quoique sa qualité de
citoyen Romain ait été constatée pour Attale lors d'une première
exposition dans l'amphithéâtre, il y est renvoyé à la demande de
la foule et exécuté.
Une
quatrième liste dont le détail n'est pas connu indique les
survivants, qualifiés par Eusèbe de « confesseurs » et
non de martyrs comme les victimes des 3 premières listes.
Ils
ont admis être chrétiens, mais échappent à la mort. Leur sort
n'est pas connu, la peine de prison n'existant pas dans le droit
romain, ils peuvent aussi bien avoir été relaxés que condamnés
aux mines.
L'étude
des noms indiqués donne des indications d'origine géographique :
La plupart sont des gentilices Romains, un ou peut-être 3 semblent
des noms Celtes, et 16 ou 17, soit un tiers, sont des noms Grecs.
Ces
derniers noms peuvent indiquer une origine Orientale, mais pas de
façon certaine, car la mode est de donner des noms grecs aux
esclaves, quelle que soit leur origine, dénominations qu'ils
conservent une fois affranchis
Mentionnons
pour mémoire la thèse de Jean Colin en 1964, qui situe les
événements en Phrygie et non à Lugdunum.
Aucun
de ses confrères historiens n’a repris cette proposition, et tous
admettent que la persécution s’est déroulée à Lyon...
Rien
dans le texte cité par Eusèbe ne précise l’origine de cette
persécution, ce qui n’a pas empêché diverses propositions.
L'archéologue
Amable Audin a attribué l’origine des événements aux adeptes du
culte de Cybèle, dont la religion promet le salut après la mort à
ses adeptes et est donc en concurrence avec le christianisme.
Les
arguments qui soutiennent cette thèse se basent sur une possible
coïncidence de calendrier religieux, collision entre célébration
chrétienne et célébration de Attis, fils de Cybèle, et cause
d'une exacerbation des tensions religieuses.
Pour
sa démonstration, Amable Audin déroule à rebours la chronologie
des événements à partir du 1er août 177, date connue des
célébrations du culte impérial (culte jugé idolâtre par les
chrétiens qui refusent de le pratiquer) des Trois Gaules et date
d'exécution des derniers condamnés.
Supposant
des durées pour chaque étape du récit, dont l'aller et retour pour
recueillir l'avis des bureaux impériaux, il propose le 30 avril pour
l'arrestation de Pothin, en correspondance avec son décès que la
tradition place le 2 juin, et l'on situe fin mars 177 les premières
arrestations.
Or
cette période est celle de la commémoration de la mort sanglante
d'Attis et de sa renaissance, tandis que la Pâque chrétienne tombe
le 31 mars en l'année 177. Pour Amable Audin, des heurts entre
adeptes échauffés par ces moments d'exaltations religieuses
similaires sont à l'origine des incidents dans les lieux publics
rapportés par Eusèbe et de la répression qui suit.
Amable
Audin s'avoue tenté d'identifier comme lieu d'emprisonnement des
chrétiens les 2 salles voûtées récemment découvertes lors de la
publication de sa théorie, en faisant le rapprochement avec la stèle
funéraire d'un soldat de la XIIIe cohorte urbaine, gardien de
prison, retrouvée dans le même secteur.
Les
salles voûtées qu'Amable Audin veut identifier comme une prison
sont une partie des sous-sols des grands Thermes de la rue des Farges
et servaient de resserre pour le bois de chauffage. Aucun archéologue
Lyonnais n'a suivi Amable Audin dans son interprétation.
SAINTE BLANDINE |
Le
culte de Cybèle est effectivement présent à Lyon, et Amable Audin
lui a accordé une influence considérable dans ses interprétations
sur le sanctuaire de Cybèle. Ses interprétations archéologiques
sont aujourd'hui complètement révisées, ce qui affaiblit quelque
peu sa thèse. Quoique cette attribution soit souvent citée, elle
doit être prise pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une
reconstruction ingénieuse des événements, qui selon Richard et
Pelletier, ne peuvent être retenue
François
Richard et André Pelletier expliquent le déclenchement des
événements par la mauvaise réputation dont pâtissent les
chrétiens à l'époque : Le mépris qu'ils professent envers
les dieux peut être considéré comme dangereux pour la communauté,
et altérer la protection de la pax deorum dont elle bénéficie. De
surcroît, les préjugés classiques au IIe siècle à
l'encontre des chrétiens excitent la colère de la population,
préjugés dont la lettre se fait l'écho en termes détournés
(festin de Thyeste), c'est-à-dire cannibalisme, et inceste digne
d'Œdipe... Une fois amorcée, l'indignation populaire fait boule de
neige.
L'historien
Roger Remondon estime quant à lui que l'implantation chrétienne en
Gaule est trop marginale pour susciter la haine populaire.
Il
considère que d'autres causes ont pu intervenir, comme l'hostilité
contre les Orientaux, ou des tensions entre religions concurrentes.
Il s'agit dans ce contexte plus d'une persécution sociale que
religieuse.
Lyon,
capitale des Gaules, est alors une ville cosmopolite et le
christianisme est une religion d'« immigrés », à peine
implantée parmi les Gallo-Romains : Bon nombre des fidèles
déférés devant le juge portent des noms gréco-orientaux (Attale
est né à Pergame, Alexandre est Phrygien, le nom d'origine grecque
de Pothin semble indiquer une provenance Orientale, Irénée est
originaire d'Asie)... Refusant de participer aux cultes et
sacrifices romains, ils ont pu être vus comme participer au déclin
économique de l'Empire Romain
Pour
Jacques Lasfargues, directeur du pôle archéologique du Rhône, les
seuls préjugés anti-chrétiens ne sont pas une explication
suffisante. Pothin et certains de ses compagnons sont originaires de
Phrygie, berceau du montanisme, branche extrémiste du christianisme.
L’hypothèse d’un prosélytisme provocateur ou d'une recherche du
martyre est donc également envisageable grâce à une relecture
attentive de la lettre des martyrs de Lyon et de Vienne. (
c'est curieux comme cela ressemble aux manœuvres socialistes qui
tentent de nous faire avaler que la religion « d'amour »
n'est pas dangereuse et qu'elle n'est que minoritaire, alors qu'elle
gangrène le monde).
Eusèbe
de Césarée aborde cette question dans ses citations : La
lettre mentionne en effet (et condamne) l’extrême ascétisme d’un
des chrétiens avant et après son arrestation, attitude que l’on
peut rapprocher du montanisme : « Un certain Alcibiade qui
se trouve parmi eux mène une vie tout à fait misérable, […] il
n'use que de pain et d'eau pour nourriture, même en prison, il
essaie de vivre de la sorte.
Attale
[…] apprend par révélation qu'Alcibiade ne fait pas bien de ne
pas se servir des créatures de Dieu et qu'il donne aux autres un
exemple de scandale. Alcibiade est convaincu. »
Eusèbe
précise plus loin que les martyrs de Lyon ont pris leur distance
vis-à-vis de cette fraction « Les disciples de Montanus,
d'Alcibiade et de Théodote commencent précisément alors, en
Phrygie, à répandre auprès de beaucoup leur conception de la
prophétie. […] Comme une dissension existe à leur sujet, les
frères de Gaule à leur tour soumettent leur propre jugement sur
eux, jugement prudent et tout à fait orthodoxe, et ils produisent
différentes lettres des martyrs qui ont achevé leur course parmi
eux »
Après
Eusèbe de Césarée, un second auteur, gallo-romain cette fois,
évoque les martyrs de Gaule.
Bizarrement,
ni Sidoine Apollinaire (430-486) pourtant originaire de Lyon, ni
Victrice de Rouen ne nomment les martyrs de Lyon dans leur liste de
martyrs. Il faut attendre Grégoire de Tours (vers 538 - vers 594)
pour les voir cités dans son « De gloria martyrum »,
livre premier des Sept livres des miracles.
Grégoire
de Tours présente sa grand-mère comme apparentée à Vettius
Epagathus, martyr cité précédemment.
Plus
sûrement, son grand-oncle n’est autre que l’évêque de Lyon,
Nicetius (Saint Nizier).
Disposant
probablement de la traduction latine de la liste des martyrs établie
par Eusèbe de Césarée, Grégoire de Tours énumère 48 noms de
martyrs, morts en prison ou face aux bêtes, en un lieu qu'il nomme
Athanacum, identifié comme Ainay, quartier de Lyon entre le Rhône
et la Saône, et à l'époque de Grégoire, un îlot en aval de
l'amphithéâtre.
Quoique
cet emplacement ne soit pas celui de leur mort, la tradition
Lyonnaise se base sur le texte de Grégoire et associe Ainay aux
martyrs. Elle situe à cet emplacement l’échouage des restes des
martyrs, jetés dans le fleuve après leur supplice.
Toutefois,
une autre localisation est indiquée au IXe siècle par l'évêque
Adon de Vienne, qui affirme que les cendres des martyrs sont
conservées dans l'église des Apôtres, identifiée à l'actuelle
église Saint-Nizier. Un colloque tenu à Ainay en 2007 n'a pu
choisir entre les deux emplacements pour désigner celui qui abrite
ces reliques.
Cet
épisode est retenu comme l’événement fondateur du christianisme
de la Gaule Romaine. À ce titre, il est souvent le seul événement
signalé dans les versions résumées de l’Histoire de France,
entre Vercingétorix et les grandes invasions.
Le
monument Lyonnais le plus ancien commémorant les martyrs de Lyon est
la basilique Saint-Martin d'Ainay, église romane du début du
XIIe siècle, avec une chapelle dédiée à Sainte Blandine,
attestée par une mention dans un missel de 1531, mais bâtie sur une
crypte plus ancienne. Cette chapelle, devenue une sacristie, a été
restaurée en 1844.
Au
XVIIe siècle, un cachot de Saint Pothin a été situé sous
l'ancien hôpital de l'Antiquaille, lorsqu'on a cru que le palais du
gouverneur Romain se trouvait à cet emplacement, et que l'on
identifie comme l'amphithéâtre les gradins voisins, en réalité
les gradins du théâtre.
Malgré
cette identification erronée, une crypte a été aménagée à
proximité en 1893 et décorée de mosaïques murales évoquant les
martyrs de Lyon.
D’autres
monuments Lyonnais construits ou rénovés au XIXe siècle
rappellent cette période et les noms des martyrs :
Lors
du 18 centenaire des martyrs de Lyon, le CNRS a organisé du 20 au 23
septembre 1977 un colloque international à Lyon, dont il a publié
les actes
et
leurs 46 compagnons, martyrs à Lyon (✝ 177)
« La
violence de la persécution a été telle, la fureur des païens
contre les saints et les souffrances endurées par les bienheureux
martyrs ont été si véhémentes que nous ne saurions les décrire
complètement. » Ainsi commence la lettre que les Églises de
Lyon et de Vienne adressent aux Églises d'Asie Mineure au lendemain
de la persécution déclenchée par l'empereur Marc-Aurèle... Nombre
de chrétiens de Lyon et de Vienne sont mis en prison.
Disciple de Polycarpe, Pothin arrive de Smyrne en Asie Mineure vers 140. Il est le premier évêque de Lyon. En 177 il est amené au tribunal, roué de coups et jeté en prison, où il meurt rapidement.
Disciple de Polycarpe, Pothin arrive de Smyrne en Asie Mineure vers 140. Il est le premier évêque de Lyon. En 177 il est amené au tribunal, roué de coups et jeté en prison, où il meurt rapidement.
« Pothin,
venu d’Orient à Lyon, premier évêque de cette ville. Plus que
nonagénaire, subit la martyr en 177 avec un groupe de chrétiens.
Une lettre de l’Église de Lyon aux Églises d’Asie et de Phrygie
rapporte les combats courageux et répétés, au temps de l’empereur
Marc Aurèle, en 177.
Dans
tout l'empire Romain, il y a quasiment liberté religieuse. Les uns
croient aux dieux Romains traditionnels (Jupiter, Junon, Mars,
Neptune, Vénus,etc...), ou alors à leurs homologues Grecs (Zeus,
Athéna, Arthémis, Poséïdon, Aphrodite, ...), ou aux dieux païens
de différentes contrées. En Gaule Bélénos, Bélisama, Toutatis
(relisez vos Astérix).
Ces
religions ont en commun d'être polythéistes, c'est-à-dire de
croire qu'il y a plusieurs dieux. Elles font bon ménage entre elles
: Un dieu de plus ou de moins, on n'est plus à un près !
Les
juifs ont une dérogation spéciale : Puisqu'ils n'ont qu'un
seul Dieu qui n'accepte pas la concurrence, ils ont le droit de
n'adorer que celui-là à condition d'être fidèle à l'empereur.
Les premiers chrétiens, et les juifs, bénéficient de cette
dérogation.
Le
problème vient de ce que l'empereur devient de plus en plus
exigeant. A la mort de l'empereur Auguste, on déclare qu'il est
devenu dieu. Mais petit à petit ses successeurs ont voulu être
dieux de leur vivant. Et ils ont exigé que l'on fasse des sacrifices
devant leur statues. C'est ainsi que l'on prouve que l'on est un bon
citoyen.
En
même temps, les chrétiens sont de moins en moins juifs et se
recrutent de plus en plus parmi les païens. Donc pas de dérogation
spéciale. Et sacrifier à l'empereur leur pose bien sûr un problème
de conscience. C'est à partir de là que les persécutions contre
les chrétiens ont commencé.
Le
christianisme s'introduit tout d'abord en Gaule Narbonaise (Toulouse,
Marseille, Lyon), qui est province Romaine depuis 125 avant J.C.,
alors que le reste de la Gaule n'est Romaine que depuis 50 avant J.C.
On n'a que très peu de renseignements sûrs historiquement sur
l’Église en Gaule à cette époque, mais il est certain qu'il y a
une communauté chrétienne à Lyon, à cause de l'affaire des
martyrs de Lyon en 177, qui nous est rapportée par Eusèbe de
Césarée..
Quant
à Sanctus, lui aussi se montre supérieur. « Je suis
chrétien ». C'est là ce qu'il confesse, successivement à la
place de son nom, de sa cité, de sa race, à la place de tout, et
les païens n'entendent pas de lui d'autre parole. Aussi y a-t-il une
grande émulation du gouverneur et des bourreaux contre lui, si bien
que, ne sachant plus que lui faire, ils finissent par appliquer des
lames de cuivre rougies au feu aux parties les plus délicates de son
corps... Son pauvre corps est le témoin de ce qui est arrivé :
Tout entier blessure et meurtrissure, contracté, privé de
l'apparence d'une forme humaine
L'empereur
Marc-Aurèle (161-180) est responsable de nombreuses persécutions
contre les chrétiens. A Lyon, le gouverneur fait du zèle, encouragé
par la foule en colère : Les chrétiens « sont insultés,
frappés, traînés par terre, pillés, lapidés, emprisonnés
ensemble, ils subissent tout ce qu'une multitude déchaînée a
coutume de faire contre des adversaires et des ennemis.
Martyrs
de Lyon — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Martyrs_de_Lyon
Aller
à Adeptes de Cybèle contre chrétiens ? - ... chrétienne et
célébration de Attis, fils de Cybèle, ... pâque chrétienne
tombait le 31 mars en l'année 177.
Saints
Blandine et Pothin - Nominis - Eglise catholique en France
nominis.cef.fr/contenus/saint/1259/Saints-Blandine-et-Pothin.html
Saints
Blandine et Pothin, et leurs 46 compagnons, martyrs à Lyon. ... Plus
que nonagénaire, il fut martyrisé en 177 avec un groupe de
chrétiens - nous ...
Termes
manquants : année
Blandine
de Lyon et l'Eglise persécutée - Histoire des chrétiens
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chrétienne à Lyon, à cause de l'affaire des martyrs de Lyon en
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