mercredi 4 juin 2014

1077...EN REMONTANT LE TEMPS

Cette page concerne l'année 1077 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DUEL D'INFLUENCE ENTRE LE SPIRITUEL ET LE TEMPOREL

CANOSSA AU NORD DES APENNINS
Petite ville Italienne Canossa, proche de Reggio d’Emilia, n’aurait jamais pensé entrer dans l’Histoire... Dans toutes les langues, elle désigne depuis près de 10 siècles une reddition sans condition, une capitulation humiliante.
Qu’est-ce qui se cache derrière la petite ville Italienne de Canossa ?
D’où vient et que signifie l’expression historique « aller à Canossa » « prendre le chemin de Canossa » ?
Est-elle encore utilisée de nos jours et dans quel contexte ?
A toutes ces questions, l’historien Jean-Claude Bologne, qui anime la rubrique « Allusions historiques » sur Canal Académie, donne la réponse :
L'expression « aller à Canossa » signifie que l'on se soumet aux injonctions de l'adversaire.
L’allusion historique, depuis, se réfère à ces deux événements séparés par huit siècles, ce qui est plutôt rare dans la vie d’une allusion. Récemment, le président d’une petite formation de droite qui s’apprête à rejoindre la majorité présidentielle confie par exemple au Figaro (13 août 2009) qu’il ne prend pas le chemin de Canossa, puisqu’il compte bien faire aboutir les dossiers qui lui tiennent à cœur (...)
Dorénavant, l’expression « aller à Canossa » s’inscrit dans la langue allemande. Mais c’est Bismarck qui la remet au goût du jour à la fin du XIXe siècle. En lutte contre les nombreux ennemis de, Bismarck et de son IIe Reich (1871/1918) (en mémoire du Saint Empire Romain Germanique), décide de s’en prendre aux catholiques en lançant le « Kulturkampf » ou « combat pour la civilisation ». Piqué au vif, le pape Pie IX, provoque un coup d’éclat en refusant d’accréditer Gustave-Adolphe de Hohenlohe en tant qu’ambassadeur d’Allemagne au Saint-Siège. Peu impressionné, Bismarck fait allusion à l’ancien conflit entre le pouvoir Allemand et le pape en proclamant alors le 14 mai 1872, devant le Reichstag, que cette fois, les Allemands n’iront pas à Canossa, « Nach Canossa gehen wir nicht ! ». En français, il n’y pas d’équivalent. On dit : « faire acte de contrition », ou plus familièrement « se mettre à plat ventre » ou carrément plus vulgairement encore « baisser son froc »...
Le chancelier rappelle de la sorte une fameuse querelle entre le pape et l'empereur d'Allemagne qui se dénoue le 28 janvier 1077 par une humiliation feinte de ce dernier... (André Larané.)
La Querelle des Investitures
En 1075 le pape Grégoire VII (Saint Grégoire) publie 27 propositions sous l'intitulé « Dictatus papae » (l'« Édit du pape »), par lesquelles il affirme :
Que les évêques doivent être nommés par lui et non plus par l'empereur.
Que le pape lui-même doit être élu par un conclave des cardinaux et non plus par les nobles Romains...
Ces propositions participent d'un vaste mouvement de réforme amorcé par la papauté peu après l'An Mil, en vue d'imposer son autorité, jusque-là très symbolique, sur la chrétienté...
L'empereur Henri IV s'oppose à ces réformes qui rompent avec la traditionnelle soumission du clergé envers le pouvoir laïc et placent le souverain pontife au-dessus de l'empereur... Il prononce la déposition du pape mais celui-ci réplique en l’excommuniant, (le privant des sacrements, et, autorisant ses vassaux à rompre leur serment d'obéissance)...
Des seigneurs Allemands en profitent pour récupérer des biens et des avantages qui leur ont été confisqués et élisent même un roi concurrent...
PAPE GRÉGOIRE VII
Peu à peu abandonné de tous, Henri IV craint que le pape ne vienne en Allemagne au secours des dissidents... Il prend les devants, et, se rend lui-même en Italie auprès de son ennemi, qui est alors en visite chez la comtesse Mathilde de Toscane, dans son château de Canossa... Pieds nus dans la neige, il attend pendant 3 jours que le pape veuille bien le recevoir pour le relever de l'excommunication... Le pape n'a d'autre choix que de pardonner au pénitent... L'humiliation feinte de Canossa débouche ainsi sur la victoire de l'empereur... Henri IV réunit un concile à sa dévotion... Fait nommer un nouveau pape plus conciliant... Grégoire VII doit s'enfuir chez les Normands qui occupent l'Italie du sud... Ceux-ci sous prétexte de le réinstaller sur la chaire de Saint Pierre, en profitent pour occuper Rome et la piller... Le grand pape réformateur meurt à Salerne, abandonné de tous, le 25 mai 1085.
Après lui, la papauté doit encore lutter pendant plusieurs décennies avant de gagner définitivement la « Querelle des Investitures » avec le Concordat de Worms de 1122... Le pape s'affirme dès lors comme le chef incontesté de l'Église, du moins en Europe occidentale, l'autre partie de l'Europe préférant l'autorité du patriarche de Constantinople...
Épisode célèbre de la lutte entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV. Depuis le milieu du XIe siècle, les papes tentent de réformer l'Église pour la débarrasser de la simonie et du nicolaïsme et la soustraire à l'emprise laïque. Ils rompent ainsi avec la tradition Constantinienne, reprise par les Carolingiens et les Ottoniens, de collaboration étroite des deux pouvoirs... Or, les empereurs Germaniques tiennent à la nomination des évêques, l'un des fondements de leur pouvoir en Germanie et en Italie. D'où l'exaltation théorique par le pape de sa propre puissance, en particulier dans les 27 propositions du « Dictatus papae de 1075 ». La « lutte du sacerdoce et de l'empire » n'est qu'une conséquence politique de la réforme.
A partir de février 1076 jusqu'à l'entrevue de Canossa (27 janvier 1077), le pape a eu plus d'une fois l'occasion de manifester sa pensée sur Henri IV, on y sent toujours percer le secret espoir que le pécheur viendra à résipiscence... Après la condamnation du roi, Grégoire VII s'évertue à préciser sa position devant la conscience chrétienne, qui est son principal appui...
Dès la première bulle, datée de février 1076, son point de vue purement religieux s'affirme :
« Quoique depuis la fondation de l’Église et la propagation de la foi du Christ, il n'existe aucun précédent d'un tel scandale, c'est cependant un devoir pour tous les fidèles de gémir en face d'un tel mépris de l'autorité, non pas seulement apostolique mais divine... Si vous croyez que les clés du royaume des cieux ont été données au bienheureux Pierre par Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ, si vous désirer être introduit dans les joies de la vie éternelle, réfléchissez combien vous devez avoir à cœur l'injure qui vient de lui être faite... Aussi je vous demande de solliciter instamment la divine miséricorde pour qu'elle incline vers la pénitence les cœurs des impies ou qu'elle réduise à néant leurs desseins sacrilèges. »
En avril 1076, il écrit au chevalier Guifred de Milan :
« On nous a bien des fois interrogé sur les conditions de la paix à conclure avec le roi d'Allemagne. Nous répondons que nous voulons avoir la paix avec Henri IV, si lui-même s'applique à la faire avec Dieu et si, en se conformant à nos fréquents avertissements, il revient sur des mesures qu'il a prises, à la fois au péril de la Sainte Église et pour sa propre perte. »
Le 25 juillet 1076, dans une lettre à tous les chrétiens d'Allemagne, le Pontife exprime un désir plus intense de voir le pécheur se repentir, mais il n'hésite pas à montrer les conséquences de l'excommunication royale...
« Quant aux évêques et aux laïques qui, se laissant entraîner par la crainte ou la faveur humaine, ont continué à communiquer avec le roi et à lui fournir leur concours, livrant ainsi au démon leurs âmes et la sienne, s'ils ne donnent pas des marques de repentir, s'ils ne font pas une pénitence suffisante, n'ayez avec eux ni rapport, ni amitié... Ceux-là, en effet, sont, les meurtriers de leurs âmes et de l'âme du roi, ils ne rougissent pas de jeter la confusion sur leur patrie ni sur la religion chrétienne »
Le 3 septembre 1076, Grégoire VII envisage les deux issues possibles de la crise et manifeste qu'il n'entend pas la résoudre seul.
« Si vous examinez attentivement, écrit-il à tous les fidèles d'Allemagne, les lettres par lesquelles Henri IV, prétendu roi, a été excommunié dans un saint synode par le jugement du Saint Esprit, vous verrez clairement ce qui doit être fait à son égard. Elles vous feront comprendre en effet, pourquoi il a été lié par l'anathème et déposé de la dignité royale, et pourquoi le peuple qui lui est soumis a été relevé de son serment, c'est un indice qu'au moment même de la déchéance incontestée du roi, le pape ne semble pas attacher grande importance à ces sortes de désignations et se conforme facilement aux habitudes courantes »...
LES RUINES DE CANOSSA
Le pape s'applique ensuite à montrer qu'il n'est mu, dans toute cette affaire ni par l'orgueil du siècle, ni par une vaine ambition, mais par le seul amour de l’Église, et le seul souci de la discipline...
Il en vient ensuite à examiner les différentes manières de sortir de l'impasse actuelle :
« Que Henri IV ne pense plus que l’Église lui soit soumise comme une servante.
Qu'il la regarde comme une souveraine.
Que, enflé par l'esprit d'orgueil, il ne maintienne pas de vieilles coutumes (l'investiture laïque) inventées contre la liberté de la Sainte Église, mais qu'il observe la doctrine des Saints Pères que la puissance divine leur a enseignée pour opérer notre salut. S'il nous donne des garanties suffisantes a cet égard et à l'égard des autres choses que nous sommes en droit de lui demander, nous voulons que vos messagers nous mettent aussitôt au courant de tout, pour que nous puissions avec le secours de Dieu, délibérer ensemble sur ce qu'il convient de faire. Surtout, nous défendons expressément de la part de Saint Pierre que nul de vous ne se permette de l'absoudre de l'excommunication avant que, nous ayant transmis les renseignements indiqués plus haut, et que vous n'ayez reçu la réponse ainsi que le consentement explicite du Siège apostolique. Nous nous défions des différentes manières de voir que diverses personnes peuvent envisager. Nous redoutons les effets d'une crainte ou d'une faveur purement humaines... »
On voit par là que les réflexions du Pontife l'ont amené à préciser sa pensée, en face d'une crise qui se prolonge. Quelques faits importants s'en dégagent, pour la levée de l'excommunication, rien ne doit être fait sans son ordre ou sans sa permission, elle ressort de sa compétence exclusive... et lui appartient, d'ailleurs, de droit... Puisque c'est lui qui a porté la sentence, aucune autorité subalterne ne peut s'imiscer pour lever la censure.
C'est aux Allemands qu'il appartient d'élire un nouveau roi. Il se réserve seulement le droit de le confirmer : « Ut autem vestram electionem , si valde oportet ut fiât, apostolica auctorite fîrmemus ».
La condamnation de février, 8 mois auparavant, a produit ses effets, le vide se fait autour du roi déchu, l'ancienne coalition des ducs s'est reconstituée. Rodolphe de Souabe, Welf de Bavière, Berthold de Carinthie, auxquels se sont joints beaucoup d'autres seigneurs laïques et ecclésiastiques, se sont réunis, pour tirer les conséquences des sanctions pontificales... Le pape s'est fait représenter à cette assemblée par deux légats: Sicard, patriarche d'Aquilee, et Altmann, évêque de Passau.
Après des débats mouvementés qui durent 10 jours, on se met d'accord, pour convoquer Henri IV à une diète solennelle à Augsbourg, présidée par le souverain Pontife, à la date du 2 février 1077... Suivent une série de conditions imposées à Henri IV, en attendant l'heure du verdict.
« Si le roi manque à quelqu'une de ces conditions... ils n'attendront pas plus longtemps le jugement du Pontife romain pour examiner ce que demande le salut de la république.»
Ainsi donc, au cours de cette diète, où les ennemis d'Henri IV sont pressés d'en finir avec lui, les légats ont réussi à faire prévaloir la pensée grégorienne : le pape ne portera son jugement final sur la vacance du trône qu'après les délibérations d'une assemblée réunie à cet effet.
En décembre, Grégoire VII se prononce en faveur de l'archevêque élu de Milan contre les prétentions d'un concurrent nommé par l'empereur.
Mais Henri IV, victorieux en Germanie, fait déposer le pape par les évêques Allemands réunis à Worms (24 janvier 1076), puis par les évêques Lombards réunis à Plaisance. Dans la ligne du « Dictatus papae », Grégoire VII répond en déposant Henri IV. (février 1076), ce qui provoque des remous en Germanie :
L'hiver 1076-1077 a été l'un des plus froids et des plus longs dans la mémoire des hommes, le Rhin est gelé de Novembre à Avril.
Quelques jours avant Noël, Henri IV entreprend un voyage à travers les Alpes en tant que pénitent, cherchant l'absolution du pape, il est accompagné de son épouse, une princesse jeune, belle, vertueuse et aimable épousée le 13 Juillet 1066, de son fils Conrad (né Août, 1071) et d'un serviteur, Néanmoins préfèrant vivre avec ses maîtresses... 3 ans après le mariage, il demande le divorce, que lui accorde l'archevêque de Mayence Siegfried... Le pape outré refuse son consentement... L'empereur reste marié. Pour ce voyage vers le pape son épouse et son fils l'accompagnent... Le couple royal passe donc à travers la Bourgogne sous la protection du comte Guillaume et de la mère de son épouse, puis traverse le Mont Cenis... La reine et son enfant descendent les pistes glacées en traîneaux de peau de bœuf... Lorsqu'enfin Henri IV et sa suite atteignent les plaines de la Lombardie, il se précipite à la rencontre du successeur de Pierre, pouvant seul lui donner l'absolution.
Après avoir laissé femme et enfant à Reggio, et, accompagné de quelques amis, il grimpe la colline escarpée de Canossa, (cette forteresse aujourd'hui en ruines), construction imprenable de la comtesse Mathilde de Toscane, au sud de Reggio, sur le versant nord des Apennins, entouré de trois murs, elle comprend un château, une chapelle et un couvent c'est là que Grégoire VII s'est arrêté...
Grégoire VII lui-même raconte la suite, dans une lettre datée du 28 janvier, 3 jours après l’événement :
HENRI IV A CANOSSA
« il vint, en faible compagnie, au château de Canossa, où je résidais, et là, assis devant la porte pendant 3 jours, dépouillé de ses attributs royaux, misérablement, déchaussé et vêtu de laine, il ne se releva pas avant d’avoir imploré en pleurant le secours et la consolation de la miséricorde apostolique ». C'est ainsi que commence un conflit d’un demi-siècle...

Le 13 mars, cependant, Henri IV est déposé par les princes Allemands qui élisent pour roi Rodolphe de Souabe...

Henri IV vainc Rodolphe en 1078 et 1080.
Grégoire VII dépose Henri IV de nouveau le 7 mars 1080 : Canossa n'a servi pratiquement à rien. L'événement montre, cependant, le changement des rapports entre pape et empereur, qui se manifeste à partir du pontificat de Grégoire VII...
Grégoire VII au concile romain de mars 1080, relate en un vigoureux raccourci les faits qui se sont déroulés au cours des 4 dernières années et, à propos de l'entrevue de Canossa, s'exprime en ces termes : « Le voyant si humilié et après avoir reçu de lui beaucoup de promesses de changement de vie, je l'ai réintégré dans la communion, mais je ne l'ai pas rétabli dans la royauté, d'où je l'avais déposé au synode de Rome [1076) et je n'ai pas obligé ceux qui lui ont prêté ou qui lui prêteront serment à lui garder une fidélité dont je les ai relevés dans ce même synode ».
Une opération d'une telle envergure ne peut guère, se faire par voie de sous-entendu. La sentence de 1076 a fort bien spécifié les diverses condamnations qui frappent le roi de Germanie. Voici la partie essentielle de cette sentence :
« De la part du Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, j'interdis au fils de l'empereur Henri. . . le gouvernement de tout le royaume des Teutons et de l'Italie, je relève tous les chrétiens du serment de fidélité qu'ils lui ont prêté ou qu'ils lui prêteront, je défends que toute personne lui obéisse comme à un roi ... Je le lie en ton nom (Saint Pierre) du lien de l'anathème. »
Il y a donc 3 sanctions, liées entre elles, qui se sont abattues sur le « roi ».
Dans ses fameux (Dictatus papae), où il précise l'étendue de ses pouvoirs, sous la proposition XII, il déclare :
« il est permis au pape de déposer l'empereur, sans y adjoindre la moindre condition et sans en faire la conséquence de l'excommunication ». D'autre part, il a, lancé l'anathème contre Robert Guiscard, sans le déposer de son pouvoir... Il conçoit donc l'excommunication et la déposition comme susceptibles d'être disjointes. Que, dans la sentence de 1080, il ait d'abord excommunié le roi, qu'il l'ait déposé ensuite, cela paraît en effet plus logique et manifeste un progrès de sa pensée, et, constatons qu'au moment de la première condamnation d'Henri IV, il paraît avoir appliqué purement et simplement la doctrine des Dictatus papœ en procédant d'abord à la déposition du roi, ensuite à son excommunication... Grégoire VII n'a jamais été embarrassé pour exprimer sa pensée et tous ceux qui ont pratiqué assidûment l'étude de son registre savent avec quelle souplesse il varie ses formules et avec quelle force il manifeste ses volontés... De plus, il faut se garder d'oublier que, dans la pensée de Grégoire VII, l'absolution de Canossa est provisoire...
MATHILDE DE TOSCANE
Depuis l'assemblée de Tribur (octobre 1076), 3 mois avant Canossa, une résolution commune a été adoptée par les légats du pape et la coalition des princes opposés à Henri IV, elle stipule que le roi déchu serait convoqué à une diète solennelle à Augsbourg, présidée par le souverain Pontife, en date du 2 février 1077. Henri IV serait admis à un débat contradictoire, à la suite duquel le pape prononcerait son acquittement ou sa condamnation définitive... Grégoire VII est précisément en route vers Augsbourg, quand se produit l'incident de Canossa... Or, non seulement, il n'a pas renoncé à prononcer ce verdict suprême, mais dans les « garanties » exigées de son royal pénitent avant de l'accueillir « dans le sein de l’Église », figurent d'abord l'acceptation anticipée du jugement pontifical, quel qu'il soit, et ensuite la promesse de ne pas mettre obstacle à l'arrivée de l'auguste voyageur. En voici le texte :
« Moi, Henri roi, sachant que les archevêques, évêques, ducs, comtes, princes de Germanie et d'autres qui les suivent, murmurent contre moi, dans le délai fixé par le seigneur pape Grégoire, je ferai justice selon sa sentence ou accommodement conformément à son avis, sauf empêchement pour moi ou pour lui, et, l'obstacle levé, je serai prêt à remplir ma promesse... De plus, si le pape Grégoire veut aller au delà des monts ou en d'autres contrées, il sera de ma part ou de la part de ceux que je puis contraindre à l'abri de tout péril de mort, mutilation ou captivité, tant sa personne que son escorte, ses envoyés, ou visiteurs aussi bien pendant l'itinéraire, à l'aller et au retour, que pendant le séjour. Il n'éprouvera de mon aveu aucune entrave contraire à son honneur et si on lui fait obstacle, je m'emploierai avec bonne foi et selon mon pouvoir à lui prêter main forte »
Sous la forme un peu alambiquée de cette promesse, on perçoit les deux garanties essentielles :
Soumission préalable à la sentence du pape et promesse d'écarter toute entrave aux déplacements du Pontife, or l'absolution de Canossa est du 27 janvier et la diète d'Augsbourg doit avoir lieu, 6 jours après, le 2 février.
Henri IV arrive au pied du château, le 21 janvier 1077, par un froid glacial sévère et un sol couvert de neige. Il a eu un entretien avec Mathilde et Hugo, abbé de Cluny, son parrain, et a déclaré sa volonté de soumettre au pape s'il a été libéré de l'interdit.
Il frappe en vain pendant 3 jours, du 25 au 28 Janvier, dans le froid, à l'entrée de la passerelle qui perpétue encore dans son nom. « Porta di Penitenza, » la mémoire de cet événement.
Le vieux pape sévère, dur comme un roc et aussi froid que la neige, refuse l'admission, malgré les vives instances de Mathilde et Hugo de Cluny, jusqu'à ce qu'il soit convaincu de l'humiliation complète du pénitent... Hugo de Cluny, étant moine, ne peut pas jurer, mais il engage sa parole devant Dieu qui voit tout. Hugo de Cluny, les évêques, les nobles et la comtesse Mathilde et Adelheid signent l'accord écrit, qui existe toujours...
Après ces préliminaires, la porte intérieure s'ouvre. Le roi, dans la fleur de l'âge, héritier de plusieurs monarques couronnés, fier et noble, se jette aux pieds du pape aux cheveux gris, homme de basse origine et de petite stature, qui par sa parole a désarmé un empire... L'empereur fond en larmes, et s'écrie « Épargnez-moi, mon père, épargnez-moi ! » La société est ému aux larmes, même le pape de fer montre des signes de tendre compassion... Il entend la confession d'Henri IV, le relève, lui donne l'absolution et sa bénédiction apostolique, le conduit à la chapelle, et scelle la réconciliation par la célébration du sacrifice de la messe...
Certains chroniqueurs ajoutent l'incident suivant, qui a souvent été répété, mais est très improbable. Grégoire VII, avant la Sainte Cène, appelle Dieu de le frapper de mort s'il est coupable des crimes reprochés, et, après avoir avalé la moitié de l'Ostie consacrée offre l'autre moitié au roi lui demandant de se soumettre à la même terrible épreuve... mais le roi refuse.
Après la messe, le pape reçoit le roi courtoisement à dîner puis le renvoie avec quelques mises en garde, des conseils paternels, et sa bénédiction apostolique.
Henri IV a admis par son humiliation que le pape a le droit de déposer un roi héritier de la couronne impériale, de délier les sujets du serment d'allégeance... Le chef de l’État reconnaît la suprématie temporelle de l'Église.
On comprend que le pape n'ait pas cru devoir imposer à Henri IV des promesses plus détaillées. L'étonnement des historiens qui trouvent les garanties du Jusjurandum un peu minces (étonnement qui se justifie quand on examine les faits longtemps après leur apparition) devient sans objet quand on se place au moment même où ces exigences furent formulées et acceptées...
Henri IV, ne prend pas l'engagement explicite de comparaître devant l'assemblée d'Augsbourg.
HENRI IV DE GERMANIE
Il ne promet pas davantage de renvoyer ses mauvais conseillers ni de reconnaître à l'avenir le pouvoir du Saint-Siège dans sa plénitude, à plus forte raison de l'investiture laïque et de l'affaire de Milan, il n'est fait aucune mention... Le pape fait parvenir aux princes Allemands une lettre sitôt après la rencontre de Canossa, celle-ci relate les événements récents mais n’annule pas, la rencontre de Augbourg...
8 janvier 1077 - L'empereur d'Allemagne à Canossa ...
www.herodote.net/28_janvier_1077-evenement-10770128.php
12 févr. 2011 - 28 janvier 1077 : l'empereur d'Allemagne se rend à Canossa - Excommunié par le pape en refus de son ingérence dans les investitures ...

CANOSSA - Encyclopædia Universalis

www.universalis.fr/encyclopedie/canossa/
CANOSSA (1077). Épisode célèbre de la lutte entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV. Depuis le milieu du xi e siècle, les papes tentent de réformer ...

l'expression : aller à Canossa | Karambolage | Europe | fr ...

www.arte.tv › AccueilEuropeKarambolage
10 sept. 2009 - Connaissez-vous l'expression "aller à Canossa" ? ... cette expression, il faut remonter au 11ème siécle, et plus exactemenent en l'an 1077.

A propos de l'absolution de Canossa (27 janvier 1077)

www.persee.fr/web/.../ephe_0000-0002_1948_num_61_57_17657
de HX Arquillière - ‎1948
(27 JANVIER 1077) hl. Le drame lointain de Canossa n'a pas cessé de susciter des controverses. La plus récente est celle que M. FJiche présente ainsi …

Aller à Canossa - Canal Académie

www.canalacademie.com/ida4887-Aller-a-Canossa.html
En 1077, Canossa appartenait à la comtesse Mathilde, alliée du pape dans la querelle des Investitures qui l'opposait alors aux empereurs germaniques.

LE TERRE DI MATILDE DI CANOSSA

www.matildedicanossa.it/ita/matilde.htmTraduire cette page
Matilde di Canossa nella Pieve di Guastalla o Chiesa di San Pietro ... Qui, dopo un lungo negoziato, il 26 gennaio 1077, Enrico, in veste di pellegrino, ottiene il ...







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire